Chapitre 4
PDV Jérémy
2 mois plus tôt
Après avoir dû rejoindre ma génitrice pour une chanson plus que ratée au karaoké, j'ai constaté avec déception qu'Aaron n'était plus là où je l'avais laissé. J'avais espéré pouvoir discuter plus longuement avec lui, mais peut-être n'était-ce pas son cas.
Alors je suis simplement retourné me coucher au milieu des robes de Laura et tente d'arrêter de penser à sa fossette gauche qui apparaît quand il sourit. Et à ses cheveux bouclés qui virevoltent au gré du vent de la côte. Ou bien à ses yeux malicieux quand il me taquine, pour le peu qu'il l'a fait.
Mais au final, plus je m'évertue à oublier, plus je me le remémore.
Alors ce matin, c'est avec appréhension que j'attends le moment du repas, pour savoir si à nouveau nos yeux vont se croiser, ou bien si il va chercher à m'éviter.
Mais son sourire quand nos regards se croisent me rassure directement. Je lui rends, timidement, avant de m'asseoir à ma place.
Le petit déjeuner finit, ma mère et les autres femmes de ma vie partent pour un peu de shopping, et acceptent pour une fois de me laisser tranquille. Je m'installe sur un transat, lunettes de soleil sur le nez, et ne bouge plus. Les yeux fermés, je savoure l'air marin que l'on sent d'ici, et l'odeur des pins autour de moi. Mon visage chauffe sous les assauts du soleil déjà bien levé, mais d'un coup, c'est comme si celui-ci disparaissait. Je fronce les sourcils, avant d'ouvrir les yeux. Je sursaute en voyant une tête si près de la mienne avant de me relever. Et d'entrer en collision avec elle.
Je me frotte le front, tout comme l'homme à côté de moi.
- J'ai connu mieux comme accueil.
Je relève mes lunettes de soleil, pour planter mes yeux dans ceux d'Aaron.
- Désolé.
Il hausse les épaules, signifiant que tout va bien, ce qui me rassure.
- Un foot ça te dit ?
Ouai. Ouai bien sûr que ça me dit. Même si je suis absolument nul à ce sport, dont je ne comprends pas vraiment le principe. Courir après un ballon, très peu pour moi. Évidemment, je ne lui dis pas ça et contente d'accepter avant de le suivre.
Nous arrivons sur un mini terrain au centre du camping, étonnement vide. Je suppose que les ados qui passent leur temps ici en général ne sont pas encore levés. Je dois dire que j'aurai bien aimé rester au lit aussi.
Après plusieurs minutes, Aaron cale le ballon sous son pied et croise les bras. Un sourire moqueur s'affiche sur son visage, mais pas méchant non plus. Plus un sourire taquin.
- Tu ne sais pas jouer en fait.
Je tente de m'offusquer, mais je n'arrive à rien d'autre qu'à le faire rire. Et je dois avouer que j'aime ça.
- Si, bien sur que si, on m'appelle Ronaldo dans mon lycée.
- Bien sûr, et moi je suis Messi.
- Et bien enchanté.
Il secoue la tête en pouffant avant de ramasser le ballon.
- On aurait pu faire autre chose tu sais. Raquettes ?
Ah, ça je gère déjà plus.
- Si tu n'as pas peur de te mesurer à Nadal.
Il rit une nouvelle fois et je suis presque fier de moi.
Au final, nous passons la journée ensemble, à nous essayer à différents sports. Puis la semaine, entre la plage, différentes activités et de simples discussions.
- Jérémy, tu viens à la plage avec nous ?
Je relève la tête de mon journal où je commence à écrire beaucoup trop souvent le prénom de mon nouvel ami. Ma mère se tient dans l'encadrement de la porte, et attends ma réponse.
- J'ai déjà un truc de prévu.
- Avec le voisin ?
Je me sens rougir sous les yeux inquisiteurs de ma mère.
- Ouai.
- Dis moi mon chéri, est-ce que tu veux que je t'achètes, tu sais... des préservatifs ?
- Quoi !? Mais non, mais qu'est-ce que tu racontes ?!
Je crois ne jamais m'être senti aussi honteux de ma vie, et c'est pire quand elle s'enfonce dans son délire.
- Il ne faut pas avoir honte, on est tous passé par là. Je veux juste que tu sois sûr de prendre toutes les précautions.
- Mais je ne vais rien faire avec le voisin ! C'est juste mon ami !
- D'accord, d'accord.
Elle recule et sors de la pièce en levant les bras, comme si j'allais lui tirer dessus. Ce que j'aurai peut-être fait si mes yeux avaient ce pouvoir. Elle ajoute une dernière chose avant de sortir.
- Je vais t'en acheter quand même un peu.
- MAMAN !
Elle part vite, comme pour fuir la conversation. Lequel de nous deux est l'enfant de l'autre ? Je sens que mes joues sont encore rouges, et ça ne s'arrange pas quand j'entends ma mère revenir.
- J'ai dis que je ne voulais pas de préservatifs !
