1: "Pour sauver qui? Elle ou vous?"
Il était tôt aujourd'hui, il était toujours tôt le samedi. Mais pourtant, Shota Aizawa était là de bonne heure, et marchait avec vivacité dans les couloirs désert de Yuei.
Pour Shota, lui qui, d'ordinaire, aimait tellement le calme, trouvait ce silence presque angoissant. L'angoisse, un sentiment qui ne l'avait plus quitté depuis le début de sa semaine. Seul le bruit de ses pas et de ses marmonnements lui étaient renvoyés par les murs du lycée, ce lycée regorgeant d'habitude de vie. Mais cette fois, il y était seul, seul avec ses pensées. Pensées, qui d'ailleurs divaguaient beaucoup trop à son goût. Il prit le temps de prendre une profonde inspiration et inconsciemment, alors qu'il se rapprochait rapidement de la salle de réunion du lycée, il avait accéléré la cadence de sa marche et refermé ses poings qui se balançaient régulièrement pour accompagner sa marche.
Il y était. C'était le moment où tout allait se jouer. Debout, face à cette porte qui aujourd'hui, lui paraissait bien plus imposante que les autres jours et semblait le défier, une nouvelle fois il fut envahi par l'angoisse. L'angoisse que son projet échoue, l'angoisse d'être impuissant, l'angoisse de ressentir à nouveau cet affreux sentiment dévoreur de l'échec. Il ravala sa salive difficilement. Tout lui semblait plus compliqué aujourd'hui, respirer, marcher, ouvrir une porte... Il se souvint alors, que dans ses années de lycéen, il avait également vécu cette situation, où tout semblait être hors de ses capacités à cause de l'angoisse qu'il ressentait.
Le professeur porta son regard vers le couloir et replongea à une époque, où tout était bien plus facile. Il se revoyait avancer d'un pas qui se voulait décidé vers cette porte qui, il s'en souvient maintenant, l'effrayait anormalement par rapport aux autres jours de l'année. C'est vrai que ce jour là aussi, il avait du mal à tout faire. Le jeune avançait difficilement, replié sur lui-même en se tripotant les mains. Il marmonnait dans sa barbe inexistante, se répétant les mots qu'il avait prît grand soin de choisir. Il était arrivé bien trop rapidement devant cette grande porte massive. Intérieurement, il avait bien eu envie de refaire un tour de couloir avant de se décider à enfin toquer. Mais en repensant à cet idiot de Hizashi il inspira profondément et leva son poing au niveau de la porte. Les quelques secondes qui s'écoulèrent entre le moment où il toqua et celui où on lui ouvrît lui avaient paru abominablement longues et rapides à la fois. Enfin, il leva les yeux vers le professeur qui remplaçait la porte et à cet instant, tous ses mots si soigneusement préparés, les dernières miettes de courage qui lui restaient, la faculté de respirer, tout, tout ça lui échappa. Face à lui le professeur haussa un sourcil devant cet élève qui le regardait avec des yeux ronds et se retourna vers l'intérieur de la pièce. Il parlait, Shota le savait bien mais il ne savait plus comment écouter ni comment reconnaître les sons. Finalement alors qu'il baissait les yeux, son regard croisa celui de Hizashi, qui le dévisageait avec des yeux ronds d'incompréhension, ne comprenant sans doute pas le but de sa venue. Pourquoi était-il venu déjà? Ah oui, pour aider cet idiot. Cet idiot qui une fois de plus avait fait le pitre mais était allé trop loin cette fois. Enfin, il avait retrouvé des poussières de son courage disparût et inspira profondément avant de se mettre enfin à parler.
À cette époque aussi, il avait eu du mal à tout faire. Mais le Shota lycéen avait réussi à agir, lui. L'heure n'était pas aux souvenirs et le trentenaire le savait bien. Il reposa ses yeux cernés sur la porte et toute trace d'angoisse disparue à l'instant même où son poing s'abattit sur ce qui n'était au final, qu'une vulgaire planche de bois.
«-Entrez Aizawa-sensei.»
Le proviseur et tout les autres professeurs étaient là, derrière cette porte qu'il ouvrît sans plus d'histoire. Tout les regards étaient tournés vers lui, Nemuri, Ken, Toshinori, numéro 13, Vlad, Hizashi... Le proviseur Nezu. Tous le fixaient en attendant. Mais en attendant quoi ? Qu'il parle ? Que le proviseur parle? Le héros prit une profonde inspiration en plantant son regard qui dégageait bien plus de vie et d'émotions qu'à coutume, dans les petits yeux noirs du proviseur, comme le souvenir de ce fameux jour qui le harcelait depuis qu'il s'était retrouvé devant la porte de cette pièce.
Comment avait fini cette histoire déjà ? Ah oui, bien. Ils n'avaient écopé que de travaux de remises en état en punition, ce qui n'était pas si mal comparé à ce qu'Hizashi aurait encouru tout seul. Mais aujourd'hui était différent de ce jour passé. Shota ne portait plus d'uniforme de lycéen, mais un costume de héros.
«-Monsieur Nezu, aujourd'hui je vous parle aux titres de professeur, de super héros, de collègue et de père. Il faut, que vous acceptiez Harumi.
-je vous écoute, l'étrange animal occupant le rôle de proviseur joignit ses pattes et y appuya sa tête.
-La présence de Harumi à Yuei serait bénéfique, autant pour elle que pour les élèves, et même les enseignants. Le professeur accompagna la parole par le geste en effectuant de petits mouvements avec ses mains comme pour appuyer ses paroles, ou se donner plus de contenance... Sa présence permettrait aux professeurs de varier leur manière d'enseigner face à une élève sortant des codes par rapport à ceux auxquels ils auront déjà eu affaire, et pour les élèves leur rappeler que tout le monde est différents, les aideraient assurément à améliorer leur relationnel. Quand ils deviendront des héros professionnels, le fait d'avoir été en contact avec quelqu'un qui les entraînait quotidiennement sans même qu'ils s'en rendent compte sera un plus considérable dans leur carrière. Et puis, juste pour elle, être en constant contact avec des super héros et des apprentis héros ne pourrait que l'aider. les héros enseignants assis autour des bureaux s'agitaient quelque peu, partageant entre eux leurs opinions divergentes.
-Monsieur Aizawa, j'entends bien vos paroles, mais insérer votre fille, s'avère être un pari risqué. Même dangereux pour les élèves.
-Pour des élèves qui ont déjà affronté une bande de vilains sans faillir. Ces élèves ont tous un très bon potentiel, alors un nouveau défis à relever ne serait pas grand chose pour eux. Ils sont fort, de vrais graines de héros.
-Mhh, Monsieur Nezu coucha une de ses pattes sur le bureau et de la seconde se frotta le menton en réfléchissant. Il savait que le professeur Aizawa n'était pas du genre à faire facilement des compliments, surtout à ses élèves, et le voir si sûr de lui donnait envie de croire en ses paroles. quand bien même...
-Monsieur le proviseur, les super héros ne sont-ils donc pas là pour sauver tout le monde?
-Mais dans le cas actuel pour sauver qui? L'animal s'appuya sur ses coudes pour s'avancer vers l'enseignant Elle ou vous, Aizawa?
-Le professeur resta silencieux un moment. Il avait la réponse à cette question depuis un moment, et il savait très bien que le proviseur l'avait également, mais il y avait tout un univers entre penser et dire. Pour nous sauver tous les deux.»
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