Chapitre 12

           

-Loulou ?

Louis posa son bol dans l'évier et se retourna vers sa petite soeur.

-Oui Daisy ?

-On va à la plage cette après-midi ?

-T'as demandé à maman ? Mais je pense que oui, chaton. 

-Mais toi tu viens plus avec nous.

Louis sourit et s'agenouilla à sa hauteur.

-Ne t'inquiètes pas, maintenant je vais venir.

-Pourquoi tu venais pas avant ?

-Parce que... j'avais un ami. Mais on est plus ami.

-Pourquoi ?

-C'est des histoires d'adultes mon coeur, t'es trop petite pour savoir ça. Ou est Phoebe ?

-Dans le salon, elle regarde la télé avec mamie.

-Vas la retrouver, ok ? J'ai des trucs à faire mais cet après-midi je viens à la plage alors on fera un château de sable ensemble, si tu veux.

-D'accord !

La petite fille partit en courant dans le salon et Louis se releva. Il n'avait pas vu Malek en partant de son appartement, la veille. Il était sorti en pleine nuit, les cheveux en bataille, son t-shirt à l'envers. Et il avait fini allongé par terre dans la lande juste en face de la maison. Quand il avait eu froid, il avait regagné sa chambre. Il se sentait juste... Affreusement mal. Malek l'avait entendu prononcer le prénom d'un autre et c'était... Plutôt humiliant ? Pour eux deux en fait. 

Louis avait vraiment, vraiment un problème. 

Fantasmer sur Harry. 

Une sirène.

UNE SIRENE. 

Il allait falloir qu'il l'imprime et qu'il se le colle sur le front ou... bref. 

Il monta dans sa chambre et sortit son ordinateur. Il avait promis un Skype à Liam, et même si il n'en mourrait pas d'envie, il éprouvait un certain besoin de retrouver le visage familier et rassurant de son meilleur ami. 

Liam décrocha presque immédiatement. Il était visiblement avec son téléphone puisqu'il marchait dans la rue, ses écouteurs dans les oreilles. 

-Salut Lou !

-Salut.

Liam allait apparemment très bien puisqu'il commença à raconter - à une vitesse assez hallucinante – tout ce qu'il faisait avec Lya – la femme de sa vie – et à décrire toutes ses qualités. Louis l'écouta, un petit sourire aux lèvres. C'était agréable de voir Liam aussi heureux, lui qui allait d'échecs amoureux en échecs amoureux depuis qu'il le connaissait. Lya avait l'air d'être une personne fantastique, et pour la première fois depuis le début des vacances, Louis se sentit nostalgique de sa ville. Il aurait voulu passer ses soirées avec Niall et Liam, et rire avec Lya et voir Liam en tomber amoureux. Il ne voulait plus être ici, à avoir mal au coeur et à devenir fou. 

Liam dut s'apercevoir du trouble sur son visage puisqu'il s'arrêta net dans sa description de la garde robe entière de Lya pour demander d'une voix légèrement inquiète :

-Et toi Lou, tout va bien ?

-Hm... Bof. 

-C'est les filles ?

Louis ne put pas s'empêcher de sourire. Liam s'inquiétait quasiment autant que lui pour ses petites soeurs, ce qui était assez adorable. Il secoua la tête.

-Non non, elles vont très bien. Elles s'amusent beaucoup. C'est plutôt... Moi ?

-Tu veux me raconter ?

-Je ne sais pas si c'est vraiment la peine...

Liam leva les yeux au ciel et Louis pouvait presque l'entendre l'insulter dans sa tête. 

-Si tu m'as dit tout ça, c'est que tu as envie d'en parler, je me trompe ?

-Hm. Pas trop... Tu vois, il y avait... Ce garçon ? Tu te souviens ?

-Tu m'en as parlé en sms, non ? C'est Malek ?

-Ouais voilà ! Eh bien, en fait c'était super mais... Il y a aussi un autre, heu... Garçon. Enfin sorte de garçon. 

- " Sorte " de garçon ? Qu'est-ce que c'est ?

-Non, rien. Ca n'a pas d'importance. Il s'appelle Harry.

-Il t'as fait du mal ?

-Quoi ? Non ! Non, pas du tout. Absolument pas. Il est... il est adorable. Et, hm, on s'est embrassé. Mais... Enfin c'est impossible, avec lui. On ne peut pas faire ça et, bref. J'ai couché avec Malek ensuite et j'ai, comment dire... J'ai imaginé Harry à la place et... ah. C'est assez humiliant je crois.

