Sanction
Je finis de boutonner ma chemise ainsi que de nouer ma cravate. Ça me fait tout bizarre de devoir m'habiller comme cela. Je n'aime pas les costards cravate, ça me rappelle de mauvais souvenirs. Je balance mes jambes dans le vide. Je suis assis sur mon lit et je fixe mes genoux. J'ai la boule au ventre.
- La dernière fois que je me suis habillé comme ça, c'était pour aller à l'enterrement de mon père.
Finissais-je par avouer à mon amant. Il remonte vers moi et glisse sa main sur ma joue. Ce doux contact me fait beaucoup de bien. Il est debout, devant moi. J'ai peur, je me sens complètement étrange et je stresse quant à ce qu'il va se passer aujourd'hui.
- Désolé de t'avoir embarqué là dedans.
- C'est un peu tard maintenant aha, puis c'est bientôt fini.
J'enroule mes bras autour de sa taille et l'attire à moi, mon visage se plaque contre son ventre couvert par sa chemise blanche. La chaleur qui se dégage de son corps me berce. La fin des cours approche, nous sommes déjà en juin et le procès est aujourd'hui, j'ai peur de comment les choses vont se dérouler. Les derniers mois que nous avons passés étaient des mois de pur bonheur. Plus rien ne nous tracassait sauf peut- être le BAC pour Gab, quoique, il le sent bien et je ne doute pas de ces capacités. Le bruit du silence devient pesant. Ni lui, ni moi ne savons quoi dire. Il doit stresser aussi je pense. Je me recule de lui et lève la tête pour le regarder. Son regard croise le mien. Ce dernier est détaché, comme vide. Je n'aime pas quand il est comme ça, ça me brise le cœur de ne pas voir de joli sourire sur son visage.
Ses cheveux sont joliment coiffés, bien que légèrement en bataille, ce qui lui donne un côté un peu bad boy sexy, sa cravate est défaite,ce qui accentue cette impression. Je soupire et me redresse pour faire le nœud de sa cravate. Il se laisse faire, détaillant mon visage. Moi, je tente de rester concentré sur sa cravate que je me dois de bien nouer avant que l'on parte pour le tribunal. Son nez taquine le mien tandis que ses lèvres s'amusent à frôler les miennes. De longs frissons s'amusent à me dévorer tout entier.
- Il faut qu'on soit impeccable.
Disais-je tout doucement. Tandis que j'ai prononcé ces mots, mes lèvres se mouvaient contre ses siennes, cette sensation était étrange bien qu'agréable.
- Oui.
Susurre-t-il. Même si d'après les avocats nous avons de fortes chances de gagner, il faut tout de même que l'on mette toutes les chances de notre côté. Donc être le plus présentable possible est clairement en notre faveur. Je finis de nouer sa cravate. J'appuie ma main à plat sur son torse et la descends le long de son corps. Il s'humecte les lèvres. Sa langue passe lentement sur mes lippes, je ferme donc les yeux pour tenter de me calmer. Il va me rendre fou un jour à faire des choses pareilles. Je meurs d'envie de l'embrasser mais je n'aime pas trop craquer en premier. Au final, c'est vrai que c'est toujours moi qui craque, mais un jour ça sera lui. Ça toque. Je sursaute et m'éloigne de mon copain qui sourit.
- Oui ?
Ma mère entre. Oui maintenant ma maman toque avant d'entrer. Depuis que Gabriel passe beaucoup plus de temps ici et qu'il reste souvent dormir, elle toque histoire de ne pas tomber sur un moment qui serait très gênant pour tout le monde. Enfin, surtout pour moi. Parce que Gab en rirait et ma mère aussi je pense.
- Vous êtes prêt ? On va pas tarder à y aller.
- Oui on est prêt, on arrive.
J'offre un tendre sourire à ma maman, elle acquiesce et sort de ma chambre en refermant la porte derrière elle. Il est actuellement sept heures du matin et nous devons être au tribunal à huit heures, du coup nous préférons y aller en avance. J'attrape les mains de Gab dans les miennes et me colle contre son corps. Il me lâche les mains pour me serrer dans ses bras, sa tête se pose sur le sommet de mon crane.Je me sens bien contre lui. Je n'ai pas envie de partir. Je suis mort de trouille... Déjà quand on était parti au commissariat j'ai cru faire un AVC mais là, c'est mille fois pire, j'ai l'impression que mon cœur va se décrocher. Au moins, ma mère est présente et ça me rassurera.
- Je tremble, c'est horrible.
- Détends toi, ça va aller.
