Le poids de la vérité


Haaannnn, j'ai la flemme de me lever et ne serait-ce que d'ouvrir les yeux pour être honnête. Je geins et gigote un peu. Je finis par froncer les sourcils. J'ai comme un sentiment de manque, une sorte de vide, de creux qui me noue l'estomac. C'est comme si il manquait quelque chose. J'ai tout de même la flemme de chercher à combler ce vide. Je baille puis frotte mes yeux avant de les ouvrir péniblement. Je suis tellement bien. Je regarde autour de moi, étonné, j'avais oublié que j'étais chez Gab. Je hume la bonne odeur des draps. Ça me fait du bien de sentir cette odeur, elle me rassure et me fait sourire immédiatement.

- Gab ?

Je tourne la tête et fais la moue. C'était donc ça cette sensation de vide. Gab n'est pas là, à mes côtés. J'espérais vraiment me réveiller dans ses bras ou au moins à ses côtés. Mais... on est même plus ensemble. Cette pensée pique mon cœur déjà meurtri. N'y pense pas Yoongi. Je serre son oreiller dans mes bras. Son odeur est forte, celle de lui, pas d'un parfum, juste de lui, son odeur naturelle. Je pourrais la reconnaître entre mille, oui, je suis complètement drogué à son odeur, ça n'a pas changé aha.

- Nam ?

Pas de réponse. Il est certainement en bas, en train de regarder la télé comme à son habitude. Je me redresse. Je dois avouer que je panique déjà. J'ai peur de ce qu'il va se passer avec lui. De comment je vais devoir me comporter. Quand je repense à hier j'ai envie de me jeter sous un train.

- Haaaa !!!!

Je crie de frustration et plonge mon visage dans l'oreiller pour crier une nouvelle fois. Oh mon dieu !!! Comment est-ce que je suis censé lui faire face après les choses que j'ai fait et dites hier soir ?! Haaa je vais tomber dans le comas, c'est obligé... Je suis déjà mal à l'aise. Je brûle de l'intérieur et mes joues sont déjà bouillantes. Mais pourquoi j'ai fait ça ?! Pourquoi ?!! Pitié, tuez moi...

- Gab ?

Ma voix tremblote tellement. Toujours pas de réponse. Bon au moins il est pas dans les parages, ça me rassure parce que là j'ai juste envie de m'enfermer dans la salle de bain à vie et de ne plus jamais en sortir. De ne plus jamais le revoir. J'ai fait des trucs trop gênants hier soir... J'avais jamais été comme ça de toute ma vie. Ça me fait encore bizarre, mon bas ventre réagit significativement et des papillons dévastent mon estomac.

Ça doit faire une bonne dizaine de minutes que je hurle dans mon oreiller et me gifle mentalement pour les choses faites hier soir. Je ferais mieux de descendre. Au moins histoire de... je sais pas moi... boire un coup. Au pire, s'il me demande si j'étais bourré ou qu'il fait des réflexions bah je fuis ! Oui, technique de lâche, je m'en fiche complètement... Je suis tellement mal à l'aise que c'est limite si j'ai pas envie de me barrer par la fenêtre.

Je finis par sortir du lit, il fait frais. Je frisonne instantanément et pars à la recherche de quelque chose à me mettre. Il est où mon sweat ? Je réfléchis à la soirée d'hier. Haaa... oui je me suis à moitié mis à poil dans le salon, ça peut expliquer que je ne retrouve pas toutes mes affaires ici... je regarde dans mon pantalon et attrape mon portable, j'y jette un coup d'œil. J'ai trois messages, tous de Mathéo :

« Hey ! Ça va avec Gabriel ? Si ça s'est mal passé, reste pas dans ton coin et hésite pas à revenir, ok ? Te sens pas mal à l'aise parce qu'il y a Simon, s'il te plaît. Reviens si ça se passe mal... Je veux pas te savoir à traîner dans la rue. »
« Au fait, si ça va pas t'inquiète je lui broie les couilles à ce... Je vais rien dire. Euheum, pense à me dire comment ça va entre vous, histoire que j'arrête de paniquer pour rien. »
« Je suppose qu'au final ça va si tu me réponds pas vu l'heure. T'as dû passer la nuit avec Gab. »

Je souris légèrement. On dirait tellement une maman poule, il est adorable. J'ai pas du tout pensé à regarder mon portable, disons que hier soir j'avais clairement autre chose à faire. La première partie on a presque fait l'amour. Haaa je rougis rien que d'y penser et la deuxième c'est presque parti en combat de boxe. Enfin, bon. Je m'éclaircis la voix et lui réponds :
« Désolé j'avais pas vu tes messages, j'étais assez occupé hier soir. Je suis encore chez Gab là. On a un peu parlé... On va mettre les choses au clair tout à l'heure je pense. J'ai peur pour être honnête. Bref ! J'espère que ta soirée avec Simon était sympa ! ^^ »

Je tente de ne pas trop l'inquiéter donc je lui parle pas des coups qui ont fusé et de notre partie de jambes en l'air. En bref je donne pas les détails et donne simplement les grandes lignes et encore.Moins j'en dis, mieux c'est. Surtout que je commence à avoir la boule au ventre, j'ai peur de le croiser. Qu'est-ce qu'il va se passer avec Gab ?

Je pose mon portable sur son bureau et me permets d'aller voir dans son armoire. J'attrape un gros pull en laine tout blanc, tout doux et qui sent bon. Je l'enfile et pars dans le salon. Je l'appelle, peu sûr de moi :

- Gabriel ?

Pas de réponse. Je fronce les sourcils et remarque que la télé est éteinte tout comme les lumières que j'allume. C'est bizarre... Je vais voir dans la cuisine, pas là non plus. Il était pas en haut non plus je crois bien... J'ai du le rater, il prenait peut-être sa douche. Je regarde dans le frigo en quête de quelque chose de frais à boire mais c'est le néant, il y a des ramens et de la viande avec une bouteille d'eau. C'est tout ? Je regarde dans les placards, c'est pas mieux : Un paquet de cookie fourrés au caramel, sans plus.

- On se croirait en temps de guerre...

C'est une blague ? J'en ai des frissons. Il mange au moins ? C'est vrai que hier soir j'ai pu remarquer que ses muscles étaient plus marqués que d'habitude mais je pensais simplement qu'il avait fait plus de sport pas qu'il mangeait à peine. Ça me fait mal au cœur. Du coup je ne prends rien à manger, déjà qu'il a rien... Je traverse le salon à la recherche de mon... ex ? C'est horrible de penser ça. Pourtant c'est la vérité. Je remonte à l'étage et regarde chaque pièce y compris la chambre de son frère. Il n'est nul part. C'est une blague ?

- Gabriel ?!

Mon cœur commence à s'emballer et une certaine appréhension monte lentement en moi. Je redescends à la vitesse de la lumière, presque au courant. Oh non... Me dites pas que...

- Non non non !

Il est passé où ?! Il est parti c'est ça ? Il fuit et... Oh mon dieu, je suis mort de trouille. J'ai peur qu'il soit parti faire une grosse connerie. Il est parti ce matin avant que je me réveille histoire que je tente pas de l'en dissuader parce que cette envie, cette pulsion le dominait trop et qu'il aurait pas été capable de la refouler. Je panique clairement. Je remonte en courant dans sa chambre, tombant à quelques reprises dans les escaliers. J'attrape mon portable, non, en fait je me jette dessus. Je l'appelle immédiatement.

- Réponds.... Réponds...

Je pourrais pas supporter qu'il ait ruiné sa vie et qu'il aille en taule ou pire encore, qu'il se fasse buter à son tour. Mon cœur me brûle horriblement et mon souffle s'emballe.

