Talk to me
- On a dit ''un mort'', non ? Je crois avoir choisi qui.
Comment ça il ''croit avoir choisi qui'' ? Je le regarde effrayé et fixe l'arme tremblante dans ses mains peu sûres d'elles. Ça se voit, elles chevrotent continuellement. Il compte pas tirer quand même ?! Il peut pas faire ça ! Je tente de parler mais les mots sont confus, ils se mélangent et refusent de sortir correctement. Je vois que Ash' n'a pas l'esprit calme du tout. Il lève les mains en signe de rédemption et parle :
- Wo wo, fais pas le con et pose ça, ok ?
- Que je pose ça ? Il a un rictus. La bonne blague. C'est qui qui rit maintenant ?
Je peux lire toute la peur dans le regard du boss. Il ne semble pas savoir quoi faire. Il regarde autour de nous comme s'il cherchait une échappatoire à cette situation complètement incroyable. Mon dieu... je sais pas quoi faire du tout non plus. J'ai beau chercher et tenter de parler, de raisonner Gab, je veux le faire ! Mais rien n'y fait, je suis incapable de parler. Mes mains tremblent et mon corps entier en fait de même. Je jette un coup d'œil vers Léo, il ne semble pas savoir quoi faire non plus. Je prends mon courage à deux et tente :
- Gab...
Aucune réaction. Même pas un léger vacillement de sa part, il ne me regarde même pas. Son regard froid et cruel reste simplement braqué sur Ash'. Un léger rictus trahit les sentiments qui se mélangent en lui, Gab est en train de perdre les pédales, je le vois.
- Allez mec, tire pas, on peut trouver un arrangement.
- Un arrangement ? Je suis curieux de savoir ce que tu comptes proposer contre ta petite vie ridicule et misérable.
- Parce que tu crois que tu vaux mieux que moi ?
- Je pense que t'es pas trop en position de me critiquer, après fais comme bon te semble, tu veux peut- être que j'abrège ça ?J'attends ça depuis longtemps.
Il ne doit pas tirer ! S'il tire, c'est foutu pour lui. Il pourra pas arriver à se reconstruire. S'il fait ça : c'est fichu, il va aller en prison... Je suis pas sûr de vouloir voir ça. Dans le fond ça me soulagerait peut- être mais seulement pour quelques jours, après ça me tourmenterait. Ça me rongerait. Je murmure à nouveau le prénom de mon amant mais ce son est presque inaudible. Ma vue se floute, j'ai peur de parler.
- Alors vas- y, j'écoute. Et dépêche, j'ai pas que ça à branler...
- Tout doux... T'es pas obligé de tirer, on peut trouver un truc qui convient à tous les deux.
- Tu me ramènes mon frère ?
L'expression de Ash' semble s'assombrir, celle de Gab est mauvaise. Tellement mauvaise. Je l'avais jamais vu comme ça. Son aura est noire et il me fait clairement peur. J'ai mal au cœur à l'entendre parler comme il fait et à voir l'expression qu'il arbore.
- Sois pas con...
- C'est bête pour toi c'était le seul truc qui m'aurait convenu.
Ash' semble paniquer, il s'affole, je le vois.
- A- Arrête, déconne pas, je sais pas moi, on a du fric si tu veux.
- C'est pas ce qui me manque.
Ho mais merde ! Je peux pas le laisser faire ! Je veux pas qu'il détruise sa vie. Surtout que c'est de ma faute, si j'étais pas venu il serait pas venu non plus et il aurait pas été dans cette situation. Tout est encore de ma faute, encore une fois. A cette pensée les larmes me montent violemment aux yeux.
- Je sais pas moi ! Tu veux bien un truc merde !
- Ouais c'est vrai.
- Il a un sourire mal assuré. C'est quoi ?
- Te voir crever devant moi.
Un flot de panique remonte en moi, je tourne violemment la tête vers Léo, il est plus là. C'est une blague ?!! Il est où celui- là ?! Me dites pas qu'il s'est tiré ? Je sèche mes larmes puissamment et me redresse à genoux.
- G-Gab ! Regarde moi, écoute moi, ok ?
Aucune réaction de sa part, son expression n'est pas meilleure ou plus froide. Rien. Comme si je n'existait pas, comme si ma voix n'était pas parvenue jusque lui. Ma voix tremblote :
- Tire pas...
- Écoute ton copain ouais.
- Ta gueule toi !
Je le regarde froidement. Je suis en retrait de Gab, il ne me voit pas. Le mec me regarde, je le toise le plus froidement possible. Franchement, ta gueule ! Je suis en train de faire en sorte qu'il ne tire pas, alors ferme juste ta gueule.
- Gab si tu tires ça va très mal se finir. Ça va pas t'aider à aller mieux.
- Il a pas tort.
- Mais putain ta gueule !
Il veut que Gab lui tire dessus ou quoi ?! Il tient pas à sa vie,c'est pas possible, ce mec est suicidaire en fait. Gab reste muet, fixant l'arme braquée sur l'assassin de son frère.
- Fous moi la paix sérieux. Ferme les yeux si ça te dérange.
C'est ce que je fais l'espace d'un instant. Comme si j'espérais qu'il mette fin à tout ça, que tout soit enfin fini. Qu'on puisse rentrer chez nous, que cette histoire s'efface de nos mémoires et qu'on revienne à nos vies d'avant.
- T'as réellement envie qu'il assiste à ça ? T'es pire que moi en fait.
