L'ombre dans l'obscurité

Je m'appelle Yoongi, on m'appelle plus souvent Yoon en réalité. Je suis d'origine sud-coréenne et j'ai grandi en France depuis ma plus tendre enfance. Bien que j'ai réussi à échapper aux diktats des enseignements coréens je n'ai pas pu pour autant échapper au port de l'uniforme dans mon lycée, ce dernier étant privé, l'uniforme est de rigueur et ça n'est pas totalement pour me déplaire car la mode et moi on est pas ami. Pour reprendre sur ma petite vie insignifiante, j'ai dix-sept ans et je partage ma vie avec mes états d'âmes et ma main droite. Pour être parfaitement honnête je n'ai jamais été en couple, pas de petit bisou et donc vous imaginez donc bien que tout ce qui touche au sexe c'est mort. J'ai l'expérience qui frôle celle d'une huître, quoique me direz vous, elles au moins elles sont capables de se reproduire.

-Hey Yoon ! Tu viens chez moi ce soir ?

Je me retourne vers celui qui m'a appelé : Lui, c'est Mathéo mon meilleur ami. C'est honnêtement un beau garçon à la chevelure brune, aux yeux marrons en amande et à la mine quelque peu perdue ce qui lui donne un côté très attachant.

-Non désolé, je dois réviser pour demain.
-Tu devrais arrêter de réviser autant.
Son expression emplie de dédain me dévisage.
-T'es marrant toi je révise seulement trois jours par semaine.
-Ouais c'est bien ce que je dis : c'est trop.
-Ah oui excuse moi, j'avais oublié que t'ouvrais même pas tes cahiers. D'ailleurs, est-ce que tu sais ce que c'est ?
-De quoi ?

Je hausse les sourcils et le regarde intensément me moquant de lui à travers mes yeux. Je lui réponds calmement :

-Un cahier.
-Hein ?
Comme toujours il est perdu. Il fronce les sourcils et attend que je détaille ma pensée.
-Tu sais un cahier c'est un truc rectangulaire avec plein de pages dedans, et dessus il y a des leçons, les leçons c'est des choses composées de textes où il y a des mots qui forment des phrases et ces leçons t'es censé les apprendre pour pas te taper des note de merde.
-Ça va, j'ai pas non plus une moyenne catastrophique.
-Ah parce que neuf c'est une bonne moyenne ?
-Neuf soixante trois.
Fait-il rectifier. Et je suis désolé, non, on a pas tous seize et des poussières de moyenne sale génie.

Je ne suis pas peu fier de mes notes mais je ne me considérerais pas comme un génie pour autant. Et puis en réalité je ne bosse pas spécialement, disons que la chance joue pour beaucoup dans mes notes. J'ai probablement des facilités aussi je vais pas le nier. Je soupire profondément, marquant ma consternation :

-Parfois tu me démoralises tu sais.
-Et toi tes notes me donnent la nausée.
-Ouais c'est ça. Bref, je te laisse.
-Mouais. Rentre bien !
-Merci toi aussi et révise bien !
-Plutôt crever...


Ce mec c'est vraiment un cas quand il veut. Comme vous avez dû le comprendre il est loin d'être une lumière dans les études. Sinon que dire de ma petite personne ? Je suis un gars banal, loin d'être populaire et c'est à peu près tout ce qui me résume. Ma vie est loin d'être passionnante même si d'un certain côté elle me convient, d'un autre j'aimerais des rebondissements. Vous savez vivre avec des frissons et de l'adrénaline. Sentir ces picotements d'excitation qui me feraient tressaillir.

