Chapitre 28

PDV Jérémy

Je ne sais pas quoi penser, ni quoi faire. J'ai des millions de questions en tête mais pas de réponses à leurs offrir. Je ne suis même pas sûr d'avoir envie d'y répondre. Je crois que j'ai peur. Peur de ce qu'elles pourraient être, peur qu'elles me blessent. Parce que pour l'instant, j'ai beau ne pas comprendre ce qu'il me fait, je ne peux pas nier que cela me fait du bien. Il est celui qui me maintient en équilibre, alors que je suis sur le point de tomber depuis des semaines. Il m'offre un répit salvateur, et je n'ai pas envie de me dire que tout n'était que mensonge.

Il a encore posé ses lèvres sur les miennes. Je l'ai encore laissé faire, j'ai encore aimé cela. Les mêmes sensations si incroyablement puissantes m'ont assaillies, et la douleur dans mon corps en est passée au second plan. Je ne savais pas comment réagir, en le voyant si en colère. Mais quelque part au fond de moi, j'ai aimé ça. Aimé qu'il soit dans cet état pour moi, qu'il inflige cette douleur à l'homme qui m'a fait du mal. Je n'ai pas vu la scène. Mais le récit de Matthews m'a suffit à imaginer. Suffit à apprécier. J'aurai voulu le voir. Voir la peur dans les pupilles d'Andrews, entendre ses cris. Des cris de souffrance que je poussais moi aussi quelques heures avant. Je ne devrais pas aimer la violence. Mais comment faire autrement ?

Je n'ai pas osé lui demander pourquoi il était si en colère. C'est encore une question dont la réponse me fait peur. Alors je me suis juste laissé porter. J'ai laissé les sensations qu'il fait naître en moi me porter. J'ai eu l'impression que ses baisers réparaient les fissures en moi. Je n'avais plus mal, je n'avais plus peur. J'étais bien, parfaitement là où était ma place à cet instant là. Un ressenti qui m'a rarement habité ces derniers temps.

Quand je suis ressorti de cette cave, j'ai rougis sous les regards de mes amis, bien conscient qu'ils se doutaient de ce qui se produisait. Mais personne n'a rien dit. Ils se sont contentés de sourire, sauf Scott, évidemment. Josh n'est pas remonté tout de suite. Je crois qu'il n'avait pas besoin de leurs regards maintenant. Il est perdu. Et moi aussi. Mais moi, je suis perdu à cause de lui. Alors que Josh se pose des questions sur lui-même. C'est sûrement bien plus compliqué à gérer.

Je me demande si lui, il trouve des réponses. Durant ces derniers jours, je n'en ai pas l'impression. Il ne m'a pas embrassé depuis. Une semaine sans sentir ses lèvres. Je ne devrais sûrement pas dire cela, mais ça me manque. Je veux en faire à nouveau l'expérience. Mais ce n'est pas comme si j'avais le courage d'aller vers lui pour lui demander de m'embrasser. Aller vers lui est déjà bien trop stressant. Je ne me suis retrouvé seul avec lui depuis ce moment dans la cave. J'en ai envie tout en le craignant. Mais j'ai senti son regard sur moi, malgré tout. Andrews n'était pas là. Il ne pouvait pas me toucher ou me faire du mal. Mais il veillait tout de même. Il veille encore. Et je ne me suis jamais senti aussi bien que lorsque ses yeux viennent réchauffer mon corps.

Je crois que depuis ce début d'année, c'est la première semaine que je passe sereinement. Je n'ai pas la peur de croiser mon bourreau au détour d'un couloir. Ni celle qui m'envahissait chaque fois que je passais les portes de cette école. Non, pour une fois, j'avance sans laisser mon regard couler partout, à la recherche de celui qui me fera du mal. Je ne regarde pas 10 fois derrière moi pour voir si il me suit. Je ne me dis pas sans cesse que les rires dans les couloirs sont dirigés vers moi. En somme, je redeviens pendant cette semaine un étudiant normal. Je redeviens moi. Et ça fait du bien. Comme la première bouffée d'air après être resté un peu trop longtemps sous l'eau. Comme la douche chaude en plein hiver, qui réchauffe autant le corps que le cœur. Son absence et la présence de Josh ont cet effet là sur moi. Une douche chaude, revigorante, qui répare et apaise.

