Ça fait une petite demie heure qu'on marche sans que je ne sache où on aille. On est sorti de la veille et sommes dans une sorte de bois. Il fait de plus en plus froid. Gab m'agrippe par la main et me tire plus loin. Qu'est-ce qu'on vient foutre dans un bois ? Il compte chasser des biches ? Attraper des oiseaux ? Nan mais parce que dans ce cas là une simplement animalerie aurait fait l'affaire...

- C'est normal qu'on soit ici ?
- Ouais... attends un peu.

Je hausse les épaules et le suis.

- Tu comptes m'abandonner dans la foret comme un chien ? Parce que honnêtement j'aurais préféré au bord d'une autoroute, c'est moins effrayant...
- (Il a un rictus) Idiot.

Quoi ? J'essaie de détendre l'atmosphère... J'aime pas être dans la foret, surtout pas ce temps et avec un petit ami hyper bizarre... J'ai froid en plus ! ON sort légèrement de la forte. Enfin ! Et nous approchons d'un endroit relativement plein donnant sur lamer. La mer ? Ok ? Par contre ça a l'air haut là où on est.

- Tu comptes pas non plus me balancer du ravin, hein ? Parce que ok je suis chiant mais quand même...

Je fais un pas en avant pour m'approcher du ravin mais il me retient par l'avant bras et me fait revenir à ses côtés. Je le regarde sans comprendre et admire la vue. C'est joli bien qu'un peu effrayant. Par contre je comprends par pourquoi on est là. Gab regarde fixement face à lui et serre de plus en plus fort mon poignet, à m'en faire mal. Je me défais difficilement de son emprise et lui demande :

- Pourquoi on est là ?
- (Il inspire profondément et me souris légèrement) Tu voulais voir son étoile, non ?

J'ouvre grand les yeux et me fige. Les mots sont comme noués au fond de ma gorge et je n'arrive rien à dire. Je tremble et le détaille,complètement sous le choc. Il inspire plus fort et ses yeux semblent perdus. Je me mords la lèvre et n'ose rien dire. Je regarde face à nous. Alors il est pas enterré ?

- C'est la date d'anniversaire de sa disparition aujourd'hui.

Je me tends et sens une rafale de larme bloquer ma gorge. La tristesse s'empare de moi et j'ai peur de parler. Je le regarde timidement, il regarde en l'air.

- Cet idiot me manque...

Je me colle à lui et passe mon bras sur sa hanche. Il se laisse faire et fixe le sol, je fais de même. Qu'est-ce que je suis censé dire ?

- Ses cendres sont ici ?
- Mmh.
- Pourquoi pas dans un cimetière ?
- Il voulait pas être enterré et il m'a toujours dit qu'il voulait qu'on jette ses cendres près de la mer, au calme. Il devait savoir qu'il vivrait pas vieux.

Il sourit tristement et s'éclaircit la voix. Je serre sa hanche entre mes doigt et suis sur le point de pleurer. Je coupe mon souffle pour me calmer, ce qui marche durant quelques minutes. Je me sens hyper bizarre...

- J'aurais aimé qu'il soit là pour qu'on fête son anniversaire tous ensemble.

Je lâche sa hanche et viens agripper sa main dans la mienne. Il la presse et continue à regarder inlassablement le sol.

- Je me doute bien.

Il amène sa main libre à son cou et triture son collier. Je me mets à pleurer en silence, les larmes coulent sur mon visage. J'étouffe un sanglot. Gab se tourne vers moi et me prends dans ses bras.

- Idiot, c'est pas à toi de pleurer...
- Ouais mais... tu le feras pas donc...
- (Il caresse mes cheveux)
- J-Je suis désolé ! Je savais pas que...

Il me fait reculer et sèche mes larmes avec un léger sourire se voulant rassurant. Je me sens horriblement mal. Il serre à nouveau ma main et s'accroupit. Il caresse le sol et son collier en même temps. Je le regarde faire et cette scène me déchire le cœur.

- Il doit se sentir bien ici, lui qui déteste le bruit et tout ce qui va avec, il doit être bien.

