Chapitre 29
Bon j'ai affirmé que vous alliez kiffer ce chapitre, mais au final, j'ai décaler la scène au suivant donc, j'affirme que vous kifferez le prochain x)
PDV Jérémy
Fini. C'est fini. Aussi simplement, aussi rapidement. En quelques petites minutes seulement, tout l'enfer que j'ai vécu pendant des mois a pris fin. Cela a l'air presque trop simple. Pourtant, il a suffit de quelques mots, et c'était terminé.
J'ai vraiment pensé que Josh allait le tuer. Qu'Andrews ne se tairait pas, et que cette balle partirait se loger entre ses deux yeux. Pourtant il n'a rien dit. Il a fermé sa bouche, et j'ai vu une expression de terreur intense dans son regard. Les doigts brisés ne lui ont pas suffit. Il a fallu qu'il frôle la mort pour qu'il comprenne. Depuis trois jours, je ne cesse de me demander si il l'aurait vraiment fait. Est-ce que Josh aurait vraiment tué ce type ? Certes, c'était un connard. Un harceleur, une raclure. Mais pas un gangster. Pas un meurtrier, quoi que le harcèlement fait un grand nombre de victimes chaque année. Alors aurait-il été jusqu'au bout, en tirant ? Oui, me souffle ma conscience. Et cette réalité devrait m'effrayer, pourtant, elle ne créée aucun sentiment négatif en moi. Au contraire.
Est-ce qu'on peut s'habituer à ce genre de finalité ? Je crois que oui. Si je n'avais pas passé autant de temps avec eux, si je n'avais pas vu tant d'horreur au travers de mes meilleurs amis, j'aurai été de ceux qui dénoncent cette violence, qui dénoncent les gangs et leurs manières de faire. J'aurai dit qu'il fallait aider la victime de manière légal, et pas pointer un flingue sur la tête du coupable.
Mais je n'ai pas pensé ça. J'ai même pensé qu'une balle entre ses yeux arrêterait définitivement mon calvaire. Que cela assurerait que jamais un autre ne vivrait ce que j'ai vécu. Je m'en veux un peu, d'avoir ce genre de pensées. Mais je ne peux pas m'en empêcher.
Le coup de feu a bloqué Andrews mais aussi tous les spectateurs. Le silence a régné en maître, alors que l'on aurait pu s'attendre à des cris de terreur. Cela aurait sûrement été le cas, dans un lycée qui n'abrite pas des BlackRoses. Ici, dans cette ville, on a presque l'habitude. On sait que si c'est une rose noire que l'on croise, on ne craint rien. Ils ne touchent pas aux innocents. On peut dire qu'Andrews n'est pas vraiment innocent.
Ailleurs aussi, c'est celui qui a tiré qui aurait été exclu. Sûrement jeté en taule, également. Mais pas ici. Pas quand celui qui tient le flingue est l'un d'eux. Ils n'ont pas de règles, ils se foutent des règles. Les flics ne touchent pas aux BlackRoses. Peut-être parce qu'au fond, ce ne sont pas eux qui posent des problèmes. Ils les règlent en se débarrassant de mauvaises personnes. Comme les Tigers, ceux qui ont fait du mal à Lucy, à Zoé. A beaucoup de personne. Ils sont des meurtriers qui tuent des meurtriers.
Cette absence de sanction a été vérifiée encore une fois. Josh en ressort sans rien. Andrews et plusieurs de ses suiveurs sont exclus. De l'école. De l'état. Une sorte d'exil, pour éviter un procès. Mais tout de même une belle tâche dans leur casier judiciaire, mettant fin à toutes tentatives de carrière dans le baseball. Aaron reste lui. Ce n'est pas comme si il m'avait fait du mal. Un coup de poing. Et pas mal de blessures intérieures. Mais au fond, lui, je ne lui en tiens pas plus rigueur que cela. C'était un lâche, c'en est toujours un, mais ce n'est pas une mauvaise personne.
J'ai du mal à croire que c'est terminé, de cette façon. Du mal à me dire que tout est réglé, que plus jamais je ne croiserais sa route. J'ai encore les yeux qui fouillent les couloirs, comme si il allait débarquer. J'ai encore peur quand je me retrouve seul à mon casier. Je tremble encore, quand j'aperçois un sportif, en me disant que le prochain bourreau, ce sera lui. Pourtant je sais que les gens d'ici m'acceptent. Je sais qu'il n'y a plus de type comme Andrews dans les alentours. Mais c'est difficile à admettre. Mon corps et mon esprit me font encore souffrir. Je suppose qu'il leur faudra un peu de temps pour vraiment s'en remettre.
