Chapitre 2 - Part 2


Après avoir passé la pause déjeuner dans les toilettes et survécu à une heure de mathématiques, je retrouve le bureau de Madame Félix, la psychologue.

En attendant dans la salle, mon téléphone vibre. Un message d'Arthur. Il veut me voir après les cours, au même endroit que d'habitude, dans le local de sport.

— Rosie, c'est à toi, annonce la secrétaire.

Je me lève, hésitante, tel un automate rouillé. La salle où je m'installe est petite, étouffante, et sent le renfermé. Comme tout dans cette école, elle baigne dans des teintes grisâtres, usées par le temps. Madame Félix m'accueille avec un sourire, mais il ne m'atteint pas vraiment. C'est pathétique de penser que cette femme est ma seule « amie ». La seule qui fournisse un effort pour me comprendre.

Mais bon, elle est payée pour ça.

Je m'assois sur le canapé, une relique des années quatre-vingt-dix, aussi vieux que le bâtiment lui-même. Je m'enroule dans mon sweat trois fois trop grand, ma main d'instinct posée sur mon pendentif.

Son pendentif.

Elle le remarque. Elle note quelque chose sur son bloc-notes avant de poser ses yeux sur moi.

— Un nouveau bijou ? demande-t-elle avec curiosité.

Je prends une profonde inspiration et détourne mon regard vers le tableau miteux représentant un port, coincé entre ses diplômes d'université moyens.

— Il me l'a donné.

Son expression change, ses sourcils s'aplatissent. Elle ne sait pas exactement de qui je parle, mais elle comprend. Elle sait qu'il m'a fait pleurer, assez pour que je finisse ici, à plusieurs reprises, en larmes.

— Tu le vois toujours ?

Je réfléchis un instant avant de répondre.

— Oui... mais je pense que ça ne va pas durer.

Elle note quelque chose d'autre. Je déteste quand elle fait ça.

— Tu penses que ce collier change quelque chose ?

Un frisson me parcourt l'échine et l'image du corps de Mara refait surface.

— Non, je crois qu'il a juste pitié de moi.

Elle me regarde, attendant que je développe.

— Pourquoi ça ?

— Il me l'a dit, tout simplement.

Son regard se durcit légèrement, frustrée.

— Il est toujours avec l'autre ?

Je jette un coup d'œil par la fenêtre. Dehors, l'équipe de rugby s'entraîne sous la bruine dans leurs shorts moulants. Je repousse la question.

— Non.

Elle s'apprête à dire quelque chose, mais je l'interromps avant qu'elle puisse parler de Mara.

— Je ne veux pas en parler.

Elle acquiesce, compréhensive.

— Alors, dis-moi ce qui te gêne, Rosie.

Je la fixe un moment. Ce serait plus simple de me demander ce qui va bien dans ma vie, parce que la liste de ce qui ne va pas est bien plus longue.

Rien, rien ne va.

Mes pensées dérivent vers Arthur, probablement en train de m'attendre dans le local de sport alors que les garçons commencent à quitter le terrain. Je comprends que je dois donner quelque chose si je veux partir de là.

— Mes parents vont s'entretuer, et j'espère qu'ils vont divorcer. Je suis amoureuse d'un gars qui me traite comme une merde et j'ai peur de dormir.

— Ne penses-tu pas que tout est lié ? La relation de tes parents, et la tienne.

Elle me fixe un instant, sa plume toujours prête tandis que je croise les bras, serrant encore plus fort mon sweat autour de moi. Elle soupire doucement.

— Rosie, je sais que ça te semble déconnecté, mais souvent, on reproduit des schémas qu'on connaît. La relation de tes parents... peut-être qu'elle influence la façon dont tu te laisses traiter par cet homme.

Je serre les dents. C'est le genre de phrase que je déteste entendre, celle qui me fait sentir comme si tout était ma faute.

— Ça n'a rien à voir, dis-je sèchement. Ce n'est pas pareil.

Elle penche légèrement la tête en avant, comme pour m'encourager à poursuivre, mais je n'ai rien à ajouter.

— Peut-être que ce n'est pas la même situation, continuelle calmement. Mais tu te retrouves dans une relation où tu ne te sens pas respectée. Comme ce que tu décris chez tes parents. Tu mérites mieux, Rosie.

Je ris, sans joie. Le son de ma propre voix me surprend presque.

— Mieux ? Je ne mérite rien. Pas mieux, pas pire. Je suis là, c'est tout.

Elle fronce les sourcils, mais garde son calme.

— Tu dis ça parce que c'est ce que tu ressens en ce moment. Mais c'est faux, Rosie. Tu vaux quelque chose. Tu as de la valeur.

Ce genre de discours, je l'ai entendu trop de fois. Comme si des mots pouvaient effacer tout ce que je ressens, comme si c'était aussi simple.

