Chapitre 2 : Le bon gars et le Don juan
Adrien continuait toujours d'être Adrien. Séances photos, cours de chinois, d'escrime, de piano... son planning était plutôt bien rempli. Et avec tout cela, il y avait le lycée. Son père souhaitait qu'il prenne des cours de gestion et de marketing pour qu'il lui succède éventuellement à la tête de l'entreprise familiale. En ce qui concernait la mode, les écoles ne pourraient jamais lui en apprendre autant que l'expérience qu'il avait déjà acquise.
Approchant les dix-huit ans, il avait maintenant plus de libertés. Tant et aussi longtemps qu'il respectait ses engagements, gardait la forme et la ligne, son père le laissait sortir avec ses amis. Puis il continuait à jouir d'une autre forme de liberté en tant que Chat noir. Il aimait particulièrement qui il devenait sous les traits du superhéros. Rien à voir avec l'image de bon garçon qu'il affichait dans sa vie de tous les jours. Puis, cela lui permettait de passer du temps avec Ladybug, la femme de ses rêves. Bien sûr, elle ne lui rendait pas ses sentiments, mais personne d'autre ne pourrait jamais lui arriver à la cheville. De plus, à travers leurs conversations, il avait compris qu'elle était toujours célibataire, malgré l'énorme béguin qu'elle avait pour je ne sais quel idiot. Comment pouvait-on être assez stupide pour ne pas répondre aux sentiments d'une fille aussi extraordinaire? En plus d'être brave, fière, engagée et intelligente, elle avait un sens de l'humour irrésistible et une beauté qui se comparait à celle d'une déesse. N'ayant d'autres permissions que d'être celui qui la protégeait inlassablement à chaque attaque, il s'y conférait avec tout l'amour qu'il avait pour elle. Aucun akumatisé ne pourra jamais même toucher sa Lady, tant qu'il aurait la force de l'empêcher.
Un autre de ses petits bonheur était les sorties qu'ils pouvaient se permettre avec ses trois meilleurs amis: Nino, Alya et Marinette. Nino et Alya était un couple officiel maintenant et lorsqu'il se retrouvait tous les quatre, ce n'était que du plaisir. Par contre, il était conscient de leur plan de le rapprocher de Marinette. À tout coup, il ignorait leurs sous-entendus et était ravi de voir que Marinette n'embarquait pas dans leur jeu. C'était vraiment une fille géniale : drôle, intelligente, talentueuse, attentionnée et indiscutablement attirante. Mais Adrien était un jeune homme très intense et maladivement fidèle. Il avait déjà eu certaines pensées impures envers la belle noire, mais, advenant le cas où elle aurait montré de l'intérêt, il y aurait tout de même résisté. Ce n'aurait pas été juste pour la jeune fille car, malgré ce que son corps lui dictait, son cœur était ailleurs. Sans Ladybug, il aurait peut-être eu un intérêt, mais... un monde sans Ladybug, on ne pouvait même pas appeler ça un monde... c'était tout simplement un cauchemar.
Il venait de terminer sa première semaine d'une nouvelle session au lycée. C'était vendredi et il retournait chez lui. Ce soir, ses amis viendraient passer la soirée au manoir. Gabriel Agreste n'était pas un idiot, il savait qu'il ne pouvait pas enfermer son fils éternellement mais il voulait conserver un certain contrôle sur l'image qu'il projetait. La solution qu'ils avaient acceptés d'un commun accord était qu'il pouvait inviter ses amis les soirs de fin de semaine pour passer la soirée et, si le besoin s'en faisait sentir, même la nuit. Il devait cependant se limiter aux individus que son père avait approuvés et s'assurer que cela ne nuisait pas aux engagements qu'il avait pris. Ainsi, il se garantissait que les possibles frasques de son garçon ne sortaient pas des murs du Manoir Agreste. Les amis les plus intimes d'Adrien étaient bien au courant qu'aucune publication compromettante ne devait ressortir de ces soirées, faute de quoi, il y aurait poursuite. Heureusement, ses trois meilleurs amis étaient finalement entrés dans les bonnes grâces de Mr. Agreste. Cela était dû au fait qu'ils avaient depuis longtemps prouvé que c'était ni la richesse, ni la popularité du modèle qui les intéressaient. Il approuvait particulièrement Marinette qui semblait avoir un talent particulier pour la mode. Il suivait discrètement le développement de sa carrière avec un grand intérêt.
Cette entente avec son père convenait tout à fait à Adrien. Sa chambre était plus qu'assez grande pour recevoir ses amis et elle était équipée pour faire durer la fête. Puis, il était facile de soutirer quelques bouteilles de vins en cuisine en plus de quelques succulentes bouchées concoctées par son chef étoilé. Pour couronner cette soirée qui s'avérait parfaite, son père était parti en voyage pour une semaine. Il n'aurait donc pas à affronter son regard qui demeurait, malgré tout, désapprobateur face aux petites soirées de son fils. À ce moment précis, Adrien était totalement heureux.
