Chapitre 16

PDV Lucy

Si il y a bien une chose qui me fait bouillir, c'est de savoir, ou plutôt de voir à quel point une des personne que j'aime va mal, et de me sentir pieds et poings liés. Pourtant, j'ai les ressources nécessaires pour l'aider. Enfin, j'ai les personnes qui m'entourent qui ont les ressources. Nous voulons tous agir, nous voulons tous l'aider, mais il nous tient à l'écart.

Pour l'instant. Cela fait longtemps déjà, trop longtemps, que nous patientons. Il y a un moment, où il va falloir qu'il parle, et il n'aura plus le choix. Ce moment, il est arrivé. C'est la goutte d'eau, celle en trop. Le vase ne déborde pas, il éclate.

Il est temps qu'il nous dise les choses.

Mais le soucis reste le même, envers et contre tout. Il faut voir pour agir. Pourtant, dans une situation comme celle-ci, j'aurai envie de dire qu'on s'en fout. Qu'il faut foutre dans la tronche de ces connards tout ce qu'ils méritent. Mais il y a cette petite voix, celle de la justice, qui me souffle qu'on ne peut -qu'on ne doit- pas s'abaisser à leur niveau. Que pour agir, on doit pouvoir le faire en étant sûr de qui on attaque. En somme, je suis en perpétuelle lutte entre ce que mon cœur me cri de faire, et ce que mon esprit me souffle.

Je me suis déjà senti inutile quand la vie de Zoé était un bordel sans nom, et cela recommence, une nouvelle fois, avec un autre de mes piliers. Je ne veux pas qu'il s'effondre, lui aussi. Alors il va falloir qu'on y mette tous du notre, lui y comprit pour que les choses s'arrangent. Et elle ne risque pas de s'arranger si il continue de tout garder pour lui. Je sais qu'il est comme ça. Je le comprends parce que c'est notre façon de fonctionner à tous les trois. Quand il nous arrive un truc, on le garde pour nous, pour ne pas impacter les autres. Et pourtant, on sait qu'on leur fait du mal en ne disant rien. Mais on continue, et peu importe qu'on se retrouve un jour dans l'un ou l'autre des rôles, aucun de nous ne met un terme à ce manège.

J'aurai beau dire qu'il est temps que nous stoppions notre façon de faire, je sais que le prochain problème que je rencontrerais me fera retomber dans ce schéma. Jusqu'à ce que comme moi aujourd'hui, ils me forcent à tout dire.

Je vois une tête rousse descendre des escaliers, suivi de son ombre. J'ai décidé il y a quelques temps de surnommer Scott de cette façon, car il est toujours caché non loin d'elle, à veiller. C'est assez drôle à voir, mais là, je n'ai pas envie de rire, et celle qui aborde un joli costume de diable le comprend directement. Elle fronce les sourcils et ses yeux bleus s'assombrissent un peu. Ils prennent toujours une teinte plus foncé lorsqu'elle est inquiète.

- Que se passe-t-il ?

Et quand je lui explique la « discussion » que je viens d'avoir avec Jérémy, elle se met à fulminer autant que moi. Je sais que les mêmes émotions la traverse.

- Mais c'est pas possible ! Ça dure depuis trop longtemps cette histoire !

Je me contente de hocher la tête et de serrer les poings.

- Putain mais quelle merde. Et ces types bordel, ils cherchent quoi !

J'ai toujours trouvé amusant de voir Zoé jurer. Cela dénote avec ce visage d'ange qu'elle a, quand bien même elle s'est habillée en son contraire aujourd'hui. Je lui ai souvent dit qu'elle était un petit diable dans un corps d'ange. Mais là, ça ne m'amuse pas, parce que je pense la même chose qu'elle.

- J'ai envie de les étriper !

Son regard change un instant quand je prononce cette phrase, et je me dis que son esprit balance autant que le mien.

- On devrait agir. On ne va pas les laisser faire indéfiniment.

Je suis bien d'accord avec elle, et après un regard, nous nous dirigeons vers la sortie. Je ne vois pas trop ce qu'on va faire seule contre ses connards, faudrait déjà les retrouver, mais l'une comme l'autre, nous sommes déterminées, malgré la stupidité de la situation.