Je me recule de lui et le regarde droit dans les yeux.
- T'es encore plus stressé que moi.
- Même pas va.
Il appuie sur mon front et me repousse de lui en claquant sa langue contre son palais. Pourquoi il fait comme si c'était faux, hein ? Je le sais parfaitement ! Après tout c'est sa vie qui se joue à ce procès. Il se dirige vers la porte et est sur le point de sortir mais je le retiens en me collant à son dos et en l'enlaçant fortement.
- Reste un peu.
Murmurais-je. Il va falloir partir, je le sais. Mais je n'ai pas envie. D'un certain côté, j'ai envie de retarder la chose, que ce moment si dur se déplace à ultérieurement ou même qu'on oublie, mais d'un autre coté, j'ai envie que ça se finisse et qu'on puisse enfin se reconstruire sans penser à toutes ces choses. J'aimerais qu'on les passe aux oubliettes.
- C'est égoïste mais au fond de moi je ne veux pas y aller.
- Tu ne veux plus témoigner ?
Me demande-t-il en se retournant vers moi. Bien sûr que si !! Je sais que je vais être appelé à la barre, Gab également tout comme son ami. D'ailleurs les notre seront également là. Tout le monde y sera, sauf les parents de Gabriel. Nous sommes déjà trois à devoir passer à la barre, il y en aura certainement d'autres, je ne sais pas trop mais je ne veux pas me rétracter. Bien sur que j'ai peur,je sais que les avocats sont très durs et celui de notre agresseur va justement être très agressif, mais ça n'empêche que je veux témoigner.
- Je veux témoigner bien sûr ! Mais ça me fait peur d'être devant tout le monde. Ma mère ne sait pas tout en plus et donc... Je soupire. Je suis flippé..
Je n'ai pas parlé de l'agression que j'ai subi et que j'ai failli être violé, elle ne sait pas non plus que je me suis retrouvé avec une arme pointée sur la tête. Elle ne connaît pas tout ça et à la fin du procès elle va m'étrangler. Il caresse mes cheveux.
- Ça va lui faire peur ouais mais on va très certainement gagner donc elle sera contente, on le sera tous. Et elle passera outre.
Je l'espère tellement. J'ai horriblement peur que ça se passe mal. Et si jamais la sanction était prononcée en sa faveur hein ? On va faire comment ? Gab ne sera jamais capable de se reconstruire, moi je serais si mal de le voir se tuer petit à petit et personne n'arrivera à remonter la pente. Comment on va faire ?
- Mmh tu as raison.
Je ne veux pas lui faire part de mes craintes concernant le fait que l'on puisse perdre ce procès. N'empêche, je redoute quand même la réaction de ma mère quand elle sera au courant de tout. Je crois qu'elle va m'étrangler pour lui avoir caché des choses aussi graves. Mais en même temps j'avais honte et puis c'était dur d'en parler, j'ai vraiment cru mourir ce jour là.
- On y va ?
Demandais-je à mon vis-à-vis. Il acquiesce et garde sa main sur la poignée, il inspire un grand coup. Je me mets sur la pointe des pieds et l'embrasse dans le cou avant de le pousser légèrement et de passer la porte en le tirant par la main. Il a besoin d'un coup de main, il est stressé et ne se sent pas spécialement bien. Je le vois à l'expression qui tiraille son visage. Elle est neutre, vide, complètement perdue.
- Vous avez vos papiers d'identité et votre convocation ?
Demande ma mère une fois qu'on est dans le salon. On hoche tous les deux positivement la tête. Ce matin on a vérifié au moins 5 fois qu'on avait tout ce qu'il fallait pour y aller. Nous, paniqué ? Pas du tout. On sort de la maison et allons nous asseoir dans la voiture.Gab et moi sommes à l'arrière. Je me colle à son épaule. Sentir son corps contre le mien me rassure un peu.
- L'avocate m'a dit qu'on se retrouvait dans le tribunal, vous irez avec elle pour préparer les derniers détails avant l'audience.
- D'accord.
C'est tout ce que je parviens à répondre. J'aimerais dire à ma mère que j'ai peur, que je ne sais pas comment ça va se passer, que je n'ai aucune idée de comment les choses vont se dérouler ou même de où je dois aller, ce genre de choses. Quand je ne maîtrise pas les choses j'ai tendance à paniquer et là je sens la peur nouer une boule de stress en moi, ça me fait me sentir tellement mal. Gab attrape une de mes mains dans la sienne. Je le regarde, surpris. Devant ma mère on évite les petits moments trop tendres ou proches pour ne pas la mettre mal à l'aise. Il semble remarquer l'énorme point d'interrogation sur mon visage puisqu'il a un rictus et finit par murmurer :
- Ton toc.
