Chapitre 14 : Un pas vers l'arrière
Chapitre 14-2 : Un pas vers l'arrière
Il semblait comme figé, et j'ai crû pendant un instant qu'il s'était transformé en statut. Mais mon petit frère qui s'était relevé avait passé sa main devant son visage pour voir s'il était encore réactif, et on l'a aperçu en train de cligner des yeux.
- Euh... Salut ? hésitais-je en fourrant mes mains dans les poches de mon manteau.
Il portait encore un de ces fameux costumes à cravate qu'il mettait toujours pour enseigner... Comme quoi, il ne pouvait vraiment pas s'habiller autrement... Je me demande bien comment il a l'air dans des habits "normaux". Ses cheveux blonds étaient un peu indomptés à cause du vent, et ses yeux...
- Angely ?
Oh ! Le cerveau s'est reconnecté ! J'ai acquiescé alors qu'il me dévisageait, et qu'il jetait un coup d'oeil à ma jambe droite. Je me suis sentie rougir alors que ses yeux étaient revenus pour fixer ma tête.
- Hum...
Je ne savais pas quoi lui dire... J'hésitais entre mon instinct qui me disait de partir et une partie de moi, qui me disait de me rapprocher de lui. J'ai jeté un coup d'oeil pour voir si Anthony pouvait m'aider, mais il s'était mis à faire quelques pas en arrière, me faisant pousser un long soupir à fendre l'âme.
- Mon idiot de frère se fait la malle. Tu devrais y aller, sinon il va prendre du retard sur ses cours.
Voilà la bonne excuse ! Nathaniel sembla enfin se réveiller et tourna la tête pour voir Anthony qui avait rejoint ses potes qui étaient sortis du self, et il se tourna vers moi avant de soupirer.
- Tu vas bien ?
- ...Oui... Et... toi ?
- Ca peut aller. Tu peux me dire pourquoi tu as refusé que je vienne te voir ?
J'ai serré les poings qu'il ne pouvait pas voir.
Voilà, on en arrivait.
- Je...
J'ai regardé ailleurs pour essayer de reprendre mon courage, mais j'ai senti sa main me prendre le menton alors qu'il m'obligeait à le regarder droit dans les yeux.
- Tu m'as manqué, et j'étais vraiment inquiet pour toi...
De la tristesse, de la déception... oui, c'étaient ça que je voyais dans ses yeux bruns.
- Je ne voulais pas te donner de faux espoirs à toi aussi...
- C'est de toi qu'il s'agit, Angely. Je t'aurais aidé !
Il ne savait pas à quel point les premières semaines avaient été difficiles...
- ...Désolée.
Il soupira à nouveau, et passa sa main qui était libre sous la mèche de cheveux qui recouvrait mon côté droit et il la souleva pour apercevoir le cache-oeil noir. Il fit ensuite descendre ses doigts le long de mon visage alors que je sentais le rouge me monter aux joues, et il sourit lorsqu'il remarqua que je commençais à avoir le visage brûlant.
J'ai aperçu les regards curieux des soldats, et j'ai agi instinctivement en arrêtant la main de Nathaniel et pour l'éloigner de moi. Il fronça les sourcils surpris avant de pousser un long soupir à fendre l'âme.
- Tu te rappelles ce que je t'ai dis avant que tu ne partes ?
Aussi loin que mes souvenirs pouvaient remonter... il m'avait dit qu'il savait que je ne serais pas comme lorsque j'étais en béquille.
Pour cause, je pouvais à nouveau me mouvoir comme avant, enfin presque, mais j'avais retrouvé ma mobilité et donc plus besoin de soutien. Sa main serra la mienne, et il m'attira d'un coup sec contre lui, en me plaquant contre son torse, ses lèvres frôlant les miennes. Puis il m'entoura de ses deux bras pour que je ne puisse pas m'enfuir.
- Je ne te laisserai plus me fuir.
Mon coeur était tout chamboulé, et j'entendais les autres siffler en riant. Malgré moi, j'ai posé ma tête contre son torse en espérant que les autres partent au lieu de ricaner comme des idiots. J'entendais son coeur... il était rapide, mais c'était apaisant à entendre... Et puis, je sentais son parfum m'envelopper comme sa chaleur qui me protégeait du froid.
En plus, je ne savais pas quoi lui dire non plus... J'ai senti sa main se poser sur ma tête, et il caressa mes cheveux.
- Je suis vraiment content de te retrouver.
J'ai senti un sourire idiot s'afficher sur mon visage, et j'ai préféré l'enfoncer contre son torse pour qu'il ne s'en aperçoive pas.
- Tu comptes rester ici ou retourner chez Dan ?
J'ai osé lever la tête pour croiser ses yeux bruns.
- Je reste ici pour la soirée. Et demain, je retournerai chez Dan.