Je me mets dans son dos et m'accroupis à mon tour. Je l'enlace sans savoir quoi faire d'autre.

- On aurait dû amener une rose, non ?
- Il déteste les roses, je sais pas trop pourquoi d'ailleurs (Il a un rictus), les fleurs c'est pas son truc.

L'entendre parler de son frère au présent, c'est réellement très douloureux. Je me pince la lèvre inférieure et lutte pour ne pas céder aux larmes à nouveau. Il ne bouge pas et continue à caresser la terre humide. Je m'en veux tellement de lui avoir posé autant de questions, ça devait être dur pour lui et il arrivait pas à me le dire. Il se redresse, moi aussi.

- Je... j'aimerais qu'il soit là...

Sa voix se brise un peu. Je me tends et tente de me mettre devant lui pour m'enlacer mais il m'empêche de le faire et c'est lui qui m'enlace de dos. Mes larmes me piquent les yeux. Il tremble et me serre si fortement.

- Désolé de t'avoir amené aha... Je... pouvais pas venir tout seul.

Je serre ses bras dans mes mains. Comment il peut être désolé cet idiot ? Il a pas à l'être !

- Sois pas désolé. C'est son premier anniversaire depuis que...
- Ouais.

Il m'a coupé avant que j'ai pu dire le mot mort. C'est tellement déchirant d'entendre qu'il arrive pas à admettre sa mort, de voir qu'il n'arrive pas à s'en remettre. Il pose sa tête sur la mienne et me serre puissamment.

- Tu me raconteras, hein ?
- Mmh... Je vais te raconter. Mais pas aujourd'hui.
- Je te raconterais aussi pour mon père.

Je me balance lentement de droite à gauche, comme si je tentais de le calmer et de le réconforter, même si je sais que c'est impossible.

- Je suis vraiment désolé d'avoir insisté tout la journée et de t'avoir fait chier avec ça, je savais pas qu'on allait le voir...
- Tu pouvais pas le savoir. Arrête d'avoir cette petite voix et d'être triste. J'ai besoin que tu me tires vers le haut pas l'inverse.

Il caresse tendrement mon ventre. Je me tends à l'entente de sa phrase et me sens complètement idiot et même stupide. Mais pourquoi je suis bête comme ça, hein ?! Évidemment qu'il a besoin que je l'aide ! Je suis idiot et nul ! J'y arrive pas parce que je suis trop faible et fragile ! Je passe mes bras dans mon dos pour l'étreindre.

- Désolé je...
- T'as pas intérêt à re pleurer, ok ? Je lutte déjà assez comme ça donc si tu pouvais éviter de fondre en larme devant moi...

Mes larmes me brûlent les yeux, je les ravale dans une puissante inspiration. Il parle tout doucement, sa voix se veut tendre et rassurante mais je devine directement qu'elle est brisée, et surtout, que ça lui fait mal de parler. J'ai envie de me taper la tête dans un mur, j'ai été complètement nul depuis ce matin. D'ailleurs, mon sac doit le déranger... Je me défais de son emprise et tente de le regarder dans les yeux mais il plaque mon visage dans sa nuque. Il a pas envie que je le vois triste, je peux comprendre...

- Je vais t'aider, t'aider à passer au-dessus de toute ça, t'aider à remonter la pente, t'aider à te sortir de la merde, t'aider à... faire ton deuil...

Il ne dit rien et renifle discrètement. Ho non faut pas qu'il pleure hein, si c'est le cas je vais chialer sans pouvoir m'arrêter... Je serre son manteau entre mes doigts et embrasse sa nuque pour me calmer.

- Faut vraiment être con pour se foutre dans la merde à un tel point.
- Non, tu...

Je me coupe en le sentant me décaler de lui. Il regarde le sol, puis lamer au loin.

- Abruti va.

Puis je comprends qu'il ne parle pas de luis mais de son frère. Je baisse la tête et m'accroupis à mon tour pour toucher la terre fraîche. Mon père me manque aussi, je suis bien placée pour comprendre la douleur qu'il ressent.