Gab ne dit rien. Je sais qu'il veut pas que j'assiste à ça. C'est certainement ce qui l'empêche de tirer depuis tout à l'heure.Ash' continue de parler et je remarque que plus il lui parle. Plus l'expression de Gab devient noire et plus ses mains tremblent. Je renifle, sèche violemment mes larmes et m'empresse de parler :
- Gab, n'écoute que moi. Ne parle qu'à moi, ok ? Fais comme si on était que tous les deux, l'écoute plus et écoute ma voix à moi.
Le bosse se tait, enfin. Gab reste encore silencieux. Je me penche un peu sur le côté pour mieux apercevoir son visage, je regrette presque immédiatement. C'est effrayant de le voir dans cet état. Lui, qui est si instable a une arme dans les mains ça peut que mal se terminer et je sais pas comment éviter ça. Je tente à nouveau :
- Ne parle qu'à moi.
- Quoi ?
Au moins, j'ai réussi à faire en sorte qu'il me parle, c'est déjà ça. Mon souffle abrupte me perturbe. On entend presque que lui, je respire si fort. Je déglutis et tente de me calmer. Si je suis pas calme moi- même j'arriverais pas à le calmer et à le raisonner.
- Ok, t'aurais raison. Tu peux le buter, t'en as le droit.
Gab me regarde du coin de l'œil, je le vois. Je tente de l'apaiser au travers de mon regard. Il semble perplexe. Pendant ce temps Ash' s'affole :
- Non mais ça va pas toi ?!!
Je tourne violemment la tête vers lui et le regarde si méchamment qu'il se tait immédiatement. Franchement j'ai moi-même envie de le descendre cet abruti de première classe alors comment je pourrais dissuader Gab de le faire ? Il a toutes les raisons du monde de lui tirer dessus et pas qu'une fois. Il pourrait vider tout le chargeur.
- Tu le peux ouais, il a fait des trucs qui mériteraient d'être puni. Vu ce qu'il a fait il devrait pas y échapper, c'est vrai.
- Gab a un rictus. Tu m'incites à tirer ou quoi ?
On dirait que c'est ce que je fais mais le but est tout autre.
- Non. Gab, écoute. Si tu le buttes, oh oui tu vas te sentir bien et pas qu'un peu. Tu vas réellement être soulagé mais pendant combien de temps ?
Je pourrais jurer que ce que je viens de dire lui a fait un petit quelque chose. Je cherche autour de moi Léo pour qu'il m'aide mais ce couillon n'est même pas là. Je vais le tuer. Je suis paniqué, en état de crise imminente parce que je sais pas comment gérer les choses et que j'ai peur de dire LA chose qui va tout déclencher et lui il se permet de se barrer ?! Je vais le défoncer ce traite. Si jamais Gab tire, c'est moi qui lui tire dessus en échange à ce traître...
- Tu y as pensé ? Tu vas être heureux combien de temps ? Un jour, deux ? Une semaine ou peut- être un mois et après ?
- Et après je continuerais à l'être.
- Me la fais pas à moi. Moi aussi j'aimerais que tu tires, j'aimerais parce que j'estime qu'il le mérite mais... ce qu'il mérite pas c'est que tu détruises ta vie pour lui. Tu vas être satisfait si tu tires mais rapidement tu vas être plus tourmenté qu'autre chose.
Sa tête vacille un peu vers moi. Comme s'il voulait me regarder mais qu'il avait peur de quitter ce meurtrier des yeux. Il sourit et finit par dire :
- Je m'en branle mais à un point.
Merde... Les larmes reviennent saccager mes joues à cause de la peur qui m'anime. J'ai l'impression d'étouffer.
- Et moi t'y penses merde ?!
Ma voix se brise instantanément. Je me l'éclaircis et renifle fort pour tenter de me calmer. Génial, c'est super classe, je sais. Comment je suis censé faire ? Qu'est- ce que je peux lui dire ? Il semble insensible à tout... Je pourrais pas supporter qu'il fasse ça et qu'il aille en prison.
- Tu peux t'en aller.
Le fait qu'il soit si froid, même avec moi m'énerve et m'agace. Mes nerfs semblent sur le point de me lâcher. Je serre les dents et mes poings si fort que mes ongles s'enfoncent dans ma peau. Je tremble de colère, de peur et déception aussi. Tous ces sentiments mélangés en moi sont presque sur le point d'exploser, j'ai du mal à les contenir.
- Sauf que je veux pas m'en aller pigé ?! Écoute moi Gab. Tu le sais comme moi que faire ça c'est pas la bonne solution. Tu crois réellement que ton frère aimerait te voir dans cette situation ?
- S'il me verrait c'est qu'il serait là et en l'occurrence on ne serait pas dans cette situation.
Je me sens pris de court et cherche mes mots. Je cherche une phrase, quelque chose à lui dire qui va le faire réagir, qui va le convaincre de laisser tomber ce flingue par terre.
- Je...
Je n'arrive rien à dire de plus. Je peine à déglutir. J'ai tellement peur... Je crois que j'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Je suis effrayé au plus haut point, faible, incapable de faire quoi que ce soit qui pourrait calmer les choses.
- Si tu veux rien voir, va t- en, c'est tout.
Je refuse de partir ! Alors ça c'est clair. A partir du moment où je me lève et où je tournerai de le dos à cette situation tout sera fini mais pas d'une bonne manière.
- Gab...
- Quoi merde ?!
- Pourquoi t'as pas encore tiré ?
Il semble pris de court, je vois que son expression est changée, il parait très clairement étonné. J'ai réussi à le déstabiliser.
- Je... Parce que tu me fais chier depuis tout là l'heure !
