Pourquoi moi ?

Une nouvelle semaine débute, le week-end est passé trop rapidement à mon goût. Je me dirige vers l'entrée du lycée, traînant des pieds. Je n'ai vraiment pas envie d'y aller.

-Yoon !

Mat vient de me sauter dessus en me hurlant dans les oreilles. Je vais le butter... Je ferme les yeux, fronce les sourcils et soupire. Je ne suis pas très bien réveillé alors mes nerfs sont sensibles.

-Gueule pas dans mes oreilles de bon matin...
-Ouais désolé, j'avais oublié que Monsieur était sensible aux sons de bon matin.
-Rien à voir. C'est juste toi qui es très bruyant.
-Moi aussi je t'adore. On y va ?
-Où ça ?
-Voir les pingouins sur la banquise...
Se moque-t-il de moi.
-Ha-ha-ha...
-En cours idiot !
-J'avais compris...

J'ai le cerveau qui fonctionne à deux à l'heure, c'est perturbant. Et puis j'ai un manque extrême de motivation. Ma fin de semaine dernière me reste en tête et pour être parfaitement honnête, je suis plus que frustré. Tout ce qui se passe en rapport avec Gabriel me rend fébrile, il m'intrigue et me fait peur mais malgré tout j'ai une obsession avec sa personne. C'est insupportable.

-Mouais, pas sûr. T'es sûr que t'es bien réveillé parce que là j'ai des doutes.
-A ton avis ?
-Ouais c'est bien ce que je dis, tu dors encore à moitié.
-Exact.

Donc ça serait sympa de sa part d'éviter de me hurler dessus. Je lui fais un grand sourire en passant mon bras sur son épaule et en appuyant un peu dessus, resserrant mon étreinte autour de sa personne. Il tourne la tête vers moi, je fais de même vers lui et le regarde très sérieusement.

-Donc gueule plus, sinon je te coupe la langue.
-Tu fais limite plus peur que l'autre.
-''L'autre'' ?
Reprenais-je,confus.
-Ouais : Gabriel.

Je ne réponds pas. En effet, Gabriel peut être excessivement effrayant. Ce regard froid, dur et presque sadique que j'ai pu apercevoir samedi était glaçant. La violence qui se dégageait de lui était loin d'être rassurante.

Nous sommes en salle de cours, ce dernier ne tarde pas à commencer et je me sens déjà divaguer dans mes pensées...

C'est un peu plus d'une heure, Antonin et Louys, Mat et moi venons de manger. Comme d'habitude, l'ambiance était agréable.
Nous avons encore une petite heure avant de reprendre les cours avec Mat. En ce qui concerne Louys et Antonin, je n'en ai aucune idée.

-Ah au fait Yoon, je pourrais pas rentrer avec toi ce soir, j'ai un truc de prévu.
-Ok pas grave, une autre fois.
-Yep !

Bon bah tant pis, je rentrerai seul. Ça aurait été bien que Mat puisse venir mais je me doute bien qu'il a d'autres trucs à faire,ça ne me fera pas de mal de rentrer tout seul. Même si dans le fond,je ne vais pas mentir, ça m'aurait rassuré de rentrer avec quelqu'un, j'ai l'impression que dès que je sors, Gabriel est là. Il est comme une ombre qui n'attend qu'une seule chose : m'engloutir.Je secoue la tête, me rendant compte que je parle encore de lui. Il faut vraiment que j'arrête !

-Les gars, moi je vous laisse, je vais à la danse !

Ah oui ! J'avais totalement oublié que Mathéo allait à son club aujourd'hui. Louys et Antonin me laissent également et partent encours. Je me retrouve alors rapidement seul, au milieu de la cours.Je ne sais que faire. Je vais juste aller traîner dans les couloirs,ça me permettra de me réchauffer. Alors que je m'engouffre dans un bâtiment et que je marche sans but précis, je sens qu'une masse me rentre dedans. Je me fais violemment bousculer et tombe à la renverse par terre. Ma colère ne fait qu'un tour.