- T'as pas à te cacher avec moi... Je sais ce que c'est de perdre quelqu'un. Tu peux te laisser aller, c'est pas moi qui vais te juger.

Il peut chialer toutes les larmes de son corps, c'est pas pour ça que je vais le trouver fragile où je ne sais quoi. Comment on pourrait ne pas être triste après la perte d'un être qu'on aimait tant, hein ? C'est pas possible... On ne peut être que ravagé, détruit.

- Je... sais ce que c'est.

Il pose sa main sur mon crane et caresse me cheveux.

-Je le sais. Je sais aussi ce que c'est que de se sentir fautif, coupable et de s'en vouloir tout le temps au prix de sa propre vie.

Il serre mes mèches de cheveux entre ses doigts. Je me force à ne pas pleurer ce qui me donne horriblement mal au crane. Malgré ma vue brouillée je retiens mes larmes. Je me relève et tremble. Il passe son bras autour de moi et me ramène à lui.

- Et moi alors... J'ai rien pu faire à part l'entendre partir petit à petit. Si proche et si loin à la fois...

Je le regarde intrigué. Il a les yeux embrumés mais se force à garder la face et à sourire. Ça fait encore plus mal quand je vois qu'iles force à sourire alors qu'il a pas le faire. S'il veut pleurer, qu'il pleure, s'il veut hurler sa frustration, qu'il le fasse !

- Repose toi sur moi un peu. Quand tu arrives plus à tout supporter, je suis là. Pleure si t'en as besoin, crie s'il le faut...
- Merci.

Il me serre simplement contre lui même si je vois qu'il sourit encore dans le vide. Il me dit merci mais je sais qu'il le fera, parce que cet idiot à une putain de fierté mal placée. Il est idiot... Il vente plus fort. Je grimace et frémis, le froid me parcourt entièrement. Finalement il s'assied en tailleur et je fais de même.Il sourit dans le vide et regarde face à lui.

- Bah couillon tu peux pas savoir tout ce que tu rates en ce moment (Il passe son bras par dessus mon épaule) T'auras même pas rencontrer ce p'tit idiot.
- Hey...
- (Il rit) En plus tu t'entendrais bien avec lui, tu le verrais aha, trop mignon. Il est tout coincé, c'est drôle.
- Je t'entends hein !
- (Il me regarde) Je sais. Haaa t'en rates des choses cool. Tant-pis pour toi, t'as choisi ton camp aha. Ou, pas vraiment, mais bon...

Je fronce les sourcils et l'enlace. C'est tellement pénible de l'entendre parler comme ça ! Ça me donne envie de pleurer ! Mon cœur me pique fortement. Je niche mon visage contre son torse. Il caresse mon dos et reste muet. Du coup, il se tend et murmure :

- Qu'est-ce que je t'ai dit ? Pleure pas...
- J-Je pleure pas.

Je me redresse et le regarde dans les yeux pour lui prouver. Puis je commence à moi aussi à avoir le visage mouillé. Je regarde en l'air et murmure :

- Il pleut...
- On va y devoir y aller alors.

Je me relève, tout comme lui. Il tend sa main devant lui et ferme les yeux en sentant la pluie lui tomber dans la main. Je la lui attrape et la serre fermement dans la mienne. Il se retourne et lève la main comme pour dire au revoir à quelqu'un.

- Allez idiot, à la prochaine. Crois pas que tu te débarrasseras de moi si facilement.

Je reste muet et détaille mon vis-à-vis. Il sourit et expire un grand coup, comme s'il tentait de se calmer. Pourquoi il cherche à garder son image de ''dur'', c'est idiot, je l'ai percé à jour depuis longtemps... Sa main presse la main. Il pleut plus fort et commence à tonner. Je sursaute et m'empresse de dire :

- On va être trempés. En plus c'est dangereux la foudre près des arbres...
- Dans ce cas, cours.

