Chapitre 22

PDV Jérémy

Est-ce que j'ai envie de le voir ? Pas vraiment. Est-ce que j'ai envie d'écouter ce qu'il a à me dire ? Pas vraiment. Alors pourquoi je suis sorti ? Je n'en sais rien. Peut-être parce que je suis ce genre de personne qui n'arrive pas à dire stop à ceux qui comptent pour elle. Peut-être parce que je me dis que tout le monde devrait avoir le droit de donner sa version des faits. Pourtant les faits sont plutôt clairs, et c'est moi la victime. Je devais refuser d'ouvrir cette porte, de me retrouver à nouveau en face de lui. Il m'a blessé, même si ce n'est pas lui qui a porté le coup. Est-ce qu'il mérite une chance de s'expliquer ? Sûrement pas pour le commun des mortels. Moi en temps normal je ne lui en aurais pas donnée. Mais je le fais, parce que c'est plus fort que moi.

Je ne l'ai jamais vu comme ça, je crois. Il se tient là, sur mon perron, les mains liées, pendant qu'il fait jouer ses doigts entre eux. Son regard est fuyant, son regard est plein de remords. Son regard est... il paraît presque intimidé. Par moi ? C'est stupide, car je suis aussi intimidant qu'un petit chaton. En le voyant comme ça... on a envie de se dire que tout ce qu'il va prononcer est sincère. Mais mon cœur et mon esprit me souffle que j'ai trop cru à ses paroles parce qu'il paraissait sincère. Il me ferait presque de la peine, quand son regard se pose sur moi et qu'il semble soudain habité d'un certain espoir.

- Jérem'...

Le ton est suppliant. Comme si il me demandait de le pardonner sans qu'il n'ait rien dit. Mais ce serait trop facile. Je veux qu'il parle, je veux tenter de comprendre. Mais malgré ça, je ne suis pas sûr d'être capable de pardonner.

- Il faut que tu me crois.

Il fait un pas vers moi mais ma main se lève, comme une vulgaire barrière que je place entre nous. Il est hors de question qu'il me touche. Il ne m'aura pas aussi facilement. Je suis peut-être faible quand il s'agit de lui, mais je me refuse de l'être cette fois-ci.

- Parle à bonne distance.

La remarque et le geste semble le blesser, mais il ne tente pas de s'avancer à nouveau. Et puis ce n'est pas comme si sa douleur était comparable à la mienne. Je suis déjà trop gentil de la remarquer.

- Je suis désolé, vraiment.

- De quoi, de te foutre de ma gueule, d'avoir des connards de potes, ou que l'un d'eux m'ait frappé après que tu m'ais trahis honteusement ?

Je ne me pensais pas capable d'être aussi piquant avec lui. C'est sûrement un trop plein. J'ai besoin d'extérioriser ce que je ressens, et pour le moment, c'est de la colère.

- Je n'ai jamais voulu que ça arrive.

- C'est bien, tu assumes au moins que tu te fous de ma gueule.

- Non.

Je pourrais lui répondre que si, et lui donner de multiples exemples, mais je n'ai pas envie de me fatiguer à ça.

- Andrews n'aurait jamais dû voir ces messages. Je ne voulais pas qu'il les voit.

Bah on peut pas dire que sa volonté soit très grande étant donné qu'il les as vu hein ! Je ne lui répond rien, me contentant de souffler, pour lui montrer ce que je pense.

- Il a fouillé dans mon téléphone. J'aurai dû les supprimer, je sais. Je suis con et je m'excuse.

Je ne vais pas le contredire là-dessus, difficile de penser autre chose.

- Pourquoi tu l'as fais venir ? Tu aurais pu annuler.

- Il a insisté... si j'avais refusé, il se serait douté de quelque chose.

Et on en revient à lui. Encore une fois. Il m'a balancé dans la merde par peur de s'en prendre aussi. Il préfère me mettre au fond du trou tout seul que d'essayer de m'en sortir. Il a peur. Il est lâche.

