Save me
- C'est fini...
J'ai peur, je suis carrément effrayé en fait. Je tremble de tous mes membres et mon cœur bat de plus en plus vite. Il va y avoir beaucoup de sang ? Je pense, va falloir que je ferme fort les yeux alors. Je déglutis péniblement et fixe la lame qui m'éblouit avec la lumière intense de la salle de bain. Mon portable sonne. Je serre plus fort la lame et fronce les sourcils. La sonnerie me perturbe. Punaise ! Je suis en train de me dégonfler. Mes sanglots sont de plus en plus puissants. J'ai peur, je suis mort de trouille. La sonnerie continue à retentir. Je tourne la tête vers mon portable et y amène ma main tremblante. C'est Mathéo. Je dois au moins lui dire au revoir... Au moins ça... Je décroche :
- Yoongi ? Ça va ? C'était quoi ce message bizarre ?
-Je... Je...
J'inspire à grandes bouffées. Le stress s'empare de plus en plus de moi. La lame taillade en surface ma peau à cause de mes tremblements. Je la lâche et me taille le bout du doigt sans faire exprès. Je gémis plaintivement.
- Yoongi ? Hey, ça va ?
-Non.
Je fonds encore plus en larmes et prends conscience de ce qu'il se passe, de ce que je suis sur le point de faire.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je... Je suis perdu... Je crois que je suis sur le point de faire une grosse bêtise. »
Mon cœur me brûle. Je repense à ma mère, Mathéo, mes amis, Gabriel, mon père. Tous ces souvenirs me reviennent en pleine figure. Ça fait bizarre... Quand on dit que lorsqu'on est au bord de la mort la vie défile devant nos yeux c'est vrai en fait. Je tiens ma vie entre mes doigts et en l'espace de seulement quelques secondes je peux décider de tout finir. Et durant ce court laps de temps où je ne sais pas quoi faire, ma vie passe en revu.
- Une grosse bêtise ? Comment ça ?
La voix de mon meilleur pote me laisse deviner qu'il a peur aussi mais qu'il tente de garder la face. Je tremble toujours plus. Je regarde la lame qui luit dans l'évier. Cette tentation devient puissante, de plus en plus puissante. J'en ai envie mais en même temps j'ai peur. Il va se passer quoi après ?
- Je sais pas, j'ai peur... En fait, je suis mort de trouille, je sais plus quoi faire. Je vais faire un truc que je devrais pas.
Je pose le portable sur un meuble juste à côté de l'évier et mets le haut parleur. Qu'est-ce que je dois faire ? Et pourquoi j'en parle à Mat' ?!! Je voulais juste lui dire au revoir à la base ! Putain pourquoi tu m'as appelé ?!
- Calme toi, dis moi ce qu'il se passe.
Mes dents claquent et mes pleurs se font entendre. Je renifle fortement et frotte mon nez. Je reste hypnotisé par la lame. J'y amène ma main et la tiens fermement, je laisse ce petit bout de métal coupant sur ma peau, au niveau de mon poignet.
- J'ai peur...
Je fonds en larmes, ma vue se brouille rapidement. Je frotte mon visage dans mon épaule pour sécher quelques larmes. Je me regarde dans le miroir. Je fais peine à voir et je fais carrément pitié en fait.Je suis pale à cause du stress, mes larmes ont ravagé mon visage,ça me rend horriblement moche...
- T'es où là ?
- C-Chez moi...
- Tout seul ?
- Mmh... Je suis dans ma salle de bain et je...
Je me tais assez longtemps, ayant peur de finir ma phrase.
- Parle moi. Reste pas sans me parler, parle moi. Qu'est-ce que tu fais là ?
Avouer que je suis sur le point de me tailler les veines pour en finir me fait mal au cœur. Ça confirme le fait que je sois quelqu'un de faible. Je cherche même pas à m'en sortir, c'est ridicule et même stupide. J'ai l'air idiot et je suis le plus gros lâche sur terre.
- J'ai trouvé une lame... J'en ai marre de tout ça.
Le silence règne. J'entends juste un petit :
- Putain merde. Simon, viens, on a un gros problème là.. »
Il est avec Simon ? Je voulais pas déranger... Et puis déranger en quoi ?! J'ai juste envoyé un message, c'est lui qui m'a appelé !! Il aurait pas dû ! Ça m'a dégonflé ! J'en ai plus la force, avoir entendu sa voix me décourage à faire ce que je voulais faire.
- Yoongi...
La consonance de mon prénom dans sa bouche me fait frémir. Je claque des dents toujours plus fort et peine à respirer à cause de mes sanglots. Le métal frais et coupant joue lentement sur ma peau.
- Pose la lame, mets la loin de toi. Tu bouges pas, on arrive.
- Je sais plus ce que je veux ou pas. Pourquoi tu m'as appelé ?!! Maintenant je sais plus quoi faire ! Je voulais juste te dire au revoir par message parce que je savais que j'aurais plus la force de le faire après, alors pourquoi ? »
Ça aurait été mieux qu'il voit mon message plus tard. Ou même que mon message ne s'envoie pas, non là ça aurait été horriblement lâche de ma part et puis je lui aurais même pas dit au revoir, c'est inconcevable pour moi.
- Ça prouve que t'as pas envie de faire de connerie ! Sois pas idiot, réfléchis bien, t'as pas envie de tout finir !! Tu penses à ceux qui t'aiment ?! »
Sa voix se brise. Il ne va pas pleurer quand même ? L'entendre me fait encore plus mal au cœur. Je renifle encore et me fixe dans le miroir. J'ai une vue complète sur la situation actuelle. Moi, en pleure, la lame de rasoir posée contre mon poignet gauche. Je respire fort. Le stress est de plus en plus intense et la peur grandit en moi.