Je suis désormais hors du lycée. On est en novembre et il fait super froid. Il faudra que je pense à prendre un manteau demain. Il faut pas croire, l'uniforme sans un manteau ça tient pas chaud du tout.Mais aussi il faut être couillon pour sortir en cette période avec seulement une chemise et une veste sur le dos je l'avoue. J'emprunte les rues que j'ai l'habitude de traverser pour rentrer chez moi.Malgré la pénombre ambiante à cause du manque de lumière je n'ai pas réellement peur. Je dirais plutôt que je ne suis pas totalement rassuré quand je passe par là, surtout que les rues par lesquelles je passe pour rentrer chez moi sont assez flippantes. J'ai moyennement confiance mais c'est le chemin le plus court.

Je sors mon téléphone pour m'éclairer un peu. Je continue à marcher en faisant attention à là où je mets les pieds, sait-on jamais.Avec ma chance je serais capable de marcher sur un cadavre et de me faire accuser du meurtre car il y a les empreintes de mes chaussures sur la scène de crime. Je commence alors à me monter la tête de pensées lugubres tout seul, je m'imagine des scénarios de films d'horreur comme pour donner une pointe de piment et de passion à ma vie banale. C'est alors que j'aperçois une ombre dans un coin de cette ruelle. Je sursaute violemment, me faisant peur tout seul et me mettant à penser qu'il se peut que ce soit un tueur. Oh mon dieu, le karma se venge immédiatement de mes envies de frisson. Je suis trop jeune pour mourir ! Je reste figé au milieu de la rue durant de longues minutes jusqu'à ce que je me rende compte qu'aucun corps ne gît sur le goudron. Je plisse alors les yeux pour mieux distinguer la silhouette que je peine à voir. Il y a un gars assis contre un mur, ce dernier ne bouge pas. Qu'est-ce qu'il fait là ?D'habitude il y a jamais personne surtout à vu l'heure qu'il est. Il doit être aux alentours de dix neuf heures. J'ai fini à dix huit heures mais je suis resté avec Mathéo pour discuter. Je m'approche de cette personne d'un pas franchement peu assuré et l'éclaire avec mon téléphone. Il est vivant au moins ? Je parle doucement d'une voix quelque peu tremblotante :

-Vous allez bien ?

Cette personne avachie contre le mur relève brutalement la tête vers moi me faisant faire un bond en arrière. Il plisse les yeux à cause de la lumière qui lui brûle probablement les yeux et grogne. Au moins il bouge ça veut dire qu'il est pas mort. Je le détaille furtivement et remarque qu'il est pas mal amoché, il a dû se battre. Je grimace, ça doit faire mal. Sa lèvre est légèrement ouverte tout comme son arcade sourcilière. Il a un peu de sang sur l'une des ses joues rosie par le froid. Ses cheveux sont en batailles et ses vêtements déchirés. Soit c'est un clodo soit il s'est vraiment battu comme un chiffonnier. Il a l'air d'avoir mon âge, il est peut-être même plus vieux donc à mon avis il est trop jeune pour être à la rue. Quoique, c'est pas impossible mais je pense plutôt qu'il s'est battu vu l'état de son visage.

-Qu'est-ce que tu veux ?

Son ton glacial brise le silence. Bonjour l'ambiance. Je suis juste là pour aider parce que j'arrive pas à ne pas apporter mon soutien. Je serais pas en accord avec moi-même si jamais je passe à côté de lui sans lui offrir mon aide.

-T'as besoin d'aide peut-être ?
-Dégage merdeux !


Pardon ?! Il me parle ? Mais il est sérieux ce gars ?! Je m'offusque intérieurement n'appréciant pas qu'on me parle de la sorte. Pour qui est-ce qu'il s'est pris ma parole ?! Il a pas besoin de réagir de cette manière, c'est pas comme si je pouvais être une menace pour lui. Et puis merde quoi ! Je lui propose juste mon aide il a pas besoin d'être à ce point sur la défensive !

-Ça va, calme toi. Je veux juste t'aider.
-J'ai pas besoin d'aide. Dégage je te dis.
-Bonjour la politesse.Tu pourrais mieux me parler.
-Fous moi la paix.

