Chapitre 12
PDV Jérémy
Je savais qu'Andrews était idiot. On ne peut pas être autre chose quand on décide d'intimider des personnes à cause d'une différence. Mais à ce point là, je ne me l'imaginais pas possible.
Il veut y aller plus fort à cause de Jack et Josh ? Mais qu'il y aille. Je ne vais pas le retenir.
Même si je vais sûrement devoir endurer certaines choses, je m'en fiche. Je continue de sourire. Parce que sa bêtise me fait rire. Il ne sait pas à qui il s'attaque. Il ne sait pas qu'un gang vient de le mettre dans sa ligne de mire. Parce que cet idiot ne s'intéresse tellement qu'à lui-même qu'il n'a pas prit la peine de se renseigner un minimum sur la ville dans laquelle il va passer un an. Si il l'avait fait, il aurait su à qui il avait à faire. Il se pense fort, invincible. Sauf qu'il a trouvé plus fort, bien plus fort que lui. S'en prendre à moi était peut-être facile. Mais maintenant, c'est une autre paire de manches.
Il prend ça comme un défi ? Soit. Il risque de ne pas aimer le retour de bâton. Les BlackRoses n'ont pas défié, ils ont prévenus. Libre à lui de passer outre l'avertissement. Il s'en mordra les doigts, et je ne pourrais que rire quand la situation s'inversera.
Je sais qu'il va vraiment me faire vivre un enfer pire que celui dans lequel il m'a déjà mis. Je l'accepte. Je l'accepte parce que je me dis qu'ils vont finir par lui tomber dessus. Il n'arrivera pas toujours à faire ses coups en douce. Et quand ils feront tomber leur sentence, ils ne l'auront que trop bien mérité.
Je pourrais prévenir Aaron. Lui dire qui sont vraiment mes amis, et ce que risque les siens à les défier. Mais je ne le fais pas. D'abord parce que le comportement de ce dernier ne me donne pas envie de parler plus avec lui ce soir. Et ensuite parce que je ne voudrais pas qu'il change de cible. Moi, je sais que j'ai juste à endurer quelques temps avant que le problème ne soit réglé. Mais si ils décidaient de me foutre la paix et de trouver une autre victime, celle-ci n'aurait pas le soutient d'un groupe d'amis tel que le mien.
Alors je vais me taire, les laisser faire, et attendre. Attendre bien sagement qu'ils commettent l'erreur qui les mènera à leur perte. Si Andrews se croit le fort et moi le faible, je vais lui montrer que le faible peut devenir le fort, avec les bons atouts. Mes atouts à moi, ils ont des flingues. Je doute que les siens ne puissent rivaliser.
Je crois que depuis qu'ils sont arrivés dans cette école, je n'ai pas souris de façon sincère. Mais cette fois, c'est le cas. Parce qu'enfin, je me dis que je ne suis plus la souris, mais le chat. Je me déguise juste un peu, pour laisser le temps au temps.
C'est un peu comme si je me sentais supérieur. Même si au fond, chaque personne tolérante est forcément supérieure aux imbéciles discriminants. Mais là, en plus d'avoir un QI plus développé qu'une boite de conserve, j'ai une information qu'ils n'ont pas. Je sais comment toute cette histoire va se finir. Je sais qu'ils finiront par regretter.
Quoiqu'au final, ce genre de personne regrette rarement leur acte. La tolérance, ce n'est pas à 18 ans qu'on l'apprend. Cela devrait être la base de toute éducation. Et même ceux qui ont été élevé sans cette notion devrait la comprendre d'eux même. C'est juste une question d'humanité. Alors un type comme Andrews, qui ne comprend pas qu'on peut être différent de lui, ne le comprendra jamais. La seule chose qu'il regrettera, c'est de s'être fait prendre, de s'en être pris à la mauvaise personne.
Et puis il recommencera. Quand on naît sans neurones, on ne peut pas en acheter de nouveaux, et dans le cas des intolérants, il leurs en faudrait en plus de gros stocks.