- Votre correspondant n'est pas...

Je raccroche et rappelle à nouveau sentant les larmes brûler mes yeux. Je cherche autour de moi un quelconque indice, une trace de ce qu'il aurait pu faire puis descends à nouveau en catastrophe dans le salon. Il manque effectivement son manteau et ses chaussures.

- Réponds...

Encore une fois ça ne répond pas. Les larmes roulent sur mes joues sans que je m'en rende compte. Ce n'est qu'à partir du moment où je sens  un liquide salé sur mes lèvres que je me rends compte que je suis en train de pleurer et de paniquer, de mourir de trouille. Je rappelle encore et attends, en vain, aucune réponse. Oh non non... Je peine à respirer et suis dans un état catastrophé. Je pleure à chaudes larmes et me fais péniblement de l'air pour calmer mon souffle, ce qui ne sert à rien. Je regarde dans la pièce encore et encore espérant qu'il apparaisse, comme par magie mais évidemment rien ne se produit.

- Abruti !!!

J'aurais du me réveiller de bonne heure ou ne pas dormir !!! Je me doutais que ce matin ça allait être compliqué, très dur même... Mais je pensais pas qu'il s'en irait comme ça. Je garde mon portable dans mes mains tremblantes et murmure son prénom inlassablement, le cerveau tournant à plein régime pour trouver une solution, savoir quoi faire. Je dois aller le rejoindre. Mais où ?! Je sais même pas où il est !

- Putain !!

J'ai mal à la tête, je me casse la tête, me torture l'esprit mais aucune solution judicieuse ne me vient en tête. Rien, le néant le plus complet. Comme si tout était déjà joué d'avance, que c'était perdu et que de toute manière, Gab m était déjà loin trop loin et perdu dans un méandre de sentiments négatifs qui le détruisent petit à petit. J'entends la porte s'ouvrir. Je me retourne violemment vers cette dernière et vois Gabriel entrer, des sacs dans les mains. Son regard croise le mien et il semble étonné, même choqué. Mes pleurs redoublent.

- Qu'est-ce qu...

Je lui bondis dessus et l'enlace aussi fort que je le peux. Je le serre dans mes petits bras en laissant me larmes rouler sur mes joues. Mon cœur se sent allégé. En réalité, actuellement ce ne sont pas des pleurs de tristesse mais des pleurs qui font retomber la pression. Des larmes d'un soulagement intense. Il reste figé, puis finalement laisse tomber les sacs par terre et me recule de lui par les épaules. Il me demande l'air sérieux :

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je n'arrive pas à répondre je le regarde simplement. J'admire son visage, j'en profite comme si c'était la dernière fois que je pouvais le faire. Ses yeux d'un profond marron glacé, ses cheveux blonds cendrés, encore. Son nez droit, ses lèvres pulpeuses que je sais sucrées et douces. Puis sa nuque, ses pommettes, ses épaules. Mon cœur n'arrive toujours pas à se calmer. Il me toise l'air inquiet et me fixe sous toutes les coutures possibles. Je me laisse faire, incapable de bouger.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu t'es fait mal ?! T'es blessé ? Qu'est-ce qu'il y a ?!

Je me dégage de son emprise pour nicher ma tête dans sa nuque et tenter de calmer les sanglots qui me gagnent. Une de ses mains glisse dans mes reins tandis que je murmure :

- Oh putain t'es revenu...
- Hein ? Bah oui que je suis revenu, aux dernières nouvelles cette baraque c'est chez moi.
- Je... je croyais que t'étais parti, que tu reviendrais pas. Que t'allais faire une grosse connerie.

Il soupire et me repousse l'air dédaigneux. Il me fiche une grosse pichenette qui me fait geindre puis il fait claquer sa langue contre son palais. Il s'abaisse, reprend les sacs et part dans la cuisine :

- Non mais je pars vingt minutes et c'est la troisième guerre mondiale, c'est une blague ou quoi ?

Quoi ?!! J'ai eu peur ! Je me suis réellement inquiété ! Avec lui on sait jamais ce qu'il lui passe par la tête. Parfois ça va super et d'autres fois tout vrille dans sa tête !

- Ça va, aller faire les course pour nourrir le gamin qui crèche chez moi c'est pas un crime.

Des courses ? Un gamin ? J'avance lentement vers la porte de la cuisine et reste dans l'encadrement. Il regarde en l'air, comme s'il était consterné. Je continue à pleurer en silence. J'ai eu trop peur d'un coup, j'arrive même plus à me calmer, ça craint. Je demande faiblement :

- Un gamin ? Tu héberges quelqu'un ?

Il se retourne vers moi et me regarde l'air un de dire ''Hein ?''. Il s'avance vers moi toujours avec cette expression de ''Qu'est-ce que tu racontes ?'' plantée sur le visage. Je plonge ma tête dans mes épaules. J'ai le droit à une nouvelle pichenette qui m'insensibilise le front. Je grimace et me retiens de hurler de frustration. Je hais quand il fait ça !!

- C'est toi le gamin, idiot.

Et il repart au centre de la cuisine pour ranger les courses. Moi... le gamin ? Tiens, ça faisait longtemps ça, les pichenettes aussi, sa façon de parler de même. On dirait l'ancien Gab, quand il commençait à s'intéresser à moi mais qu'il ne me le faisait pas comprendre de façon claire et précise. Ça fait trop bizarre, on dirait qu'on recommence à zéro...

- Non, je ne suis pas parti buter deux trois connards en cours de route, du calme. J'ai peut-être assassiné deux trois carottes en faisant tomber le sac par terre tout à l'heure, c'est tout...

J'ai un faible rictus mais n'arrive toujours pas à répondre. Les mots sont comme noués au fond de ma gorge. Je me méfie réellement de ce qui peut lui passer par la tête. J'ai vraiment eu peur que la conversation d'hier soir lui ai fait péter un câble en vrai. Je m'éclaircis la voix et parle faiblement :

- On sait jamais avec toi... T'es tellement imprévisible que j'ai cru que... je te reverrais plus.

Il aurait très bien pu se faire buter et je me serais jamais pardonné ça. J'étais là avec lui, quelques heures auparavant et j'aurais même pas été capable de l'empêcher de faire la plus grosse bêtise de sa vie. Celle qui aurait pu avoir raison de nous.

- Tsss je l'aurais pas fait alors que t'es chez moi, j'aurais trop peur que tu brûles la baraque ou que tu fasses des conneries... Même mort cette baraque est la mienne, y'a des choses importantes ici.

Je renifle et essuie d'un revers de mains mes larmes mais elles sont rapidement remplacées par de nouvelles. Là, je prends clairement conscience des choses. Tout ne tiens plus qu'à un fil, la moindre erreur et c'est la fin, autant pour lui que pour moi.

- Tu... t'aurais pu répondre à mes appels alors !

Il tourne la tête vers moi, étonné puis répond tout naturellement :

- Il est ici... Quelque part dans ma chambre étant donné que tu m'as pris au dépourvu hier soir je sais pas où je l'ai foutu, j'avais la flemme de le chercher. Il doit être dans nos fringues, par terre... ou je sais pas trop.

Je l'ai pas entendu sonner pourtant. Je me sens un peu bête mais en même temps comment j'aurais pu le savoir : merde après tout ! Le but d'un portable c'est de l'avoir sur soit quand on sort, au cas où, non ?!

- Je l'ai pas entendu sonné pourtant...
- Il est en mode vibreur. Je laisse rarement la sonnerie, de toute façon personne m'appelle. Sauf évidemment toi vu que tu paniques pour un rien à chaque fois.

