Réalité
Je baille en m'étirant et repose ma tête dans mes bras, sur mon bureau. Je n'ai pas l'habitude de dormir en cours mais je suis beaucoup trop fatigué. Disons que ce week-end a été assez mouvementé et épuisant. Je sens mes joues me brûler, j'enfonce mon visage dans le creux de mon bras et ferme fort les yeux. Pourquoi dès que je repense à ça je me mets dans des états pareils ?
C'est actuellement dix heures vingt ou quelque chose comme ça, je suis encours d'anglais. Je n'arrive pas à me concentrer.
Je tourne la tête et regarde discrètement Mat, il n'écoute pas et s'amuse à gribouiller sur une feuille. Mon meilleur pote me manque vraiment. J'ai été trop bête de lui avoir parlé comme je l'ai fait mais je n'ose pas revenir vers lui, j'ai trop honte de moi.Je l'ai traité de gars facile et je sais que ça l'a blessé.Comment est-ce que je peux arranger les choses ?
*****
Je range rapidement mes affaires et me lève de ma chaise. Je sors de la salle de cours. Mat est un peu devant moi, j'ai vraiment d'aller le voir. Je me dépêche pour me mettre à son niveau. Il ne me regarde même pas. J'ai l'impression que nous sommes des inconnus l'un pour l'autre. C'est douloureux. Il reste muet tout comme moi. Je n'ai même pas le droit à un bonjour de sa part. Je me décide à me lancer en premier :
-Salut.
C'était plutôt faible et presque désespéré, je ne m'attends pas vraiment à une réponse pour être honnête. C'est histoire de montrer que j'ai besoin de lui. Une voix me sort de ma rêverie.
-Salut...
Je reconnais parfaitement cette voix. Je reste pétrifié et esquisse un très faible sourire. Il m'a répondu. Il fixe impassiblement en face de lui et accélère le pas. Je fais de même. J'en reviens pas qu'il m'ait répondu, peut-être qu'en fait il m'en veut pas tant que ça ? Il se retourne brutalement vers moi et son regard me glace le sang. Je plonge mon regard incertain dans le sien.J'appréhende ce qu'il va se passer.
-Ne fais pas comme si de rien n'était !
-Je voulais juste être poli...
-Et tu comptes pas t'excuser ? T'as pas l'impression que c'était la chose à faire ? Je me fiche de ton bonjour.
-Te braque pas comme ça !
-Je te reconnais pas et je déteste ce toi secret et mesquin.
Il tourne les talons. Je reste tétanisé au milieu du couloir. Ses dernières paroles résonnent dans ma tête sans s'arrêter. Les larmes me montent presque aux yeux. Je serre mes poings en tremblant et marche en traînant des pieds vers ma salle. Je me déteste et je déteste être perdu comme je le suis. J'entre dans ma salle, tout le monde est déjà installé.
-Vous êtes en retard...
-Excusez-moi madame je devais aller aux toilettes... Mentais-je.
-Dépêchez vous de vous installer.
Je hoche rapidement la tête et vais m'asseoir au fond, tout seul,près de la fenêtre. Je regarde où est Mat, il est à côté d'un gars et il lui parle. Il va vraiment faire comme si on était plus rien ? Des années d'amitié brisées comme ça ? Non, je peux pas y croire... Je veux le voir et renouer avec mon meilleur ami...
****
C'est environ midi. Je n'ai pas réellement faim. Mes potes excepté, Mat, évidemment, m'ont demandé de venir manger avec eux mais j'ai refusé. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée qu'on reste tous les deux près l'un de l'autre avec Mathéo. Je baisse la tête et marche de plus en plus rapidement dans les couloirs. Je sens ma respiration s'accélérer et mes poings se serrer. J'ai envie de pleurer dans mon coin, tout seul et de crier ma frustration sur quelqu'un ou quelque chose. Je déteste cette sensation. Je me sens si seul. Je me cogne dans quelqu'un.
-Hey, regarde devant toi.
-Désolé...
Je relève timidement la tête pour voir de qui il s'agit. Mes yeux s'écarquillent.