Un petit sourire me trahit. J'espère qu'à cet instant j'ai bel et bien trouvé une brèche. Ash' bouge. Gab panique et son doigt tremble sur la gâchette :
- Reste où t'es, encore un pas et je te bute.
Il se résigne et lève à nouveau les mains. Il sait qu'il est pigé, à la moindre fausse action ou mauvaise parole, tout peut basculer en seulement un quart de seconde.
- T'as pas encore tiré.
- Non tu crois ?! Il ressemblerait à une passoire si c'était déjà fait...
J'aimerais justement éviter. Je tente de calmer mes émotions et de garder mon sang-froid par la même occasion. J'ai besoin de calme dans ma tête, de faire le tri pour être capable de gérer la situation.
- Si t'as pas tiré c'est parce que dans le fond, tu sais que tu dois pas le faire.
- Et ta connerie aussi. Je l'ai pas encore parce que je veux pas traumatiser le gamin dans cette pièce.
- Le gamin ?
Je cherche autour de nous. J'avais pas remarqué qu'il y avait quelqu'un d'autre. Gab a un rictus, ce qui ramène mon regard sur lui.
- Je parle de toi.
Je me pointe du doigt, étonné. Je suis pas un enfant ! Je ne fais pourtant aucune réflexion. Il veut pas me traumatiser. Je tente le tout pour le tout :
- Et bien tu peux poser cette arme parce que je compte pas sortir.
Gab semble énervé et pas qu'un peu. Son expression redevient plus que mauvaise. Des frissons intenses me parcourent le corps. J'ai peur. Autant de lui que de ce qui peut arriver. Gab est capable du pire comme du meilleur, je le sais et c'est ça qui m'effraie justement.
- Il va y avoir du sang, beaucoup.
Ash' semble vouloir parler, je lève la main pour lui faire signe de fermer sa gueule. Ça vaut vraiment mieux pour lui. Il se ravise donc et attend. Je me repasse sa phrase en tête : du sang, beaucoup de sang. Je frémis rien que d'y penser. Je ne dois pas paniquer, ne panique pas et reste calme Yoongi. Ça va aller...
- Je bougerai pas pour autant. Je refuse de te laisser.
- Putain mais t'es casse couille jusqu'au bout !
Et encore t'as rien vu. Parce que s'il croit qu'il va arriver à faire en sorte que je sorte de ce bâtiment, il peut se mettre le doigt dans l'œil jusqu'au trognon. Je ne compte pas bouger d'un millimètre.
- Gabriel. C'est pas la chose à faire, y'a des moyens légaux de le punir. Tu le sais tout comme moi. Tu sais bien que c'est pas bien c'est pour ça que t'as pas encore tiré.
- Je... ça a rien à voir merde !! C'est pas ça !
Il commence à s'énerver, signe qu'il craque. Je sais pas si c'est une bonne chose...
- C'est pas ça !
Répète-t-il. Il est à bout, ça se ressent. Ça va bien se passer Yoongi, n'ai pas peur. Je me relève sur mes jambes. Il jette un bref coup d'œil dans ma direction puis se reconcentre sur Ash'.
- M'approche pas.
Je reste à distance raisonnable, levant les mains devant moi, comme si je ne comptais pas lui faire de mal ; Comme pour lui prouver que je ne veux pas lui nuire.
- Gab, s'il te plaît, écoute ton cœur, écoute ce qu'il te dit. Je sais très bien qu'il faut pas le faire pourtant moi aussi j'aimerais qu'il... que tu... enfin qu'il ait mal. Ouais, je le veux mais je sais que même si je le veux et que je me sentirais content sur l'instant, rapidement je m'en voudrais et ça me rongerait. C'est la même pour toi et au final tu seras encore moins heureux parce que là à cet instant ; A l'instant où tu tires, tu perds tout.Tout.
J'espère dire les bonnes choses. Je tente de m'approcher. Gab fait un pas de côté et tremble encore plus fort, l'arme dévie un instant du boss.Ce dernier tente de bouger mais Gab pointe à nouveau l'arme sur lui.
- Je t'ai dit quoi ?
- Ça va, j'ai perdu l'équilibre. Et écoute ton copain un peu, lui au moins il est censé...
Le silence règne. Je meure d'envie de me jeter sur lui, de lui hurler qu'il est abrutit et que plus il parle, plus Gab est énervé et moins je peux le calmer. Je pense que mon simple regard froid comme de la pierre suffit à me faire comprendre. Il détourne à nouveau le regard, les mains levées. Il ressemble à un pauvre lapin coincé face à un lion affamé.
- Gab, c'est à moi que tu parles, ok ? Parle moi.
- Je... Je veux le faire.
- Mais ?
Un long silence s'installe. Durant lequel j'en profite pour m'approche encore plus. Il me murmure d'arrêter. J'arrête donc de bouger. J'en profite pour le regarder intensément. Il respire fort, transpire,tremble. Un Gabriel paniqué, effrayé mais tellement énervé aussi.
- Mais tu... t'es là.
- T'es sûr que c'est ce qui te bloque ?
J'ai entendu que sa voix commençait à réellement lâcher, comme si parler devenait une véritable torture pour lui. J'avance lentement,discrètement. Je ne suis plus très loin de lui, si je tendais la main je pourrais l'atteindre mais je ne veux pas lui faire peur ou le brusquer du coup je me retiens de le toucher. Je veux pas que le résultat en soit catastrophique.
- Oui bien sûr que c'est ça ! Parce que merde ! T'as là, dans ma vie et que... Si je le fais je...
Il craque, c'est bon. J'ai cru que j'y arriverai pas. Je soupire de soulagement et viens poser tendrement ma main sur son épaule, il sursaute.