- Je manquerai pas à beaucoup de monde. Je voulais juste de dire au revoir. C'était tout... J'en peux plus, vraiment plus...
- Arrête, dis pas n'importe quoi !
J'entends un peu de raffut, il parle à son amant mais je ne comprends pas bien ce qu'il dit. Puis j'entends du bruit, Mat' est essoufflé, il court ? Je serre plus fort la lame et sens le métal s'enfoncer doucement entre mes doigts.
- Tu fais pas de bêtise ! On arrive, ok ? T'es fort, tu peux te battre je le sais. C'est pas fini pour toi, loin de là,t'es encore jeune !
- Je m'en fous... Mon père me manque..
- Et ta mère t'y penses ?!
Je sursaute et la lame glisse à nouveau dans le lavabo. Je fixe cette dernière et tombe par terre à genoux. Je m'agrippe aux rebords du lavabo et peine à respirer. J'amène péniblement le téléphone à mon oreille.
- J'ai besoin d'aide... Je sais plus quoi faire.
- Déjà pas ce à quoi tu penses ! Ça résoudra rien ! Ça va juste faire du mal aux gens, moi, ta mère et tous les autres aussi ! Tu pense aux autres ?
- Et les autres ils pensent à moi ?!! »
Je crie. Le silence règne. Enfin, le souffle court de Mathéo retentit fortement, c'est tout ce que j'entends. Je me redresse péniblement sur mes jambes flageolantes. Je regarde à nouveau la lame. J'ai toujours été trop gentil, je savais très bien que ça allait me porter préjudice un jour. Tout le monde arrêtait pas de me le dire et moi je n'écoutais pas. Je suis altruiste, c'est dans ma nature...
- Oui, les autres pensent à toi !! C'est pas parce qu'un con sur Terre s'est foutu de ta gueule que tout le monde le fait ! Un abruti ne résume pas tous tes proches !
- Ouais mais cet abruti c'était celui qui comptait le plus. »
Les larmes roulent plus rapidement sur mes joues. Il comptait tellement à mes yeux. J'avais besoin de lui. J'en ai encore besoin, je le sens, sans lui rien n'est plus pareil. C'est horrible, on dirait que le monde ne tourne plus maintenant qu'il est plus là.
- Écoute, en finir voudrait dire qu'il a gagné. Il a pas gagné ! Tu dois lui montrer qu'il rate la meilleure personne au monde.
J'y crois même pas. Je suis loin d'être la meilleure personne sur Terre, j'ai beaucoup de défauts. Je suis pas forcément le plus gentil, le plus mignon, le plus... Je sais pas mais j'ai des défauts. Et c'est certainement à cause d'eux que presque personne veut de moi.
- Je suis pas la meilleure personne...
- Si Yoongi. Moi je le crois en tout cas et je sais que je suis pas le seul ! Prouve le !
- Mais j'en ai marre de devoir prouver tout le temps tout à tout le monde merde !!! J'ai passé des mois à prouver à Gab que je tenais à lui et que je pouvais me surpasser pour lui et au final tout m'est retombé en pleine gueule ! Ça suffit ! »
J'en ai assez ! Et pourquoi ce serait toujours à moi de prouver que j'en vaux la peine ?! Pourquoi ce sont pas les autres qui cherchent à voir que oui, je suis quelqu'un de bien et que je suis pas une chose si ridicule, contrairement à ce qu'ils croient ?
- Non tu te trompes c'est...
- Je suis désolé je voulais juste te dire au revoir, pas me battre avec toi.
-Mais moi je veux pas te perdre couillon ! Tu poses cette foutue lame et tu attends, de toute façon on est bientôt là...
Je repose mon portable sur le meuble et agrippe violemment la lame. J'appuie sur mes veines mais pas assez pour qu'elle me taille. J'ai trop peur, finalement j'ai plus les couilles de le faire. Avoir entendu mon meilleur ami qui tient à moi et l'entendre aussi paniqué me décourage. Le fait qu'il m'ait parlé de ma mère aussi...
- J'ai besoin d'aide... Je sens que je vais le faire mais j'ai peur.
C'est sorti tout seul. Je veux pas le faire mais j'arrive pas à retirer la lame et à l'éloigner tout seul en fait.
- Ne le fais pas, ok ? Tu vas le regretter.
- Pas si je réussi...
Si je réussi je meurs donc concrètement je pourrais pas regretter après ça. Je toussote pour mieux respirer mais mes pleurs semblent bloquer mes voies respiratoire. Je tente de parler mais m'étouffe.
- Yoongi, écoute moi. S'il te plaît ne fais rien. Je te propose un truc. T'arrives pas à t'en empêcher c'est ça ?
- Je suis comme.. Hypnotisé...
- Ok alors tu restes comme ça, garde la lame près de toi s'il faut mais tu n'appuies pas. Compris ? On va t'aider, on arrive.
- Je sais pas si peux. Je sais plus si je veux continuer à me battre ou pas... Tu vas trop me manquer.
- Oh crois moi que si tu fais cette connerie alors que je suis au téléphone avec toi je vais t'en vouloir et tu auras jamais l'âme en paix.
Il veut pas être au téléphone si je le fais ? Mon expression se fige et se braque sur la lame qui longe mon avant bras. Je redescends la lame et appuie un peu plus au niveau de mon poignet. Un gémissement de douleur étouffé franchit la barrière de mes lèvres. Ça fait mal !! La sensation me fait me sentir différent. Le suicide c'est peut-être quelque chose d'égoïste mais ma vie est trop pénible et j'arrive plus à tout gérer, c'est insoutenable. Je prends un bon bol d'air et murmure :
- J'ai besoin d'aide... Je suis sûr de vouloir mais je crois que la lame est déjà... enfin je... J'ai peut-être trop appuyé, j'ai peur maintenant.