Louis se frotta la nuque, affreusement gêné. Liam écarquillait les yeux derrière l'écran.

-Tu es en train de me dire qu'en couchant avec Malek tu as crié le prénom d'Harry, c'est ça ?

-Oui...

-Ah. Il l'a mal pris ?

-Je crois... Enfin quand je, quand j'ai ouvert les yeux il n'était plus là et je pense qu'il était dans la salle de bain.

-En même temps, je comprends qu'il ne voulait plus te voir... C'est qui ce Harry au juste ? 

Louis resta silencieux quelques secondes. Il inspira longuement, et puis il murmura :

-Je crois que c'est la personne la plus belle que j'ai vu de ma vie. Si tu voyais ses yeux ils sont... Immensément lumineux et verts. Il a un sourire adorable aussi, qui lui fait des fossettes aux joues et sa peau est si pâle on dirait, on dirait une poupée. Il a les cheveux assez longs aussi et parfois il me laisse mettre mes mains dedans et tu sais, j'aimerais tellement juste, pouvoir les respirer et je ne sais pas, me noyer dedans, ou quand il me regarde, me noyer tout court. Il est merveilleux, vraiment, et je n'avais jamais été embrassé comme ça de ma vie et je voudrais, j'sais pas, lui offrir le monde entier pour qu'il soit heureux mais j'ai tellement peur aussi parce que je suis fou de ressentir ça pour lui, et depuis le début je savais que c'était une mauvaise idée, que j'aurais jamais du lui adresser la parole, que j'aurais jamais du revenir chaque soir, jamais du parler avec lui et faire une liste des jolis mots du monde parce que lui le mot qu'il préfère c'est mon prénom et tu vois c'est totalement niais mais quand il m'a dit ça je... je crois que je me suis mis à l'aimer un peu trop fort ?

Louis se tut. Il chercha dans le regard de son ami quelque chose qui serait comme une porte de secours mais Liam se contenta simplement de murmurer :

-Mais Louis... Je comprends pas : pourquoi tu ne te contenterais pas de l'aimer le plus fort possible ? 

Louis sentit les larmes lui monter aux yeux. 

-Parce que c'est impossible.

-L'amour ce n'est impossible que dans les livres, Lou. 

-Tu comprends pas.

-C'est toi qui ne comprends rien ! T'es amoureux de lui, non ?

-Je... Je sais pas. Je ne crois pas. C'est juste... Il me plaît beaucoup.

-Bon t'es amoureux, c'est bien ce que je disais. Donc tu vas le voir. Tu l'embrasses. Vous couchez ensemble. Tu cries le bon prénom. Vous vous mariez. Vous avez des gosses. Fin.

-On est pas dans un conte de fée, Li.

-Tu veux que je te dises ? Je crois que si. Je crois que toutes les histoires d'amour sont des contes de fée. Alors peut-être que ton Harry n'est ni un preux chevalier, ni un valeureux prince, ni une sirène ou je ne sais quoi, mais ça ne change rien au fait que l'amour c'est de la magie. Si il en vaut la peine, alors vas-y. Et ne me dis pas que c'est impossible sinon je raccroche, ce qui serait dommage pour toi parce que je n'avais pas fini de te faire l'inventaire de tous les endroits où j'ai fait l'amour avec Lya. 

Louis se mit à rire. Il se rendit compte qu'il était en train de pleurer, et peut-être aussi que Liam avait raison, et que après tout, il s'en foutait que Harry soit une sirène ou un troll ou une licorne -bon là non quand même-, il y avait une chose qu'il voulait : passer du temps avec lui et l'embrasser encore, l'embrasser mille fois jusqu'à ce que son coeur batte au rythme du sien.

Il faisait presque froid. 

Harry était à moitié allongé dans le sable, l'autre moitié de son corps étant toujours dans l'eau. Il regardait le ciel. L'immense ciel. Il voulait devenir lui aussi immense comme ça, infini. N'être ni une sirène, ni un humain. Etre juste... Là. Respirer. Vivre. Etre le monde et le tenir entre ses mains. Nager comme on court. Faire l'amour en étant une musique. Naître des fleurs et devenir un éclat de verre. 

Et peut-être ne plus penser. Arrêter d'avoir mal. Arrêter de se sentir si laid. Arrêter de demander l'impossible. Arrêter d'espérer. Arrêter de tout détruire autour de soi. Arrêter de tomber amoureux des mauvaises personnes. Arrêter d'être un problème. Arrêter de penser à Louis. 

