Chapitre 45

PDV Josh

La musique qui pulse, les lumières qui sautent et recouvrent les corps dansant. On s'entend à peine parler, au milieu de la foule, et je n'ai pas franchement envie de danser. Pourtant je suis là, avec tous ces corps si proches de moi. Pour lui. Uniquement pour lui.

Je ne voulais pas venir. J'imagine encore ces types autour de lui, qui s'approchent, qui le touchent. C'est douloureux, ça me met en colère. J'aurai voulu que nous restions à l'écart. Que nous restions à la maison. Là-bas au moins, il ne risque rien. La seule personne qui peut le toucher, c'est moi. J'ai voulu le convaincre de rester. Mais nous sommes là. Il n'avait pas vraiment envie, lui non plus. Je suis persuadé qu'il essaye de surmonter sa peur. C'est frais, dans son esprit comme dans le mien. Mais lui l'a vécu d'une façon que je ne pourrais jamais appréhender. On dit que pour surmonter ses peurs, il faut s'y confronter. J'ai toujours compris ce proverbe. Pourtant, quand il s'agit de lui, je préférerais qu'il n'affronte rien. Qu'il reste loin de tout ce qui le blesse, physiquement comme mentalement.

Pourtant, il est là, il danse, il rit et il chante. Il a mis du temps. Il a hésité, devant la porte de la boite. Il a hésité, avant de descendre de notre table vers la foule. Mais il a fini par y aller, et moi aussi. Parce qu'il est hors de question qu'il soit loin de mes yeux. Loin de mes bras. Je veux pouvoir prévenir tout danger, pour lui. Alors même si pour ça je dois rester immobile au milieu d'une foule en délire, je m'en fous. Il me regarde, alors qu'il se déhanche, et rit. J'aime ça. J'aimerais encore plus si je n'avais pas conscience de l'endroit où nous nous trouvons. Si mon esprit ne me répétait pas que des ordures dans le genre de la dernière fois sont peut-être entrain de le marquer comme une proie.

Son corps s'approche de moi et il danse sans me quitter des yeux. Je voudrais l'entraîner à ma suite et le prendre comme j'en ai envie. Et si ce genre de pensées traversent mon esprit, il y a bien quelques connards qui doivent l'imaginer tout autant. Je ne permettrais pas qu'on le touche. Il est à moi. C'est égoïste, et c'est illogique, mais je m'en fiche. Je peux l'affirmer haut et fort. Personne d'autre ne le touchera.

Son torse frôle le mien alors que sur la pointe des pieds, sa bouche atteint mon oreille. Il parle, et son souffle contre ma peau me fait retenir un frisson. Il y a trop de monde, autour de nous. Pourtant, c'est comme si nous étions seuls. Parce qu'il n'y a que lui qui compte.

- La boite a suffisamment de poteaux. Tu peux bouger, elle ne va pas s'effondrer.

Je sens son sourire contre ma peau et les frissons de son corps quand mes doigts frôlent sa hanche découverte à cause de son t-shirt légèrement remonté.

- Tu aimes quand le poteau bouge, je sais.

Le sous-entendu est à peine voilé, et je suis certain qu'il le saisit très bien. J'imagine ses joues rougir, et ça me ravit sans le voir. Je voudrais l'emmener en pleine lumière, pour en profiter pleinement. Je me retiens de lui attraper le bras et de le ramener jusqu'à mon lit, sans attendre plus longtemps.

- Idiot.

Sa main vient gentiment frapper mon bras alors qu'il s'écarte, et que j'affiche un sourire qui je sais le fait fondre. Cet effet que j'ai sur lui... j'aime ça outre mesure. Et cet effet qu'il a sur moi, n'en parlons pas.

Lucy le tire en arrière et il la rejoint sans me quitter des yeux, alors que la musique change. Plus douce, plus langoureuse, son sourire s'affiche, et je comprends ce qu'il s'apprête à faire sans que je ne l'en pense vraiment capable. Et pourtant...

