Chapitre 16-2 : Bataille.

Je me suis levée par une caresse sur ma joue, et j'ai aperçu Anthony qui me souriait. J'ai cligné plusieurs fois de l'oeil avant de me lever en m'étirant. Il était déjà habillé, et les soldats sortaient un à un en discutant. J'ai jeté un coup d'oeil à l'extérieur pour voir un manteau blanc bien épais et j'ai souri, ravie de voir de la neige.

- Bien dormi ? me demanda mon petit frère.

- Oui !

- On va manger ?

J'ai acquiescé et il me passa mon manteau que j'ai mis. Comme je m'y attendais, vu qu'il neigeait encore, cela voulait dire qu'il faisait toujours aussi froid. Mais malgré ça, j'ai pris mon temps, pour admirer le paysage et toute cette neige.

C'est beau et magique.

- Lili ?

J'ai tourné la tête pour voir mon petit frère me faire signe, alors qu'il attendait en tenant la porte. J'ai voulu trottiner jusqu'à lui, mais je me suis rendue compte que ma jambe n'avait pas aimé ce que je lui avais fais subir la veille, et j'ai grimacé sous la douleur qui s'est propagée. J'ai du m'agenouiller pour me masser le membre.

- Ça va ?!

Vu ma tête que je devais tirer, il a trouvé plus judicieux de passer ses mains sur ma taille et de me soulever pour me mettre sur son dos.

- Je peux encore marcher, bougonnais-je.

- Ça m'étonnerait. Le colonel t'avait bien dit de faire attention, non ?!

J'ai soupiré.

- Oui...

- Tu vois ! Maintenant, je suis là pour te surveiller.

J'avais l'impression que c'était lui l'ainé dans l'histoire, et que j'étais la pauvre gamine qui refusait d'écouter les adultes...

Le monde à l'envers.

- Qu'est-ce qui te fait rire ?

Malgré moi, j'avais pouffé avant de m'arrêter sans cesser de sourire.

- Tu as grandi, Anthony.

Un sourire s'étira sur son visage et il me fit entrer dans le self, puis il se dirigea vers une table où il me déposa sur une chaise. Ensuite, il me fit signe et partit prendre de quoi manger, alors que je l'attendais. Je vis un invité surpris s'asseoir juste en face de moi, et j'ai froncé les sourcils.

- Bonjour.

- ...Bonjour. Ça faisait longtemps.

- En effet.

En le voyant, je me suis rappelée d'avant, de mes idioties, quand j'étais encore en ville.

Ma période rebelle.

- Lieutenant O'Hara ! s'exclama mon frère en revenant.

Ce dernier sourit en saluant Anthony, et reporta son attention sur moi. Il ne cacha pas sa curiosité en m'observant de la sorte. Il m'a sondé de la tête aux pieds, en n'oubliant aucune partie. Je l'ai vu s'attarder sur la mèche de cheveux qui occupait près de la moitié de mon visage droit ainsi que sur la cicatrice de ma joue gauche.

- Vous avez terminé de m'observer ? lui lançais-je en piochant dans le plateau de mon petit frère.

Je l'ai vu rougir alors que je portais le croissant à ma bouche, et Anthony rit.

- Désolé Lieutenant, mais elle a déjà quelqu'un.

- Mais... ce..., bafouilla-t-il.

J'ai donné une tape sur l'épaule de mon petit frère en souriant.

- Arrête de dire n'importe quoi, il va s'étouffer avec sa salive.

Anthony s'esclaffa et j'ai retiré mon manteau, alors que le lieutenant cherchait à se sortir de cette situation.

- Qu'est-ce que vous devenez ? finis-je par demander.

Il se racla la gorge pour reprendre contenance.

- ...C'était plutôt... ma question.

J'ai haussé les épaules en me désignant.

- L'Ange de la Mort, nouvelle version ramollie, ça vous va ?

Il esquissa un sourire, et j'ai à nouveau pris un croissant dans le plateau.

- Ramollie ? A ce point ?

- Malheureusement.

- Tu es tout sauf ramollie, intervint mon frère. Tu es de loin la personne la plus forte que je connaisse !

J'ai souri, en ébouriffant les cheveux de celui-ci, et je me suis levée en enfilant à nouveau mon manteau, une fois mon croissant terminé.

- Je vais récupérer mon sac dans le bureau du colonel.

- Je viens avec toi.

- Finis de manger.

- J'ai fini ! s'exclama-t-il en engloutissant tout d'un coup.

Quelle rapidité. A croire qu'il n'a pas mâché une seule fois.

J'ai soupiré alors qu'il allait rendre son plateau.

- Ton petit frère est devenu fort. Et il est devenu ami avec tout le monde.

C'est lui le sociable dans la famille.

J'ai reporté mon attention sur le lieutenant et j'ai souri.