Un rien ?! J'appelle pas ça un rien ! J'ai mes raisons d'avoir peur et je suis sûr que tout le monde aurait réagit comme moi...

- J'ai eu peur de te perdre ! T'es complètement dérangé en ce moment donc j'estime pas paniquer pour rien.

Mes sanglots bloquent ma voix et je suis obligé de m'arrêter de parler. Il tourne la tête vers moi. Je grimace et baisse la tête en séchant mes larmes alors qu'elles reviennent en force à chaque fois. Je veux pas le perdre... Il est mon tout. C'est tellement niais mais tellement vrai aussi. Sans lui j'y arrive pas, il est celui qui me redonne goût à la vie. Je sens une main dans mes cheveux. Je relève lentement la tête pour croiser le regard de Gabriel.

- Les placards étaient vides, t'aurais voulu manger des cailloux en guise de petit déj' ?

Évidemment que non. Je baisse encore la tête. Sentir sa main dans mes cheveux me fait tout bizarre. Mon bas ventre palpite. Ce genre de petit contact me manque horriblement. On est plus.. vraiment ensemble donc je sais que c'est plus comme avant, ça me fait quelque chose de particulier en moi. Je regarde son ventre et glisse lentement ma main fraîche sous son haut. Il ne réagit pas. Je sens bien ses muscles développés. Je me mords la lèvre et demande :

- Tu manges au moins ces derniers temps ?

Il caresse ma joue et rétorque :

- Et toi ? T'as le visage creusé...

Je reste muet, tout comme lui. Nous n'osons plus parler. Je laisse ma main passer sur ses abdos trop bien définis à mon goût. Je sais que c'est pas le résultat de la musculation mais plutôt celui de ne plus manger. Sa main sèche mes larmes, je relève finalement la tête et hausse les épaules.

- Faut que tu manges, t'as perdu du poids, je l'ai vu hier soir...

Je me tends et me sens pris de court. Mes yeux doublent de volume et la seule chose que je trouve à redire est :

- Toi aussi... je l'ai remarqué.
-
Pas spécialement, j'ai juste fait un peu de sport...

Menteur, je le sais. Je le sais pertinemment alors pourquoi il ment comme ça ? Comme d'habitude j'ai envie de dire. Il repart dans la cuisine et s'appuie contre le plan de travail en regardant par la fenêtre.

- J'ai regardé tes placards parce que j'avais faim et il y avait absolument rien.

Ah si, un paquet de cookie mais c'est pas ça qui va nourrir ce grand corps costaud qu'a Gabriel, c'est clair et net.

- C'est mal de fouiller, la dernière fois t'as pas suffit ?
- C'est toi qui me dit toujours de me servir...

Il reste muet, il se contredit tellement... Son regard rencontre le mien, il pointe le sac de course posé sur la table :

- Sers toi...

Je n'ose pas le faire du coup je reste immobile, contre le plan de travail moi aussi, à regarder également à travers la fenêtre. Je ne sais pas quoi lui dire... Je ne sais pas quoi faire, en fait j'ai peur et de parler et de bouger. Nos mains se frôlent ce qui me provoque une énorme décharge dans tout le corps.

- T'aurais au moins pu me laisser un mot.
-
Je pensais pas que tu te réveillerais, t'es une véritable marmotte... râle-t-il.

Pas tort j'ai envie de dire. Mais quand il est plus à mes côtés généralement je le sens et ça me réveille. Je regarde sa main, je la fixe, je meure d'envie de l'attraper mais ça me fait peur. On est plus ensemble, je sais pas si j'ai le droit pourtant cette envie me démange.

- T'as pas faim toi ?
- Sers toi si toi c'est le cas, attends pas que je le fasse à ta  place...

Je pince mes lèvres entre elles. J'aime pas me servir ça me met horriblement mal à l'aise. Mon ventre gargouille. Espèce de traître va !! Je plaque ma main dessus, comme si ça allait le faire taire, la bonne blague... Il a un rictus et passe sa main sur mon petit ventre. Je le regarde étonné.

- Tu viens de te faire trahir.
- J'ai pas faim...

Il soupire et regarde dans le sac, il en sort un pain au chocolat plutôt gros. Je me mordille la lèvre et baisse les yeux. Il me le tend.

- Boulangerie donc mange le, je me suis ruiné pour ça...

J'ai un rictus, ouais ici les viennoiseries ça coûte tellement cher. C'est dommage parce que c'est très bon. J'attrape le pain timidement et murmure :

- La bonne affaire, t'es riche monsieur.

Il hausse les épaules et en attrape un autre pour lui. Il se met directement à le manger. Je ne sais réellement pas quoi faire, à part manger je veux dire. C'est d'ailleurs ce que je fais. Je me sens rougir. Pourquoi je rougis ?! Pourquoi ? C'est pas logique ! Il pince doucement ma joue :

- Tu rougis...
- Même pas vrai...

Je lui tourne le dos et sors de la cuisine, je sais que je suis gêné ! Je le sais éperdument, je suis en train de rougir comme jamais et j'ai pas la moindre idée de pourquoi ça me fait ça. Comment c'est possible ? C'est stupide ! Je vais m'asseoir dans le canapé et me fais de l'air, je suis en train de bouillir ! Il s'assied à mes côtés et allume la télé. L'ambiance est tellement tendue...

- Merci pour le pain au chocolat...

C'est tout ce que je trouve à dire. Il ne me répond pas. L'ancien Gabriel est de retour. Ça fait tellement bizarre, c'est comme si tout ce qu'on avait accompli tous les deux n'était plus que poussière. Je le finis rapidement, lui l'a déjà dévoré. Je le regarde et il ancre à son tour son regard dans le mien. Il a un rictus.

- Quoi ?

Il amène sa main à ma lèvre inférieure et y retire une miette. Je rougis violemment. Cette chaleur au niveau de mes joues commence à me peser et pas qu'un peu. Je me mords la lèvre inférieure. Il me regarde d'un air farouche et murmure :

- Fais gaffe il nous manque une partie de jambes en l'air à terminer...
- Hein !?
mes yeux s'arrondissent.
- A ce que je sache on a pas fini hier soir. Donc fais gaffe à ton cul parce que vu que nous deux c'est... plus très stable je pourrais ne pas l'être non plus.

Sa phrase me calme et me fais arrêter immédiatement. Ça fait bizarre ce qu'il vient de dire. Je me repasse sa phrase en boucle dans ma tête. De longs frissons remontent lentement le long de mon corps. Brrrr il est sérieux ce gros pervers ? Il serait prêt à remettre ça alors qu'on est plus ensemble ?

- Tu voudrais remettre ça alors qu'on... est plus ensemble ?
- C'est toi qui a commencé. C'est toi qui a lancé les choses.

Balance t-il froidement. Ah oui, pas tort... Ça me met horriblement mal à l'aise mais je tente d'en faire abstraction. Au moins, il me charrie pas sur ce que j'ai fait. Ou du moins, pas encore. Parce que j'ai dit des choses tellement gênantes et fais des choses que jamais j'aurais cru faire. Oh mon dieu, je frôle déjà l'AVC... Il croise les bras contre son torse de demande de façon détachée :

- Alors c'est lequel qui m'a trahi ? Jin ou Jimin ? Que je sache lequel je dois aller frapper...

Je le regarde surpris par sa question et n'ose pas répondre. Euh... comment dire ? Les deux ahaha... Je reste muet, attisant sa curiosité et titillant ses nerfs. Je le vois, il semble impatient bien qu'il aie l'air calme. Il redemande clairement :

- Alors ?