Un silence de mort règne. Oh putain mais qu'est-ce que j'ai fait ?!! Je ne sais plus quoi faire !!! Je suis effrayé, mort de trouille et maintenant je regrette, je regrette vraiment ! Mon téléphone bip, j'ai plus de batterie. J'ouvre grand les yeux et grimace sous la douleur qui tiraille mon poignet.
- Ok tu bouges plus d'un millimètre, on est bientôt là, ok ?!
-J'ai plus de batterie, ça va...
Mon portable s'éteint.
- Couper... »
C'est fou, j'ai jamais de batterie dans les moments importants. Et maintenant je suis tout seul. Seul face à cette réalité qui me revient comme un boomerang en pleine face. De toute façon, Mat' habite à côté, genre à cinq ou dix minutes... Mais quelle connerie est-ce que je suis en train de faire ? Moi qui me sentais heureux à l'idée de pouvoir en finir maintenant je suis effrayé et je regrette. J'ai encore tellement de choses à découvrir... Et pourtant je suis sur le point de tout finir. Je regarde mon poignet, un léger filet de sang coule. Je relève immédiatement la tête en sentant mon cœur faire un bond dans ma poitrine. Du sang... Du sang...
- Oh mon dieu.
Mais putain ! J'ai la phobie du sang et je suis le seul abruti à vouloir se tuer en se taillant les veines ! J'aurais pas pu sauter d'un pont ou me jeter sous une voiture comme quelqu'un de censé ?! Bah non évidemment ! Stupide jusqu'au bout Yoongi hein ! Du sang frais roule sur mon poignet, la sensation me donne automatiquement la nausée. Je tremble mais tente de me maîtriser. Mat'... maman... Mais quel con je suis !
- Au secours...
Mon cœur bat le tocsin, je commence à avoir chaud mais j'ai tout de même des sueurs froides à la fois, comment c'est possible ça ? C'est carrément improbable ! Mes jambes peinent à me tenir et j'ai le sentiment de frôler le malaise. Je me fixe dans le miroir et ne peux m'empêcher de me repasser en mémoire les meilleurs choses qui me sont arrivées tout comme les pires.
- Ma vie...
Voilà, ça c'est ma vie : ma rencontre avec Mat' alors qu'on était encore tout petit. J'étais tout timide au fond de la classe et la prof l'a bougé près de moi, depuis on s'est plus lâché. Puis Louys et Antonin sont arrivés. Ensuite y'a eu le décès de mon père qui m'a traumatisé, puis finalement ma rencontre avec Gab et cette fabuleuse histoire entre nous, puis la réalité : des mensonges, des trahisons... Puis maintenant. Passionnant, hein ? J'ai un faible rictus, en fait ma vie a été nulle jusque là. Ça me démotive à mourir, j'aimerais connaître une vie bien remplie, pas le peu que j'ai eu jusqu'à maintenant, ça fait pitié.
- C'est ridicule...
C'est ce que je me balance en pleine figure en me regardant dans le miroir. J'étais motivé et je voulais vraiment en finir et même encore par bref instant j'en ai encore envie mais... un truc en moi me dit que ruiner ma vie comme ça serait stupide. Si j'abandonne ma mère, elle ne sera pas capable de se reconstruire.
- Yoongi !
Un cri ou même deux, puis un bruit sourd me surprend. Je sursaute violemment et crie de douleur en sentant la lame s'enfoncer dans ma peau et me tailler. Je serre les dents et tourne la tête vers la porte. Ma vue se pose sur un Mathéo pris de panique, les yeux écarquillés tout essoufflé et un Simon stressé et apeuré ne sachant pas où poser son regard. Je baisse la tête. Cette douleur significative me fait peur. Mathéo bondit derrière moi et me tire par les cheveux pour que je lève la tête.
- Regarde en l'air !
Je tremble et n'ose même pas bouger ou encore répondre. Les larmes remontent à nouveau à mes yeux. Ce sentiment de stress mélangé à de l'effroi stagne en moi.
- Putain mais quel con !
-Je sais...
Mes sanglots se font entendre. Mat' allume l'eau et rince mon poignet à une main, avec l'autre il me tient par les joues pour que je ne regarde pas en bas. Il voit bien que ça me démange. C'est moche ?
- Simon, aide moi steup'...
Ce dernier s'active et vient appuyer sur mon poignet. Je gémis plaintivement et gigote sous la douleur. Une main abîmée par un bout de verre et maintenant le poignet en compote pour une folie passagère, mais c'est génial !
- Putain mais il t'a pris quoi ?!
- J'en pouvais plus. Ça devient trop horrible et insupportable, il me manque trop. J'ai plus envie de vivre.
Ça c'est vrai, j'ai plus envie de vivre, je me sens triste et dépassé par les événements, j'arrive plus à faire la part des choses et c'est en train de me détruire intérieurement.
- Ah !!!
Ils me font mal !
- Arrête de gigoter merde ! On fait ce qu'on peut, ok ?
Je le sais bien mais ça n'empêche pas que ça fasse mal ! Je renifle et fonds en larmes à nouveau. Je sais plus du tout ce que je veux. Plus j'y repense et plus je me dis que tout arrêter me ferait moins souffrir mais en même temps les pensées de Mat' et de ma mère me portent et me soutiennent pour continuer à me battre.
- C'est dur mais ça s'arrangera ! Arrête de croire que tout est fini pour toi. T'es déprimé c'est normal mais ça te passera.