-Désolé j'étais ailleurs...
-Ça va pas ?
-Je hausse les épaules.Ça pourrait aller mieux...
J'ai un faux sourire pour cacher mes larmes. Je suis rentré dans Jin, ce dernier me détaille je peux le sentir. Je tente de passer outre son regard de feu et jette un bref coup d'œil dans les parages.Malheureusement, il est seul.
-Tu pleures ?
-Non non, je viens de bailler !
-Très crédible. Il s'est passé quelque chose ?
-Ça va, je te dis...
-T'es tout seul ?
-Ouais. Pour pas changer j'ai envie de dire.
-Tes potes sont en cours ?
-Non. L'un d'eux veut plus me voir donc je préfère rester dans mon coin. Désolé, je sais même pas pourquoi je te raconte ça.
-C'est rien.T'as déjà mangé ?
-Je fais non de la tête. Et toi ?
-Je vais justement rejoindre les gars, tu veux venir manger avec nous ?
Mes yeux s'écarquillent et mon cœur bat à toute vitesse. Il sourit et semble attendre ma réponse. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, même si j'en ai extrêmement envie. J'ose demander :
-''Vous'' ?
-Simon, Gabriel et moi.
Je sens un petit sourire se former sur mon visage puis disparaître très rapidement. Je pense que je ferai mieux de ne pas y aller, Gabriel ne voudra sûrement pas me voir et encore moins me parler. Quand on est au lycée il est toujours très froid donc je préfère ne pas y aller. J'ai l'impression que ça avance entre nous alors je vais essayer de ne pas tout détruire en m'imposant entre lui est ses potes. Pourquoi tout est toujours aussi compliqué, hein ?
-Merci mais j'ai pas faim.
-T'es sûr ? Si tu changes d'avis on est au self, envoie moi un message si tu veux.
-Merci.
Il me fait un clin d'œil et s'en va. Ça sera plus simple si je reste dans mon coin, au moins je suis sûr d'énerver personne.
Je soupire d'agacement et vais m'asseoir dans les escaliers. Je prends ma tête dans mes mains. Entre Gabriel avec qui je ne sais sur quel pied danser, Mathéo qui ne veut plus me voir et la plupart des personnes dans ce bahut qui me regardent de travers et parlent dans mon dos, tout ça est beau petit enfer. Je branche mes écouteurs,les mets dans mes oreilles, démarre la musique et le verrouille. Je vais rester là, tout seul.
Je marche dans les couloirs pour aller devant ma salle. Je marche continuellement en regardant mes pieds. Ayant peur de rentrer dans quelqu'un je relève la tête, mon cœur se compresse à ce moment.Je baisse automatiquement la tête et sens que tous mes membres tremblent. Il marche dans ma direction. Mon cœur s'emballe.J'esquisse un petit sourire en le voyant. Je relève la tête et ose le détailler. Je continue à avancer, on se fixe dans les yeux sans dévier de nos trajectoires. On va se parler au moins ? On est plus très loin l'un de l'autre. Je ne me sens pas très confiant mais je veux qu'on se parle. Gabriel est juste devant moi, je ne dévie pas de ma trajectoire et lui non plus. Je m'arrête progressivement en souriant un peu plus.
-Salut.
-Salut.
J'ai envie de mourir de rire, je sais même pas pourquoi. Je me mords l'intérieur de la joue. Il m'a répondu. Il dévie légèrement et continue à avancer lentement, sa main frôle la mienne me provocant une énorme bouffée de chaleur puis des frissons intenses dans tout le corps. Il marche si lentement qu'il est presque à l'arrêt, de même pour moi.
-Ça va ? Il murmure.
-Ouais et toi ?
-Mieux maintenant.
Il continue d'avancer et passe sa main dans mes cheveux m'entraînant légèrement avec lui.
-Passe une bonne journée.