Il commence à courir et je fais de même, sursautant à chaque fois que la foudre retentit. Il pleut si fort que je suis déjà à moitié trempé. Mes cheveux dégoulinent sur mon front. Oh ce que c'est charmant !! Je regarde Gab, lui c'est pas mieux, son visage est trempé et ses cheveux lui tombent devant les yeux. Pourquoi lui il est sexy comme ça et pas moi hein ? Raaa... Il a un regard perdu et triste. Je suis sûr qu'il profite de la pluie pour pleurer. Ça me fend le cœur. Je détourne le regard et pousse un petit cri pas virile à cause de la foudre. Il a un faible rictus et accélère sa course en serrant fermement ma main. Pluie de merde !!

***************************

- On va chopper la crève tu vas voir.
- TU vas chopper la crève, moi je suis pas fragile.
- Ha-Ha-Ha, ouais bah si t'es malade je prendrais pas soin de toi,voilà.

On est de retour chez Gab. On vient de prendre une douche hyper chaude et on s'est changé parce qu'on était complètement trempé. On faisait réellement pitié... Gab est allongé dans son lit, il fixe le plafond. Je me jette à côté de lui et me mets sur le ventre. Je le regarde tristement. Son regard rencontre le mien. Je murmure en baissant la tête :

- Je suis vraiment désolé d'avoir été super chiant toute la journée et d'avoir insisté tout le temps alors que...
- Ça va c'est rien.

Je fais la moue. C'est pas grave, je le sais, mais cette journée est tellement dure à supporter pour lui. Je pose ma main sur son ventre et le caresse par dessus son haut. Je sais pas quoi dire ou faire pour qu'il retrouve un vrai sourire franc.

- Tu comprends pourquoi j'étais si froid aujourd'hui ?
- Et même depuis quelques temps.

Il fait oui de la tête et passe sa main à l'arrière de ma nuque. Il me tire vers lui et fait poser ma tête sur son torse. Je reste comme ça et fait quelques cercles réguliers sur son torse. Il caresse mon dos par dessous mon haut. Il a la main toute chaude, c'est agréable.

- Pourquoi tu y es pas allé avec Jin ou Simon ?
- Parce que j'y étais jamais retourné depuis qu'on l'a ''laissé là-bas'' et que je sais que ça aurait été trop dur avec eux, ils le connaissaient aussi donc...

Je fais oui de la tête, comprenant parfaitement. Peut-être que justement pleurer et tout casser lui aurait fait beaucoup de bien,mais bon il a pas l'air de penser la même que moi.

- Dis, tout à l'heure tu as dit qu'il se serait bien entendu avec moi, pourquoi ?

J'ai le sentiment qu'il arrive mieux à parler de lui maintenant, donc je profite.

- Il est comme toi, assez calme et plutôt timide de nature mais en réalité c'est un vrai dingue (Il rit) et puis une fois qu'on le met à l'aise il se laisser aller.
- Je vois.

C'est trop bizarre de l'entendre parler de lui au présent, ça me serre le cœur. C'est pesant comme sensation. Il me serre dans ses bras.

- Ça te dérange que je parle de lui au présent ?
- Hein ? Euh... C'est particulier mais tu parles de lui comme tu veux.

Tant qu'il me force pas à parler de son frère au présent ça me va. Va réellement falloir que je l'aide à accepter sa mort, tout comme moi j'ai fini par accepter celle de mon père, même si ça me bouffe de l'intérieur. Ses bras puissants me font me sentir bien et en sécurité.

- Dis, t'es responsable du décès de ton père ?
- D'après moi, oui. C'est de ma faute.

Je renifle et serre fort son haut entre mes doigts. Il caresse mes cheveux puis ma nuque comme s'il essayait de me réconforter.

- Et toi pour ton frère ?
- Plus ou moins.

Quelle réponse abstraite... Moi aussi je le suis. Disons qu'on a encore du mal à dire clairement ce qu'il s'est passé, c'est trop douloureux pour le moment. Et puis la confiance a besoin d'être à son maximum, j'ai beau lui faire confiance je vais encore avoir besoin de lui je pense.

- J'ai entendu mon frère disparaître sans rien pouvoir faire.
- Et moi j'ai vu mon père...

