Chapitre 46
PDV Jérémy
Je n'arrive pas à déterminer quelle émotion est la plus forte en moi en ce moment même. La colère, la tristesse, la déception ? Un bon mélange des trois, sûrement. J'ai mal au cœur, c'est la seule chose que je suis capable d'affirmer. Je me sens con, pris pour un con par un homme en qui j'avais confiance, malgré les nombreuses blessures qu'il a pu m'infliger.
Et je me sens stupide, aussi. Comment ai-je pu penser un instant qu'il y avait quoi que ce soit, de son côté ? J'aurai dû le savoir, et me protéger en conséquence. Au final, c'est sûrement plus à moi-même qu'à lui que je devrais m'en prendre.
Mais il avait dit qu'il prendrait soin de moi... au péril de sa vie. Je l'ai cru, et j'ai sûrement été un imbécile de le faire. Car si c'est de cette façon qu'il s'y prend, je ne risque pas de rester sauf longtemps. C'est comme si une main serrait mon cœur de toutes ses forces, en espérant qu'il cesse de battre.
Les paroles qu'il a pu prononcer me tournent dans la tête. Il n'y a pas d'amour. Pourtant, de mon côté il n'y avait, il n'y a que cela. Je l'aime. J'ai mis longtemps à l'admettre, et je ne le comprends sûrement toujours pas, mais je l'aime. Pas le Josh qui me fait du mal. Celui qui me fait rire, qui prend soin de moi, qui me regarde avec des yeux prêts à me dévorer. C'est ce Josh là, que j'aime. Mais il semble qu'il ne m'aime pas. De l'amusement, du bon temps. C'est ce qu'il voulait, c'est ce qu'il a eut, parce que j'ai été assez con pour lui donner.
J'avoue ne pas comprendre cette notion. S'amuser sans rien ressentir. Je n'en suis pas capable, je ne le serai sûrement jamais, et il le savait. Oh oui, il le savait pertinemment, pourtant il m'a entraîné dans son jeu en me laissant croire qu'il y aura plus que cela. Pourquoi n'ai-je pas compris ses silences ? Le fait qu'il ne veuille pas discuter de notre relation aurait dû me mettre sur la piste. J'avais des œillères bien trop opaques, et me retrouver face à la lumière me fait un mal de chien.
Une main douce passe dans mon dos, tandis qu'une tasse fumante se pose devant moi. Mes meilleures amies sont là, autour de moi, alors que le reste de la bande n'est pas bien loin. Mais il n'est pas là. N'est-ce pas une nouvelle preuve que je me suis fourvoyé sur ce qui nous liait ?
- Il ne le pensait pas, j'en suis sûre.
Lucy me fait un sourire qu'elle veut réconfortant. Si elle savait comme il est loin de l'être. Est-elle au moins persuadée de ce qu'elle affirme ? Je n'en ai pas l'impression. Comment ne pas douter, après tout ce qui a pu se passer, ces derniers temps. Il a joué au con une fois. Je suppose que personne ne pensait qu'il recommencerait.
- Comment pourrais-tu l'être ?
- Il fuit. Il a peur, c'est tout.
Je retiens un rire amer. Peur. Josh. Deux mots qui sont loin d'être compatibles. Non, il n'a pas peur. Et il a raison, en un sens. Il ne m'a jamais dit sortir avec moi. J'ai simplement espéré. Simplement interprété ses silences comme je le voulais alors même que je m'interdisais de le faire.
- Lucy a raison Jérémy. C'est tout nouveau pour lui. Il a besoin de temps pour tout comprendre.
N'ai-je pas donné suffisamment de temps ? Je pense que si. Cela fait un moment, que j'encaisse sans rien dire. Et alors que je pensais la douleur terminée, elle revient me frapper de plein fouet. Je n'ai pas tout une vie d'attente à lui offrir. Mon cœur ne le supporterait pas.