Oh ? Ça faisait longtemps qu'il n'était pas revenu. Je souris maladroitement et regarde au travers de la fenêtre le paysage de béton qui défile. J'entrelace nos doigts sans réfléchir. Le trajet se fait dans le bruit pesant du silence.
Nous sommes au tribunal, dans le hall. Nous sommes en avance et donc l'avocate n'est pas encore là. Ma mère, Gab et moi sommes assis sur un banc et attendons de voir l'ami de Gab ou bien nos amis en commun arriver. Cependant, on a le temps. Je serre mes genoux entre mes doigts tellement fort que je m'en fais mal. Je commence à paniquer et à vraiment me sentir mal. J'ai la nausée au point que je suis pas loin de vomir. Mon cœur commence à battre si vite qu'il me fait mal et je transpire. J'ai envie de pleurer.
- Je vais aux toilettes.
Finissais-je par dire d'une petite voix. Je me lève, les jambes tremblantes et sans attendre une réponse de leur part je pars en direction des toilettes pour hommes que j'ai repéré un peu plus tôt. Je titube légèrement. J'ai l'impression que je suis au bord du malaise. Je vois presque flou et une chaleur horrible stagne dans mes tempes et petit à petit elle s'empare de tout mon corps. J'entre précipitamment dans les toilettes, ces derniers sont vides. Il faut dire qu'à cette heure-ci il n'y a pas grand monde. Je m'appuie contre le rebord d'un des lavabos. Je garde les yeux fermés et tente de me concentrer pour ne pas tomber pitoyablement au sol. C'est fou comme je gère bien le fait d'être stressé...
Un corps se plaque dans mon dos. Pris d'un élan de panique je me retourne brusquement et menace d'un coup de poing la personne derrière moi mais quand j'ouvre les yeux je m'arrête rapidement dans mon élan en voyant mon petit ami surpris par le fait que j'ai failli lui en coller une en plein visage.
- Et bah princesse, ça va ?
Je ne réponds pas. Si je parle je m'effondre. J'ai encore le poing tremblant en l'air. Je regarde Gab avec détresse. Il serre mon poing dans sa main et me l'abaisse. Sa main passe ensuite sur ma joue. Son bassin me maintient contre le rebord du lavabo, pour que je ne tombe pas. Je m'agrippe aux pans de sa veste et colle mon visage à son torse en tremblant comme une feuille.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Finissais-je par demander. Je n'ai pas envie qu'il me voit si faible... Bon, là c'est raté du coup mais bon.
- J'ai vu que ça n'allait pas, tu marchais moyennement droit.
Génial, ma mère a du le remarquer aussi. Elle va faire des remarques et me poser mille et une questions quand je vais revenir, ça va être génial. Tant qu'elle me dit pas : ''Oh vous avez passé une folle nuit d'amour à vous envoyer en l'air et du coup tu peux plus marcher ?'' ça me va. Parfois elle est tellement intrusive que je suis sûre qu'elle serait capable de dire quelque chose comme ça !
- Détends toi.
- Me détendre ?! Je suis paniqué !!
Comment est-ce que je suis censé me détendre alors que je vais revoir celui qui a voulu qu'on me viole et qui a voulu me tuer moi et mon petit- ami ? Je suis réellement censé rester calme et sourire comme si de rien était ? Non, je suis flippé ! Et j'ai encore plus peur que ce connard finisse par gagner le procès parce qu'il a un bon avocat qui est une espèce de pourriture aussi. Gab me fait relever la tête et colle son front au mien. Ce contact est toujours aussi étrange et agréable.
- On est tous stressé parce qu'on ne sait pas ce qu'il va se passer mais techniquement il n'y a aucune raison que ça se passe mal, donc détends ton cul un peu ou retire le string trop serré que tu portes.
- Recule toi...
- Holala nan je me recule pas parce que tu boudes car j'ai dit que tu portais un string princesse.
- Je boude pas, recule toi.
- Nan, ça te détends quand on est comme ça alors je me recule pas. Et c'est pas ma faute si tu es tendu comme un string, tu es sûr que tu as pas emprunté un de ta mère ?
- Gab, recule toi !
- Mais t'énerve pas, j'essaie de te détendre.
- Je vais vomir !
Il ouvre grand les yeux et semble surpris :
- Owh... Effectivement si tu pouvais éviter d'abîmer mon joli visage avec ton vomis.