On se sert dans nos bras et je loge ma tête dans sa nuque. J'ai tellement envie qu'il me raconte, qu'il me dise tout mais c'est trop dur pour lui. Il arrive même pas à accepter qu'il est plus là, c'est horrible. Je soupire et ferme mes yeux pour me calmer.

- Mon père était mon repère, mon modèle de vie et maintenant j'en ai plus...

Je suis au bord des larmes mais me retiens du mieux que je peux. Il caresse mon dos et me berce dans ses bras. Je me sens bien dans ses bras. Ça chasse rapidement tout la tristesse qui stagne en moi. Je me blottis dans ses bras quand j'entends sonner. Je me redresse sur mes avants bras et le regarde étonné.

- Tu attends quelqu'un ?
- Pas vraiment mais je pense savoir qui c'est.
- C'est qui.

Il me fait me pousser et se lève. Il passe sa main dans mes cheveux.

- J'arrive.

Il ne m'a pas répondu !!! Il sort de sa chambre. Je m'assieds sur son lit et me mets en tailleur. Qui ça peut être ? Je pense pas que ce soit l'un de ses potes sinon il me l'aurait dit. Je fronce les sourcils et réfléchis. Je le ou la connais ? Je me redresse, enfile son sweat ''Life is not perfect'', j'ai froid... et puis, j'adore ce haut. Je regarde au travers de la fenêtre. Un jeune homme. Je le fixe, je ne le connais pas mais j'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Je me mords la lèvre et cherche dans ma tête. Il entre chez Gab. Je suis persuadé d'avoir déjà vu sa tête quelque part, elle me dit quelque chose. Où est-ce que j'aurais pu le voir ? Je me torture l'esprit quand d'un coup j'ai un flash. Je sais ! Je m'approche de son bureau et regarde une photo qui y est. Gab, son frère et un autre gars. Je savais que je l'avais déjà vu !! C'est le mec sur cette photo ! Oh !! Faut que je sache qui c'est ! Je sors de sa chambre et descends timidement les escaliers, mais pas trop pour qu'ils ne me voient pas. Gab est face au gars et ils parlent :

- Je me doutais que tu allais venir aha.
- Comment je pourrais ne pas venir huh ? Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu Gab.
- Mouais c'est vrai.

Ils continuent à parler mais je n'entends plus ce qu'ils se disent. Je descends un peu plus et fais du bruit sans faire exprès. Je me tends et reste immobile. Quand d'un coup j'entends :

- Halala c'est bon viens, on t'a repéré...
- Euh je... Tu m'as appelé ?! (Je fais semblant de descendre les escaliers)
- Tsss t'es là depuis longtemps, fais pas semblant et viens.

Oups,je me suis fait griller. Je grimace un peu et avance lentement vers eux. Je me sens tout bizarre. Je triture nerveusement mes doigts et me mets à côté de Gab. Je passe ma main dans ma nuque et m'incline timidement.

- Salut.
- Salut !

Il a pas mal d'entrain. Je ne sais pas quoi dire ou faire. Je regarde mes pieds et croise mes mains dans mon dos.

- Bah alors Gab, tu nous présentes pas ?

Je le regarde, il a un sourire et me toise. Je rougis. Il va oser dire que je suis son petit ami ? Je déglutis péniblement et attends simplement ayant peur de ce qu'il va dire.

- Eum Ethan, c'est Yoongi mon petit-ami.

Je souris comme un idiot, me sentant fier qu'il ait osé le dire. Je regarde à nouveau cet inconnu sur qui je peux enfin mettre un nom.C'est bien lui, j'en suis sûr, c'est le mec des photos ! Il me sourit brillamment.

- Et moi je suis Ethan, l'ex... Enfin le... Comment dire ? (Il semble réfléchir)
- C'était le petit-ami de mon frère.

Gab sourit en disant ça et le regarde chaleureusement. Son petit-ami ? Oh... son frère était homo aussi ? Je vois. Je ne sais pas quoi dire par contre. Cette situation est particulière.