Et malgré tout il me fait de la peine. Pas parce que je le pardonne, mais parce que je trouve ça pathétique de mettre de côté tous ses principes et ses valeurs pour ne pas perdre de faux proches. Au fond, il a juste peur de ne plus faire partie du groupe d'en haut.

Je le vois du coin de l'œil s'avancer vers moi, alors que je regarde ailleurs.

J'aurai dû me douter de ce qu'il allait faire, pourtant, quand il pose ses lèvres contre les miennes, doucement, je ne le repousse pas. Je ne réponds pas non plus. Il s'écarte sans chercher à avoir plus, et me regarde avec des yeux suppliants.

- Je t'en prie, ne me laisse pas tomber.

Il s'en va sur cette phrase et je reste un moment planté là, devant ma porte. Je ne me demande même pas pourquoi je ne l'ai pas repoussé. Je me demande seulement pourquoi inconsciemment, je compare son baiser à celui de Josh. Pourquoi le goût de ses lèvres me paraît soudainement plus fade qu'avant. Pourquoi quand je repense à ce baiser, ce n'est pas son visage que j'imagine s'approcher de moi.

Je sens mes joues rougir et je rentre presque en courant pour aller m'enfermer dans ma chambre. Je plonge sur mon lit, et heureusement je vise bien le matelas, pour enfouir ma tête dans mes oreillers. Bordel, mais à quoi je pense ?

Je crois que je me suis foutu dans une sacré merde.

Je me sens perdu. Totalement à côté de la planque. Depuis quelques temps, depuis ce premier baiser en fait, je ne fais que penser à lui. A Josh. Si au début, je me disais que je me posais seulement des questions sur son comportement, je ne peux pas me voiler la face indéfiniment. Je pense à lui, je pense à ses lèvres, à ses baisers, et malgré moi, j'ai envie qu'il recommence, rien qu'une fois. Seulement pour voir si tout ce que j'ai ressenti était réel. Si je peux le ressentir encore. C'était tellement... fort. Fort au point qu'en quelques jours, il prenne autant de place dans mon esprit qu'Aaron. Alors que ce dernier baisse petit à petit dans mon estime, le premier gratte des morceaux de ma tête de seconde en seconde. Avec seulement deux baisers.

Pourtant, je sais que ce n'est pas juste à cause de ça. J'aime discuter avec lui. J'aime l'observer. J'aime la personne qu'il est.

Je commence à penser de plus en plus à lui et ça me fait peur.

C'est bien ma veine, tout ça. J'ai deux garçons dans la tête. L'un est entouré de putains d'homophobes et l'autre est un hétéro accompli. Il fallait que ça m'arrive à moi. Je me retiens de hurler après mes coussins et tape des pieds sur le lit, comme si cette action allait m'aider à sortir toutes ces pensées de ma tête.

Je décide de mettre un peu de musique, pour essayer de penser à autre chose, et laisse les notes me bercer, pour m'endormir petit à petit.

Et mon esprit devait être vraiment crevé, car quand j'ouvre les yeux, le dimanche matin a pointé le bout de son nez. Je me redresse et capte mon reflet dans le miroir non loin. La trace de l'oreiller imprégné sur ma joue est absolument glamour. Je me frotte les yeux, et je me sens presque encore fatigué alors que je viens de faire un tour de pendule, voir plus.

Ma main arrive paresseusement sur mon téléphone. La musique ne sort plus de ses enceintes, et je constate qu'il refuse de s'allumer. Bon, plus de batterie. Je m'extirpe du lit au ralenti, me laissant tomber devant mon sac. Sans regarder ce que je fais, je cherche le chargeur qui doit s'y trouver, mais rien qui ne tombe sous mes doigts ne lui correspond. Je penche donc la tête, et me remets à ma recherche avec l'aide de la vue, cette fois-ci. Je finis par froncer les sourcils. Mais où est ce putain de câble ?