Ses bras sont remontés jusqu'à mes épaules, et il approcha son visage du mien, à tel point que j'ai senti son nez contre le mien, et son souffle chaud me caresser la peau. Je me suis sentie rougir comme une idiote, et son sourire s'est agrandi.
- Je compte bien rattraper le temps perdu, Angely.
Et avant que je puisse dire quoique ce soit, il me vola un baiser avant de me lâcher, alors qu'un sourire détendu apparaissait sur son visage.
- Dites les petits ! Je veux bien que vous vous faites des papouilles, mais on perd du temps ! cria Anthony en nous faisant signe.
Des rires me parvinrent alors que je me sentais comme une idiote. J'ai secoué la tête de gauche à droite comme pour reprendre mes esprits, et j'ai passé ma main rapidement sur mes lèvres, comme si je n'arrivais pas à croire que Nathaniel ait osé faire ça.
- Tu viens avec nous ? me demanda-t-il comme si de rien n'était.
Je comptais me remettre à courir un peu... Il fallait que je reprenne pendant que j'en avais l'occasion, même si le médecin m'avait clairement dit de ne pas forcer.
- Peut-être plus tard. J'ai des choses à faire avant.
J'ai tenté un semblant de sourire, et il hocha la tête en me faisant signe avant de partir. J'ai regardé sa silhouette s'éloigner pour rejoindre mon petit frère, et j'ai attendu de voir leurs ombres disparaitre avant de rejoindre le colonel dans son bureau. Il semblait satisfait, car il ne cessait pas de sourire.
- Tu l'as revu ?
- ...Oui.
- Les autres passeront peut-être pour voir Anthony.
- Je peux dormir avec lui ce soir ?
- Si tu n'as pas peur de te retrouver au beau milieu d'un dortoir infesté d'hommes, comme tu veux.
J'ai haussé les épaules. Comme si je pouvais connaitre pire que ce que j'avais vécu.
- Je peux aller sur le terrain ?
- Tu comptes t'entrainer ?
- ...Je vais essayer de faire quelques pas.
- Alors vas-y, mais ne force pas, d'accord ?
- ...Oui.
Mon sac se trouvait vers son bureau. Je me suis baissée pour l'ouvrir et j'ai sorti quelques vêtements avant de le laisser et d'aller dans un vestiaire pour femme où je me suis changée.
Je me suis attachée les cheveux et j'ai inspiré un bon coup avant de sortir dans ce froid qui me glaçait les os lorsque je ne bougeais pas.
Peu de soldats se trouvaient au terrain lorsque je suis arrivée. Et bien sur, j'avais attiré leur regard, mais ils étaient sous la surveillance d'un adjudant, me laissant donc en paix pour pouvoir me concentrer. Je savais que quand je marchais, ce n'était pas fluide, je boitais encore, et le médecin m'avait dit que c'était normal, et que c'était même un miracle que l'opération se soit bien déroulée. Au point où je pouvais marcher au bout de quelques mois seulement. Il m'avait formellement interdit de courir, mais je savais qu'il me fallait juste du temps et de l'entrainement pour pouvoir le faire à nouveau.
J'ai d'abord fais quelques pas en y allant doucement, trottinant sur place d'abord pour vérifier que je ne ressentais aucune douleur, puis, j'ai commencé à avancer à faible allure, me contentant d'y aller à la vitesse d'une tortue. Puis, peu à peu, j'ai commencé à augmenté ma vitesse, mais j'ai très vite atteint ma limite en sentant la douleur affluer tout le long de ma jambe, et j'ai dû m'arrêter pour me masser la cheville tant qu'il en était encore temps. Dans cet état, je n'étais même pas capable de fuir, même un enfant de 5 ans pouvait me rattraper...
Pitoyable.
J'étais même essoufflée d'avoir fait tant d'effort pour si peu de résultat.
Une fois certaine que la douleur s'estompait un peu, je me suis remise debout, et j'ai à nouveau fais quelques pas, avant de me rendre compte que je ne pouvais plus forcer.
J'ai grincé des dents en me rappelant des efforts que j'avais fais auparavant. Pourquoi ne pouvais-je pas avancer ? Pourquoi ?!
J'ai senti une masse me pousser par la droite alors que je n'y voyais rien, et surprise, je me suis retrouvée par terre, les mains grattant le sol en ouvrant quelques plaies.
- C'est que t'es d'venue bien faible.
Mon coeur a fait un tressaut en reconnaissant la voix, et j'ai levé la tête pour voir ce visage familier. C'était comme refaire face à son cauchemar...
- Que...
- Oh ! On dirait que ma présence te choque !
Son sourire s'était transformé en un rictus qui me montrait à quel point nous nous détestions.
Mais sûrement pas pour les mêmes raisons.
- Tu ne pensais quand même pas que j'étais morte dans ce trou à rat ?
Elle s'avança à ma hauteur pour me surplomber, alors que j'étais comme clouée au sol. Elle sortit un couteau de sa botte et mit la pointe sous mon menton.
- Tu as aussi perdu ta voix ?