— Si vous croyez que je mérite mieux, alors pourquoi tout dans ma vie est un tel désastre ? Pourquoi je me sens aussi vide ?

Elle pose doucement son bloc-notes sur ses genoux, se penchant un peu vers moi.

— Ce n'est pas une question de mérite. C'est une question de circonstances, de choix... et tu peux encore faire des choix qui t'aident à sortir de cette situation.

Je reste silencieuse, mes doigts toujours sur le pendentif.

— Est-ce que tu crois vraiment que tu vas pouvoir continuer ainsi ? Avec cet homme ? Avec ce qu'il te fait ressentir ?

Je baisse les yeux, évitant son regard.

— Je ne sais pas, finis-je par murmurer.

Elle se redresse légèrement dans son fauteuil, son stylo en suspens au-dessus du bloc-notes.

— Ce que tu décris, Rosie, ce n'est pas une relation saine. Tu sais ça, n'est-ce pas ?

Je sais bien qu'elle a raison. Une part de moi le sait. Mais l'autre... l'autre veut croire qu'Arthur ressent quelque chose pour moi, qu'il n'est pas juste ce type horrible que tout le monde pense.

— Ce n'est pas si simple, soufflé-je en détournant le regard. Il souffre aussi, Madame Félix. Il ne veut pas que ça soit ainsi, je le sais. Je l'ai vu pleurer. Il m'a tenu contre lui, je... je sais qu'il ressent quelque chose.

Mes mots sont faibles, hésitants. Je ne suis même pas sûre d'y croire moi-même.

— Peut-être qu'il souffre, concède-t-elle doucement. Mais ça ne change pas la façon dont il te traite. Ce que tu me décris, Rosie... ce n'est pas de l'amour.

Je ferme les yeux, les souvenirs affluent, violents. Des moments où Arthur m'a laissée seule, abandonnée, brisée. Comme cette fois sur le stade, après qu'il m'a prise dans ma voiture, et qu'il est parti sans un mot. Juste après, j'étais restée là, les jambes tremblantes, à me demander pourquoi je m'infligeais ça. Mais je l'ai fait. Encore et encore.

— Rosie, tu mérites mieux que ça, me dit-elle finalement. Sa voix est douce, presque réconfortante.

Je secoue la tête, incapable d'accepter ce qu'elle dit.

— Non... non, je ne pense pas, murmuré-je, la gorge serrée.

— Pourquoi pas ?

Je lève enfin les yeux, plongeant dans son regard.

— Parce que... parce que si je méritais mieux, ça serait déjà différent. Tout serait différent. Mais ça ne l'est pas.

Quand la séance se termine, Madame Félix me conseille encore une fois de bien dormir. Elle me dit que tout irait mieux si je laissais tomber Arthur et m'offrais enfin une vraie nuit de sommeil. J'acquiesce, mais ses mots glissent sur moi sans vraiment m'atteindre. Le genre de conseil qui paraît facile à donner, mais impossible à suivre.

En quittant le bureau de Madame Félix, le hall du lycée est étrangement silencieux, presque vide. Mes pas résonnent légèrement, mais ce qui me surprend le plus, c'est de voir mon père en pleine conversation avec Madame Hartal, la proviseure. Ils sont debout, assez proches l'un de l'autre, leurs corps penchés l'un vers l'autre, comme s'ils partageaient un secret.

Quand il m'aperçoit, mon père me sourit et s'avance pour me retrouver. Madame Hartal garde son sourire, mais il y a quelque chose de légèrement trop chaleureux dans sa manière de le regarder. Ça me met mal à l'aise. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'ils couchent ensemble. Une pensée qui m'envahit d'un dégoût étrange, mais plausible, vu l'air confiant et suffisant qu'il affiche toujours.

Non, ma relation avec Arthur n'a rien à voir avec celle de mes parents.

Mon père, avec son allure imposante, reste intimidant le chef de la police. Même à quarante ans passés, il garde cette stature athlétique, ses épaules larges, et pas un cheveu blanc en vue. C'est comme s'il refusait de vieillir, de se laisser atteindre par le temps. Il se tient droit, une main posée nonchalamment sur son arme de service, sa mâchoire carrée crispée.

— Tu devrais parler à maman, dis-je finalement, d'une voix hésitante.

Il soupire lourdement, son regard se tournant un instant vers Madame Hartal. Elle ne dit rien, mais je remarque que son sourire s'efface légèrement. Ses yeux restent un peu trop longtemps sur lui avant qu'elle ne détourne le regard vers la fenêtre.

— Désolé pour hier, murmure-t-il.

Hier... Les cris.

Il ne s'excuse jamais vraiment pour les choses importantes. Ses mots restent vagues, comme s'il espérait que je devine ce qu'il ne dit pas.

