Chapitre 21

PDV Jérémy

Le sommeil ne vient pas. Depuis des heures, je tourne et me retourne sur le matelas gonflable qui m'accueille. Ça n'a pas l'air de déranger Zoé, à côté de moi, qui elle est plongée dans un profond sommeil depuis qu'elle s'est posée sur l'objet. Marie et Lucy, dans le lit, ne font pas de cas de moi non plus.

Les mecs ont un peu râlé, pas contents de ne pas avoir leurs copines dans leurs lits, mais elles ne leurs ont pas laissé le choix, ce soir, on devait dormir ensemble. Sauf que je dors pas, et c'est bien le problème. Comment pourrais-je réussir à fermer l'œil ? Je ne vois pas trop. Je ne pense qu'à une chose, ce moment près de la piscine. Non, je dois reformuler. Je ne pense qu'à Josh. A lui et son baiser d'Halloween, à lui qui me regarde danser, à lui qui s'approche dangereusement de mes lèvres.

A lui et à ses mains abîmées qui m'ont révélées tant de choses. 

C'est lui. Il n'a pas besoin de le dire pour que j'en sois persuadé. Il a tabassé ce type, bien comme il faut. Et je voudrais savoir, je voudrais comprendre pourquoi. Mes meilleures amies n'ont pas agi, parce que Scott s'en était chargé. Il n'avait pas besoin de plus, ce n'est pas comme si il m'avait fait grand mal. Il n'aurait pas recommencé, vu la trouille qu'il a eu. Mais il l'a fait quand même. Trouvait-il qu'il en méritait plus ? Je ne sais pas. Mais je voudrais savoir pourquoi il a réagit de cette façon. Comme si mon sort lui importait vraiment. Je veux dire, je sais que je compte un minimum, car je fais partie du groupe, maintenant. Mais sa réaction, ce n'est pas celle qu'on a pour quelqu'un qu'on connaît à peine. Pourtant, il me connaît à peine. Ça paraît excessif, même pour un membre de gang.

J'aimerais que son comportement ai une explication logique, mais forcé de constater que ce n'est pas le cas. C'est incompréhensible. Il n'a jamais eu d'intérêt pour moi, et je ne comprends pas ce qui le pousse à agir ainsi. Je voudrais des réponses, mais j'ai bien trop peur de poser les questions.

Ce soir, il m'a avoué sans le dire qu'il se souvenait de tout. Il a délibérément passé son baiser sous silence, et ça aussi, je ne trouve pas ça logique. Où est l'intérêt ? Me dire simplement qu'il était bourré aurait été bien suffisant... Peut-être même que je me serais moins torturé l'esprit, si il m'avait simplement dit ça.

Alors il n'y a rien de logique dans sa façon d'agir. Et le pire ? C'est que j'apprécie, dans un sens. J'apprécie de savoir qu'il a déglingué ce type, pour moi. J'apprécie qu'il l'ait fait aussi, la dernière fois avec Jack. J'apprécie les conversations que nous nous mettons à avoir. J'apprécie ses regards sur moi, j'apprécie de penser à lui aussi régulièrement.

Les yeux grands ouverts, fixés sur le plafond, je me dis qu'il faut que j'arrête. Penser à lui de cette façon est presque malsain. Je n'ai pas le droit de me mettre à ne penser qu'à lui. C'est trop... dangereux. Pas parce qu'il est un gangster. Mais parce que mon cœur est déjà mis à mal par un homme. Je ne devrais pas laisser un second détruite ma tête en même temps.

Je souffle et décide de sortir de la pièce, pour prendre l'air. Après une soirée endiablée, la pièce dans laquelle nous sommes quatre, malgré sa grandeur, ressemble à une fournaise. Je descends à petits pas, pour ne réveiller personne, et me poste dans la cuisine. Je bois quatre ou cinq verres d'eau à la suite, avant de poser mes mains sur le plan de travail, et d'observer l'extérieur à travers la fenêtre.

La lune est pleine, ce soir, et belle surtout. J'ai toujours aimé les astres. Je trouve ça incroyablement beau. Et puis j'aime les légendes qui vont avec.

Ma préférée est celle de la Lune et du Soleil. Le Soleil, puissant et brillant, tomba profondément amoureux de la Lune, discrète et charmante. Mais la Lune ne pouvait exister trop près du Soleil, sous peine d'être brûlée. Alors le Soleil se résigna à se cacher chaque nuit, pour laisser briller sa dulcinée. Il ne pouvait l'apercevoir que lorsqu'il se couchait, pour la laisser se réveiller. Leur amour si fort et si pur fît alors plier l'Univers, qui décida de leur offrir un moment d'amour, où il pourrait se retrouver. Et c'est ainsi que naquit l'Eclipse, et que de leur union, découlèrent les étoiles.