Il se recule, je me précipite vers l'une des cabines et m'agenouille devant la cuvette, attendant que ma nausée me passe. Gab se met à genoux derrière moi et caresse mes cheveux.
- T'es sérieux ? Tu vas rester avec moi alors que je vais vomir ?
- Il sourit et hausse les épaules. Pour le meilleur et pour le pire.
Le pire c'est que sa phrase me fait sourire comme un idiot et je trouve ça incroyablement mignon. Il caresse mon dos et tente de me détendre. Un toux violente me prend et je manque de vomir à quelques reprises mais rien ne sort. Gab tapote délicatement mon dos. C'est horrible, je sens que je veux vomir mais rien ne veut monter et donc cette boule de stress reste en moi et me gagne de plus en plus. Je finis par pleurer comme un enfant en toussant sans m'arrêter. Les doigts de Gab s'entremêlent dans mes mèches de cheveux. Cette sensation qui me ronge est tellement atroce.
- Inspire, expire.
Me dit- il en inspirant fort et expirant fort pour que je suive le rythme qu'il adopte. Je finis par fermer les yeux et suivre ce rythme en me concentrer simplement sur le son de sa respiration régulière et profonde. Ma nausée commence à partir, j'en profite alors pour dire :
- Tu sais qu'on est pas marié ?
- Ça n'empêche que les mêmes valeurs sont présentes dans un couple non marié.
Je souris contre mon grès. Il me fait me relever une fois que je suis complètement calmé.
- Encore envie de vomir ?
Je fais non de la tête. Il m'ébouriffe les cheveux et me regarde d'une façon vide. Je n'aime pas ça. N'empêche, je suis content de ne pas avoir vomi devant lui, je me serais senti vraiment gêné et mal à l'aise. Gab passe sa main froide sur ma joue. Je frisonne légèrement.
- S'il te plaît, si ça te met dans un tel état, rétracte toi et ne va pas à la barre...
J'ouvre grand les yeux. Me rétracter ? Quoi ? Il croit que je veux et que je vais me rétracter ? Hors de question que je fasse ça !
- Hein ?
- Tu te mets dans des états pas possibles, arrête. Si devoir aller dans ce tribunal te rend comme ça s'il te plaît, dis à l'avocate que tu vas te rétracter.
- Mais ça va pas ou quoi ?!
Oui, je stresse, oui j'ai peur, bien sûr que je panique ! Mais c'est totalement normal et c'est pas une raison pour que je me rétracte !Mon témoignage est important et si jamais je ne témoigne pas et qu'il est innocenté je vais m'en vouloir à mort, je n'exagère pas,je pourrais pas me le pardonner. Gab semble sur le point de parler mais je m'empresse de le faire avant lui :
- Hors de question ! Je... J'ai hyper peur, oui. Mais je m'en voudrais de ne pas aller témoigner. J'ai juste besoin de toi, et ça ira pour moi.
Dis- je en le regardant dans les yeux avec le plus de tendresse possible et en serrant ses grandes mains dans les miennes. Il soupire et s'adosse contre la porte fermée de la cabine dans laquelle on est. Il me tient par les hanches et m'attire à lui. Je me colle doucement à son corps et niche mon visage dans sa nuque. J'ai encore le visage humide à cause de mes larmes, ça me perturbe. Sa tête se pose sur le sommet de mon crane.
- J'en ai marre.
- De cette affaire ?
- Nan, d'être un gamin qui panique tout le temps.
C'est vrai, je panique h24. Dès que je ne maîtrise pas quelque chose je prends peur. J'en ai marre d'être comme ça.
- Ça fait ton charme.
- Bof, avoue que c'est chiant surtout.
- Je trouve pas. T'es craquant quand tu paniques. Sauf quand c'est extrême comme maintenant, là c'est horrible de te voir dans cet état.
Sa petite confession me met un énorme baume au cœur. Je n'aime pas savoir que je le rends triste ou mal à cause des choses que je fais. Je le serre fort, comme si ma vie en dépendait et le presse contre moi. Son odeur m'apaise et me berce.
- Je veux que pas que tu sois mal à cause de moi.
- Moi ? Mal à cause de toi. Tsss t'imagine pas des choses sale mioche.
Il fait claquer sa langue contre son palais. Je souris, sachant éperdument qu'il dit ça uniquement pour camoufler ses réels sentiments. Avec le temps, je le connais. On est ensemble depuis déjà... plus de 6 mois donc à force je le connais pas cœur.
- Ma mère va croire qu'on fait des trucs chelous...