— Apparemment, tes résultats sont toujours aussi brillants, lance-t-il avec une fausse nonchalance, comme si ça pouvait effacer le reste.

Je l'ignore. Parler de mes notes est la dernière chose dont j'ai envie. Il sait que ça ne me préoccupe pas. Je sens Madame Hartal jeter un rapide coup d'œil dans ma direction, son expression passant de neutre à curieuse. Et mon père continue.

— Et... apparemment, la mort de Mara n'était pas un accident, ajoute-t-il, me fixant comme s'il attendait une réaction.

Je me fige. Pourquoi me dit-il ça ? Pourquoi ici, à la prépa, alors qu'on n'a jamais vraiment parlé de Mara ?

— Sinon, tu ne serais pas ici, je me contente de répondre.

Il ouvre la bouche, mais je ne lui laisse pas l'occasion de continuer. Je tourne les talons et m'éloigne, mes pas plus rapides. Cette conversation me laisse une boule dans la gorge. Derrière moi, je sais qu'ils me regardent encore. Mon père, avec ses sous-entendus, et Madame Hartal, avec cette ambiguïté qui flotte entre eux.

Fuck them.

Je marche vers la sortie, perturbée, mes pensées en désordre. Je compte mentalement, cherchant à calmer le chaos dans ma tête. Un pas après l'autre je vais y arriver. L'échange avec mon père a réveillé des questions que je tente d'éviter. Si Mara n'avait pas sauté... quelqu'un l'aurait-il poussée ?

Sur le chemin, je croise quelques élèves assis dans l'herbe, profitant des derniers rayons de soleil. Julie est là, un livre à la main. Elle me sourit doucement tandis que je presse le pas. Peut-être qu'elle veut être mon amie, mais l'idée me fait peur. Je ne veux pas de cette proximité, je ne veux pas partager cette partie de moi avec quelqu'un d'autre.

Personne d'autre qu'Arthur. Personne.

Les élèves commencent à se disperser, certains s'attroupent pour prendre leur bus, d'autres se dirigent tranquillement vers leurs voitures. Moi, je m'éloigne du lot, je prends le chemin du terrain de sport, à l'abri des regards. C'est plus facile comme ça. Mais en même temps, une voix dans ma tête me dit que je devrais faire demi-tour.

Je m'arrête un instant. Arthur ne me respecte pas.

Madame Félix n'a cessé de le répéter, encore et encore.

Il est mauvais pour moi.

Ses mots tournent en boucle, et je sais qu'elle a raison. Mais mes pieds continuent d'avancer. Mon corps agit par habitude, par besoin, comme si je ne pouvais pas m'empêcher de retourner vers lui.

Ma fleur dans mon cimetière.

J'arrive sur les gradins, je m'y assois. Le terrain est vide, au fond trône le local. La petite structure grise ressemble au reste de l'école, un bâtiment industriel, construit dans les quatre-vingt-dix. C'était là que j'avais couché avec lui pour la première fois. C'était là que j'avais fait ma première fois. Dénuée de baissée, de caresse, je cherchais juste cette proximité, cette attention que personne ne m'avait donnée.

Je ne méritais pas plus.

Je reste perdue dans mes pensées, et c'est là que je le vois. Adossé contre le cabanon, il attend. Je refuse de bouger. Une envie irrésistible me donne envie de courir vers lui et me nicher dans ses bras. Mais Arthur ne me prendrait pas dans ses bras, il me retournerait et me ferait l'amour sur de vieux tapis de gym.

Arthur n'écouterait pas ce que j'avais à lui dire.

Je reste là un moment à le dévisager. Les paroles de ma psy tournent en boucle dans ma tête, et les images de mes nuits entières passées à pleurer, entre mes cauchemars et mes souvenirs deviennent subitement trop douloureux. Mon téléphone vibre, l'écran s'allume.

J'ai n'ai pas toute la journée.

Pour la première fois, un éclat de colère grogne en moi. Spontanément j'attrape le collier et le balance sur le sol. Il roule entre les gradins avant de se loger sous une estrade. Je me lève pour retourner vers le parking, là où mon vélo m'attend.

Pour la première fois je dis non.

***

Quand je sors du lycée, mon père est là, adossé à son pick-up, mon vélo déjà chargé à l'arrière. La voiture sent étrangement un parfum féminin, mais je n'y prête pas attention. À vrai dire, je m'en moque. Je m'installe sur le siège passager, fixant la route qui défile, comptant les arbres et les maisons le long du chemin.

— On peut passer au centre commercial ? demandé-je soudain, brisant le silence.

Mon père lève les sourcils, surpris. Ce n'est pas mon genre de demander des choses, encore moins de parler.

— Tu as besoin de quelque chose ? me demande-t-il, son ton plus curieux que concerné.

— J'aimerais... me maquiller, dis-je en jouant nerveusement avec les manches de mon sweat.

