Mental breakdown

J'arrive pas à y croire... Comment je vais faire ? Comment je peux arriver à passer à autre chose et à sourire à nouveau ? J'y arriverais plus, je passe juste tout mon temps à pleurer. Tout me rappelle Gabriel... Je suis brisé, complètement effondré. J'ai l'impression que je serais plus jamais capable de me relever et de vivre normalement, d'être joyeux et me sentir moi et vivant. Je suis autant catastrophé que lorsque j'ai perdu mon père. Je me tourne et me retourne dans mon lit en fixant mon réveil. C'est sept heures dix. Je suis censé me lever pour aller en cours mais j'ai pas envie. Je veux plus jamais y remettre les pieds. J'aurais pas la force de le voir, d'être face à lui et de côtoyer les mêmes personnes que lui. Je vais jamais y arriver... J'ai mal à la tête à force d'avoir pleuré toute cette nuit. J'ai pas fermé les yeux une seule seconde. J'ai le crane en compote... Je me lève péniblement et titube. Ça fait combien de que j'ai pas mangé ? Je sais plus... Trois jours ? Un truc comme ça. Faut au moins que je prévienne ma mère que je suis ''malade'' et que je vais pas aller en cours. Je sèche mes yeux humides et sors de ma chambre. Elle doit être levée vu l'heure. Enfin je sais pas, je verrais... Je descends prudemment les escaliers en me maintenant férocement à la rambarde,ayant peur de tomber. J'ai plus de force du tout... j'ai juste envie de tomber, là par terre et de plus jamais me relever. J'avance dans le salon et aperçois ma mère qui boit sa tasse de café en regardant la télé. Je me glisse à côté d'elle et m'assieds lourdement dans le canapé.

- Maman...
- Oui ?

Elle me regarde et attend que je lui parle. Je m'enfonce dans le canapé et dis :

- Je me sens mal ce matin...
- Oh tu es malade ?

Le plus gros mensonge à faire croire à une infirmière : Je suis malade, alors que je suis en pleine santé. Façon de voir les choses, j'ai pas mangé depuis longtemps donc mon corps m'obéit à peine et en prime je suis épuisé mentalement. J'ai pas dormi cette nuit à cause de ce qu'il s'est passé hier soir. Elle passe sa main sur mon front et plisse le nez.

- T'as pas de fièvre.

Je hausse les épaules et pose ma tête sur son épaule en retenant mes larmes. Rien que de parler ça me fatigue et me donne envie de pleurer toutes les larmes de mon corps.

- J'ai mal au ventre et à la tête. Je me sens vraiment pas bien...
- Tu veux rester à la maison aujourd'hui ?

Je renifle et fais faiblement oui de la tête. Et pour toujours même. Je veux plus jamais remettre les pieds en cours. Je veux plus le revoir, ça serait trop pénible. Il a osé jouer avec moi. J'y ai tellement cru ! Mes larmes roulent toutes seuls sur mes joues.

- Oh mon chéri ! T'as aussi mal que ça ?

Je sursaute ne m'attendant pas à ce qu'elle me demande ça. Si j'ai aussi mal ? Au cœur oui, mon cœur me brûle et me fait souffrir comme jamais. C'est comme si on m'avait retiré une part de moi. Comme si le carburant qui me faisait vivre m'avait été enlevé. Elle passe sa main sur mes joues pour les sécher.

- Tu devrais prendre quelque chose pour calmer tes douleurs si ça te fait si mal.

Et quelque chose pour réparer totalement mon cœur, ça existe ça ?Parce que là j'en aurais bien besoin. Je suis lessivé, j'ai l'impression que je suis plus qu'une poupée de chiffon, dénuée de vie, de sentiment et d'envie. Je suis juste là, à attendre, à espérer... Espérer quoi ? Je suis stupide. J'espère plus rien en vrai, c'est juste que je suis tellement détruit que j'arrive pas à m'en remettre.

- Mon cœur ?

Je lève péniblement la tête vers ma mère. Elle passe à nouveau sa main sur mon front pour y décoller mes cheveux.

- Tu veux que je te ramène ton médicament ?

Je hausse simplement les épaules. Ça serait ridicule d'en prendre alors que je suis pas malade du tout. Je suis juste en train de simuler. J'ai simplement absolument pas envie d'aller en cours. Je refuse de voir Gabriel, ça serait trop dur pour moi. Avec ce que j'ai vu hier, j'y arriverais pas. Lui faire face et rien que de poser mes yeux sur lui me détruirait. Je veux plus jamais bouger hors de chez moi.

- T'es malade depuis hier ?
- Mmh, j'avais déjà mal à la tête et au ventre...

Elle fait une petite grimace et caresse tendrement mes cheveux. A ce moment j'ai les larmes aux yeux. Ces élans de tendresse me manquent venant de Gabriel. Mais merde ! Faut que j'arrête de penser à lui.

- C'est mieux que tu ailles pas en cours aujourd'hui alors. Tu vas rester à la maison.

Je fais oui de la tête. Je compte pas sortir de toute façon. Je veux plus jamais aller en cours. Je veux prendre des cours à domicile, changer de lycée même. Partir, ne plus jamais remettre les pieds dans mon lycée actuel. Je veux plus rien avoir à faire avec lui.

- Je vais devoir sortir après, ça ira tout seul à la maison ?

Je laisse passer un faible ''mmh''. C'est même mieux, je pourrais mieux me morfondre et pleurer toutes les larmes de mon corps dans mon coin comme ça. Je me blottis contre ma mère et serre son bras entre les miens.

- Et bah, c'est que t'es vachement affectueux quand t'es malade. J'espère que tu le seras un peu plus souvent aha.

Et moi j'espère que je le serais plus jamais. C'est mon cœur qui est malade là. Il est brisé, en ruine. C'est le néant dans mon cœur,avant je ressentais du bonheur, de l'envie et de la passion qui me donnaient envie de vivre et maintenant c'est le néant, le vide complet ; plus rien. Je suis plus qu'une espèce de mort vivant.

- T'es méchante, souhaiter que son fils reste malade, c'est pas sympa...
-
(Elle rit) Je rigole mon chéri. Évidemment que je veux que tu ailles mieux mais te voir aussi adorable et affectif me plaît assez.

C'est parce que j'ai besoin de combler ce vide qu'il a laissé en moi. Je me sens tout aussi triste et dépité qu'à la mort de mon père. Je pensais pas que je pourrais revivre une douleur aussi grande et finalement c'est bel et bien le cas. J'ai du être une personne horrible dans une vie antérieure pour qu'on me fasse autant de mal.