Son portable sonna. C'était Nino.
Adrien arrivait justement à la barrière. En entrant dans le manoir, il fit un détour par le bureau de Nathalie pour s'assurer qu'à la cuisine, tout avait été préparé tel que convenu. Il alla ensuite dans sa chambre en attendant ses amis.
Quand ses derniers arrivèrent et qu'Adrien leur ouvrit la porte de sa chambre, il ne put s'empêcher de sortir la tête dans le corridor à la recherche d'une troisième invitée. Déçu et un peu déstabilisé, il referma la porte et se tourna vers ses amis qui n'avaient pas remarqué son geste.
« Mari n'est pas avec vous? »
Alya pouffa de rire à la mention de sa BFF. « Mlle Dupain-Cheng a un rendez-vous galant ce soir. »
« Quoi? Mais avec qui? » Il avait le droit d'être étonné après tout, jamais Marinette n'avait semblé s'intéresser à aucun garçon. Elle en avait d'ailleurs déjà refusé plusieurs et elle n'avait pas mentionné qui que ce soit dans leurs récentes conversations.
« Un nouveau à son lycée qu'elle a rencontré lundi matin. » dit-elle d'un ton nonchalant. Elle était en fait absorbée par une critique du film de Ladybug qu'elle lisait sur son téléphone.
Un inconnu? Pourquoi Marinette avait-elle accepté l'invitation d'un inconnu? Il y avait pleins de bon garçons qu'elle connaissait et qui aurait facilement pu faire de bons candidats. Bon, il ne pouvait pas nommer, comme cela, de but en blanc, un jeune homme qui aurait pu être à la hauteur de cette demoiselle fabuleuse mais s'il y pensait un peu, il est certain qu'il aurait pu en trouver un. Un inconnu ne pouvait pas arriver comme cela et ravir le cœur de Marinette, c'était inconcevable. Qu'avait-il de si spécial pour qu'elle lui accorde cette faveur au premier regard? C'était inquiétant.
« Et tu la laisses sortir comme cela avec un parfait inconnu? » demanda-t-il à la jeune journaliste. Quelque chose dans son ton mis la puce à l'oreille d'Alya.
« Est-ce qu'Adrien Agreste serait jaloux? » dit-elle avec un sourire satisfait.
« Jaloux, non! Inquiet oui. C'est normal, Marinette est mon amie. Je ne veux pas qu'elle se retrouve dans les griffes de n'importe quel salopard qui ne la mate que pour son physique. Qui sait ce qu'il a en tête? »
« Calme-toi Agreste, Marinette est bien capable de se défendre toute seule. Je l'ai déjà vu dissuader des prétendants trop entreprenants d'un seul regard glacial. » Elle retourna à son article en laissant un Adrien complètement déstabilisé.
Des prétendants, quels prétendants? Et que voulait-elle dire par trop entreprenant? Qui avait voulu toucher à sa princesse? Bien sûr qu'il était inquiet, bien sûr qu'il était protecteur. Ce n'était pas de la jalousie, juste une belle marque d'affection. Marinette était une amie très chère, presque comme une sœur. C'était son devoir de surveiller les mâles carburant aux hormones qui tournaient autour d'elle. Si l'un deux s'avérait lui faire du mal, il aurait affaire à Chat noir assez rapidement.
Alya avait terminé sa lecture et elle observait Adrien qui composait avec son combat intérieur. Elle ne l'avait jamais vu ainsi auparavant. Elle savait qu'il avait beaucoup d'affection pour sa meilleure amie mais sa réaction dépassait un peu le cadre de l'amitié. Elle allait devoir éclaircir cela. Mais avant tout, elle voulait passer une belle soirée et pour cela, il fallait le ramener sur terre.
« Tu sais Marinette a toujours son téléphone sur elle. S'il y a quoi que ce soit, elle communiquera avec nous. Puis, elle a dit qu'elle viendrait nous rejoindre ici après. »
Cette dernière nouvelle lui redonna sa bonne humeur. Quoi qu'il advienne, ce ne serait pas avec ce type qu'elle finirait sa soirée. Et il allait s'assurer qu'il n'en mette pas trop en disant au revoir.
« Qu'est-ce que tu as prévu pour nous ce soir Mec ! » lui demanda Nino.
« Karaoké!!! » répondit vivement le jeune blond. Au même moment on cognait à la porte. « Et de bonnes victuailles comme d'habitude » Il alla ouvrir à l'employé qui leur apportait les bouchées et le vin. Puis, tous trois se lancèrent dans une lutte acharnée à savoir qui massacrerait le mieux sa chanson, tout en en se régalant et en arrosant cela de bon vin.
