Chapitre 13 - Partie 2

— Rosie, murmure-t-il, presque tendrement. Pourquoi t'es partie comme ça ?

Je ne réponds pas, je reste là, le visage tourné vers le bitume, les mots coincés dans ma bouche.

Il pousse un soupir, glisse un bras autour de mes épaules et me tire doucement vers lui.
— Allez, viens. On va rentrer. On va se poser au calme, dans ma chambre. Juste toi et moi, d'accord ?

J'aquiesse, incapable de parler. Jules se lève, m'aide à me redresser, et me tient par les épaules alors qu'il m'accompagne lentement vers la maison.

Non. Fait demi tour.

Arrivés à l'intérieur, il me conduit directement vers sa chambre, loin du bruit de la fête. La musique et les rires s'estompent derrière nous tandis qu'il ferme la porte, nous isolant dans une bulle de silence. La chambre est plongée dans une semi-obscurité, à peine éclairée par les guirlandes lumineuses qui clignotent faiblement aux murs.

— Assieds-toi, dit-il doucement, en me guidant vers le lit.

Je m'assois, un peu raide, les mains nouées dans mon giron. Jules s'installe à côté de moi, s'approchant juste assez pour que je sente sa chaleur. Il est ivre, mais ma crise semble lui avoir remis les idées en place.

— Rosie... je sais que ça va pas fort en ce moment. Et je sais que tu penses que t'es seule, mais je suis là, tu sais. Pour toi. Quand tu veux.

Il prend ma main dans la sienne, ses doigts chauds et fermes autour des miens. Son regard est plus doux maintenant, moins arrogant, comme s'il laissait tomber un masque. J'ai du mal à y croire, mais une part de moi a envie de se laisser bercer par ses paroles. De ne pas noyer seule.

— Tu peux compter sur moi, répète-t-il, sa voix basse et rassurante. Je serai là.

. Les mots sont là, des promesses que je n'attendais pas de lui, et pourtant, ils apaisent un peu la douleur qui me retourne les entrailles. Je ne veux pas le croire, pas vraiment, mais en cet instant, je me dis que peut-être... peut-être qu'il est sincère.

Jules glisse un bras autour de mes épaules, m'attire doucement contre lui. Je pourrais résister, m'écarter, mais je n'en ai plus la force. Alors je me laisse faire, je me laisse aller. Je pose ma tête contre son épaule, et il passe sa main dans mes cheveux.

— T'es pas obligée de tout porter toute seule, Rosie, murmure-t-il près de mon oreille. Tu peux laisser quelqu'un t'aider.

Je ferme les yeux, me laisse envelopper par la chaleur de ses bras. Pour la première fois, je me sens un peu moins seule, un peu moins perdue. La respiration de Jules est calme, régulière, et elle finit par me bercer.

Mais pas l'oublier.

Je lève les yeux vers lui, et à cet instant, quelque chose change. Peut-être est-ce le silence, ou cette intimité fragile, ou le besoin désespéré d'oublier, mais je me surprends à vouloir plus. À vouloir qu'il continue de me regarder comme ça, à vouloir qu'il m'aide à chasser cette douleur, même si ce n'est que pour ce soir.

Juste au moment où je sens ses lèvres frôler les miennes, mon regard se tourne, presque malgré moi, vers la fenêtre. Et là, sur le porche, immobile, je le vois.

Arthur.

Son visage est figé, à moitié dissimulé par l'ombre, mais je capte la lueur dans ses yeux. Un mélange de surprise, de colère, peut-être... ou autre chose. Il me regarde comme s'il venait de découvrir un secret. Comme s'il voyait quelque chose qu'il n'était pas censé voir.

Mon cœur se serre, mais je ne bouge pas. Au lieu de ça, je me laisse aller contre Jules, presque par défi. Comme si l'image d'Arthur, debout sur le porche, me poussait encore plus à m'abandonner. C'est un mélange de provocation, de désespoir, et quelque part, de besoin. Besoin de prouver quelque chose, à lui, à moi.

Jules murmure quelque chose contre mes lèvres, et je reviens à lui, mes doigts se refermant sur son bras. Ses lèvres se pressent sur les miennes, et cette fois, je réponds au baiser, avec plus d'intensité. Comme si je pouvais effacer Arthur de ma tête, comme si ça pouvait rendre les choses plus simples, moins douloureuses. Comme si ça pouvait m'aider à tourner la page.

Mais même en fermant les yeux, l'image d'Arthur reste là. Gravée dans mon esprit, indélébile.

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