- Nan je pense qu'elle a cramé que t'étais au bout de ta vie.
Je me recule et fais la moue.
- Ouais bah à la limite je préfère qu'elle pense qu'on s'est envoyé en l'air hein.
- Ça peut s'arranger.
Dit-il d'un sourire carnassier. Mais quel pervers et détraqué !! Non mais ça va pas ?! On est dans les chiottes d'un tribunal, bon ok, ils sont hyper propre mais quand même !! Puis j'ai failli vomir il y a deux minutes, non mais il va pas bien ma parole !
- Espèce de malade, non mais ça va pas ?!
Comment il fait pour toujours tout ramener au sexe même dans les situations de crise ? Je le comprendrais jamais, je vous jure. Même après10 ans de vie commune avec lui, je suis sûr qu'il continuera à me surprendre. Gab attrape mon portefeuille dans ma poche. Je le détaille, les sourcils froncés et les yeux plissés. Mais qu'est-ce qu'il fiche ma parole ? Il l'ouvre et en sort un préservatif. Immédiatement, ma carnation de peau devient rouge. Et merde...
- Finalement, tu en gardes toujours un sur toi.
- Nan mais c'est que... Fin c'est toi qui m'a forcé ! Alors je le regarde, c'est tout...
Bon, il ne m'a pas forcé, il m'avait demandé de le faire mais on n'en avait plus réellement reparlé. Au final, j'en ai mis un au cas ou. C'est gênant. Il arque les sourcils et l'agite devant mon visage. Je détourne le regard.
- En plus on a une capote.
- Gab, t'abuses.
- Ça pourrait te détendre.
Je l'agrippe dans ma main et lui arrache des siennes en râlant et meuglant mille et une choses. Je le remets dans mon portefeuille.
- On va pas s'envoyer en l'air ici et on a pas la tête à ça.
- Oh tu sais, j'ai toujours la tête à faire des cochonneries avec toi.
Je lève les yeux au ciel. Il me fatigue avec ses conneries. Je le regarde, l'air de dire : ''J'en ai marre de toi''. Il sourit et noue ses mains dans ma chute de reins.
- N'empêche que tu l'as gardé cette capote ce qui veut dire que l'idée qu'il se passe un truc hors de la maison te dérange pas.
- J'ai pas dit ça !! C'est plutôt au cas ou tu voulais à tout prix le faire hors de la baraque et que je puisse plus t'arrêter, histoire que j'ai pas mal au moins...
- Arrête de mentir, ton nez s'allonge.
- Tant que c'est que mon nez.
En croisant son regard surpris je me rends compte que j'ai dit cette phrase à voix haute. Et merde. Je soupire et me maudis intérieurement. Bon, il faut que je m'achète un cerveau à noël prochain. Ça devient urgent là. Gab plaque sa cuisse contre mon entrejambe. Je déglutis péniblement et tente de garder la face.
- Je peux t'aider à ce qu'autre chose que ton nez s'allonge si tu veux.
- Hors de question !!! T'avises même pas d'essayer ou je te jure que je te parle plus.
Gab finit par rire tout doucement et me serrer dans ses bras. Ce soudain élan d'affection me surprend mais je me laisse faire et me blottis contre lui. Il est vraiment irrécupérable.
- T'inquiète pas va, je te ferais jamais rien sans ton consentement.
- .Je relève la tête pour le regarder. Tu dis ça mais t'aimes bien jouer avec la limite quand même.
- Dans le fond t'aimes bien, mens pas.
- Disons que... ça m'excite un peu ouais...
Moment gênant aha. Je m'éclaircis la voix. Gab me berce dans ses bras et sourit brièvement.
- Je sais. Pour ça que je te prends par tes faiblesses.
- Et tu continues d'ailleurs.
Il ne répond pas, son simple air narquois me confirme ce que je viens de dire. Il est grave. Je lui mets un bref coup dans son menton avec le sommet de mon crane. Il geint un peu mais sans plus.
- N'empêche, j'étais sérieux, je compte rien te faire si t'es contre.
- J'espère bien.
En vrai, dans le fond, même si certaines choses je ne veux pas les faire, il finit toujours par me calmer et on les faits parce qu'une part de moi est excité par ces choses que je pensais ''interdites''.
- On y retourne ?
- Déjà ?
- Pourquoi, tu veux qu'on se pelote ici ?
- Jamais !!
Je me décolle de lui et le fais se pousser pour sortir de la cabine. Heureusement qu'il n'y a personne, ça aurait été très gênant sinon et on aurait pu avoir des problèmes. Techniquement on a rien fait mais tout de même. Gab remonte à mon niveau et me pousse d'un coup de rein. Je le regarde, surpris.