- Profite... Rien que pour ça, je me rétablirais vite.
- J'espère bien mon cœur. Ça doit juste être un petit coup de froid.

Un petit coup de froid ? La bonne blague, j'ai envie de rire. Si elle savait. C'est pas un petit coup de froid comme elle le dit. C'est juste une rupture horriblement douloureuse qui me bouffe de l'intérieur. On m'a retiré la partie de moi qui me redonnait enfin goût à la vie depuis que mon père est parti. Je suis censé faire comment maintenant ? La seule envie que j'ai c'est de le retrouver, d'aller le voir et de pouvoir enfin revoir mon père... Mais laisser ma mère comme ça, serait lâche, très lâche... Pourtant, cette idée me traverse de plus en plus l'esprit.

- T'as qu'à mieux te couvrir quand tu sors.
- Je me couvre très bien...
- La preuve que non, t'es tout malade.

C'était mon cœur que j'aurais dû mieux protéger. C'était lui qui en réalité avait besoin d'un gilet pare-balle. Pourtant, au début je le mettais, puis petit à petit je me suis dit qu'il jouait pas avec moi et je me suis mis à l'aimer éperdument en croyant que c'était réciproque. Je croyais que s'il me disait pas qu'il m'aimait c'était parce qu'il avait peur et qu'il était trop timide mais en fait c'était juste parce que c'était pas le cas.

- C'est pas de ma faute si le temps arrête pas de changer...
- Oui peut-être mais c'est la tienne si tu prends pas soin de toi.

Je ne fais aucune remarque, n'en ayant pas la force. Cette phrase me fait penser à Gabriel, lui qui me reprochait tout le temps d'être trop fragile et de ne pas prendre soin de moi. Mes yeux me piquent. Je les frotte pour ne pas pleurer mais me retenir me fait mal à la tête.

- Ça va ?
- Pas vraiment...

Je me sens atrocement mal. On dirait que je suis sur le point de décéder. J'ai plus de joie de vivre, plus d'appétit, plus d'envie. Rien du tout. On dirait un petit vieux sur son lit de mort quoi. Ma mère caresse mon ventre tendrement. Chaque petit contact venant d'elle me permet de me sentir un peu mieux mais cela ne dure qu'un petit instant.

- Pense à prévenir à Mathéo pour qu'il te prenne les cours.
- Pfff il les prend même pas pour lui...

Elle rit un peu. Je l'ai pas prévenu et je compte pas le faire de toute façon. Je veux pas l'inquiéter et puis en réalité j'ai envie de parler à personne. Je sais que si je lui dis que je suis mal il va vouloir venir chez moi et j'ai pas la force de lui faire face à lui non plus. Il va me demander ce qu'il ne va pas et devoir lui raconter me ferait trop mal. Ça raviverait cette douleur qui est encore trop vive.

- Il fera bien un effort pour toi.
- Pas sûr, de toute façon il dort en cours.

Elle ricane à nouveau. Elle adore Mathéo, elle l'a souvent vu et elle aime bien quand il vient à la maison. Mais ça fait déjà quelques temps que je l'ai pas invité. J'étais plus trop chez moi, je passais tout mon temps chez Gab et puis... il était occupé lui aussi chez son amant donc on se voyait plus trop en dehors des cours. J'amène inconscient ma main à ma nuque et cherche une trace du collier de Gab mais je l'ai jeté. Un soupire passe la barrière de mes lèvres. J'avais oublié ça...

- T'inquiète il te les prendra, il s'en voudrait que tu chutes dans ta moyenne à cause de lui aha.
- Si tu le dis aha...

Je m'efforce à sourire mais rapidement mon sourire disparaît, ça me gonfle de sourire et d'essayer de paraître joyeux. Me forcer m'anéantit encore plus. Je me colle un peu plus à ma mère.

- Au fait mon cœur, je t'ai ramené des croissants de la boulangerie si tu veux.
- Oh merci mais j'ai pas faim...
- Il faut que tu manges même si tu es malade.

Je sais pas pourquoi mais automatiquement je repense à la fois où j'étais horriblement malade et que Gab était venu chez moi pour me soigner. Ma mère et lui s'étaient relayés pour me forcer à manger. Ce souvenir accentue cette douleur au niveau de mon cœur. Je me mords la lèvre et secoue la tête pour chasser ce à quoi je pense.

- Pour midi, tu pourras te mettre à réchauffer le plat d'hier soir,ok ?

Je fais faiblement oui de la tête. J'arrête pas de repenser à Gabriel. Sa tête me hante et les souvenirs des choses qu'on a faites ensembles m'obsèdent. J'arrête pas de penser à quand j'étais malade. Il paraissait tellement inquiet, je croyais qu'il s'en faisait pour moi et qu'il avait peur. Mais en fait c'était juste qu'il avait peur de plus pouvoir continuer à jouer avec moi, c'est tout, rien de plus. C'était pas moi qui l'inquiétait mais son''jouet''. Si j'arrête pas de penser à ça je vais encore pleurer. Merde ! Ça suffit !!! Je ferme fortement les yeux et agrippe plus fort le bras de ma mère.

- Je vais devoir y aller mon chou...
- Déjà ?
- Aha trop mignon, tu veux pas que je parte ?

Je ne réponds pas et reste tout simplement contre elle. En fait, rester avec elle me permet d'être moins triste, c'est la seule personne que je veux voir actuellement. J'ai besoin de ma maman. Et puis elle au moins est pas au courant qu'entre Gab et moi c'est une catastrophe et qu'il m'a plaqué. Putain en plus je lui avais présenté ma mère ! Je fronce les sourcils. Super... Elle finira forcément par me parler de lui. Si elle pouvait l'avoir déjà oublié ça m'arrangerait.

- Je dois y aller. Je reviendrais en fin d'après-midi je pense. Si ça va pas tu m'appelles, d'accord ?

Je me sépare d'elle et fais oui de la tête. Je l'appellerais pas.Mon mal est interne et concrètement il peut pas être soigné. Elle a beau être infirmière elle pourra rien faire contre ce déchirement que je ressens.

- Va te reposer mon cœur, t'as l'air tout patraque.
- Mmh, je me sens pas terrible...
- Va dormir, ça te fera du bien.