Je préfère ne rien dire, j'ai pas envie qu'ils aient des problèmes. Surtout qu'en vrai Simon l'a d'abord dit à Mathéo. Puis Jin, et Simon ainsi que Mathéo l'ont brièvement évoqué puis finalement c'est Mat' qui m'a convaincu que c'était que du pipeau. Donc... c'est compliqué.

- Je suppose que c'est les deux vu que tu réponds pas...
- J'ai pas dit ça...
- Mais tu le penses tellement fort que je l'entends d'ici.

Il a l'air si calme, pourtant je sais très bien qu'au fond de lui il lutte intérieurement pour ne pas aller les buter, là, de suite. Je sais pas quoi dire. J'ai peur de les enfoncer...

- J'ai juste tout compris tout seul.
- Mais bien sûr...
- Dis tout de suite que je suis bête...

- Loin de là, simplement t'es particulièrement naïf.

Je pince mes lèvres entre elles. Je sais, je suis trop naïf et ça me pose pas mal de problèmes. Je m'enfonce un peu plus dans le canapé en regardant la télé. Enfin, j'ai juste les yeux braqués dessus,en vrai je n'écoute pas le moins du monde. J'ai d'autres chose à faire.

- Donc ce sont bien les deux... Je vois...

Je baisse la tête. Je dois dire un truc pour eux, dans leur intérêt,quelque chose qui va faire en sorte que Gab soit pas trop fâché quand même. Je réponds :

- Ils ont fait ça pour toi...
- Oh je vais les frapper, ça sera également dans leur intérêt que je ferais ça.

Je relève la tête vers lui, parfois il est réellement effrayant. Je fronce les sourcils et m'empresse de continuer :

- Tu croyais vraiment que tes potes allaient te laisser faire une connerie pareille ? T'as beau avoir l'impression d'être seul au monde ils tiennent à toi.

Il m'agace à croire qu'il est le seul martyr sur terre, que personne ne l'aime. Caliméro va ! Je rajoute doucement :

- Et ce sont pas le seuls...

Je tiens à lui comme à personne. Je serais capable de choses pas croyables pour lui. Mon amour est tellement puissant même si je suis encore blessé des quelque choses qu'il a osé dire. Ça me trotte toujours en tête et me reste un peu en travers de la gorge, je le sens.

- Je demande à personne de tenir à moi en fait, c'est ça que vous pigez pas.

Ça qu'on pige pas ? Pardon ? A cet instant mon sang ne fait qu'un tour. Il m'énerve ! Il me tape déjà sur le système, j'y crois pas... Je me tourne vers lui et l'agrippe par le col de son haut. Il tourne la tête vers moi. Je me mets à genoux et m'approche de lui fortement, collant presque mon visage au sien. Histoire qu'il voit un peu mieux la rage qui ronge mon regard.

- Sauf que tu tiens également à eux. Et c'est réciproque. Arrête de faire comme si t'étais insensible. On a tous compris que c'était pas le cas depuis longtemps. Moi aussi. T'as beau ne pas tenir autant à moi que je ne tiens à toi, c'est pas grave, je m'y fais...

Il semble choqué par ce que je viens de dire. Son regard change immédiatement et devient noir comme de l'anthracite. Ce qui me ferait presque peur si j'étais pas si énervé. Il m'attrape également par le col de mon pull en laine (Enfin le sien...) et se plaque à moi. Il me fait tomber à la renverse et me surplombe. Je le regarde avec étonnement et une légère peur aussi. Mon cœur s'affole.

- A quel moment est-ce que j'ai dit ça ?

Je perds immédiatement ma confiance. Le voir voir comme ça au-dessus de moi me fait tout bizarre. Il vient coller son front au mien, il plisse les yeux et me regarde intensément. Je suis incapable de deviner ce à quoi il pense. Mon souffle tremble un peu.

- De... quoi ?

Il me serre plus fort, m'étouffant presque. J'agrippe son poignet et me mets à trembler. Il reste muet comme s'il n'arrivait pas à répéter ce qu'il voulait dire. Il a un rictus :

- J'ai beau de pas dire aux gens explicitement que je tiens à eux ça veut pas dire pour autant que ce n'est pas le cas.

Il parle de moi ? Je fronce les sourcils et remonte lentement ma main le long de son bras pour l'amener à sa nuque puis à sa joue. Je tremble comme une feuille ! En vrai, le fait de le toucher me fait peur, je crains la réaction qu'il pourrait avoir.

- Je le sais Gab, même si parfois j'ai des doutes...

Il ne m'a jamais dit clairement qu'il m'aimait ou bien tenait à moi donc par moment je doute, ça me fait un manque. J'aimerais entendre un ''je t'aime'' passer la barrière de ses lèvres. Son regard s'attendrit et il pose lentement son front contre le mien. Ce contact m'électrise, je ferme les yeux un bref instant pour apprécier à fond ce petit moment de tendresse dont je raffole mais que je ne peux plus réellement avoir. Nos regards se confrontent et nos lèvres se taquinent mais aucun de nous deux ne rompt se voile nous séparant. Comme si nous avions tous les deux peur de ce que va engendrer. J'aimerais briser ce petit espace entre nos bouches mais je n'ose pas et lui non plus.

- Je doute de moi alors comment tu pourrais ne pas douter de toi ?

Je reste muet, sentir ses lèvres bouger à seulement quelques millimètres des miennes ça me fait tout bizarre dans le bas ventre, ce dernier se contorsionne inlassablement.

- Je t'aime, c'est suffisant pour dépasser ce doute là...

Il semble surpris et ses yeux doublent de volume. Je rougis, me sentant clairement mal à l'aise. Le dire... Juste ces trois petits mots,c'est toujours aussi dur et stressant de les dire. Il louche sur mes lèvres, je fais de même sur les siennes. J'aimerais l'embrasser, pour lui prouver à quel point je suis amoureux de lui. Ses croissants de chair taquinent les miens encore et toujours. Ça réveille en moi tout l'amour que j'ai à son égard.

- Ne prends pas ce dicton au pied de la lettre.
- Lequel ?
- ''L'amour rend aveugle''... L'amour doit pas passer au-dessus des crasses que te font.. ceux que t'aimes.

- Tu parles de toi ?

Il enroule ses doigts dans mes mèches de cheveux. Des papillons me perturbent au niveau de l'estomac. Je le détaille. Une sorte de tristesse se ressent au travers de son regard et je suis sûr que c'est pareil pour moi. Il me manque... Tellement. Mais j'ai peur. Il se redresse sur moi en laissant sa main glisser sur ma joue. Puis il se rassied. Ça me fait comme un manque. Je passe mes doigts sur mes lèvres et regarde le plafond, sans oser bouger d'un millimètre.

- J'ai toujours été mauvais, je le suis encore et le resterai...

Sa phrase me fait mal au cœur. Je sais que c'est pas le cas. Il est pas vraiment mauvais. Il est simplement... maladroit. Il cherche à faire le bien mais il s'y prend pas forcément bien. Mais dans le fond il a un cœur énorme, et je le sais pertinemment. Je murmure :

- Je sais que c'est faux. Tu te voiles la face pour mieux partir loin de tout le monde. Comme si t'avais déjà abandonné et que tu voulais juste... disparaître.

Ce qui me rend triste. Je sens les larmes piquer mes yeux. Je lui mets un coup de pied au niveau des côtes, comme si je me vengeais de me faire autant de mal indirectement.

- Ah ! Non mais ça va pas ?!
-Non, ça va pas non !

