A careful boy
Je fronce les sourcils et serre mon poing tout en venant caresser doucement son front.
- C'est moi oui.
- Je vais mourir.
- Mais non, je t'ai amené ce qu'il faut, ça va aller, d'accord ?
Il ne répond pas et se tord dans tous les sens en répétant qu'il a mal et qu'il souffre. Je détourne le regard et tente de calmer mes émotions. Je voir comme ça, si mal en point c'est loin de me laisser indifférent. Je sors les médocs un à un et le redresse. Sa tête tombe lourdement contre mon épaule. Je me tends et me perds quelques secondes. Je dois rester calme, paniquer va pas l'aider et puis pour le moment je gère un peu. Faut que je le détende. Je caresse son dos pour le rassurer un peu puis l'attrape fermement par l'épaule, je le recule. Il n'a pas d'équilibre. Je serre fortement son épaule et attrape le verre d'eau.
- Avale ça.
- J'ai pas soif.
- T'avales pigé ?!
- Mais...
- Bois je te dis, et en entier.
- J'ai envie de vomir.
- Tu veux que je retourne à la pharmacie et que j'aille chercher une version suppositoire peut-être ?
Il grimace et râle contre moi tout en se plaignant qu'il a mal. Oui bah j'y peux rien s'il doit boire. Qu'il m'écoute un peu. Il a cru que j'allais le laisser faire sa petite loi ? Là c'est à moi de gérer, qu'il me laisse faire.
- Dis-moi que ça va aller mieux...
Sa voix si apeurée et peu sûre d'elle me fait me sentir mal. Je lui souris pour ne pas qu'il s'inquiète encore plus et prends la peine de lui caresser délicatement la joue. Il est brûlant... Il est vraiment malade et pas qu'un peu.
-Bien sûr, ça va aller mais prends les cachets.
Il hoche faiblement la tête et attrape un a un les cachets puis le verre. Il les avale tous et une fois fait il manque de vomir. Je le tourne sur le côté et le garde le plus droit possible.
- Tu viens de prendre les cachets, vomis pas...
- Ça se contrôle pas !
- Ça va aller dans quelques minutes, ça va te faire dormir.
- J'ai tellement mal.
- Je sais, mais ça va te passer.
Il tremble violemment et sa respiration est filante. Je tapote son dos et le mets face à moi une fois qu'il paraît calmé. Je détaille tout de lui : son petit corps tout fragile, ses cheveux humides et en batailles, ses joues rouges, son front brûlant, sa respiration sifflante et irrégulière, sa poitrine qui se soulève rapidement, ses lèvres tremblantes, ses mains moites. Je me sens pas bien, j'aime pas le voir dans cet état. Je fronce les sourcils et attrape sa main en l'allongeant à nouveau.
-Ferme les yeux et concentre toi sur moi. C'est bientôt fini.
Il est tellement tendu qu'il sert fort ses lèvres entre elles. J'appuie avec mon pouce sur sa lèvre inférieure.
- Tu vas te faire mal.
- J'ai déjà mal...
- Écoute ma voix, dans quelques minutes tu vas aller mieux.
- Pour de vrai ?
Il ouvre doucement les yeux et me regarde inquiet et apeuré. Mon cœur rate un battement. Je sais pas quoi faire. Ok, j'ai l'habitude de faire comme si je gérais tout et c'est également l'impression que je donne mais en vrai je flippe pour lui ! Je vais le tuer ! Franchement j'aime pas quand de sa faute je me sens si mal !! Évidemment .... Ça l'amuse de me voir si inquiet pour lui ou quoi ? Il mérite des claques ce gamin.Je glisse lentement ma main sous son haut et caresse du bout des doigts son ventre pour tenter de le détendre. Il gémit. Moi et la délicatesse ne sommes pas franchement amis... J'essaie d'être le plus délicat possible.
- Gab...
- Chut. C'est fini, ça va aller.