Elle m'offre un énorme sourire qui a le don de me réchauffer brièvement le cœur. Son sourire est le plus beau des sourires. Elle se lève en passant sa main dans mes cheveux. Je veux pas qu'elle parte, c'est la seule présence qui me permet de tenir le coup, sans elle, plus rien ne va. Elle s'en va. Moi je me laisse tomber sur le côté et fixe l'écran de télé. Je me sens tellement vidé. Vidé de tout :autant d'énergie que de motivation.

- A plus tard !
- A plus tard...
- Fais attention à toi mon cœur.
- Mmh... Toi aussi.

Puis la porte s'ouvre et se referme. Je renifle et me retiens de céder aux larmes. Ça fait plusieurs minutes que je me retiens de pleurer. Pleurer ne va pas arranger la situation après tout... Je me relève et monte les escaliers pour aller dans ma chambre. Je fixe ma chambre et l'image de Gabriel allongé dans mon lit me pique le cœur. Mes lèvres tremblent et les larmes roulent toute seules. Il me manque horriblement. Je l'aime tellement et j'aimerais réellement qu'il soit avec moi. J'aimerais qu'il m'ait menti et que tout était vrai, que les seuls mensonges qu'il m'ait dit soient ceux de ces derniers temps. Je renifle et attrape son écharpe sur mon bureau. J'enfile son sweat qu'il m'a donné et me laisse tomber dans mon lit. Je plaque l'écharpe qui porte toujours son odeur contre mon visage et serre son sweat dans mon poing.

- Ça sent plus trop...

J'ai presque plus son odeur. Ce qui me rend triste, c'est à l'image du fait que je perds Gabriel petit à petit. Il s'éloigne et s'en va tandis que moi je reste à m'accrocher, l'aimant trop et n'arrivant pas à me séparer de lui. Je porte ma main à mon cou et regrette de ne plus sentir son collier. Je pleure dans l'écharpe et sanglote en murmurant son prénom. J'ai tellement mal à la tête... Je ferais mieux de dormir ; dormir est la seule chose qui m'empêche de penser et d'être triste...

~Tululutut~

Je me réveille en sursaut et regarde autour de moi. C'est mon portable,je viens de recevoir un message. Je renifle et grimace à cause d'une forte douleur dans mon crane. En prime, j'ai les yeux si gonflés qu'on dirait des boules de billard. Je serre l'écharpe comme un doudou contre moi et attrape mon portable. Je le déverrouille. Mon fond d'écran me rappelle de bons souvenirs, trop bons certainement. Je regarde le message que j'ai eut, c'est Mathéo :
Hey ~C'est l'alien de tes rêves :3 Tu viens pas en cours aujourd'hui ?

Je me tends et ne sais pas si je dois lui répondre ou non. Je veux parler à personne et puis j'ai pas envie qu'il s'inquiète pour moi, sauf que justement si je lui réponds pas il va être inquiet et va passer chez moi, je le connais trop bien. Je soupire et frotte mes yeux tout gonflés. Je pianote difficilement sur mon écran :
Non, désolé, je suis malade, je vais reste chez moi aujourd'hui.

Je pose mon portable près de moi et fixe le plafond en serrant l'écharpe contre mon torse. Je dois avoir l'air d'un petit bébé. Gabriel me manque vraiment trop. C'est pénible de savoir que je vais plus le voir et que quand je le verrais on devra faire comme si on se connaissait pas. J'ai de la rancœur pour lui mais j'ai toujours des sentiments puissants, ce qui fait que malgré ce qu'il m'a fait j'arrive pas à le détester. Mon portable vibre :
Oooooh mais nan !!! Qu'est-ce que je vais faire sans toi ? .Je vais m'ennuyer en cours ><

J'ai un faible rictus. Ça me touche un peu, je dois avouer que dans le fond j'aimerais voir Mat', sa bouille et sa bonne humeur me donnent facilement le sourire même quand j'en ai pas envie. Mais je refuse d'aller au lycée... et puis je veux pas raconter à mon meilleur ami ce qu'il se passe dans ma vie en ce moment. C'est trop frais. Je lui réponds :
Aha,désolé pour toi ^^' Pleure pas trop. Prends moi les cours au passage s'il te plaît.

Tant qu'à faire. Je doute qu'il me les prenne réellement mais il fera certainement un effort et puis ça le forcera à écouter un minimum en cours pour une fois. La réponse est quasi-instantanée. Il est quelle heure d'ailleurs ? Je regarde sur mon portable, c'est huit heures douze. En gros il est en cours là. Je lis son message :
Haaa tu me demandes un truc impossible là, mais pour toi je le ferais ;) Tu reviens quand petit sucre ?

Je souris suite à la lecture de ce surnom. C'est mignon. Par contre, je sais pas quand je reviendrais : Jamais si possible. Je vais me débrouiller pour faire croire que je suis malade assez longtemps et quand ça sera assez je trouverais une autre solution pour ne pas aller en cours. Je veux plus y remettre les pieds. Je préférerais aller dans un autre lycée... Croiser Gabriel tous les jours sera trop pénible... Je réponds :
Aucune idée... Je vais aller me reposer, ma tête me fait mal.

Ouais,elle me fait souffrir à force de réfléchir et de me prendre la tête tout seul. Je m'imagine mille et une choses et mon cerveau a du mal à suivre. Je pense à pleins de scénarios qui pourraient se réaliser mais je sais qu'aucun n'est plausible. Mon tél vibre. Je regarde la réponse :
Repose toi bien et remets toi vite surtout ! Tu me manques déjà ~

Je souris faiblement. Au moins je manque à quelqu'un... Je pose mon portable sur ma table de chevet et fixe au travers de la fenêtre. Il fait gris, c'est pas joli comme temps, il doit faire froid dehors.Ces derniers temps le temps s'est pas mal rafraîchi j'ai remarqué.Je me mordille la lèvre et m'emmitoufle dans les couvertures. C'est dur de se dire que tout est fini, qu'une part de soi nous est retirée et qu'on aura plus jamais la possibilité de la récupérer. Les larmes menacent de couler mais je parviens à me retenir.

J'arrive pas à comprendre. C'est quoi qui cloche chez moi ? Je suis trop petit ? Trop collant ? Trop niais ? Trop timide ? Trop inexpérimenté ? Trop jeune ? Trop efféminé ? Je renifle. Ou tout simplement que j'étais trop moi et que c'est lui qui a pas fait d'effort. Après tout, il voulait juste s'amuser. J'ai beau le savoir j'arrive pas à y croire. Tous les petits moments qu'on a passé à deux semblaient si réels ! Comme à noël, notre première fois, chez moi, au camping avec le lycée, au concours de danse, au karaoké... Tout. Tout sans exception me paraissait vrai. Je croyais sincèrement qu'il m'aimait.