Pourquoi j'ai crié ? Je déglutis difficilement renifle. J'ai envie de fondre en larmes. J'aimerais le faire réagir, lui dire des choses qui vont le convaincre de se calmer, de faire partir cette rancœur qui me détruit mais je sais pas comment faire. Il me frappe dans la jambe mais pas méchamment tandis que je continue à le taper avec mes pieds, dans les cuisses, les côtes...

- Mais arrête putain !! Tu me fais mal !

Et tu crois que moi j'ai pas mal ?! Mon cœur me brûle !!!

- Hey ! Arrête ! Yoongi, arrête !!

Sa voix grave me fait me tendre. Il s'assied sur mes cuisses pour m'empêcher de bouger et me regarde l'air perdu. Comme s'il ne comprenait pas. Je sèche mes larmes, j'ai pas envie qu'il me voit encore pleurer. Il plisse le nez et soupire :

- T'arrêtes de pleurer un peu ?
- Je pleure pas, j'ai baillé.
- Crédibilité bonjour...

Je croise les bras contre mon torse et fixe le canapé, comme si ça allait m'apporter la science infuse ou je ne sais pas trop quoi du même genre. Je me sens lessivé, perdu complètement inutile.Incapable de l'aider ou de faire quoi que ce soit qui puisse l'aider.

- Si tu sais que j'ai abandonné pourquoi t'es encore là ? Laisse moi dans ma merde.

Il regarde face à lui, sans me prêter attention. J'ai tellement la rage contre lui quand il parle comme ça. J'ai beau lui répéter quinze fois que je 'aime on dirait qu'il s'en fout ou que ça lui rentre dans une oreille pour lui sortir immédiatement par l'autre.Je me redresse et tape dans son torse.Son regard noir me surprend :

- Si tu continues à me frapper je te...
- Ta gueule. Tu me casses les couilles.
- Pardon ? »

Il semble choqué et très agacé par mon comportement. Son poing tremble. Je lui mets un nouveau coup.

- Mais putain arrête !!
- Non ! Tu vas t'entraver dans la tête que je peux pas t'abandonner ?! Si quelqu'un que t'aimait était autant dans la merde que toi tu l'es, tu le laisserais faire et partirait sans rien dire ou faire ?

Il me regarde et son regard s'adoucit. Je soutiens difficilement ce dernier. Je respire fort et vite. Mon cœur bat le tocsin, comme si ce que je venais de dire m'avait requis une force inimaginable. Il se laisse tomber en arrière, contre le dossier du canapé et continue à me regarder.

- Non...

Sa réponse me calme. Au moins il l'avoue, il était temps. Je me penche sur le côté pour m'appuyer contre le canapé moi aussi et continue à le regarder. Je meure d'envie d'attraper ses mains, de les tenir fort dans les miennes, de me coller à lui, de l'enlacer de toutes mes forces et de plaquer mes lèvres contre les siennes pour lui faire comprendre qu'il me manque comme jamais.

- Je peux pas partir...

Je caresse son bras timidement mais me ravise assez rapidement parce que ça me fait peur de le toucher. Il me regarde et soupire :

- T'es chiant gamin...
- Comme si tu l'étais pas.

Il a un rictus et reste muet. Mon cœur me pique encore. Il est si proche et si loin à la fois, ça fait mal. On est dans une sorte d'entre deux. On est plus ensembles mais on s'aime tellement... Je tente d'attraper sa main mais me retiens. Il fixe nos mains et attrape mon petit doigt dans le sien. Mon cœur explose et j'avoue :

- J'ai l'impression que... tu te fous du fait que j'ai des sentiments pour toi. Tu le refoules. J'ai beau te le répéter on dirait que ça te fait rien.

Il colle son front au mien ce qui me surprend. Ce genre de moment est à la fois si simple et chaste mais si intime à la fois pour nous. Je n'ose pas soutenir son regard.

- J'ai jamais dit ça...
- Mais c'est ce que tu me fais ressentir...

Le silence règne entre nous. J'ai peur de continuer ma phrase et lui ne semble pas savoir quoi dire. C'est horrible comme moment... Le bruit du silence est lourd à soutenir et dur à supporter.

- J'aimerais te tenir loin de moi, te faire partir et t'oublier mais même si j'essaie de le faire tu hantes mes pensées. Tu fais chier.

Je serre fort son doigt dans le mien et remonte les yeux pour rencontrer son regard. Je le veux, comme jamais. Il me manque au point de m'en faire souffrir. Je l'enlace lentement et timidement. Il se laisse faire et une de ses mains remonte pour caresser mes cheveux tout doux.

- Tu me manques...

Il me serre plus fort contre lui, comme si c'était ça sa réponse. Ça me réchauffe le cœur. Je loge mon visage dans sa nuque et le presse contre moi lentement. C'est comme s'il y avait un mur entre nos cœur qui nous empêchait de clairement nous retrouver l'un l'autre, c'est pénible et douloureux.

On reste comme ça durant de longues secondes. J'ai plus envie de me détacher de lui même si je sais qu'il faut qu'on parle, c'est urgent et vital. Je me recule à contre cœur de lui et soutiens son regard si intense. Il colle son front au mien et dépose ses lèvres entre les miennes et mon nez. Une sorte de baiser factice, comme s'il craignait ma réaction. Je plaque mes mains sur ses joues et murmure :

- On peut parler Gab ? Sérieusement ?
- Mmh...

Il se recule de moi en prenant soin de laisser ses lèvres glisser sur les miennes. Mon cœur s'affole et il semble exploser dans ma poitrine. Ce contact suffit à me mettre du baume au cœur. Il se relève pour me permettre de retirer mes jambes, c'est vrai qu'il était un peu lourd... Je replie mes jambes contre mes torse et demande peu sûr de moi :

- Gab, tu...

Finalement les mots se bloquent et je n'arrive pas à poser cette question qui me brûle tant les lèvres. Je me ravise et attends simplement.

- Je ?
- Pourrais me raconter... ce qu'il s'est vraiment passé avec ton frère ?

C'est bon, je l'ai fait ! Je lui ai enfin demandé !! Mon cœur bat la chamade et je me sens patraque. Je relève timidement la tête pour le regarder. Il fixe ses genoux et semble hésiter :

- Tu veux savoir ?

Je fais faiblement oui de la tête. Je pense qu'il est temps que je sache ce qu'il s'est réellement passé. En retour je serais prêt à lui parler de mon père. Il est grand temps que chacun brise les défenses de l'autre, qu'on se livre sans retenu.

- S'il te plaît.
- Il est peut-être temps que je t'en parle ouais...

Je tends la main vers la sienne mais me retiens. C'est lui qui me l'attrape et entrelace nos doigts comme si nous étions plus soudé maintenant qu'avant. Mon cœur se comprime déjà.

- Par où commencer ?

Il semble se parler à lui même. Il regarde en l'air et on dirait que je n'existe même plus. Je serre fortement sa main pour le ramener parmi nous. Il me regarde à nouveau.

- Ça sert pas à grand chose de reprendre dès les débuts, tu connais déjà une partie...

Je fais oui de la tête. Je sais que ça va être dur pour lui et que ça va lui demander un courage énorme pour pouvoir me parler de ça. Je le sais éperdument. Et ça va être dur à écouter aussi... J'appréhende, ça fait tellement longtemps que j'attends qu'il m'en parle qu'arrivé le moment fatidique, j'ai peur.

- En fait, mon frère a eut du mal quand il s'est fait virer de la maison.

J'en ai déjà des frissons...

- Ça a pas été facile, j'avais beau l'aider de temps à autre pareil pour son copain mais les trois quart du temps il était dehors. Dans la rue ou il arrivait à squatter des terrains publics histoire de pas être totalement la rue. Le problème c'est qu'il était fragile,déjà émotionnellement et puis il avait besoin d'un soutient qu'on pouvait pas lui apporter ni moi, ni son copain. Il était plus bas que terre. Il s'est enfermé dans la drogue du coup. Un peu au début puis un peu plus après.