Il se relève et me regarde froidement. Il est grand, beaucoup plus que moi ce qui m'intimide. Je déglutis péniblement et tente malgré tout de soutenir son regard. Je m'attarde sur son visage puis ses cheveux : on dirait qu'il est blond, c'est joli. Enfin, je crois, parce que je vois pas très bien à cause du peu de lumière. Malgré le fait que sa couleur de cheveux me plaise je me ressaisis. Merde Yoon, un mec te parle mal et toi tu baves sur sa chevelure dorée ! Mais ça va pas...

-Tu te prends pour qui à me parler comme ça ?
-Mademoiselle est susceptible ?

Je hausse les sourcils et masque un rictus. Je me regarde rapidement.J'ai l'air d'une meuf ? Je réponds froidement :

-Je suis un gars.
-Et alors


Mais il est vraiment désagréable ! Et puis comment ça ''et alors'' ?! Ça change tout ! Je suis loin d'être une''demoiselle''. Je continue à le regarder même si je n'ose pas pleinement le défier du regard.

-Allez, maintenant dégage.
-Je vais pas te laisser dans cet état...
-Tu t'es pris pour Mère Teresa ou quoi ?


Je sais que je devrais partir, c'est évident, je pourrais m'attirer des ennuis mais je ne sais pas, quelque chose en moi m'empêche de tourner les talons. Je dois avoir un trop grand cœur et être trop gentil... Je suis censé partir et le laisser dans sa merde vu comme il me parle mais malgré ça je ne peux pas m'empêcher de vouloir l'aider. Il me pousse au niveau du torse et commence à partir. Je me retourne vers lui et le regarde : Il boite. Non mais il est juste con en fait, il est blessé et au lieu de simplement accepter mon aide il décide de faire le dur. Il ferait mieux d'accepter sans râler cet idiot vu dans quel état il est.

-Attends !
-Mais quoi ?! Putain tu vas me lâcher ?!
-T'es blessé et tu boites.
-Ça te fait quoi ?
-Calme toi, je veux juste être gentil. Tous les êtres humaines de cette planète ne sont pas des connards.


Il revient rapidement vers moi malgré le fait qu'il boite et me plaque violemment contre le mur. Je laisse s'échapper un léger gémissement de peur. Mes yeux doublent de volume et mon cœur commence à s'affoler.

-Je t'ai rien demandé, ok ?
-Je sais mais t'as pas l'air d'être en état de marcher.
Soutenais-je.
-Je suis pas gentil, tu piges ?! Et j'ai pas besoin d'aide d'un gars comme toi.

D'un gars comme moi ? Ça veut dire quoi ça ? Je suis comme tout le monde ! Je suis même hyper banal, plus banal que moi c'est pas possible ! Ça commence à m'énerver qu'il me parle comme ça. D'un côté mon empathie parle et me dit de l'aider mais d'un autre ma fierté me pousse à rester uniquement pour lui tenir tête et ne pas me laisser marcher dessus. Malgré ma faible répartie je tente de lui faire face :

-Si.
-Non espèce de merdeux. Casse toi.
-Pourquoi tu le prends comme ça ?
-Tu veux vraiment que je devienne méchant ?

Méchant? Pas vraiment, je veux pas d'embrouille mais en même temps ça me fait chier qu'il se croit supérieur comme ça. Et puis j'ai pas envie de laisser seul quelqu'un blessé dans la rue. Si jamais il a un problème après on va croire que c'est à cause de moi ou au pire je pourrais avoir des problèmes pour ''Non assistance à personne en danger''. Je fronce les sourcils et réponds de façon sèche :

-Méchant ? Tu t'es pris pour un chien ou quoi ?

Il appuie fortement sur mon torse, cherchant à me faire peur probablement. Mais il me fait mal ce con ! Il serre son poing droit. Il va pas me frapper quand même ? J'espère pas. Je suis pas super beau mais ça va quand même donc je tiens un minimum à mon visage. Mon cœur bat plus vite et je peine à déglutir,certainement à cause du stress. Qui sait ce qu'il pourrait me faire,je suis pas en position de force là.