Il retire sa main et continue son chemin. Mon cœur fond sous cette tendre action. C'est bizarre mais c'est comme si le temps s'était figé. Il avait l'air plus ou moins content et légèrement enjoué sur les bords aussi. Je me mords la lèvre inférieure et continue d'avancer. Je me retourne rapidement pour voir si il est toujours là. Il se retourne également et m'envoie un petit sourire. Je me noie dans un bonheur sans précédent. Mes sentiments sont envahis par une aura bienveillante et pour la première fois de la journée,je souris sincèrement.
*****
La journée se termine. Je suis presque sorti du lycée, je ne me dépêche pas spécialement et baille de nombreuses fois. Je suis fatigué. Alors que je suis sur le point de passer le portail, je remarque une présence qui me fait me figer. Qu'est-ce qu'il fait là ? Ce fameux mec qui m'a pris en traître dans un coin de la cours et qui m'a emmerdé au self est là. Je recule et chercher un échappatoire. Je suis censé sortir et espérer qu'il ne m'ait pas vu et que tout se passe bien pour moi ? Je serre les poings et essaie de rassembler tout mon courage quand on m'attrape brusquement par le bras droit et on m'attire dans un coin sombre plus loin. Je sens une main contre ma bouche. Je me débats en respirant fort. J'ai presque les larmes aux yeux et je serre mon poing droit prêt à mettre un coup quand je me fais plaquer contre un mur et que je sens qu'on m'empoigne. Je ferme fortement les yeux en respirant fort et irrégulièrement.
-Calme toi, c'est moi.
J'ai l'impression de connaître cette voix.
-Du calme je te dis.
La personne plaque son corps contre le mien et sa respiration régulière tape contre mon front. Je ne parviens plus à me débattre à cause de son corps collé contre le mien.
-Ouvre les yeux idiot.
Je reconnais alors immédiatement de qui il s'agit. Je vais le tuer. Les larmes menacent de perler aux coins de mes yeux et j'ai frôlé la crise de panique. Il retire sa main de ma bouche et la pose contre le mur à côté de ma tête. J'ouvre les yeux et en effet, il s'agit bel et bien de Gabriel. J'ai envie de l'étrangler.
-J'en reviens pas, tu pleures...
-Non !
Il passe doucement ses pouces sous mes yeux. J'ai eu putain de peur.J'essaie de calmer ma respiration et mon petit cœur fragile.
-Ça va pas merde ?! Pourquoi t'as fait ça, espèce de taré !
-Tu m'as vraiment pas reconnu ?
-Bah non couillon !
Il me fiche une pichenette sur le front. Ah mais qu'est-ce que je déteste quand il fait ça ! Je lui écrase le pied pour me venger. Il me regarde froidement en fronçant les sourcils. Il passe sa jambe entre les miennes et appuie. Aïe... Ça fait mal... Mais il aime me faire mal en fait, c'est pas possible autrement !
-Arrête, ça fait mal...
-Ah oui c'est vrai, j'ai tendance à oublier que t'es un gars.
-Va te faire ! T'es chiant à toujours me traiter de gonzesse,j'en suis pas une !
Je tourne la tête à gauche et fixe un arbre agité par le vent frais.J'arrive pas à bouger, son corps est vachement imposant quand même. Je serre un peu mes poings et les pose sur son torse.
-Si t'es là pour me faire des trucs bizarres, laisse moi, j'ai pas la tête à ça s'il te plaît.
-Je suis pas là pour m'amuser avec toi.
Il retire sa jambe d'entre les miennes et recule légèrement de moi.Il remet rapidement mes cheveux en place en me regardant intensément dans les yeux. Mon souffle se coupe, il est vraiment très intimidant.
-Qu'est-ce qu'on fiche ici alors ?
-En fait tu tiens vraiment pas à ta vie c'est pas possible autrement.
-Pourquoi tu dis ça ?
-Il pose sa main sur mon ventre.Ça t'a pas suffit çà ?
-Je comprends pas...
-T'allais sortir du lycée alors que l'autre connard est devant, t'es suicidaire ?
-Fais pas comme si tu t'en préoccupais.
-Non t'as raison, te laisser te faire frapper et violer c'est très amusant effectivement.
Je me tends à l'entente de ses paroles. Son regard est froid mais assez protecteur sur les bords. Je grimace et le regarde avec un air assassin. Peu crédible, je sais. Dans le fond je suis touché car il me montre que je ne suis pas rien à ses yeux.
