Le temps des aveux


- Tu peux être sûr que je pars pas tant que j'ai pas d'explications de toute façon.

Il soupire et s'assied finalement face à moi, en signe de rédemption. Je me mets face à lui et baisse les yeux. Je sais pas par où commencer, quoi dire, quoi faire. J'attends qu'il commence, c'est tout... sauf qu'il ne commence pas et reste muet. J'attrape un bout de la couverture et la ramène vers moi pour la mettre sur mes épaules et avoir moins froid.

- T'as froid ?

Demande-t-il calmement. Je fais faiblement oui de la tête. Il attrape entre ses doigts la couverture mal mise sur mon corps. Il tire dessus et la descend plus bas sur mon ventre pour que je n'ai plus aussi froid. Je murmure :

- Merci...

Il ne répond pas, comme à son habitude. A force je m'y suis fait donc bon... Je triture nerveusement mes doigts. Au moins, il est calme, on va pouvoir parler. Enfin, si l'un de nous deux arrive à se lancer. Il fixe la couverture. Je m'éclaircis la voix de demande d'une petite voix :

- T'as fait ça, parce que ça allait plus entre nous ?

Il relève la tête, choqué par ce que je viens de demander. Il ne semble pas croire à ma question. J'ai besoin de savoir, de comprendre et d'arriver à assimiler le pourquoi du comment tout s'est passé j'en ai besoin, ça m'est vital.

- Pas du tout, ça allait vraiment bien.

Il a un petite sourire mais une mine toute penaude quand même. Ça me brise presque le cœur. J'essuie une petite larme qui me perturbe et avoue à mon tour :

- Ça se passait tellement bien, donc j'arrive pas à comprendre. Explique moi s'il te plaît. Tout était génial ! Notre couple fonctionnait bien, enfin, si ça en était vraiment un.

Je me sens si mal. Je suis effrayé à l'idée d'entendre toute la vérité, de comprendre ce qu'il s'est passé et pourquoi il a fait ça. J'ai peur d'entendre des choses qui vont me faire si mal que j'arriverais pas à m'en remettre.

- T'as vraiment cru aux choses que je t'ai dit ?

Je hausse simplement les épaules. Je veux pas y croire, je refoule ce qu'il m'a dit mais dans le fond j'exclus pas totalement la possibilité qu'il y aie une part de vérité là dedans.

- Alors pourquoi t'es revenu vers moi ?

- Parce que j'arrive pas à y croire. Je peux pas croire que tout était faux vu tout ce qu'on a fait ensemble...

Il essuie ses mains dans le drap. Je les regarde et tends la main vers les siennes. Il me regarde droit dans les yeux et finalement attrape ma main avant de continuer :

- Je pensais pas toutes les choses que je t'ai dit, je me suis dit que tu t'éloignerais plus facilement si je te faisais mal et si je te faisais croire que tout était du fake depuis les débuts.

Ça a pourtant pas été le cas. Je l'aime trop pour partir comme ça et tourner la page si facilement. Ça aurait marché avec quelqu'un qui aurait eut un simple petit béguin pour lui mais moi je suis complètement amoureux donc ça ne marche pas. Je suis trop attaché à lui.

- Pourtant... je t'ai quand même vu avec un autre mec... Je sais qu tu me trompais.

Ça, ça fait mal. Parce que ok je veux bien croire que les paroles qu'il a tenu étaient fausses mais ça, ça je l'ai vu de mes propres yeux. Je le sais, il peut pas le nier. Quelques larmes roulent toutes seules sur mes joues.

- Hein ? Non ! Je t'ai pas trompé, ça va pas ou quoi ?

Il semble outré et a un rictus.

- Putain, mais si tu crois que je suis un si gros salaud pourquoi tu t'accroches ?!
- Mais parce que je t'aime ! »

Il sursaute et serre fortement ma main, ses doigts pressants les miens. Je me rapproche de lui et colle mon front au sien :

- C'était qui ce gars alors ? Parce que je vous ai vu, mens pas. La dernière fois, je vous ai vu, vous vous touchiez et il t'embrassait, donc mens pas.
-C'est qu'un pote.