Son regard s'accroche au mien et ses hanches bougent en rythme. Lentement, me laissant apercevoir tous les mouvements qu'elles peuvent effectuer. Ses mains imitent des caresses, alors qu'il danse le plus sensuellement possible. Je vois presque flou. Il veut que je le prenne au milieu de cette piste ? Parce que c'est ce qui va finir par arriver, si il n'arrête pas. Je remercie les lumières tamisées de cacher la proéminence qui se développe dans mon pantalon. Et avec un seul regard, je lui fais comprendre ce qui l'attends, lorsque nous rentrerons. Il veut me chauffer ? Bien. J'adore jouer.

La musique s'arrête et il rit, alors que je m'approche de lui, et que je m'assure que seul lui entendra mes dires.

- Prépare toi. Tu ne vas pas dormir.

Je vois son visage se décomposer de gêne, mais d'impatience, en même temps. Un mélange savoureux, qui ne me donne que plus envie de le ramener à la maison. Mais ses amies interviennent encore pour l'emmener vers l'étage, dans notre zone. Je les regarde monter avant de les suivre, et ne le quitte pas des yeux alors qu'il se sert un verre. Bientôt, c'est un tout autre liquide, qui coulera dans sa gorge...

Il semble comprendre ce que je pense car il se met à rougir lorsqu'il croise mon regard. J'aime avoir cet effet sans avoir besoin de dire quoi que ce soit. Mais j'aime beaucoup moins quand ses yeux se détournent de moi pour se poser sur ce type, qui s'approche de lui, venant de la table voisine.

La musique plus basse d'ici me permet d'entendre. Et de bouillir, petit à petit.

- Salut ! Je m'appelle Alex. Je sais que c'est un peu démodé comme méthode, mais je t'ai vu et je me suis dit que tu étais très mignon.

Il rougit. Il rougit à un autre que moi, et mes poings se resserrent sur mon verre. Matthews tourne son regard vers moi mais je le vois à peine. Tout est dirigé vers lui, et vers ce type qui l'aborde.

- Oh, merci.

Non, ce n'est pas ce qu'il devrait répondre. Ou peut-être que si, mais mes idées ne semblent pas bien claires, à ce moment précis. Je sais juste que la colère monte en moi. Et que ce n'est jamais bon, quand ça arrive.

- Est-ce que je pourrais t'offrir un verre ?

- Non.

Ce n'est pas Jérémy qui répond. C'est moi. Leurs deux visages se tournent vers moi, tout aussi étonnés l'un que l'autre. Le dénommé Alex me fixe, avant de poser la question qui je le sais va faire basculer cette soirée. Je me disais bien que nous n'aurions pas dû venir.

- Désolé, vous êtes ensemble ?

Je vois son regard. Il attend la réponse autant qu'Alex. Qu'est-ce que je devrais dire ? Il n'y a qu'une seule réponse à cette question. Mais je sais ce qu'elle va créer, lorsque je vais la formuler. Alors j'ai presque envie de ne rien dire. Pourtant, je ne peux pas faire autrement. Et c'est presque comme si je voyais son cœur se briser lorsque je me décide à parler.

- Non, on n'est pas ensemble.

Le type ne semble pas comprendre. Il nous regarde l'un, puis l'autre, mais en voyant le regard que l'on s'échange, il semble saisir que le dossier est épineux, et se décide à s'éclipser. Je ne sais pas comment agir. Encore moins quand Jérémy s'avance vers moi, et alors que je le connais timide sur ce genre de chose, il n'hésite pas à m'interroger devant nos amis. Je crois qu'il n'a même plus conscience qu'ils sont là.

- Pourquoi tu as dit ça ?

- C'est la vérité.

- Alors qu'est-ce qu'on est, hein ! Tu m'embrasses, tu me baises, tu fais des putains de crises quand Aaron m'approche, mais on n'est pas ensemble ?

Il est en colère. Il a le droit. Pourtant, je ne parviens pas à lui laisser le dernier mot. Et ma colère est encore là. Elle commence à se diriger contre lui.