- Tu vois, je t'ai calmé.
- Hein ?
- Je comptais pas m'envoyer en l'air ici avec toi.
Je rougis un peu. Avec lui, on sait jamais hein. Je gratte nerveusement ma nuque et laisse passer un :
- Mouais.
On sort des toilettes, Gab reste à mes côtés mais il ne me prend pas la main ou quoi. On est dans un lieu public en général on garde nos distances. Même à l'école sauf parfois ou on est un peu câlin mais c'est relativement rare qu'il y aie du monde à côté de nous. On rejoint ma mère. Cette dernière me regarde d'un air attendrissant.
- Ça va mon chéri ?
- Oui oui !
Je lui souris. Je me sens bien mieux. Avoir parlé avec Gab et avoir passé un petit moment avec lui m'a fait beaucoup de bien. Il sait comment me détendre quand je panique et quand je me sens mal. Par contre je dois avouer que je n'aurais pas été contre un baiser. Pourquoi je suis sorti en trombe de ces toilettes ? Raaa j'aurais du l'embrasser tendrement avant.
Ça va bientôt être l'heure, notre avocate nous a briefé avant que l'on doive aller témoigner. On est complètement accroché l'un à l'autre avec Gab, c'est un truc de fou. On se regarde dès que l'on peut et on cherche le contact avec l'autre à chaque instant. Et ce, même si nos amis sont présents. Mat' me met une tape dans l'épaule :
- Ça va aller.
Il me sourit tendrement. Je tente de lui rendre son sourire mais j'ai l'impression qu'il sonne plutôt comme une horrible grimace. L'ami de Gabriel est également présent, il est bien habillé et a retiré les piercings à ses oreilles. Il est vraiment charmant en costume tout comme nous. Nos amis sont bien habillés et attendent. Ils nous parlent et discutent avec nous pour nous faire penser à autre chose,j'arrive à discuter avec eux même si mon esprit est un peu ailleurs.
- Le procès va commencer.
Nous informe l'avocate. Un frisson de stress me parcourt mais j'essaie de ne pas le montrer. Allez tout va bien se passer. Je dois absorber ma peur et la refouler, tout se passera pour le mieux, j'en suis sûr. Je ne dois pas stresser comme ça.
****************
Je suis dans les bras de Gabriel à pleurer à chaudes larmes. Je n'arrive pas à y croire. Le verdict a été donné et je suis incapable d'y croire. Gab caresse mon dos et mes cheveux et me sert si fort contre lui que j'ai l'impression que je vais étouffer dans sa nuque. Les sanglots mon rongent et me font si mal, ma crise de larmes est impossible à arrêter.
- J'y crois pas...
Murmure Gab. Je reste muet, continuent à sangloter dans ses bras comme un bébé. Je sens ma mère nous serrer tous les deux dans ses bras, je me laisse faire, étouffant légèrement entre leur deux corps. Je crois que depuis l'enterrement de mon père je n'avais pas autant pleuré devant ma mère...
- C'est fini.
Murmure-t-elle. Je n'ai même pas la force de hocher la tête ou de montrer ma joie,je suis juste là, à pleurer comme un enfant sans pouvoir m'arrêter. La pression de ces derniers jours et de tout le procès retombe lourdement et les larmes coulent à flot. Finalement, ma mère se pousse un peu et Gab aussi, je titube un peu et me rassied lourdement sur le banc. Je finis par sourire comme un idiot. C'est fini. Enfin. Quand j'ai entendu le mot ''coupable'' ça m'a fait tellement de bien. Automatiquement j'ai fondu en larmes. Gab glisse sa main dans mes cheveux.
- C'est la fin, tu vas enfin pouvoir aller mieux.
Dit ma mère à mon petit- ami qui hoche la tête positivement. Son visage est brillant. Même si au moment ou la sanction a été prononcée il a regardé le tueur de son frère d'un regard malsain avec un certain sourire effrayant. Mais dès lors où son regard s'est reposé surmoi, il a eut une mine joyeuse et complètement rayonnante.
- Félicitations.
Annonce Mat' en mettant une légère tape dans son épaule. Il le gratifie d'un sourire. Tout le monde discute vivement et se prend dans les bras. Sauf moi, qui suis là, planté, sur le banc à sourire et pleurer en même temps. Je résiste tellement mal à la pression. Gab serre ma main dans la sienne et continue à parler avec tout le monde.