Surtout ça. 

Et en même temps non. 

Juste penser à Louis. Ne penser qu'à Louis. Etre empli de LouisLouisLouis jusqu'à ce ne plus avoir que son prénom sur la langue, jusqu'à ne plus voir que lui dans chaque vague, dans chaque nuage, l'entendre respirer là où il y aurait une rafale de vent et-

-Haz ?

Harry se retourna à demi. Louis était en train de dévaler la falaise. Comme presque chaque soir depuis le début des vacances. Harry ne pouvait pas imaginer que cela changerait un jour. Il lui sourit. Louis courait vers lui et il se sentait heureux à nouveau, complet. Peut-être que Louis était réellement devenu son monde entier, finalement.

Le jeune homme était en short et vint s'allonger près de lui, mettant ses pieds dans l'eau. Harry avait envie de l'embrasser pour lui dire bonsoir et de l'appeller "mon coeur" ou un surnom niais de ce genre. Mais il ne le fit pas. 

-Salut.

Louis lui prit la main. Ca semblait évident. Il la serra entre ses doigts. La main de Louis, un peu moite, toute petite. Il avait envie de lui écrire des poèmes. Il le dit à voix haute. Louis rit.

-Vas-y.

-Je crois que je suis nul.

-Mais non, c'est mignon.

-D'accord, alors... Hm. C'est un haïku :

Ciel immense de l'océan

Je tiens entre ma main

Le coeur battant du monde.

Louis ne dit rien. Il se contenta d'embrasser doucement les phalanges d'Harry. Il murmura :

-J'aime le goût d'océan de ta peau.

Harry tendit les doigts et redessina le profil de son visage, les ombres sur ses pomettes légèrement saillantes, la courbe ciselé de sa bouche. Louis souffla à nouveau :

-Est-ce que nous sommes fous ? 

-C'est mal ?

-Non. Il faut être fou pour survivre dans ce monde. 

-J'aime bien être fou avec toi. 

Louis lâcha sa main. Il se sentait mélancolique soudain. Et apaisé en même temps. Comme si un immense fleuve limpide parcourait son corps. Il se recroquevilla un peu, posant sa tête sur le ventre d'Harry.

-Il faut que je te dises... J'avais rencontré quelqu'un.

-Je sais, tu sens son odeur.

Les mains d'Harry s'éparpillèrent dans les cheveux courts de Louis, comme des petites plumes d'oiseau brun.

-Il s'appellait Malek. Je l'aimais bien. Je crois qu'il me déteste maintenant. Donc je ne sentirais plus son odeur maintenant. 

-Pourquoi ? 

-J'ai dit ton prénom quand on faisait l'amour. 

La main d'Harry cessa son mouvement. Louis perçut le léger tremblement du bout de ses doigts, et le ratement de son coeur, si régulier jusqu'à présent. Louis se sentait très loin de tout ce qu'il venait de dire, alors il murmura :

-Tu peux continuer les caresses s'il te plaît ? J'adore.

-Je ne sais pas... C'est bizarre, non ?

-Quoi ?

-Est-ce que... Tu pensais à moi en faisant l'amour avec lui ?

-Je suis fou.

-De moi ?

-Pas de toi. Ou si. Je ne sais pas. Je suppose qu'il faut être fou tout cours pour être fou de toi... Tu recommences les caresses ?

La main d'Harry dévala doucement contre la nuque de Louis. Il soupira d'aise.

-Ca te gênes que je t'ai dit ça ?

-Un peu. Ca me met mal à l'aise.

-Je voulais te le dire. Je suis désolé, d'être bizarre et... bref. Tu me rends bizarre. 

Silence. 

Louis se mit à somnoler. 

Et s'endormit. 

Il se réveilla avec l'aurore. Harry n'était plus là, et la mer léchait le haut de ses genoux. Il se dépêcha de se reculer, tapant dans un coquillage qui roula sur le sable. Il sourit. Prit le petit objet. Remonta la falaise. 

Une fois dans sa chambre, il s'allongea dans son lit et serra le coquillage contre son coeur. Si il y posait son oreille, il entendrait le bruit de la mer. Si il regardait à l'intérieur, il lisait le petit poème de Harry que celui-ci avait noté pendant son sommeil. 

Deux mondes

Battant dans sa main.

___

Bouh.
J'aime bien ce chapitre, je ne sais pas trop pourquoi... J'espère que vous l'avez aimé aussi !
💗

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