- Gab pose cette arme, je te promets qu'il sera puni.
L'arme tremble tellement ! Gab a l'air d'hésiter mais il continue à maintenir l'arme fortement entre ses mains toutes moites. Je suis sûr qu'elles le sont. Je me rapproche de lui et murmure près de son oreille :
- S'il te plaît... je veux pas te perdre. Baisse cette arme. Je te promets que je le laisserai pas partir.
Il ferme fort les yeux et j'entends qu'il suffoque. Il peine à respirer, ça me fait si mal de l'entendre être dans cet état. C'est pénible d'écouter la personne qu'on aime souffrir autant ; lutter intérieurement... Un bruit sourd me surprend : L'arme tombe lourdement au sol, Gab se laisse également tomber à genoux. Peine à respirer, suffocant, explosant en sanglot mais sans pleurer, c'est bizarre d'ailleurs. Je passe ma main dans mes cheveux. Ash' tente de partir :
- Si tu bouges c'est moi qui tire, donc tu laisses ton cul ici.
Il semble choqué et sourit :
- Ok ça va du calme.
J'avance vers lui mais avant que je puisse l'atteindre Gab me passe devant et lui bondit dessus. Ce dernier tombe par terre à la renverse.
- Gab !
Je regarde derrière moi, l'arme est toujours au sol. Oh mon dieu j'ai eu peur. J'entends les coups résonner. Je grimace et détourne violemment le regard de la scène. Je grimace et serre les poings. Entendant Ash' geindre de douleur et Gab crier de rage.
- Yoongi !
J'ouvre les yeux, étonné. C'est Léo. A cet instant une colère incommensurable prend possession de moi. Je cours et lui saute dessus. Il m'évite et me regarde choqué.
- Hey du calme !
- Non mais merde t'étais où ?!!
Il m'agrippe par les épaules et regarde derrière moi, Gab qui se bat ou plutôt qui passe à tabac Ash'. Je vais pas mentir ça me fait plaisir. Oui, c'est horrible. Il murmure :
- J'appelais les flics, ils arrivent...
Un immense sentiment de soulagement m'envahit et je sens enfin mes nerfs me lâcher. Je pleure sans bruit et sens mon cœur me brûler. Ça me fait mal. J'ai jamais eu si peur de toute ma vie. Léo parle :
- Je vais aller le calmer avant que ça dégénère. Viens m'aider..
Je fais faiblement oui de la tête. Nous remontons vers eux. Je n'arrive pas à soutenir la vue de Gab si violent, Gab effrayant au regard noir, les poings en sang qui s'affaire à lui donner le compte.
- Gab arrête, tu vas le buter.
- Tant mieux !
Non pas tant mieux non ! J'ai bataillé pour que tu lui tires pas dessus c'est pas pour que tu le buttes de cette manière. Dans le fond, j'ai pas envie d'intervenir, c'est ça le pire. Le regarder le frapper me fait mal mais je dois avouer que même si c'est horrible, je ressens une certaine satisfaction. Je m'en veux, j'ai honte de ressentir ça. Léo attrape Gab par l'épaule et tente de le repousser mais Gab le repousse violemment et continue à frapper le meurtrier de son frère. Léo tombe lourdement au sol et geint de douleur.
- Putain mais c'est pas moi qu'il faut frapper abruti !
Aucune réponse de la part de mon... petit- ami, à part des gémissements de haine. De la rancœur qui se manifeste et qui peut enfin exploser. Léo détourne le regard et peste contre Gab. Je n'arrive pas non plus à soutenir cette vision. Ça me fait mal. Entendre Ash' crier de douleur est pénible même s'il le mérite et que d'un certain côté ça me fait plaisir de l'entendre souffrir. Malgré ça je peux pas le laisser continuer :
- Gab ça suffit...
Il ne semble pas m'entendre, son élan de rage le domine. Léo me fait signe qu'il abandonne et qu'il va attendre dehors :
- Au pire moi j'ai pas spécialement envie qu'il arrête donc...
Il enfourne ses mains dans ses poches et sort du bâtiment en prenant soin de mettre un coup de pied bien placé aux deux pions KO, toujours au sol à moitié inconscient. Il va attendre les flics, c'est pas plus mal, au moins on est sûr qu'ils sauront où nous trouver. Par contre c'est horrible de me laisser gérer ça tout seul. Je sais absolument pas quoi faire !
- A- Arrête...
La voix de celui qui se fait frapper me brise le cœur. Pas parce que j'ai pitié mais parce que je suis en train de me rendre compte que Gab va bien trop loin. Il est déjà en mauvais point.
- Gab si t'arrêtes pas c'est toi qui va avoir des problèmes...
L'autre pourrait porter plainte pour coups et blessures et il aurait de quoi. Je prends mon courage à deux mains et me rapproche de Gabriel qui refuse d'arrêter ou d'écouter ce que je lui dis. Je m'accroupis dans son dos et pose ma main sur son épaule. Il s'arrête.
- Ça suffit... S'il te plaît, ça suffit Gab.
- Je...
- Arrête toi, tu vas avoir des problèmes.
Je lui fais lever les mains, ces dernières tremblent. Un léger filet de sang coule sur mes phalanges. Je frémis mais tente d'en faire abstraction. Il y passe son pouce. Il respire si fort. Je glisse ma main dans ses cheveux.
- C'est fini...
Puis je me relève et le pousse en arrière pour qu'il descende de Ash' qui est pas mal amoché. Je grimace à sa vue. Gab glisse par terre et recule un peu. Il se fixe les mains et semble ailleurs. Je vois ses yeux s'embuer et les larmes ravager son visage. Il retient ses sanglots. Je détourne le visage.