-Hey ! Tu pourrais t'excuser !

Suite à ma remarque qui paraissait plus qu'agacé, celui qui m'a fait tomber rit simplement en se retournant vers moi. Ces yeux face à moi je les reconnais immédiatement. Ce visage qui hante mes pensées m'est à nouveau dévoilé, une certaine frustration grandit en moi. Gabriel est sur le point de me tourner le dos et de continuer sa route, je me redresse brusquement et m'énerve :

-T'es sérieux ?!

Aucune réponse de sa part, la seule que j'obtiens est celle de son dos qui se tourne et s'éloigne. Mais quel irrespect et arrogance ! C'est dans ces moments là où j'aimerais pouvoir me faire respecter mais je n'ai pas un très bon sens de la réparti. Le pire est que personne ne m'aide à me relever, on peut voir à quel point ce monde est égoïste. Les couloirs commencent à se vider car les cours de l'après-midi débutent.

Alors que le silence dans le couloir se fait de plus en plus intense, un corps se met en travers de mon chemin à nouveau. Je soupire fortement, n'ayant qu'une envie,craquer. Mais qu'est-ce qu'on me veut encore ? Je relève la tête, simplement dépité et démotivé, j'ai même pas envie de me battre ou que sais-je, je voudrais juste pour me laisse retourner à ma petite vie tranquille. Je me rends rapidement compte que je connais la personne qui s'est interposée. Un jeune homme plutôt grand, aux traits asiatiques tout comme moi. Je me rappelle alors où est-ce que je l'ai vu, il s'agit d'un des amis de Gabriel. A cet instant, je n'ai qu'une seule envie : déguerpir. Je suis sur le point de le faire, ne voulant pas d'ennuis à nouveau mais il me pose une question :

-Ça va ?

Je me retourne, pensant qu'il parle à quelqu'un d'autre mais il n'y a personne. Il me parle vraiment ? Je me pointe du doigt et arque les sourcils.

-Moi ?
-Oui toi, il y a personne d'autre haha.

Pas faux. Je ne sais quoi répondre. Je trouve ça étrange qu'il vienne me parler alors je n'ose pas réellement répondre. J'essaie simplement de sourire et réponds d'une manière un peu détachée :

-Oui, je vais bien, merci de demander, je suppose...

Nous ne nous sommes jamais adressé la parole alors j'ai du mal à comprendre pourquoi il me demande comment je vais. Je suis légèrement méfiant. Il n'a pas l'air méchant, je vous l'accorde mais je ne suis pas serein pour autant.

-T'as des problèmes ?
-Je crois pas. Pourquoi ?
-Par rapport à ce qu'il vient de se passer. Gabriel, tout ça...
-Ah ça. C'est une tête de con qui se sent supérieur et ne prend pas la peine d'aider les autres, c'est pas nouveau.

Je hausse les épaules, histoire d'accentuer le fait que je n'arrive pas à comprendre Gabriel. Il a une personnalité extrême et complexe.

-Yoongi, c'est ça ?

Comment il connaît mon nom ?! On lui a parlé de moi ? Gabriel peut-être ? Je fronce les sourcils et reste sur la défensive. Je n'ai pas confiance du tout, on ne sait jamais ce qu'il pourrait se passer.Faut pas oublier que c'est un pote à l'autre brute épaisse...

-Comment tu connais mon prénom ?
-J'ai entendu parler de toi à cause de ta ''confrontation'' avec Gabriel. Vu que jamais personne lui tient tête, ça parle pas mal de toi.
-Sérieusement ?

Ok, donc maintenant tout le lycée me connaît et je suis prêt à parier que je vais me faire pas mal d'ennemi à cause de ça. Je soupire intérieurement, n'ayant qu'une envie : retourner à l'époque où je ne connaissais pas Gabriel. Moi qui tenais à ma petite vie tranquille, on peut dire que c'est raté...