********************************************************************************************
De son côté, Marinette passait un moment plutôt agréable avec Vincent. Il l'avait invité dans un resto plutôt sympa. Il était très attentionné, plutôt charmeur et très drôle aussi. Il avait vécu toute sorte d'aventures et les racontait avec brio. Mais il savait aussi écouter et Marinette pu le faire rire avec ses péripéties de jeune fille malchanceuse et maladroite.
Vincent appréciait les moments qu'il passait avec la jeune styliste. Elle était intelligente et beaucoup plus intéressante que la blonde qu'il avait amené diner le soir précédent. Son regard était hypnotisant et il se mourrait de sentir sur lui ses lèvres douces et pulpeuses. Il sentait par contre qu'il aurait beaucoup plus de difficultés à avoir d'elle ce qu'il avait pu soutirer aux deux autres demoiselles qui lui avaient tenu compagnie cette semaine. Mais il se faisait un point d'honneur de toujours parvenir à ses fins.
Par contre, il se disait qu'il devrait se montrer plus prudent. Il s'était fait toute une réputation au dernier lycée qu'il avait fréquenté. Il avait peut-être trop abusé de son charme ou peut-être trop sous-estimé cette faculté qu'avaient les jeunes femmes à se communiquer certaines informations. Il en avait vite déduit qu'il s'était brûlé là-bas et en était arrivé à la conclusion que, pour pouvoir continuer à pratiquer son « hobby », il lui faudrait changer de lycée et jouer mieux son jeu, se faire plus discret et plus rusé. Fini pour lui les erreurs de débutant.
Il avait commandé une bonne bouteille de vin et constatait avec déception que la jeune fille touchait à peine à son verre. En fait, Marinette se conditionnait toujours à garder le contrôle dans des situations inconnues. Pas question pour elle de perdre la face. Il se dit avec un pincement au cœur qu'il ne tirerait probablement rien de bon de cette fille ce soir. Il faudrait qu'il travaille fort pour celle-là. Il avait discuté avec un garçon dans un cours qui lui avait appris que jamais Marinette Dupain-Cheng n'avait accepté un tel rendez-vous seul à seul. Pour cette raison en particulier, il était devenu important pour lui de remporter cette victoire, peu importait le temps que cela lui prendrait.
Le repas tirait à sa fin et il lui proposa de la raccompagner chez elle.
« C'est très gentil mais je dois retrouver des amis ce soir. »
« Je peux t'y déposer si tu le veux bien, cela t'évitera de marcher dans les rues froides de Paris. »
Elle accepta l'offre et prit son téléphone pour informer ses amis de son arrivée imminente.
***********************************************************************************************
Adrien avait finalement passé une soirée plutôt divertissante. Il en avait presqu'oublié Marinette et son prétendant inconnu. À eux trois, ils venaient d'entamer une troisième bouteille de vin et la soirée était encore jeune. Quand le téléphone d'Alya vibra et qu'il devina l'auteur du message, son cœur rata un battement. Qu'allait-elle lui annoncer?
« Marinette dit qu'elle sera là dans cinq minutes. Son copain vient la déposer ici »
« Je vais aller l'attendre à la barrière » dit promptement Adrien en sortant de la chambre.
« Mais qu'est-ce qu'il raconte? » demanda Alya en se tournant vers Nino. « Il n'est jamais venu nous chercher à la barrière. »
Nino haussa les épaules. Il n'avait pas vraiment d'opinion. Mais Alya refusait de lâcher prise maintenant. « Tu es certain que la fille dont il est amoureux n'est pas Marinette? »
« Il parlait d'une fille qu'il voyait tous les jours et avec lequel il pratiquait un sport ou quelque chose comme cela. Jamais eu mention de Marinette. »
Pendant ce temps Adrien se rendait à la barrière avec appréhension. Qu'allait-il lui dire pour justifier sa présence? Il essayait de préparer une réponse ou une explication puis décida d'arrêter de s'en faire. Elle ne s'en formaliserait probablement pas. Et de toute façon, avec sa double-vie en tant que Chat noir, n'était-il pas passé maître dans l'art de s'inventer des excuses?
Il n'eût pas à attendre bien longtemps avant qu'une voiture ne vienne s'arrêter devant le manoir. Adrien resta dans l'ombre et regarda les deux jeunes gens sortir de la voiture. À la lumière du lampadaire, il aperçut le visage de Marinette. Elle s'était légèrement maquillée, ce qui ne lui ressemblait pas. Adrien aimait le fait que Marinette boude toute forme de beauté artificielle mais il devait avouer que ces subtiles couleurs qu'elles avaient ajoutées l'avantageaient incontestablement. Lorsqu'il vit le garçon s'approcher d'elle il décida qu'il était temps de se montrer.
