Règles du jeu
-Tu te sens capable d'atteindre mon cœur ?
Son cœur ? Le mien semble s'arrête de battre un instant puis repart de plus belle. Je suis très déconcerté par notre proximité et ce qu'il vient de dire n'arrange rien. Il me regarde intensément et semble attendre une réponse. Je dois répondre là tout de suite ? Je tremble légèrement et m'empresse de répondre :
-Oui j'en suis capable !
-Alors que le jeu commence.
Il colle son front contre le mien. Je le regarde sans comprendre et écarquille les yeux. Quand on est si proche je me sens tellement bizarre, mon bas ventre se tord dans tous les sens et je meurs de chaud. J'essaie de réfléchir mais je n'y arrive pas, je suis trop perturbé pour ça. Il a un petit sourire sur le visage. J'ai toujours du mal à comprendre ce que je dois faire pour être parfaitement honnête...
-Qu'est-ce que je fois faire ?
-Trouve tout seul. Allez, maintenant va t-en.
-Hein ?
-Va t-en je te dis.
Il frôle furtivement mes lèvres avec les siennes puis se décolle de moi. Je suis choqué, je respire vite et ai le feu aux joues. Je suis totalement paumé, j'arrive même plus à réfléchir tellement mon cerveau tourne à plein régime. Je le regarde s'éloigner. Mes mains sont toutes moites, comment c'est possible alors qu'il fait si froid ? Je m'enfonce dans le mur et lève les yeux au ciel. J'y crois pas... C'était quoi ce qu'il vient de se passer ? Gabriel tourne et disparaît de ma vue, il doit être parti rejoindre ses deux potes. Je me laisse tomber contre le mur et triture mes mains.Je reste assis comme un idiot, à regarder fixement en face de moi.Je n'arrive plus à bouger. Alors comme ça le jeu a commencé ?Mais je n'ai pas compris les règles et ce que je devais faire par la même occasion. Comment je suis censé faire du coup ?
Je suis assis comme ça sans bouger comme un idiot depuis je ne sais combien de temps. Peut-être deux minutes, ou cinq voire dix, allez savoir ! Je me relève péniblement, me décidant enfin à rentrer chez moi. Je marche vers la cours principale et me dépêche de sortir du bahut. J'ai besoin de me poser chez moi et de réfléchir à tête reposée.
*******
Je viens de rentrer chez moi. Je n'ai pas arrêté de penser à Gabriel.J'ai essayé de comprendre son ''jeu'' et ce qu'il m'a dit mais impossible... Je ne suis arrivé à aucune conclusion pour être parfaitement honnête.
-Mon chéri, comment ça va ? Ta journée s'est bien passée ?
-Ouais ça va...
-T'es sûr ?
-Oui.
-N'hésite pas à m'en parler si ça va pas.
Je hoche la tête et tente de lui sourire. Mes pensée sont complètement brouillées, c'est horrible. Je monte rapidement dans ma chambre,pose mon sac sur ma chaise de bureau et retire ma veste. Je déboutonne ma chemise et soupire fortement. J'ai tellement envie de hurler ma frustration ! Je me jette sur mon lit et ferme les yeux. J'aurais jamais pensé que ma vie changerait à ce point. Je suis attiré par un gars qui m'en fait voir de toutes les couleurs :il est froid mais parfois non. Il a des problèmes et maintenant j'en ai aussi. C'est quoi cette histoire ? J'ai l'impression que je suis en plein cauchemar et que je vais me réveiller d'un moment à l'autre.
J'ouvre mes yeux et fixe mon plafond. J'ai besoin de réponses. J'attrape mon téléphone dans ma poche et envoie un message à Gabriel.
« Je peux savoir les règles de ton ''jeu'' s'il te plaît ? »
Je pose mon portable à côté de moi et me relève péniblement. Je retire ma chemise. Mon téléphone vibre, je me retourne et regarde la réponse.