-C'est pour ça que je me demandais si t'avais des problèmes. Certains risquent de s'en prendre à toi.
-Pour quelle raison ?
-Tu connais l'effet mouton ? Gabriel fait quelque chose et comme les gens ont peur de lui, ils le copient. Tu vois où je veux en venir ?
-Malheureusement...
-Si à cause de l'autre idiot t'as des problème dis le moi, j'irais régler ça.

''L'autre idiot ?'' Il parle de Gabriel ? J'ai un léger rictus. Ça me rassure, je ne suis pas le seul à le trouver idiot, ses potes aussi au moins.

-Pourquoi tu ferais ça ?
-Gabriel est idiot parfois et puis t'as pas à avoir de problèmes à cause de lui. T'as l'air d'être quelqu'un de calme et qui n'est pas trop dans les histoires donc si jamais on s'en prend à toi, viens me voir.
-Merci mais ça ira je pense.

Je préfère me défendre tout seul, j'ai un minimum de dignité... Ça me dérange de faire appel à quelqu'un que je ne connais pas,surtout que je n'ai actuellement aucune idée de s'il est réellement digne de confiance.

-Moi je dis ça pour toi tu sais.
-T'es vraiment pote avec Gabriel ?
-Pourquoi ?
-T'as l'air différent. Très différent même. Pareil pour Simon.
-Tu connais Simon ?
-Ah euh non... J'ai juste entendu parler de lui, pareil pour toi en fait.

J'espère qu'il ne répétera pas ça à Gabriel, je ne veux pas que ce dernier pense que je m'intéresse à lui et que j'ai fait des recherches sur sa vie ou sa bande d'amis. Jin semble me détailler, je ne dis rien.

-En fait on se connaît depuis longtemps tous les trois. Il était pas comme ça avant.
-Il était comment?
-Essaie de trouver par toi-même.

Puis il tourne les talons et repart. Il s'est pris pour le Père Fouras ou quoi ?! C'est quoi cette pseudo énigme ? Je dois avouer que chercher à m'immiscer dans la vie de Gabriel me tente moyennement. Je détaille Jin qui s'en va mais une question me taraude finalement :

-Attends !!

Il s'arrête et se retourne vers moi. Je serre le poing, ayant du mal à me retenir. C'est plus fort que moi ! D'un côté j'aimerais ne pas l'aider, mais de l'autre je suis obnubilé par cette idée. Je suis si faible.

-Oui ?
-Comment je peux l'aider ?
-C'est vrai j'avais oublié. T'es trop gentil, t'essaies encore de l'aider.
-''Encore ?''

Me dites pas que Gabriel lui a raconté quand même ? Je me pince les lèvres entre elles et demande timidement :

-Il t'a parlé de moi ?
-Tu sais, même pour nous c'est dur de l'approcher parfois.
-Vraiment ?
- Pourquoi tu veux l'aider ?
-Je sais pas trop en fait, j'ai juste envie de faire quelque chose pour lui.
-Bonne chance alors. Laisse le jouer au dur.

Le laisser faire ? Je fronce les sourcils et réfléchis brièvement quand sa voix me ramène à la réalité :

-Il est pas méchant, il a juste de gros problèmes. Essaie de l'aider, tu pourrais peut-être le changer, qui sait.
-Pourquoi moi et pas vous ?
-A toi de le découvrir.

Un doux sourire orne son visage. Il est vraiment beau garçon, je me surprends à admirer son visage quand notre contact visuel se rompt.Jin repart définitivement. Je me sens encore plus embrouillé et frustré maintenant, merci à lui. J'ai du mal à comprendre tout ce mystère qui plane autour de sa personne. Ses derniers propos me trottent encore en tête... J'ai pas compris pourquoi il a dit ça.J'aimerais bien le changer, pas dans un sens où j'aimerais changer sa personnalité mais plutôt dans le sens où j'aimerais lui ouvrir les yeux et lui faire comprendre qu'il a pas besoin d'être méchant avec moi. Je me perds dans mes pensées et m'installe alors dans les escaliers, mettant de la musique dans mes écouteurs pour tenter de vider mon cerveau de toute pensée parasite

Les cours sont terminés pour aujourd'hui, c'est dix-huit heures. Je ne vais pas tarder à arriver dans cette ruelle sombre et lugubre où je l'ai rencontré pour la première fois. Je déteste vraiment cette rue, on y voit rien du tout ! Faut vraiment qu'à la mairie ils pensent à installer des lampadaires ! J'allume mon portable et m'éclaire avec le peu de luminosité qu'il a.

