Foule solitaire
Volontés solitaires.
Certains ne semblaient pas comprendre que parfois le besoin de solitude se fait ressentir. Incisif. Impérieux.
Il se fait puissant, violent, et il s’agit alors de s’isoler.
Se couper du monde, se couper du temps, se couper de tout.
Je marche dans les rues, déambule, perdu au milieu de tous ces passants pressés.
Je suis invisible.
Suis la foule qui court comme un ruisseau, caillou roulant solitaire au fond du lit de cette rivière.
Je me fonds parmi les silhouettes, disparaît dans l'anonymat des lieux fréquentés.
Le soleil cogne et se réverbère sur les façades claires.
Il se lève étincelant et illumine de ses rayons chauds les rues déjà agitées.
On n'entend rien si ce n'est le brouhaha intense qui nous entoure.
Si puissant, si fort, qu'il forme une barrière insondable. On est enveloppé par le bruit, aussi agressé que protégé par lui.
Mon silence tranche avec cette rumeur infinie.
Il se perd parmi celle-ci.
Je gravis quelques marches, parcoure des rues peuplées de gens de toutes sortes et j'observe.
Les immeubles majestueux, les oiseaux de ville, les parcs, qui de loin en loin apportent un peu de verdure et brisent la monotonie du béton et de la pierre.
Les magasins, de luxe et plus populaires, restaurants chics et boui-boui pas cher.
Les touristes étrangers, groupes immenses et familles légèrement intimidées.
Les sportifs qui courent le long des quais, les chiens qui tirent sur leur laisse, les bébés en poussette.
Les travailleurs pressés, costards et mallettes, et les artisans, ouvriers et commerçants déjà levés depuis une éternité.
Il y a des jeunes qui rigolent et marchent ensemble, groupe de discussion joyeux et fatigué.
Quelques solitaires, les yeux rivés à leurs écrans ou fixant dans le vide leur destination.
Un ou deux excentriques, qui comme moi prennent le temps, simplement de respirer un instant. La plupart repartira aussi sec, plongeant à nouveau dans ces impétueux flots.
Le vent se lève à son tour et souffle.
Les véhicules qui passent y contribuent et déplacent sans les toucher nombre de déchets.
On pourrait croire que c'est paradoxal, plonger dans la foule pour s'isoler.
C'est plus simple que ce qu'il n'y paraît.
Face à une telle immensité, on peut être effrayé, se sentir diminué. On finit par s'y perdre et s'oublier.
On déambule pendant des heures, ne croisant jamais les mêmes personnes, découvrant chaque lieu d'un œil nouveau.
Et parfois, cela devient pesant.
Alors on revient sur nos pas, on rentre chez soi. On ferme la porte à clé.
On oublie la foule et le bruit.
Le calme pas tout à fait complet nous semble délicieux, parfait.
Et à présent, on peut vraiment apprécier cette tranquillité.
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