- Il a été clair. Ne cherchez pas plus loin.
Elles soufflent toutes les deux mais n'abandonnent pas. Pourquoi veulent-elles à tout prix me persuader ? Ça ne sert à rien. La douleur est déjà là. Et je retiens les larmes de venir couler sur mon visage. Alors c'est ça, une peine de cœur ? Bordel, je ne pensais pas cela aussi destructeur. C'est comme si mon être se décomposait de l'intérieur. Morceau par morceau, je pars en lambeau, alors que son visage colérique et sa voix sans chaleur me revienne en mémoire.
- Il t'aime, Jérémy ! Il n'est simplement pas capable de s'en rendre compte !
Mais peu importe leurs mots, leurs arguments et tout le reste. La vérité est ailleurs, et je ne me cache pas de la transmettre.
- Non. Je l'aime, et je suis bien le seul.
Elles semblent dépitées, aussi touchées que moi. Elles ne le sont sûrement pas autant. Mais elles avaient sûrement cette espoir que mon histoire finisse aussi bien que les leurs. Et quand l'espoir commence à se faner nous sommes irrémédiablement blessé.
La porte claque. Je sens que c'est lui avant même de le voir. Je sens sa colère, aussi. J'ai peur de la recevoir de plein fouet. Que ses mots viennent encore détruire une partie de mon cœur. Je ne peux pas en supporter plus, aujourd'hui. Il passe l'embrasure qui ouvre le salon et son regard s'accroche au mien. Et c'est comme... comme si sa colère disparaissait. Je vois presque de la douleur dans ses yeux, mais je ne me risque pas à l'affirmer. J'ai bien trop souvent pensé savoir ce qu'il ressentait, et voilà où nous en sommes aujourd'hui. Il reste un moment figé, avant de s'avancer vers moi. Je sais ce qu'il veut, mais moi, je n'en suis pas capable pour l'instant. Je ne veux pas l'entendre, c'est trop dur pour moi.
Alors je secoue la tête et me lève rapidement. Je fais le tour du canapé sans le quitter dans yeux, mettant le plus de distance possible entre nous, avant de m'enfuir, c'est le terme, vers l'étage. Je m'enferme dans la chambre de Marie, et j'entends les brides d'une altercation entre lui et Matthews. Il semble l'empêcher de monter, et en cet instant, je l'en remercie. Je ne suis pas prêt à l'écouter encore, j'ai bien trop peur de ce qu'il pourrait dire. Il y a quelques cris, quelques insultes qui volent, avant que le bruit fracassant de la porte d'entrée ne fasse retomber le silence. Je me laisse tomber sur le lit, et pour la première fois depuis le début de cette soirée, j'autorise mes larmes à couler.
La porte ne met pas longtemps à s'ouvrir, et trois silhouettes féminines m'apparaissent avant de venir se blottir contre moi. Elles ne disent rien, alors que mes larmes continuent de dévaler mes joues. Elles n'ont pas besoin de parler, de toute façon. J'ai besoin de silence, besoin de me retrouver dans mes pensées. Elles le comprennent, et se contentent de me soutenir, de la seule façon qu s'offre à elle.
Si l'on m'avait dit que c'était aussi dur de tomber amoureux... je crois que j'aurai tout fait pour que cela n'arrive pas.
Les heures défilent sur le réveil, lentement. Les trois femmes à côté de moi sont tombées de fatigue, à un moment, mais mes yeux sont incapables de se fermer. J'ai l'impression d'être encore dans cette boite, et que cette discussion, si on peut l'appeler ainsi, se répète encore et encore. Comme un cauchemar qui parvient à me hanter en pleine journée.
Je ne le comprends pas. J'essaye, pourtant, mais je n'y parviens pas malgré tous mes efforts. C'est plus fort que moi, je n'arrive pas à admettre que l'on peut se conduire ainsi sans aimer une personne. Mais d'un autre côté, je ne saisis pas comment on peut être aussi mauvais avec une personne que l'on aime. Et c'est ce dernier point qui prend le dessus, et qui me convainc de ce dont j'aurai dû me rendre compte bien plus tôt : il ne m'aime pas.