J'espère que ces foutus medocs vont agir vite ! Je m'avance vers lui et caresse son front complètement trempé. Je l'ai jamais vu aussi transpirant même dans des situations bien plus excitantes on va dire. D'accord, je l'avoue, c'est pas le moment d'y penser... J'essuie son front avec ma main et me tends quand je le sens serrer fortement ma main libre. Yoongi maltraite mes doigts et les serre très fort me traduisant toute sa douleur. Je me force à rester impassible et le regarde sans réellement savoir quoi faire. Je caresse le dos de sa main avec la mienne et le détaille une nouvelle fois. Je tente de bouger pour le bercer.
Il fait difficilement oui de la tête et entrouvre les lèvres pour mieux respirer. Son souffle violent tape avec férocité contre ma joue adoucie par le chaud. Je tente de l'apaiser du mieux que je peu mais l'entendre geindre ça me fend de l'intérieur même si ça me bouffe de l'avouer. Yoongi commence à se détendre parce qu'il a sa joue collée à la mienne et il commence à me baver dessus. Pfff il bavera toute sa vie ma parole. Je m'installe un peu mieux et redresse doucement sa tête. Il gémit et grimace fortement. Il est loin d'être beau comme ça. Est-ce qu'au moins il sait à quel point je le trouve à mon goût en vrai ? Je secoue la tête, c'est pas le moment... Je pose sa tête contre mes cuisses. Il tourne le visage vers mon ventre et sa tête se plaque contre mon entrejambe. Je me crispe à peine et caresse doucement ses cheveux. Il commence à mouiller mon jean avec ses larmes. Il tremble un peu fort et j'entends son lourd souffle vibrer au rythme de ses inspirations.
- Arrête de pleurer.
- J'aimerais mais j'ai mal.
- Je sais mais ça va aller, ok ? Plus que quelques minutes. Je t'assure, ça va se finir.
Sa voix me tord complètement le cœur mais je m'efforce à rester de marbre. Vous pouvez me croire dans cinq minutes j'appelle les pompiers si il va pas mieux. Je compte pas le regarder souffrir toute la nuit, ça c'est hors de question ! J'ai beau faire l'insensible c'est pas ce que je ressens du tout. Je me refuse à montrer mes sentiments, c'est tout... Il serre le bas de mon haut entre ses doigts et marmonne. Je caresse ses cheveux et murmure des choses pour le rassurer. Je regarde fixement le mur blanc face à moi et mon regard se perd pendant que je le calme.
- Je suis fatigué...
- Dors. Yoongi, lutte pas et dors.
Voir une personne à laquelle on tient réellement souffrir c'est loin d'être agréable. J'ai beau avoir un cœur de pierre, avec lui... c'est différent. Cet idiot me rend... plus sensible, il me rend à nouveau moi. Je m'éclaircis la voix en regardant en l'air et pose mes deux mains sur ses tempes que je masse.
- Ça va mieux ?
- Je crois... Gab ?
- Quoi ?
- Je...
- Oui ?
- Je dois... Tu...
Je l'interromps au moment où sa phrase ne veut plus rien dire :
- Chut tu me parleras plus tard, dors.
Il lutte pas plus longtemps contre moi et malgré le fait que je sente clairement sa poitrine se soulever fortement contre mes jambes je devine qu'il est déjà plus calme. Il gémit de désagrément seulement lorsqu'il bouge mais sinon il a l'air de moins souffrir. Il ne geint plus. Je soupire en silence de soulagement et me retiens de sourire. Je suis tellement soulagé pour lui.
- Je m'endors...
- C'est normal, les médocs que je t'ai donnés font dormir.
Il arrive même pas à répondre et grogne simplement à la place pour me faire comprendre que c'est ce qu'il va faire. Je serre ses mèches de cheveux entre mes doigts puis descend une de mes mains pour caresser avec délicatesse sa nuque brûlante. Je sens le métal frais de la chaîne que je lui ai offert contre mes doigts. J'ai tellement eu de mal à la trouver... J'osais pas le prendre et encore moins lui donner, j'ai vraiment failli ne pas lui offrir. J'ai hésité à lui glisser dans la poche de son manteau et le laisser s'en rendre compte tout seul mais quand j'ai vu sa gourmette. Je la regarde et un sourire se grave sur mon visage. Quand je l'ai aperçu, j'ai senti cette petite flamme en moi brûler comme jamais. Ce sentiment ne s'était plus manifesté depuis longtemps mais... ça, je le garde pour moi. Je ne compte pas lui dire. Yoongi gémit et m'enlace brusquement. Je me fige et continue à le calmer grâce à de lentes et calmes caresses. Il est paisible et je sens son souffle taper contre moi plus régulièrement.