-Donc oui je m'en préoccupe idiot.
-Ils me feront pas ça.
-T'es prêt à parier ? Fais pas le con, allez maintenant on y va.
On sort, après ce qu'il vient de dire ? Ah non mais moi je sors pas du lycée. J'ai aucune envie de me faire agresser. Il m'attrape l'avant bras et me fait le suivre. Je tire violemment sur mon bras pour me défaire de son emprise. Il se retourne vers moi et me détaille en haussant les sourcils. Je le regarde complètement apeuré.
-Je veux plus y aller ! Je suis bien ici.
-Sois pas idiot. Allez, viens.
-Non ! Je veux pas de problèmes, en ce moment ça suffit.
Il parait étonné, il s'approche de moi. J'ai des frissons dans tout le corps et rougis à cause de notre proximité. J'ai un léger mouvement de recule et serre mes poings. Il soupire, comme s'il était désespéré par mon attitude.
-Ils te feront rien vu que je suis là. Allez, maintenant bouge ton petit cul.
-Je veux pas que tu sois dans la merde par ma faute, on a qu'à sortir par un autre endroit.
-Un autre endroit ? Tu te sens d'escalader le mur derrière toi ?
-Euh non sachant qu'il fait deux fois ma taille et qu'il est lisse...
-Donc tu me suis, t'as pas la choix. Bouge toi, j'ai pas que çà à foutre de ma vie.
-On va avoir des problèmes...
-Non, ils sont totalement effrayés par moi, ils vont rien faire du tout, ils ont pas de couilles.
Effrayés ?A ce point ? C'est vrai qu'il a une très mauvaise réputation.Beaucoup de personnes disent que Gabriel est le fils du parrain de la mafia de la ville. Je trouve ça drôle.
-Tout le monde a peur de toi...
Il a un rictus las. Je regrette alors immédiatement ma remarque.
-Désolé c'est pas ce que je voulais dire.
Faut que je fasse attention à ce que je dis, ça peut le blesser même s'il ne le montre pas. Je sens son corps se coller au mien, je lève d'un coup la tête et papillonne des yeux quand je vois son visage se rapprocher du mien. Son souffle se mêle lentement au mien, j'aime bien ça.
-Même toi, tu as peur de moi ?
-Non, j'ai pas peur de toi.
Il a un petit sourire sur le visage. Mes joues me chauffent un peu et je ferme les yeux. Je pense qu'il va m'embrasser. Je sens sa main se poser sur mon front et me pousser doucement en arrière, il rit un peu. Oh non pourquoi ?! J'aurais tellement voulu que ses croissants de chair viennent caresser les miens.
-J'allais pas t'embrasser.
-Tu fais toujours ça, c'est chiant !
-Je sais. Allez, on y va maintenant.
-Non, je reste ici.
Il s'arrête et me regarde sans comprendre. Je boude parce que je n'ai pas eu mon baiser. Il soupire d'agacement et reviens vers moi. Je sais que j'ai des réactions de gamin parfois mais c'est plus fort que moi. Il attrape mon menton entre ses doigts et me fait tourner la tête vers lui, on se fait face. Gabriel m'offre un baiser fougueux ponctué d'affection. Ses lèvres caressent les miennes durant de longues secondes. Je me mets sur la pointe des pieds car il est plus grand que moi mais je perds quelque peu l'équilibre. Je plaque mes mains sur ses épaules pour retrouver l'équilibre. Alors que notre baiser s'amplifie, je me perds dans un monde agréable et manque de tomber. J'ai un mouvement de recule, me rattrapant brusquement à son poignet.
On est séparé. Ses yeux sont toujours fermés et il a un sourire assez marqué sur le visage. Il est très beau, trop beau d'ailleurs.J'ai complètement fait foirer ce moment. Ses yeux s'ouvrent et rencontrent les miens. Je tiens toujours son poignet, un peu fort. Il se rapproche encore une fois de mon visage mais je baisse la tête,mal à l'aise. Je ne sais pas quoi dire ou faire...