Je me retourne pour lui montrer qu'elle m'agace, mais je déchante vite en voyant Aaron, un sourire taquin sur les lèvres qui me regardent.
- Euh... non enfin, c'est que...
Il secoue la tête en riant sans rien ajouter, et j'ai envie de le remercier, avant qu'il ouvre la bouche.
- C'est important de se protéger tu sais.
- Raaaa !
J'attrape un coussin et lui lance, ce qui n'enlève rien à son hilarité.
- Bref, j'ai vu que ta famille était partie, on va faire un tour ?
Je hoche la tête quand il s'approche de moi.
- C'est quoi ça ?
Je referme bien vite mon journal avant de le ranger au fond de mon sac.
- Rien du tout.
- Tu tiens un journal ?
- Non.
- Oh, allez, ça se voit que c'était un journal.
Je baisse la tête et serre les bras comme pour me protéger de ses remarques. Il va se moquer de moi, comme le ferait n'importe quel gars qui découvrirait ça.
- Et alors ?
- Bah rien, c'est cool.
Je relève le visage vers lui tandis qu'il hausse les épaules.
- Quoi, tu pensais que j'allais me foutre de ta gueule ? C'est juste un journal. Chacun est libre d'exprimer ses pensées comme il le veut. Si toi c'est en écrivant, tant mieux.
Je lui souris et essaye de détourner la conversation de moi.
- Comment tu fais toi ?
- Je le fais pas.
- Tu devrais.
- Peut-être, mais ce n'est pas l'important.
- C'est quoi alors l'important ?
- Tu parles de moi dans ton journal ?
Je sens mes joues rougir et je sors de la pièce pour avancer vers l'extérieur en lui répondant, pour qu'il ne voit pas ma gêne.
- Dis pas n'importe quoi.
- Oh allez, même pas une fois ? Je suis sûr que si.
Je le pousse doucement alors qu'il s'approche de mon visage, comme pour me faire céder.
- Arrête un peu. On va où ?
Il se redresse en souriant, vu qu'il est plus grand que moi, et marche à mes côtés.
- Je finirais par savoir.
Je secoue la tête en riant, et heureusement, nous ne parlons plus de ce journal. Je crois que je ne me remettrais pas de la gêne qu'occasionnerais l'aveu. Oui, je parle de lui, et beaucoup trop même. Et je ne comprends pas pourquoi. Il ne doit pas entendre ça, non ? Je ne voudrais pas risquer la relation que nous commençons à créer. Et ça non plus, je ne sais pas pourquoi. Je ne le connais pas beaucoup, pourtant, je n'ai pas envie qu'il sorte de ma vie. Je ne comprends pas mes pensées, alors je me tais, et je profite de la nouvelle journée que nous passons ensemble, sans prise de tête.
Quelques nouveaux jours passent ainsi, et je me sens bien. Finalement, venir dans ce camping n'était pas si horrible que je le pensais. Il me reste encore un bon mois, 3 semaines avec Aaron, mais j'ai l'impression que le temps passe trop vite. Je ne pensais pas dire ça, mais je n'ai pas envie que l'été se finisse, bien que mes amies me manquent. Je suis bien ici, avec ce gars. Les journées ont l'air de passer à une vitesse démesurée quand je suis avec lui, ce qui ne me plaît guère. Cela me rapproche plus de la fin.
Il n'a pas reparlé du journal, et je l'en remercie. Je ne voudrais pas compliquer les choses entre nous pour l'instant.
Je relève la tête vers le miroir et me regarde. Cette tenue est affreuse, mais ma mère refuse que je porte autre chose ce soir. Selon elle, il est absolument essentiel que je sois raccord au thème de cette nouvelle soirée au sein du camping. « Chic et choc ». Me voilà donc en caleçon rose fluo, qu'elle a trouvé je ne sais où, avec une veste de costume et une cravate. Je ne sais pas ce qui est le pire entre le haut, le bas ou l'association des deux. Mais je sais que je ne ressemble à rien, et je n'ai pas franchement envie de me retrouver devant Aaron ainsi. Même si au fond, je ne sais absolument pas si il va venir à cette soirée.
J'essaye de supplier ma mère une nouvelle fois de me laisser mettre une tenue plus classique, mais c'est peine perdue. Elle ne veut rien entendre, alors même qu'elle sait que je n'ai rien à faire de cette soirée. Si je n'avais pas l'espoir d'y retrouver mon nouvel allié, je n'y sûrement pas allé. Sauf si elle m'avait forcé, ce qui aurait probablement été le cas.
Heureusement pour moi, quand nous déambulons dans les allées du camping jusqu'à la plage où se tient la fête, personne ne fait attention à moi. Il faut dire qu'ils sont tous dans un état lamentable, comme le mien. Sauf qu'eux semblent aimer ça. J'aime me déguiser, en général. Mais j'aime surtout pouvoir choisir moi-même comment, un droit que ma mère m'a retiré pour ces vacances.