- J'en ai pas l'impression.
- C'est normal. Ça finira par se tasser. »
Il appuie sur mon torse au niveau de mon cœur et murmure :
- Quelqu'un viendra réparer ça. Sois en sûr...
J'aimerais tellement y croire. Si tout pouvait être si simple. Un peu comme chez Carglass, ton pare-brise est fissuré, tu les appelles et hop : on répare tout en deux secondes. J'aimerais que ce soit pareil pour mon cœur ; qu'il y aie un service de réparation et que quelqu'un de charmant et d'adorable me soit envoyé pour panser mes blessures.
- J'ai mal...
- Bah oui forcément idiot, t'as cru quoi ? Que ça ferait pas mal ?
- Je sais pas trop, je... j'ai pas réfléchi.
C'est qu'après que j'ai commencé à réfléchir à mes actes et c'est quand j'ai commencé à appuyer que j'ai eu peur et que j'ai voulu revenir en arrière. Simon reste en retrait, il ne parle pas mais en revanche il s'active à me rincer la vilaine plaie que j'ai.
- C'est moche ?
- Ça va aller, t'inquiète... Ça saigne pas mal mais ça ira, tente de me rassurer Simon.
A l'entente de sa phrase mes nerfs me lâchent et mes jambes flageolent fortement. Je manque de tomber mais je me fais rattraper par Mathéo qui me plaque fortement entre lui et le lavabo. Il fiche une tape à Simon et le regarde froidement. Ce dernier ne comprend pas et fait un signe d'incompréhension. Mat' soupire et murmure :
- Ça va aller, ça saigne presque pas, ok ? Regarde pas,d'accord ? On va mettre un bandage et ça ira mieux.
J'ai envie de rien pour être honnête. Ils pourraient me laisser là,mourir et me vider de mon sang ça me dérangerait pas plus que ça. Je sais pas comment ça se fait mais finalement tout m'abandonne, mes forces et mes envies. Tout. Simon murmure à Mat' :
- Il a peur du sang ?
-Carrément même... Il est phobique.
Il semble comprendre et s'éclaircit la voix. Il me regarde, je l'aperçois du coin de l'œil. Le voir me fait penser à Gabriel.
- Tu sais, ça saigne déjà plus beaucoup. C'était pas si profond. Dans pas longtemps c'est fini.
Il s'essaie à un sourire que je devine faux. Je suis pas dupe, je le sens que ça saigne, la sensation me dégoûte au plus profond de moi. Je laisse tomber ma tête en arrière, sur l'épaule et de mon meilleur ami et fixe le plafond.
- J'ai mal... autant au cœur qu'au poignet, j'en peux plus...
Pleurer me vide toute force et énergie aussi. Je me sens plus faible que jamais.
- Je te jure que je vais buter ton putain de pote !!
Je relève la tête et me fixe dans le miroir. Je peux voir mes deux amis près de moi. Mat' regarde Simon, ce dernier le fixe et fait non de la tête en agrippant son poignet. Mat' le regarde triste et soupire un petit coup. Simon semble acquiescer aussi et se concentre à nouveau sur mon poignet. C'était quoi ça ? J'ai même pas la force de me prendre la tête.
- Je sais plus quoi faire.
- Déjà te suicider résoudra rien. Écoute, c'est clairement pas la bonne solution, ok ? la voix posée de Simon ne suffit pas à me convaincre.
- Et je devrais faire quoi ? C'est pas toi qui t'es fait prendre pour un con aussi longtemps ! Je suis détruit moralement et mentalement, rien que devoir sortir de chez moi me ruine.
C'est plus facile de parler et de conseiller les gens quand on regarde la situation d'un point de vue extérieur. Il sait pas ce que je ressens, il peut pas comprendre. Simon arrête l'eau.
- Tu tiens son poignet ? Je vais désinfecter et le bander.
- Ok, je le tiens.
- Ça va un peu piquer je pense.
Oh t'inquiète je le sais, j'ai déjà connu une entaille similaire chez Gab, je sais à quelle douleur m'attendre, enfin je crois. Je me fixe encore et encore dans le miroir et me trouve pitoyable ;
- Je me donne envie de vomir.
- Hein ? Qu'est-ce que tu racontes ?
- Je serai toujours un fardeau en fait...
- Mais nan, dis pas ça, c'est pas le cas.
Il dit ça mais je suis sûr que dans le fond je dois le fatiguer. Il veille sur moi comme si j'étais un enfant, sauf que j'ai dix-sept ans, ça doit l'épuiser. Il aimerait vivre sa vie et moi je suis toujours là, avec mes problèmes et je l'en empêche. Je suis un meilleur ami horrible dans le fond. Simon fouille dans mes placards et trouve une trousse de soin. Il la pose sur le meuble près de mon portable et regarde dedans. Je suis lassé de tout, j'en peux plus. Même les petites choses joyeuses de la vie quotidienne me donnent la nausée, c'est plus une vie ça. Mat' serre fortement mon avant bras et se plaque encore plus contre moi. Je grimace d'avance et quand je sens la douleur sur mon poignet je geins et me débats.
- Foutez moi la paix !!
- Yoongi, calme toi ! On fait ça pour toi, ça va vite te passer, me rassure Mat'.
- Ça sera pas long, promis. »
Je pleure à nouveau et serre les dents, si fort que ça m'en fait mal.Je me débats violemment et mets un coup de pied dans le tibia de Mat' pour qu'il me lâche. Des larmes de désespoir ravagent mes joues.
- Foutez moi la paix !! Laissez moi crever merde !! J'en ai maaaaarre !!!