Je continue à marcher prudemment quand une silhouette m'est dévoilée. J'ai comme une impression de déjà vu. Je m'arrête donc et prends le temps de scruter cette personne que je vois plus loin dans la ruelle. Je comprends très rapidement qu'il s'agit à nouveau de Gabriel. Je soupire lourdement, mais qu'est-ce qu'il fiche encore ici ? C'est son repère ou quoi ?! Gabriel est assis contre le mur, il regarde fixement devant lui. Il a juste sa chemise sur le dos, il n'a pas froid ? Avant même que je me rende compte que je marche toujours en le fixant, je me retrouve devant lui. Je me surprends à être complètement idiot et inconscient, mais c'est trop tard. Mon cœur s'accélère quelque peu. Gabriel ne réagit pas spécialement ce qui me rassure. Je prends confiance en moi et dirige la lumière de mon téléphone vers son visage. Il plisse les yeux et souffle bruyamment. Il est un peu amoché. Il a un pansement sur la joue et un au-dessus du sourcil gauche. Sa lèvre est toujours un peu ouverte. Je suis étonné de ne pas l'avoir spécialement remarqué plus tôt... Je me risque à demander :

-Tu veux toujours pas de mon aide ?
-Dégage... Arrête de me suivre partout.
-Je suis obligé de passer par là pour rentrer chez moi.
-Fais comme si tu m'avais pas vu.

Je sais que c'est ce que je devrais faire. J'aurais pu et du passer devant lui sans lui porter d'attention mais je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi. J'ai l'impression d'être une mauvaise personne si je le fais.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?
-Je t'en pose des questions merdeux.
-Tellement de gentillesse et de politesse en toi.
-Et alors ?
Sa voix froide me fait tressaillir.
-Laisse moi faire quelque chose pour toi.
-Et quoi donc ?

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me réponde cela, je perds alors mes moyens et je sais pas quoi apporter comme réponse. Pendant ce bref silence, il se redresse, ce qui me fait perdre tous mes moyens. Il est impressionnant. Je bégaie bêtement :

-Je... sais pas, t'aider.
-Putain mais tu me casses les couilles ! J'ai pas besoin de toi !
-Alors pourquoi t'es encore là tout seul ?!
Je perds patience.
-J'ai besoin d'une autorisation pour venir ici ?!

Il m'attrape par le col de ma veste et me soulève légèrement. Il me fait mal et il m'étouffe en plus. Je serre son poignet et grimace.

-A ce que je sache : non. Alors barre toi.
-Tu m'énerves.
-Et toi non peut-être ?! Tu me fais chier ! Je veux pas te voir, je veux pas de ton aide, je veux juste que tu restes loin de moi.
-Oui bah j'y arrive pas.

Il me pousse en arrière puis me reprend par le col probablement pour me faire peur, ce qui marche un peu, je ne peux le nier. Je ferme les yeux par réflexe, comme si je m'attendais à ce qu'il me frappe mais il ne fait rien. Je déglutis péniblement.

-Lâche moi.
-Pourquoi ?
-Parce que c'est pas une façon civilisée de discuter ! Arrête de te comporter comme ça avec moi !
-Tu veux m'aider alors assume les conséquences un peu !
-J'ai pas dit que je voulais me faire frapper.
-Qui te dit que j'ai pas juste besoin de me défouler en frappant et en baisant quelqu'un comme toi pour me calmer ?
-Va baiser une pute !
-Trop cher.
-Bah un gigolo alors !
-Pareil.