« Démerde toi. »
Mais il est sérieux ?! Il me gonfle à être aussi froid et vague avec moi ! Il peut pas me dire clairement les choses pour une fois ? C'est pas compliqué quand même... Je réponds, agacé :
« Mais j'ai aucune idée de ce que je dois faire ! »
La réponse est immédiate. En fait son portable doit être agrafé dans sa main...
« C'est pas mon problème. »
Je soupire fortement, il me frustre. J'enfile un haut ample et souple.J'abaisse ensuite mon pantalon et enfile un jogging. Je lui réponds.
« Comment tu veux que je joue si je ne connais pas les règles ? »
Je m'assieds par terre et m'appuie contre mon lit. Je soupire et regarde à travers la fenêtre. Il fait gris dehors... Le temps est morose,moi je suis juste mélancolique et confus, ça représente en réalité plutôt bien mon état d'âme.
« T'abandonnes déjà ? »
Bien sûr que non, j'abandonne pas ! C'est juste que je suis trop frustré et que je ne comprends rien du tout.
« Non. J'aimerais juste comprendre. »
Au moins il prend la peine de me répondre c'est déjà ça, même s'il ne m'éclaire en rien du tout. Un nouveau message :
« Tu te souviens de ma question ? »
Je réponds tout de suite. Bien sûr que je m'en souviens, comment j'aurais pu l'oublier ? Ça m'a choqué et à cause d'elle j'étais gelé sur place.
« Évidemment. »
Et si jamais ça aboutissait à quelque chose tout ça ? Si jamais j'arrivais à l'approcher, le toucher, lui parler, rire avec lui. Je crois que j'idéalise un peu trop les choses, c'est ridicule.
« C'est la règle principale. »
Il avait dit : ''Tu te sens capable d'atteindre mon cœur ?''si je me rappelle bien. En gros je dois arriver à le toucher émotionnellement ? Je finis par lâcher l'affaire, étant encore plus perdu que je ne l'étais avant. Je change de sujet :
« Tu devais pas avoir supprimé mon numéro ? »
Je sais, c'est la question la plus stupide du monde mais bon c'est la seule chose qui m'est venu en tête...
« Ça te fait quoi de toute façon ? »
Toujours aussi charmant à ce que je vois. Je balance mon tél sur mon matelas. Je devrais peut-être me renseigner ou demander des conseils pour son jeu à la con ?
Ça doit faire dix minutes que je suis comme ça. J'ai mal à la tête et mon cœur me fait un peu mal lui aussi. Il a du mal à assimiler tous les sentiments que je ressens en ce moment. Ça toque. Ma mère entre après que j'ai répondu positivement.
-Yoongi, tu viens manger ?
-Ouais j'arrive. Dis maman !
-Oui ?
-Si je te dis : ''le jeu du chat et la souris'' tu penses à quoi ?
-Elle réfléchit un instant et me dit : fuis moi je te suis, suis moi je te fuis.Pourquoi tu me demandes ça ?
-Non pour rien, merci !
Elle me sourit et s'en va. J'ai une révélation. Mais c'est exactement notre relation en réalité !! Je souris de manière idiote et sors alors de ma chambre pour aller manger avec ma mère.
*****
J'avance avec Mat des les couloirs bondés. Cette journée de jeudi est pénible. Je n'échappe aucunement aux regards déplacés ni même aux remarques sur ma personne. Je me demande ce que je leur ai fait de mal pour qu'ils s'acharnent comme ça sur moi. J'entame la conversation avec Mathéo :
-Dis, vous vous êtes reparlés avec Simon ?
-Non...
-Pourquoi ?
-Je me sens mal...
-T'es idiot. Il t'en veut pas en plus.
-Même...