A peine arrivé sur la plage, je parviens à semer les trois femmes dans la foule et m'éloigne, à la recherche d'un visage en particulier. Je ne vois rien d'autre que des hommes, des femmes et des enfants dans des tenues hautes en couleurs, mais pas de cheveux bouclés à l'horizon.
Alors que je recommence à errer au milieu de la foule, c'est comme si le bruit cessait autour de moi, et que les gens devenaient invisibles. Il est là, bras croisés, les yeux qui dérivent sur l'océan de monde qui nous entoure. Il n'a pas l'air dans son élément, d'ailleurs, il est habillé simplement. Il détonne au milieu de toutes ces couleurs, mais il n'a pas l'air d'en avoir quelque chose à faire.
Nos yeux se croisent et il me sourit, avant de me faire un signe de tête et de partir. Je comprends alors qu'il attend que le suive, et je me dirige moi aussi dans la même direction.
Nous nous dirigeons vers le lieu de notre première discussion et il s'appuie contre un arbre, les bras croisés, avant de me regarder de haut en bas.
- Je ne vais pas faire de commentaires.
Je sens mes joues rougir et vais m'asseoir sur le tronc d'arbre en face de lui.
- Il vaut mieux pas.
Il rit et secoue la tête, tandis que je brise le silence qui s'installe.
- Tu n'as pas respecté le thème toi.
- Ce genre de soirée n'est pas mon truc.
Je ne peux m'empêcher d'avoir ce mince espoir qu'il soit venu uniquement pour me voir. Mais il est sûrement plus logique de penser que ses parents l'ont forcés.
- Tu as l'air du genre à adorer pourtant.
Il me sourit malicieusement.
- Lequel de nous deux porte un caleçon rose fluo déjà ?
Je rougis encore et souris, alors qu'il se met à regarder l'horizon, sans baisser les coins de sa bouche. Le reflet du soleil couchant dans ses cheveux éclaircis au fil des jours par l'eau salée et ses yeux qui brillent le rendent absolument irrésistible. Ce constat fait louper un battement à mon cœur, alors que je me rends compte d'une chose en continuant de le regarder. Il me plaît. Je me mets à rougir en y pensant, et cela ne s'arrange pas quand il plante ses yeux verts dans les miens.
- Quoi, je suis si beau que ça ?
Je ne sais pas quoi lui répondre alors je secoue la tête en pouffant, espérant que ça sera suffisant.
Il ne dit rien de plus sur le sujet et repose ses yeux sur l'horizon, alors que je me concentre pour ne pas le fixer une nouvelle fois.
- Viens voir.
Je sursaute presque, alors que j'étais occupé à contempler mes pieds. Je relève la tête vers lui et il me fait un signe de tête pour accompagner ses paroles. Je finis par me lever et m'approcher de lui. Je regarde dans la direction qu'il me pointe et fronce les yeux, ne comprenant pas trop ce qu'il veut me montrer.
- Quoi ?
- Rien. Je trouve juste que c'est plutôt sympa, l'océan.
Je hoche la tête. C'est vrai que c'est beau, ainsi. Aucun baigneur, même pas de vagues, juste une étendue d'eau paisible, et le bruit de la mer. Et des fêtards en fond, mais il faut en faire abstraction.
Je me tourne vers lui après quelques instants de contemplation.
- Tu aimes l'océan.
Il hausse les épaules.
- Je n'ai pas souvent l'occasion de la voir, dans ma ville.
- Pourtant il y a une plage pas très loin.
- Avec les cours, les entraînements de baseball, je n'ai pas franchement le temps d'y aller.
Je ne rajoute rien là-dessus et nous restons là un moment à regarder le spectacle naturel sous nos yeux. Presque contre ma volonté, je tourne une nouvelle fois le visage vers lui et le regarde. Il finit par plonger ses yeux dans les miens et nous restons là un moment, avant que le coin de sa bouche ne se relève dans un sourire en coin.
- Quoi ?
Je ne m'attendais pas à sa réponse, qui a pour effet de faire rougir mes joues encore plus que précédemment.
- Tu parles de moi dans ton journal ?
- Idiot.
Je détourne le regard, gêné, mais je sens sa main se poser sur ma joue et relever ma tête. Je n'ai le temps de rien dire que je sens ses lèvres sur les miennes, et mes yeux s'ouvrent en grand tandis que les siens se ferment. Nos lèvres se mouvent, les miennes répondant comme si elles avaient une volonté propre. Cela ne dure que quelques instants, mais quand il se détache de moi, j'ai encore la sensation de sa bouche contre la mienne, et le cœur qui s'affole.
Il me regarde, et je veux lui demander pourquoi, mais aucun mot ne semble vouloir franchir la barrière de mes lèvres.
Soudain, la voix de sa mère retentit au loin et il me sourit, avant de juste partir. Moi je reste là, et passe un doigt sur mes lèvres.
Bordel, pourquoi il a fait ça ?
Mais putain, j'ai aimé ça.
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Des souvenirs d'été qui vont avoir une importance pour la suite !
J'espère que vous adhérez à ce début d'histoire,
à dimanche,
Kiss :*
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