Il instaure une pause. C'est dur, je le sais. Je caresse sa main de la mienne qui est libre et dévie le regard de lui. Je veux pas trop le mettre mal à l'aise. C'est déjà assez dur comme ça, j'ai pas besoin d'en rajouter. J'ai peur de la suite. Je suis même effrayé pour être honnête...

- Il a eu plusieurs dealer, et il se débrouillait toujours pour se fournir. C'était son échappatoire, ça l'a fait tenir assez  longtemps. On a essayé de le sortir de là mais c'était peine perdue. Il était presque dépendant... Sauf qu'à un moment c'est devenu pire, il a rencontré un nouveau dealer.

Mon cœur bat de plus en plus lourdement, pire que lors d'un film d'horreur et empli de suspens. J'ai l'impression que je vais pas tenir.

- Il avait un gang et rapidement mon frère l'a rejoint. Il s'est renfermé encore plus dans la drogue, dans des drogues plus fortes,plus dures et des doses toujours plus intenses. J'ai pas fait grand chose au début, Léo non plus. Ils l'aidaient à se loger, il était au chaud et il était pas seul. Au moins ça pouvait l'aider à tenir, on s'est dit ça du coup on a laissé couler. Sauf que les choses ont commencé à déraper. Ce gang était pas si clean que ça.Ils avaient vraiment pas l'air mauvais en apparence, c'est ce que croyait mon frère et au final j'ai fini par le croire aussi. Tous les gangs sont pas tous mauvais...

La tension monte de plus en plus. La retombé risque de faire mal, très mal. Je plains son frère, il a vraiment pas eut de chance, c'est tellement triste pour lui. C'est également triste pour Gab et son copain qui ont du supporter ça et le regarder sans rien pouvoir faire.

- Ils sont commencé à eum.... intensifier les choses on va dire. Ils ont fait voler mon frère, l'ont convaincu de faire des choses avec eux. Deux trois voles ça passait. Mais c'est rapidement devenu plus malsain. Le groupe était violent, vraiment mesquin. Mon frère arrivait plus trop à payer les doses qu'ils lui passaient du coup il héritait du sale boulot mais ça passait, c'était morale. Des vols aux riches, ça allait pas leur manquer. Je me suis dit la même que lui. C'était rien de grave. Sauf à partir du moment où ce gang de connard s'est plongé dans le viol, la violence et encore pire. »

Je fronce les sourcils et pince mes lèvres entre elles. Me dites pas que sont frère a du se plonger dans des trucs comme ça ? J'en ai des sueurs froides. Ça fait bizarre de voir Gab aussi rigide dans sa façon de parler, il ne flanche pas et continue simplement son récit :

- A ce moment mon frère a voulu partir du gang mais ils le tenaient pas les couilles, il pouvait rien faire. Il a donc lentement commencé à s'éloigner et à accepter mon aide et celle de Léo avec qui il passait enfin plus de temps. Mon frère allait mieux, la drogue était devenue rapidement obsolète. Faut dire qu'on a été radicale avec lui... »

Il continue mais je l'arrête. Je serre sa main et le regarde inquiet :

- C'est-à-dire ?

Je suis pas sûr que poser des questions soient une bonne idée et en réalité je m'en veux déjà.

- Tu sais ce qu'on fait aux gens drogués qu'on veut aider mais qu'on veut pas envoyer en cure de désintox ?

Je fais non de la tête. Il me regarde sérieusement et balance naturellement :

- On les enferme dans une pièce, on les attache et on les regarde lutter contre le manque, on les force à se nourrir comme on peut et on renouvelle ça quelques fois jusqu'à ce que la personne souffre plus de ce manque et s'y habitue.

Je fronce les sourcils et sens les larmes piquer mes yeux. Mon cœur me brûle horriblement. Je me mords les lèvres et demande d'une voix tremblante :

- C'est ce que vous avez fait ?

J'ai peur de sa réponse. Savoir que Gab peut-être aussi radicale et qu'il peut faire des choses comme ça m'effraie un peu, je dois l'avouer. Et surtout ça doit être si pénible de faire ça à une personne qu'on aime autant.

- Ouais. On a pas eut le choix.

Je me retiens de pleurer du mieux que je peux. Il soupire et passe ses doigts sous mes yeux. Il sait que je suis sensible. Ça me fait mal au cœur. Je plaque plus fort mes genoux contre ma poitrine et fixe nos mains liées.

- Je continue ?

Je ne réponds pas. Encore choqué, perturbé et troublé. Je suis pas sûr d'arriver à tout supporter mais je peux pas lui dire d'arrêter. Il fait un effort surhumain pour m'en parler donc je dois le supporter :

- Mmh...

Même si c'est dur, ça l'est encore plus pour lui donc fais un effort Yoongi.

- Le gang dans lequel il était l'empêchait de partir. Il arrivait à ne plus prendre de drogue mais il était obligé de se fondre dans le gang le temps de trouver une solution pour se barrer. Il a tenté de partir mais disons que la violence permet facilement aux personnes de s'y résoudre tu vois..
- Il s'est pris des coups...
- Ouais, assez pour le calmer et qu'il reste calmement dans le gang. Du coup, ils ont voulu le tester entre autre... Le gang avait eu un problème avec un toxico qu'ils fournissaient en drogue. Le mec payait plus mais venait quand même. Ça s'est pas trop bien passé. Ils ont demandé tout simplement à mon frère de le buter pour prouver sa ''loyauté''.

J'ouvre grand les yeux. Mais dans quelle histoire il s'était embarqué !?Je suis totalement choqué. Je pensais pas que c'était à ce point. Je croyais que c'était je sais pas moi... le froid qui aura eut raison de lui en plein hiver. Ou une connerie du style. J'avais pas imaginé ça. Même si dans le fond je savais que c'était pas du joli. Je regarde Gabriel avec crainte et peur. Il dévie le regard et a un rictus :

- Finalement c'est pas la bonne personne qui s'est fait buter.
Ils ont laissé le type après l'avoir dépouillé mais c'est mon frère qui y est passé. Ils a clairement refusé de le faire. Ils l'ont passé à tabac en comprenant que c'était finit pour lui. Il voulait partir sauf que s'il le faisait il aurait pu tout balancer aux flics et ils auraient fini en taule. Pour pas courir le risque ils l'ont passé à tabac et l'ont laissé à demi mort dans une ruelle. »

Et du coup la fin ? Il a agonisé tout seul comme... je plonge ma tête dans mes genoux pour pleurer en silence. Ça doit le briser d'en parler et c'est moi qui pleure, c'est une blague ?! Mon cœur me fait si mal !

- Il m'a appelé. Sauf que j'ai pas répondu, donc j'ai juste eu un message vocal de sa part. J'étais occupé, donc j'ai pas fait attention à son appel. Il m'a laissé un message. Il a pas pu supporter les coups et finalement disons que le message s'est coupé brutalement avant que je comprenne qu'il préférait pas que je l'entende plus... Je l'ai retrouvé quelques heures plus tard, dans cette ruelle dans un état pitoyable. J'ai failli ne pas le reconnaître au début j'ai cru que c'était un mec lambda sauf que le portable c'était le sien à ses côtés. En gros il a agonisé longtemps avant que je daigne bouger mon cul parce que j'étais trop occupé à de la merde en vrai... J'ai toujours son message... »

J'étouffe,mes sanglots me font mal, très mal. Alors que lui, il ne pleure pas, il reste fidèle à lui même, à jouer l'insensible. Il est solide comme un roc et refuse de me montrer qu'il est dévasté. Moi je suis ravagé, triste au summum et choqué. Je pensais pas ça. J'avais pas imaginé une version si horrible... Gab doit tellement s'en vouloir,pourtant c'est pas de sa faute. Je sens une main dans mon dos. Je tente de me calmer mais c'est dur. Il me fait relever la tête.

