Harry inspira longuement avant d'entrer dans la grotte de sa soeur. Il avait les doigts qui tremblaient un peu. Il nagea jusqu'à la pièce principale où Gemma était souvent allongée mais lorsqu'il y arriva, il n'y avait personne. Il fronça les sourcils.

Gemma ne sortait presque jamais, encore moins l'après-midi puisqu'elle savait que Harry venait la voir. Mais après tout, si elle était allée faire un tour, c'était plutôt une bonne nouvelle, non ? Et peut-être qu'elle ne rentrerait pas avant ce soir... Alors Harry pouvait partir et n'aurait pas besoin de... Non.

Il allait l'attendre.

Il fit le tour de la pièce en nageant un peu sur le dos. C'était agréable. Très silencieux. Lorsqu'il s'allongeait dans l'océan il y avait toujours des poissons pour venir tourner autour de lui et lui tirer les cheveux mais ici, le monde était comme une bulle protégée du reste de l'océan. Presque mystique. Il leva un bras, le laissant flotter, regardant ses mains. Il avait tenu le cou de Louis entre ses mains. Et son bras. Il l'avait serré contre lui, avec cette main. Il avait aussi touché ses lèvres brûlantes avec son pouce.

Il sentit son corps se tendre légèrement, comme pris dans une décharge électrique. Il se força à respirer à nouveau longuement. Il fallait qu'il arrête de penser à Louis comme si il était la seule personne vivante au monde. Peut qu'il fallait qu'il arrête de penser à Louis tout court, parce qu'aucun miracles n'arriveraient jamais et-

C'est là qu'il la vit.

Une petite boite, caché dans un renfoncement de la roche.

Harry n'était pas du genre à fouiller dans les affaires des autres mais plus il fixait la boîte, plus il se sentait comme... Attiré. Sa soeur ne cacherait jamais quelque chose qui n'était pas important, il le savait. Il resta quelques secondes immobiles, luttant contre lui-même, avant de finir par nager jusqu'à la boîte. Elle était noire. C'était une sorte de petit tiroir.

Prudemment, il l'ouvrit. Il n'y avait que des papiers dedans. Il en prit un, le lut rapidement. Ca venait d'un cabinet médical. Il fronça les sourcils. Relu. En prit un autre. Son coeur battait de plus en plus furieusement.

Il rangea les papiers, referma la tiroir, et retourna s'allonger sur le sable.

Gemma arriva quelques minutes après. Elle sourit à Harry en le voyant, un sourire languide, effacé. Harry ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit, il prononça simplement, d'une voix froide et déterminée :

-Dis moi où habite le docteur Corden.

-Je ne t'ai même pas vu partir l'autre soir.

-Hm... J'étais fatigué.

Louis regardait le sol. Il sentait le regard de Malek posé sur lui, et il n'avait absolument pas envie de relever les yeux. Il ne pouvait pas s'empêcher d'éprouver une sorte de culpabilité, qui lui tordait le ventre. C'est pour ça qu'il était venu si tôt frapper à la porte de Malek, dans l'espoir de passer la journée avec lui et... d'oublier ce qui c'était passé avec Harry ? Quelque chose dans ce genre là en tout cas.

Il releva enfin la tête, et lui adressa un petit sourire. Il fallait qu'il se force. Après tout, ce n'était pas la faute de Malek si... Bref. Il déposa sa veste dans l'entrée. Malek se jeta sur le canapé, allumant la télé. Louis savait ce qui allait se passer ensuite. Ils allaient se jeter l'un contre l'autre et faire l'amour sur le tapis tout doux de chez Ikea et ensuite prendre une douche en même temps et puis retourner faire l'amour dans le lit ou sur la table de la cuisine ou... peu importe. Il n'avait pas très envie aujourd'hui. Il s'assit près de Malek, et plia ses jambes contre son torse pour poser sa joue sur ses genoux.

-On regarde un film ?, proposa t-il.

Malek sembla un peu perdu, mais il se contenta d'acquiescer et se connecta sur Netflix.

-Une série plutôt ?

-Bof. Tu veux pas regarder un Disney ? Comme, euh, La Petite sirène ?

-Sérieusement ?

-... Je crois ?

Malek le fixa un long moment avant de soupirer.

-Il y a un problème Louis ? J'ai fait quelque chose de mal ?

Pas toi. Moi.

-Non...

-Pourquoi t'es comme ça alors ?

Parce que j'ai embrassé une sirène ?

-Comment ?

-J'sais pas... Renfermé ?

-Tu me fais un câlin ?

Malek eut un léger mouvement de surprise puis il laissé échapper un petit rire.

-T'es vraiment incompréhensible.

C'est moi qui ne comprends rien à ce monde.

Il s'approcha et enlaça Louis. Ils restèrent blottis l'un contre l'autre. Malek mit La Petite Sirène, et Louis se mit à pleurer lorsque le dessin animé se termina. Malek semblait vraiment mal à l'aise et il prétexta préparer un repas pour s'échapper. Louis se roula en boule sur le canapé, le sweat de Malek autour de lui.

Et comme il n'arrêtait pas de le faire depuis la veille, il posa ses doigts sur sa bouche, caressant la surface de ses lèvres. Lorsqu'il fermait les yeux, il pouvait encore sentir la douceur du baiser d'Harry. Il pouvait se souvenir de la chaleur, de leurs langues collantes, de son torse frôlant le sien, de sa main entourant son bras, de ses doigts glissant sur sa nuque.

C'était... Nul.

Pas le baiser. Mais tout le reste.