- Gab...
- Tais toi, dors.
J'ai essayé de parler le plus gentiment possible mais j'ai quand peur qu'il l'ait mal pris. Pourquoi j'arrête pas d'avoir peur sur ça ?! Et le pire c'est que je continue... Je sais pas pourquoi, c'est plus fort que moi. J'arrive pas à montrer mon vrai côté tendre. Je baisse la tête et admire le peu de son visage que je peux apercevoir. Ses traits sont tirés et sa bouche laisse deviner une grimace qui ne lui va réellement pas. Sa petite bouille, ça ça lui va. Son nez est complètement plaqué à mon entrejambe et il noue ses bras autour de mes hanches. Comment je fais pour arriver à ne même pas penser à un truc érotique hein ? Sans doute parce qu'il est mal en point...
J'arrive même pas à défaire mes yeux de ses mèches noires ébènes. Sa chevelure est douce. Son front et son nez légèrement plissé laissant deviner qu'il est pas complètement calmé. Ses lèvres qu'il continue à mordiller pour se calmer. Aujourd'hui ça me fait rien, d'habitude ce petit toc déclenche en moi une vague de passion mais là, rien. En fait, pour sa survie faudrait mieux qu'il soit malade souvent... Ses mains moites posées contre mon postérieur, ses bras tout fins enroulés autour de mon corps plus imposant que le sien me fait tout bizarre. Je descends ma main vers son tee-shirt trempé de sueur. Je me risque à parler doucement :
- Tu dors ?
Aucune réponse. Je souris en le regardant et me sens soulagé. A mon avis il ne dort pas réellement mais il ne doit pas avoir la force de parler. Je souffle plusieurs fois pour me reprendre et m'éclaircis la voix. J'ai vraiment.... paniqué. Je frotte mes mains entre elles et le laisse encore quelques minutes contre mes cuisses. Il me tient si fermement pour un si petit corps, ça en est très étonnant. Je sais qu'il a de la force quand il veut cet imbécile. J'attends de longues minutes et continue à admirer son visage si mignon. J'essuie légèrement ses joues et son front qui sont humides de larmes et de sueur. Je me ressaisis quand j'entends sa petite voix résonner jusqu'à mes oreilles :
- Gab...
Je reste muet. Sa voix est si légère, si fine et cristalline. Je peux même deviner qu'il est épuisé rien qu'à l'entendre me parler. Enfin 'me parler'... il arrive pas vraiment à former des phrases. Il soupire et continue à geindre doucement mon prénom. Il enfouie un peu mieux son visage contre mes jambes. Je préfère ne pas faire de remarques même si ça me démange... Il est vraiment proche de moi. Ok je me contrôle et là vu la situation je pense à rien de trop ''sexy'' on va dire mais faut pas abuser non plus. Il murmure encore une fois mon prénom et me serre plus fort contre lui. Il bouge légèrement et replie ses jambes vers lui. Je continue à caresser inlassablement sa chevelure. Son souffle devient de plus en plus régulier. Je murmure :
- Tu vas mieux ?
Sa joue se frotte contre ma cuisse m'intimant que c'est bien le cas. Je souris, soulagé, et me pince la lèvre pour laisser passer le flot de soulagement extrême que je ressens. Il doit être claqué. Je me demande combien de temps il est resté à souffrir tout seul avant de m'appeler ? Et pourquoi l'ambulance l'a dérangé ?
J'ai la jambe engourdie mais je vais faire comme si de rien était, il est si bien installé. Ses pleurs ont bel et bien cessés, son souffle est régulier, sa poitrine se soulève plus aussi abruptement que tout à l'heure, sa mine penaude et affligée est moins horrible à regarder. Il renifle et bouge un peu contre moi. Je pense qu'il va pas tarder à s'endormir réellement. J'en reviens pas d'avoir réussi à gérer cette crise...