Je ris et lui mets une tape dans l'épaule. Je comprends qu'il se sente embarrassé mais tout de même, il va pas l'ignorer pour toujours !Ça serait bête quand même. Alors que nous continuons notre chemin dans les couloirs, j'aperçois Gabriel. Il s'approche vers nous. Je le regarde, me mordille légèrement la lèvre inférieure et lui envoie un petit sourire timide. Il me regarde profondément et me le renvoie mais le sien est bien plus assuré. Mon cœur s'arrête. Je suis sidéré, il a sourit ouvertement ? Je rougis et baisse la tête. Je ne peux pas m'empêcher de sourire encore plus, je suis trop content. Je crois que c'est le premier sourire qu'il m'envoie ou du moins l'un des premiers. Mon cœur n'arrive plus à se calmer et mes joues sont en feu. Il passe à côté de moi en me frôlant l'épaule. Je lui attrape discrètement le poignet. Il ralentit. Je fais quoi maintenant ? Je respire plus fort et mon ventre se tord un peu. Gabriel me fait lâcher prise, sa main effleure ma cuisse j'ai des frissons de partout. Mon corps entier vient de réagir. Mon bas ventre me fait un peu mal. Gabriel reprend sa route.
-Bon tu te bouges ? Me questionne Mathéo.
-Oui oui désolé !
Je jette un dernier bref regard dans la direction de Gabriel. Je souris un peu et reprends ma route. Peut-être que c'est pas fichu entre nous finalement. On entre en classe. Je suis encore au fond pour pas changer. Cette fois-ci Mat n'est pas à côté de moi. Je joins mes mains et réfléchis un peu. La prof parle mais je n'écoute pas. Je suis encore perturbé par ce qu'il vient de se passer. Je n'ai pas tout compris pour être honnête. J'attrape mon téléphone et envoie discrètement un message à Gabriel.
« -Qui est le chat et qui est la souris ? »
Je fais semblant d'écouter le cours puis fini par regarder par la fenêtre. Je me demande s'il va me répondre. A cet instant mon portable vibre, je souris.
« A ton avis ? »
Forcément,ça m'aurait étonné qu'il me donne une réponse claire et précise.Je me risque à tenter une réponse :
« C'est toi la souris ? »
Je suppose que c'est ça parce que c'est au chat d'attraper la souris et comme il m'a dit de l'attraper, par déduction logique je suis le chat et lui la souris, non ?
« Pourquoi tu demandes si tu le sais ? »
Parce que je veux te parler et que c'était un prétexte bidon ! Je souris un peu, il est pas toujours futé. En fait ça me fait plaisir qu'il me réponde même si ses réponses sont agaçantes par moment.J'écoute à nouveau le cours, ne sachant pas comment continuer cette conversation.
******
On vient de finir de manger avec mes potes. Je suis assis sur un banc avec Mat, Louys et Antonin, on discute. Je participe un peu à la conversation mais je suis surtout en train de réfléchir. Je regarde par terre. Je vais bien finir par trouver une solution en ce qui concerne Gabriel quand même ?!
-Excusez-moi...
-Simon ! Alors ton poignet ?Vient de demander Louys.
-Ça va.Il regarde Mat et lui adresse habilement cette phrase : D'ailleurs c'était rien de grave.
Il a bien insisté sur ''rien de grave''. Mat rougit et détourne le regard. J'espère qu'ils vont se reparler ou du moins que ce cher idiot de Mathéo va arriver à adresser la parole à Simon. J'ai bien vu que ça faisait chier ce dernier qu'il soit aussi distant. Louys le questionne :
-Au fait, tu veux quelque chose ?
-Oh, rien de particulier mais vous pourriez dire au prof de danse que je serais pas là jusqu'à la fin de semaine ?
-Ok pas de problème !