J'aime cette histoire, je la trouve merveilleuse car la plus terrible des épreuves n'est pas venue à bout de l'amour. Ce n'est peut-être qu'une légende, mais j'aime y penser comme si elle était réelle.

Sans le vouloir, je me mets alors à sourire en regardant par la fenêtre.

Au bout de longues minutes, je me retourne, prêt à retourner me coucher, quand une silhouette me fait avoir la peur de ma vie. Je sursaute, avant de reconnaître la personne, et de reprendre mon souffle. Bordel, je ne l'ai absolument pas entendu arriver. J'ai cru mourir de peur. Et puis je finis par me calmer et le regarder. Encore une fois, une faible lumière vient épouser les traits de son visage, pour le rendre si attirant. Je me mors la lèvre, quand si cela allait m'aider à retenir mes pensées. Pourtant, c'est bien trop tard.

J'ai envie de crier « Comme par hasard ! ». Pourquoi de toutes les personnes dans cette maison, c'est lui qui se lève la nuit en même temps que moi pour venir dans la cuisine ? Surtout en ce moment, je veux dire. Vraiment, ça ne pouvait pas être Jack ? La situation serait bien moins embarrassante. Il ne bouge pas, se contentant de me regarder depuis l'entrée de la cuisine, et moi, je n'en peux plus de ce silence, alors presque timidement, je le brise.

- Tu ne dors pas ?

La question est stupide, puisqu'il est devant moi. Évidemment qu'il ne dort pas, bordel. Je m'exaspère, et il semble le comprendre, car cela lui décroche un petit sourire, sans qu'il ne réponde à la question idiote. Il se dirige vers le placard et prend un verre, avant de venir vers l'évier. Je fais deux pas en arrière, me retrouvant contre le mur. Je ne dois pas avoir l'air con, tiens... Pourtant il ne dit rien, buvant simplement son verre. Moi, il faut évidemment que je me concentre sur sa pomme d'adam à ce moment là. Je ne savais pas que ça pouvait être si sexy, une gorge... Mais à quoi je pense !?

- Pourquoi tu as fais ça ?

Il tourne la tête vers moi, et je me demande lequel de nous deux est le plus surpris de la question que je viens de poser. Je dirais que c'est moi. Je n'avais absolument pas prévu de lui demander, maintenant en tout cas. Et puis la question est large. Le baiser, les regards, la bagarre, le moment à la piscine... Elle englobe tout ça.

Je pensais qu'il n'y répondrait pas, qu'il ne comprendrait pas, et pourtant, il déglutit avant de m'offrir sa réponse.

- Je ne sais pas.

Et je suis persuadé qu'il est sincère, à cet instant là. Il est tout aussi perdu par son comportement que moi. Sauf que moi, je suis aussi perdu à cause du mien de comportement. Double dose d'incompréhension dans mon cas. Comme si j'en avais besoin en ce moment tiens !

- C'est un jeu ?

De toutes, c'est sûrement la seule réponse qui m'importe vraiment. Parce que je crois qu'un oui, me ferait lâcher l'équilibre précaire dans lequel je suis depuis plusieurs semaines. Mais il ne me dit pas oui. Et au final, c'est peut-être le non qu'il prononce, qui va me faire tomber.

D'un côté, je suis rassuré. D'un autre, cela laisse toujours en suspens toutes mes pensées. C'est fatiguant, d'être dans cet état d'esprit.

Troublé, je finis par me mordre à nouveau les lèvres, et je vois qu'il se met à serrer plus fort son verre en me regardant faire. Ses yeux se plongent dans les miens et je retrouve l'intensité que j'ai pu voir, près de la piscine. Il est à seulement 2 petits pas. Il suffit qu'il avance...

Perdu dans son regard, je m'entends à peine prononcer les mots qui je suppose font basculer la situation.

- Tu vas recommencer ?

- Peut-être.

Si je n'avais pas dis cela, aurait-il fait les deux pas ? Je ne sais pas, et je n'ai pas envie de savoir. Car je suis trop concentré sur son corps qui avance rapidement, et sur sa bouche qui vient se plaquer sur la mienne. Je suis trop concentré sur mes lèvres qui y répondent.