- Mais quel con je suis !

Je me suis vraiment fait prendre pour un con en fait !!! J'amène ma main à mon cou par réflexe mais la chaîne n'y est plus. Je soupire et serre fortement l'écharpe contre moi à la place. Alors tout n'était qu'une foutue façade ? Bravo, Gabriel t'as réussi à me briser...

*********************

Ça fait presque une semaine que je suis pas allé en cours. J'ai arrêté d'y aller mardi et on est déjà samedi soir. J'ai fait semblant d'être malade tout le long, ma mère n'y a vu que du feu. Mathéo a pas arrêté de me laisser pleins de messages et de m'appeler mais je lui ai pas répondu. A part une ou deux fois pour ne pas qu'il s'inquiète trop. Je sais pas ce que je vais sortir comme mensonge pour ne pas aller en cours après-demain mais j'y réfléchis... Je me sens mal, très mal, rien que d'être debout ça me tue. Parler me fatigue et m'épuise et bouger est un acte des plus impossibles pour moi. Je suis juste là, depuis une semaine dans mon lit à regarder au travers la fenêtre. J'ai mangé qu'une fois je crois bien... Ma mère s'inquiète mais elle croit que c'est parce que je suis malade. J'ai beau ne pas manger j'ai pas faim, absolument pas, la nourriture me dégoûte au plus haut point et en voir me donne automatiquement la nausée.

Ding~

Je fronce les sourcils et bouge à peine d'un millimètre, me sentant bien dans mes couvertures toutes chaudes. Ça sonne mais j'ai pas envie d'aller répondre. Ma mère le fera. Je regarde pour la centième fois de la semaine mon fond d'écran. Ça me fait mal au cœur à chaque fois que je le regarde mais c'est plus fort que moi, je n'arrive pas à tourner la page, c'est trop tôt. Il me manque horriblement et regarder le peu de photos que j'ai de nous,surtout celle à noël me fait sourire. Je repense aux bons moments passés à deux. Mais rapidement, de la tristesse m'envahit et la réalité me frappe de plein fouet. De toute façon, tout ça n'était que basé sur des mensonges et des sentiments erronés. Ça toque à ma porte. Je relève à peine la tête et meugle :

- Mmh ?

Même ma mère j'ai plus spécialement envie de la voir. Je suis sans vie, j'ai plus goût à la vie en fait et honnêtement, je me sens bien mieux tout seul dans mon lit à ressasser le passé et pleurer comme une madeleine des heures durant. La porte s'ouvre lentement me dévoilant mon meilleur ami, Mathéo. Je le regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes et me cache rapidement le visage avec ma couverture. Qu'est-ce qu'il fiche ici ?

- Ta mère m'a dit que t'étais toujours malade...

Donc pourquoi t'es là ?! Je vais te refiler la crève. Enfin,faisons comme si. C'est pas comme si j'allais parfaitement bien vrai. Sur le plan physique évidemment, psychologique c'est autre chose : je suis détruit, ravagé...

- Tu vas un peu mieux petit sucre ?

Je frisonne à l'entente de ce surnom. J'ose à peine poser mes yeux sur lui, ça me donne envie de pleurer. Je meurs d'envie de tout lui dire et d'enfin pouvoir me vider pour que tous ces sentiments négatifs disparaissent mais c'est si pénible... Le matelas s'affaisse. Je me tends et murmure :

- Pousse toi, tu vas être malade...

En réalité, c'est juste que j'ai peur qu'il me touche, peur qu'il ravive ce manque en moi, le manque de Gabriel : de sa peau, de ses mains, de ses baisers, tout simplement de sa présence en fait. Il passe sa main dans mes cheveux et une houle de larmes remontent rapidement vers mes yeux. Je renifle et reste muet pour ne pas trahir le fait que je me sente atrocement faible.

- Hey... Ça va ?

Face à mon manque de réactivité, il pousse la couverture de mon visage et me regarde avec peine. Il passe ses longs doigts fins sur ma joue tandis que moi je m'attarde sur ses yeux profonds, couleurs noisettes.

- T'as vraiment mauvaise mine... T'es tout pale et t'as le visage tout fin, tu manges au moins ?

Sa question me surprend et je n'ose pas répondre. Je sais très bien que si je réponds ma voix va se briser et il va finir par comprendre. Je hoche simplement la tête en m'essayant à un sourire, qui ressemble plus à une grimace vu la tête qu'il tire.

- Yoongi, qu'est-ce qu'il se passe ? Tu réponds même pas à mes messages et ça fait une semaine que t'es pas venu en cours, je m'inquiète pour toi...

Il se doute de quelque chose ? Bon j'avoue que c'est un peu suspect, je réponds toujours à ses messages mais pas cette fois,j'ai pas le cœur à ça. Parler me fait mal, même par messages. Je prends mon courage à deux mains et inspire profondément :

- Je suis juste malade, ça va me passer...
- On dirait pas.

Il me regarde sérieusement et passe ses doigts sous mes énormes cernes. Oui, je dors pas non plus, et alors ? J'y arrive pas, je fais des crises d'insomnie... C'est à cause de lui, à cause de Gabriel, il m'a abandonné. Je me redresse péniblement et m'assieds en tailleur face à lui qui me fixe toujours. Ça me stresse. Je baisse la tête pour ne plus avoir à confronter son regard et joue avec les draps pour ne pas trop penser. Il attrape mon menton entre ses doigts pour que je lui fasse face mais je force pour ne pas le faire.

- Yoongi... T'es pas malade, je te connais. Parle moi ! Je m'inquiète vraiment ! Tu fais peur à voir... T'as vu la tronche que t'as ?

Je hausse faiblement les épaules. Je dois être horrible à voir, ouais certainement mais en même temps comment je pourrais être un minimum charmant alors que je dors pas, que je mange pas et que je suis triste et même désespéré ?

- Je m'inquiète pour toi. Parle-moi. Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu sèches carrément les cours ? C'est pas ton genre...
- Je veux plus jamais y retourner de toute façon.

Il paraît surpris. Je compte pas retourner au lycée, rien que l'idée d'y mettre un orteil me donne la nausée. J'aurais pas la force de croiser Gabriel, ça va me rappeler trop de choses.

- Je peux savoir pourquoi ?
- Je...