Ça fait de très longues minutes que j'attends qu'il soit complètement endormi, je veux en aucun cas le réveiller. Je pense qu'il doit dormir. Ça fait plus de dix minutes qu'il est immobile et ses bras sont retombés lourdement le long du lit depuis quelques minutes. Je relève sa nuque et l'installe bien dans le lit. Je me lève et manque de tomber à cause d'un fourmillement plus que désagréable dans la jambe. Elle est complètement engourdie. Je la secoue un peu et m'étire faiblement pour faire passer mon engourdissement. Je me dirige vers son armoire et regarde un peu les vêtements qu'il a. Certains sont pas mal dites donc. Enfin bon, je suis pas là pour ça. J'attrape un haut propre et retourne vers mon... copain endormi. Je regarde sa petite mine crispée. J'aime vraiment pas le voir faire cette tête... J'ai toujours l'impression que c'est de ma faute même si je sais que là c'est pas le cas. Je m'assieds sur le rebord du lit et retire son haut avec délicatesse et lui enfile le propre rapidement. A mon avis il dort comme une masse, les médocs ont dû l'assommer. C'est pas plus mal d'ailleurs. Je balance son haut humide plus loin et me relève pour aller m'asseoir sur sa chaise de bureau. Je veux pas le réveiller et le déranger. Je baisse la tête en soupirant et pense rapidement.
Je suis tellement soulagé. Quand il m'a envoyé ces messages, j'ai flippé. J'ai directement compris qu'il mentait pas mais... je voulais m'en assurer au cas où. J'avais peur que ce soit grave et du coup j'ai débarqué directement sans réellement me faire présentable. J'ai un rictus, je suis complètement débraillé. Je secoue ma tête entre mes mains et souris bêtement. Au moins maintenant il va bien. Quand je l'ai vu, sur le coup j'ai pas su comment réagir. Mon cœur s'est tellement comprimé : sa petite bouille qui me témoignait de toute la douleur qu'il ressentait m'a fait me sentir mal, mais je devais pas le montrer. Je dois pas lui montrer ce genre de facette de moi. Je suis un cœur de pierre comme il l'a assez répété et je veux pas qu'il comprenne qu'en vrai dès que quelque chose le concerne je me sens bien plus impliqué que je ne devrais et que mes sentiments sont décuplés. Il m'a vraiment rendu dingue cet idiot. Pas croyable... Je baille et m'étire. Je me sens si fatigué. Je souffle et ferme les yeux pour tenter de me reposer. Courir m'a épuisé et stresser m'a complètement achevé. Juste trois secondes... je dors juste deux minutes... Je croise mes mains et baisse la tête en calmant mon souffle.
- Gabriel ?
Je me réveille en sursaut en sentant une main sur le haut de mon crane. Mon cœur bat à la chamade et je relève brusquement la tête. Qui m'appelle ? Cette voix n'est pas habituelle.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Je regarde autour de moi, Yoongi est toujours assoupi dans le lit. C'est sa mère qui m'a réveille, elle semble plutôt perturbée. Je m'éclaircis la voix. Je m'attendais réellement pas à ce qu'elle soit là ou du moins disons que j'avais oublié que lui il avait un semblant de famille...
- Il est tard...
- Je sais madame. En fait... Yoongi allait pas bien il m'a envoyé un message pour que je vienne.
- (Elle paraît très étonnée) Il est malade ?
- On dirait oui. J'ai réussi à le faire dormir et je lui ai passé de quoi calmer la douleur.
- Pas du doplirane ou quelque chose comme ça au moins ?!
- Non non, il m'a dit y être allergique.
- (Elle semble soulagée) Tu t'es occupé de lui, je vois.
J'ose pas répondre et frotte mes mains entre elles tout en baillant. Je me sens si épuisé. Mon ventre crie famine en plus. Elle sourit et pose sa main sur le haut de mon crane. Son contact m'électrise. Le....contact d'une mère, ça fait bien longtemps que j'ai pas ressenti ça.
-J e suis sûr que tu es quelqu'un qui a fait des erreurs dans sa vie mais... tu es quelqu'un de bien, ça se ressent. Tu es vraiment une bonne personne Gabriel, n'en doute pas.