Je me suis rappelée de ce qu'il s'était passé, et j'ai serré les poings en contractant la machoire.
Comment pouvait-elle se trouver ici ?! Comment ?!
Elle allait dire quelque chose d'autre, mais je lui ai sauté dessus, en esquivant le couteau, et elle s'est défendue en me donnant un coup de genou dans le ventre. J'ai gémi sous la douleur, alors qu'elle me poussait loin d'elle en se remettant debout.
Merde alors.
Je me suis trop ramollie. J'allais me remettre sur pieds, mais elle arriva et me donna un coup de pieds dans l'abdomen pour me jeter comme un déchet.
- T'es vraiment pas drôle, Angely. Je pensais que tu serais plus forte, mais t'es toujours qu'un tas de merde.
Je tentais de reprendre mon souffle correctement, alors que j'essayais de me mettre assise, et je l'ai vu croiser les bras en me regardant avec mépris.
- T'es vraiment misérable. Un oeil en moins, des performances de merde. La ville t'a ramollie.
J'ai serré les poings avec rage, et je me suis levée pour foncer droit sur elle, malgré la douleur qui m'élançait dans ma jambe droite, et j'ai réussi à lui mettre une droite, ce qui l'énerva, au point où elle ramassa le couteau pour le placer sous ma gorge.
- Tu t'rappelles pas on dirait. Cette cicatrice hein...
Son regard fixait le mien, alors que je tentais de me libérer de sa prise.
- La ferme, grognais-je. T'aurais dû crever, espèce de sale ordure !
Son sourire s'est agrandi, et elle appuya sur mon cou avec son arme, alors que je sentais un filet chaud qui commençait à couler. J'ai entendu des bruits de pas, et j'ai détourné le regard un instant pour le voir sauter et la repousser fortement contre le sol, me libérant de sa prise. J'ai repris mon souffle en toussant.
- Angely ! Ça va ?! Et toi, t'es qui espèce de folle ?!
- Oh ! Le prince charmant est arrivé.
Je l'ai vu se lever en passant sa langue sur ses lèvres comme si elle était affamée, et elle partit en laissant son couteau taché de sang sur le sol.
- Où tu vas ?! Reviens !!!
Je me suis assise en me passant une main sur le visage.
Le passé rattrape toujours le présent... Et modifiera toujours le futur...
- Angely ! Tu vas bien ?!
Il s'était agenouillé à ma hauteur en passant un bras autour de moi, alors que les souvenirs cauchemardesques me revenaient en mémoire.
- C'était qui ?! Hé ! Réponds moi !
J'ai voulu me lever, mais ma jambe m'élançait, et il le remarqua. Il me souleva d'un coup, sans que je puisse protester et m'emmena vers un banc où il m'asseya.
- Tu m'expliques ?
Je ne sais pas quelle tête je devais tirer, mais ça devait être suffisant pour le faire peur vu la sienne. J'ai passé ma main gauche sur mon visage, alors que tous mes membres tremblaient, et il me serra dans ses bras fortement comme pour me calmer.
- Tout va bien, chuchota-t-il à mon oreille.
J'ai fermé les yeux en l'écoutant, et j'ai passé mes mains autour de lui.
- Je peux dormir avec toi ce soir ?
- Oui.
Peu à peu, j'ai cessé de trembler, et je me suis écartée de sa prise en remarquant que du sang avait élu domicile sur son t-shirt. J'ai passé ma main sur ma gorge, là où ma blessure avait arrêté de saigner et j'ai dégluti péniblement.
J'aurais pu mourir. Il suffisait d'un geste vif de sa part pour que j'y passe.
- Ah ! Vous étiez là !
Non... Non... Non ! Je ne pouvais pas croiser son regard à lui ! Pas maintenant alors que je venais de lui faire face !
- Angely ! Tu saignes !
J'ai senti ses doigts glacés sur mon cou, et je me suis écartée d'un coup, avant de me lever malgré la douleur afin de m'éloigner de lui. Nathaniel et Anthony ne comprenaient pas. Mais je ne pouvais pas lui expliquer. Surtout pas à Nath...
Non, ce serait...
J'ai senti les larmes me monter à l'oeil alors que je détachais mes cheveux comme pour m'en fair un bouclier.
Pour leur cacher la vérité.
- Explique-moi Lili ! Pourquoi cette fille t'a...
- Ça ne te regarde pas, crachais-je.
J'ai pris une inspiration pour ne pas reporter ma colère sur lui.
- Je te retrouve plus tard.
Et sur ces derniers mots, je me suis éloignée le plus rapidement possible, dans l'espoir qu'ils ne me suivent pas, comme mon passé le faisait.
Mais mon passé était là. Et je ne pouvais pas faire l'impasse sur ce qu'il s'était passé.
Elle en était la preuve vivante.
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A votre avis, qui est cette fille ?
Et pourquoi s'en est elle prise à Angely ?
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Xoxo
Lil'
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