-C'est qui le chien ? Ça serait bête que je t'abîmes quand même, non ? Une princesse qui joue au Bad boy, laisse moi rire.
-Je suis un gars merde !
-T'as l'air tout neuf.
-Quoi ?
-Je suis sûr que t'as jamais rien fait avec ton corps. Ça pourrait être sympa d'innover non ?
-Pardon ?


Mes yeux s'écarquillent et je commence à avoir chaud. Mon cœur bat le tocsin et je me sens trembler. C'est quoi cette blague ? Et c'est quoi ces menaces plus que déplacées ?! Dans quelle bourbier je me suis fichu moi ? L'angoisse monte en moi. Je reste muet et le fixe ne sachant pas quoi faire.

-Donc si t'as pas envie que je te baise dans cette ruelle tu la fermes et tu dégages, sinon ça va mal se finir pour toi.

Même si j'ai peur pour moi j'ai un pressentiment qui me dit qu'il ne me fera rien. Peut-être une brève pensée suicidaire allez savoir mais malgré tout je me décide à répondre :

-Je suis sûr que tu feras rien. De toutes façons, t'es pas en état.

Mais pourquoi je lui tiens tête moi ?! Je tiens pas à ma vie ou quoi ?! Je vais avoir des problèmes ! C'est juste que je sais pas comment décrire ce que je ressens. C'est vraiment bizarre,je veux l'aider mais en même temps il m'énerve. Et puis je compte pas lui donner raison et le laisser partir comme ça alors qu'il me parle comme une sous-merde. J'ai envie de le remettre à sa place et lui faire comprendre qu'il est pas supérieur à moi.

-Tu m'en crois pas capable ?
-Ouais...
-Tu me connais pas.
-Peut-être bien mais j'en suis sûr.


Il me décolle du mur puis me plaque violemment contre celui-ci. Je tremble plus fort et geins quelque peu de douleur. Le mur est loin d'être confortable, je grimace alors, n'étant aucunement à l'aise.Cet individu dont je ne connais pas l'identité serre le col de ma chemise de ses mains et s'approche de moi, collant doucement son corps au mien. Je suis pétrifié. Tout d'un coup, son visage dévie vers le mien mais il se stoppe, ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Je le regarde les yeux grand ouverts et bloque mon souffle, je le fixe et tremble fortement. Son souffle tape contre mon visage, il n'a pas mauvaise haleine, loin de là même mais cette proximité est loin d'être agréable dans l'absolu. Je me débats mais il tient fermement mes poignets et me maintient contre le mur rêche. Il a beaucoup plus de force que moi ! Il passe l'une de ses jambes entre les miennes. Finalement, je suis mort de trouille.Celui qui me maintient fermement semble le remarquer qu'il sourit comme satisfait et se recule de moi. Mon souffle est saccadé et je suis complètement choqué. Je me sens bizarre, j'ai un peu chaud malgré le froid et puis j'arrive pas à savoir si je suis énervé ou non, comment ça se fait ?

-Alors ? Tu crois vraiment que je suis pas capable de faire ça ici avec toi ? Je hoche négativement la tête de façon précipitée. Alors maintenant dégage.

Je m'en vais rapidement, presque en courant dans le plus grand des silences. Mais il sortait d'où ce type ? Je me fais de l'air pour calmer ma température corporelle. Même si j'ai une certaine frayeur je ne peux m'empêcher de regarder derrière moi. Il est toujours dans la ruelle et il se rassied péniblement grimaçant.Dans le fond, il me fait de la peine...


********


-Tu rentres tard mon chéri.
-Désolé j'étais avec mes potes.

J'espère qu'elle va me croire de toutes façons elle se fiche un peu de si je rentre tard ou non. Non pas qu'elle soit une mauvaise mère, loin delà même. C'est juste qu'en réalité je suis plutôt libre de faire ce que je veux. En même temps depuis que mon père nous a quitté c'est plus simple pour elle de me laisser un peu faire ma vie. Je la comprends, elle a peur de me perdre moi aussi.