Je m'attends à une moquerie, un rire, mais au lieu de ça, il sourit doucement.

Ça me surprend.

— Tu ne veux pas demander à ta mère de t'aider ?

Je continue à tordre mon sweat entre mes doigts, évitant son regard.

— Si tu ne veux pas, j'irai à vélo, j'ai de l'argent de poche.

Il soupire, puis fait demi-tour sans un mot, direction le centre commercial. C'est rare que je lui demande quoi que ce soit, et je sens qu'il est content, même s'il ne le dit pas.

Papa n'est pas bavard. Je tiens ça de lui. Il n'est pas parfait, loin de là. Je sais ce qu'il fait à maman, je sais que parfois, ses coups partent trop facilement. Mais malgré tout, c'est mon père.

Et d'une certaine façon, je l'aime.

Même s'il trompe ma mère, même si ça me dégoûte, je me sens plus proche de lui qu'elle. Parce que je comprends. Je comprends que ma mère, parfois, peut être un poids.

Au centre commercial, une conseillère m'aide à choisir du maquillage. Elle prend plaisir à tout me montrer, et bientôt mon panier est rempli : fard à paupières, rouge à lèvres, fond de teint, eyeliner, et tout ce qu'il faut. Mon père, à côté de moi, a l'air complètement perdu, mais il semble heureux, maladroitement. Je ne sais pas si c'est à cause de la vendeuse qui lui fait les yeux doux ou parce qu'il voit sa fille s'intéresser enfin à des trucs « féminins ».

Il fait nuit quand on rentre à la maison, et maman nous attend dans la cuisine. Quand elle aperçoit mes achats, elle sourit. Elle se précipite vers moi, pleine de conseils sur le maquillage et ma « complexion parfaite ».

Pour une fois, on partage un moment. Après une complicité rare avec mon père, c'est maintenant avec maman. Pendant que les pizzas cuisent, elle m'installe sur la table de la cuisine et sort son propre arsenal de maquillage, le comparant au mien.

Maman détonne dans cette petite cuisine jaune moutarde. Avec sa cigarette au bec, elle a l'air fatiguée, presque pathétique. Elle est grande, mince, avec un visage autrefois doux, mais les années l'ont usée. Ses cheveux noirs ont été teints en un blond terne, et sa bouche, autrefois pulpeuse, est marquée de rides. Mais là, sous la lumière tamisée de la cuisine, elle semble heureuse.

— Le rouge sombre t'irait bien, dit-elle en me tendant un tube de rouge à lèvres à peine entamé. Avec ton teint pâle, tout te va.

— Merci, maman.

— Pourquoi tu ne m'as pas demandé de t'aider ? demande-t-elle en appliquant du blush sur mes joues.

Je jette un coup d'œil vers le salon où mon père est assis, rivé sur un débat politique.

— Je pensais que tu voulais que je passe plus de temps avec papa, dis-je doucement.

Je crois voir une lueur de tristesse dans ses yeux, mais elle l'efface rapidement. Elle se concentre sur mon maquillage, et je me sens étrangement bien sous ses pinceaux et les crèmes parfumées.

— J'ai une robe qui irait parfaitement avec ça, ajoute-t-elle en souriant.

— Maman, tu as déjà refait ma garde-robe hier, dis-je en riant légèrement.

Elle vérifie les pizzas avant de revenir vers moi, l'air visiblement satisfait.

— Regarde-toi, tu es magnifique.

Je me tourne vers le miroir accroché à l'entrée de la cuisine. Mes yeux noirs me renvoient mon propre reflet, et mon teint pâle est maintenant sublimé par le maquillage. Mes lèvres pourpres, mes cheveux noir corbeau... Maman a raison. Je me trouve belle. Mais cette impression ne dure pas.

— C'est pour un garçon tout ça ? demande-t-elle.

Le visage d'Arthur remplace mon reflet dans le miroir, ses traits durs et son regard indifférent. Ma bonne humeur s'envole.

— Non, dis-je froidement.

— Pourtant, je t'ai vue avec le petit Rousseau hier, continue-t-elle, sans se douter de ma gêne.

Je repense à la scène, au collier que j'ai jeté dans les gradins.

Il n'est pas bon pour toi.

— Il sortait avec Mara, dis-je simplement.

— Et elle est morte, non ?

C'est à ce moment que mon père et mon frère entrent dans la cuisine, attirés par l'odeur du repas.

— Super, maman, maquille-la comme une pute et elle finira comme toi, lance mon frère avec dédain en sortant les pizzas du four.

Le silence s'abat dans la cuisine. Mon cœur rate un battement, mais personne ne réagit à ses mots. Mon père se contente de sourire légèrement avant de me dire :

— Tu es magnifique comme tu es, Rosie.

Et malgré tout, une part de moi le croit.

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