Je me recule de lui. Il se fout de ma gueule ou quoi ? Je serre mon poing et me retiens de lui foutre dans la tronche.

- Un pote ? Ils te mettent souvent la main au cul tes potes ? Et tu vas souvent baiser avec toi ?

Il amène sa main à ma joue et la caresse. Je lui fais violemment retirer sa main et m'esclaffe :

- Pourquoi tu restes muet ? Merde... en fait tu m'as vraiment trompé !

Je sens ma colère me dominer, mon sang ne fait qu'un tour et je n'ai qu'une seule envie : me barrer. Je tente de me redresse et de sortir du lit mais Gabriel m'agrippe par les poignets.

- Je croyais que tu partais pas tant que t'avais pas d'explication.
- Ton mutisme parle pour toi.
- Ah ouais ? Et tu crois pas que dans ce cas j'aurais juste pu rester avec toi et te tromper dans ton dos ?

Je me tends et le regarde étonné. Ne sachant pas quoi répondre. Son ton si glacial me donne de longs frissons qui remontent lentement le long de mon épiderme. Je sais plus, je sais plus quoi croire, quoi penser, quoi dire ou même faire. Son poing me serre si fort qu'il tremble de plus en plus.

- Si je voulais juste te tromper ça aurait été plus simple de simplement le faire dans ton dos, non ? Donc ramène ton cul on a pas fini de parler. A moins que tu veuilles vraiment te casser mais dans ce cas là ne viens plus jamais m'adresser la parole.

Mon cerveau tourne à plein régime, j'ai du mal à tout assimiler et comprendre. Il a raison, je suis juste con en fait. Je baisse la tête, honteux d'avoir pu croire qu'il voulait juste me tromper. Je me défais lentement de son emprise et agrippe son poignet entre mes mains pour qu'il me lâche en parlant doucement :

- Désolé... Je suis perdu.

- Je pensais que tu me connaissais un peu mieux quand même...

Il est déçu.

- T'y as cru ?
- A quoi ?

- Ce mec et moi...
- Ah ça, ouais...
- C'était le but.
C'est réellement mon pote, je lui ai demandé de me rendre service. On sort pas ensemble, on couche pas ensemble non plus. C'est un très bon ami et il a accepté de m'aider vu qu'il me devait quelque chose. Y'a jamais rien eut avec lui. Ni avec un autre d'ailleurs.

Mon cœur se sent calmé et rassuré. Je souffle de soulagement et attrape sa main, m'en voulant d'y avoir cru. Il passe sa main sur son visage et avoue :

- Je t'aurais pas trompé. A aucun moment...

Un petit sourire se dessine sur mon visage. Je le fais rapidement disparaître. Il lâche ma main et essuie la sienne dans le drap. Effectivement, elle était moite, mais ça me dérangeait pas plus que ça.

- Pourquoi t'as fait ça ?

- Tu veux la vérité ? J'ai fait exprès que t'entendes notre appel, enfin il y était pas au bout du fil mais bon. Te connaissant, je savais très bien que tu me suivrais après les cours et donc on a fait exprès de se ''tripoter'' histoire que tu te mettes dans le crane que c'était fini nous deux.

J'arrive pas à comprenne pourquoi il a fait ça alors que tout allait bien entre nous. Enfin, d'après ce qu'on s'est dit tout à l'heure de son côté et du mien tout allait génial, alors pourquoi ?!

- Et je peux savoir pourquoi t'as fait tout ça ? Parce que je comprends pas du tout la raison.

Il hausse les épaules. C'est tout ? Il compte pas me répondre ?Il est sérieux là ? Son mutisme m'agace et m'enrage presque.Je remonte sa tête pour qu'il me regarde et balance froidement :

- Tu comptes rester muet ?