- Comment ne pas l'aimer ? Il a toujours été adorable...

- ...Tu as bien changé...

J'ai senti le rouge me monter aux joues en remarquant que quelque chose avait changé dans son regard, au point de me faire réagir de cette manière, et je n'ai pas eu le temps de comprendre qu'Anthony est revenu pour me mettre sur son dos.

- Ce fut un plaisir de te revoir, l'Ange de la Mort. A bientôt, j'espère.

- ...A bientôt.

Anthony lui fit un signe de la tête et il sortit en m'emmenant avec lui, sous les regards de tout le monde. Il marcha tranquillement sous la neige, alors que j'avais passé mes bras autour de son cou, tout en rapprochant mon visage de lui.

- Tu es sur de vouloir partir d'ici ? Tu avais l'air de te plaire...

- J'étais ici seulement pour devenir plus fort, le temps que tu reviennes, Lili. Maintenant que tu es revenue, je reste auprès de toi.

Je n'arrivais toujours pas à me faire à ce changement, à ce nouveau lui... J'avais l'impression que ce n'était qu'hier que nous étions encore dans ce désert à crever de faim...

J'avais récupéré mon sac dans le bureau du colonel, et j'ai attendu avec ce dernier à l'entrée que mon petit frère revienne avec son sac. Nous sommes ensuite montés dans la voiture de Dan qui nous ramena chez lui. La neige, il y en avait partout, et j'étais contente de m'éloigner de cette caserne, de cette garce. Je ne voulais pas me rappeler de tout ça, et pourtant, en voyant la maison de Nathaniel, j'ai repensé à ce qu'il s'était passé, et je savais qu'il fallait que j'en parle au père qui avait le droit de connaitre la vérité. Mais je n'étais pas encore prête. Il me fallait encore du temps.

Je suis descendue de la voiture, et Anthony m'imita en récupérant nos sacs.

- Ne force pas, Lili ! Tu m'attends là, je reviens !

J'ai souri, amusée.

- Arrête de t'inquiéter. Je veux profiter un peu de la neige avant de rentrer.

Je le vis aller dans la maison avec Dan, alors que je clopinais doucement en regardant la neige tomber.

- Me revoila !

Anthony avait enfilé un bonnet, et des gants. Je le vis se baisser en faisant une boule de neige, alors que nous étions sur le trottoir, et je l'ai reçue sur l'épaule. Anthony riait aux éclats, et par esprit de vengeance, je me suis baissée pour en faire aussi, mais la neige me glaça les doigts. Me dépêchant, je m'en suis débarassée en la balançant vers mon petit frère qui l'évita facilement. Il contre attaqua et j'ai fais des roulades pour les éviter.

Finalement, au moment, où il visait ma tête, je me suis baissée d'un coup, et j'ai entendu une voix derrière moi qui grommelait. Je me suis retournée en fronçant les sourcils et j'ai aperçu sa chevelure blonde sous la neige, et j'ai ri.

- Si j'avais su..., marmonna-t-il en passant une main dans ses cheveux pour en retirer la neige.

Il se baissa alors pour prendre un tas et un sourire machiavélique apparut sur ses lèvres.

Gloups.

Malheureusement, j'étais à sa portée, et même si ce n'était pas de ma faute, je suis devenue la victime.

- Anthonyyyyy ! Aide-moi !!

- Il vient de fuir. Il a compris qu'il ferait mieux de ne pas se frotter à moi.

Je reprenais mon souffle, alors qu'il se trouvait sur moi, en m'immobilisant, et j'étais au sol, sur la neige qui me faisait froid dans le dos. Son regard se planta dans le mien, et j'ai vu un sourire se dessiner sur ses lèvres.

- Tu es magnifique...

J'ai senti mes joues chauffer, et j'ai regardé ailleurs, mais une de ses mains me prit le menton et au moment où il fit tourner ma tête vers lui, j'ai aperçu que son visage était à quelques centimètres du mien.

- Tes lèvres virent au violet.

- La faute à qui à ton avis ?

Il rit, et je me suis sentie bien de le voir comme ça...

C'était agréable.

- Je connais un moyen de régler ça, murmura-t-il.

Il déposa ses lèvres chaudes sur les miennes, et m'embrassa avec douceur, et je lui ai rendu son baiser. Ses deux mains ont attrapé mon visage pour pouvoir mieux m'embrasser, et j'ai senti mon coeur prendre de la vitesse, alors que je posais mes mains sur le torse de Nathaniel. Il se détacha lentement de moi pour reprendre son souffle et j'ai senti ses lèvres se poser sur ma peau rougie par le froid. Elles descendirent peu à peu vers mon cou, et il s'arrêta pour plonger son regard à nouveau dans le mien. Il passa sa main dans mes cheveux, et écarta la mèche qui recouvrait mon oeil inutilisable.