Il compte avoir réponse à tout ou quoi ?! Mes nerfs sont sur le point de me lâcher. Je rouvre les yeux et le détaille, n'appréciant pas le fait qu'il veuille toujours avoir le dernier mot. Je soupire et balance :

-T'es vraiment qu'un connard.
-Je sais que je suis qu'un connard alors casse toi
.
-Juste pour te faire chier je vais rester alors !
-T'es sûr ?

Il fronce les sourcils. J'essaie de lui tenir tête mais à chaque fois ça se finit mal pour moi, je ferais mieux de laisser tomber.J'aurais pas dû lui parler, j'aurais dû faire comme si je l'avais pas vu. Il me lâche le col puis me plaque violemment face au mur.Une certaine douleur se propage le long de ma joue. J'ai les mains à plat contre le mur. Je crie :

-Mais t'es malade !

Ses mains sont de part et d'autre de mon visage et son corps aplatit le mien. Finalement, il me fait peur. Je commence à trembler, je le sens.

-Faut savoir, tu restes ou pas ?!! Si tu restes t'attends pas à ce qu'on aille cueillir des fleurs tout en buvant du thé !
-Mais t'as un problème avec moi ma parole ! Arrête de me menacer par de la baise !
-Peut-être que j'ai juste envie de ça avec toi au maximum : de la baise.
-Le consentement, t'as déjà entendu parler de ce principe relativement important ?

Il pose ses mains sur les miennes. La différence de température entre nos peaux me surprend. Ses longs doigts fins sont gelés mais malgré tout, ils sont doux, je me perds en regardant sa main abîmée par les coups qu'il a pu donner. Il me lâche, se recule.

-Alors dégage.

Je le toise furtivement et demande de façon presque désespérée :

-Pourquoi tu me fais ça ?

Il s'en va. Je reste planté au milieu de la ruelle quelques minutes.Mon cœur bat le tocsin, je tente de me calmer du mieux que j'ai pu.J'ai encore réussi à échapper à une situation presque désespérée.Je savais bien qu'il était pas un pur connard non plus, quand j'évoque le fait que je ne serais pas consentement et que je refuse qu'il me touche, il finit par abandonner. Il se radoucit et me laisse simplement. Au moins je sais que je n'ai rien à craindre à ce niveau. Il s'amuse à me menacer mais c'est juste car il espère me faire peur, sauf que ça n'a pas marché. Il me fascine, il a ce charme sombre qui me pousse vers lui à l'infini, c'est impressionnant, je suis comme détraqué, obsédé par sa personne.Je me reprends et me décide à continuer mon chemin, tentant de masquer ces pensées que j'ai en ce qui le concerne.

Je viens de finir les cours de mardi mais je dois rester au lycée. Je suis dans un établissement strict qui tente de faire appliquer les codes d'éducation japonais. A tour de rôle, nous avons des corvées.Sur le papier c'est pas mauvais mais j'avoue que c'est chiant. Après une longue journée de cours, je suis déjà assez fatiguée, j'ai aucune envie de nettoyer la salle de classe. En plus Mat était lui aussi de corvée mais il devait faire autre chose et donc je lui ai dit d'y aller et que je pouvais me débrouiller tout seul... Et bien sachez que je regrette ! Ça me prend une éternité pour tout faire. La prochaine fois, je l'enchaîne à la serpillière.

Je passe rapidement un coup d'éponge sur les tables et mets les chaises dessus. J'essuie le tableau. J'ai une deuxième salle à faire, je me dirige alors vers cette dernière mais sur le chemin, j'entends des voix. Sur le coup ça ne me surprend pas, nous sommes plusieurs binômes encore présents pour nettoyer mais alors que je continue à marcher j'ai la sensation de reconnaître ces voix. Je m'approche de la porte et colle mon oreille contre cette dernière. Depuis quand j'écoute aux portes moi ?! N'importe quoi Yoongi ! C'est la première fois de ma vie que je fais ça. Je me décolle un peu et soupire, consterné par ma propre attitude. En ce moment je fais n'importe quoi.