Mes lèvres commencent à trembler et mon cœur à se resserrer dans ma poitrine. Je suis pas loin de fondre en larmes. Je me laisse tomber contre lui. Il paraît surpris et me prend dans ses bras. Je pose ma tête contre son épaule et ferme les yeux pour pleurer en silence. Super, je vais encore avoir les yeux gros comme des balles de tennis.Il frotte mon dos :

- Vas-y, dis moi. T'es pas dans un état normal, faut que tu me dises ce qu'il se passe... T'as besoin de parler.

Non, j'ai juste besoin qu'on me donne un nouveau cœur, un tout joyeux et qui connaît un amour pur et vrai, pas une connerie comme moi j'ai eu le droit.

- Je... J'arrive pas à parler...
- Ok c'est rien, prends ton temps, je vais pas m'envoler. J'ai le temps.

Je m'agrippe à son pull comme si ma vie en dépendait et commence à suffoquer à cause de mes sanglots. Il me murmure que ça va et me serre contre lui. Sa présence m'apaise un peu mais je suis quand même en piteux état. En parler me fait si mal ! Et puis, je me sens ridicule et rabaissé. Je me suis fait prendre pour un con et je m'en veux de ne rien avoir remarqué... Je finis par murmurer de façon presque imperceptible :

- C'est fini...
- De quoi ? Qu'est-ce qui est fini Yoongi ?

On dirait qu'il parle à un enfant. En fait, quand on y réfléchit j'en suis vraiment un pour avoir été si naïf tout ce temps. Je mordille nerveusement ma lèvre. Mat' me fait reculer en appuyant tendrement sur mes épaules. Je me sépare de lui et regarde mon drap. Il passe ses mains sur mes joues trempées. Je claques des dents...

- Avec Gabriel... Il a rompu.

J'ose finalement ancrer mon regard dans le sien. Ses yeux ronds ronds comme des soucoupes et il semble ne pas comprendre. On dirait que je viens de parler une langue inconnue. Pitié, me fais pas répéter, je pense pas avoir la force de le dire une seconde fois. Il serre son poing et s'esclaffe.

- Hein ? Mais pourquoi ?!

Cette vérité est dure à affronter, je sais pourquoi il a tout stoppé et c'est ce qui me ronge le plus. Le croire est trop pénible, j'y arrive pas. Je parviens pas à comprendre et j'ai beau me torturer l'esprit je ne décèle aucune pointe de mensonge dans ce qu'il s'est passé entre nous. Il m'attrape par les épaules avec force :

- C'est quoi ce bordel ?
- Il m'a dit que tout était faux, il s'est juste royalement foutu de ma gueule depuis le depuis et maintenant je suis plus assez intéressant pour lui. Il s'ennuie et je suis plus divertissant.

J'inspire profondément, mon souffle vibre à cause de mes pleurs. Mat' paraît clairement choqué. Son regard change brutalement et devient noir et méchant.

- Putain sérieux ?! Mais je vais le buter ce connard !!! Il a vraiment dit ça ?!

Je fais faiblement oui de la tête en passant le dos de ma main sur mes yeux pour retirer mes larmes. Il passe sa main sur mon bras comme s'il cherchait à me calmer.

- Pour de vrai ? Il a vraiment fait ça ?
- J'arrive pas à y croire. J'étais persuadé que ça marchait entre nous. Je me suis juste fait prendre pour un con.

Et même pire que ça. Je me suis fait rouler dans la farine depuis le début, il me manipulait comme un pantin. J'arrive pas à saisir le pourquoi du comment. Depuis le début, j'aurais dû l'éviter, je le savais et pourtant j'ai continué à insister encore et toujours.

- Oh le salaud !! Je te jure que je vais lui faire bouffer un mur à ce con !

Je sursaute un peu suite au ton froid qu'il vient d'employer. Je serre son poignet et fais faiblement non de la tête. Je sais très bien qu'il en serait capable. Et même si on dirait pas, je serais également capable de faire la même pour quelqu'un qui le fait souffrir ou qui s'en prend à mon meilleur ami.

- Mais bien sûr que si ! T'as pas à avoir pitié de ce connard, merde !
- Je.. l'aime quand même.

Il soupire et passe sa main dans ses cheveux. Je sais que je fais pitié ! Je le sais parfaitement mais c'est plus fort que moi ! Je peux pas arrêter de l'aimer en seulement une semaine !

- Putain je t'avais dit de jamais t'approcher de lui...

Et c'est ce que j'aurais certainement dû faire mais dès que je le voyais j'étais comme attiré par un aimant. Cette attirance était surpuissante et l'est toujours en vrai, c'est pour ça que je veux plus revenir au lycée...

- T'as vu dans quel état il t'a mis ?! T'es une pure loque... Yoongi sors toi le de la tête.
- Mais c'est facile à dire merde !!! Je l'aime trop !

Il sursaute, certainement choqué que je lui hurle dessus. Il croit sérieusement qu'il va arriver et me dire ''Oh passe à autre chose, c'est fini'' et tout va aller mieux ? Il se paie ma tronche ou quoi ?! A ce moment mes pleurs redoublent. Il semble mal à l'aise et mal tout court en fait. Il me prend tendrement dans ses bras et murmure :

- Je sais...
- Je l'aime vraiment et en fait il s'est foutu de moi et il a juste joué..
- Je vais lui faire la peau à ce salaud. Putain même moi à un moment j'y ai cru à toutes ses conneries. Il a bien eut tout le monde.

A croire oui. Je me demande si Simon et Jin étaient au courant aussi. Je me tends à cette pensée et niche mon visage dans la nuque de mon meilleur ami. Il sent bon le parfum, c'est plus subtil et raffiné que celui de Gabriel qui était plus brut.

- Je... J'arrive pas à y croire. Je lui ai tout donné, j'étais vraiment amoureux.

Il me presse contre lui tandis que j'emprisonne toujours plus son haut entre mes doigts.

- Je sais bien Yoongi. Il a berné tout le monde. C'est juste un salaud, il a jamais changé en vrai.
- A croire...

On dirait bien, il a raison. Moi qui croyais que je l'avais fait changé et que je l'aidais à redevenir quelqu'un de bien, je me suis bienfait avoir ! Au final, c'est juste lui qui m'aura changé ...

- Mais comment j'ai pu être aussi con ?!

Je tremble contre lui : De rage, tristesse et désespoir aussi. J'ai envie de tout plaquer. De trouver Gab, lui coller un pain et même plus, ensuite fuir je ne sais où et ne plus revenir avant un bon bout de temps. Me vider l'esprit tout seul, loin de tout me ferait certainement du bien...

