Chapitre 27
PDV Josh
Je crois n'avoir jamais été aussi en colère de ma vie. Je ne réfléchis plus, je ne me contrôle plus. Pourtant, le contrôle est la base de ma vie, de notre vie. Sans contrôle un gangster ne survit pas. C'est l'élément le plus important, la règle qui définie toutes les autres. Mais quand je vois son corps dans cet état, sous cette douche, tout explose. Je ne suis même pas capable d'aller le chercher, seulement de regarder, de lire tout ce que je peux voir d'écrit sur lui. Et la colère monte, dépassant l'inquiétude, effaçant la raison. Je ne comprends pas. Je n'ai pas envie de comprendre, seulement de tuer ce connard. Qui lui a fait du mal, encore, qui a franchit une limite qu'il n'aurait jamais dû atteindre. Je n'aurais pas dû le laisser l'atteindre.
Je ne veux pas lui crier dessus, mais j'ai besoin qu'il me réponde. Qu'il me donne le nom de ce connard. Au fond, je n'en ai pas besoin pour agir. Mais en le disant, je suis sûr que lui prendra conscience de ce que je m'apprête à faire. Alors je ne suis pas doux ni gentil, je laisse ma voix porter, froidement. Il frissonne et je n'aime pas le voir dans cet état, mais c'est plus fort que moi. Et quand il le prononce enfin, c'est comme si le feu passait au vert. Je démarre d'un coup, prêt à avancer et écraser ceux qui se mettront sur mon chemin. Je sais que Scott me suit. Je sais qu'il prévient Matt que nous arrivons. Mais il ne m'arrête pas. Dans l'état où je suis, il pourrait toujours essayer de toute façon.
Je vois rouge. Et je me fous des codes à ce moment là. A l'instant où j'aperçois ce connard, je me précipite sur lui et lui fais manger mon poing. Et les suivants. Je me fous de ses potes qui l'entourent, je me fous d'être dans un lycée, que ce soit juste un petit con et pas un gangster. Je le massacre. Et puis je vois sa main. Cette main avec laquelle il lui a fait tant de mal. Les jointures sont rougies, d'avoir trop cognées. Et l'encre sur ses doigts me rappellent toutes les horreurs que je viens de lire sur son corps. Je veux qu'il souffre. Il le mérite, pour lui avoir fait du mal. Alors je brise avec une satisfaction non feinte chacun de ses doigts. Il crie. Et j'aime l'entendre faire.
Il n'y a pas de retenu en moi, et je devrais en avoir peur. La retenue, le contrôle, c'est tout ce qui doit toujours définir un BlackRoses. Mais tout a sauté quand je l'ai vu dans cet état. Je n'ai pas l'impression d'être moi. Je suis dans un état second, où la seule chose qui m'importe, c'est de m'occuper de ce type comme il le mérite.
Je finis par me relever et fonce vers l'extérieur du bâtiment. J'ai besoin d'air. Besoin de m'éloigner de cet enfoiré avant de vraiment lui foutre cette balle entre les deux yeux. Est-ce que cette leçon va lui suffire ? Il va falloir, parce que je jure que la prochaine sera un allé sans retour. Je n'attends pas les autres. Je monte dans ma voiture et fonce à toute vitesse. Cela ne me calme pas. J'ai besoin de me défouler, il faut que je frappe, que j'évacue ma colère. Je me gare en vrac dans l'allée de la maison sans en avoir rien à faire. Je claque la portière avec une force incroyable et je constate une nouvelle fois à quel point je suis énervé en voyant ma main trembler alors que je tente d'ouvrir la porte.
Je voudrais me calmer, respirer et retrouver le contrôle de ce que je ressens. Mais la vision de son corps presque nu et mutilé de cette façon tourne en boucle dans ma tête. Et elle fait remonter la rage en moi un peu plus à chaque fois. Pourquoi ? Pourquoi je me mets dans cet état, putain ! Je ne comprends pas, et ça aussi, ça m'énerve. Mais pour l'instant, les questions que je me pose sur mon comportement sont insignifiantes par rapport à ce que je ressens. Je fonce à l'étage inférieur de la maison, et sans prendre la peine de m'équiper, je me défoule sur un des sacs de boxe. Fort.