Il me faudra de longues minutes pour accepter l'évidence, je l'ai oublié à la villa. Évidemment, je n'en ai qu'un, et il va me falloir un chargeur d'ici demain, donc la seule solution qui s'offre à moi est d'aller le récupérer. Sauf que je n'ai pas forcément envie d'y aller, parce que je redoute de le croiser. Ce n'est pas de la peur. C'est plutôt... de la gêne. Je me demande comment me comporter après ce qu'il s'est passé. Comment me comporter alors que tant de pensées sur lui me traversent l'esprit. Je n'ai pas envie de rougir devant lui, pas envie qu'il comprenne que j'ai encore en tête ce qui a pu arriver. C'est stupide, parce que c'est arrivé, et prétendre le contraire n'a aucun intérêt.

Malgré mon envie de récupérer l'objet, je me prépare au ralenti, repoussant un maximum le moment où je vais devoir y aller. Et puis j'attends aussi que la marque de l'oreiller sur ma joue disparaisse.

Ma mère n'est pas là, toujours occupée avec ses horaires atypiques, mais heureusement, le chauffeur de bus travaille aussi le dimanche ! J'arrive en moins de temps qu'il ne fait pour le dire. Enfin si, il faut plus de temps pour arriver que pour le dire, mais... voilà quoi.

Planté devant la porte, je n'ose pas frapper. Allez, si ça se trouve il n'est pas là. Je ne le croiserais peut-être même pas. Ou peut-être que si. J'aurai dû envoyer un message aux filles, pour qu'elles m'ouvrent et me le donnent vite, histoire que je reparte rapidement. Est-il trop tard pour le faire ?

Visiblement oui, car la porte s'ouvre, me faisant sursauter. Bien sûr, c'est lui qui l'ouvre. Bordel, ce fichu système de surveillance, j'avais oublié !

Il m'observe un moment sans rien dire, avant de s'écarter suffisamment pour me laisser rentrer. Pas suffisamment pour que je ne le frôle pas, en tout cas. La peau de mon bras rentre en contact avec la sienne, et je retiens difficilement des frissons. Par contre, je ne retiens pas mes joues qui rougissent alors que je sens son regard dans mon dos.

Je ne veux pas me retourner pour le regarder. J'ai déjà eu bien assez de temps pour remarquer son débardeur trop grand, duquel dépasse ses pectoraux, recouverts par une fine pellicule de sueur. Faisait-il du sport ? Je secoue la tête. J'ai vraiment remarqué trop de choses.

La maison est étrangement silencieuse. Ils ne peuvent pas tous être entrain de faire une sieste si ? Je penche la tête pour observer le salon, vide. Une voix grave qui me fait vibrer, alors qu'elle ne dit pas grand-chose de fou, me répond.

- Il n'y a personne. Rendez-vous amoureux.

Je me retourne, et mets de côté ma gêne en haussant un sourcil.

- Marie et Jack aussi ?

- Shopping.

J'imagine leur shopping. Des armes ? Je retiens un rire, et détourne le regard de Josh quand je vois qu'il m'observe. Et je me rends compte que je suis seul, dans cette énorme maison, avec lui. Pourquoi fallait-il qu'il soit le seul encore là ?

- Tu ne fais pas de shopping ?

Je le vois lever les yeux au ciel et sourire en coin. Bien bien, il est affreusement canon, tuez-moi je vous prie avant que je saigne du nez comme dans un manga.

Il ne me répond pas, ses mimiques parlent pour lui. Il se dirige vers la salle en bas, avant de s'arrêter vers la porte.

- Tu viens pour... ?

- Euh... mon chargeur, je l'ai oublié.

C'est sûrement ce que j'aurai dû lui dire dès l'instant où j'ai passé la porte d'ailleurs.

