Chapitre 18
PDV Jérémy
Je souffle en regardant l'établissement qui s'élève sous mes yeux. Avant de le quitter, au début de ces vacances, je me disais qu'y revenir serait moins difficile puisque mes bourreaux étaient passé à autre chose. Finalement, j'avais tort, et j'ai profondément envie de faire demi-tour. Pourtant je n'ai pas d'autre choix que de m'enfoncer dans les couloirs déjà rempli d'étudiants. Heureusement pour moi, ils ne sont pas déserts, comme à leur habitude. L'avantage de commencer les cours à 10 heures, c'est que tous les élèves sont arrivés, et en pause. Je dois dire que cela me rassure un peu, car je sais que la présence des autres me protègent au moins un minimum.
Andrews est un connard, mais qui veut préserver les apparences. Pour l'instant en tout cas. J'espère qu'il ne va pas changer de mentalité d'ici quelques temps, il serait bien dommage que cela arrive. Pour mon intégrité physique, je veux dire.
C'est souvent le cas, des bourreaux qui n'agissent pas devant les autres. Parce qu'ils sont bien conscients qu'il suffirait d'une seule réaction pour engendrer les autres. Et devant autant de personnes qui se soulèvent, ils ne sont plus capable de rien. Ils veulent faire des autres des agneaux tandis qu'ils se placent dans le rôle des loups. Mais dès que la possibilité d'échanger ces positions se présentent, les loups en carton préfèrent ranger les crocs.
Les imbéciles qui s'en prennent aux autres n'ont jamais été des personnes courageuses, bien au contraire. Ce sont peut-être même les plus peureuses, qui pensent que ce genre d'action les rend fortes. Ils n'en paraissent au contraire que plus faibles pour tous ceux qui ont un minimum d'esprit.
Au détour d'une cage d'escalier, je suis bloqué par un torse plutôt musclé, et mon cœur commence à battre fortement. Pas d'excitation, mais bien de peur, et surtout de rancœur. Aaron se tient devant moi, et j'ose à peine le regarder. Je ne veux pas le voir, pour ne pas risquer de lui pardonner. Il ne le mérite pas.
Je vais pour l'éviter mais sa main sur mon bras m'arrête. Je ne lui lance pas un regard quand il le fait, mais je ne peux m'empêcher de le regarder méchamment quand il ose me parler.
- Lâche-moi.
- Jérem', laisse moi t'expliquer.
Son ton est faible, et je me demande si c'est par peur d'être entendu ou par honte de ce qu'il a fait. Il aurait raison d'avoir honte.
- M'expliquer quoi ? Que t'es un connard ? J'ai compris tout seul merci.
Je dégage mon bras mais il me bloque le passage. Il m'énerve, même si sa tête pleine de tristesse me fait un peu d'effet. Pourtant, il ne faut pas que je craque face à ses mots, ça serait trop facile.
- S'il-te-plaît. Je te promets que je n'avais pas le choix.
Mon regard se fait électrique, et si il pouvait le clouer sur place ce serait fait. Il se fout de moi ? Pas le choix ? Bien sûr qu'il l'avait. Il avait le choix de ne pas leur montrer les messages, de ne pas les laisser venir chez moi, de les empêcher de me frapper. Le choix il l'a eu plusieurs fois, il a juste été trop lâche pour faire le bon. Cette lâcheté, je commence à en avoir l'habitude. Et je commence à m'en lasser de plus en plus. Il y a un moment où je ne peux plus le supporter, car c'est moi qui doit endurer, pas lui. Alors je détourne de le regard, parce que je ne veux pas qu'il voit la rancœur. Pas celle contre lui, ça il mériterait de se la prendre en pleine gueule. Celle contre moi-même, de le laisser dans ma vie alors qu'il n'en ai pas digne.
- On a toujours le choix.
- Jérem'...
Il va pour se rapprocher de moi mais s'arrête quand deux silhouettes arrivent dans la cage d'escalier. Lucy lance un regard mauvais au garçon en face de moi, lui laissant facilement savoir qu'elle est au courant de tout, et qu'elle se retient fortement de lui en foutre une. Ou pire d'ailleurs. La voix grave et teintée de dangerosité de Matthews fait tressaillir Aaron, et je ne peux que me dire qu'il le mérite bien.
- Il y a un problème ?
C'est Aaron qui lui répond à ma place même si je me doute que la question était pour moi. Il paraît tout apeuré, je ne l'ai jamais vu comme ça, mais cela ne parvient pas à me faire quelconque effet.
- Je demandais juste mon chemin.
Il disparaît vite, comprenant que les regards amères qu'ils lui lancent ne sont pas juste de la décoration. Avec l'aura de Matt, difficile de ne pas comprendre qu'il ne faut pas se frotter à lui. Ils descendent les dernières marches pour venir à ma hauteur et Lucy m'examine.
- Il ne t'a rien fait ?