Finalement plus j'y repense et moins j'ai envie de continuer. Plus je me sens pitoyable et moins je trouve que ma vie a un réel sens. Je pousse violemment Mat' qui bute contre Simon. Les deux me regardent, choqués. Simon est le premier à parler :
- Hey, ça va aller, c'est qu'une mauvaise passe !
- Dégagez !! Je veux juste ne plus continuer à avoir aussi mal, je veux être heureux moi aussi. Cassez vous !!
Cette douleur interne me ronge, et même celle externe. Je sens que mon poignet me tiraille et je sais que je suis ouvert, ça me fait souffrir. Je bondis dans le lavabo et agrippe la lame qui était là depuis le début.
- Pose ça !
Crie mon meilleur ami. Je recule fortement et menace de me tailler. Je les regarde intensément et me mets à trembler de tous mes membres. Mon cœur semble vouloir défier la vitesse du son tandis que mes sens sont perturbés. Ma tête tourne et mes forces me quittent petit à petit.
- Foutez moi... La paix...
Ma voix se brise et les larmes refont surface. Elles ruinent mes joues et me font mal. Simon avance d'un pas. Je recule et m'empresse de parler :
- S'il vous plaît, je veux juste être heureux moi aussi.
-Et tu peux l'être, crois moi ! Tout n'est pas fini pour toi. Hey, si tu fais ça tout est fini et tu pourras plus être heureux, tu seras tout seul, loin de tout le monde et tu souriras plus.
- Je serai pas seul, y'a mon père... murmurais-je.
Il semble pris de court et regarde mon meilleur ami comme s'il cherchait un support. Mathéo avance et tend la main.
- Yoongi écoute, faut que tu me fasses confiance, je te promets que je te referais sourire, ok ? Écoute moi, fais pas de connerie. Tu penses à moi ? Je suis censé me reconstruire comment si je vois mon meilleur ami se suicider devant moi ? »
Ses yeux sont embués de larmes. Je renifle et laisse tomber la lame par terre en même temps que moi. Je tombe à genoux et pleure bruyamment. Il a raison. Je peux pas lui faire ça, j'ai le droit de ruiner ma vie, mais pas la sienne. Il est trop précieux à mes yeux, j'ai pas le droit de lui faire ça. Ça serait trop égoïste. Il se met rapidement à genoux devant moi, balance la lame plus loin et me serre fortement dans ses bras. J'agrippe son haut et pleure toutes les larmes de mon corps.
- C'est fini, tout va aller mieux maintenant, d'accord ?
Je ne dis rien et loge mon visage dans sa nuque. Il caresse mon dos et j'entends qu'il pleure un peu aussi. J'ai dû lui faire vachement peur. Mais quel con je suis ! D'un coup je gémis, sentant mon poignet me brûler.
- J'ai mal.
Mat' se recule et moi et agrippe mon poignet qu'il fixe. Il grimace. Je baisse la tête pour voir mais il m'en empêche en m'attrapant par les joues et me forçant à regarder en l'air.
- Simon, viens...
-Je suis là. »
Il se met à genoux à côté de son amant et s'empresse de bander plusieurs fois mon poignet douloureux. Je suis obligé de regarder en l'air, ce qui m'empêche de déglutir correctement. Je m'agrippe toujours à Mat' et je continue à trembler. Mon cœur, lui, retrouve enfin un rythme normal. Je laisse tomber ma tête contre l'épaule de mon meilleur ami et murmure :
- Je suis désolé...
- T'as pas à l'être. C'est pas à toi de d'excuser...
- C'est rien Yoongi. T'excuse pas, t'as pas à le faire.
Et pourtant j'ai l'impression que si, c'est normal ? Je pense que oui. Je sais pas trop si en vrai je m'excuse d'exister ou d'avoir tenté d'en finir. Peut-être un peu des deux dans le fond.
- Je suis un boulet, je m'en veux...
- Arrête, t'es un boulet pour personne. T'as toujours tenté d'aider les autres, Simon cherche à m'apaiser.
Ouais, et voilà ou ça m'a mené. Super, si être aussi gentil conduit à se foutre dans la merde à ce point, je vais finir par devenir très méchant. Histoire de protéger mon cœur et d'être sûr de plus être autant blessé.
- Et au final voilà où ça m'a amené.
- Mais t'as réussi...
Je le regarde sans comprendre. Mat' lâche enfin mes joues. Je fronce les sourcils et dévisage Simon. Il semble concentré sur ce qu'il fait et murmure :
- T'as réussi, c'est juste que parfois... Même quand tout semble aller, y'a des choses qui interfèrent. T'y es pas forcément pour quelque chose tu sais.
- C'est lui qui a tout fait foiré, il a tout gâché.
- Oh oui... Mais t'avais réussi quand même. Tu l'as changé.
- Il a changé ce connard ! Et en vrai ce con...
Simon interrompt Mat'. Il lui met un méchant coup dans le flanc. Mat' gémit de douleur, une vrai douleur et fixe son amant. Ce dernier le dévisage et lui fait non de la tête. Mat' semble triste et ancre finalement son regard dans le mien :
- Il a juste jamais eu de cœur, cherche pas...
Il baisse la tête et soupire un grand coup. Je ne comprends pas. Je fixe simplement Simon qui fait un nœud à mon bandage pour qu'il tienne. Il caresse le dos de mon meilleur pote, ce dernier parle :
- Désolé Yoongi...
-De quoi ?
-Juste, désolé.
Pourquoi sa voix se brise ? Je renifle et fixe le sol. Il y a un peu de sang mais sans plus... Je me sens horriblement mal. J'ai plus de force, même penser devient pénible. Simon passe sa main froide sur ma joue, ça me fait peur. Je sursaute.