- M- Merci mec.
Je regarde celui qui vient de me parler et un regard noir transparaît sur mon visage. Je le regarde avec toute la haine que je lui porte. Il me dégoûte. Je m'accroupis à nouveau et agrippe son menton entre mes doigts.
- J'ai pas fait ça pour toi. Et t'avises pas de porter plainte.
Une rage folle me ronge. J'en meurs d'envie depuis tout à l'heure... du coup je me retiens pas plus longtemps et lui fous un coup de poing.Avec toute la force qu'il me reste. Il geint de douleur. Je secoue mon poing et peste contre lui :
- Ta race putain !! T'as la tête dure...
Je frotte mon poing et me redresse. Je grimace sous la douleur et fixe ma main. Je me la suis niquée. Une vive douleur s'y propage. Je serre les dents et gigote sous la douleur. Mais ça fait du bien de se défouler. Je le regarde de haut et lui fiche un dernier coup de pied avant de me diriger vers Gab, ravagé et dévasté. Je jette un bref coup d'œil dans la direction de Ash', ce dernier ne parvient même plus à bouger, parfait. Il s'en ira pas. Je m'agenouille devant mon amant.
- Je te déteste...
Murmure-t-il. Je sais. Il m'en veut de l'avoir empêcher de plus se défouler, de l'avoir empêché de le buter. Je me penche vers lui et le prend dans mes bras :
- Tu me remercieras, crois moi...
Il tremble si fort. Il s'agrippe à mon haut comme si sa vie en dépendait. Je le presse contre moi. J'ai tellement envie de pleurer. Tout est fini, j'ai du mal à y croire. Je suis tellement dévasté mais je peux pas m'effondrer maintenant. Je le ferais quand Gab ira mieux, là il a besoin de moi. Lui qui a une fierté si forte qui le pousse à jamais craquer, ça me tue de le voir dans cet état.
- Je vais te tuer...
Il inspire brusquement, sa voix tremble. Je caresse son dos et reste muet. Oh oui... je sais que je vais me faire incendier. Il glisse son visage humide dans ma nuque :
- Je vais te défoncer... d'être venu là.
Je déglutis péniblement. Je sais... J'ai déjà peur d'ailleurs. Je sais que dès qu'on va être au calme et qu'on sera parti d'ici je vais m'en prendre plein la tronche. Rien que d'y penser j'ai mal à la tête.
- Merci Gab... Je te promets que ça va aller.
Il reste muet et me serre si fort qu'il m'en fait mal, pourtant je ne fais pas de réflexion et le laisse me presser contre lui comme si sa vie était en danger. Je remonte une main et caresse ses cheveux. Je regarde brièvement dans mon dos, Ash' est toujours à moitié inconscient par terre. Tant mieux. Des sirènes se font entendre. La police... Gab murmure :
- Les flics ?
- Mmh... Je t'assure qu'il va être puni. Je te l'avais dit, il le sera.
Je pourrais jurer qu'un petit sourire se forme contre ma peau mouillée par ses larmes salées.
- Promis Gab.
Aucune réponse, simplement un baiser dans la nuque qui m'électrise de la tête aux pieds. Je suis pas sûr qu'il ait fait exprès mais je me sens ailleurs. La pression retombe au moment où je vois des personnes en uniforme entrer dans le bâtiment. Je me retiens de pleurer même si je vois tout flou et que la seule chose que je veux est de pleurer comme un bébé, en laissant toutes les larmes de mon corps s'échapper. J'entends Léo parler avec les policiers. Tout va s'arranger. Tout est fini, ça ira. On va tous pouvoir se reconstruire et tout ira bien. En tout cas, c'est ce que j'espère de tout mon cœur.
******************
On va a voir besoin de vos dépositions. Il faudra tout de même revenir demain au commissariat pour qu'on aie vos témoignages et tous les éléments pour l'enquête, surtout si l'affaire se poursuit sur un procès.
Du coup on a donné nos dépositions tous les trois : Gab, Léo et moi. Chacun a dit ce qu'il s'était passé, ce qu'il avait vu, pourquoi on était là, tout ce qu'on savait, ce qu'on supposait.Toutes ces choses. Je fixe désormais la carte du commissaire entre mes doigts et la triture. On est dans la voiture de Léo. Le plus grand des silences règne. Gab ne dit pas un mot, il regarde dehors,son aura meurtrière a disparu mais je peux voir qu'il est énervé et mélancolique aussi.
- Je vous dépose direct chez Gab, vous êtes sûr de pas vouloir aller à l'hôpital ?
- Oui.
Dis catégoriquement Gab. Moi je reste muet à caresser mon ventre douloureux. Depuis que tout s'est calmé et qu'on a passé de longues heures à parler aux commissaires sur le lieu des faits, ma douleur s'est nettement amplifiée. Gab me regarde :
- Non pour moi mais...
Je croise son regard et attrape sa main.
- Je vais bien.
Disais-je le plus naturellement possible. Il fronce les sourcils et ne semble pas y croire. Il se défait de mon emprise et pose sa main à son tour sur mon ventre. J'ai peur d'avoir des marques et des traces très voyantes. On verra quand on sera de retour... Je veux surtout pas aller à l'hôpital, ma mère va nous tuer et puis j'aime pas les hôpitaux. J'y ai déjà passé assez de temps dans ma vie, ça ira.
- M-Merci...
Léo me regarde dans le rétroviseur et m'offre un tendre sourire :
- T'as pas à me dire merci.