- C'est sympa que tu te sois à nouveau posé dans une relation.

Il sourit et me regarde. Je rougis et m'écarte de la porte d'entrée. On va s'asseoir dans le canapé et Gab part servir à boire.

- Ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?
- Pas trop non.

Il hoche la tête et me regarde sérieusement.

- Aujourd'hui ce sont les un ans de...
-Ouais, c'est ça.

D'un coup Gab refait son apparition et lui serre à boire, et à moi aussi. Il s'assied à côté de lui et s'étire.

- Il connaît pas les détails, en parle pas, ok ?
- Pas de soucis. Je compte pas trop raviver ça de toutes façons.

Mais !! Moi je veux savoir ! Ok, c'est douloureux mais j'aimerais réellement qu'on m'éclaire. Je reste à, muet à les regarder et les écouter parler :

-Alors Ethan, tu t'es retrouvé quelqu'un ?
- (Il a un rictus) Non toujours pas, on va dire que j'ai du mal. Et puis j'ai plus envie de retrouver quelqu'un.
- (Gab boit un coup) Va falloir tourner la page tu sais. Faut que tu continues ta vie.
- Je le sais bien mais c'est encore trop tôt pour moi.

Il sourit et mon copain aussi. J'arrive pas à croire que Gab lui ait dit ça, c'est tellement le comble ! C'est lui qui a le plus de mal à admettre sa mort et il dit ça, et bah... La bonne blague...

- On est allé le voir tout à l'heure.
- J'y suis allé aussi, sous la flotte aha.
- La même on avait pas prévu de parapluie en plus.
- C'est histoire de rendre le tout plus dramatique.
- Tu parles.

Ils rient tous les deux. Mais comment ils font. J'arriverais pas à rire à leur place, je me sentirais bien trop mal et triste. Je comprends pas comment ils font... Je les regarde intrigué. Ils rient pour cacher leur peine, en fait c'est leur manière à eux de pleurer.

- D'ailleurs, j'ai mis une rose, histoire de le faire chier jusqu'au bout avec ça.

Ils partent dans un fou rire tandis que moi je fais de mon mieux pour ne pas plomber l'ambiance. J'attrape un coussin et le plaque contre mon torse. J'ai froid... et puis ça retire un peu ma tristesse. Puis d'un coup une question franchis la barrière de mes lèvres, sans que j'ai réfléchi :

- Ça faisait longtemps que vous étiez en couple ?
- Oh oui (Il sourit) Cinq ans et c'était bien parti pour durer aha.

Je ne réponds pas, ne sachant pas quoi lui dire.

- Tsss t'auras même pas eu le temps de lui offrir ta bague.
- Mouais... C'est vrai, c'est bête d'ailleurs. Je l'ai balancé à la flotte tout à l'heure, devant lui.

Une bague ? Son regard se perd un peu et il boit. Je le détaille. Gab s'étire et soupire :

- Putain mon frère fiancé, si mon père l'avait su...
- Il aura pas eut le temps, ton frère non plus d'ailleurs.

Je me tends et plonge mon visage dans l'oreiller. Les larmes dévalant mes joues. Mais comment ils peuvent paraître si joyeux en parlant de ça ?!! C'est horrible ! Il allait lui faire sa''demande''. Oh mon dieu... Mon cœur me fait horriblement mal. Je renifle et tente de rester silencieux quand je sens une main sur mon dos.

- Et bah, ça va ?
- Il est juste un peu trop sensible.
- (Il a un rictus) Ça me rappelle quelqu'un aha.

Je me tends de plus en plus quand je sens qu'on s'assied à côté de moi et qu'on me prend tendrement dans les bras. Je jette un bref coup d'œil, c'est Gab. Il caresse mon dos et continue à parler avec Ethan.

- T'aurais dû la revendre cette bague.
- Putain ouais, elle m'a valut la peau des boules (Il rit) mais c'était trop pénible de la vendre ou la donner, j'ai essayé. C'était mieux de la lui laisser. Après tout, elle lui était destiné à lui et pas à un autre.
- T'as raison.