- Est-ce que je pourrais voir en-dessous un jour ?

J'ai attrapé sa main pour l'arrêter dans son geste.

- Pourquoi ?

Il serra ma main et la porta à ses lèvres.

- J'aimerais voir...

- Il n'y a vraiment rien à voir.

Il soupira et se leva avant de m'aider, tout en m'attirant contre son torse. Il balaya ensuite la neige qui se trouvait collée à mon manteau dans mon dos, et me serra fort dans ses bras.

- Dites les enfants ! Ça commence à cailler ! Faudrait que vous rentriez pour vous réchauffer ! cria Anthony qui était à l'entrée.

- On arrive !

Nathaniel me surprit en me soulevant d'un coup.

- Je peux marcher !!

- Je t'ai vu clopiner quand tu te faisais attaquer par ton frère.

- Mais...

- Arrête de toujours vouloir forcer !

J'ai poussé un long soupir à fendre l'âme et je me suis laissée transporter, contente malgré moi d'être dans ses bras. Il franchit la porte d'entrée et me déposa, puis il retira mon manteau, avant que je ne puisse faire un geste. Anthony lui passa une serviette qu'il passa autour de mon cou et il essuya l'humidité qui se trouvait sur mon visage.

- Tu ferais mieux de prendre une douche, me dit-il.

- La faute à qui ?

Oui, c'est la seule chose que je savais dire contre lui.

- A toi.

- Hein ?! C'est Anthony qui a envoyé cette boule de neige ! Et puis, tu aurais pu l'éviter aussi !!

- J'étais distrait par ton sourire.

Son air sérieux alors qu'il me disait ça, me fit rougir d'un coup, et j'ai récupéré la serviette en m'écartant de lui.

Comment pouvait-il me dire ce genre de chose comme ça ?!

- Je vais prendre une douche.

- Je peux venir avec toi ?

Heiiiiin ?! J'ai bien entendu ??!

Je me suis raclée la gorge en tentant de rester normale, mais difficile avec Nath qui me taquinait devant mon petit frère.

- Tu peux aller prendre une douche chez ton père. Ça t'évitera de dire n'importe quoi.

Je l'ai entendu rire, et j'ai soupiré tout en me baissant pour retirer mes chaussures, avant de monter les marches d'escaliers.

- Tu veux de l'aide ?

- C'est bon, râlais-je.

Je me suis dépêchée de m'enfermer dans la salle de bain, et de me déshabiller. La bataille contre Nathaniel m'avait fait bouger, mais maintenant, je me rendais compte à quel point j'étais trempée à cause de la neige. J'ai accroché la serviette pour qu'elle soit à ma portée lorsque je sortirais, et j'ai retiré le bandeau qui me recouvrait l'oeil droit pour le poser près du lavabo.

Une fois nue, je me suis mise sous le jet d'eau chaude, et j'ai savouré ce moment pour détendre mes muscles.

Le bonheur quoi.

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PDV ANTHONY

- Tu veux prendre une douche ici ?

- Non, ça ira merci. Je ne suis pas aussi trempé que ça.

- Et ça ne te dérange pas de faire du rentre dedans comme ça à ma soeur, juste devant moi ?

Il arqua un sourcil en souriant d'un air insolent.

- Parce que ça te dérange peut-être ?

Oh que oui !

- ...Je ne vois vraiment pas ce qu'elle peut te trouver...

Il haussa les épaules sans cesser de sourire. Angely et lui avaient bien changé... C'était étrange à voir...

- Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant qu'elle est de retour ?

- Tu connais déjà la réponse.

- J'ai aucunement envie de me battre contre toi. Après tout, on sait qui va gagner.

- Moi bien sur.

J'ai croisé les bras en le toisant.

- Ne sois pas si sur de toi, Nathaniel. Je suis devenu fort.

- Je sais. Je t'ai déjà observé pendant tes entrainements. Mais tu ne me fais pas peur.

Il commençait vraiment à m'énerver celui-là !

- Lili passera son temps avec celui qu'elle veut.

Il eut un air pensif, et fourra ses mains dans les poches de son pantalon.

- Anthony ! Tu ne veux pas prêter des vêtements à Nathaniel ? Les siens sont trempés ! lança Dan en apparaissant.

J'aurais préféré le laisser dans cet état. Mais puisqu'on me le demandait...

- Suis-moi, soupirais-je.

- C'est bon, c'est rien.

- Le colonel m'a demandé de le faire. Alors tais-toi, et suis-moi.

Je suis allé à l'étage et dans ma chambre, j'ai sorti un pull, ainsi qu'un jean que je lui ai passés.

- Change-toi. Et tu mettras tes vêtements dans la salle de bain quand Lili aura terminé.

Je l'ai laissé se changer, alors que je descendais pour aller prendre de quoi grignoter dans la cuisine.

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