Chapitre 23
PDV Jérémy
Je n'ai jamais été aussi paumé de ma vie. Il faut dire que je n'ai jamais eu deux hommes pour me faire tourner la tête en même temps. A part peut-être le moment où j'hésitais entre Damon et Stephan, mais je ne suis pas sûr que cela compte. Là, je me retrouve dans une situation inédite que j'ai du mal à comprendre. Un type rencontré en vacances, qui me ramène de nombreuses emmerdes mais qui reste mon premier vrai coup de cœur de ma vie. Et un bad boy qui me rend fou, affreusement attirant, et auquel je ne peux pas m'empêcher de penser ces derniers temps.
Le soucis principal restant que je ne peux aller ni vers l'un, ni vers l'autre. Je suis coincé dans cet entre-deux où j'ai plus l'impression de subir que de recevoir. Même si l'une d'elles est tout de même bien agréable à subir...
Je secoue la tête pour éviter de me repasser certains moments clés dans mon esprit. Que je commence, je ne parviens plus à me les retirer, ce qui explique que j'ai à peine dormi cette nuit. Je ne pouvais pas m'empêcher de me repasser ce moment, que ses bras ont entourés mon corps pour me faire tirer... Et voilà, j'y repense. C'est malin tient.
Je n'ai même pas envie d'aller en cours, ce matin. Parce qu'il est fort probable que je les croise tous les deux, c'est certain même, et je ne sais pas comment réagir en leur présence. J'ai tendance à être déçu en voyant Aaron et à rougir devant Josh. Aucune de ces deux situations ne me donne envie de la vivre à nouveau.
Et pourtant, je me retrouve bien devant cette grille. Je me suis arrangé pour arriver juste au moment de la sonnerie. Au moins, ainsi, je peux avoir deux heures de libre. De répit.
Pour dire vrai, je peux avoir deux heures à penser, quand Jack s'arrête de parler cinq minutes en tout cas. A penser à quoi ? A eux, évidemment. Je suis dans une de ces merdes ! Pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi tout ça hein ? Pour une fois qu'on avait la chance de passer une année tranquille, et bien non. C'était trop beau pour être vrai.
A la place, il a fallut que je tombe sur Aaron, dans ce camping. Il a fallut que mes yeux se posent sur lui. Il a fallut qu'il m'embrasse. Et qu'il débarque ici. Avec ses amis. Qu'ils me foutent au fond du trou.
Et comme si tout ça ne suffisait pas, un bad boy que je connais depuis plus de deux ans m'embrasse. 2 fois. Et se rapproche de moi. Sans explications logiques. Est-ce qu'il a des explications au moins ? Je ne pense pas. J'ai l'impression qu'il est tout autant paumé que moi. Pourtant, il continu. Et ses lèvres elles...
- Jérem' ça va ?
Je sursaute et tourne ma tête vers Jack, qui me regarde en fronçant les sourcils. Je lui assure que oui, mais il n'en démord pas.
- Tu es tout rouge. Tu as de la fièvre ?
Non, je fantasme sur ton ami. Ce n'est évidemment pas ce que je vais lui répondre, mais pourtant, c'est bien ce que je suis entrain de faire. C'est plus fort que moi. Pourtant, ce n'est pas comme si je ressentais quoi que ce soit pour Josh...
Le reste de la matinée alors que je tente en vain de me concentrer sur les cours. Mais finalement, j'en reviens toujours au même point. Je passe le repas du midi a essayé d'éviter de le regarder, et je dois dire que je m'en sors plutôt bien. Peut-être que je vais réussir à survivre à cette journée, au final !
Enfin, ça, c'est ce que je pensais au départ. J'ai changé d'avis au milieu de l'après-midi, quand je me suis dirigé vers mon casier. J'ai la malchance qu'il se trouve dans un couloir peu emprunté. Avant, j'appréciais vraiment de pouvoir y accéder sans jouer des coudes et écarter un couple qui se galoche contre. Mais maintenant, être isolé n'est pas quelque chose qui me rassure. Surtout quand dans le couloir, je vois débarquer Aaron.
Il m'observe d'abord de loin, avant de s'approcher de moi. Qu'est-ce qu'il veut ? Je pense qu'il m'a déjà tout dit hier. Et si je l'ai laissé poser ses lèvres sur les miennes, cela ne signifie en aucun cas que je l'ai pardonné. Il ne faudrait pas qu'il pense que c'est si facile. Il se poste devant moi et me fait un petit sourire. Bien, au moins, il n'est pas encore sûr de lui face à moi. C'est la moindre des choses je dirais.
- Jérémy...
Je ne lui réponds rien. Je n'ai pas forcément envie de parler avec lui. Je n'ai pas grand-chose à lui dire, en fait. Même si c'est difficile de résister à son regard. Il m'a toujours attiré. Je ne peux pas passer outre ceci.