Mes mains déjà amochées de tous les coups que j'ai donné à cet enfoirée me tirent. Je m'en fiche. La douleur ne m'atteint pas, elle est balayée par ce besoin de frapper. Je ne suis pas un violent. Je suis dangereux, oui. Je suis un BlackRoses après tout. Mais la violence pour la violence m'a toujours parue stupide. Et voilà que je me retrouve dans cet état. Je n'arrive pas à dire si c'est justifié. Oui, quand je repense à Jérémy. Non quand je me dis que je devrais agir comme d'habitude, et régler le problème de la bonne façon.
Un râle sort de ma bouche, contenant ma rage. Je continue de frapper, encore et encore. Je ne sens même pas mon corps qui fatigue, la sueur qui dégouline, les phalanges qui s'ouvrent. Je ne sens rien à part cette émotion de colère si intense et puissante. J'imagine ses connards prostrés autour de Jérémy. Celui-ci au sol, qui encaisse les coups comme il peut. J'entends ses gémissements et ses plaintes, je vois ses pleurs. Je les imagine retirer ses vêtements. A quel point a-t-il eu peur, à ce moment là ?
Ils l'ont marqué. Mais qu'auraient-ils pu faire d'autre ? Je serre les poings un peu plus en l'imaginant. Si ils avaient fait ça... comment est-ce que j'aurais réagis ? Une voix me souffle que je les aurait tués. Et ça me fait peur.
J'entends à peine la porte de la cave s'ouvrir. Les pas qui dévalent l'escalier à toute vitesse. J'ai même du mal à reconnaître la voix de Matthews, quand il me parle. Je ne comprends pas ce qu'il me dit. Mon esprit est ailleurs. Il est dans ce vestiaire, à imaginer ce qu'a enduré Jérémy. J'aurai dû être là. Jack et Scott n'aurait pas dû le laisser seul. Nous aurions dû arriver plus vite. A la place, il a enduré près d'une heure de coups, d'humiliations, et dieu sait quoi d'autre.
- Josh.
Sa voix est faible dans mes oreilles. Je frappe encore dans le sac. Toujours plus fort. Le sang dégouline de mes mains, venant tâcher le sol. Les siennes viennent essayer de contrôler mon corps, mais je me débats. Je lui hurle de me lâcher.
- Josh bordel, calme-toi !
Je voudrais. Je voudrais mais je n'y arrive pas. Je contourne le corps de Matthews et me rapproche d'un mur dans lequel j'enfonce mon poing.
- Putain mais tu vas t'arrêter !
Je me retourne en furie vers lui. J'ai besoin d'extérioser.
- Comment veux-tu que je me calme ! Tu as vu dans l'état qu'il est !
- J'ai vu ! Mais tu crois que c'est comme ça que tu vas l'aider !
Je grogne et enfonce une nouvelle fois mon poing dans le sac de sable. Sous l'impact, celui-ci éclate. En voyant le sable recouvrir le sol, je descends d'un cran. Je plonge mon regard dans celui de mon ami. Il n'a pas l'air de comprendre. Et en même temps, il n'a pas l'air surpris. C'est étrange, comme mélange.
- Comment il va ?
La question n'est pas calme. Moi non plus. Je continue à faire les cents pas dans tous les sens. Il n'essaye plus de m'arrêter.
- Il est là-haut, avec le médecin du gang. A priori, pas de commotion. Ils n'ont pas touché son crâne. Rien de cassé non plus, ce qui est en soi un miracle. Peut-être une ou deux côtes fêlées, mais dans l'ensemble, il s'en tire relativement bien, pour tout ce qu'il a pris.
Je voudrais dire que ça me soulage, mais ça me rappelle seulement la violence de ce qu'il a vécu.
- J'aurai dû tuer ce connard. Et tous les autres.
- Pourquoi tu te mets dans un tel état ?
- Pourquoi !? Et toi, comment tu peux rester calme hein !
Il souffle, et moi, je recommence à voir rouge. Je me retiens d'y retourner. Je me retiens de tuer cet enfoiré.
- Parce qu'il faut qu'un de nous deux le soit. Andrews a pris cher et on lui en mettra plus si il recommence. Mais la sanction est passée. Tu dois redescendre.
Oui, c'est ce que je dois faire. C'est ce que je voudrais faire.
- J'y arrive pas putain !
- Tu n'as jamais réagis comme ça avec d'autres. Pourquoi c'est différent avec lui ?
C'est aussi une question que je me pose. Je voudrais pouvoir y répondre, mais c'est impossible, alors je préfère nier. Parce que c'est plus simple, c'est toujours plus simple.
- Ce n'est pas différent.