- Écoute, c'est pas toi le con, c'est lui. T'as rien fait de mal, à part tomber amoureux de lui... En soi c'est pas mauvais, c'est juste lui qui a rendu ça mal et triste.

Je le sais bien et c'est ce qui me fait le plus mal. J'aimerais me dire que tout est de ma faute, que c'était moi le problème mais en fait c'était lui depuis le début. Il voulait jouer et moi j'ai rien remarqué. Il faisait le gentil pour m'amadouer, c'est tout. Rien que de penser ça me fait atrocement mal au niveau du cœur. Il me pousse et sèche rapidement mes larmes.

- Mais c'est pas pour ça que tu dois te laisser dépérir dans ta chambre et ne plus venir en cours, ok ?

Je fais un non de la tête significatif. Je renifle et avoue :

- J'arriverais pas à remettre les pieds au lycée. Je veux plus jamais y aller, le revoir va être trop dur.
- T'inquiète je vais lui refaire le portrait tu le reconnaîtras même plus.

Ce qui me déclenche automatiquement un léger rictus. Il me sourit quelque peu pour me calmer et m'empêcher de repartir dans d'effroyables sanglots. Je lui mets un faible coup dans le torse et murmure :

- Idiot...
- T'inquiète et puis je te l'ai dit, on fuira en Alaska chasser les pingouins sur la banquise. Le trafic de pingouins ça peut rapporter gros je pense.
- T'es horrible...
- Mouais bon, j'avoue c'est pas très moral quand même. T'inquiète on trouvera un truc, au pire on pilera de la glace.

Ça me fait plaisir qu'il tente de me redonner la pêche mais il y a arrivera pas. Il frotte vigoureusement mes mains dans les siennes, ce qui me fait sentir tout bizarre.

- Te laisse pas détruire, ok ? Tu dois être fort et prouver à cet abruti que t'as pas besoin d'un con dans son genre. Tu vaut mieux que ça.

Les larmes piquent mes yeux. Le seul problème c'est que j'ai besoin de lui, je le sais, je le sens. Ça me fait un horrible vide impossible à combler depuis qu'il m'a laissé...

- J'y arrive pas, j'ai trop besoin de lui.

Il se pince la lèvre inférieure et me fiche une pichenette. Je grimace et me mets à nouveau à pleurer. Il soupire de désarroi :

- Nan t'as pas besoin de lui. Crois pas ça, t'as l'impression que ta vie s'effondre parce qu'il est plus là mais tu t'en remettras.

A croire qu'il est déjà tombé amoureux à l'entendre parler comme ça, alors que je sais bien qu'avant Simon il était jamais tombé amoureux de quelqu'un. Que ce soit une fille ou un garçon.

- Même, je veux plus y aller, on dirait qu'il manque un truc en moi, j'ai plus de joie de vivre. Je me sens trop mal. Mon cœur me fait souffrir.

Il caresse mes cheveux et semble chercher ses mots. Je sais qu'il veut m'aider à m'en remettre et qu'il aimerait que j'aille bien aussi..Je finis par dire :

- Et la tête aussi...
- Ça c'est parce que tu pleures trop idiot.

Je sais. Je me laisse tomber en arrière et bute contre mon mur. Je baisse la tête et frotte mon visage humide à cause de mes larmes.

- Comment je pourrais ne pas pleurer ? Je me suis fais prendre pour le roi des idiots... Il m'a fait tourner en bourrique alors qu'il savait que je l'aimais !
- Il a pas de cœur, je te l'ai déjà dit...
- Je pensais qu'au final si.

Il fait une tête l'air de dire ''Moi aussi'' mais il ne le dit pas à voix haute pour autant. Je renifle et soupire. Pleurer m'énerve. J'en ai marre de pleurer mais j'ai trop mal. C'est comme si une partie de moi m'avait été retiré et ça me fait souffrir. Il s'avance vers moi et caresse mes joues rougies par mes larmes, j'en ai même mal aux joues à force de chialer comme un bébé.

- Je t'assure que ce connard sait pas ce qu'il rate. T'es quelqu'un de super, il est juste trop con pour s'en rendre compte.

S'il le dit. Je ne le regard pas dans les yeux, son regard me donne encore plus envie de pleurer. Allez savoir pourquoi... Il m'a déjà vu dans ce genre d'état, il a l'habitude. Pour la mort de mon père c'était même pire donc il m'a vu plus bas que ça. Il sait comment me faire remonter à la surface.

- J'ai plus envie de rien, je veux juste tout plaquer.
- Comment ça ?

Il me fait remonter le visage pour que nos regards se croisent. Il ancre son regard dans le mien et fronce les sourcils, il semble sérieux ce qui me fait peur. Je pleure à nouveau sans réellement m'en rendre compte et balance dans un souffle presque inaudible :

- J'en ai marre, j'ai envie de partir loin et de... Je sais pas,disparaître.

Il ouvre grand les yeux et la pression sur mon menton se resserre. Il me fait mal... Son expression devient grave et il s'empresse de parler :

- Hého tu fais pas de connerie, pigé ?!! Pas de fugue ou pire encore, ok ? Y'a des gens qui tiennent à toi ! Fous pas ta vie en l'air à cause d'un gars stupide qui voit pas ce qu'il rate.

Mon cœur se comprime en moi. Je sais plus, je sais vraiment plus ce que je veux, tout est trop confus dans ma tête et ça me fait mal. Il me force à le regarder quand je tente de dévier le regard.

- Compris ?
- C'est trop dur...

Ma voix se brise. Je fais tellement pitié... Il soupire et semble dépassé par les événements et ce que je lui dis.

- Pas de connerie pour autant ! Déjà là tu fais peur à voir ! T'as maigri, ça se voit, t'es pale on dirait que t'es sur le point de tomber dans les pommes à tout moment, t'as des cernes on dirait le grand canyon steup' et je te parle même pas des ondes de détresse que t'envoies. Tu fais peur ! Sois pas idiot et te détruis pas pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine.

Ses paroles me rappellent étrangement celles de Gab quand j'ai failli buter son père. Je renifle et sèche les nouvelles larmes qui perlent aux coins de mes yeux. Putain ! Mais je passe ma vie à chialer ou quoi ?! Il les sèches à ma place et me regarde intensément.

- Reprends toi. Reviens en cours, tu vas pas foutre ta vie en l'air pour un gars si con quand même ?
- Un gars con dont je suis fou amoureux et qui m'a brisé le cœur.