Simon passe à côté de moi, il pointe discrètement en face de nous. Je regarde et aperçois Gabriel assis sur un banc. Je dois aller le voir ? Non ! Mauvaise idée ! Et puis je n'ai toujours pas dit à mes potes ce qu'il se passe entre nous, je ne sais pas comment aborder le sujet... Simon repart avec Gabriel et Jin. Ces derniers sont en train de rire. Je ne peux m'empêcher de sourire.J'aimerais vraiment qu'on puisse rire comme ça tous les deux. Tiens,je vais lui envoyer un message pour voir sa réaction. Ça pourrait être drôle. Je réfléchis un peu à ce que je pourrais envoyer et attrape mon portable. La première chose qui me passe par la tête.Je pianote sur mon téléphone :
« T'es beau quand tu ris. »
Mais qu'est-ce que j'ai osé envoyer ?! Annuler, annuler !!! Il est où le bouton annuler ?! Pourquoi y'a pas de bouton pour annuler l'envoie du message sur les portable ? Merde ! Je me tends complètement et rougis violemment, je me force à le regarder,ayant peur de sa réaction. Mon cœur bat très vite et j'ai du mal à respirer. J'ai trop chaud, je me sens trop nul d'avoir envoyé ça.J'ai pas réfléchis, j'ai juste écrit ce qui m'est passé par la tête mais c'était idiot. J'aurais pu faire un effort quand même !Je suis trop bête ma parole. Gabriel regarde son téléphone.J'avale de travers et tousse un peu. Il a un rictus et sourit un peu,il pianote sur son portable, je suppose qu'il me répond. J'ai peur... N'empêche, il a quand même un peu sourit donc c'est que je vais pas trop m'en prendre dans la gueule alors. Il me regarde dans les yeux, alors il sait que je suis là et que je le regarde ?Son regard me transperce de toute part et me donne encore plus chaud.Mon tél vibre :
« Et ?Je te fais de l'effet ? Ce jeu commence à devenir intéressant. »
J'ouvre grand les yeux. Il peut pas dire merci comme tout le monde ?! En fait je fais comme si son message en entier n'existait pas, je sais pas quoi lui répondre moi. Je relève simplement la tête, il m'observe intensément. Vous savez quoi ? Bah juste pour le faire chier, je me mords la lèvre inférieure. Il recommence à pianoter sur son portable en ayant un léger sourire en coin. Je serre plus fort mon téléphone entre mes mains et y jette un coup d'œil quand il vibre à nouveau :
« Je te l'ai dit, attrape moi. Peu importe ce que tu fais, ça m'est égal... »
«Si tu t'en foutais réellement, t'aurais pas envoyé de message.»
Je n'écoute plus du tout ce que disent les gars, je suis dans mon propre monde... Enfin plutôt, dans le notre ? Ça vibre à nouveau.
« Tais toi... Tu dis n'importe quoi. »
Ça sonne. Jin, Simon et Gabriel, se lèvent et se dirigent vers le bâtiment B. Ça tombe bien on doit y aller aussi. On se lève aussi et nous dirigeons lentement vers le bâtiment, je traîne les pieds et enfourne mes mains dans mes poches. Je n'ai pas envie d'y aller.On arrive dans le bâtiment. Nos danseurs partent directement à droite. Nous, on monte au troisième étage. Je me sépare de Mat vu qu'on est en demi groupe et me dirige vers ma salle. Gabriel est dans les escaliers. Je baisse la tête et inspire profondément. Il est toujours là où il faut pas. Je me pince les lèvres et prends mon courage à deux mains, je vais aller lui parler. Il a l'air plus ouvert avec moi maintenant. Je m'approche de lui, il n'y a personne autour de nous, c'est bizarre ça d'ailleurs.
-Arrête de me dire de me taire.
-Laisse moi tranquille.
Soupire-t-il avant d'attraper mon visage dans ses mains. Je fronce légèrement les sourcils et papillonne des yeux. Je ne comprends rien.
-Me parle pas.
-Pourquoi ?
Il me pousse et me tourne le dos. Il est sérieux ? Je l'attrape brusquement par le poignet. Il m'énerve à être si compliqué !
-Pourquoi tu me parles et après tu m'envoie bouler, je suis pas un pantin merde !
-Parle bien.
-Bah non !
-Si.
Pourquoi moi je devrais bien parler et être poli avec lui alors que lui il me parle mal ? On m'explique ?
-Je comprends rien à ton jeu en plus...
-T'abandonnes ?
-Et si c'était le cas ?
-Ne viens plus jamais me voir parce que tu peux me croire ça sera le pire jour de ta vie.
Je fronce les sourcils. Il est vraiment sérieux ou il fait du pipeau ?J'espère qu'il dit ça uniquement pour me faire un peu peur. Je compte pas abandonner pour le moment mais si ce ''jeu'' dure trop longtemps et que rien n'avance entre nous, je vais finir par abandonner. Je ne vais pas lui courir après toute ma vie, j'ai pas que ça à faire.