Je me contente de secouer la tête dans sa direction. Je ne pense pas qu'un jour Aaron me fera quoi que ce soit. Il est juste un spectateur, et c'est peut-être encore pire.
- Qu'est-ce qu'il voulait ?
J'aimerais ne pas leur dire, mais le temps des secrets est révolu, et la voix de Matt n'en est qu'un rappel. Ils ne veulent plus de mensonges, et ils n'en auront plus.
- Parler de la soirée d'Halloween. S'expliquer.
Ma meilleure amie émet un bruit de sidération.
- Il est gonflé celui-là !
Elle parvient à me tirer un sourire, avec ses joues gonflées et ses mains sur les hanches. Matt la regarde aussi en souriant, les yeux qui brillent. Je ne cesserais jamais de me dire que ces deux-là sont fait pour être ensemble.
J'attrape le bras de Lucy et l'entraîne avec moi.
- N'en parlons plus et allons-y.
Nous avançons dans les couloirs jusqu'au point de rassemblement de la bande. Tous sont déjà arrivés et doivent se demander pourquoi nous avons mis tant de temps. Encore plus lorsqu'ils voient la bouille de Lucy. En arrivant, je sens un regard sur moi, et je ne peux m'empêcher de détourner les yeux de ceux de Josh. Il me regarde intensément, comme si il allait comprendre ce qu'il venait de se passer juste en le faisant. C'est déstabilisant, surtout quand ça vient de lui.
- Petit Jérémy !
Jack vient poser son bras sur mes épaules ce qui me donne une raison supplémentaire d'arrêter de regarder Josh. Même si je sens que celui-ci me garde à l'œil tout en discutant avec Matt.
- Prêt pour le sport ?
Je souffle, oubliant momentanément tous mes soucis.
- Oh non...
J'aime le sport, en général. Je me débrouille plutôt bien, même si il est impossible de comparer ma masse musculaire avec n'importe laquelle des hommes qui m'entourent. Mais aujourd'hui, nous changeons de cycle, et passons à l'endurance. C'est bien le seul sport que je déteste, la course. Je ne comprends pas l'intérêt de simplement courir. Derrière un ballon, au foot, basket, handball, oui. Mais sans objectif autre que de courir ? Une tannée pour moi.
La sonnerie retentit mettant fin à tous mes espoirs d'esquiver cette séance.
- Et bien va falloir ! Allez go !
Il me tire sans me lâcher et nous avançons vers le gymnase et les vestiaires sans cesser de parler et rire. Je sens l'énergie de Scott dans notre dos, même si il reste silencieux. La bonne humeur de Jack étant communicative, je ne fais pas attention au regard d'Andrews et de ses amis en arrivant. Ni pendant que nous nous changeons, car je sais que le blond à côté de moi les empêche de faire quoi que ce soit. Sans parler du regard de Scott de l'autre côté.
Nous discutons tellement que les vestiaires se vident progressivement, ne laissant que les deux gangsters et moi. Ils finissent tous les deux par sortir en avance, me laissant seul, alors que je finis de mettre mes chaussures.
Une main sur mon épaule me fait sursauter et je relève la tête. Je fronce les sourcils un instant, ayant du mal à reconnaître la personne, avant de le resituer. Un larbin de mon agresseur principal, peu actif par rapport aux autres. Je ne comprends pas bien ce qu'il fait là, mais ne m'attends pas à des excuses ou autre vu l'expression de son visage.
- Bah alors, tes copains t'ont laissé seul la pédale ?
- Et les tiens ?
Son visage devient vite rouge. Et bien, il supporte encore moins la contrariété qu'Andrews, qui a déjà une patiente limité sur ce niveau là. Sa main agrippe mon t-shirt et me force à me lever du banc où j'étais précédemment assis. Il sert les dents, et je me retiens de lui dire qu'il va finir pas les briser.
Je sens son genou se relever et venir frapper mon abdomen. Il me coupe le souffle un instant, faisant plier mon corps.
Il se rapproche à nouveau de moi et lève son poing, s'apprêtant à m'en mettre un bon dans la mâchoire.
- T'as dis quoi là ?
Mais je n'ai pas le temps de lui répondre ou d'encaisser le coup, que déjà, son corps disparaît de ma vue.
PDV Scott
Sur le terrain, j'écoute d'une oreille les pitreries de Jack pendant qu'il s'étire. Je me contente de regarder autour de moi, ayant comme l'impression que quelque chose va se produire.
Je surveille particulièrement le connard de joueur de hockey, mais celui-ci ne bouge pas du terrain, et ne fait rien de suspect.
Pourtant, je suis certain qu'il ne va pas laisser Jérémy tranquille, et j'ai le pressentiment qu'il ne va pas tarder à agir. Alors je guette.