Je m'y attendais réellement pas ! J'ouvre grand les yeux et sens une vague de puissants souvenirs me revenir à l'esprit. Ma vue se floute mais je secoue violemment la tête lui faisant retirer sa main. Quand j'ose à nouveau la regarder après de nombreuses secondes de silence, elle sourit faiblement.
- Crois moi, je le sens. Une mère sent ces choses.
Je déglutis et m'éclaircis la voix pour ne pas montrer le côté faible de moi. Comment elle a pu me faire réagir aussi vite et en me connaissant si peu ? Disons, qu'elle a mis le doit sur un point sensible. Je plisse le front et serre mes poings contre mes cuisses. Une mère... Et mes parents ? Je les déteste tellement tous les deux ! Je laisse rapidement passer cette rage en moi et reste muet n'osant rien dire. Elle se recule de moi après avoir passé sa main dans ma chevelure. Son contact me fait si bizarre... J'avais pas ressenti de chose comme celle-là depuis très longtemps. Elle va s'asseoir près du rebord du lit et passe sa main sur le front de son fils.
- Pourquoi il m'a pas appelé cet idiot, hein ?
- Il voulait pas vous déranger je suppose. Et comme vous l'avez si bien dit : il est idiot.
- (Elle soupire) Toujours pareil...
J'ai un rictus et regarde un peu autour de moi. Le fait qu'il y ait uniquement sa mère me stresse un peu. En fait, je pense que c'est juste le manque maternel qui me fait me sentir comme ça. Elle caresse son front et parle doucement :
- Il avait mal quelque part ?
- Mmh, au ventre.
Elle ne répond pas et palpe doucement son ventre. J'espère qu'il va bien et qu'elle va pas me dire qu'il va falloir l'amener à l'hôpital.
- Vous pensez qu'il a l'appendicite ?
- Je ne pense pas. Ça lui ait déjà arrivé d'avoir ce genre de douleur plus petit, c'était des fissures de petits kystes.
- Des kystes ?!
- Dans son cas c'est pas grave mais ça fait très mal. Ça lui arrive très rarement, t'inquiète pas.
J'espère et regarde fixement ce qu'elle fait comme pour vérifier ses mouvements. Elle appuie au niveau de l'appendice de son fils pour vérifier qu'il n'ait pas l'appendicite.
- En effet, ça n'est pas l'appendicite.
Elle regarde les médicaments posés sur le meuble près de son lit et les examine rapidement puis retourne à sa brève inspection de l'état de son fils. Je vais lui passer un savon ma parole ! Il pouvait pas simplement me dire que ça lui était déjà arrivé et qu'il savait ce que c'était ?! Est-ce qu'il s'est simplement imaginé ce que j'ai ressenti quand je l'ai vu ? Quel idiot !
- Tu es allé chercher du [...] ? On en avait plus.
- Heureusement que la pharmacie était ouverte.
- Tu as eu un bon réflexe, je pense que les médicaments ont dû le fatiguer mais il doit aller mieux.
Je l'espère réellement. Je veux pas que quand il se réveille il se sente à nouveau aussi mal que tout à l'heure. J'entends un gémissement et une petite voix endormie parvenir jusqu'à mes oreilles :
- Gab...
Je garde les yeux grand ouverts et n'ose même pas réagir. Sa mère doit être plutôt étonné moi j'ai plus envie de rire qu'autre chose mais bon, je ferai mieux de rester muet. Sa mère parle :
- Et bah il s'arrête jamais de parler celui-là.
Je ris doucement et attends un peu. Elle continue à l'examiner et me fait signe qu'il y a pas de quoi s'inquiéter. Je suis tellement rassuré ! Je soupire et souris un peu plus. J'avais peur pour lui, mais vraiment ! Après quelques secondes je baille et me perds un peu dans mes pensées. Mes pensées sombres.... mon passé, ces moments qui étaient si beaux puis un jour... tout a basculé, entraînant des choses, puis d'autres et encore d'autres et puis...sa disparition. Je me pince la lèvre et attends sans rien dire. Je sens une mains sur mon épaule, je relève la tête, étonné :
- T'as mangé ?
- Non mais ça ira.
- Viens manger, ça te fera du bien, tu es tout pale.