Cela fait plusieurs minutes que la séance a été levée et que le verdict a été rendu. Je suis épuisé, autant moralement que physiquement. Mes forces m'ont complètement abandonné et j'ai l'impression d'être une véritable loque.
- Il va falloir rentrer les garçons.
Je hoche simplement la tête et me relève. Gab me tient fermement la main. Je suis prêt à parier qu'il a remarqué que je suis moyennement opérationnel aha. Mat' me serre dans ses bras, s'en suit Louys, Antonin et tous les autres. Gab et moi sommes bercés de câlins. Je dois avouer que je ne sais même plus où donner de la tête. Tout sonne flou autour de moi, même mon copain me semble être à des milliers de kilomètres. Je ne sais plus où donner de la tête. Notre avocate nous félicite également et à part un simple merci je ne sais quoi lui dire. C'est ma mère qui la remercie comme il se doit à la place de Gab et moi.
*********************
Nous sommes enfin rentré. Je suis immédiatement monté dans ma chambre. Gab est rentré avec nous, il est dans le salon avec ma mère je crois. Je n'ai même pas cherché à comprendre, j'ai sincèrement besoin de m'allonger. Je ne suis même plus maître de mon corps de mon esprit. C'est comme si mon cerveau avait cessé de fonctionner.
J'ai déjà dénoué ma cravate, jeté ma chemise plus loin et retiré mon pantalon. J'ai attrapé machinalement mon pyjama et l'ai enfilé avant de m'étaler sur mon lit, de face. La porte s'ouvre.
- Tu vas au lit princesse ?
Je tourne à peine la tête vers mon amant et fais un simple oui de la tête. Je suis au bout du bout. Il défait également sa cravate,retire sa chemise et finit par se changer complètement.
Je suis lavé de toute émotion. Le procès m'a réellement dénué de tout. C'était dur et même horrible. L'avocat de la partie adversaire à essayé de me manipuler d'un point de vue psychologique et elle m'a poussé à bout, j'ai craqué comme jamais et j'ai cru que jamais cette douleur si intense n'allait s'éteindre. Mais quand ils ont finalement perdu, elle a disparu. Même si j'ai subit une sorte de lavement de toute émotion. Gab s'assied à côté de moi et caresse tendrement mes cheveux.
- On a gagné.
Je lui souris faiblement. Je ne suis pas capable de lui sourire plus que cela, pourtant ce n'est pas l'envie qui me manque ! Mais j'en suis incapable.
- Tu as été super courageux, je suis fier de toi t'as pas idée.
Je me redresse et rampe pour me mettre à califourchon sur lui et le forcer à s'allonger. Il se laisse faire et on se retrouve allongé,moi sur lui, dans ses bras à respirer le doux parfum se dégageant de lui.
- C'était horrible mon dieu...
- Ouais je sais, certains avocat peuvent être de vraies ordures. Mais tu as été fort et tu as réussi, tu ne t'es pas laisser submergé.
Je le serre plus fort contre moi. Il a plus ou moins raison, même si je pleurais et que j'ai complètement bouleversé par les choses que l'avocat osait dire, j'ai réussi à rester jusqu'au bout et à répondre à tout. A chaque fois je regardais Gab, il me lançait des regards si doux que ça me redonnait de la force pour continuer.
- Heureusement que t'étais là, sans toi je n'aurais jamais réussi.
- Et moi alors ? Sans toi cette enflure serait pas derrière les barreaux à l'heure actuelle.
Je savais qu'au final il me le revaudrait aha. Il a longtemps été fâché que j'ai osé mettre ma vie en danger mais maintenant que tout va bien et qu'il a été puni il en est heureux. Pour rien au monde je ne changerai ce que je l'ai fait, si c'était à refaire, je le referrais sans hésiter une seule seconde.
- On va enfin pouvoir prendre un nouveau départ.
Non pas que je n'aime pas notre relation actuelle. Au contraire, j'adore la façon dont elle a évolué, on est devenu beaucoup plus complice, on essaie d'être toujours présent pour l'autre, de s'occuper de l'autre, on passe énormément de temps ensemble mais parfois on reste avec nos amis. On est réellement devenu indépendant à l'autre. J'aurais jamais pensé qu'un amour puisse être si fort et passionnel à la fois.
- Ouais, on va enfin pouvoir.
- On pourra tourner la page.
Le reprenais-je. C'est peut-être trop tôt pour avoir dit ça, je ne sais pas. Je le regarde maladroitement, fuyant quelque peu son regard. La mort de son frère est toujours un sujet très sensible et tabou mais un de ces jours il finira par l'accepter et mieux vivre avec.