- Okay, tu connais le chemin.

Il disparaît alors dans la salle d'entraînement, dans laquelle je n'ai jamais mis les pieds. Je reste un moment sur place, avant de me dire que je ne vais pas avoir l'air d'un con, si il remonte et me trouve encore là. Alors je me presse d'aller récupérer ce que je suis venu chercher, et redescend rapidement. Je me retrouve à nouveau face à la porte ouverte de la salle d'entraînement. Devrais-je partir ou descendre lui dire que j'y vais ? Il ne doit rien en avoir à faire, que je partes sans lui dire au revoir.

Pourtant c'est plus fort que moi, je me retrouve à descendre timidement les marches. Je découvre alors ce sous-sol qui m'était inconnu. Je ne pensais pas qu'il était si grand. Je m'avance un peu plus, cherchant du regard le bad boy qui doit se trouver là. Je finis par le voir, un peu plus loin. Une arme à la main. Je m'avance sans faire de bruit et le regarde se concentrer sur la cible en face de lui. Il tire. Je sursaute, m'attendant à un bruit des plus assourdissant, mais rien.

C'est le moment qu'il choisit pour se retourner vers moi. Il voit sûrement mes yeux qui passent de lui, à l'arme, et à la cible, car il affiche un petit sourire moqueur, mais pas méchant.

- Tu veux essayer ?

- Euh.. je ... enfin...

En suis-je capable ? Est-ce qu'il se fout de moi ? Je ne sais pas trop, mais quand d'un signe de tête, il me demande d'avancer, je le fais. Il effectue une manœuvre avec son arme avant de me la tendre.

Je n'ose pas la prendre. J'ai peur de faire une bêtise.

- J'ai mis le cran de sécurité. Tu ne risques rien.

Oh, j'avais plus peur de lui tirer dessus mais je suis touché qu'il se soucie de moi.

J'approche ma main doucement, et je me retiens de rougir alors qu'il me scrute. Il la lâche une fois que je la tiens, et je sens mon bras partir vers le bas, ce qui le fait rire.

C'est plus lourd que ce que je pensais.

- Pointe le vers la cible.

Je m'exécute, alors qu'il s'écarte un peu pour me laisser de la place.

Sa main vient attraper mon poignet de libre et le ramener vers l'arme. J'essaye de ne rien laisser paraître, mais je suis une nouvelle fois déstabilisé par sa peau sur la mienne.

- Avec les deux mains, sinon tu dis adieu à ton épaule.

Je tourne le regard vers lui.

- Tu viens de le faire avec une.

- Moi je tiens une arme depuis mes 11 ans. Je sais appréhender le retour de force.

C'est ce que j'appelle un très bon argument.

- Concentre toi sur la cible et l'endroit où tu veux viser.

Mais je dois bien dire qu'il est dur de se concentrer quand il est à côté de moi. Son aura est déstabilisante. Son doigt vient se poser sur l'arme et un petit cliquetis retentit. Je suppose qu'il a retiré le cran de sûreté et ça ne me rassure pas plus que ça.

- Quand tu te sens prêt, tire. N'oublie pas de rester stable sous l'impact.

Je hoche la tête, et essaye de me concentrer sur la cible. D'ici, il n'a pas l'air difficile de viser. Pourtant, je me doute que cela doit être moins facile que ça en a l'air.

Je souffle un bon coup, tentant de faire fis de sa présence à côté de moi, et doucement, j'appuie sur la détente. Je sens l'arme forcer contre mes mains, mais je bande mes muscles afin de la maintenir en place. C'est effectivement plus puissant que ce à quoi je m'attendais. Je regarde la cible, avant de tourner la tête vers Josh.

- Elle est où ?

- En dehors du cadre.

Il affiche un petit sourire malicieux, et je me retiens de rougir. Je me disais bien que ce n'était pas si facile.

- Pourquoi il ne fait pas de bruit ?