- Pourquoi je l'ai fait te regarde pas. On peut juste plus rester ensemble c'est tout. C'est pas que je veux plus de toi mais je peux plus être avec toi, compris ? Donc maintenant t'as eu tes explications, tu peux partir.
- C'est une blague ? Bien sûr que ça me regarde !

Comment ça ça me regarde pas ? Aux dernières nouvelles un peu quand même ! Il me gonfle à faire sa tête de con, comme s'il était le seul à pouvoir comprendre, comme si j'étais idiot et que sa vie ne me regardait pas et qu'elle était pas importante pour moi alors que c'est tout l'inverse !

- Je m'inquiète pour toi ! T'es tout dégueulasse, t'as vu ta tronche ? T'as des bleus partout, tu recommences à te battre,tu me fuis, romps avec moi et tu... T'es plus le même.

- Et alors ? Mais merde vous me cassez tous les couilles, je veux ma liberté, ce que je fais ne regarde que moi !
- A partir du moment où tu nous met en danger c'est plus le cas !

Ma phrase semble le faire tilter, surtout que le fait que j'ai crié l'a pas mal surpris. Il me regarde incrédule et répète :

- Nous met en danger ?

J'appuie sur sa joue rouge et bleutée par les coups, son ventre est également un peu abîmé je l'ai remarqué même si j'ai tenté d'en faire abstraction. Puis je lui montre mon poignet en remontant ma manche :

- Ça te suffit pas ?

Peut-être qu'il va enfin se résoudre à tout avouer parce que ça m'épuise de lutter contre lui comme ça. Il est si renfermé alors que ça ne regarde pas que lui ! Il semble triste et caresse tendrement ma cicatrice.

- Je voulais pas que tu te fasses du mal, vraiment. Surtout pas pour moi.

Parfois j'ai l'impression qu'il comprend pas que je l'aime. Qu'il a le sentiment que tout le monde l'approche par intérêt i compris moi, mais c'est pas le cas ! Je me rapproche à nouveau de lui.

- Je t'aime vraiment, être loin de toi me tue, vraiment.

Il passe sa main dans mes cheveux et se mord la lèvre comme s'il était sur le point de pleurer. Je le vois parce que ses yeux brillent. Moi aussi, j'ai envie de craquer. De lui hurler toute la tristesse qui me détruit.

- Crois moi que si j'ai fait ça c'est pour une bonne raison. On aurait jamais du commencer tous les deux, on le savait très bien...

J'avais beau le savoir les sentiments que j'ai commencé à développer à son égard sont devenus de plus en plus puissants jusqu'à me dépasser complètement. Je murmure, presque désespéré :

- Tu ne m'aimes pas ?

- J'ai jamais dit ça. C'est juste que c'est réellement mieux pour toi.
- Mieux pour moi ?! Je suis au bout de ma vie ! J'arrive pas à m'en remettre et tu oses me dire que c'est pour moi ?!

Il se paie réellement ma tronche. J'ai tellement envie de le frapper. Ma main tremble, mon poing droit me démange de lui en coller une qu'il sera pas prêt d'oublier. Il semble le remarquer et attrape délicatement mon poignet dans sa main.

- Mon but était pas que tu y arrives pas ! Je pensais réellement que tu allais passer au-dessus de ça rapidement.
- Putain mais à croire que j'ai pas sentiment pour toi dans ta tête ! T'es trop con.

Il soupire et finit simplement par avouer :

- Je sais.
- Alors si tu le sais arrête de te comporter comme un débile.

Il caresse mon poing. Ma rancœur commence à s'envoler quand je vois son expression triste et décomposée. Le voir si faible est pénible et très dur à supporter. Ce mec est un roc et il craque jamais alors que ce soir c'est totalement l'inverse, je vois sa face sensible et fragile.

- Pourquoi t
u fais ça ? J'arrive pas à comprendre...

Il attrape mes deux mains dans les siennes et me demande sérieusement :

- Si je t'explique tu me fiches la paix ?