« Mari, tu es arrivée. J'avais peur que personne ne vienne te répondre à cette heure-ci alors je suis venu à ta rencontre. » Il figea en apercevant le garçon. Il connaissait bien ce visage, il connaissait bien sa réputation aussi. Ils avaient fréquentés le même lycée pendant un an et demi. Bien qu'Adrien s'était toujours bien entendu avec lui, il n'avait jamais approuvé la façon dont il traitait la gente féminine. Des trophées. Voilà comment il les voyait.
Vincent l'avait aussi reconnu. « Tu ne m'avais pas dit que tu étais ami avec Adrien Agreste Mari! »
« De très bons amis même! » Adrien espérait que le jeune homme remarque la légère menace que son ton voulait insinuer.
Il l'avait bien compris mais il trouvait cela plutôt risible que le modèle bon garçon, riche fils à papa, puisse éventuellement représenter une menace. Il devait sûrement éviter d'endommager son beau minois. Il tendit la main pour montrer sa bonne foi.
« Content de te revoir Adrien. »
Adrien lui serra la main à contrecoeur. Puis Vincent se tourna vers Marinette pour lui dire au revoir. Il se pencha pour l'embrasser et comme Marinette tourna son visage pour recevoir son baiser sur une joue, Adrien vit l'inconfort que le geste avait provoqué en elle. Il dût se retenir à deux mains pour ne pas tirer l'insolent par le collet pour qu'il décolle de là au plus vite.
« On se revoit demain? » Vincent baisa la main de Marinette qui rougit.
« Oui à demain » souffla-t-elle.
Après le départ de Vincent, Adrien et Marinette entrèrent en silence. Dans la lumière du grand hall, il eut une vision d'ensemble de son amie. Elle s'était vraiment surpassée pour ce rendez-vous. Il ne l'avait jamais vu aussi radieuse. Et le rouge que l'excitation avait fait apparaître sur ses joues la rendait encore plus désirable. Il bouillait à l'intérieur en se disant que ce n'était pas pour lui que la jeune fille était si lumineuse, si fébrile...
« C'est très gentil à toi d'être venu m'attendre » lui dit-elle avec un grand sourire.
Pour voir ce sourire, il recommencerait n'importe quand. Est-ce le rouge à lèvre qui rendait ses lèvres si invitantes? Si seulement, il pouvait l'embrasser, il lui montrerait ce qu'une fille comme elle méritait comme bonheur; pas un séducteur comme ce Vincent à la noix. Il lui montrerait ce que c'est d'être embrassé et caressé par quelqu'un qui la considérait pour tout ce qu'elle est et non seulement son physique. C'est de l'amour qu'elle méritait. Elle ne méritait pas de servir de trophée pour une ordure qui ne voulait qu'assouvir ses besoins primaires. C'était le genre de fille qu'on réveillait le matin avec des baisers dans le cou et des mots doux à l'oreille. Le genre de fille qu'on voulait faire fondre tranquillement comme un bon chocolat. Si seulement, il pouvait lui montrer...
« Ça va Adrien? »
« Euh, oui oui, désolé. C'est le vin qui fait effet je crois »
Elle le prit par la main pour aller rejoindre les autres. Sa main douce et chaude... il avait du mal à se contrôler. Ce contact ajouté aux images qu'il venait de se faire dans sa tête faisait en sorte que son pantalon semblait de plus en plus serré. Arrivé à la chambre, avant même que quelqu'un ne remarque quoi que ce soit, il alla s'enfermer dans la salle de bain. Il s'aspergea le visage d'eau froide pour reprendre ses esprits.
Qu'est-ce qui lui arrivait? Il ne pouvait pas laisser cette diablesse de Marinette le détourner de ses sentiments pour sa Lady. C'était sûrement l'alcool qui l'avait influencé.
Quand il fût calmé, il retourna rejoindre ses amis, bredouilla quelques excuses peu convaincante et ils se remirent au Karaoké.
Alya se dit en elle-même qu'il fallait qu'elle aille une conversation avec le jeune homme. Il l'avait vraiment bouleversé ce soir. Mais avant tout, elle devait tout savoir de la soirée que Marinette avait passée. Elle s'engagea dans une conversation que les deux filles gardaient discrète pour ne pas se faire entendre des garçons. Adrien jetait un regard jaloux de temps à autre en direction des deux amies. Lui aussi aurait voulu tout connaître des moments que la jeune fille avait passé avec le Don juan.
Quand la troisième bouteille de vin fût oubliée, ils se firent des lits de fortune question que tout le monde ait son petit confort et s'endormirent rapidement.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top