-Le repas va bientôt être prêt.
-Ok, je vais prendre une douche rapidement.


J'arrive à peine à penser correctement. Qu'on soit d'accord, je suis sincèrement quelqu'un de banal, il m'arrive pas ça tous les jours,je suis sérieux. J'ai voulu du frisson, bah j'en ai eu !J'aurais peut-être du me taire parce que le karma il a pas rigolé avec moi ce soir.

Je viens d'arriver au lycée. Je suis toujours perturbé par ce type que j'ai croisé hier dans cette ruelle lugubre.

-Comment ça va ?
-Bien et toi ?
-De même. Alors, bien révisé hier ?


Si seulement il savait. Mais je veux pas l'inquiéter. Il est vrai que j'aurais pu m'attirer de graves ennuis hier et je recommande sincèrement à personne d'insister si quelqu'un est aussi agressif dans sa façon de parler. J'ai beaucoup de chances qu'il ne me soit rien arrivé.

-Ouais et toi ?
-Comme d'hab'.
-T'as toujours pas ouvert tes cahiers.
-Exact !


Il rit assez fort et passe son bras par dessus mon épaule, on marche comme ça et on arrive dans la cours. Il y a pas trop de monde vu qu'il est neuf heures. Alors que nous traversons la cours la scène qui m'est offerte à moi me choque. J'en perds presque mes mots et suis confus. Je rêve ? J'ai si mal dormi que ça cette nuit et maintenant je dors debout ? Je me pince discrètement la main.Me dites pas que le gars d'hier est en fait lycéen ici ?! Je m'arrête d'un coup n'arrivant même plus à avancer. Mon meilleur ami semble ne pas comprendre. Mais c'est possible, j'ai une poisse monumentale depuis hier... Non mais sérieusement, achevez moi. Je plisse les yeux et détaille ce mec au loin. Je dois avoir les yeux qui déconnent à cause de la fatigue. Je tapote sur le bras de Mat et reste muet en le fixant. Mon cœur commence à s'emballer.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? T'es chelou.
-Tu connais le faux blond là-bas ?
-Lequel ?
-Celui avec les pansements.
Balbutiais-je précipitamment.
-Ah lui, disons qu'il a sa réputation dans le lycée ouais.

Pardon ?Comment ça ? A ce que je sache je suis pas arrivé il y a deux jours dans ce lycée, je le saurais si certaines personnes étaient réputées pour X ou Y raison. J'interroge Mat du regard, attendant qu'il détaille le pourquoi du comment ce crétin a une''réputation''. Il est connu lui depuis quand ? Genre c'est une star ou un truc du style ? Mais j'ai jamais entendu parler de lui ou du moins j'ai jamais prêté attention à ce gars. Oh mais j'y crois pas, ça veut dire que c'est pas une hallu et qu'il est vraiment ici, dans MON lycée.

-Il est pas net et il fait des trucs bizarres. En prime il a couché avec plus de la moitié des filles de terminale et de première je crois même qu'il s'est tapé des mecs... J'ai entendu dire qu'il collectionne les conquête et qu'il a une sorte de tableau excel ou je sais pas quoi. Puis il revient toujours blessé. Il doit faire parti d'un gang ou je sais pas trop quoi. Il parle jamais et il prend tout le monde de haut. En gros, va pas le voir, reste loin de lui. Il est vraiment pas net comme type, il me fait presque flipper.

Alors comme ça ce type est louche ? Je jette un bref coup d'œil vers lui. Son visage est toujours tuméfié mais les pansements cachent ses blessures du mieux qu'ils le peuvent. Je m'éclaircis la voix et demande doucement de façon détachée :

-Et il s'appelle comment ?
-Euh Gabriel je crois ? Je suis pas sûr.