- Si c'est une bonne raison, oui.

C'est faux, je compte pas le laisser, à aucun moment. Je veux juste connaître la vérité, comprendre. Parce que là, d'après moi, il avait aucune raison valable de faire ça et du coup tout est confus dans ma tête. Comment on peut faire ça à quelqu'un qu'on aime et qui nous aime en retour ? Il prend une grande inspiration :

- Tu te rappelles : mon frère est plus là.

Je fronce les sourcils et fais oui de la tête. Son frère ? Pourquoi il me parle de son frère ? Ça commence à me faire peur... Vraiment très peur, je sais que c'est un sujet sensible et je ne sais toujours pas ce qu'il s'est passé avec lui.

- Disons que... j'ai retrouvé les personnes qui l'ont tué. Et pour faire simple s'ils savent que je les ai retrouvé, je vais avoir des problèmes et ceux qui sont proches de moi aussi. Mon frère leur devait quelque chose. Et je peux pas rester sans rien faire alors que je sais où ils sont et qui ils sont.

Mon cœur se brise et de la compassion m'envahit ainsi qu'un sentiment de tristesse intense. Je le regarde apeuré, effrayé même. Il baisse la tête et soupire un grand coup. J'arrive pas à y croire. On se croirait dans un film, ou quelque chose comme ça. Ça semble si irréel...

- Gab...

- Donc voilà. C'est fini parce que... ça va mal se finir pour moi, ok ? »

Et j'entends un petit sanglot le ravager. Instantanément tout me frappe de plein fouet... Je m'approche de lui pour colle mon front au sien et m'empresser de dire :

- Comment ça ?

J'ai très peur. Je veux pas qu'il lui arrive du mal !

- Écoute, soit je finis en taule soit ils me buttent.

Ça veut dire quoi ça ? Je le serre très fort dans mes bras, sanglotant contre lui. Il me prend dans ses bras et colle sa tête à la mienne, qui est plaquée dans sa nuque.

- Désolé, c'est fini Yoongi... c'est vraiment pour toi. Je veux pas qu'il t'arrive quelque chose non plus.

J'étouffe sous mes pleurs. Toute la pression de ces derniers temps retombe dans une révélation trop dure à supporter. Oh putain, c'est quoi cette merde ? Sa voix cassée me témoigne qu'il est en train de fondre en larmes lui aussi.

- Je pense pas m'en sortir bien donc...

Et il laisse sa phrase en suspend. Waaa je pensais pas que c'était à ce point. Je comprends pourquoi la fait tout ça mais je peux pas l'accepter pour autant. Je sèche difficilement mes larmes et le serre fort, toujours plus fort contre mon petit corps tremblant.

- Gab... T-Tu vas leur faire quoi ?

J'ai très peur. J'ai une idée de la réponse mais elle m'effraie tellement que j'espère mal avoir compris, m'être trompé. Je peux pas y croire. Depuis quand il va si mal ? Depuis quand tout est si compliqué ? Toujours en vrai, depuis les débuts ou je l'ai connu. Ça a toujours été comme ça... Je demande d'une voix tremblante :

- Tu vas pas les buter, hein ? Tu vas pas faire ça ?

Son mutisme confirme la crainte que j'avais. Non non, il peut pas faire ça. Je m'agrippe à lui et lutte pour ne pas pleurer. Je finis par laisser passer :

- Non non non... Tu peux pas, s'il te plaît Gab...

Il reste à nouveau muet. Je sais que si je reste si ''faible'' et que j'arrive pas à garder la face je ne vais pas arriver à lui faire entendre raison. Je dois le raisonner mais si je suis dans cet état c'est fichu, faut d'abord que je me ressaisisse.Il presse mon corps contre le sien.

- Désolé...

Non, tu peux pas être désolé, tout ne peut pas être fini, je refuse d'y croire ! Surtout pas de cette manière là ! J'inspire et expire franchement pour me calmer et arriver à garder la face. Je me recule de lui et essuie mes larmes. Il sèche rapidement les siennes pour que je ne les vois pas.