Mon téléphone vibre une nouvelle fois et je vois Aaron qui me dit notre phrase. Comme si il pouvait se dédouaner de tout en la prononçant, en l'écrivant, comme la dernière fois, dans les sanitaires. Mais ce n'est pas suffisant. Il vient d'insinuer des choses sur moi qui ne passent pas, et en plus de cela, préfère me prévenir que les choses vont empirer plutôt que d'agir pour que cela n'arrive pas. Il préfère me laisser souffrir plutôt que de prendre le risque de partager les peines.
Alors je refuse de lui donner l'information que j'ai, qui pourrait pourtant peut-être lui donner le courage nécessaire pour bouger. Mais là, alors qu'il vient de me blesser une nouvelle fois, je me dis que tant pis pour lui. Si il se fait prendre en même temps que ses amis par les miens, il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même et à sa lâcheté.
Même si au fond, mon cœur refuse encore qu'il souffre. Mon cœur lui trouve encore des excuses, le pardonne de toutes ses erreurs. Comme si j'étais dépendant. Et c'est sûrement le cas. Mais je ne suis pas dépendant du Aaron que je rencontre depuis ce début d'année. Seulement de celui avec qui j'ai partagé tant de moment cet été. Sauf que pour l'instant, si mon esprit les dissocie, ce n'est pas le cas de l'organe dans ma cage thoracique.
Alors même si je n'ai pas envie de lui répondre, je le fais. Même si ce n'est pas la bonne solution. Encore une fois, je me laisse avoir.
Quand j'arrive au lycée, le lendemain matin, mon état d'esprit est partagé. D'un côté, j'angoisse. Je me demande ce qu'il va m'arriver aujourd'hui, et à quel point les choses vont vraiment empirer. De l'autre, je suis serein parce que je me sens soutenu. J'oscille entre les deux. Quand je suis dans un couloir bondé, la sérénité prend le dessus, mais quand je me retrouve seul, c'est la peur qui domine. Une ambivalence fatigante, mais sûrement moins qu'une angoisse continuelle.
En arrivant à mon casier, c'est la peur qui domine, quand je me rends compte que le couloir est vide, à l'exception d'une présence, celle de mon bourreau.
Il me regarde, sourire malsain collé au visage, les yeux annonciateurs de tout ce qu'il a envie de me faire. J'essaye de l'ignorer, de me rassurer, en me disant que cette fois, il est seul. Il ne pourra pas faire grand-chose. J'ouvre mon casier, sans cesser de jeter des coups d'œil derrière moi, et mon cœur bat plus vite quand je le vois venir vers moi, ses dents se révélant un peu plus à chaque pas où son sourire augmente.
Mais brusquement, il se stoppe, et je vois presque de la déception dans son regard quand il change de direction et part. C'est en me retournant, sentant une présence à côté de moi, que je comprends. Josh se tient là, appuyé contre les casiers, à à peine quelques centimètres de moi. Je ne l'avais pas vu arriver, mais je sais que c'est lui, et son regard, qui ont fait reculé mon assaillant. Simplement en étant là.
Il quitte des yeux Andrews une fois que celui-ci disparaît à l'angle d'un couloir, et pose son regard sur moi.
Je ne sais pas si je dois le remercier. Cela serait admettre le soucis entre Andrews et moi, même si Josh est loin d'être idiot. C'est peut-être le plus réfléchi de tous, d'ailleurs. Sans lui, il y a fort à parier que mes amies ne seraient pas en couple avec les siens. Il a joué une partie importante de leur histoire, sachant leurs ouvrir les yeux au moment opportun.
Je décide de passer sous silence ce qui vient de se passer, mais brise tout de même le silence. Je n'ai jamais vraiment parlé avec Josh. Comme Matt, il se contente de me saluer, mais nous n'avons pas de réelles affinités, comme avec Jack ou Marie.
- Tu n'es pas avec le groupe ?