Je baisse la tête et la rentre dans mes épaules. Je me sens mal et je m'en veux, tout est arrivé par ma faute. Gab est blessé et plus dévasté que jamais, moi je suis également blessé, Léo va bien mais doit avoir pris quelques coups... Au moins, Ash' s'est fait arrêter mais... Je me demande quelles vont être les répercutions maintenant. Gab va m'arracher la tête, je le sens. Le peu de fois où il m'a regardé j'ai pu lire : ''Attends qu'on rentre et t'aurais le droit au plus gros savon de toute ta vie''. Ça m'effraie un peu... Je suis pas sûr de vouloir rentrer dans le fond.
- Je... Suis désolé.
La seule réponse que j'obtiens est le regard dur et froid de Gabriel et celui plus conciliant de Léo qui m'offre un bref sourire. Je dévie le regard. Un frison me parcourt, le regard de Gab pèse surmoi.
- Personne n'est gravement blessé, sûr ?
Le reste muet et attends. Gab confirme par un ''mmh'' démontrant clairement son mécontentement. Je le suis et garde le regard verrouillé au travers de la fenêtre.
- C'est le principal.
Dit- il. Je suppose qu'il a raison. Au moins personne n'est réellement blessé. Même si j'ai mal, réellement mal. Ils m'ont tellement frappé que je sens que je vais en avoir des bleus. J'ai le ventre enfeu, comme si on était encore en train de me frapper. C'est horrible. La main de Gab se pose à nouveau sur mon ventre, comme s'il avait compris que j'avais encore mal, que je souffrais au plus haut point. Je ne fais aucune remarque.
Le trajet continue, dans le silence le plus total. L'ambiance est tendue, froide et palpable. Personne n'ose parler, dire quoi que ce soit. Je ne regarde même pas Gabriel, je fixe simplement dehors ou mes genoux, c'est tout. J'ose même plus le regarder.
***************
Nous sommes de retour chez Gabriel. Je rentre lentement à l'intérieur de la maison. Léo est immédiatement reparti. De toute façon on se revoit demain au commissariat. Gabriel est devant moi. Je retire mon manteau puis mes chaussures et en dernier finis par refermer la porte. Ni lui, ni moi ne parlons. Je dois... le remercier, il m'a sauvé. Sans lui je serais pas là à l'heure actuelle. Je remonte lentement jusque lui. Il me tourne le dos et soupire. Comme s'il tentait de contenir toutes les émotions qui se bousculent en lui. Je l'enlace faiblement et murmure :
- Merci... S-Sans toi je serais pas là...
Rapidement il se retourne et m'agrippe par les épaules, si fort que je grimace de douleur. Il se met à me secouer. Du calme, merde !! Je suis pas un pommier !!!
- Mais merde !!! Qu'est- ce qu'il t'as pris ?! Ça va pas ou quoi ?!!
Le fait qu'il me crie dessus fait remonter toute la panique que j'accumule depuis tout à l'heure. Le stress, la peur refont surface et tout explose. Je commence à trembler et les larmes roulent sans s'arrêter sur mes joues.
- Putain mais t'es complètement abruti ma parole ?! T'as cru que t'étais batman ou quoi ?! Mais merde ! T'es loin d'être un super- héros, t'es vraiment con c'est possible !
Je n'arrive pas à parler. Et pourtant c'est pas l'envie qui me manque, l'entendre me traiter de tous les noms ça me fait chier. Même si je peux comprendre. Mes dents se mettent à claquer, rapidement mon souffle s'accélère et respirer commence à être pénible. Le regard dur de Gabriel est toujours braqué dans le mien, peu assuré et effrayé.
- Donc me dis pas merci, parce que t'es juste stupide !! T'imagines si on était pas venu, hein ?! T'imagines ?!
Il me secoue plus fort, faisant gigoter ma tête qui commence à me faire mal. Je me débats faiblement et mes pleurs redoublent, j'arrive carrément pas à me calmer, impossible de le faire. Je suis dans un état pas croyable.
- Tu penses à ce qui aurait pu se passer ?! T'aurais clairement pu te ... !
- Arrête de crier !! A- Arrête !
J'explose en sanglot. Gab semble surpris que j'ai autant élevé la voix. Je fonds en larme et n'arrive même plus à respirer.
- A- Arrête...
C'est tout ce que j'arrive à murmurer. Ses mains me lâchent légèrement. Son regard s'attendrit on dirait. J'étouffe carrément sous mes pleurs. Je sais clairement que j'aurais pu ne pas m'en sortir, que j'aurais pu être dans une sacrée merde, j'en ai conscience ! Mais je suis capable de truc de fou pour lui.
- Hey... Yoongi...
Je ne réponds pas, je n'y arrive tout simplement pas. Les mots se mélangent et s'entrechoquent les uns aux autres. Une sorte de boule de sons reste coincée au fin fond de ma gorge, sans possibilité d'en sortir. Ça me pèse. Mon cœur s'affole, ma respiration est tellement brutale et abrupte !
- Yoongi, calme toi s'il te plaît...
Me calmer ?! Tu me hurles dessus ! Comment je suis censé me calmer ?! C'est impossible ! Ça me fait encore plus paniquer. Voyant que sa phrase n'a strictement aucun effet sur moi il glisse ses mains sur mes joues puis colle son front au mien. Un contact si bizarre, particulier, qui m'électrise. Ce genre de petits moments nous sont réservés. Je pourrais presque craquer.
- Arrête de paniquer, tout va bien...
- Arrête de crier alors... Je sais très bien que c'était stupide ! J'en ai conscience, je le sais parfaitement ! Mais pour toi, je pourrais faire les trucs les plus insensés..