Cette phrase, elle me déchire le cœur, et pourtant, elle ne quitte pas mon esprit jusqu'au levé du soleil.
- Tu ne veux vraiment pas sortir pour leur départ ?
Zoé me regarde avec cet air triste sur le visage. Je sais qu'elle veut descendre pour rejoindre son compagnon, inquiète, mais qu'elle se refuse de me laisser seule.
- Tu devrais aller voir Scott. Je peux t'attendre.
Elle se mordille la lèvre, hésitant. Elle ne devrait pas. Son petit-ami, et tous les membres, ont été appelé il y a de cela une heure pour une mission de la plus haute importance. Et de la plus haute dangerosité. Elle devrait être avec Scott, plutôt que de me tenir compagnie. Je suis très bien, enfermé dans cette chambre, peu importe à quel point mon cœur a envie de descendre pour lui dire en revoir. Mon esprit se rappelle bien trop de la douleur de la veille pour le suivre. Une douleur qui est toujours aussi lancinante, après ces heures d'insomnie.
Elle finit par hocher la tête et descendre pour quelques minutes. Elles me paraissent passer bien trop vite, et elle finit par réapparaître, pour me dire que nous pouvons descendre.
La pièce principale est vide, incroyablement silencieuse, et je vois que mes deux amies auraient envie de parler d'une personne en particulier, pour éviter de penser à leurs petits amis qui courent après le danger. Mais elles se retiennent, pour moi. Je voudrais dire que je ne suis pas inquiet pour Josh, mais c'est faux. Cependant, cette inquiétude passe au second plan, quand je la mets en parallèle de ce qui me ronge le cœur.
Au bout de plusieurs minutes de silence, Lucy décide de se lancer, avec une voix douce, presque hésitante.
- Tu ne voulais vraiment pas le voir avant qu'il parte ?
Je n'ai pas le temps de lui répondre, de toute façon, j'aurai eu du mal à savoir quoi dire, que la sonnette retentit.
Nous sursautons, mais puisque qu'aucune alarme ne se déclenche, le visage de la personne doit être accepté par le système de reconnaissance faciale. Une technologie que je trouve toujours impressionnante. La rousse est celle qui se lève pour aller ouvrir, et elle revient l'air interloqué.
Je ne mets pas longtemps à comprendre pourquoi, quand une jeune fille dont je n'oublierais pas le nom apparaît dans la pièce. Sa simple présence me serre un plus le cœur, alors que le regard de Mégane se pose sur moi, et qu'elle s'avance dans ma direction.
- Je sais qu'on ne se connaît pas vraiment, mais je dois te parler.
Est-ce que j'ai envie d'entendre ce qu'elle a à dire ? Pas vraiment. Surtout quand le fait de croiser son regard me laisse imaginer tout ce qu'elle a pu faire, et fait encore avec Josh. Mais je ne suis pas du genre à remballer les gens, surtout quand ils paraissent aussi sympathique qu'elle. Pourtant, j'aimerai tellement pouvoir la détester... parce qu'elle est une femme, et qu'avec elle, Josh pourrait tout à fait avoir une vraie relation.
- Je suppose que tu sais de quoi, ou plutôt de qui je viens discuter.
Mes mains se trouvent pour jouer ensemble. Elles sont moites, et je n'ose pas soutenir son regard.
- Je sais... je n'approcherais plus Josh, ne t'inquiète pas. De toute façon, il s'en fiche de moi.
C'est un grand silence qui me répond, et j'ai presque envie de relever les yeux pour voir son expression. Mais je ne le fais que lorsque sa réponse me prend de court.