- Arrête de pleurer s'il te plaît...

Je sèche violemment mes larmes et ferme fort les yeux pour en empêcher d'autres de revenir. Il passe ses mains sur mes joues. J'ai l'impression qu'un truc en moi vient de se briser. Je rouvre les yeux et le regarde.

- Tu veux écouter le message ?

Je le regarde avec des yeux ronds. Je me recule comme si j'avais peur, que j'étais effaré comme jamais. Mes lèvres tremblent et les mots se mêlent et se mélangent, ce qui forme un brouhaha incompréhensible.

- Je... suis pas sûr de vouloir.

C'est tout ce que j'arrive à articuler. Je serre fortement sa main dans la mienne :

- Je veux pas te rendre trop triste et te...
- Je l'ai déjà écoute cent fois ce message tu sais...
- Je pense pas le supporter.

Il sourit faiblement et m'ébouriffe les cheveux, comme un grand frère protecteur. Je murmure :

- Je peux pas... J'ai trop de trucs en tête.

Il reste muet. Si moi je suis dans cet état alors lui qu'est-ce que c'est ? J'ai l'impression qu'on vient de m'assener un coup de marteau en pleine tête. Je suis dévasté... Je regarde Gabriel. Il semble ailleurs et ses yeux brillent. Cette vision me fait trop mal au cœur. Je rampe jusqu'à lui et me blottis dans ses bras.

- Je suis désolé...

- T'as pas à l'être
- Je sais que te dissuader de te venger dans le fond c'est mal, t'as le droit de vouloir les buter, moi aussi dans le fond je me dit que ça serait bien. Mais d'un autre côté, tu peux pas ruiner ta vie pour des connards alors que de toute manière ça le ramènera pas. Moi aussi j'aimerais les faire payer mais... pas comme tu l'entends. »

Comment il pourrait ne pas avoir envie de les buter et de se venger ? Ça serait simplement inhumain de ne rien ressentir de ne pas pas vouloir les faire payer. Mais s'il fait ça, il va se détruire pour des personnes infectes.

- Faut pas taper dans la merde, ça éclabousse. »

Il renifle et a un faible rire troublé par sa tristesse.

- T'es sérieux ?

Au moins ça le fait un peu sourire. Et puis, c'est vrai. Je peux pas le laisser se mourir petit à petit pour ça ou du moins pas de cette manière là.

- Tsss, petit fragile.

Je sais, j'abuse, je pleure encore plus que lui alors que je le connaissais pas, mais cette histoire est tellement dure à entendre. Ça pourrait briser le cœur de l'être le plus insensible. Ce qui me fait mal aussi c'est de savoir qu'il a gardé le message. Je demande timidement :

- Léo a déjà écouté son message ?
- Non, j'ai préféré éviter. Il m'a dit de lui faire passer quelques mots, ce que j'ai fait mais j'ai dit que le message s'était supprimé... Il allait le demander en mariage dans les jours à venir et il l'aurait sorti du gang, il avait plus ou moins prévu le coche. Mais ça s'est pas passé comme prévu. »

Ça c'est le cas de le dire. Mes larmes ne roulent plus sur mes joues. Je reste contre lui, à moitié allongé dans le canapé à fixer un point invisible. Sa chaleur me berce. Il frotte mon dos.

- Gab... On peut les dénoncer à la police et les faire tomber pour tout ce qu'ils ont fait. Ils plongeraient pour très longtemps...
- Ça sert à rien. Je peux pas me pointer au commissariat, j'ai aucune preuve de ce que je t'ai raconté.
- Comment tu sais que c'est eux alors ?

- De façon pas très légale...

Donc on peut effectivement pas s'en servir. Génial, c'était la seule solution que j'avais. Je m'accroche à lui comme jamais. Je veux plus jamais me séparer de ce mec. Il est ma vie. C'est horriblement niais. Raaa plus je passe du temps avec lui plus je suis niais, ça craint.

- Je ne me suis toujours pas transformé en maman koala tu sais...

J'ai un rictus et le sers plus fort. Je me fous de ce qu'il me dit. La pression de ces derniers temps commence à retomber. L'ambiance est tendue et ce que j'ai appris m'a retourné l'estomac mais... On fait comme on peut.

- Je m'en veux...
- De ?
- Mon frère... Ça me tue.

Je fronce les sourcils et me recule, je colle mon front au sien, pour lui témoigner de l'amour que je lui porte. J'inspire un grand coup et le regarde droit dans les yeux.

- C'est pas de ta faute, t'as fait tout ce que tu pouvais et il les avait... Il t'aurait pas appelé sinon. Je pense pas qu'il l'aie fait dans l'espoir que tu viennes le sauver, il savait très bien que... il le savait, il voulait juste te parler une dernière fois, il voulait au moins te dire au revoir à toi.
-Sauf que j'ai pas répondu.
-Et tu peux pas t'en vouloir, t'as pas répondu mais honnêtement ? Je pense que c'était le mieux pour lui et pour toi. Tu l'aurais encore moins bien supporté sinon.

Il ne répond pas. Il a l'air d'avoir envie de pleurer, je vois ses yeux s'embuer petit à petit tandis qu'il déglutit bruyamment. Il enroule ses bras autour de ma taille et baisse lentement la tête. Je caresse sa joue jusqu'à ce que je sente que ma main est mouillée...

- Tu peux pas t'en vouloir. T'as jamais été mauvais, t'as été son soutien.

Tout le long et jusqu'au bout. C'est pénible. Ce moment où il craque fait mal. Il est dur à voir... Ses bras m'encerclent puissamment. Je dépose mes lèvres sur son front un peu comme si je voulais le protéger. J'espère que ce petit contact arrive un peu à atténuer cette douleur qu'il ressent. Cette vérité, cette révélation est si affligeante. Il glisse sa main dans ma nuque.

- Et je suis censé vivre en laissant tout passer ?

Sa voix brisée me fait mal. Je garde les lèvre scellées contre son front en séchant ses larmes, jusqu'à ce qu'il relève la tête et que nos lèvres se frôlent.

- C'est pas laisser passer Gab. C'est juste te reconstruire. Ils plongeront tôt ou tard crois moi. Et tu seras là pour le voir. Et c'est ça qui te feras du bien.

Je suis pas sûr que mes mots soient les plus justes mais en tout cas j'essaie réellement de le sauver de cet enfer qui le tourmente. Je veux réellement le sortir de ça. Il s'allonge et susurre :

- Je sais plus quoi faire...

Il doute, c'est bien, je lui mets le doute dans son esprit. Il commence de plus en plus à vaciller, ça veut dire que j'ai de fortes chances pour qu'il ne fasse pas de trop grosses conneries. En tout cas, je l'espère de tout mon cœur. Je le regarde et caresse tendrement son ventre, sa main vient taquiner la mienne sans pour autant qu'on ne les lie.

- La réponse te viendra tout naturellement. Mais tu sais très bien au fond de toi que si tu fais cette connerie tu seras pas totalement heureux.

Le silence. Ce qui me témoigne que j'ai mis le doigt sur quelque chose sensible qui semble le toucher bien plus qu'il ne veut le faire croire. Finalement j'ai peut-être une chance de le sauver et de nous sauver. Je sais pas trop pour nous. Il tend la main vers moi, sa main qui touche ma joue me surprend :

- Tu comptes me parler de ton père ?