Il semble surpris, ses yeux doublent de volume. Il dévie le regard et soupire un long moment.
- Abruti...
Ouais bah en attendant grâce à l'abruti que je suis, Ash' finira peut- être en prison...
- Putain t'es complètement con.
- Oui bah t'es pas mieux, ok ?! J'aurais pas fait ça si t'avais pas tout caché ! Si tu m'avais tout dit, que t'avais pas voulu tout masquer au point que ça te détruise j'aurais pas fait ça !
Il semble pris de court. Son regard se perd, loin, très loin. A cet instant, il paraît si proche et si loin à la fois, c'est complètement perturbant. Mon souffle frappe abruptement son visage,ça ne semble pas le perturber pour autant. Il se recule de moi et me balance froidement :
- C'est justement pour ça que j'avais rien dit, pigé ?! J'ai pas besoin d'aide merde ! Combien de fois je vais te le dire ?! J'arrête pas de le répéter !
Putain mais il est complètement borné ! Même après ce qu'ils s'est passé aujourd'hui il continue de dire qu'il a pas besoin d'aide, il se fiche de moi ou quoi ?! Parfois il mériterait réellement des coups ce con. Je m'approche de lui et le regarde le plus froidement que je peux. Je suis sûr que malgré ça, mon amour transparaît quand même.
- Tu te fous de moi ?!
- Tu crois réellement que c'est le cas ?
Il m'agrippe par le col de ma chemise et m'attire à lui. Je bous de l'intérieur. Mes nerfs sont complètement sur le point de me lâcher. Je tente de contenir ma colère mais ça devient compliqué ; Je vibre de partout. Je serre les dents et lui mets un coup dans le torse :
- Mais t'es complètement borné ma parole !! A croire que tu te fous complètement de ce que j'ai fait pour toi !
Alors ça, ça m'agace à un point inimaginable. J'ai failli réellement être dans une merde pas possible et lui il semble s'en foutre au plus haut point, c'est une blague ? Je le pousse violemment en arrière et m'esclaffe :
- Merde quoi !
Les larmes menacent à nouveau de couler. J'ai l'impression de toujours revenir au point de départ peu importe ce que je fais, ça commence très clairement à m'énerver. J'ai le sentiment que je me donne pour lui mais que ça ne lui fait rien.
- Tu te rends compte de ce que j'ai fait ?!! Merde c'était pour toi ! Et tu t'en branles en fait !
J'ai juste envie de partir, de partir loin. De m'isoler et de pleurer toutes les larmes de mon corps. J'ai eu tellement peur là- bas, j'ai réellement cru que j'allais rester coincé là- bas, que je leur servirai pour des choses horribles, que je pourrais plus en sortir et que... peut- être il m'arriverait la même qu'au frère de Gab. J'ai tellement paniqué et j'ai besoin de tout extérioriser, mais comment vous voulez avec cet abruti fini ?!
- Tu me gonfles ! Plus j'avance vers toi, plus t'éloignes.
Et ça devient un poids trop lourd et douloureux pour moi. Je peux pas supporter ça encore. Ça devient trop pénible. Je le repousse à nouveau et tourne les talons. Les larmes saccagent mes joues, je peine à respirer. Je suis carrément en train de m'étouffer sous la colère et la déception. J'agrippe violemment mon manteau mais n'arrive pas à le mettre. Je m'effondre simplement, pleurant à chaudes larmes. Rapidement je sens une pression dans mon dos qui me choque. Les larmes continuent de rouler mais mes sanglots se calment. Je baisse les yeux, les bras de Gab sont enroulés autour de ma taille. Je reste choqué, incapable de dire quoi que ce soit. Mon manteau tombe simplement par terre. J'ai l'impression d'être une larve. De ne plus avoir de force du tout.
- Tu m'as réellement fait peur idiot.
Sa phrase me chamboule. Il l'a murmuré si doucement que j'ai du réfléchir pour bien la comprendre. Je me retourne brusquement et le serre dans mes bras comme si ma vie en dépendait. Sa pression se resserre également. Il me maintient contre lui, caressant mon dos.
- J'ai vraiment failli... Je...
- Chuuut c'est bon.
Je m'agrippe à son haut comme si ma vie était en grand danger et me laisse aller. Je glisse mon visage dans sans nuque et pleure sans retenue. Une de ses mains remonte lentement et me caresse tendrement les cheveux. Ça faisait tellement longtemps que j'avais pas ressenti un contact pareil de sa part. Mon cœur se sent tout bizarre, comme libéré mais stressé à la fois.
- T'es complètement inconscient, tu fais chier !
Je sursaute un peu mais reste tout de même contre lui. Oui bah je fais chier mais lui aussi je tiens à dire.
- Toi aussi merde !
- Je sais... c'est de ma faute.
Plutôt oui. Mais c'est bizarre, j'arrive ni à confirmer ses dires ni à nier ce qu'il dit. J'étouffe simplement sous mes pleurs qui me bloquent la voix. Je tremble si fort et mon souffle devient très audible. Gab me serre plus fort contre moi, comme s'il voulait apaiser ma peine, l'atténuer.
- Tout ça c'est à cause de moi, t'aurais jamais dû t'accrocher, t'as bien vu ce qu'il t'ait arrivé merde !! T'aurais juste du dégager quand je te l'ai dit...
Facile à dire couillon ! Si seulement je le pouvais, je serais parti et j'aurais abandonné cette relation si complexe, mais impossible. Je l'aime beaucoup trop pour ça.
- Sauf que j'ai pas pu.. Et que je pourrais pas... Merde Gab je..