- On peut discuter un peu ?
Mais de quoi peut-il bien pouvoir parler ? A moins qu'il m'annonce qu'il compte enfin assumer devant ses amis, il n'y a rien que je n'ai envie d'entendre de sa part. Les excuses, les belles paroles, j'y ai déjà eu le droit. J'estime avoir le droit à mieux, maintenant.
- Tient tient, mais qui voilà.
J'entends sa voix et je frissonne avant même de le voir. Je capte le regard désolé d'Aaron, et il me murmure avant qu'Andrews ne soit trop près pour ne l'entendre.
- Je ne savais pas, je te jure.
Pourtant, il aurait dû s'en douter. C'est bien simple de dire qu'il ne savait pas alors que l'un comme l'autre, on sait pertinemment qu'Andrews a toujours un œil sur lui. Et sur moi. Son visage entre dans mon champ de vision alors qu'il passe un bras autour des épaules d'Aaron. Une dizaine d'autres types le suit, et je me retrouve face à une muraille de gros bras.
- Décidément, tu n'es pas du genre à lâcher l'affaire.
Ou peut-être est-ce ton pote, qui refuse de me lâcher. Moi en tout cas, je n'ai pas cherché à me retrouver face à lui, cette fois. Et étant donné que nous sommes devant mon casier et pas celui d'Aaron, il devrait vite voir que quelque chose cloche. Mais je doute qu'Andrews soit capable d'un tel degré de réflexion. Il tourne son visage vers son ami et bizarrement, j'ai la sensation que les chose vont mal tourner, mais pas de la même façon que d'habitude.
- On a pas dû lui faire comprendre de façon claire hein Aaron ?
Ce dernier ne fait rien à part me regarder moi. Je lis dans ses yeux qu'il est désolé. Comme toujours. Si seulement cela était suffisant. Mais c'est loin d'être le cas.
- Peut-être qu'il a besoin que ça vienne de toi.
Cette fois-ci, et pour la première fois, Aaron ouvre la bouche. Cela m'étonnerait presque.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Mon cœur a un loupé quand Andrews lui dit ce à quoi il pense.
- Frappe le.
Il ne va pas faire ça, n'est-ce pas ? Il est capable de les regarder faire mais... pas de me toucher ? Une part de moi doute. Je ne veux pas douter. Pas à ce point.
Il ne fait rien, se contentant de rester figé sur place, et cela me rassure autant que ça m'inquiète. Est-ce qu'il est entrain d'y réfléchir ?
- Tu attends quoi ? Quoi, tu l'aimes bien ce type ?
Aaron tourne violemment la tête vers lui, et le regarde étonné. Il met un moment avant de secouer la tête de gauche à droite. Je ne suis même pas surpris mais pendant un instant, j'ai eu l'espoir qu'il assume. Jusqu'à ce que Andrews prononce la phrase suivante.
- Si ce n'est pas le cas... prouve-le. Frappe le !
Et quand Aaron tourne la tête vers moi à ce moment, son regard confirme tous mes doutes. Le coup part avant même que je n'ai eu le temps de réagir. Une vive douleur naît dans mon arcade sourcilière et je porte rapidement ma main au niveau de la blessure. Je n'ai pas besoin de ça pour savoir que le sang dévale mon visage. Je voudrais regarder le type en face de moi pour lui montrer à quel point je suis déçu de lui, mais je n'y arrive pas.
J'entends à peine les moqueries des autres, je ne vois pas leurs doigts pointés vers moi. J'évite le regard satisfait du leader mais je l'imagine sans mal. C'est toujours le même.
Ils finissent par partir. Lui reste. Il attend qu'il soit suffisamment loin pour se rapprocher de moi. Mais je recule d'un pas.
Je... je ne sais même pas comment réagir. Il vient de me frapper. Il l'a vraiment fait. Pour éviter de révéler à ces types notre lien, il a préféré me blesser. Et plus que le coup, c'est qu'il ait osé le porter qui me blesse. Je n'ose même pas le regarder dans les yeux. Je ne veux pas voir son visage. Je n'ai déjà pas envie d'entendre sa voix me supplier de le pardonner. Comment espère-t-il que je pardonne ?
- Jérémy !
Il me fait sursauter. Pour la première fois, je relève la tête. Mais ce n'est pas sur son visage que mes yeux se posent. C'est sur celui de l'homme qui se tient quelques mètres plus loin. Il m'avise, et je vois ses traits se fermer. Ses yeux passent sur ma blessure. Puis descendent. Je suis le même chemin pour y trouver la main d'Aaron, encore tâchée de mon sens. J'ai à peine le temps de relever le visage pour voir ce qu'il va faire que Josh se rapproche en furie de nous. Sa main vient attraper le derrière de la tête du type en face de moi, et avec une force qui lui est propre, il lui enfonce dans les casiers. Le bruit résonne dans le couloir, tout autant que le craquement sinistre du nez d'Aaron. Josh l'écarte ensuite de la taule bleue, maintenant tâchée du sang qui coule de son nez.