- Je sais ce que tu imagines, mais c'est non. Je ne sors pas avec Josh. Et je ne compte pas sortir avec lui. Je te mentirais en disant qu'il ne s'est jamais rien passé. Mais il n'y a jamais eu aucun sentiment. Surtout pas depuis toi.
Je fronce les sourcils, osant pour la première fois soutenir son regard. Je n'y vois que de la sincérité.
- Moi ?
- Évidemment, toi. Le seul capable de faire battre son cœur. Même si cet idiot ne l'a pas compris.
Mon cœur se gonfle mais mon esprit me ramène à la raison. Non, pas d'amour.
- Il ne m'aime pas.
- Mais bien sûr. Je le connais depuis des années, tu sais. Je peux jurer qu'il t'aime.
Je voudrais la croire. Je n'attends que cela, même. Mais je reste ancré dans la réalité, celle où le bad boy me répète encore et encore que je ne suis qu'un amusement. Rien de sérieux.
- Il ne se comporterait pas ainsi, si c'était le cas. Il ne referait pas les erreurs qu'il a reproché à ses amis. Il ne serait pas aussi méchant.
Elle me fait un sourire attendri, que je ne comprends pas au premier abord.
- Tu sais, il a beau paraître moins idiot que les deux autres, et penser savoir ce qu'est l'amour, face à lui, il en reste tout aussi démuni.
- Il n'aurai pas pu coucher avec d'autres personnes. Avec toutes ces filles.
- C'est ce qu'il t'a dit ?
Je hausse les épaules. Il n'a pas eu besoin de le faire. J'ai suffisamment entendu et vu les femmes défiler dans ses bras pour le comprendre. Mais elle ne se départi pas de son sourire, qui paraît plus amusé, maintenant.
- Je vois. Alors je vais user de ma dernière carte pour te faire comprendre de ses sentiments : il n'a jamais couché avec ces filles. Même avec moi. Depuis qu'il t'a rencontré, il a été incapable de prendre du plaisir avec qui que ce soit. Leur faire du bien, oui. Mais lui, non.
Mon cœur se met à battre à tout rompre, alors que j'ai presque peur de comprendre. J'ai surtout peur de mal comprendre, parce que ses paroles font naître un drôle d'espoir en moi.
- Comment ça ?
- Tu veux que je dises les choses de façon crue ? Bien. Il est incapable de bander avec quelqu'un d'autre.
Je sais mes joues rougir, au fur et à mesure que j'assimile ses paroles, et j'entends mes amies se foutre gentiment de moi. Je vois du coin de l'œil Lucy se lever pour prendre un appel dans une autre pièce, tandis que j'essaye de me concentrer sur le reste de la conversation.
- Alors, tu as compris ? Évidemment que cet idiot t'aime. Il n'a juste pas encore réussi à l'admettre.
Ses paroles me font un peu redescendre sur terre, alors qu'une larme, mélange de joie et de déception roule sur ma joue.
- Je ne peux pas encaisser indéfiniment ses mauvaises paroles en attendant qu'il comprenne.
- Quand on aime une rose, il faut être prêt à se faire piquer.
Est-ce que je suis prêt ? Je voudrais dire que non. Que je suis incapable d'en supporter plus. Mais au fond de moi, je sais que c'est faux. C'est comme si une petite voix me criait de m'accrocher. Me criait qu'il n'allait pas tarder à comprendre. Et que je devais m'accrocher à une seule pensée : il m'aime.
C'est évidemment le moment que choisi Lucy pour revenir, le visage livide, et tourné vers moi. Je comprends sans qu'elle n'ait besoin de le dire, et je sens le sang quitter mon visage pour devenir aussi blanc que le sien.
- Josh a été touché.
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Plus qu'un !
Mégane, on l'aime hein ? Je pense que ce personnage sera à conserver, si un jour je donnais leurs histoires à Marie et Jack.
Comment tout ça va se finir ? La réponse demain dans le dernier chapitre.
Kiss :*
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