- On prend du bon temps, Jérémy ! Il n'a jamais été question d'autre chose ! Je ne me rappelle pas avoir dit une seule fois que nous étions ensemble.

- Tu n'as pas dit le contraire non plus.

Je secoue la tête, ne voulant pas l'entendre. Je ne l'ai pas dit. Exactement pour éviter ce genre de situation. Il ne peut pas m'en demander autant. Ce n'est... pas moi. C'est tout.

- Pourquoi tu refuses d'assumer ? On n'agit pas comme ça avec une autre personne si il n'y a pas d'amour !

Je m'arrête un instant sur sa phrase, et je regrette la réponse avant de l'avoir prononcée, parce que je sais l'effet qu'elle va avoir sur lui.

- Il n'y a jamais eu d'amour. Et il n'y en aura pas.

Ses yeux s'écarquillent et il fait deux pas en arrière, avant de se retourner et de partir en courant. Je voudrais le retenir. Mais je n'y parviens pas. Il devait l'entendre, un jour ou l'autre. J'aurai seulement voulu attendre un peu. Évidemment, qu'il n'y a pas d'amour. Je suis un homme. Il ne faut pas chercher plus loin. L'amour entre homme existe. Mais je ne suis pas dans ce cas, c'est tout.

- C'est comme ça que tu gères ?

- Oh la ferme Matt !

Je n'ai pas envie de sermon. Alors je me casse, et je prends l'air pendant une bonne heure. J'ai eu raison. C'était la bonne chose à faire. Je ne pouvais pas lui mentir, même si la vérité lui a fait du mal. Un couple. Non, non, il n'en a jamais été question. C'était juste nous. J'aurai dû me douter que cela ne lui suffirait pas. Je pensais seulement que nous pourrions encore attendre, avant d'en venir à une telle situation. Je suis en colère, qu'il réagisse de cette façon. Il le savait. Alors pourquoi a-t-il voulu en avoir plus ? Il aurait dû savoir ce qui arriverait. Je lui en veux pour ça, en quelque sorte.

J'ai presque peur de passer la porte. Je ne sais pas ce que je vais y trouver, ni comment je vais réagir. Mais quand j'arrive dans la pièce principale et que tous les regards se tournent vers moi, c'est le sien qui m'attire. Si triste. Brillant de larme, et complètement défait. Il n'a pas le droit d'être comme ça. Pourtant, le voir ainsi efface toute ma colère. Je me sens comme un con qui ne sait plus quoi faire. Je ne le supporte pas, de le voir blessé. Et c'est ma faute, encore. Sauf que cette fois, je ne veux pas qu'il reste ainsi. Alors je m'avance, vers lui, sans le quitter des yeux, et je murmure son surnom.

Je dois lui parler. Il doit comprendre mes paroles et mes pensées. Pour que tout aille mieux. Ça ira, quand il comprendra. Mais alors que je m'avance vers lui, il secoue la tête dans un geste de négation et s'enfuit vers l'étage. Je m'élance à sa suite, avant qu'un corps ne me retienne.

- Dégage, Matthews.

- Tu as suffisamment joué au con pour aujourd'hui.

- Je dois lui parler !

- Non, tu dois te remettre les idées en place, espèce d'abruti ! Alors fous lui la paix tant que tu n'en es pas capable !

La colère remonte en flèche alors que je regarde mon meilleur ami. Il n'a pas le droit de m'arrêter, pas le droit de s'en mêler. Ça ne regarde que nous.

- Ne m'oblige pas à en venir aux poings pour passer.

La voix de Scott s'élève, alors que lui, Jack et Marie se placent derrière mon ami.

- Essaye.

J'ai envie de les détruire. De foncer et de leurs en foutre un bon à tous. Mais je ne suis pas fou. Ils sont aussi fort que moi chacun et ils sont quatre. Je ne passerais pas si ils ne le veulent pas. Et ils semblent décidés à se mêler de ce qui ne les regarde pas.

- Vous me faites chier, putain !

Je tourne les talons et claque violemment la porte, reprenant la voiture. Je roule vite, très vite, trop vite. J'essaye d'oublier, de décolérer, mais je n'y parviens pas. Ils m'énervent putain !