Je range des affaires dans mon casier pour éviter de le fixer. Après ce qu'il vient de se passer, je suis mal à l'aise, surtout que les membres du gang ont des regards impressionnants. Non pas qu'ils me fassent peur, comme cela pouvait être le cas avant que je ne les rencontre vraiment, mais ils restent intimidants. Ils ont une puissance dans leur yeux, c'est incroyable, et presque indescriptible.
- J'ai voulu récupérer quelque chose dans mon casier.
Sauf que son casier n'est pas ici, et nous le savons tous les deux. Je ne fais pas de remarques là-dessus, car je comprends que si il est là, c'est pour moi. Parce que tous savent ce que je vis, et qu'ils ont décidé de veiller. Ça me touche, qu'ils fassent cela pour moi. Encore plus quand je comprends que ce n'est pas juste ceux de qui je suis proche. Ils se sentent tous concernés par ce qu'il m'arrive. Et je me dis que je suis vraiment bien entouré.
Pendant quelques instants, nous restons là, en silence. Mais ce n'est pas gênant. Au contraire, cela fait du bien. Parce que pour une fois, je sais qu'il ne va rien m'arriver, tant qu'il est là. Alors j'en profite pour me reposer l'esprit, et décompresser un peu.
- Je n'aime pas trop le baseball.
Je souris en comprenant le sous-entendu. Et cela m'amuse un peu qu'il amène la conversation de cette façon.
- Tu es plus sport de combat ?
Il sourit aussi, comprenant que je fais référence à son mode de vie.
- Ouai, c'est moins violent.
Il parvient à me tirer un rire. Moins violent, peut-être pas. Mais lui et le gang, à la différence d'Andrews, sont violents pour de vraies raisons. Ils le font toujours pour défendre, eux ou les autres. Pas pour le plaisir de faire du mal.
Josh s'écarte des casiers et me regarde. Je vois qu'il hésite à prononcer sa phrase, pourtant il finit par la dire.
- Tu sais, même si tu ne veux pas dire aux filles ou à nous ce qui t'arrive, on est pas con.
Il marque un temps d'arrêt avant de reprendre.
- Et on va s'en occuper.
Sur ces mots, il part alors que la sonnerie retentit. Un corps vient buter contre mon dos et un bras entoure mes épaules.
- Tiens, Josh vient de partir ?
J'acquiesce les propos de Jack et regarde le dos de Josh s'éloigner. Je le savais, mais c'est tellement plaisant de l'entendre. Qu'ils veillent sur moi, qu'ils vont s'occuper de ceux qui me font du mal.
- On y va ? Ça a sonné.
- Ouep !
Jack me lâche et avance, tout sourire. Ce type est toujours de bonne humeur. Je le suis et je souris moi aussi, d'un vrai sourire. Parce que dans cette situation difficile, je vois la lueur au bout du tunnel. Et surtout, je trouve du positif dans le fait de souffrir : je connais la perte inévitable des gens qui me font du mal. C'est revigorant, et très plaisant, de se dire qu'ils vont avoir mal, eux-aussi.
Bientôt ils tomberont, et je serais débarrassé d'eux. Et cette pensée, elle me remet en équilibre, et malgré que tout soit dur à endurer, je sais que je tiendrais.
Parce que maintenant, je ne suis plus suspendu au-dessus du vide. Mes amis forment un filet protecteur qui me rattrapera. Alors je n'ai plus peur de la chute. Et j'ai hâte de voir la leur.
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Jérémy est prêt à souffrir pour faire tomber Andrews, mais le supportera-t-il vraiment ?
Le gang se met en mode surveillance, vous en pensez quoi ?
Aaron déçoit, Aaron agace, mais le cœur a ses raisons que la raison ignore. Jérémy passera-t-il à autre chose ? Peut-être va-t-il avoir besoin de l'aide d'un bad boy pour y arriver... Mais lequel ? Je sais que vos avis sont partagés :)
La suite dimanche,
Kiss :*
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