Quand je pense que j'étais persuadé qu'on se reverrait pas. Comment ce se fait que j'aie jamais entendu parler de lui ? Peut-être parce que j'essaie de rester à l'écart de tout ragot je suppose. Mes yeux n'arrivent pas à quitter ce faux blond au loin. Sa teinture est une sorte de blond cendré et ça contraste parfaitement avec l'aura sombre qui se dégage de son être. La voix de Mat me ramène à la réalité :

-Pourquoi tu me demandes ça ?
-Non, juste comme ça.

Il n'insiste pas plus et semble satisfait de ma réponse floue. Je suis bien content qu'il ne cherche pas à plus comprendre que cela. Même si Mathéo et moi sommes très proche, je reste quelqu'un de secret,je n'aime pas trop parler de ce qu'il peut m'arriver.

*******

Les cours du matin viennent tout juste de se terminer. Mathéo et moi sommes au réfectoire, deux potes à nous devraient pas tarder à nous rejoindre. Depuis ce matin, je suis obnubilé par ce faux blond.Je me demande dans quelles magouilles étranges il traîne.

-Tu sais en quelle classe est Gabriel ?Chuchotais-je
-Terminal ? C'est tout ce que je sais. Pourquoi tu me poses encore des question sur lui ?
-Juste comme ça. Vu que tu m'as dis qu'il était ''connu'', je me renseigne un peu.
-Ouais bah renseigne toi de loin.

En même temps je me vois mal aller le voir et lui demander des infos sur sa petite vie vu ce qu'il s'est passé hier soir. De toutes façons même s'il s'était rien passé je ne serais pas allé le voir, je suis trop timide pour ça. En plus Gabriel m'impressionne trop.

-Je suis sérieux. Je te connais, je suis sûr que tu vas aller le voir. T'es trop curieux.
-Mais non, t'inquiète pas.

Je risque pas vu dans quelle merde j'ai failli me retrouver hier !Je tente de faire abstraction de mes pensées sous le regard de mon meilleur ami.

-Il a quel âge ?
-T'es trop curieux...
-Ça va et puis tu préfères que j'aille lui demander moi-même peut-être ?
-
Il doit avoir dix-neuf il me semble. Soupire-t-il.

Je le gratifie d'un sourire. Ce qui veut donc dire qu'il a deux ans de plus que moi. Non pas que cette information soit très intéressante mais bon.

-Bon, ils font quoi les deux autres là ? J'ai faim moi !!
-Aha, calme toi ils vont pas tarder.

Mathéo aime bien manger disons, il a un appétit énorme et pourtant il garde la ligne à la perfection, je sais pas comment il fait. Nos potes finissent par arriver. A ma droite se situe Louys, il est grand, paraît assez jeune mais il a le même âge que nous, il est plutôt gentil et taquin aussi. Et l'autre c'est Antonin, il est également grand, un visage allongé et un sourire radieux en toutes circonstances, il fait souvent le pitre par ailleurs, un peu comme Mathéo. Ils ne sont pas dans la même classe que nous, avec Mat on est dans la classe numéro deux et eux ils sont dans la numéro quatre.

-Au fait les gars, vous faites quoi ce week-end ? Vient de demander Louys.
A – Rien du tout.
M- Moi non plus.
-Venez chez moi alors !


Aller chez lui ? Pourquoi pas. De toutes façons je pense pas avoir quelque chose de prévu. Pour pas changer j'ai envie de dire. J'ai pas énormément d'occupations donc mes week-ends sont relativement légers de manière générale.

-Et toi Yoongi, t'en penses quoi ?
-Pourquoi pas.


Je lui adresse un sourire qu'il me renvoie. Il est vraiment très mignon. C'est vrai que parfois on dirait un petit enfant

Il est dix-sept heures et quelques, on est en cours de littérature étrangère. C'est pas très passionnant d'autant plus qu'il y a personne à côté de moi. A la base il y avait Mat mais il parlait tellement que la prof l'a foutu tout seul face au mur. Ça fait un peu plus d'une semaine. C'est dommage, je m'ennuie vraiment maintenant. Ayant envie d'aller aux toilettes je lève la main, la prof m'interroge :

-Excusez-moi madame. Je peux aller aux toilettes s'il vous plaît ?
-Bien sûr, vas-y.