Moi ? Je dois l'être parce que j'étais stressé et vu ce à quoi je viens de repenser ça m'étonne pas en fait. Je détourne le regard.
- Vous inquiétez pas pour moi.
-Viens manger, d'accord ? Ça te fera pas de mal. Et puis il va pas se réveiller tout de suite. Et sans compter que ça me ferait plaisir de manger avec quelqu'un.
Elle sait comment m'appâter. Je ne peux pas lui dire non si elle me fait savoir que ça lui ferait plaisir... Je hausse les épaules et la suis. Je n'aime pas m'imposer et ne pas être maître de la situation mais je peux rien faire un effort... C'est sa mère après tout et puis je suppose que j'ai pas le choix. Je fourre mes mains dans mes poches et baille. Je suis épuisé mais à un point. Ce gamin me fatigue, il me tire toutes mes forces. Pourquoi il peut pas être capable de rester en bonne santé, hein ?
On arrive dans la salle à manger. Elle sert deux assiettes remplies. L'une pour elle, l'autre pour moi. Je m'assieds à table et regarde sa mère dans les yeux. Elle commence à manger et m'intime de faire pareil. Ce genre chose, repas... quotidien avec quelqu'un, une mère. Ça fait mal au cœur, j'ai pas vécu ça depuis longtemps et ça ravive certains souvenirs plus ou moins bons...
- Vas-y, mange.
Je m'exécute ne voulant pas paraître impoli. Je mange lentement et croise les pieds. Je joue un peu avec ma nourriture et n'arrête pas de repenser à Yoongi. J'aime pas savoir qu'il est tout seul en haut... Je suppose qu'elle sait ce qu'elle fait mais même. Sa délicate voix me sort de ma rêverie.
- Dis moi, vous êtes ensemble depuis longtemps ? Il veut pas me le dire.
- (J'ai un rictus) Pourquoi ça m'étonne pas ? Non, c'est récent. Quelques semaines à peine.
Elle hoche la tête. Franchement, j'avais beau lui tourner autour je voulais pas qu'on soit ensemble. Pour moi c'était un poids et je voulais pas le blesser, il a un cœur si pur contrairement au mien qui est rongé... Mais à force de voir sa bouille j'ai plus pu m'en empêcher, il fallait qu'il se passe quelque chose. Ce déclic je l'ai eu quand il est venu bourré. Là j'ai compris qu'en vrai en cherchant à faire son bien en l'éloignant je lui faisais plus mal qu'autre chose. Mais dans le fond, ça aurait pas était un mal pour un bien ? J'arrête pas d'y penser et si... qu'on soit plus ensemble lui rendait une belle vie ? Pour l'instant la mienne est moins tourmentée mais je sais qu'elle ne le restera pas longtemps, je veux pas lui imposer de mauvaises choses...
- Oh !
Je me ressaisis et la regarde étonné. Qu'est-ce qu'il se passe ? Elle tend la main vers mon poignet et appuie avec ses doigts sur la plaque de ma gourmette. Je la fixe et ose à peine bouger.
- C'est le cadeau qu'il t'a offert à Noël ?
- (Je hoche la tête en souriant légèrement)
-Je vois. Haaa mon fils change, j'ai du mal à y croire.
Moi aussi. Il devient de plus en plus à l'aise et malgré le fait qu'il garde son petit côté ronchon et susceptible, il change un peu et prend sur lui. Je fais de même et j'espère qu'il remarque mes changements. Je fais ça juste pour lui il a intérêt à y faire attention ! Sinon je l'étrangle... Tsss...
-Honnêtement ? Ton âge me laisse perplexe par rapport à lui mais... je sens que tu as une bonne influence donc ça va.
Je m'y attendais vraiment pas. Je fronce les sourcils et baisse la tête vers mon assiette sans parler, ne sachant pas quoi répondre à son aveu. Moi aussi par moment je me dis que son jeune âge est handicapant mais finalement ça va. Je me perds en mangeant par petites bouchées.
- Tu sais, il me parle rarement de toi. Je pense qu'il est timide mais bon...
- (Je finis sa phrase à sa place) Il est comme ça.
- (Elle glousse) Oui, cet idiot ne changera pas sur ça.