-Quand est-ce que le jeu se termine ?
-Quand la souris attrape le chat.
-Et le chat ? Il attrape pas la souris ?
-Si..
Je le regarde sans comprendre. Il fait un pas vers moi. J'ouvre un peu plus les yeux et dévie le regard. Il fait quoi là ? Il attrape mon menton entre ses doigts et mets son visage face au mien. Je me tends et me sens mourir de chaud. C'est trop bizarre, dès qu'il me touche c'est comme si je fondais de l'intérieur.
-Il l'a déjà fait et il va continuer.
-Je comprends pas.
Ses lèvres effleurent les miennes. Je rougis violemment et ai l'impression que mes joues sont en feu. Mon estomac se tord dans tous les sens et je peine à déglutir. Je comprends plus, il est gentil ou méchant là ?
-Va t-en maintenant, t'as cours. Allez.
-Est-ce que le chat va laisser la souris atteindre son cœur ?
Il a un regarde triste. Pourquoi il me regarde comme ça ? Mon cœurse comprime dans ma poitrine, je l'avais jamais vu me regarder de cette manière. Il se recule de moi, passe sa main dans mes cheveux et commence à s'en aller. Je le rattrape et agrippe son poignet, je refuse de le laisser partir comme ça. Il se retourne vers moi et se met à mon niveau. Je pose timidement ma main sur son torse et serre mon autre poing. J'ai chaud et ai un peu peur. Je suis un peu plus à l'aise en ce qui concerne le fait le toucher même si j'ai toujours peur de la manière il va réagir.
-Je veux pouvoir l'atteindre.
-Maintenant va-t-en. Je suis sérieux.
Je regarde rapidement à droite et à gauche il n'y a personne. Je tente donc le tout pour le tout. Je plaque mes lèvres sur les siennes sans réfléchir. Je serre sa chemise entre mes doigts. Malgré mon stress et ma légère crainte je me sens bien, ses lèvres sont très douces. Je bouge un peu mes lèvres et me recule gêné. Je baisse la tête et demande tout timidement :
-Est-ce que ça suffit ?
Je rougis de plus belle et tente de le regarder dans les yeux. Il paraît étonné. Il reste muet et me pousse, je n'ai pas le temps de réagir qu'il s'en va rapidement. J'ai la bouche ouverte à cause du choc, j'arrive pas à réagir. J'ai du mal à comprendre ce qu'il vient de se passer, je reprends rapidement mes esprits et m'empresse d'aller en cours.
******
Je n'ai pas envie de rentrer chez moi. Gabriel m'obsède, je passe tout mon temps à penser à lui, impossible de le sortir de ma tête. Je baisse la tête et marche lentement.
Je viens d'arriver. Je suis seul, comme d'habitude. J'attrape vite fait quelque chose à manger et monte dans ma chambre. Je m'affale sur mon lit. J'ai envie de parler avec Gabriel, ça me dévore. C'est comme une pulsion qui menace de sortir à tout moment. Je craquer et l'appelle sans réfléchir :
-Qu'est-ce que tu me veux ?
Il a répondu ! J'avoue que je l'ai appelé mais je ne pensais pas qu'il me répondrait alors je n'ai rien préparé à dire. Je suis complètement tétanisé et mes joues commencent à me chauffer. Sa voix autoritaire me fait totalement tressaillir. Je n'arrive pas à lui répondre. Je déglutis bruyamment et me mordille nerveusement la lèvre inférieure. Il doit pas comprendre de quoi je parle. Je prends une grande inspiration pour contenir mon mal être et mon stresse et ose finalement lui répondre :
-Tu es occupé... ?
-Peut-être bien.
Il soupire simplement. Je serre fortement mon portable dans ma main et détourne le regard, je regarde au travers de ma fenêtre et observe le ciel. J'ai envie de lui parler mais je ne sais pas quoi dire et j'ai peur qu'il raccroche. Gabriel est un peu une bombe à retardement, à la moindre secousse, il explose.