Mon corps me fait encore souffrir. Il faut dire qu'ils m'ont bien amochés. Mais cela aurait pu être tellement pire. Je me rappelle de l'étonnement dans les yeux du médecin du gang, quand il m'a ausculté. Vu mon état, il n'aurait pas parié que j'étais entier, si on peut dire. Pourtant je m'en tire bien. Du mieux que je peux, je dirai. Une côté fêlée, ce n'est pas grand-chose, quand on sait le nombre de coup que j'ai pris. Ce n'est pas agréable non plus, surtout quand on a l'impression qu'on vous perfore de l'intérieur à chaque fois que l'on rit. Mais je peux faire avec.

Une main sur mon épaule me fait sursauter et sortir de mes pensées. Je tourne mon regard vers Lucy et Zoé, qui me sourient. Je crois qu'elles aussi, se sentent mieux maintenant. Parce qu'elles voient que je ne suis plus entrain de me noyer, mais bien de remonter. Mais je pense que je ne parviendrais pas à sortir totalement de l'eau tant qu'Andrews sera dans ce lycée. J'ai besoin qu'il disparaisse totalement de ma vie.

- On va au distributeur, tu nous accompagnes ?

Je hoche simplement la tête. Les autres nous regardent partir, et je sens son regard dans mon dos. Je ne peux m'empêcher de me tourner juste un instant, pour lui rendre. Je sens mes joues chauffer, et j'aperçois un petit sourire sur son visage. Ce sourire bon sang...

Nous avançons bras dessus bras dessous, et je m'autorise à sourire. Cela m'avait manqué, ce genre d'instants avec elles. Ceux où l'on restent insouciant. Depuis combien de temps n'ai-je pas été ainsi ?

- Plutôt Mars ou Snickers ?

- Kinder.

- Ce n'était pas dans les propositions Jérém'.

Je n'ai pas le temps de lui répondre que Lucy enchaîne, l'embêtant avec moi.

- Bounty.

Je tire la langue à ma rouquine avant de rire quand elle gonfle ses joues.

- Bande d'idiots.

- Que tu aimes.

- Je n'ai pas dit le contraire.

Devant la machine, et alors que Zoé râle en constatant qu'il n'y a plus de Mars ni de Snickers, Lucy ne me quitte pas des yeux. Je sais qu'elles veulent en savoir plus. La réaction de Josh a intrigué tout le monde. Le fait que je descende et que cela suffise à le calmer aussi. Et son comportement protecteur de la semaine, n'en parlons pas. Est-ce que je devrais leur dire ? Sûrement. Mais qu'est-ce que je pourrais raconter ? Je ne comprends pas bien moi-même ce qu'il m'arrive. Elle finit par briser le silence, et poser la question que je redoute. Parce qu'elle me met en face de mes propres incertitudes face à la réponse.

- Il se passe quelque chose avec Josh ?

Je me mords la lèvre et pose mes yeux derrière elle, comme si la réponse allait se trouver inscrite là, sur un mur. Ce qu'il se passe... c'est compliqué à définir. Des baisers. Des réactions incompréhensibles des deux côtés. Et tout ça, on ne sait même pas pourquoi cela a commencé. C'est juste arrivé. Et j'ai envie que cela continu. Comment leur expliquer ? Je voudrais trouver les bons mots, mais alors que je les cherche, mon regard se pose sur une silhouette.

Et je sens mon cœur arrêter de battre. Le sang semble quitter mon visage, mes oreilles bourdonnent. Lucy fronce les sourcils et se retourne. Elle ne met pas longtemps avant de tomber sur la même personne que moi.

- Merde.

Ce n'est pas le mot que j'aurai employé mais c'est celui qu'elle utilise, intriguant Zoé.

- Quoi ?

- Andrews. Il est revenu.

La graine de femme se met à serrer les poings. Pense-t-elle faire le poids ? Zoé se tourne vers moi, et voit mon état.