-T'as pas raté ta vie. T'as juste pas eu de chance.
Pas eu de chance ? Carrément en fait ! J'ai la poisse dans ma vie. Je perds toutes les personnes qui comptent pour moi, on dirait que je suis destiné à perdre ceux que j'aime. A quand le fait de perdre ma mère et mon meilleur ami ? C'est limite si ça ne saurait tarder. Sa main passe à nouveau sur ma joue. Ça me fait tout particulier.
- Ça va aller... Repose toi sur nous, arrête de penser aux points négatifs de ta vie. A force tout semblera devenir plus claire, le temps éclaircira toutes les zones d'ombre.
Sa phrase est jolie mais ça n'empêche que je me sente toujours aussi ravagé. Je le regarde avec désespoir. Il m'offre un joli sourire. A cet instant, toute la rancœur que j'avais vis-à-vis de lui s'envole.Mes lèvres tremblent et je me sens plus faible. Il glisse sa main dans ma nuque et m'attire à lui. Ma tête se pose sur son torse. Il frotte mon dos.
- Pleure, pleure comme jamais. Laisse toi aller. Extériorise, ça te permettra d'aller mieux.
Ces simples paroles suffisent à me faire aller mieux dans le fond. Je renifle et me mets à pleurer discrètement en m'accrochant aux pans de sa veste. Je sens la main de mon meilleur ami se glisser dans ma chevelure.
- Je suis désolé.
J'arrête pas de répéter ça, tandis que eux me disent qu'ils ne m'en veulent pas et que je ne dois pas être désolé. Mais c'est plus fort que moi. Je m'en veux d'être un fléau pareil.
- J'en ai marre de me sentir si mal.
- C'est normal, mais ça passera même si t'as l'impression que tu vas pas t'en remettre.
- Il a raison Yoongi. Te laisse pas abattre, tu vaux mieux que ça, prononce Mat'.
Si seulement je pouvais m'en convaincre. J'ai pas l'impression de valoir beaucoup. Je reste, là, à pleurer comme un imbécile au bout de sa vie. Je baisse la tête et fixe mon poignet. Je demande peu sûr de moi :
- L'entaille est profonde ?
- Pas vraiment mais tu garderas une cicatrice... Un peu comme si tu t'étais scarifié, tu vois ? m'annonce Simon.
Super, je vais garder en mémoire cette période de ma vie pendant très longtemps. En réalité, pour toute ma vie, c'est magnifique... J'ai pas fait exprès c'est ça le pire. Je m'attendais pas réellement à ce qu'ils débarquent comme ça d'un coup. J'arrête enfin de pleurer. Je caresse mon poignet. Mat' murmure :
- Ça va mieux ?
- Peut-être. J'ai mal à la tête et je me sens perdu. Complètement perdu...
- Tu devrais dormir un peu, ça te fera du bien.
Je reste immobile et préfère ne pas répondre. Dormir ? Peut-être bien, je passe ma vie à dormir ces derniers temps de toute façon. Je me laisse tomber en arrière et bute contre ma baignoire. Je gémis plaintivement puis regarde en l'air en amenant ma main à mon cou. De la tristesse m'envahit quand je me rends compte que je n'ai plus la chaîne que Gabriel m'a offerte.
- Je croyais... Qu'on s'aimait vraiment.
J'en étais persuadé. Simon me regarde tristement et jette un bref coup d'œil à son amant, Mat'. Ce dernier le toise également.
- Tu sais, c'est triste mais parfois on croit a des choses auxquelles on ne doit pas croire, dit Simon.
C'est brut mais au moins c'est dit. Des larmes coulent sans que je m'en rende vraiment compte. La lumière au plafond m'hypnotise.
- J'ai tellement fait pour lui...
-On le sait, arrête de penser à lui.
C'est facile à dire.
- Facile à dire. Si je te retirais Simon en te disant qu'il se foutait de ta gueule tu réagirais comment ? Et toi si la même t'arrivait avec Mat, Simon ? »
Les deux se regardent et ne me répondent pas. J'ai raison. Je suis détruit et c'est normal, peu importe ce qu'ils diront ils ne pourront rien changer. Je suis brisé.
- Je me sens détruit... anéanti.
Mes sanglots reprennent. Pourquoi j'ai repensé à Gabriel ?!! J'aurais pas dû, mais quel con ma parole ! Je me sens à nouveau mal maintenant. Bravo ! Mat se relève et me tend la main. Simon fait de même.
- Arrête de pleurer.
Simon pose sa main sur son avant-bras et fait non de la tête. Il m'aide à me relever et me dit tendrement :
- Pleure, c'est ce qui te fera aller mieux.
Vu à quel point je pleure je devrais aller mieux très vite alors. Je passe mes journées à pleurer. Dès que je me lève je pleure, après je passe la journée à chialer et je m'endors en pleurant à chaudes larmes. Mat' vient me prendre dans ses bras.
- C'est fini maintenant. Tu feras plus de bêtise, promis ? Tu vas t'en sortir, on va t'aider, je te le jure.
Je fais faiblement oui de la tête et me laisse traîner. Il m'amène jusqu'à ma chambre. Je la fixe et repère immédiatement l'écharpe que Gab m'a offerte et le sweat qu'il m'a donné. Pourquoi ce con m'a donné son sweat alors qu'il se foutait de moi ? Pourquoi il m'a offert une chaîne ? Pourquoi il m'a amené sur la tombe de son frère, pourquoi... il a fait plein de choses significatives ? Pour mieux m'y faire croire, c'est ça ?
- J'ai mal au crane, au cœur et maintenant au poignet.