-Le chat en marre de tout ça... Il est fatigué et est perdu.
Il n'a pas raccroché mais ne dit rien. Je tremble et ai la gorge sèche,c'est pas agréable comme sensation.
-S'il te plaît.
-Quoi ?
-Dis moi ce que je dois faire ?
-C'est bête...
-Quoi donc ?
-Ça devenait vraiment intéressant, en plus tu t'en sors bien.
-Oh ?
Je souris jusqu'aux oreilles. Je crois que ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant senti heureux. C'est comme si toute la pression se relâchait enfin. On ne se dit plus rien. Je sais pas quoi faire ou plutôt quoi dire. Je réfléchis. Je regarde autour de moi mais j'ai pas d'idée. J'en reviens pas qu'on discute tous les deux par téléphone. Je m'assieds sur mon lit et commence à maltraiter mon genou pour passer mon stress.
-C'est mon baiser tout à l'heure qui fait que je m'en sors bien ?
-Va savoir. Je raccroche.
-Non !
Mais trop tard, il vient de raccrocher ! Je voulais continuer à lui parler... Au moins on a pu discuter un peu, c'est déjà ça. Je suis content. Je me sens léger, je me laisse tomber à la renverse sur mon lit et pose ma main au niveau de mon cœur, ce dernier bat si vite...
********
C'est vendredi matin. Aujourd'hui j'ai commencé à neuf heures donc je suis seul. Je suis assis dans les escaliers du bâtiment C. Il n'y a personne. Ce lycée c'est un désert... Je me lève, j'ai envie de marcher un peu, j'ai les jambes complètement engourdies. Je marche sans but précis. Je ne sais pas où aller. Mon sac est lourd en plus, j'aurais mieux fait de rester assis je pense. Je baisse la tête et finis par rentrer dans quelqu'un. Je relève la tête et mon cœur s'arrête presque automatiquement. Mes sens sont en éveil et mes muscles sont tétanisés. Gabriel !! J'essaie de ne pas sourire.Je panique un peu, après la conversation de hier je panique, savoir ce que je m'en sors me stresse encore plus car maintenant j'ai la pression de faire quelque chose qui pourrait tout ruiner. Alors je m'excuse et me décide à fuir :
-Pardon.
Je passe rapidement à côté de lui et commence à partir le plus vite que je peux. Mon cœur est comme compressé. Ça me fait mal.Pourquoi je suis parti ?J'aurais dû rester, je suis bête !Comment je peux attraper la souris si je me confronte pas à elle ?!L'éviter était une stratégie complètement stupide. Mon cœur bat plus vite et fort et mon souffle devient irrégulier. Mais quel idiot je suis ma parole. Je fais marche arrière mais Gabriel n'est déjà plus là. Je suis énervé contre moi même. Je suis abruti ma parole !
-Je suis con merde !
Je frappe brutalement avec ma main à plat contre le mur. Aïe, j'ai mal à la main, je grimace et la secoue.
-Aïe...
Je me suis vraiment fait mal. Je soupire et étouffe un petit gémissement de douleur. Je me mords la lèvre pour tenter de ne pas penser à la douleur que je ressens.
-Je suis vraiment trop con...
-Tu trouves ?
Mes yeux s'écarquillent, ma bouche s'entrouvre légèrement et je tourne la tête au ralenti. Gabriel est là, appuyé contre le mur, il me toise. A quel moment il est arrivé là ?! Mon cœur s'emballe et j'ai chaud. Je tiens ma main droite endolorie. Il ne m'a pas vu frapper le mur quand même ? Il s'approche vers moi. Je recule jusqu'à me retrouver coincé contre le mur. Gabriel me regarde et penche un peu la tête à droite.
-Tu t'es fait mal ?
Je tourne violemment la tête à droite et grimace un peu. Je me sens bête. Pourquoi j'ai réagi aussi impulsivement ?
-Fais voir ta main idiot.
Je le regarde gêné et sens mon cœur battre comme jamais. Il lui prend quoi ?
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