- Il ne va pas venir. Il a pris trop cher la dernière fois.

Mais ça, je ne le parierais pas. Andrews n'est pas du genre à laisser tomber. Même avec tout ça. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'il ne va pas s'arrêter. Qu'il va essayer encore. La seule façon d'être débarrassé de lui, c'est que l'un de nous parte. Finalement, j'ai bien raison. Je suis incapable de sortir de l'eau tant qu'il est ici. Et j'en ai la confirmation quand il s'avance, un regard abominable dirigé vers moi. Je vois à peine Lucy sortir son portable de sa poche que déjà, sa main attrape mon col et me fait reculer contre un casier.

- Alors pédale, je t'ai manqué ?

Zoé attrape sa main et essaye de la retirer, mais il l'envoie en arrière sans difficulté. En même temps, avec sa taille de crevette...

Les amis de fou en face de moi regardent, mais n'interviennent pas. Je crois qu'eux, voient le danger. Ils ont compris. Pas Andrews. Il est bien trop aveuglé par la haine, une haine qui n'a pas de raison d'exister.

- Bah alors, tu ne réponds pas ? On fait moins le fier quand il n'y a pas ses petits gardiens.

Je vois du coin de l'œil son autre main bandée. Il ne peut pas me frapper avec celle-ci. Mais que peut-il faire d'autre ?

- Lâche-le !

- Toi la rousse tu la fermes.

Si Scott entend ça...

Je me fais la réflexion mais avant qu'elle n'ait pu lui répondre, le corps d'Andrews part violemment sur le côté. J'aperçois Josh les poings serrés, qui baisse la jambe. Il vient de lui foutre un coup dans les côtes si puissant, qu'il en est parti sur le côté.

Au lieu d'aller vers lui et de se déchaîner, comme la dernière fois, il se poste devant moi. Je vois de la fureur dans son regard. Mais aussi de l'inquiétude. Il pose ses mains sur mes joues et bouge ma tête, tout en passant son regard sur l'ensemble de mon corps. D'une petite voix, je parviens à le rassurer.

- Je n'ai rien.

Je vois Scott attraper Andrews, et aidé de Matt, il le plaque contre le mur sur le côté. Il essaye de se libérer, mais son côté sportif ne sera pas suffisant face à eux.

- Lâchez-moi !

Ils ne disent rien et le retiennent juste. Marie et Josh récupèrent Lucy et Zoé et les écartent un peu. Pourquoi ? Je ne devrais pas tarder à le savoir.

- Il t'a frappé ?

Sa voix est si froide, si profonde. Elle ferait frémir n'importe qui. Elle me fait frémir. Mais pas de peur. D'un tout autre sentiment, bien plus agréable. Je secoue la tête, et il n'a le temps de ne rien ajouter que la voix du connard s'élève.

- Tu as retrouvé ton toutou la pédale ? Tu mérites juste de crever, comme tous ceux de ton espèce. T'inquiètes pas, je vais m'en occuper.

Je vois le poing de Scott se serrer et alors que je m'attends à ce qu'il lui en foute un, ce n'est pas ce qui arrive. Bien trop vite pour que quiconque ne puisse réagir, Josh attrape son arme sous son t-shirt, et tire sans détourner son regard du mien. Je sursaute, mais ne prend pas peur. Le silence règne dans l'édifice et tous observent. Je finis par tourner la tête pour voir.

Andrews a les yeux grands ouverts. La balle, frôlant sa joue a laissé une belle entaille. A-t-il vu la mort venir le cueillir ? C'est en tout cas ce que je parviens à lire dans ses yeux. Et alors qu'il me regarde toujours, Josh laisse couler la dernière menace. Et cela à beau en être une, et pas une déclaration, je ne sais pas pourquoi, ses mots font battre mon cœur, et réchauffent mon corps.

- Ouvre encore la bouche et tu meurs.  

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J'affirme avec certitude que vous allez kiffer le prochain chapitre. Voilà, je vous laisse juste là-dessus parce que je suis sadique. 

Alors à mercredi, 

Kiss :*

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