Une bouffée d'air frais
Je cours, si vite, je vole presque.
Le bruit de mes pas se perd, amorti par le lourd tapis de feuilles et de terre.
L'humus humide des sous-bois me rend invisible, silencieux.
Les branches des arbustes griffent mon pantalon.
Le vent souffle doucement, fait bruisser le feuillage et se mouvoir l'écosystème tout entier. Les tâches de lumière qui percent se déplacent au rythme de ce courant rafraîchissant.
Si on tend l'oreille, on peut entendre un petit ruisseau glouglouter.
Les chants des oiseaux résonnent et se font écho.
Tout à l'heure, en déboulant dans une clairière, j'ai croisé un chevreuil. La bête, majestueuse, avait levé la tête de son repas et plongé ses yeux sombres et envoûtants dans les miens.
Cela n'avait duré qu'une seconde à peine, peut-être moins.
J'étais reparti et il était retourné à ses propres occupations.
Je débouche soudain à l'orée du bois.
Une plateforme, quelques mètres d'herbe et de roche, pas plus, avant un vide vertigineux.
Je m'avance sur la bordure et m'arrête, essoufflé.
La forêt recouvre tout ce flanc de montagne, imposante, tentaculaire, mais des portions vierges d'arbres se dégagent parfois.
Le long de cette falaise, notamment.
La vue est splendide.
Tout se fond dans un camaïeu de verts et de bleus. L'horizon est brisé, invisible, par les montagnes alentours.
Chaque inspiration est un pur délice, renforcé par mon effort.
Je lève les yeux vers le ciel où seuls subsistent quelques filets moutonneux, blancs et solitaires.
La musique se déverse en moi, sublime cet instant grandiose.
Juste à la bonne intensité.
Les sons vibrent jusque dans mes os.
Le vent est plus fort, si près du vide.
Il rugit en rafales glacées. La chaleur crevante du soleil en semble presque inexistante.
Un sourire se dessine sur mon visage.
Ça en valait la peine.
Je suis resté longtemps sur cette corniche.
Seule âme humaine vivante à des kilomètres et des kilomètres à la ronde.
J'ai revu le chevreuil.
Il est passé, longeant la frontière des arbres. On s'est à nouveau observés, reconnus.
Le coucher de soleil a été l'apogée de la journée.
Le ciel s'est embrasé de couleurs, festival d'oranges, de roses et même de violets.
Il a recouvert les sommets, les entourant gracieusement de ses reflets dorés.
On aurait dit une explosion d'agrumes, du citron céleste au jus de pamplemousse coulant sur le flanc des montagnes.
Cette idée me fait sourire.
Cela fait bien longtemps que je n'ai pas mangé d'agrumes. Ce n'est pas de saison, encore moins de la région.
D'autant plus que je suis totalement seul depuis un moment.
Ce voyage n'a pas pour vocation de me faire rencontrer du monde.
La nuit glisse sur les cieux.
Maintenant que le soleil a disparu, elle arrive à grande vitesse.
J'ai hésité à rester sur mon bout de caillou pour dormir, mais j'y ai renoncé.
Trop d'inconnues sur la faune locale et les risques d'un tel environnement.
Je suis redescendu, encore plus rapidement qu'à l'aller.
Chaque enjambée me faisait voler, décuplée par la pente.
Mon sac me cognait le dos à chaque fois que je retombais.
J'ai fini par monter un bivouac dans un coin tout aussi tranquille, m'endormant à la lumière des astres froids dans l'obscurité.
Nul doute que ce détour dans mon expédition resterait ancré en moi, se teintant peu à peu des couleurs pastels de la nostalgie et des bons souvenirs.
~
Salutations !
Ce chapitre n'est pas vraiment en vers libre, ni en prose rythmée d'ailleurs, mais je l'aime beaucoup ^^
J'espère que vous l'aimerez aussi !
Je vous remercie encore pour tous vos votes et vos retours, c'est vraiment à la fois formidable et très instructif !
Petite info, je pense garder le rythme d'une publication toute les deux semaines à l'avenir ^^
(
Même si décidément, j'ai un peu du mal avec la ponctualité... •^•)
Aimez-vous, vous êtes incroyables.
Merci :)
PS : big-up au chevreuil, que j'ai vraiment rencontré :)
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