- T'es pas obligé de faire ça.
- Et je suis censé ne rien faire ?
- Écoute, tu peux te reconstruire et arriver à refaire ta vie mais pas si tu vis dans la rage et la vengeance.

Il serre mon haut entre ses doigts et m'attire à lui.

- T'avise pas d'essayer de me faire la morale.

- Mais je veux pas te perdre ! Écoute moi, Gab, s'il te plaît. Te venger est idiot ! Ça va pas ramener ton frère et tu vas te détruire toi et ceux qui t'aiment et peut-être pour rien, s'ils ont buter ton frère ils peuvent te buter toi. Désolé d'être aussi cru mais... c'est la vérité. »

Il boue, je le vois. Il a tellement envie de me faire fermer ma gueule. J'espère que je le trouble et que ce que je lui dis va le faire réfléchir, au moins un peu. Je pose mes mains sur ses joues et attends. Il tremble et froisse mon haut.

- Vous comprenez rien, aucune d'entre vous. Genre je suis censé regarder les mecs qui ont buter mon frère, savoir où ils sont et ne rien faire ?!

Il a raison. Dans le fond, je pense que je voudrais me venger moi aussi. Je le voudrais parce que c'est mon frère. Donc c'est compréhensible. Mais je compte pas le laisser faire, je peux pas.

- Tu mets ta vie en danger pour des gens qui n'en valent pas la peine.

Il me tire à nouveau à lui et son expression énervée me fait froid dans le dos. Il serre les dents et parle durement :

- Ces connards ont buté mon frère merde !

- Je comprends que tu veulent le venger ! Mais pas comme ça !
- Et comment ?

Sa question me surprend et me cloue sur place. Comment ? Je n'en ai pas la moindre idée... Dans le fond c'est facile de parler quand on ne ressent pas ce que je ressens l'autre. Quand on ne connaît pas la même situation...

- Tu peux pas faire ça. T'as d'autres solutions ! Appeler la police déjà... Tout est pas trop tard.
Tu peux décider de toute arrêter maintenant. De te calmer, d'y réfléchir sérieusement. Ils le savent pas, si tu arrêtes tu vas pouvoir te reconstruire.
- Et faire comme si de rien était ?

Il rit faussement, un rire amer qui me glace le sang. Je sais que je l'agace que ça le gonfle que je tente de l'en dissuader. Il est si énervé et enragé qu'il serait capable de me brise en deux secondes s'il se retenait pas.

- Je te demande pas de faire comme si de rien était. Mais honnêtement, tu crois que ton frère apprécierait ça ? Que tu te détruises et foutes en l'air ta vie pour lui ? Surtout que tu peux pas le ramener Gab !

Je le regarde avec détresse tentant de lui retranscrire tout l'amour que je lui porte dans ce contact visuel. Je l'aime bien trop pour le laisser se tuer que ce soit en vrai ou en taule... Il risque beaucoup pour meurtres prémédités.

- Parle pas comme si tu le connaissais.

- Je le connais pas c'est vrai mais... je suis sûr de ce que je dis. D'après ce que je sais, il t'aimait beaucoup, il voudrait pas ça. Pense-y ! Je suis là, je veux pas te laisser faire ça et te perdre.
- C'est pour ça que tu ferais mieux de rentrer chez toi et de dégager. »

Il est à nouveau froid et méchant. Il lâche mon col et reboutonne mon pantalon sans que je lui demande ou que j'arrive à réagir. Une fois fait il se lève du lit et me tire violemment hors de ce dernier jusqu'à m'en faire mal. Je crie de douleur et me dégage de son emprise.

- Barre toi de chez moi. Je savais que de toute façon t'en ferais qu'à ta tronche, donc dégage.