- Me prends pas pour un con, Josh !
Je vois qu'il en a assez. Peut-être aussi qu'il comprend ce dont j'ai besoin. Il faut qu'il me remette en place, pour que je me calme. Il faut qu'il me brusque, et je sais qu'il n'hésitera pas à le faire.
- Tu as défoncé la tête de ce type, tu lui as brisé les doigts un par un ! Il n'y avait aucun contrôle. On était tous en colère ! Mais pourquoi la tienne serait si forte hein ! Vous n'avez jamais été proche, qu'est-ce que...
- Je l'ai embrassé !
Le dire a pour incidence de me calmer un peu, et de scotcher mon meilleur ami. Il me regarde sans rien dire. Il ne s'attendait sûrement pas à une telle révélation. Et moi, je ne m'y attendais pas non plus.
- Tu ne devrais pas bouger, Jérem'.
Le voix de Jack, avec la mention de ce prénom me fait tourner la tête vers le haut des marches. Et je le vois. Je serre les poings, et analysant chacun des pansements qui recouvrent son corps. Le blond à côté de lui l'aide à descendre, alors qu'il ne me quitte pas des yeux.
Quand il arrive en bas, je ne bouge plus. Je me contente de le regarder. Matthews fait passer son regard sur nous avant de se diriger vers l'étage et d'emmener Jack avec lui. Moi je le regarde, en silence, un long moment, avant de laisser ma voix porter.
- Tu as mal ?
- Oui.
- Dis-moi ce qu'ils ont fait.
Je le sais. Mais j'ai besoin de l'entendre. Besoin de pouvoir imaginer tout avec précision, pour éviter d'en imaginer trop. Il hésite un moment. Mais il finit par me raconter. Je m'énerve en entendant les détails, cependant, je reste soulagé qu'ils n'aient rien tenter d'autres que les coups. Je serre les poings et ferment les yeux un instant, pour essayer de garder mon calme.
Quand je les ouvre, je le vois faire un pas vers moi.
- Tu l'as frappé ?
- Oui.
Un nouveau pas.
- Tu lui as vraiment cassé les doigts ?
- Oui.
Encore un. Plus qu'un, et nos corps n'auront plus de distance entre eux. Je me surprends à penser qu'il doit faire ce pas.
- Pourquoi tu es dans cet état ?
- Ils t'ont touché.
- Et alors ?
C'est plus fort que moi. Je n'arrive pas rester en place, et je le fais, ce foutu dernier pas. Je plonge mon regard encore plus profondément dans le sien, et j'y lis sa peur. Il a eu peur. Elle est mélangée avec de la douleur. Ma main se lève et vient caresser sa joue. Ma colère est encore là. Mais elle est éclipsée par un sentiment que je ne comprends pas. Un besoin irrépressible de le rassurer.
- C'est fini.
Ses yeux brillent. Il retient ses larmes. Alors je répète ma phrase. Je veux qu'il comprenne que c'est terminé. Ses connards ne le toucheront plus, parce que je veillerais sur lui. Je tuerais quiconque essaye de lui faire du mal. C'est extrême. Mais c'est ce que je ressens, là, en le regardant.
Je vois ses yeux quitter les miens et se poser sur mes lèvres. Il se mordille les siennes dans un geste que je capte très bien. Et qui me rend fou.
Alors je fond sur sa bouche, en utilisant ma main sur sa joue pour rapprocher son visage du mien. Il me laisse faire. Ses lèvres retrouvent les miennes et elles dansent ensemble. C'est bon. C'est électrique. C'est pleins de sensations que je ne comprends pas. Je voulais les retrouver. Elles m'ont... manqué ?
Nous nous séparons et je pose mon front sur les siens, avant de fermer les yeux un instant. La question s'échappe alors de ma bouche sans que je ne puisse la retenir.
- Qu'est-ce que tu me fais ?
- C'est plutôt à moi de demander.
Sa voix à bout de souffle me rend fou et me donne seulement envie de reposer mes lèvres sur les siennes.
- Ne posons pas de questions, s'il-te-plaît.
C'est con, parce que c'est moi qui aie posé la question. Mais je m'en fous d'être illogique.
Je veux juste me calmer. Et le seul moyen que j'ai trouvé, c'est de l'embrasser.
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Josh est en colère ! Mais pourquoi... Qu'est-ce que ça va donner tout ça ? Andrews va-t-il enfin lui foutre la paix ? La suite mercredi,
Kiss :*
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