J'entends un souffle dans mon dos, et la voix de Scott s'énerve.

« Mais c'est pas vrai. »

Les deux hommes ne mettent pas longtemps à nous rattraper pour le bras pour nous stopper.

- Matt, lâche-moi.

- Pourquoi ? Que tu ailles traîner dans les rues en espérant tomber sur ses types ? Et après ? Tu vas leur dire que c'est pas bien ?

- Non, je vais leur péter les couilles. Littéralement.

- Crois-moi, tu n'as pas besoin de geste pour y arriver.

Ma main s'abat sur son torse alors que je suis faussement vexée.

Zoé, toujours tenue elle-aussi par Scott, me rejoint dans ma protestation.

- Pourquoi vous nous retenez ? Ils le méritent !

- On a dit le contraire ? Non. Mais là, vous ne savez pas où ils sont, et c'est pas avec vos bras de mollusques que vous allez faire quoi que ce soit.

Elle lui lance un petit regard de défi.

- Je peux utiliser les tiens, de bras.

Il affiche un sourire en coin qu'il n'offre qu'à la rousse en face de moi, mais c'est Matt qui lui répond, qui nous répond à toutes les deux.

- Quand le temps sera venu on s'en occupera. Là, on va finir la soirée, vous allez attendre de parler avec Jérémy, et arrêter de jouer aux justicières d'un film à petit budget. Franchement, vous savez très bien que vous faites n'importe quoi.

- Oui, mais on a pas envie de l'avouer.

- Tu viens de le faire.

- Et alors ?

Je m'enfonce, mais cela l'amuse plus qu'autre chose.

- Qu'est-ce que vous faites ?

Jérémy sort de la maison un verre à la main et s'avance vers nous.

- On prend l'air. Il fait chaud à l'intérieur.

Je vois que les deux hommes qui nous accompagnent se retiennent de rire face à notre manque de courage. Oui, bien le courage, ça va, ça vient aussi. Mais si nous renonçons à la mission commando pour ce soir, nos regards sont clairs, et il le comprend très bien.

Demain, fini le silence et les mensonges. Demain il nous devra la vérité, et après, on pourra vraiment leur casser les couilles, à ces décervelés.


PDV Jérémy

Évidemment, je ne crois pas un mot de ce qu'elles me disent, il suffit de voir Zoé qui grelotte, Scott qui la regarde en secouant la tête et Matthews qui se retient de rire. A mon avis, ces deux-là ont plutôt voulu jouer aux guerrières, et maintenant, elles ressemblent à des enfants qu'on a prit en train de faire une bêtise. Mais elles me touchent. Elles me touchent parce qu'elles s'inquiètent, qu'elles cherchent à me protéger envers et contre tout, comme je le ferais avec elles.

Alors oui, j'ai bien comprit leur regard, et j'accepte ce qu'il signifie. Je leur dirai tout, car le moment est venu de le faire. Cela va être difficile, de s'exposer en victime devant elle, devant le gang, mais il va bien de falloir. Parce que la situation me dépasse, et que j'ai bien conscience qu'il va maintenant falloir leur intervention pour que les choses se calment.

Un poids s'abat sur mes épaules et une tête blonde apparaît dans mon champ de vision. Jack s'accroche à moi tout en regardant les personnes en face de nous, sans forcément capter l'ambiance qui règne ici. Il a l'air d'avoir déjà bu, et commence à être « bien entamé » comme on dit.

- Bon, vous foutez quoi dehors ? On va faire un jeu !

Lucy lève les yeux aux ciels en souriant, et tous affichent un petit sourire. On connaît trop Jack pour ne pas comprendre ce qu'il propose.

- Laisse-nous deviner, tu veux faire un action ou vérité ?

Il pointe du doigt la jeune femme en rigolant. Il a l'air sur un petit nuage de bonheur. Ce type redouble d'énergie au quotidien, mais avec un peu d'alcool, on passe à un autre niveau.

- Bingo !

Matthews lui fait alors remarquer que cette fois-ci, il n'y a pas de couple à former, mais cela n'arrête pas le blond, qui se contente de hausser les épaules.

- Qui sait.