Je pleure et sanglote sans faire exprès. Gabriel me serre contre lui et murmure :

- Et bah demoiselle, ça va ? T'as pas obligé de rester tu sais.
- N-Non je... ça va.

Pfff ça va pas du tout mais je veux pas le laisser tout seul, c'est pour lui que c'est le plus dur donc j'ai pas le droit de flancher. Je sèche rapidement mes larmes et colle mon dos à son torse.

- Le coussin est trempé, désolé aha..

Ils rient tous les deux et me taquinent un peu. Je me tends et fais la moue. Ils rient tellement... Gab reste contre moi et s'étire dans mon dos. Quand soudain Ethan demande :

- Je suppose que sa chambre n'a toujours pas bougé.
- Exact... Tu veux aller la voir ?
- Non, j'ai enfin réussi à faire mon deuil, tu devrais faire de même et débarrasser de ses affaires, il est temps maintenant.

Il reste muet de longues durant lesquelles il m'étreint toujours plus fort, me faisant presque étouffer. Je geins et lui mets une légère tape sur la main. Il se ressaisis et murmure :

- Je peux pas... Je pourrais pas faire ça.
- Je sais que c'est dur, ça l'est beaucoup. Moi aussi j'ai eu du mal à virer loin de moi le peu d'affaires qu'il avait chez moi et les parquer dans un carton pour ne plus les voir.

Gab reste muet. Son masque tombe enfin, il montre son côté fragile et détruit. J'aime pas le voir comme ça mais ça lui fera du bien de tout laisser sortir, d'extérioriser.

- Bon, j'avoue, j'ai encore un de ses fringues chez moi que je porte quand il me manque trop, mais c'est normal, ça fait qu'un an. Mais Gab, faut réellement que tu recommences à vivre toi aussi. Il est temps de retirer ses affaires.
- Non. Pas pour moi, c'est pas encore l'heure...

Je caresse timidement sa main. Il soupire et se défait de moi. Il s'affale de tout son long dans le canapé.

- Tsss je suis le premier à te dire te refaire ta vie, de te trouver de charmants jeunes hommes et de revivre une super belle histoire d'amour et écoute moi parler...
- J'ai fait mon deuil à ton tour maintenant.

Il fait la moue et soupire longuement. C'est normal que ça soit pas facile pour lui, c'est tout de même son frère. Je sais que pour mon père faire le deuil a été extrêmement compliqué. Je triture à nouveau mes doigts, me sentant tout bizarre.

-Dis moi, vous vous êtes rencontré comment tous les deux ?
-Euuh...

Je regarde Gab et à nouveau Ethan. Je serre mes mains entre elles et dis tout naturellement :

- Dans une ruelle sombre... Avec Monsieur qui s'est amusé à me tripoter.

Il ouvre grand les yeux, complètement choqué et Gab me fiche un coup dans les côtes. Oups !!! Je crois qu'il a mal compris !!

- Enfin bref !

Je grimace et rentre ma tête dans mes épaules me sentant incroyablement idiot. L'ancien petit copain à son frère me regarde avec des yeux ronds comme des billes. Bon, ok euh là c'est gênant. En tout cas, il a l'air sympa comme gars. Il est chaleureux, souriant et a pas l'air de se prendre la tête. Je pose ma tête contre l'épaule de Gab tandis que tous les deux continuent à parler, de tout et de rien. Ils ne parlent plus trop de son frère. Ils évitent ce sujet... C'est compréhensible. C'est toujours douloureux... Je participe à peine à la conversation comme je ne connais pas leur passé commun. Après un très long moment à parler, il finit par dire :

- Bon je vais devoir y aller, je suis que de passage.
- Mmh, c'était super de t'avoir revu, hésite pas à repasser quand tu veux.
- J'y manquerai pas, t'inquiète.

Ils se lèvent et se saluent. Je me lève et lui souris.

- C'était sympa de t'avoir rencontré.
- De même.