Je vois sa douleur, mais je n'arrive pas à compatir. Une voix au fond de moi me souffle qu'il l'a mérité. Qu'il m'a fait souffrir bien plus qu'un nez cassé. Et si la vengeance n'est pourtant pas une solution... je ne m'en plains pas.
Son corps vole en arrière et atterrit au sol sans plus de cérémonie. Josh s'avance à pas de loup vers lui. J'ai beau ne pas voir son visage et n'avoir accès qu'à son dos... je me rends compte à quel point il a cette aura de danger autour de lui. Celle d'un gangster. Mais le pire dans tout ça, c'est que je n'ai pas peur. Pas le moins du monde.
- Touche le encore et je brise un à un chaque os de ton corps de lâche.
Je frissonne à l'entente de ses mots. Pas à cause de la violence qu'ils contiennent. Mais simplement à cause de sa voix qui me fait vibrer de l'intérieur. Aaron frissonne aussi, mais je parierai qu'il s'agit de peur, dans son cas.
- Renseigne toi sur les Black Roses.
C'est les derniers mots qu'il lui adresse avant de se retourner vers moi et de m'attraper le poignet. Il m'entraîne à sa suite dans un coin plus loin, suffisamment pour que nous ne voyons plus Aaron. Et personne d'autre. Je ne dis rien et le suis, sans savoir comment réagir à tout ce qu'il vient de se produire.
Il se met à faire les cents pas devant moi, et je sens qu'il ne parvient pas à décolérer. Pourquoi se met-il dans cet état pour moi ?
Et pourquoi n'ai-je pas envie de le voir ainsi ?
Timidement, je fais quelques pas vers lui.
- Josh...
Ma voix le fait réagir et il s'arrête de tourner en rond pour venir vers moi. Ses yeux me sondent, et je sais d'instinct ce qu'il cherche.
- Il n'y en a pas d'autres.
Il ne me répond pas, gardant le silence, avant de prendre mon menton entre ses mains. Il me fait tourner la tête pour avoir une meilleure vue sur la blessure. Je la sens me piquer, et le sang sécher contre ma peau. J'imagine l'état dans lequel je dois être.
- Je devrais le tuer.
Enfin, il me parle. Enfin, il se parle plus à lui-même qu'autre chose, mais c'est un début.
J'affiche un petit sourire, tentant de détendre l'atmosphère. Je préfère quand il est calme.
- C'est peut-être un peu extrême.
Mais je ne parviens pas à lui tirer de sourire.
- C'est un connard.
- Je sais.
Ses doigts toujours sur ma peau me déstabilise. Il est trop près. J'ai du mal à rester calme, surtout quand il plonge ses yeux presque noirs dans les miens.
- Ne t'approche plus de lui.
Comme j'aimerais lui répondre oui. Mais au final, j'en suis incapable. Parce que je peux toujours éviter d'aller le voir. Mais pas l'inverse. Comme aujourd'hui.
- Je voudrais.
- Je n'attendais pas d'objection.
Je n'ai le temps de ne rien dire que ses lèvres se retrouvent sur les miennes. Encore. Je me laisse une nouvelle fois emporter dans un tourbillon de sensation. C'est si puissant. Je voulais savoir si ces sensations pourraient revenir de nouveau. La réponse est oui. Elles sont même plus fortes, plus puissante, elles m'emportent avec elles. J'oublie tout, sous l'assaut de ses lèvres. L'autre de ses mains se pose dans le creux de mes reins et me rapproche de lui. Mes mains se posent sur son torse, et je me laisse aller contre lui. Mes jambes sont en coton, et sa force est la seule chose qui me maintient encore debout.
Il finit par retirer sa bouche de la mienne et s'écarte, plongeant à nouveau son regard dans le mien. Le silence revient, tandis que mes joues rougissent.
Il attrape de nouveau mon poignet et m'entraîne vers les couloirs bien plus remplis. Le regard des autres se posent sur moi, et plus particulièrement vers ma blessure.
Il me tire vers l'extérieur, et je me contente de le suivre tel un pantin désarticulé. Nous arrivons bien vite vers nos amis et les regards s'écarquillent en me voyant. Lucy et Zoé quittent les bras de leurs hommes pour venir à toute vitesse sur moi. Avant qu'elles n'aient pu dire quoi que ce soit, Josh se contente d'un vague « problème réglé ».
Et tandis que je le suis des yeux, repensant au nouveau baiser que nous venons d'échanger, il disparaît.
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