-T'as un mauvais équilibre. Je peux me baisser t'as pas à te mettre sur la pointe des pieds quand on s'embrasse.
Il rit doucement et passe sa main dans mes cheveux. Pourquoi il fait des commentaires pour amplifier ma gêne ?
-Tu te sens gêné pour rien. Lève la tête.
Je sais que je réagis toujours bizarrement et que j'ai des réactions de bébé, il me le dit tout le temps. Il ébouriffe rapidement mes cheveux ce que je trouve mignon. Je finis par lui faire à nouveau face.
-On y va ? Lançais-je,incertain.
-C'est moi qui t'attends pas l'inverse.Râle-t-il.
Nous nous dirigeons vers la sortie. Je lui tiens toujours le poignet. Je détaille le beau visage harmonieux de Gabriel. Il a un sourire victorieux sur les lèvres. Je lâche brusquement son poignet et colle mes mains à mes cuisses, gêné. Il se met à mon niveau et me met un petit coup de hanche, en riant.
-Hey pourquoi t'as fait ça ?!
Il hausse les épaules, comme si de rien était. Je ne dis plus rien et le suis un peu en retrait. Je marche plus lentement que lui, ce qu'il fait qu'il me dépasse, je prends alors mon temps pour admirer son magnifique corps. Mes orbes se posent tout particulièrement sur son fessier bien défini. Je remonte d'un coup ma tête en me rendant compte que le mate ouvertement. Je manque de m'étouffer avec ma salive. Il ralentit et se met à mon niveau, il se penche à côté de mon oreille.
-Va falloir apprendre à être plus discret et ne pas t'étouffer parce que tu me mattes.
Je rougis violemment. Il passe furtivement sa main sur mes fesses. Je m'écarte de lui, apeuré que quelqu'un nous voit.
-Tu fais quoi là ?
-Ce que je veux.
-Pas touche !
-Et sinon, il te plaît ?
-Je le regarde sans comprendre, le feu aux joues.De quoi ?
-Il a un sourire coquin sur les lèvres.A ton avis ?
Je comprends alors qu'il parle de ses fesses. Je fais comme si de rien était :
-Je vois pas de quoi tu veux parler...
-Menteur. Il a un rictus.Allez on y va, il fait nuit.
Il commence à avancer, je le suis en fixant droit devant moi. J'ai froid, mes joues me piquent et le bout de mon nez est tout gelé. Je tremble et frotte mes mains entre elles.
-T'aurais dû mettre quelque chose de plus chaud idiot.
-Je soupire.Je sais... Et arrête de me traiter d'idiot.
-Non, j'ai pas envie.
-T'es chiant.
-Je sais.
Je n'ai pas la force de me battre plus que ça avec lui. Nous franchissons le portail et arrivons devant celui qui prend un malin plaisir à me pourrir la vie. Je les toise quand ils rient. Ils font des têtes dégoûtées. Ils me regardent de haut en bas et se foutent clairement de ma gueule. L'un d'eux mime des gestes de fellation. Je me tends fortement et sens le dégoût, la colère et la tristesse monter en moi. Ils font d'autres gestes obscènes et sales. Pourquoi ils font ça ? Je tourne brusquement la tête et la lève vers Gabriel, je sens que les larmes me montent presque aux yeux.
-Fais comme si t'avais rien vu et qu'ils étaient pas là.
-Comment ils savent qu'on... ?
-Concrètement ils ne savent pas, c'est juste que j'ai une sale réputation tu le sais bien. Les regarde pas, regarde moi le temps qu'on passe.
-Je déteste comment ils me regardent, ils sont dégueulasses...
-Oublie ça.
-Comment tu veux que j'oublie ?
-Il hausse les épaules. Tu sais que ça risque de pas être les seuls à faire ça si tu restes avec moi ?
-Ouais, je sais...
-Tu ferais mieux de t'éloigner alors.
-Non c'est bon,je préfère rester avec toi.