Et mes amis sont là pour ça. Pour m'aider à oublier. Ou plutôt à avancer. On oublie jamais vraiment, je suppose. En trois jours, et un nombre assez important de discussion, avec Lucy, Zoé, le gang, et même ma mère, qui a finalement été mise au courant, j'ai au moins compris une chose : Je suis une victime, et je ne dois pas minimiser ma souffrance. J'ai vécu du harcèlement scolaire. De la violence, psychique et physique. Ce n'est peut-être pas un viol, peut-être pas de la torture. Mais malgré tout, je ne dois pas me considérer moins victime que les autres. Minimiser ce que l'on a vécu en le mettant en parallèle avec d'autres souffrances empêche de guérir. Ma mère m'a dit cette chose : « on ne peut pas comparer les douleurs ». Parce que tout le monde les encaisse différemment. Chacun a ses propres limites. Une victime n'est pas moins victime qu'une autre, parce que ce qu'elles ont vécues est différent, tout comme la façon dont elles l'ont ressenti.
M'aider à comprendre ça, c'est m'accompagner dans le premier pas vers un retour à la normale. Et ce retour, mes amis sont là pour m'y emmener. Comme aujourd'hui.
Je ne sais pas bien ce qu'on fête, ce soir. Mais les trois filles ont décidé de sortir. Pour l'anniversaire de Zoé et de Scott. Pour moi, me faire du bien, fêter le répit auquel j'ai enfin le droit. Je crois qu'elles me font sortir d'avantage pour me faire retrouver le sourire que pour souffler les bougies de la rousse.
- Vous voulez vraiment aller en boîte ?
La gangster se retourne vers moi, un brin excédée, mais tout de même amusée.
- La réponse est la même que les 20 dernières fois où tu as posé la question, Jérem'.
- On aurait pu mettre de la musique à la villa, aussi.
A côté de moi, Matt acquiesce. Il faut dire qu'à part Jack, aucun des garçons n'a été emballé par l'idée. Et si ils sont là, c'est uniquement car il est hors de question pour eux de quitter des yeux leurs belles. La raison de Josh par contre, je ne la connais pas. J'essaye de ne pas y penser, pour ne pas me faire des films.
- On aurait pu. Mais il faut sortir, de temps en temps. Ça nous fera du bien à tous. Alors enlevez-moi ses têtes affreuses, et on y va.
Elle n'attend pas de réponse que déjà, elle double les centaines de personnes qui font la queue devant la boite pour y entrer. Le vigile s'écarte, bien conscient de qui elle est. Et personne ne râle, en voyant qui les double. Un peu honteux d'avoir ce privilège sans n'avoir rien faire pour le mériter, je passe avec les autres la grande porte, et rapidement, la musique me monte aux oreilles. C'est fort. Les spots lumineux m'obligent à plisser les yeux pendant quelques minutes avant de m'y habituer, mais je crois que je ne parviendrais pas à me faire à l'odeur de cigarette et d'alcool. Ajoutez à cela la transpiration, et c'est un véritable enfer. Je n'ai jamais aimé plus que cela les boites, ayant une préférence pour les soirées chez les uns et les autres. De cette façon, on est maître de tout : la musique, les invités... là, au milieu d'inconnus, j'ai du mal à me sentir à ma place.
Mais je dois reconnaître une chose : être ici m'empêche de penser à tout ce qui m'a fait du mal ces derniers temps. Il faut dire que la musique est tellement forte que c'est difficile de penser tout court.
On s'assoit dans un carré VIP et mes yeux ne peuvent s'empêcher de chercher Josh. Comme ces derniers jours. Ils tombent souvent sur lui sans problème. J'ai l'impression d'avoir un aimant dans le regard, qui s'accroche à son corps dès qu'il le peut. Il croise mon regard un instant, mais dans l'obscurité, je ne parviens pas à déchiffrer son expression. Il fait un signe à Matthews et disparaît, et je dois me retenir pour éviter de le suivre des yeux. J'ai l'impression d'être un stalkeur, avec lui. Ce qu'il fait ne me regarde pas, après tout.
Une main s'enroule autour de mon poignet, et j'ai à peine de le temps d'apercevoir la chevelure de Lucy que je suis tiré en avant. Deux mains dans mon dos, que j'identifie à Marie, me poussent et m'obligent à avancer, alors que devant nous, Zoé et Jack sautillent en marchant. Nous descendons les marches que nous venons à peine de monter pour nous retrouver au milieu de la foule qui saute et danse.