Mes yeux se ferment, et je ne pense à rien d'autre qu'à ce feu qui me dévore de l'intérieur. Sa bouche possède la mienne, fort, les mouvements sont rapides et je peine presque à les suivre. Mais je n'ai pas envie d'arrêter pour autant. Ma main droite bouge pour venir agripper son t-shirt, tandis que l'autre s'appuie sur le plan de travail à côté de moi. Sans cela et le mur derrière, je crois que j'aurais chuté, tant mes jambes deviennent du coton sous l'assaut de passion qui monte en moi.

Je sens sa main se poser à côté de ma tête alors qu'il s'appuie un peu plus sur moi, et je gémis presque quand je sens sa langue forcer mes lèvres pour venir chatouiller le mienne. Bordel, je crois que je n'ai jamais ressenti autant d'émotion en même temps.

L'un comme l'autre à bout de souffle, nous séparons nos lèvres et tentons de reprendre notre respiration. Josh plante ses yeux dans les miens avant de se reculer. Sans un mot, avec un visage plus que troublé, Josh quitte la pièce, me laissant haletant contre le mur. Je regarde l'ouverture de la cuisine par laquelle il vient de disparaître, en portant ma main à mes lèvres. Elles paraissent gonflées sous mes doigts, et je sens encore les siennes les dévorer.

Et à ce moment là, je ne sais pas ce que ça veut dire, ce baiser, mais j'aime ça.

Finalement, après ça, je parviens à trouver le sommeil. Et quand je me lève le matin, et qu'il est temps de rentrer à la maison, j'ai les joues rouges rien qu'en descendant les escaliers, à l'idée de le revoir après cette nuit. Mais il n'est pas là. Je ne demande pas où il se trouve, pour éviter de faire naître des questions chez les autres, mais je ne peux m'empêcher d'être un peu déçu. Je ne devrais pas, mais c'est plus fort que moi. J'essaye de ne rien laisser paraître, et je dois m'en sortir, puisque je n'ai le droit à aucun regard curieux de la part de mes meilleures amies. Peut-être aussi que les cernes sous leurs yeux et le peu de sommeil de la nuit expliquent qu'elles passent à côté. D'habitude, je ne peux rien leur cacher.

Quand j'arrive chez moi, je dois dire que je rêve de mon lit. J'ai dormi peu, et j'aurai bien besoin de rattraper ce temps perdu. Même si je ne regrette pas d'avoir veillé tard. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai passé une bonne soirée. Je ne sais pas encore définir la nuit, en revanche. Bonne ? Peut-être, dans le sens où je ne ressens aucun regret. De toutes façons, je ne vois pas comment en avoir, puisque que ce n'est pas moi, qui l'est embrassé. Même si il est fort possible que ce soit mon attitude et mes mots qui l'ait déclenché. Je n'ai pas envie de me poser dix milles questions maintenant, seulement de profiter de l'absence de ma mère pour faire une bonne sieste. L'avantage de son travail atypique, c'est que ses week-ends sont décalés. Donc je peux dormir à n'importe quelle heure sans qu'elle ne vienne me réveiller.

Mais je n'ai pas le temps d'atteindre mon lit que mon téléphone affiche un message, et en voyant le destinataire, je n'ai pas envie de répondre, ni même de l'ouvrir. Pourtant je le fais.

« Je suis devant chez toi. Je veux te parler. »

C'est une blague ? Ne me dîtes pas qu'Aaron crois vraiment que je vais sortir pour le voir ? La dernière fois que je l'ai fait, ça s'est plutôt mal terminé pour moi.

« Repars ».

« Non. Je suis seul, tu peux vérifier ».

Je jette un coup d'œil par la fenêtre de ma chambre. Effectivement, à part lui, personne n'est là. Mais est-ce que j'ai envie de le voir ? De lui laisser une chance de s'expliquer ? Je ne sais pas vraiment. Je ne devrais pas y aller. Pas lui laisser l'occasion d'avoir encore une fois mon pardon.

« S'il-te-plaît ».

Malgré le fait que je n'ai pas envie d'y aller, je finis par craquer et descendre les escaliers. La main sur la porte, avant de l'ouvrir, je ne pense qu'à une chose. J'espère que je ne vais pas le regretter.


--------------------------------------

Un nouveau baiser ! Et une situation qu'aucun d'eux ne comprend... et croyez-moi c'est pas près de s'arranger x)

Aaron veut discuter... de quoi ? Jérémy va-t-il se faire avoir encore une fois ? 

La suite mercredi, 

Kiss :*

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top