Je rougis, gêné d'avoir confessé cela et accélère. Gabriel me rattrape et continue à marcher à côté de moi. Il fait sombre mais les lumières éclairent bien, c'est assez joli d'ailleurs.Je regarde timidement Gabriel, il a une expression calme et impassible et regarde en face de lui. Ça ne le blesse pas ce que les autres abrutis ont fait ? Il est remarquable, je sais qu'il fait semblant mais je l'admire de toujours réussir à camoufler ses sentiments.
Ça fait un bout de temps qu'on marche. On va devoir se séparer et prendre des chemins différents pour rentrer chez nous. J'ai hâte de rentrer parce que j'ai froid mais malgré tout j'ai envie de rester avec lui. Je le raccompagne ? Nous dépassons le croisement où nous étions censés nous séparer.Je le regarde étonné et lui dis :
-Tu habites pas vers ici, tu rentres pas chez toi ?
-Je te raccompagne.
-Non non c'est bon ! Je peux rentrer tout seul.
-Laisse moi faire ce que je veux, je te raccompagne c'est tout, fais pas chier.
-T'es pas obligé d'être aussi froid... Mais merci.
-Tu habites loin ?
-Si t'en as marre de marcher tu peux rentrer.
-J'ai pas dit ça. Bon, tu me réponds ?
-Je sais pas moi à presque une demie heure.
-Pourquoi tu prends pas le bus ?
-Ça coûte cher...
Il reste à mon niveau et ne dit plus rien. Ça me fait plaisir qu'il prenne la peine de me raccompagner. Je souris un peu et rentre mes mains dans mes poches, j'ai super froid... Je lève la tête et regarde le ciel obscurcit par les nuages, il va neiger. C'est beau la neige et puis ça a un côté romantique. Je rougis tout seulet serre mes poings en me mordant la joue. J tremble un peu plus fort et gigote pour me réchauffer.
-Il fait froid tu trouves pas ?
-Non j'ai chaud.
-Sérieusement ? Comment tu peux avoir chaud avec ce temps ?
C'est clairement impossible ! Je gèle comme pas possible. Je souffle dans mes mains pour les réchauffer puis les remets rapidement dans mes poches. Il faut que je pense à sortir mon écharpe et des gants de mon armoire.
-Va savoir.
-Moi je me caille vraiment...
Il me regarde en haussant les sourcils. Gabriel retire son manteau.Qu'est-ce qu'il fait ? Pas ce que je pense j'espère...
-Tu fais quoi ?
-T'es sourd ou quoi ? Je t'ai dit que j'avais chaud.
Oh ça me rassure, j'ai cru qu'il allait me passer son manteau, ça aurait été très niais venant de lui. Même si dans le fond ça m'aurait fait plaisir. Je relève péniblement la tête et vois Gabriel, sa veste au-dessus de moi. J'ouvre grand les yeux, il hésite, je le vois. Je souris discrètement et le regarde timidement dans les yeux. Il a du mal à me la poser sur les épaules, c'est pas quelque chose de compliqué pourtant. Je souris un peu plus pour l'inciter à le faire. Il s'éclaircit la voix et se braque :
-J'allais pas faire ça, sois pas idiot. Regarde en face de toi au lieu de paraître aussi heureux pour rien.
Il met sa veste sur son épaule. Moi je suis en train de me transformer en bonhomme de neige et lui il se la pète avec sa veste là. Et puis il aurait pu assumer qu'il voulait me passer sa veste.
-T'aurais pu me la passer, j'ai vraiment froid.
Je retourne la tête vers lui, fâché. Je le surprends une nouvelle fois la veste au-dessus de mes épaules. Il me regarde, les yeux grands ouverts et semble mal à l'aise. Il a les joues un peu rouges. Il me balance sa veste dessus et tourne brusquement la tête de l'autre côté en accélérant. Il ne sait pas où j'habite cet idiot alors pourquoi il passe devant ?! Je mets bien sa veste en souriant comme un imbécile, c'était mignon. En vrai, il est très attentionné, c'est juste qu'il se voile la face et qu'il a peur de le montrer. Je sens mes joues me chauffer légèrement,je me remets à son niveau.
-Merci.