Ça m'a fait plaisir de pouvoir parler avec lui, de le découvrir et d'en apprendre un peu plus sur le passé de Gab. C'était vraiment sympa. Gab lui dit :

- Tu es sûr de ne pas vouloir monter ?
- (Il se retient et finit par affirmer) Non, je préfère éviter.

Il sourit, Gab lui renvoie son sourire. C'est compréhensible, c'est trop pour lui. Il a fait son deuil, il a enfin réussi et si jamais il entre dans sa chambre ça va le détruire et faire échouer sa réussite de passer le de lui. Haaa... Il finit par partir dans la joie et la bonne humeur, comme quand il est arrivé. Je m'étire et part enlacer Gabriel.

- Pourquoi tu m'as pas parlé de lui la dernière fois ? C'est lui qui était sur la photo.
- Mmh c'est lui c'est vrai. Disons que.. Tout est lié dans sa disparition et lui est plus ou moins une des raisons. Tout est un enchaînement, parler de lui revient à parler d'autre chose qui revient à parler d'autre chose... Tu comprends ?

Je fais oui de la tête et le serre fortement dans mes bras. Tout est si compliqué ? J'ai peur de ce qu'il lui et arrivé. Plus j'attends et puis cette appréhension et cette crainte grandit en moi. J'ai peur que quelque chose d'horrible lui soit arrivé.

- Fais moi confiance, ok ?

Il me sourit et m'embrasse tendrement. Je pose mes mains sur ses hanches en souriant contre ses croissants de chair. Il remet mes cheveux derrière mes oreilles et se sépare de moi. Je suppose que ce baiser signifie qu'il me fait confiance mais qu'il me le dira pas clairement. Je baille et m'étire fortement en me défaisant de son emprise.

- La princesse est fatiguée ?
- La princesse va te buter tu vas voir.

Il rit et m'emboîte le pas tandis que je remonte vers sa chambre. Bien sûr que je suis fatigué ! Je vous rappelle à quelle heure monsieur m'a réveillé ? Je m'étire et me jette sur son lit quand un poids es fait ressentir sur mon petit corps. Je gémis plaintivement.

- Hey, t'es lourd !
- Je commande à manger ce soir, ok ? J'ai pas envie de faire le repas.

Je fais oui de la tête et le pousse de moi. Il se laisse rouler sur le côté et attrape ma main dans la sienne. On regarde le plafond et réfléchissons chacun de notre côté sur tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui, sur ce qu'on a appris, sur les choses qu'on a pas dit mais qu'on a sur le cœur. Sur tout ça. Cette journée était réellement douloureuse... Notamment pour lui. Je dépose mes lèvres surs les siennes pour lui redonner de la force et me remets à côté de lui, sur le dos, à fixer le plafond...

***************************

Un chapitre pas très joyeux mais il faut bien qu'il y ait des moments plus tristes ! J'ai appelé l'ex du frère de Gab : Ethan (si j lui avais déjà donné un nom hésitez pas à me le faire savoir car je m'en rappelle plus XD)

Pour compenser je vais vous parler d'une histoire qui n'est pas triste du tout ~ Nagahama, to be, or not to be. Un petit O.S pas prise de tête. Avec un style dessin assez sympa, j'aime beaucoup le chara design.

On est face à deux amis qui se rendent rapidement compte qu'ils s'aiment un peu trop pour être de simples amis et ils finissent par se confronter. L'histoire se déroule dans un contexte assez original et tourne vraiment autour de la pêche en mer et c'était sympa de lire quelque chose de nouveau. C'est un bon OS.

Je vous proposerai un autre OS de la même autrice (Scarlet Beriko)

Nombre de tomes : 1 (C'est un O.S)
Ma note : 8/10 (Histoire très délicate, un peu courte et qui aurait manqué d'un petit scène hot pour conclure)

Je vous propose le résumé de nautiljon :
Nagisa, en terminale dans un lycée en bord de mer, tombe des nues lorsqu'il découvre qu'Issa, son ami d'enfance, a une petite amie... Peut-être n'est-ce qu'une conclusion hâtive, mais il n'en reste pas moins troublé et se questionne sur ses sentiments pour Issa.