- Si tu restes ça devrait aller.
- Comme si je comptais partir.
- J'avoue espèce de pot de colle.
- Fais pas genre, ça te plaît.
Il ne dit rien et ceci me témoigne bien que j'ai raison. Dans le fond, il aime que je sois toujours accro à sa personne. Même moi ça me fait peur quand je vois à quel point je tiens à lui mais on est heureux alors je ne pense plus au pire maintenant.
- J'ai envie de me rendormir.
- Nan je l'avais pas compris. T'es déjà en pyjama et à moitié entrain de somnoler sur moi.
- Ouais, j'ai pas dormi à cause du stress et le procès était horriblement épuisant...
Il caresse mon dos, de façon tendre et délicate, j'en ai même de longs frissons qui remontent. J'aime quand je sens qu'il est si tendre. Sa main passe sous mon haut et il caresse du bout des doigts mon épiderme. Je me laisse faire, appréciant au mieux ce moment si agréable. Ça me berce et me calme.
- Pour le meilleur et pour le pire.
Murmurais-je en me rappelant qu'il m'a dit ça dans les toilettes. Je souris comme un idiot contre la fine peau de son cou.
- Tu me demandes en mariage ?
Hasarde-t-il .Je sens une pointe d'air joueur dans sa voix.
- Viens on se marrie.
Dis-je en rigolant. Il a un petit rictus et rit tout doucement. Il attrape ma main et s'amuse avec mon auriculaire, la doigt où a la bague de fiançailles et de mariage.
- Oh noble princesse voulez vous épouser le noble chevalier que je suis ?
- Seulement si on va en nuit de noce sur la lune à dos de dragon.
On sait tous les deux très bien qu'on ne passera jamais par cette étape dans notre vie étant donné que nous sommes contre alors je dis ça sur une pointe d'humour.
- Une bague c'est déjà pas mal je pense. Ça coûtera moins cher qu'un voyage sur la lune ou un dragon. Escompté que j'en trouve un autre qu'en peluche.
- Alors seulement la bague.
Dis-je dans son cou en y déposant un gentil baiser. Je me redresse à peine pour que mon visage soit face au sien. Je colle mon front au sien.
- Un jour je vais te passer la bague au doigt et jamais tu pourras partir tu t'en rends compte.
- Oh mon dieu quelle plaie
Souffle-t-il. Je lui mets un léger coup de tête en faisant la mou. Comment ça quelle plaie ? Il sourit tendrement et me donne un baiser qui claque.
- Arrête d'être si nais et endors toi, tu vas me faire vomir.
- Ah nan tu me vomis pas dessus hein !
- Je vais me gêner va.
Je fais une grimace et lui mords la lèvre en guise de punition avant de m'allonger un peu mieux sur le lit et de poser ma tête sur son torse. Les battements de son cœur agissent comme une mélodie sur mon être.
- Prépare tes vœux, un jour ou l'autre je te passerai la corde au cou.
- C'est beau de rêver.
- Je rêvais de toi et au final je t'ai eu alors l'espoir fait vivre.
- Tu rêvais moi ? A ce point là ?
Je reste muet, légèrement gêné. Disons que c'est sorti tout seul aha. Je mordille mes lèvres et garde les yeux fermés.
- Disons qu'un petit rêve par ci, par là ça signifie rien aha...
- Mais oui c'est cela. T'es accro depuis les débuts. Je suis sûr que t'es maso en vrai.
Je reste muet. Je ne suis pas maso, je suis juste un peu idiot, nuance.Mais ça hors de question que je le dise de vive voix ! Il va me le ressortir h24 sinon. Gab continue à jouer avec mes cheveux d'une main et à caresser mon dos de l'autre. Je commence à dormir.
- Vais dodo...
Prononçais-je tout doucement pour le prévenir, histoire qu'il ne parle pas seul et dans le vent. Il me dit de m'endormir et me félicite pour cette journée. Il me dit mille et une choses, comme quoi j'ai été génial et que c'est grâce à moi tout ça. C'est également grâce à lui mais je suis trop faible pour parler alors je souris en entendant tous ces compliments qui me font tant de bien en moi.
Une nouvelle vie commence.
**********
Et voilà un nouveau chapitre ! Relativement simple et plat mais il était important comme chapitre de transition. Il est vrai que j'aurais pu arrêter la fiction ici MAIS il me manque quelques éléments à mettre et donc il reste officiellement plus que 4 chapitres.
J'espère que ce petit chapitre vous aura plu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.
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