L'avantage à bien travailler et à être sérieux c'est que quand je demande quelque chose aux profs ils ne disent pas non. Je me lève de mon bureau et sors de la salle en mettant une petite tape sur la tête de Mathéo pour le réveiller. Il me lance des éclairs avec ses yeux.Quelle crédibilité !

Après avoir fait ma petite affaire, je me lave les mains et en profite pour me regarder dans le miroir qui se situe face à moi. Je me passe un peu d'eau sur le visage. Je stresse à l'idée d'être dans les couloirs, j'ai cette impression constante que Gabriel va surgir et s'en prendre à moi. La porte s'ouvre, je ne prends pas la peine de relever la tête pour autant, il y a bien trop de monde dans le lycée, je ne reconnaîtrais probablement pas la personne qui vient de franchir la porte. J'ouvre quand même les yeux en ayant l'impression qu'il y a quelqu'un juste derrière moi, c'est très bizarre comme sensation. Je peine à déglutir et lève la tête vers le miroir quand je me fige totalement en apercevant ce fameux visage meurtri. Je suis en train de devenir fou, pitié dites moi que j'ai des hallus. Je crois que je préfère finir en HP plutôt que de lui faire face à nouveau. Je fronce les sourcils et le fixe au travers du miroir comme si j'essayais de savoir s'il s'agit d'un tour de magie ou autre. Il me regarde à travers ce dernier aussi et sa voix me ramène à la réalité :

-Encore toi ?
-Je pourrai dire la même.
Répondais-je froidement.
-C'est qu'on se quitte plus dis donc.


Je n'ose pas me retourner. Je sais pas pourquoi mais j'arrive pas vraiment à bouger. Mon cœur commence à battre plus vite. Je le fixe sans savoir quoi faire. Je réussi simplement à demander :

-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je viens pisser, ça te pose un problème ?
-Et pourquoi t'es derrière moi ?
-J'aime pas être devant.

Mon cerveau semble se débrancher un cours instant. Les mots se mélangent dans ma tête et ne parviennent plus à sortir de ma bouche. J'ai l'esprit tordu ou ce qu'il vient de dire avait clairement une connotation sexuelle ?! Vu le petit sourire qui est dessiné sur ses lèvres je pourrais jurer que c'est bel et bien le cas. Je reprends mes esprits :

-Pousse toi.
-Pourquoi je ferai ça ?


Il n'a aucune raison de m'obéir, c'est vrai. D'autant plus qu'au vu de son gabarit il est capable de me briser en deux secondes avec son corps, je l'ai bien compris hier. Mais bon, s'il est doté d'un minimum de bon sens, il se pousse de moi et me laisse tranquille. Mon cœur commence légèrement à s'affoler quand je me rends compte qu'il ne compte pas me laisser.

-S'il te plaît. Tentais-je.
-Non.
-Bouge ! Pourquoi tu restes là sérieux ?!
-Je te l'ai dit.
-Hein ?


Il appuie son bassin contre mes fesses. Je commence alors à m'énerver.Je me défais de son emprise en lui mettant un coup de bassin et me recule de lui, les sourcils froncés et la mine furieuse :

-Ça devient du harcèlement sexuel là.

Il ricane simplement, ce qui a le don de pousser mes nerfs à leurs limites. Même si ma colère n'a qu'une envie : exploser je suis bien trop timide et apeuré pour oser dire quoique ce soit de plus.Je reste alors simplement là, au milieu des toilettes à regarder la porte dans le dos de Gabriel.

-Je savais pas que t'étais élève ici.