Avec Harry c'était... Peut-être que c'était évident. Il avait eu envie de lui, en l'embrassant. Il avait eu envie de lécher son torse, d'embrasser la peau de son cou, de manger du chocolat sur son ventre et puis... Il avait eu d'embrasser ses genoux, de se glisser entre ses jambes, de poser la main sur son sexe et de se perdre en lui et... et Harry n'avait rien de tout ça. Ils ne pouvaient pas.

Alors ce qui avait été merveilleusement bon juste avant été devenu immensément douloureux.

Maintenant il avait juste peur.

Malek déposa un plateau sur la table basse, avec deux hamburgers fait maison. Louis se redressa un peu, le remerciant du bout des lèvres. Il avait encore envie que Malek le prenne dans ses bras et lui fasse un câlin. Il avait juste envie d'être réchauffé par ses bras fermes et d'oublier, d'effacer la partie de son cerveau obsédé par Harry. C'était ce qu'il se passait non ? Une obsession. Juste ça. A la fin des vacances, il serait bien obligé d'oublier Harry et alors... Alors ça irait. Les sirènes n'existeraient plus.

Malek dut sentir que Louis avait besoin de se changer les idées puisqu'il se mit à parler de tout et de n'importe quoi. Louis écoutait à peine, se concentrant seulement sur le son que faisait les mots. Au bout d'un moment, il n'eut plus faim du tout alors il se pencha et embrassa Malek. Le jeune homme en eut presque l'air soulagé.

-Est-ce que ça va mieux ?

-Ouais... On va au lit ?

Malek leva les yeux au ciel.

-T'es insupportable. Faudrait savoir ce que tu veux.

Louis fit la moue, haussant les épaules.

-T'es pas obligé de dire oui. Maintenant j'ai envie, c'est tout.

-C'est bon, moi aussi de toute façon. Je range tout ça, tu m'attends dans la chambre ?

Louis sourit et se releva. Il adorait la chambre de Malek. Il s'y sentait en sécurité, peut-être parce qu'elle était tout petite et toute bleue. Cette couleur était apaisante. Il se déshabilla rapidement et tira les rideaux. Dehors, le ciel s'embrasait une dernière fois. Louis ne voulait pas voir le soleil mourir à l'horizon. Il voulait seulement un grand ciel noir, et des milliers d'étoiles. Il aurait voulu faire l'amour sur le trottoir dehors, et embrasser Malek en s'imaginant être la lune aspirant la chaleur du soleil.

Il se glissa sous la couette. Il entendait Malek chantonner dans la cuisine. Est-ce qu'il l'aimait ? Sûrement pas. Il n'était pas amoureux en tout cas. C'était plus... Un bon ami. Quelqu'un avec qui il aimait discuter de tout et de rien, fumer à la fenêtre en regardant les passants et traîner dans les rues. Bon, quelqu'un avec qui il couchait aussi mais ça c'était plus comme... un petit plus ? Il ne se voyait pas sortir avec lui par contre. D'ailleurs, il savait qu'ils ne garderaient sûrement pas contact après les vacances.

Alors pourquoi est-ce que cela lui faisait si mal de penser la même chose à propos d'Harry ? Ils ne couchaient même pas avec lui. Ils s'étaient juste embrassés alors qu'il était bourré et... ça n'avait rien à voir. En plus c'était une sirène. Donc totalement incompatible avec lui.

Il fallait vraiment qu'il arrête d'y penser.

Malek ferma la porte de la chambre derrière lui. Louis lui sourit, en le voyant se déshabiller, faisant tomber les vêtements autour de lui comme une pluie multicolore.

Puis il le laissa faire. Il le laissa lui embrasser le ventre, mordiller ses côtes, il le laissa toucher son dos, retracer sa colonne vertébrale. Il se couvrit d'une fine pellicule de sueur quand ses doigts caressèrent son sexe et il devint fou lorsque sa bouche se posa sur la sienne.

Il perdit la sensation des lèvres d'Harry. Son corps était en train de devenir liquide. Il voulut hurler, repousser Malek mais il avait l'impression d'être collé aux draps, incapable de s'en retirer. La bouche d'Harry. Il ne se souvenait déjà plus. Le souffle de Malek était en train de tout abimer.

Il ferma les yeux, fort. Il s'imagina être ailleurs. Il s'imagina être à nouveau sur la plage, sur le rocher, les yeux d'Harry comme des éclats d'un ciel de fin du monde, sa bouche si sombre au milieu de sa peau porcelaine. Il s'imagina l'odeur collante de l'alcool, le goût amer sur la langue, la langueur du baiser. Il s'imagina que les doigts entre ses cuisses étaient ceux, si fins, presque transparents de Harry, et ce sexe qui le remplissait c'était le sien aussi, c'était son corps qu'il caressait, c'était son visage, son si beau visage, son dos, ses reins, la rondeur de ses fesses, et si il remontait ses doigts, ses cheveux éparpillés sur sa nuque.

Son corps se mit à trembler.

Ensuite il oublia.

Le monde devint cotonneux.

Il s'entendit murmurer le prénom de Harry.

Il s'entendit vouloir l'embrasser encore.

Peut-être qu'il le cria.

Ce fut une vague, énorme, gelée aussi.

Le silence.

Ensuite il pleura longtemps, recroquevillé sur lui même, la peau frissonnante.

Quand il rouvrit les yeux, Malek avait disparu.

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Je ne sais pas si je suis très contente de ce chapitre... J'espère que vous avez aimé !
Merci. x