J'essaye de refuser, de remonter m'asseoir, mais aucun des quatre énergumènes ne me laisse m'échapper. Mes yeux se dirigent vers l'étage, d'où j'aperçois Matt et Scott veiller. Mais je ne peux que me demander où est-ce que lui, il est. Il s'est échappé si vite. Une voix me hurle dans les oreilles, et il me faut un moment pour comprendre ce que Lucy me dit.
- Amuse-toi, Jérem' !
Elle attrape mes mains et se met en face de moi, me forçant à les balancer en rythme. Elle me tire un sourire, avec sa bouille, mais mon corps reste stoïque. Jusqu'à ce que les bras de Zoé viennent s'entourer autour de moi. Elle colle son corps à mon dos et m'oblige à me déhancher avec elles. Leurs rires, leurs bonnes humeurs, leurs tentatives désespérées mais adorables ont raison de moi, et j'explose d'un rire sonore. Mon corps commence à prendre le rythme. Je me retrouve à sauter, le bras de Jack sur mes épaules, à faire le robot, avec Marie, à faire valser mes deux meilleures amies, mortes de rire. J'oublie. Pendant un bon moment, j'oublie tout. Le monde autour de nous n'existe plus. Nous sommes juste 5, sur cette putain de piste, à s'éclater comme des malades. Il n'y a plus d'Andrews, il n'y a plus de peur, il n'y a même plus de Josh. Juste de la joie, des rires, nos transpirations et nos souffles courts.
Je me sens bien. Et putain, je me demande depuis combien de temps je ne me suis pas senti comme ça. Le sourire de mes amies me fait chaud au cœur. Parce qu'elles ne sourient pas uniquement d'amusement. Mais de bonheur. De bonheur de me voir comme ça. A ce moment là, je retrouve toute la beauté du lien qui nous unit dans les mauvais comme dans les meilleurs moments, depuis des années. Depuis toujours. Mes sœurs. Pas mes amies, mais bien des membres de ma famille, que j'ai choisi.
- Bordel je meurs de soif !
Lucy tire la langue pour bien faire comprendre ce qu'elle vient de hurler. C'est qu'elle a des talents de mime, il faut le dire. Je ris de bon cœur, et elle me fait signe qu'elle remonte se chercher à boire, suivi Zoé et Jack. Marie me regarde avec un grand sourire, et pose ses deux mains sur mes épaules.
- Ça fait du bien de te voir comme ça !
Je lui souris seulement. Oui. Oui, ça fait du bien, ça me fait du bien à moi aussi. C'est presque trop facile, de me sentir bien au bout de trois petits jours au fond. Mais je sais que c'est juste pour un moment. Il me faudra sûrement plus que cela pour passer au dessus. Pour me balader dans le lycée sans rien craindre, sans penser que les rires autour de moi sont des moqueries, pour entrer dans les vestiaires sans me revoir sous cette douche, à me dire que c'est fini. Mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas avoir des moments de bonheur. S'en est un. Il y en aura d'autres. De plus en plus, jusqu'à ce qu'ils recouvrent toute la peur, et l'anéantissent.
Je me penche vers elle pour lui signifier que je vais aux toilettes. Je ne sais pas depuis combien de temps on danse, comme ça, mais vu le nombre de chansons qui ont défilés, on doit avoir dépassé l'heure. Elle hoche la tête et se retourne, pas gênée de danser seule. Je m'avance vers un couloir tamisé, en posant un instant mes yeux sur la balustrade. Je souris en voyant Zoé sauter sur le dos de Scott, visiblement pour le convaincre de descendre danser. Je crois qu'elle peut toujours courir. Elle a déjà réussit à le faire bouger en soirée à la villa, ici, elle n'arrivera à rien. J'en mets ma main à couper.
Je secoue la tête en retenant un rire, et m'éloigne un peu de la foule. Plus j'avance dans le couloir, plus la musique devient seulement des coups de tambour, et les paroles un charabia incompréhensible. Je me fraye un chemin entre les couples et les types bourrés qui tiennent à peine debout, pour parvenir enfin devant la porte des toilettes. Je suis presque étonné de n'y voir aucune queue, et j'avoue ne pas comprendre pourquoi une fille me regarde y entrer avec de gros yeux, comme si il ne fallait pas que je franchisse la porte.
Je comprends pourquoi quand elle se referme derrière moi, et que la première chose que je vois, c'est une bimbo les seins à l'air. Et la deuxième, c'est Josh, les mains sur la poitrine.
Cette vision me fait mal. Cette vision me met en colère. Cette vision me perd.
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Comment va réagir Jérémy ? Et Josh ?
La suite mercredi,
Kiss :*
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