Je me mets à rire. C'est tellement risible. Mat' me mets dans mon lit et m'allonge. Il jette un bref coup d'œil à Simon. Ce dernier s'assied sur le rebord de mon lit et me détaille. Je serre la couverture contre moi et attrape timidement la main de mon meilleur ami.
- Je... désolé de vous avoir dérangé, vous étiez tous les deux... »
Ils se regardent et sourient légèrement.
- Si tu savais à quel point c'est pas important.
- On s'en fiche de ça, rajoute Mat'.
Tout de même, ça m'embête. Je regarde Mat', il caresse ma main et se laisse faire.
- Idiot, pourquoi t'as voulu faire ça ? C'est stupide...
-J'en avais marre d'avoir aussi mal...
Il caresse désormais mes cheveux et vient se glisser dans mon dos. Je gigote un peu et fixe Simon. Il ne fait aucune réflexion. Ça doit le déranger...
- A-Arrête...
-C'est bon, ça le dérange pas...
Ça me met quand même mal à l'aise. Simon reste muet et fixe tour à tour moi et mon meilleur ami. J'ai peur de ce qu'il va se passer maintenant.
- Dors, ça va te faire oublier, t'en as besoin.
- Je me sens mal.
- Ça durera pas indéfiniment.
J'espère bien. Simon se laisse tomber sur le côté et me regarde droit dans les yeux. Cette situation est gênant et particulière. Je n'ose plus le regarder. Il a un rictus :
- Tant que tu me le voles que ce soir, ça me va.
Je tremble un peu, peut-être parce que j'ai froid, peut-être parce que je stresse aussi. Mat' rit un peu et lui met difficilement une tape sur le front.
- Tu sais, on dort souvent comme ça.
- Ah bon ?
-N-Non enfin... quand je me sens mal. C'est tout.
- Si ça peut éviter que tu veuilles à nouveau faire une connerie pareille alors ça me va.
Il tente un petit sourire. Je le regarde à nouveau et murmure :
- Gab s'est vraiment servi de moi ? Tout le long ? Même sur la fin ?
Le silence règne, Mat' ne parle pas, Simon non plus. Je me mets sur le dos et sèches mes yeux humides. Le plus douloureux est de se dire qu'on a joué avec moi sans se préoccuper une seule seconde de ce que ça pouvait me faire. Simon finit par me répondre :
- Pense plus à lui, ok ? Faut que tu l'oublies.
Je le sais bien. L'oublier est la meilleure des solutions mais pour l'instant c'est trop tôt pour que je puisse l'oublier. Je vais encore penser à lui longtemps. J'ai découvert pas mal de choses à ses côtés et toutes ces premières fois seront inoubliables. Les premières fois ça reste toujours en tête.
- Merci... et désolé.
- Arrête de t'excuser.
- Mat' a raison, arrête...
Je ne réponds pas et reste là, à fixer le plafond. J'ai encore mal au poignet, ça me rappelle ce que j'ai tenté de faire. Je caresse mon poignet. J'ai sommeil, je me sens tout patraque et tout bizarre. Je suis lessivé. Complètement crevé.
- J'ai sommeil...
- Dors.
- Mmh.. Mais honnêtement ? Je vais pas y arriver en sachant que je suis entre deux amants qui attendent qu'une chose c'est de se prendre dans les bras l'un de l'autre. Donc soit vous bougez tous les deux soit y'en a un qui va ailleurs...
Ce qui a le don de les faire rire. C'était drôle ? Ah bon ? J'ai juste dit ce qui me passait par la tête. Je pensais pas être si marrant. Simon se lève et s'étire. Il regarde le sweat de Gab qui est sur mon bureau et y passe sa main. Il s'assied sur ma chaise de bureau.
- Pas de geste déplacés, je vous surveille.
-Honnêtement ? J'ai pas la tête à ça.
C'est sorti tout seul. Je sais très bien qu'il disait ça en riant de toute façon. Mat' paraît surpris puis qu'il s'esclaffe :
- Je rêve ou t'es carrément pas contre sinon ?!
-Tu rêves...
-Mouais mouais. Tu m'as fait tellement peur, j'ai eu la frayeur de ma vie. »
Et j'en suis clairement désolé. A la base je voulais pas l'appeler parce que je savais que ça aurait été trop dur mais bon... Il caresse mes cheveux et me susurre de m'endormir. Je pense qu'il me faudra pas longtemps. Je ferme les yeux et essaie de ne pas repenser à Gabriel. Pourtant rien que là c'est raté. Le fait que je ne veuille pas penser à lui fait que je pense à lui quand même. Je soupire et serre mon oreiller dans mes bras. Ça ma tient chaud.
- Désolé...
Ils ne répondent pas. Je me sens tellement ridicule et désolé. Je m'en veux. Ce que j'ai voulu faire était tellement lâche. Je me dégoûte moi même. Pourtant cette idée devenait de plus en plus forte. Le fait de vouloir retrouver mon père me trottait de plus en plus en tête. Mais je pense que c'est encore trop tôt, je suis désolé papa... C'est pas pour tout de suite.
**********
- T'es sérieux ?!! Non mais là c'est trop merde ! Tu te rends compte qu'à cause de ses idées à la con il a faillit y passer ?!
- Je sais mais on peut rien faire à part l'aider à l'oublier !
J'entends des murmures, on dirait qu'on se crie dessus sans vouloir faire de bruit. J'ouvre un peu les yeux et aperçois Simon et Mat', debout, dans ma chambre, en train de se disputer.
- Mais c'est trop !! On peut pas laisser faire !