-Pourquoi tu le laisses pas t'aider ?
-J'ai pas confiance, on va me la mettre à l'envers.
-Il a pas l'air comme ça.
-Rien à foutre.
-Tu sais qu'il va avoir des problèmes à cause de toi ?
-Pourquoi ?
-A partir du moment ou tu t'en prends à quelqu'un tu sais très bien que les autres font pareil.

Je suis en train de devenir cinglé ma parole. C'est pas possible que le destin s'acharne autant sur moi quand même ? Au vu de la conversation et des voix que j'ai l'impression de reconnaître, je pourrais jurer qu'il s'agit de Gabriel et de ses amis. Mais qu'est-ce qu'ils foutent à trois dans cette salle ? Par ailleurs je me rappelle ce qu'il a dit. Je pensais pas qu'il avait peur de recevoir de l'aide. Mais c'est idiot, je compte pas lui faire à l'envers, j'ai sincèrement envie de l'aider.Je suis pas quelqu'un de mauvais et je prévois en aucun cas de lui faire un mauvais coup.

-Gabriel...

A l'entente de ce prénom je me plaque à nouveau contre la porte et écoute discrètement :

-C'est bon, laissez moi tous les deux.
-On t'aide du mieux qu'on peut mais abuse pas non plus.
-Si t'en as marre arrête.
-C'est pas la question ! Tu sais qu'on t'abandonnera pas. Mais t'es con.
-Ça fait plaisir.

J'étouffe un rictus, me sentant malgré moi satisfait qu'il lui ai dit qu'il est con. Il a pas tort, Gabriel est complètement stupide par moment.

-Ce gamin s'accroche à toi.
-Et alors ?! Je suis pas baby-sitter !

Mon cœur s'accélère un peu. Je sais pertinemment qu'ils sont en train de parler de moi. Cette curiosité malsaine me dévore un peu plus.Je me mords la lèvre inférieure et me concentre sur leur conversation :

-Et lui il est pas assistante sociale et pourtant il veut t'aider.
-Je sais ce qu'il veut et c'est pas bien...
-Et quoi donc ?
-Cette satisfaction de remettre quelqu'un sur le droit chemin. C'est malsain et il est idiot s'il croit que c'est si facile.
-Idiot ? Et toi alors ? Tu l'es encore plus.
-Je sais. Mais il me gonfle...
-Tu l'énerves aussi.
-Justement ! Il se lassera plus vite.
-Comment il s'appelle déjà ?
-Yoongi.

Mon cœur vient de s'arrêter de battre. Je vire au pivoine et ai des bouffées de chaleur. Pourquoi ils parlent de moi ? Au moins je sais que Gabriel connaît mon prénom, je sais pas si c'est une bonne chose qu'il l'ait retenu. Mon cœur bat à la chamade et je me sens mourir de chaud, certainement à cause du stress.

-Il est mignon.

Qui a dit ça ?! Jin ? On aurait dit sa voix. Je fronce les sourcils, perplexe. Il me trouve mignon ? Je souris légèrement étant en réalité plutôt flatté.

-Et ?
-Tu vas me faire croire que...

Un bruit lourd interrompt la conversation. Je peste en silence et continue à écouter. A priori j'ai raté une pan de la conversation plutôt important et ça m'agace profondément. Si je retrouve celui qui a fait tomber ce foutu sceau -je suis sûr que c'était un sceau- je l'étrangle !

-Peut-être bien mais ça ne change rien.
-Gabriel...
-Vous allez me foutre la paix tous !?
-Calme toi !
-Non ! Je veux pas d'aide ! Laissez moi tranquille.
-Mais t'es vraiment con ma parole.
-Tu me fais chier ! Je me casse.

Avant même que j'ai le temps de réagir et que je prenne la fuite, je manque de tomber à cause de la porte qui s'ouvre. J'ouvre grand la bouche et mes yeux sont ronds comme des billes, sous le choc. Je me redresse rapidement et au lieu de déguerpir vitesse grand V, je reste interdit devant Gabriel qui semble plus que surpris de me voir.J'en étais sûr qu'écouter aux portes n'était pas une bonne idée...
















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