Je ne fais pas ça seulement parce que Zoé me tuerait si il lui arrivait quelque chose alors que je suis à côté. Certes, il est important pour elle, et j'agis en partie pour la préserver. Mais au-delà de cela, au-delà du fait que ses amies soient maintenant en couple avec deux personnes des BlackRoses, Jérémy, comme elles, s'est fait une place dans notre vie et notre quotidien. Alors que je sois proche de lui ou pas n'a aucune importance dans cette situation, car on ne touche pas à quelqu'un qui fait partie de notre groupe.
Et je comprends que Andrews a décidé d'agir sans se mouiller les mains quand je vois du coin de l'œil un de ses larbins rentrer dans les vestiaires alors que Jérémy s'y trouve encore, seul. Je souffle, décroisant les bras et avançant vers les lieux en laissant Jack parler tout seul.
- Hé, qu'est-ce que tu fais ?
Je ne lui réponds pas et m'avance vers les vestiaires, où je trouve Jérémy sur le point de recevoir un coup.
Rapidement, mon pied part, balayant son assaillant qui vient s'étaler au sol comme une merde. C'est ce qu'il est, de toute façon.
Je vois Jérémy les yeux grands ouverts, sûrement étonné que j'arrive. Mais il ne dit rien et me laisse faire quand je relève le type en lui enserrant le cou, avant de le plaquer contre un mur. Je ne serre pas suffisamment pour qu'il crève, mais assez pour lui faire peur. De toute façon, il paraît que mon visage seul fait peur. En voyant la tête du moucheron, en train de paniquer, je me dis que l'effet marche bien.
Ma voix tonne, résonnant dans les lieux vides, pleine de promesses et de dangerosité.
- Touche-le encore et je te bute.
C'est le moment que choisit Jack pour débouler. Il ne met pas longtemps à comprendre ce qui vient de se produire, et ses poings se serrent. Ne pas le sous-estimer. Il est aussi dangereux que moi, même si cela est moins marqué sur son visage.
Mais même si il voudrait s'occuper du type que je tiens, ce n'est pas nécessaire. Il est suffisamment terrifié pour ne pas essayé de recommencer, malgré tous les ordres que lui donnera son maître.
Alors Jack s'approche de Jérémy et vérifie que tout va bien. Il semble avoir mal au ventre, signe que je suis arrivé une minute trop tard. En revanche il n'a pas de marque, le type ayant sûrement un force restreinte. Il faut dire qu'il n'est pas bien impressionnant.
J'attrape mon téléphone dans ma poche et prends en photo sa gueule, histoire de pouvoir la montrer au gang. On va répertorier tout ceux qui le touche, et agir en conséquence.
Je le relâche et lui dis de disparaître, ce qu'il ne met pas longtemps à faire. Je le vois fuir à travers la porte ouverte, trop honteux et apeuré pour rester en cours de sport. Honteux devant Andrews, apeuré devant moi. Il le mérite bien. De toute façon, vu comme il boîte, je ne doute pas d'avoir disloqué quelque chose chez lui. Tant pis. Je viens de le dire. On le touche, on agit. J'ai agis, pour ce connard là, c'est réglé.
Je me contente d'un regard pour Jack, qu'il comprend sans mal. Il va rester près de Jérémy, qui semble suffisamment en forme pour faire le cours de sport, et moi je vais aller retrouver certains de nos amis, qui n'ont pas cours à cette heure.
Je ne mets pas longtemps à les trouver et m'arrête devant Zoé, Matt et Josh. Il a été décidé de ne pas attendre avant de prévenir les autres si il se passait quoi que ce soit. Les infos doivent être données tout de suite, et pas attendre le soir. Donc me voilà devant eux, prêt au rapport. Une organisation presque militaire à cause de petits cons qu'on pourrait simplement dézingués. Mais la justice, tout ça...
La rousse fronce les sourcils en me voyant, et se doute bien que je ne suis pas ici pour rater un cours. Même si cela ne serait pas non plus étrange.
- Il s'est passé quelque chose ?
Je ne perds pas un instant pour leur expliquer ce qui vient de se produire.
- Tu as fait quoi ?
- Il risque de boiter un moment.
- Bien fait. Il mérite plus même.
Je regarde la rousse les bras croisés et les joues gonflées. Elle est adorable quand elle boude.
- J'allais pas le tuer non plus.
Elle veut répliquer quelque chose mais Josh la coupe. Il a l'air en colère, même si il le cache bien. Il paraît calme, cependant, son aura mauvaise ne m'échappe pas.
- C'était qui ?
Je lui tends la photo qu'il regarde quelques secondes.
- Bien.
Il se fait alors craquer les poings, sans rien dire de plus. Je fronce les sourcils mais ne pose pas de questions. Je n'ai pas besoin de le faire pour savoir qu'il ne compte pas se contenter d'un type qui boite. En revanche, la question que je me pose, c'est pourquoi.
J'imagine qu'on finira par le savoir.
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Qu'est-ce que Josh va bien pouvoir faire ? Jérémy va-t-il céder à nouveau et pardonner à Aaron ?
A mercredi,
Kiss :*
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