Rectifie-je.Il paraît pris de court et acquiesce péniblement. C'est triste et douloureux à avouer mais c'est bel et bien le cas, je l'aime encore et je suis complètement détruit. M'imaginer sans lui est impossible, j'y arrive pas. Je peux pas en fait. J'avais réellement l'impression d'avoir trouvé en quelque sorte mon âme sœur, même si je crois pas trop à ce genre de choses... Mat' appuie sur mes joues pour tenter de me faire sourire mais c'est peine perdue. J'agrippe mon haut au niveau de mon cœur et murmure :

- Ça fait trop mal... Je pensais que nous deux c'était réel, qu'il m'aimait et que ça durerait encore et encore...

Ma voix se met à trembler à l'image de mon poing qui serre mon haut. Je renifle et me retiens de pleurer mais ma tête me brûle à force de me retenir. Je finis par céder à mes larmes, en ayant marre de vouloir garder la face.

- Arrête de pleurer. Il en vaut pas la peine.

Pourtant moi j'ai toujours le sentiment que si. Qu'il vaut la peine et qu'il reste une bonne personne. Mais pourquoi je suis borné et con à ce point ?! Il est stupide et m'a jamais aimé !! Merde, reprends toi ! Tu t'es juste fait prendre pour un con ! Une rupture c'est pas la fin du monde ! Ma raison me le hurle mais mon cœur ne veut pas y croire.

- Mais je l'aime ! Je veux de lui et j'arrive pas à continuer sans lui...
- Dis pas ça, t'es pas tout seul. Je suis là moi, ta mère est là, tes amis aussi.

Il tente de sourire. Je sanglote le moins bruyamment possible et parviens à dire :

- Mais toi c'est pas pareil...

J'espère ne pas l'avoir blessé. Il me prend dans ses bras et caresse tranquillement mon dos. Ça a le don de m'apaiser durant quelques minutes mais c'est pas pour autant que cette douleur disparaît.

- Je sais bien mais je suis là. Je sais que c'est dur. C'est pas la première fois que je te vois comme ça, tu t'en remettras.

J'arrive pas à voir comment. C'est stupide mais imaginer ma vie sans lui c'est impossible pour moi. Je m'étouffe rien qu'à cette pensée. Mathéo me fait reculer et m'attrape par les épaules pour me tenir et éviter que je ne tombe et m'affale sur mon lit.

- Non, il me manque trop.

Je fonds en larme et mets un coup dans ses mains pour qu'il me lâche,ce qu'il finit par faire. Je m'allonge dans mon lit et pleure à chaudes larmes. Des larmes qui dévalent sur mes joues et me brûlent fortement.

- Oh mais nan Yoongi, arrête, ça va aller crois moi.

Sa voix est tellement douce. Il caresse tendrement mes cheveux tandis que je peine à le regarder dans les yeux. Je peux lire de la tristesse dans son regard, ce qui me fait clairement comprendre que j'ai l'air en piteux état.

- Faut que tu te reconstruises même si c'est dur. Montre à cet abruti ce qu'il rate. T'es une personne géniale et lui c'est juste un connard.
- Il a joué... C'est ça le plus blessant.
- Je comprends, il est trop con, cherche pas plus loin. Tu le savais depuis le début, pourquoi tu t'es lancé là-dedans ?

Je sais que c'est de ma faute, je m'en veux assez comme ça il a pas besoin de me faire culpabiliser, j'en ai clairement pas besoin. Je renifle et toussote à cause de mes pleurs qui m'empêchent de bien respirer.

- Je sais pas... Je me suis mis à l'aimer et je pouvais plus me séparer de lui. Il me faisait des trucs, au début je voulais pas mais rapidement sa présence est devenue vitale et le voir était obligatoire pour moi.

Il se mordille la lèvre inférieure et continue à entremêler ses doigts dans mes mèches de cheveux.

- Mais pourquoi t'es tombé amoureux d'un connard pareil ? (Il soupire) Idiot va...
- Je sais que c'est de ma faute, j'ai insisté alors que je savais qu'il s'en foutait de moi ! Mais... après je croyais qu'il m'aimait.

Il ne répond pas de suite. Je sais que je me répète mais c'est pas de ma faute. C'est ce que je ressens, ce que je pense ou du moins ce que je pensais.

- On l'a tous cru.
- Je vais jamais y arriver, je pourrais pas m'en remettre, je me sens trop brisé...

Je pleure bruyamment et glisse mon visage dans mon oreiller qui s'imbibe rapidement de mes larmes salées. Mon meilleur ami laisse passer un''oooh'', je sais et je sens qu'il a le cœur blessé et que ça lui fait mal de me voir dans cet état mais j'y suis pour rien. J'ai beau essayer de m'en remettre je peux pas. C'est au-dessus de mes forces. J'ai même plus aucune envie de vivre.

- Je vais le tuer, tu vas voir.

Je n'ai même pas la force de répondre ou de lui dire qu'il ne faut pas qu'il fasse ça. Je sais qu'il le fera pas vraiment mais bon...

- Je te jure que ce salaud je vais l'encastrer dans le premier mur que je trouve !

Sa voix si froide et méchante me fait froid dans le dos. Il est effrayant. Vraiment effrayant. Il soupire un grand coup. Je dévie doucement mon visage de mon oreiller et le regarde difficilement.

- Faut pas...
- Pourquoi pas ? T'as vu ce qu'il t'a fait ?! Je suis censé rester là à rien faire ?!
- Oui !!! De toute façon je remettrais plus jamais les pieds au lycée !

Lui crie-je. Je compte plus bouger de ma chambre. Je suis très bien ici,même si je suis triste je sais que c'est bien moins pire que de le voir. Sa vue me briserait mentalement et je suis pas prêt à revoir son visage même si il me manque et que je meure d'envie de me réfugier dans ses bras. Je dois pas !! Arrête idiot, faut pas !

- Dis pas de connerie, tu vas remettre les pieds au lycée même si je dois t'y traîner par la peau du cul couillon !! Je vais pas te laisser briser ta vie pour un abruti pareil ! Je vais te ramener au lycée et crois moi tu vas bouffer aussi !! Putain mais t'es maigre c'est horrible, ok ?! Et puis tu dois dormir aussi, t'as des cernes tu ressembles à un panda ! Et puis tu m'expliques c'est quoi cet état de larve dans lequel t'es ? Même pas en rêve je te laisse comme un pantin ! Tu vas bouffer, dormir,prendre soin de toi et t'en sortir idiot ! Je suis là.. je vais t'aider. Mais d'abord tu manges et tu dors puis lundi on va ensembles en cours. Je te quitterais pas, ok ? Ça va aller et puis si on voit ce connard et bah on le bute ou je sais pas mais bref on avisera !