Il tente de me faire sortir de force mais je l'agrippe par les joues comme tout à l'heure et balance froidement :

- Alors là, tu me connais vraiment mal. Je me casse pas non. Quitte à ce que je sois obligé de te casser la gueule pour te retirer cette idée de la tête, je le ferais. Donc je vais juste chercher à boire, à la fois pour te calmer et moi aussi et t'as pas intérêt à bouger ton cul de ta chambre.

Je me défais violemment de son emprise et sors de sa chambre d'un pas décidé. Je suis carrément choqué de ce que je viens de dire et de la manière dont je l'ai fait. J'arrive pas à y croire. Je me suis surpassé. En fait, j'ai même pas réfléchi avant de parler.

Je descends dans la cuisine, me serre un verre. Mon cœur bat si fort ! Vu comment je lui ai parlé et ce que j'ai dit c'est pas si étonnant. J'aurais jamais cru que je serais aussi autoritaire et assuré dans ma vie. Je me fais de l'air et attrape un nouveau verre que je remplis d'eau pour Gab, ça lui fera du bien.

Je remonte les escaliers et reviens dans sa chambre. Quand je rentre, la scène que je vois me brise le cœur au plus haut point. Des larmes manquent de ravager mon visage. Gab est là, assis par terre contre son lit les genoux repliés contre son torse à pleurer à chaudes larmes. Je pose le verre sur son bureau et reviens rapidement vers lui. Je m'agenouille devant lui et écarte ses jambes pour me glisser contre lui et l'enlacer puissamment.

- Tout va aller, crois moi.

Il sanglote contre moi et accepte mon étreinte en me la rendant. Cette vision me détruit. Je me retiens de pleurer, je pense que sentir que je suis là devrait lui faire du bien. L'entendre plus bas que terre me rend si mal, lui qui déteste montrer ses faiblesses...

- Fais pas de bêtise Gab, je t'en supplie... Je veux pas te perdre.

Il ne me répond pas mais s'agrippe à mon haut comme si sa vie en dépendait. Je suis amoureux de lui à un point inimaginable je peux pas le perdre. Ça serait le drame de ma vie, ou du moins le second drame de ma vie. D'abord mon père puis mon... petit-ami, ex ? Je sais pas trop... Je sais plus où on en est.

- Ça ira...

Je sens quelque chose qui glisse le long de mon dos. Je me défais légèrement de son emprise pour le ramasser. C'est une photo de lui, son frère et son petit-ami... Une que j'ai déjà vu. Ils sont souriants et semblent tellement heureux. Je pose la photo sur la table de chevet qui est à portée de main et l'enlace à nouveau.

- Je suis là. Tu vas arriver à surmonter ça, promis.

Il trempe ma nuque et mon haut, mais je m'en fiche. A ce moment c'est loin d'être important. Il pleure durant un long, très long moment où il semble se vider de toutes les larmes qu'il retient depuis très longtemps. Ça lui fera du bien. Moi ça me rend triste et faible de le voir dans cet état. Ça me brûle le cœur. Il m'étouffe carrément à me serrer si fort mais je fais comme si de rien était.

- Tu sais, j'ai pas dit ce que je t'ai dit pour te blesser... Je veux juste pas te perdre. T'as l'impression que personne tient à toi mais c'est faux. T'as Jin, Simon et ton pote là... Et moi je suis là. Malgré comment tu t'es comporté je peux pas t'abandonner. Je suis vraiment, vraiment...

Je me recule de lui et attrape son visage. Je vois flou parce que je commence à pleurer. Il me fuit du regard mais un bref instant nos regards se rencontrent et j'en profite pour finir ma phrase :

- Vraiment amoureux de toi.

C'est la toute première fois que je le dis comme ça, de cette manière. Ça fait vriller mon cœur et me rend tout chose. Je sens que mes joues me chauffent, rapidement quelques larmes qui perlaient aux coins de mes yeux m'aident à les rafraîchir. Je noue mes bras autour de sa nuque. On s'enlace avec force, tandis que je murmure :

- Je t'en supplie fais pas de bêtise...