-J'ai juste la flemme de devoir t'emmener à l'hosto, sois pas si content.
-Je ris.Ouais, c'est ça, merci quand même. T'as pas froid ?
-Il soupire.Tu sais pas te taire ?
-T'es vraiment bizarre.
-Et toi alors ?
-Moins que toi en tout ça.
-Si tu le dis.
-Merci pour ta veste.
-C'est pas pour ta gueule d'ange que je fais ça, je te l'ai dit, je suis trop flemmard pour te ramasser à la petite cuillère.
J'adore quand il cherche des excuses, c'est trop drôle, je souris énormément. Il est super, je suis sûr qu'en tant que petit ami il serait génial. Je rougis tout seul et me mords l'intérieur de la joue. J'espère que j'arriverai à être son copain. Je serre mes poings dans mes poches.
On est à une maison de devant chez moi. En vrai je commence à stresser, j'ai bien envie de le faire entrer mais il y a ma mère et elle va nous faire subir un interrogatoire. En plus ma maison est bien moins belle que la sienne, j'en ai presque honte. Une fois devant chez moi je prononce :
-On est arrivé.
-C'est ta maison ?
-C'est pas aussi grand que chez toi mais ...
-Il soupire.Je demande pas ça parce qu'elle est petite ou moche.
Ma famille n'a pas énormément d'argent, c'est vrai, mais on s'en sort. Je me mets devant la porte et attends. Je ne sais pas si je le fais entrer. Est-ce que ma chambre est rangée au moins ? Je réfléchis à vitesse grand V.
-C'est bon, te casse pas la tête à savoir si tu me fais entrer ou pas, je m'en vais.
-Attends ! Je...
-C'est bon, trouve pas d'excuses. Ça m'est égal.
-Non, c'est pas ça... Désolé. Merci de m'avoir raccompagné, t'étais pas obligé.
-Je sais.
Il a l'air un peu froid, c'est parce que je ne l'ai pas fait entrer ? Je retire rapidement sa veste et la lui tends. Il l'attrape, la remet et me regarde intensément. J'ai toujours l'impression que son regard me transperce de partout, c'est particulier.
-J'y vais.
-Ma mère est là c'est pour ça... Rentre bien.
-Mmh.
-A demain !
-Ça m'étonnerait.
-Pourquoi ?
-Ça te regarde pas. Allez rentre, tu vas attraper froid.
Qu'est-ce qu'il va faire demain ? Je m'approche timidement de lui et baisse la tête. Je ferme la fermeture éclair de sa veste, il se laisse faire.
-Je suis pas un gamin moi. Je sais faire ça.
-Tu sèches demain ? J'ignore sa remarque.
-Va savoir.
-Tu devrais pas.
-Me fais pas la morale, pigé ?
-C'est bon, te braque pas...
-Si.
-Dis, tu m'apprécies au moins un peu ?
Il ne dit rien, je remonte la tête en suivant la fermeture et lui fais face. Je suppose qu'il ne répondra pas. Je me sens un peu mal. Il me repousse doucement.
-Rentre, il fait froid.
-Gabriel...
-Quoi ?
-Rentre bien. Et fais attention à toi.
Il me pousse encore et recule, il tourne les talons. J'aurais bienvoulu rester avec lui encore un peu. Je le regarde partir, il me regarde un peu puis repart. Bon bah ça c'est plutôt bien passé entre nous finalement.
-Hey ! Il m'interpelle.
Je lève la tête, il me regarde un peu froidement et baisse entièrement la fermeture.
-Ne refais plus ça, compris ? J'aime pas, c'est ridiculement niais. Maintenant rentre chez toi.
Ridiculement niais ?! Mais il m'a fait ça il y a quelques jours ! Ça n'a aucun sens. Je soupire simplement et lève les yeux au ciel. Il est trop compliqué comme gars...
J'ouvre la porte et le regarde une derrière fois dans sa direction, il se retourne également vers moi. Je lui fais un petit sourire qu'il me renvoie. J'aurais bien voulu qu'on s'embrasse avant de se séparer...
Je rentre. J'espère que demain je pourrai le voir.
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