- C'est un silencieux. Tu veux réessayer ?

Il n'attend pas que je lui réponde pour se placer derrière moi. Ses bras m'entourent alors que ses mains se posent sur les miennes, et sa joue vient se mettre contre mon visage. Je crois que mon cœur essaye littéralement de sortir de ma poitrine.

- Tu dois fixer l'endroit où tu veux que la balle se loge. Imagine la trajectoire de la balle. Il bouge un peu mes mains. Quand les deux coïncident. Il presse mon doigt. Tu tires.

Il me fait -nous fait- presser la détente, et je frissonne quand sa voix me parvient une nouvelle fois, grave et foutrement séduisante.

- Dans le mille.

Il me relâche, et comme si de rien n'était, attrape l'arme dans mes mains.

- Allez, fini de jouer.

Je le regarde vider le chargeur et la ranger, sans rien dire. Je n'ai pas forcément envie de rentrer maintenant, même si c'est ce que je devrais faire.

- Tu aimes tirer ?

Il ne se retourne pas pour me répondre, et je ne sais pas si je suis soulagé ou bien déçu.

- Je préfère le corps à corps.

- Pourquoi ?

- Car l'issue dépend de tes capacités, pas de la qualité de l'arme que tu tiens.

Je ne dis rien même si je comprends ce qu'il veut dire. Il finit par se retourner vers moi. Nous nous regardons un moment, mais heureusement, il coupe le silence avant que je ne rougisse de ce regard prolongé.

- Tu veux que je te ramène ?

J'ai envie de lui dire oui. Mais réussirais-je à rester dans une voiture seul avec lui ? Pas sûr.

- Je vais prendre le bus.

Il hoche la tête et se dirige vers l'étage, où je le suis. Arrivé devant la porte d'entrée, et alors qu'il me regarde partir, je m'arrête en l'ouvrant. Évidemment, il fallait qu'il y ait une putain d'averse juste maintenant. J'entends ses pas se rapprocher de moi et sa main passe au dessus de ma tête pour refermer la porte. Son corps me frôle et j'arrête de respirer un instant.

- Je te ramène.

Et cette fois-ci, ce n'est pas une question, puisqu'il se dirige directement vers la porte qui mène au garage. Je ne dis rien et me contente de le suivre.

Le trajet se fait en silence et quand il se gare devant chez moi, nous nous mettons une nouvelle fois à nous fixer sans rien dire. C'est gênant, mais en même temps, je n'ai pas envie de détourner les yeux. Son regard est si puissant... J'ai l'impression que nos visages se rapprochent petit à petit, mais de façon très lente. Est-ce qu'on va ... ?

Mais rien de plus ne se passe car c'est le moment que choisit ma mère pour rentrer. Sa voiture passe devant nous et rentre dans l'allée. Je me mets à rougir en me reculant, et lui marmonne un espèce de « merci, à plus » à peine compréhensible avant de me diriger vers la maison le plus vite possible. Je parviens à rentrer sans trop être mouillé, et ma mère débarque dans l'entrée.

- Un ami t'a raccompagné, c'est gentil à lui. Qui est-ce ?

- Personne.

Je ne dis rien de plus et esquive ses interrogations. Hors de question que je parle de Josh avec ma mère. Elle me connaît, elle finirait par voir qu'il se passe un truc, un truc que je ne comprends pas moi-même d'ailleurs.

Je ferme la porte de ma chambre et m'appuie contre celle-ci en repensant à cette après-midi que j'ai passé à ces côtés.

Et je n'ai qu'une question à l'esprit : Pourquoi faut-il que ce bad boy soit aussi attirant ?  

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Décidément, Aaron est coriace. Est-il sincère mais lâche ou bien connard et bon menteur à votre avis ? Jérémy devient perdu en si peu de temps près de Josh...

Et croyez moi il va continuer à perdre la tête. 

La suite mercredi, 

Kiss :*

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