Je caresse ses cheveux pour le calmer en me sentant si faible, si détruit mentalement et psychologiquement.

Ça fait de très longues minutes qu'on est dans les bras l'un de l'autre, au moins dix minutes. Il a arrêté de pleurer, moi aussi mais on arrive pas à se défaire de l'emprise l'un de l'autre. Je reste contre lui, sentant son cœur battre fortement contre mon torse, mon visage plongé dans sa nuque, mes bras l'entourant. Ce genre de contact m'avait beaucoup manqué, je dois l'avouer. Ça me fait du bien d'être collé à lui.

- Gab...

Prononcer son prénom me fait du bien. Il me presse contre lui mais ne réagit pas plus. Il renifle simplement. J'ai plus envie de bouger. Je serais capable de me laisser mourir dans cette position, sérieusement.

- Je te déteste...

Me dit-il. Je me tends et me mords la lèvre inférieure. Ça me fait tout bizarre d'entendre ça mais je sens que c'est pas réellement méchant. Il avoue :

- Je te déteste d'être venu, faussement bourré et de m'avoir forcé à te parler. Je te déteste, tout était plus simple avant, quand t'étais plus là à me tourner autour. Quand tu croyais que je m'étais amusé avec toi, que je couchais avec un autre. Quand tu t'accrochais plus et me laissais seul. Tout était mieux pour moi, je doutais pas, je savais quoi faire, je m'étais résigné mais t'es revenu. Tu m'as fait un coup bas et maintenant je suis perdu comme jamais...

Je me sens soulagé. Soulagé car s'il doute ça veut dire qu'il n'est plus sûr de lui et qu'il pense regretter si jamais il faisait des conneries. Je veux pas qu'il puisse le faire, je peux pas accepter qu'il se tue de cette manière. Dans tous les cas il finira mal et il va plonger.

- C'est dégueulasse de m'avoir fait croire que t'étais saoul et d'avoir joué avec mes points faibles..
.
- C'était le seul moyen que j'avais de te faire réagir.

Je suis désolé qu'il se sente trahit mais je savais pas quoi faire d'autre. Je reste contre son corps. Il me tient si chaud, ça me fait du bien, je serais carrément capable de dormir. Je meurs de fatigue, ces derniers temps j'ai eu des nuits mouvementés.

- Je meurs d'envie de t'étrangler...
- Parce que je t'ai vu dans cet état ?

Il reste muet. Je me recule de lui, me mets à genoux et passe mes doigts sur ses joues saccagées. Il a un rictus dépité :

- On va dire ça...

Ça me fait du bien de le sentir craquer. Sentir que dans le fond nous deux c'est pas si perdu que ça, que c'était pas faux et que nos sentiments sont partagés et nos craintes aussi.

- Gab... On peut continuer tous les deux. Je vais t'aider à t'en sortir mais que si tu le veux, si c'est le cas, tout n'est pas foutu et ça ira.

Il regarde en l'air et reste muet. Il semble réfléchir. Ça me fait bizarre de le voir comme ça. J'attrape une de ses mains et la caresse pour finir par entrelacer nos doigts.

- J'ai besoin de réfléchir.

Je reste muet, ne sachant pas réellement quoi dire. Je me sens blessé,enfin qu'un petit peu. J'avais espéré qu'il revienne dans les bras rapidement et qu'il accepte immédiatement ma proposition mais tout n'est pas si simple. Je souffre de cette situation.

- Tu devrais rentrer chez toi maintenant.

- Non, pas après tout ce qu'on vient de se dire, je peux pas partir.

Je me redresse et lui tends la main. Il la regarde, l'attrape et se relève. Je refuse de partir. Je lui tends son haut et vais attraper le verre d'eau pour qu'il puisse boire. Quand je reviens, il a enfilé son haut. Il m'attrape le verre des mains et le vide.

