Chapitre 10 - PART 2


La musique bat toujours dans mes oreilles, tandis qu'une dernière goulée de bière me brûle la gorge. Je la laisse descendre lentement, espérant qu'elle me donne du courage. Elle m'échappe, Mara, et pourtant, une part de moi s'accroche, incapable de rompre ce fil qui nous retient l'un à l'autre.

Jules me tire de mes pensées, adossé contre le mur, bras croisés, les yeux plissés sous la faible lumière.

— Tu es là, mec ? il demande, un soupçon d'inquiétude dans la voix.

Je détourne les regard et prends une nouvelle gorgée, alors que quelqu'un éclate de rire sur la piste de danse.

— Ouais... juste fatigué, je mens

Je m'arrête, respire. La suite de mes mots me brûle, pourtant je lâche tout d'un coup, sans le réfléchir.

— Mara et moi... c'est fini. Il y a un autre mec. Et moi...

Jules se contente de me regarder, sans rien dire. Il est mon ami, j'aurais dû lui parler à lui plutôt que Rosie. Mais comme à chaque fois que je la trouve, j'en perds mon bon sens.

— Toi aussi, tu as quelqu'un ? Il souffle.

Je ris, amer, sans oser répondre. Il reprend aussitôt, plus sérieux :

— Mara a parlé à Julie, tu sais. Elle pense que... enfin, elle croit que tu aimes bien Rosie.

Le nom de Rosie résonne en moi comme les soupirs d'un fantôme. Mon regard traverse la pièce, vers les ombres frémissantes d'amis, d'inconnus. Ils dansent et rient, ils s'éclatent, mais je ne peux pas suivre leur rythme.

— Non... je veux juste arrêter d'être le gars qu'on prend pour un con, je murmure, trop bas pour que Jules m'entende vraiment.

Il ouvre la bouche pour répondre, mais je m'éloigne déjà, m'enfilant le reste de ma bouteille. Je me dirige vers Mara, debout près de Clara. Elle m'aperçoit, esquisse un sourire, un peu trop calculé, trop faux. Je la prends par le bras, doucement, mais avec assez de fermeté pour qu'elle comprenne.

— Faut qu'on parle.

Elle ne proteste pas, me suit en silence jusqu'à sa chambre. La pièce m'a toujours dérangé. Les murs rose pâle, les étagères croulant sous les trophées, les poupées de porcelaine figées dans une éternelle innocence.

Chose qu'elle n'est plus depuis longtemps.

Mara s'assied sur le lit et m'invite d'un geste à la rejoindre. Mais je reste debout, les mains enfoncées dans mes poches. La veilleuse en forme d'ours projette des ombres vacillantes sur son visage, illuminant sa beauté glaciale qui me laisse sans voix. Elle est assise là, droite, magnifique et impénétrable, son regard figé sur moi, un mélange de colère et de déception dans ses yeux. Ses lèvres, autrefois douces, se crispent en une fine ligne, et ce visage si familier, qui m'a tant fait sourire, me parait soudain si distant.

Autour de nous, les poupées nous observent de leurs perchoirs sur les étagères. Les murs roses, les trophées, tout ici respire son passé, son enfance, un monde auxquels je n'ai jamais vraiment appartenu. Je suis présent, mais aussi distant et accablé, comme attiré par les ténèbres.

Elle brise le silence d'une voix tranchante :

— Alors, tu voulais parler ?

Je déglutis, ancrant mes yeux au sol. Finalement, je me décide à parler.

— Mara... je pense qu'on devrait prendre de la distance.

Soudain, ses yeux se plissent et sa bouche se durcit. Elle attend.

Ces moments, où elle me terrifie. Alors je continue, espérant combler le vide.

— Je veux qu'on reste amis. Que ça redevienne... simple. Parce que... on n'a plus ça, toi et moi.

Elle répète, glaciale :

— « Ça » ?

Les mots m'éludent et elle me devance, déformant mes mots avant de m'arrracher mon libre arbitre.

— Tu veux rompre parce qu'on ne couche pas assez ensemble ?

— Non ! je réplique, stupéfait.

Tout à coup, elle retire son haut, dévoilant sa lingerie noire, son regard enflammé, défiant. Ce n'est plus l'amie que j'ai connue. Elle avance, et je recule, tel un animal pris au piège.

— Alors pourquoi ? elle murmure tandis que j'ai rêve de m'effacer dans le mur recouvert de papier peint.

Je sens mes mots s'imposer sans que je les contrôle.

— Parce que je n'aime pas ce qu'on est devenu. Parce que... je n'aime pas ce que tu fais aux autres.

Elle suit mon regard, ses traits se durcissent, sa mâchoire tremblante.

— C'est elle, pas vrai ? Rosie.

Je hoche la tête, la gorge nouée.

— Non, je lâche à peine audible.

Mais je le sais.

Sans Rosie, je n'aurais jamais vu tout ça, jamais remarqué cette distance entre nous, ce fossé grandissant.

Ou peut-être qu'il ne m'aurait pas importé.

— Je ne la laisserai pas t'avoir, murmure-t-elle, à bout de souffle.

Dans ma poitrine, né une étincelle de colère et je déglutis avant de répondre.

— Je ne suis pas ta propriété, Mara.

Je ne suis pas ma mère. Je ne suis pas la victime de mon père.

Elle redresse le menton, la voix cassante :

— Tu es saoul, Arthur. Tu divagues. Reprends-toi.

Cette voix... glaciale, coupante. C'est celle que m'a montrée Rosie, cette fille sans défense qui a trouvé son chemin dans mes défenses.

— Mara...

Elle coupe, ferme et tranchante :

— Cette conversation est terminée.

Elle ramasse son haut, se retourne pour quitter les yeux. Mais je lui attrape le bras, ma main tremblante.

— Pourquoi, Mara ? Tu crois que je ne sais pas ? Il y a quelqu'un d'autre.

Elle arrache son bras de mon emprise, ses iris flamboyants de rage.

— Tu ne m'abandonneras pas, Arthur. Pas pour elle.

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