- On a pas le choix Mat' ! Tu me l'as promis ! »
Mat' semble pris de court et il se prend la tête dans ses mains. Il inspire un grand coup puis soupire.
- Mais tu vois bien qu'il tient à lui comme jamais, c'est horrible de faire ça...
- Je sais, mais c'est la meilleure chose à faire.
- La meilleur chose à faire ?! répète-t-il agacé. Il a failli se suicider !! Le protéger c'est faire en sorte qu'il veuille se tailler ?! La bonne blague !
- Personne pensait qu'il irait jusque là !
- Et on doit faire comme si de rien était ? Merde Simon, ça dépasse les bornes ! J'étais sur le point de perdre mon meilleur pote ce soir ! »
Ils me donnent mal au crane à crier, surtout que je suis trop fatigué pour réfléchir et essayer de comprendre de quoi ils parlent. Je grimace et m'emmitoufle un peu plus dans les draps. Ils parlent de moi c'est ça ? De ce que j'ai failli faire ce soir ? Ma tentative complètement ratée ? C'est pas un sujet très intéressant...
- C'est vrai que ça va trop loin... Il a trop fait le con.
Gab ? On est bien d'accord alors. J'écoute sans réellement écouter et ne prends pas réellement la peine de comprendre ce qu'ils se racontent.La voix de mon meilleur pote retentit :
- Faut que ça s'arrête, ils sont en train de se bouffer l'un l'autre ! Y'en a un qui va mal finir...
Je grimace et geins. Il me donne de plus en plus mal au crane. Ils ne semblent pas remarquer que je suis réveillé et qu'ils me gonflent. Vu à quel point j'ai mal à la tête j'ai pas dû dormir beaucoup. En plus j'ai les yeux gonflés, c'est désagréable comme sensation.
- Je sais plus quoi faire non plus... Ça m'effraie.
- Moi aussi Simon... J'ai peur, faut faire un truc là. Ça devient dangereux des deux côtés... »
Puis il soupire et se glisse tendrement dans les bras de son amant. Ils sont mignons. Je soupire discrètement et leur tourne le dos. Je remonte la couverture sur moi et tente de replonger dans les bras de Morphée. Qu'est-ce qui devient dangereux ? Moi ? Mon état de santé mentale ? J'ai un faible rictus, plutôt ouais... Je suis en train de me détruire, j'en ai conscience... J'ai mal à la tête, merci à eux....
***************
Un chapitre plein d'émotions ! La fin nous laisse sur un certain suspens héhé ~
Pour vous faire patienter je vous offre un petite review (Oui je ne sais pas encore si je posterais un chapitre par jour, deux ou trois...).
Je vais justement vous présenter un one shot considéré yaoi / shonen aï bien que je trouve qu'il n'y a pas sa place du tout et je vous expliquerai pourquoi un peu plus tard. Cette fois-ci j vous mets d'abord le résumé et après je vous fais mon compte-rendu.
Titre : One room angel.
Nombre de tomes : Terminé en 1 tome (OS.)
Ma note : 10/10
Je vous propose le résumé de nautiljon :
Kôki, trente ans, célibataire, vit dans un petit appartement pourri, a un travail pourri, et mène une vie... pourrie. Il n'a ni avenir ni rêves, et son visage effrayant ne l'aide pas à nouer des relations.
Pourtant, le soir où il se fait poignarder par un délinquant, son existence bascule : alors qu'il s'évanouit, un ange lui apparaît.
Persuadé d'avoir rêvé, Kôki ne cache pas sa surprise lorsqu'il rentre chez lui et tombe sur ce jeune garçon aux ailes bien réelles. Celui-ci, loin de ce à quoi l'on pourrait s'attendre, se comporte davantage comme un adolescent ronchon que comme un ange gardien. Il n'a aucun souvenir et ses ailes sont trop faibles pour qu'il puisse s'envoler au paradis.
S'installe alors une étrange colocation où ces deux êtres que tout semble séparer doivent apprendre à vivre ensemble, se découvrir, et faire face aux épreuves que la vie leur présente, terribles ou pleines d'espoir
Critique :
C'est un one shot qui traite du désespoir et de l'impression que la vie ne vaut pas grand chose. C'est une belle histoire qui se rapproche plus de la tranche d vie et qui permet de suivre toute le chemin d'une personne désespérée qui se laisse presque mourir et qui va finir par aller mieux petit à petit grace à la rencontre de son fameux ange gardien.
Le tome est assez gros ce qu permet le développement d'une vraie histoire avec un réel processus d'évaluation du personnage principal. La couverture est également belle et les dessins plutôt jolis. On ressent énormément de réalisme et les sentiments sont très bien écrits et décrits, on se met vraiment à la place de Kôki.
Pourquoi je trouve que ça n'est pas un yaoi ? Car les deux personnages s'aiment sincèrement mais je ne pense pas que ce soit un amour de type charnel. C'est un amour plus émotionnel, fraternel car ils s'aident tout deux dans une passe très sombre de leur vie.
Par ailleurs, il n'y aucun geste ou parole déplacée qui laisse comprendre qu'ils souhaiteraient être amant et heureusement ! Vous comprendrez en lisant l'histoire :')
Ne vous attendez pas à un one shot avec du sexe car on y est pas du tout ! Ce n'est pas une histoire qui aborde une relation amoureuse du tout et je pense qu'il faut le lire en gardant ça en tête. Le rating 16+ pour cette histoire fait plus référence à l'état émotionnel critique des personnages qu'à des scènes de sexe.
Bref, c'est une belle histoire avec un excellent scénario et une fin qui est incroyablement touchante.
Si vous allez mal dans votre vie et avez besoin d'espoir je vous le conseille réellement.
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