Je tremble toujours. Je renifle et le regarde droit dans les yeux. Il a l'air si déterminé. J'ai plus ou moins écouté tout ce qu'il adit. Ça me touche beaucoup qu'il s'inquiète pour moi et puis je commence à prendre conscience de quel état dans lequel je suis. Je dois vraiment faire peur à voir...

- Yoongi, reprends toi ! Quitte à ce que je dois t'en coller une pour que tu rebondisse sur tes pieds bah tant-pis ! T'as vie est pas fini à cause d'un con pareil.

Je sais qu'il a raison. Je le sais pertinemment mais y'a ce truc en moi qui m'interdit d'abandonner Gab et de passer à autre chose. Quand je vois mon fond d'écran je repense à tous les bons moments passés ensembles, j'ai qu'une seule envie, tout recoller entre nous. J'ai un rictus intérieure, je dis ça alors qu'en fait y'a jamais eut de nous, c'est lui qui me l'a dit.

- Pigé ?!
- Mmh...

Il attrape mon portable et me regarde intensément.

- Des photos ?
- Hein ?
- Faut les supprimer, ok ? Tu passera jamais à autre chose sans aide, écoute c'est tôt, je le sais mais fais toi une raison. Ce mec est stupide et il a roulé tout le monde dans la farine.

Je me redresse et tente de récupérer mon portable de ses mains mais il tend le bras en l'air et m'en empêche en me maintenant loin de lui.Il me regarde froidement et fronce les sourcils. Son nez se plisse et sa mine est très sérieuse. Je veux pas supprimer les seuls bons souvenirs que j'ai de lui.

- Yoongi... Arrête écoute moi : te détruis pas pour lui. Faut faire ta vie maintenant sans lui.

Cette pensée me fait du mal. Il a raison mais c'est encore trop douloureux. Il allume mon portable, je le vois car son visage est éclairé. Il fixe mon écran puis moi et arbore une mine toute triste. Je renifle et murmure :

- On était mignon... C'était pour noël.

Il ne fait aucune remarque. Il doit également trouver qu'on est mignon, c'est pour ça qu'il dit plus rien. Il attrape ma main ce qui me fait sursauter.

- Tu sais... J'y croyais aussi en fait. J'ai vraiment espéré pour toi que ça aille entre vous. Je suis désolé que ça ait pas marché et de pas m'être rendu compte que c'était qu'un jeu pour lui.

Il paraît tellement sincère. Je renifle tout simplement et serre ses doigts dans les miens. On est tellement proche, c'est bizarre. On dirait qu'on est un couple, on est si proche, si intimes, pas dans sur le plan charnel évidemment.

- T'en as beaucoup ?
- Des photos ?
- Mmh...

Je fais non de la tête, j'osais pas trop en prendre et puis il était pas hyper photogénique non plus.

- Ok, je les supprime, d'accord ?

Je serre les dents et n'arrive pas à lui répondre. D'un côté, je sais que c'est ce que je dois faire mais d'un autre, je meurs d'envie de lui sauter à la gorge pour récupérer mon portable et garder précieusement le peu de photos que j'ai de lui. Je ferme les yeux et le laisse faire. Au bout de quelques longues secondes il parle :

- C'est bon...

Alors, c'est réellement la fin....

********************

Oui les chapitres en ce moment sont très tristes c'est vrai mais ils permettent à l'histoire d'avancer et à l'intrigue de base (Oui bon ok je m'en étais pas mal éloignée euheum...) de reprendre une place majeure et qu'on puisse enfin l' ''élucider'' et tout comprendre.

Me revoilà pour une petite review ~ Cette fois-ci je vous présente un nouveau josei : The Ice Guy & The Cool Girl. Je vous préviens, je n'ai pas acheté tous les tomes (Oui, c'est rarement bon signe).
C'est seulement moi une histoire qui avait un énorme potentiel car le thème est original mais qui a été mal exploitée. Faire en sorte que plusieurs humains soient des descendants de divinité japonaise est très sympa et apporte une dimension nouvelle.

Je vais commencer par les points positifs : thème mature (monde du travail) avec fond original (divinités) ; de beaux dessins. Jolies couvertures et jolies et tranches.
Maintenant, les points négatifs : le format (très grand mais très petit, le format est très bizarre) ; le prix (9.95€ pour 1 tome qui est selon moi très petit). 9 euros pour un One shot ou un two shot c'est compréhensible, pour une série en tant de tome ? Pour moi c'est non à part si l'histoire est incroyable mais là ça n'est pas le cas.

Maintenant je vais expliquer pour je n'ai pas tous les tomes (j'ai seulement les quatre premiers). Ce manga est une histoire qui était publiée sur les réseaux sociaux avant et qui n'était pas prévue pour être licenciée en format papier et ça se ressent. On a l'impression de lire plusieurs histoires courtes sans réel filon qui les lies. Les petits histoires sont bien faites mais ce qui me bloque est le fait qu'il n'y ait pas une réelle intrigue où on voit un réel développement entre les personnages.
Si en revanche vous cherchez juste une petite histoire sans vous prendre la tête, à lire sans forcément vouloir avoir une vraie intrigue vous pouvez y aller, ça vous plaira ! Les personnages sont très attachants, particulièrement Himuro.

-> Peut-être que cet aspect "pas de filon" a été corrigé au fur et à mesure de la publication mais compte-tenu du fait que les tomes soient si cher et pas si bon selon moi j'ai du mal à acheter la suite.

Nombre de tomes : série en cours (8 en France ; 9 au Japon)
Ma note : 5/10

Je vous propose le résumé de nautiljon :
Himuro est le descendant d'une yuki-onna, une femme des neiges. Par cette filiation, il plonge inconsciemment son entourage dans un environnement proche de l'Arctique lorsqu'il se concentre.

Pire encore, il passe pour un homme qu'il n'est pas : perçu comme insensible et au tempérament glacial, il est en réalité chaleureux, aime les chats et les fleurs.
Son état finit par attirer l'attention de sa collègue
Fuyutsuki, dont il est secrètement amoureux. Himuro se montre alors déterminé à capturer le cœur de sa belle collègue.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top