Nous rentrons tous à l'intérieur tandis que Marie et Josh rejoigne le groupe, avec quelques inconnus. Mais je n'ai pas envie de jouer, aussi, je prétexte une envie soudaine pour me diriger vers une salle de bain de l'étage. Il me faut éviter les personnes qui stagnent dans les escaliers et les couloirs, mais je parviens rapidement à trouver une pièce vide, que je m'empresse de barrer. D'ici, la musique paraît faible et atténuée, et cela me fait du bien au crâne.

Mes deux mains viennent se poser sur le bord du lavabo alors que je me regarde dans le miroir. J'observe la blessure qui s'étend sur ma joue. Le sang a séché, et elle me pique un peu, mais elle reste superficielle. En surface. Dans mon cœur, c'est tout autre chose. Elle représente ce que je vis au quotidien depuis des semaines. Des blessures. Non physiques, certes. Mais dures à encaisser. Et ce soir encore, nous avons franchit un cap.

Je passe mes doigts sous l'eau froide pour essayer de nettoyer un peu la plaie. Cela a surtout pour conséquences de retirer une partie de mon maquillage, mais au fond, est-ce que j'en ai quelque chose à faire ? Certainement pas.

Je m'assois contre le bord de la baignoire et regarde le sol en me mettant à penser.

Et je ne pense qu'à une chose. Qu'à une personne, en fait. Il m'a fait du mal, encore une fois. Ce n'est peut-être pas lui qui m'a frappé, mais c'est lui qui les a emmené chez moi. C'est lui qui s'est foutu de moi, encore une fois. Je commence à me dire doucement que si ce type n'était pas entré dans ma vie, rien de tout cela n'aurait pu arriver. Pourtant, il y ait entré, et il n'en sort plus, me faisant seulement plonger de plus en plus profondément dans ce puits sans fond. Mais jusqu'à quand aurai-je suffisamment d'oxygène pour continuer à m'enfoncer ? Et pourrais-je un jour remonter ?

Si c'est Aaron qui me fait plonger, c'est Andrews qui me maintient la tête sous l'eau. Alors au final, qui des deux est le plus coupable ? Ou peut-être est-ce moi, qui suis coupable de retourner à l'eau chaque fois qu'Aaron me le demande. J'aimerais l'envoyer bouler et le faire sortir de ma vie. J'en ai envie, mais en même temps, je n'y arrive pas. C'est difficile à expliquer, et difficile à comprendre. Même moi je ne comprends pas, ce qui me fait rester à ses pieds. J'ai envie de me hurler dessus, de me frapper même.

Au final, en plus de me faire mal mentalement et physiquement, ils m'obligent à me faire du mal moi-même, car je me blesse avec mes pensées, avec ma culpabilité. Qu'ils soient présents ou non, je souffre tout autant. Je suppose que c'est à ça qu'on reconnaît des bourreaux. Ils hantent même dans leurs absences.

Un poing qui tape contre la porte me fait sursauter. Un voix me parvient depuis l'autre côté.

- Et mec, faut que je pisses, tu vas sortir ?

Le type est vraisemblablement bourré, je peux le deviner au seul son de sa voix.

Je souffle un bon coup en me regardant une dernière fois dans le miroir, après m'être relevé. J'ai à peine ouvert la porte que le type me boule pour rentrer à l'intérieur, la braguette déjà à moitié défaite. Je sors exaspéré et me dirige dans le couloir, sans forcément avoir envie de redescendre.

Mais je n'avance pas longtemps avant d'apercevoir une silhouette que je connais, titubante. En passant près de moi, Josh perd l'équilibre et je le rattrape. Comment peut-il être dans cet état en si peu de temps ? Je regarde une pendule non loin, et me rends compte qu'au final, j'ai bien passé une heure assis sur cette baignoire. Je n'en ai pas eu l'impression.

Josh rit, et je me décide à le soutenir jusqu'à sa chambre. Je connais bien les lieux, donc je sais sans mal où elle se situe, même si je n'en ai jamais franchit la porte. Nous avançons avec difficulté. Il faut dire qu'il est plus lourd que moi, ce que je suppose être dû aux muscles, alors c'est un peu compliqué. Mais nous y arrivons, et je vais pour ouvrir la porte, qui se trouve fermée à clé. J'aurai dû m'en douter, toutes les chambres ont été verrouillées pour éviter de ne retrouver des couples à l'intérieur.