En quoi peuvent-ils savoir ce qui sera le mieux pour lui, hein ? Moi je le sais. Il avait besoin qu'on en parle ! Là, il va juste ruminer dans son coin et se faire du mal tout seul. Si c'est ce qu'ils veulent, soit...

Je toque à la porte avec force, laissant ma colère passer dans mes poings. Elle s'ouvre à la volée, et Mégane me jette un regard courroucé.

- Tu m'as déjà tué un mur, ne t'avise pas de détruire ma porte !

- S'il-te-plaît, me fais pas chier toi aussi.

Elle fronce les sourcils avant de s'écarter pour me laisser entrer. Je passe à côté d'elle, bras serrés sur le torse.

- Tu veux boire un truc ? De l'eau ?

- De l'eau ? Serre moi une vodka plutôt.

Elle lève les yeux au ciel et ne fait pas mine d'aller me chercher ce que j'ai demandé. Bien, elle fait chier aussi. Et j'ai comme l'impression que ce n'est pas fini. Pourquoi je suis venu chez elle, au juste ? Je sais très bien ce qu'elle va penser de la situation.

- Qu'est-ce que tu as encore fait ?

- Moi ? En quoi j'aurai fait quelque chose ? Ce n'est pas moi le problème.

Elle ne semble pas me croire mais me laisse déblatérer ce qui vient de se passer sans poser d'autres questions.

- C'est bien ce que je pensais. Tu as encore joué au connard.

- Je ne vois pas en quoi dire la vérité est être un connard.

- Vérité ? Quelle vérité ? Celle que tu tentes désespéramment de te convaincre ?

- Ne commences pas, toi aussi.

- Si. Si, je commence Josh, et j'ai pas fini. Pas d'amour entre vous ? Tu rigoles ou quoi ? Tu es fou de ce mec !

Sauf qu'elle se trompe. Ils se trompent tous. Pourquoi devrait-il forcément y avoir de l'amour ? Il y a du plaisir. C'est déjà beaucoup. C'est bien suffisant.

- Je dois te rappeler que tu n'as pas été capable de baiser une seule fille ? Même moi, d'ailleurs ? Je dois te rappeler l'état dans lequel tu t'es mis quand tu as pensé qu'il y avait quoi que ce soit avec son ex ?

- Non.

Je grince des dents. Je n'ai pas besoin de me souvenir de tout ça. Ça ne prouve rien, de toute façon.

- Il faudrait peut-être que tu arrêtes tes conneries au bout d'un moment.

- Tu me fais chier. Vous m'emmerdez tous. Je ne l'aime pas. Je peux très bien aller voir ailleurs.

- Tu sais que c'est faux. Tu en es incapable !

Mon poing vient frapper dans un vase qui traîne là, le brisant en mille morceaux. Je la regarde avec colère.

- Ne crois pas que ton regard va m'impressionner, Josh ! J'en ai vu d'autres. Alors maintenant ça suffit. Si tu n'es pas capable de lui dire les choses, je le ferai. J'irai lui dire que tu ne peux toucher personne d'autre, j'irai lui prouver que tu l'aimes.

Je grogne, mais ne réplique pas. Ça m'énerve. Elle n'a pas à faire ça, parce qu'il n'y a rien à prouver. Elle va juste lui donner de l'espoir pour rien. Mais étonnement, je ne l'en dissuade pas. Au contraire, je me contente de sortir de la maison en claquant la porte.

Elle me fait chier. Ils me font chier. Mais la personne qui me met le plus en colère dans toute cette histoire, c'est moi-même. Et je ne comprends même pas pourquoi.

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Aie aie aie, c'est compliqué d'admettre aimer un homme quand on s'est pensé hétéro toute sa vie. Et encore plus quand on est persuadé que l'amour, ce n'est pas pour tout de suite. Va-t-il finir par l'admettre ? Comment ? Il va falloir que quelqu'un lui remette les idées en place. Ou quelque chose...

A demain,   

Kiss :*

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