- J'ai mal au crane, s'il te plaît. Je... je peux plus parler, j'en ai plus envie. J'ai juste envie de... tout foutre en l'air là, donc laisse moi.
- Non, je te laisserai pas. T'as beau croire que ton emprise sur moi est importante elle l'est pas au point que je t'abandonne parce que tu me le demandes, j'en suis incapable.

Je le regarde droit dans les yeux. Il soupire et masse ses tempes. Il doit avoir mal au crane.

- S'il te plaît, mon crane va exploser, je peux vraiment pas te faire face là.

- Je pars pas, je m'en fous. Demain on parlera on mettra les points sur les I.
- Sur ?
- Sur notre relation, ce qu'on fait de nous deux, ce qu'on devient...

Il me regarde sérieusement et semble pris de court. On dirait qu'il veut parler mais finalement se ravise. J'attends en silence, me sentant mal au fur et à mesure que le silence règne. e m'avance vers lui et me colle à son corps. Il se laisse faire et m'enlace. Au moins, il ne me repousse pas, c'est mieux que rien. Tout n'est pas fichu entre nous.

- On a beaucoup de choses à mettre au clair encore...
- Je pense oui..
- On en parlera demain.
- Mmh, la nuit porte conseil, je suis perdu, j'ai besoin réfléchir un peu. Même si mon crane me fait mal.

Je me recule de lui et le pousse au niveau du torse pour qu'il s'allonge, ce qu'il fait sans rechigner. Il me regarde étonné. Je me penche et pose mes lèvres sur son front. Ayant peur de l'embrasser. Après tout... On est plus ensemble. Il se laisse faire et pose ses mains dans le creux de mes reins. Ce baiser dure une éternité. Il penche doucement la tête en arrière et je sens mes lèvres glisser lentement le long de son nez pour toucher les siennes. Il me manque... a en mourir. Je susurre :

- Tu me manques.

J'aimerais que ça lui fasse comprendre que lui et moi ça peut pas se finir, en tout cas pas comme ça. Ses lèvres chaudes contre les miennes me font du bien. Je le regarde droit dans les yeux.

- Toi aussi.

- Je veux pas faire de connerie et qu'il t'arrive un truc.

Je me recule de lui et hoche simplement la tête. Au moins, il va y penser, c'est pas totalement foutu. Je sors de sa chambre en récupérant le verre et me dirige dans la salle de bain pour la deuxième fois. Je regarde dans la vitrine et cherche des doliprane que je trouve rapidement. Je souris en remarquant qu'il a une boite de mon médicament. Ça me touche et me met du baume au cœur. Il est tellement attentionné en vrai. Je remplis son verre et retourne dans sa chambre avec un doliprane dans la main. Gab est allongé dans son lit, la main sur le front. Front bouillant, je l'ai senti en l'embrassant... Je m'assieds à ses côtés et caresse son ventre pour qu'il me regarde, ce qu'il fait.

- Tiens...

- Merci.

Ce simple mot me chatouille le ventre. Venant de lui, c'est si rare. Il se redresse, avale le cachet et vide le verre qu'il repose sur la table de chevet. Je me sens mal à l'aise. Je caresse son front. Je me glisse sous la couverture à ses côtés et reste à côté de lui. On entrelace nos doigts.

- J'ai besoin de dormir...

- Moi aussi...

Je pense que ces derniers temps ont été très dur pour l'un et pour l'autre. Je me tourne face à lui, il fait de même face à lui et pose sa main sur ma hanche en glissant ses lèvres sur son front. Ce contact protecteur et si tendre fait vriller mon cœur. Je me retiens de pleurer et caresse sa joue. On a tous les deux besoins d'y réfléchir et de faire le point sur les derniers événements.

*******************

Et bien il faut croire que leur relation va mieux maintenant ~ Bon, en prenant du recul je ne suis pas sûr que la technique de prétendre être bourré et aller chez Gab était la meilleure chose à faire mais écoutez, ça a fonctionné ! xD

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top