- Où est la clé Josh ?

- Dans ma poche, poche, poche.

Il chantonne, s'amusant, alors que j'essaye de faufiler mes doigts dans son pantalon. Une formule qui porte à confusion, je vous l'accorde. La tâche n'est pas aisée, car monsieur ne tient pas immobile. Je finis par attraper le métal froid entre mes mains et parvient à ouvrir la porte. Nous entrons et je ferme la porte derrière nous pour éviter que des yeux ne rodent à l'intérieur.

Je ne prends pas le temps de regarder la décoration, je me contente de m'avancer vers le lit pour le laisser choir dessus. Il se réinstalle bien avant de me remercier.

- Merci petit Jérémy.

Un sourire me vient. Le voir comme ça, c'est plutôt marrant.

Je profite du silence pour regarder autour de moi. Je devrais sûrement sortir d'ici pour le laisser se reposer, mais être loin de la foule me fait du bien, alors je fais durer le moment. Elle est étonnement rangée. Je dirais même qu'elle ressemble à une pièce témoin. Le gangster serait-il un brin maniaque ?

Il me sort de ma contemplation.

- C'est trop long à dire.

Je fronce les sourcils en me retournant vers lui, étalé sur le lit.

- De quoi tu parles ?

- Jérémy. C'est trop long à dire.

Je lui lâche un petit sourire.

- Tu peux m'appeler Jérem'.

Seules les filles , incluant Marie, m'appellent ainsi, et Jack. Mais au fond, toutes les personnes qui m'entourent et que j'apprécie peuvent m'appeler ainsi, je ne trouve pas cela extraordinaire. Mais cela ne lui convient pas.

- Non, c'est trop long ça aussi.

Il se met à réfléchir, et c'est assez marrant à voir.

- Je vais t'appeler My. C'est bien ça My. D'accord, My ?

Je sens mes joues rougir un peu devant ce nouveau surnom, que jamais personne ne m'a donné. C'est sûrement bête, mais un surnom, je trouve ça personnel, encore plus lorsqu'il n'est partagé qu'entre deux personnes. Mais bizarrement, ça ne me dérange pas plus que ça.

C'est sûrement mon silence qui le fait s'asseoir -non sans difficultés- sur le lit pour me regarder. Je vois ses yeux se diriger vers ma plaie, et lui qui d'habitude n'impose pas ses pensées semblent à présent dénué de filtre.

- Tu ne devrais pas rester avec un connard tu sais.

Ça ne m'étonne pas qu'il sache. Qu'il l'ait comprit ou que les filles leur aient dit, ça ne me dérange pas, vu la situation.

- Nous ne sommes pas ensemble.

- Alors il ne devrait pas rester dans ton cœur.

- Plus facile à dire qu'à faire.

- Mais c'est simple regarde !

Il se lève, en titubant, et marche jusqu'à moi. Il se met en face de moi et secoue les mains devant mon visage, avant de les taper entre elles.

- Et POUF, t'es plus amoureux.

Mon rire vient de lui-même, et cela le fait sourire.

- Ah voilà, c'est mieux quand tu souris.

Je rougis un peu sans le quitter des yeux. Tiens, je n'avais pas remarqué que dans ses yeux marrons, il y avait des petites pointes de vert. C'est joli.

Je n'ai le temps de penser à rien d'autre que je sens des lèvres sur les miennes. Elles se retirent presque aussi vite qu'elles sont arrivées, m'offrant un simple smack, avant que le corps de Josh ne s'effondre sur le lit, et que son esprit ne sombre dans le sommeil.

Moi je reste là, debout, à ne rien comprendre.

Attendez...

Josh vient de m'embrasser ?  

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Désolé pour ce chapitre en retard, je n'ai pas trop eu le temps de m'en occuper avant ^^

Je vous entends crier d'ici, calmez-vous, pensez aux oreilles de vos proches x) Et oui, un baiser autre qu'avec Aaron pour Jérémy... Un Josh bourrée un brin entreprenant. Mais pourquoi ? Est-ce seulement l'alcool ? Comment va se passer la suite de leur "relation" ? 

La suite arrivera dimanche, normalement x), 

Alors Kiss :*

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