Je reste de marbre, le cœur battant plus vite et plus fort au fil des secondes qui défilent. Mon père ? Je pense que oui je suis prêt...

- Si tu le veux... Je me sens prêt je pense.

Il se redresse et semble attendre que je commence. C'est loin d'être aussi horrible que lui, même si ça m'a traumatisé à vie. Je garderai cette séquelle émotionnelle pour longtemps, très très longtemps, à jamais en fait.

- J'irai droit au but alors.

Ça sera moins pénible comme ça. Il fait oui de la tête et semble curieux de savoir ce qu'ils nous ait arrivé. J'aime pas en parler.Je ne supporte pas ça, j'ai l'impression que mon cœur se brise à chaque fois. Rien que d'y repenser ça me détruit. Mais pour lui, je suis prêt à faire un effort. Il entrelace nos doigts comme une évidence et attend sans bruit. Je m'éclaircis la voix et commence :

- On était en voiture tous les deux... C'était la nuit, ma mère était de service à l'hôpital et on revenait de la patinoire, on était pas resté en ville parce qu'il aimait pas la patinoire ici, on allait dans une petite ville pas trop loin. L'hiver on adorait ça. J'en faisais tout le temps, mon père était un ancien patineur artistique du coup il adorait patiner et je dois avouer qu'il a réussi à me transmettre sa passion.

Je souris faiblement et laisse ma tête tomber contre son torse. Ça sera plus facile de parler si j'ai pas son visage face à moi. Je serre plus fort sa main.

- En fait... il neigeait pas mal. On va dire qu'une tempête de neige a surgi brusquement. Et...

Je m'éclaircis la voix et inspire profondément pour me calmer. Je suis très sensible, repenser à ces choses est pénible pour moi.

- Vous avez eu un accident...

Je fais faiblement oui de la tête.J'agrippe ses doigts comme si ma vie en dépendait :

- C'était pas de notre faute. Une voiture a raté le virage elle était en sens inverse et nous a empalé de plein fouet, la rambarde de sécurité a pas trop tenu à cause du gel et dégel, du coup on a pas mal dévalé le long du flanc de la montagne.

Je me rappelle encore du choc que j'ai eu. Ça tournait de partout. J'avais la tête complètement en compote, je comprenais pas. Tout ce que je me rappelle c'est d'avoir eu mal et d'avoir gémi tandis que mes sens m'abandonnaient et mon esprit semblait perdu.

- Quand tout s'est stabilisé, je comprenais pas trop. Jusqu'à ce que je remarque la marré sang devant moi. J'étais couvert de sang,complètement, de partout.

Je tremble fortement. Y repenser ravive une violente crise panique.

- C'est bon, passe ce moment, j'ai compris...

Je mets un long temps avant de me remettre de mes émotions.

- Mon père... Il s'est pris un tronc, le truc improbable. Un bon tronc ou une grosse branche je sais pas trop. En même temps quand on dévale le flanc de la montagne... Et en fait ça l'empêchait de bouger, le truc le transperçait et c'est de la que venait tout le sang... Et petit à petit j'ai vu ses forces partir.

Le tronc l'empalait carrément, je croyais qu'on pouvait voire ça que dans les séries du style Grey's anatomy, pas du tout en fait. C'est que quand ce genre de chose nous arrive qu'on comprend que ce ne sont pas que les autres qui peuvent vivre des choses horribles.

- Je m'en suis sorti, je me demande comment c'est possible. Je suis resté... genre deux semaines à l'hôpital. J'ai été pas mal blessé, pourtant rien d'extrême, c'est pas croyable. Il y aie passé alors que moi j'ai juste eu un bras et un genoux cassés et un léger traumatisme, rien d'alarmant.
- Je comprends ta peur du sang...

Je m'en veux d'être resté sans rien faire mais je ne pouvais rien faire, il me parlait, me disait que ça allait aller, qu'il m'aimait et qu'il aimait ma mère mais... au final ça s'est pas bien passé. J'arrivais pas à bouger et je ne pouvais pas le faire de toute manière. J'aurais même pas pu sortir de la voiture. Au moindre mouvement on aurait pu continuer à tout dévaler.

- Mon père m'a empêché de faire quoi que ce soit...
- Pourquoi ?
- Parce que la voiture tenait en équilibre à cause d'un arbre, donc je l'ai regardé partir petit à petit...

- Et t'as fait ce qu'il fallait, t'as pas à t'en vouloir tu sais.. »

Mais parfois c'est plus fort que moi. J'aurais voulu l'aider et ne pas le perdre comme ça. On croit toujours que ce genre de choses n'arrivent qu'aux autres jusqu'au jours où elles nous arrivent à nous et là, tout bascule. A jamais... Je reste contre Gab, comme s'il était capable de panser mes blessures internes sans même le savoir.

- T'es quelqu'un de courageux et de tenace...

Moi ? S'il le dit... Je me recule en souriant faiblement. Je veux plus pleurer, ça me saoule. J'ai mal au crane à force.. Il joue avec mes doigts et laisse passer :

- C'est pas croyable, deux poissards de la vie...

Carrément. On s'est bien trouvé ou pas. On est tous les deux très fragile sentimentalement même s'il ne le montre pas et qu'il fait tout pour faire croire l'inverse. Et psychologiquement on s'en est pas totalement remis même si moi je vis avec mieux que lui.

- On s'est bien trouvé...

Il a un rictus et continue à jouer avec mes doigts. Mon cœur est tout patraque. Je me laisse tomber sur le côté, du côté du dossier du canapé et regarde mon âme sœur qui s'est trouvé un intérêt imperturbable pour mes petits doigts.

- Gab, on s'est trouvé mais... est-ce qu'on va se garder près de l'autre ?

C'est bizarre comme phrase, pourquoi j'ai dit ça ? Il remonte lentement ses yeux vers moi et m'avoue en posant son front contre le mien :

- Aucune idée... J'ai besoin de temps. De réfléchir pour te faire le moins de mal possible. Je suis instable...

Je vois. On est toujours pas ensembles, ça fait tellement bizarre... Je laisse mes croissants de chair se faire taquiner par les siens et son souffle calme et chaud. J'entrelace nos doigts.

- Et donc, il se passe quoi ?
-
Je sais pas, prononce-t-il en haussant les épaules.

Je papillonne des yeux. Il me manque, j'ai besoin de lui, il est le seul qui me fait sentir si vivant, quand il est plus là j'ai l'impression de mourir de l'intérieur. Je veux l'embrasser mais j'ai peur. Du coup je pose mes lèvres sur sa joue. Me retenant de pleurer. Je veux pas que ça se termine entre nous, ça serait trop douloureux pour moi. Il tourne la tête et mes lèvres glissent sur sa joue pour retrouver les siennes à sa demande. Un long baiser calme, chaste et qui fait du bien. Mon cœur vrille totalement :

- Mais sache que... je veux pas te perdre.

Cette phrase m'achève et suffit à me rassurer. Il va lutter, il va le faire pour nous. J'ai juste besoin d'être là, de le soutenir. Je l'embrasse plus fort, toujours chastement, nos lèvres ne bougent même pas.

- Je vais me battre pour toi...

Il sourit et glisse sa main dans la mienne pour lier nos mains, comme si ces dernières reflétaient notre amour et notre lien : on est uni et nous aimons puissamment.


*********************

Et voici enfin la vérité sur le frère de Gab et le père de Yoon. Surpris ? Déçu ? Je me demande ce que vous pensez de ces révélations !

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