Je tente de continuer ma phrase mais les mots se mélangent. Tout est confus dans mon esprit. J'arrive plus à penser. Gab veut s'éloigner,il me dit que je dois partir, que je dois arrêter de m'accrocher mais en retour il m'étreint, me sauve et me serre si fort qu'on dirait qu'il veut pas me laisser partir. Je tape dans ses reins :
- Putain je te déteste, je comprends plus rien...
Aucune réponse. Ce qui attise mes doutes et amplifie mes craintes. J'ai peur que malgré tout ce que j'ai fait ça ait pas suffit à le faire aller bien et que du coup il veuille pas se remettre avec moi. Rien qu'à cette pensée mes sanglots reprennent en plus intense encore. Je me débats :
- Hey... Qu'est- ce que t'as ?
J'ai chaud, je meure de chaud et j'étouffe ! Je me débats violemment et le repousse du mieux que je peux pour avoir de l'air frais. Repenser au fait que j'ai failli me faire buter, violer et qu'en plus j'ai peut- être quand même perdu la seule personne qui compte à mes yeux me fait paniquer. Je me fais de l'air. Gab semble étonné :
- Hey Yoongi, calme toi s'il te plaît...
Je tremble si fort, on dirait limite des convulsions, ça craint. Gab se rapproche de moi mais je fais un violent pas en arrière. Plus je suis proche de lui plus cette douleur est vive. Je veux pas de faux- espoirs, je suis perdu, complètement stressé et apeuré. Il tend sa main vers moi, je fais machinalement non de la tête en tentant de repousser sa main mais il revient à la charge, se rapprochant de moi.
- Yoongi arrête de paniquer, tout est fini, promis.
Il glisse sa main sur ma joue. Ce contact me fait perdre mes moyens. J'ai peur de m'imaginer des choses. Il m'agrippe par les épaules voyant que je n'arrive pas à me calmer et que mon état est pire encore.
- Merde Yoongi du calme je t'ai dit !
- Hurler ne m'aide pas !!
Criais-je. Je suis incapable de me calmer. Ma respiration s'accélère, comme si elle voulait défier la vitesse du son, tandis que mon cœur bat de plus en plus fort. Ce dernier se serre et me fait mal.
- S'il te plaît calme toi..
Sa voix est plus tendre, moins stressante et dure. Nos regards se croisent. Ses mains me serrent si fort.
- Tu fais chier ! Merde hein ! Pourquoi faut que tu paniques ?! Putain j'ai qu'un moyen de te calmer... Je t'assure que tu seras casse couille mais jusqu'au bout, c'est pas croyable !
Rapidement, je gémis sentant une forte pression sur mes lèvres. J'ouvre grands les yeux, comprenant que Gab a déposé ses lèvres sur les lèvres. Je garde les mains en l'air, ne sachant pas quoi faire. Cette sensation si délicieuse me brûle les lèvres et fait vriller mon cœur. Ce dernier pétille de pleins de sentiments différents. Il se passe quoi ? Il murmure :
- Tu fais chier...
Je finis par fermer les yeux pour savourer cet instant si pur. Rapidement, mon souffle se calme même si mes larmes continuent de rouler sur mes joues rougis. J'arrive pas à y croire. Mes bras retombent lourdement le long de mon corps. Ce baiser est chaste,calme. Il sait comment me calmer effectivement. Je sens sa main près de la mienne et ne pouvant pas résister je la lui attrape,entrelaçant ses doigts dans les miens. Il serre la pression sur ma main et étrangement je ressens des ... palpitations. Je meus mes lèvres contre les siennes, il semble surpris :
- Non, s'il te plaît...
C'est tout ce qu'il susurre. Malgré ça il m'embrasse aussi et laisse passer un soupir significatif. Je me sens apaisé, soulagé, plus léger.
- Je suis... j'ai pas fini de m'énerver.
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Finalement tout est bien qui finit bien ~ J'espère que vous avez aimé cette résolution !
Titre : Phases of the moon, Love of a beast
Nombre de tomes : 1 tome (O.S)
Ma note : 4/10
Je vous propose le résumé de nautiljon :
Pour changer d'air, Izuki a accepté de s'occuper d'une vieille maison en pleine montagne. Sa mission prend un tournant fantastique lorsqu'il tombe sur un sanctuaire abandonné : la statue de son dernier gardien s'y dresse encore, et Izuki ne résiste pas à partager sa solitude avec l'être de pierre. Quelques heures plus tard, Izuki, égaré dans les bois, est agressé par un yôkai. Heureusement, le gardien veille toujours.
Critique :
J'avais acheté ce tome car je trouvais la couverture magnifique (et en effet, elle l'est), l'univers me semblait un peu original également alors je me suis dit : pourquoi pas.
Je ne peux pas mettre la moyenne pour une raison simple : les viols. On est à nouveau face à un yaoi cliché avec des scènes d'agressions où le personnages tente de convaincre l'autre qu'il le voulait, que c'est lui qui l'a tenté et lui a donné son autorisation dans son comportement. Et c'est tellement dommage car en réalité l'histoire est bonne, sombre, triste mais belle et mélancolique à la fois. L'histoire du gardien est tragique et a fin de l'histoire est émouvante. Le gardien aurait simplement pu se rapprocher de l'humain et lui faire comprendre que la solitude le tue sans pour autant l'agresser. Puis bordel, on baise pas à même le sol dans les bois, y'a pleins de bestioles beurk.
Une histoire qui avait du potentiel, encore une fois gachée par une envie trop précipitée de toujours et encore ajouter des scènes de sexe qui ne servent à rien.
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