Il aurait pu s'en douter vu que je portais mon uniforme quand on s'est croisé hier. Il est pas très futé. Je réponds du tac au tac :

-Je savais pas que tu l'étais non plus.


Même s'il m'agace profondément je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il est très beau. Il a une sorte d'undercut avec les cheveux plus longs sur le dessus, la couleur de sa chevelure contraste avec ses yeux noirs ébènes. Il doit être brun sous cette coloration. Il a un pansement sur l'arcade, malgré l'état de son visage ça n'en retire rien à la beauté de son visage. Je le regarde le plus froidement que je peux et tente de masquer mes tremblements dû à la peur. Je pose mes mains sur mes hanches tentant de montrer mon exaspération.

-T'aimes bien me répondre en fait.
-Et toi t'aimes bien être malpoli et froid on dirait.


Il avance d'un rapide pas vers moi et m'attrape par le col de chemise et me tire vers lui. Je gémis plaintivement et plisse les yeux. Il me fait un peu peur, je déglutis difficilement et ma respiration s'accélère un peu. Il compte me faire quoi maintenant ?

-Tu sais à qui tu parles là ?
-Ouais... Mais je m'en fiche.
-T'as pas peur pour ton cul toi.


Je devrais probablement mais je n'arrive pas à l'imaginer me faisant du mal à ce niveau là. Il a l'air d'être un emmerdeur mais pas un violeur. Même s'il est vrai que je ne peux nier qu'il me fait peur à cet instant précis. L'adrénaline monte en moi, me donnant excessivement chaud.

-T'as pas peur de moi ?
-Pourquoi, je devrais ?
-En vrai tu cherches la merde.

Pourquoi je veux lui tenir tête ?! En vrai, je commence à avoir vraiment peur, qu'est-ce qu'il va me faire ? Et puis comme si c'était moi qui cherchais la merde, à la base je suis juste venu pisser en paix c'est lui qui est venu me chercher !

-Et si je m'amusais un peu ?
-Quoi ?!


Je lui fiche un léger coup dans la torse refusant de me laisser agresser ou que sais-je.

-Qu'est-ce que tu comptes me faire ?
-Tu verras.
-J'ai pas envie de voir, je veux juste que tu me laisses sortir.
-J'ai pas envie.
-Moi si !

Il sourit en coin et son regard froid me donne des sueurs froides. Il étouffe un petit rictus et continue à me regarder intensément. On dirait qu'il va me bouffer tout cru sérieux... Son air narquois m'agace profondément.

-Putain mais laisse moi !
-Mais c'est que mademoiselle devient insolente.
-Mais je suis un gars merde !
-Tu me laisses vérifier ?


J'arrête de bouger sous le choc. Je lui agrippe désormais le poignet,tremblant de peur et n'étant aucunement confiant quant à ce que je fais. Je balbutie péniblement :

-Je te jure que si tu me touches d'une quelconque manière... déplacée, j'appelle la police. Menace moi autant que tu veux mais au vu de tous les ragots qu'il y a sur toi je pense que les autorités seront plus enclin à être de mon côté vois-tu.
-Attention la princesse se défend
-T'es peut-être con mais t'es pas un violeur quand même ?

Mais qu'est-ce qu'il me prend à l'insulter moi ?! Je tiens pas à ma vie ou quoi ? J'ai envie de partir en courant, je suis à deux doigts de suffoquer tellement je stresse. Gabriel fronce les sourcils et tandis qu'il se défait de mon emprise, il glisse sa main au niveau de mon front, remontant mes cheveux qu'il plaque sur mon crane. Il maintient ma tête et me détaille froidement.

-Tu crois que j'en suis pas capable ?

L'angoisse monte en moi. Je tremble de partout, je ne parviens même plus à répondre. Je suis simplement perdu et trop trouillard pour oser me battre. Au vu de sa carrure je pense avoir aucune chance.L'expression froide de Gabriel me fait tressaillir, par pitié faites qu'il ne me fasse rien.

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