Je vois que je suis loin d'être le seul à l'appeler comme ça, même si maintenant je le fais moins. Honnêtement j'adore voir ses expressions quand j'utilise ces petits surnoms et puis je suis sûr qu'il trouve pas ça si désagréable. Ok, à la base je me moquais ouvertement de sa virginité et d'une mauvaise façon mais... finalement c'est plus devenu un jeu et c'était loin d'être méchant même si au début ça l'était. Le fait qu'à son âge il soit si ''innocent'' me faisait rire mais maintenant je trouve ça mignon. Et puis il est pas aussi prude qu'il le laisse croire. Je souris un peu et mange lentement.
- Dis moi, tu fais des études ?
- Oh euh... je suis encore au lycée.
- Tu as redoublé ?
- Disons plutôt... qu'une mauvaise passe est survenue dans ma vie...
- Je vois. Lui aussi a connu une mauvaise passe...
- (J'ose pas répondre)
- Je suppose que t'es au courant que son père est... décédé.
- (Je reste muet)
- Il était proche de lui, je pense pas que ça soit à moi de t'expliquer ce qu'il s'est passé, il va m'en vouloir. Mais sache que le sujet est encore sensible et qu'il est fragile sur ça. Ça l'a... vraiment marqué.
Elle ne réagit pas spécialement à mon mutisme. Je préfère l'apprendre de lui. Mais ce qu'elle a dit me travaille. J'ai cru comprendre qu'il avait été marqué surtout s'il était avec son père le jour de son décès. Je sais qu'il m'en parlera que le jour où j'oserai lui parler de mon frère disparu mais.... ça me demande une force surhumaine. J'ai le cœur brisé quand je parle de lui, j'y arrive pas. Il me manque vraiment. C'est bête j'ai toujours l'impression qu'il va revenir et me dire que c'était une blague. Je m'éclaircis la voix et arrête de repenser à lui pour ne pas montrer mon côté trop... déprimé et sensible.
- Au fait, c'est très bon madame.
- Ravie que ça te plaise.
Elle sourit. Je savais réellement pas quoi dire. Rien qu'une simple conversation avec un adulte j'ai plus l'habitude du tout donc je trouve cette situation pesante même si sa compagnie est loin d'être désagréable. Je réfléchis un peu et frotte mes mains contre mon jean tout en restant muet. Je baille discrètement sous l'effet de la fatigue et m'étire.
- Tu es fatigué ?
- Ça va.
- Tu as pris soin de lui longtemps ?
- Aucune idée mais je pense durant quelques temps oui.
- Merci d'avoir été là.
C'est normal, j'allais pas le laisser alors qu'il avait besoin de moi. Je m'essaie à un petit sourire mais j'ai l'impression qu'il a du mal à sortir quand même. Je regarde son joli visage. Elle ressemble beaucoup à son fils quand même. En même temps vaut mieux. Moi si j'avais pu ne pas ressembler à mon géniteur ça aurait été le mieux.
- Je t'en suis réellement reconnaissante. Je sais que c'était pas à toi d'être là mais merci. Tu as fait ce qu'il fallait et tu l'as calmé.
J'ose réellement ne plus parler. On pourrait croire que c'est juste que j'aime pas parler mais en vrai c'est surtout que je sais pas comment répondre ou j'ai peur de dire quelque chose que je devrais pas.C'est une habitude que j'ai donc maintenant je me tais à part quand j'ai le dessus sur la conversation et que c'est moi qui dirige. Je finis rapidement mon assiette tout comme elle.
- Tu as encore faim ?
- Non merci. C'était vraiment bon.
Elle m'envoie un sourire radieux et débarrasse mon assiette ainsi que la sienne. Ce petit repas m'a vraiment fait du bien, j'avais faim. Je comptais passer à table quand il m'a envoyé ce message. Oui, je comptais manger tard... Je me lève de table et m'étire discrètement. Elle prépare une autre assiette, je suppose qu'elle est pour son fils. Elle passe devant et traverse la pièce, monte les escaliers et enfin arrive dans la chambre de son fils. Je reste en retrait et une fois dans sa chambre vais m'asseoir à sa chaise de bureau. Sa mère s'assied à la même place que tout à l'heure, sur le rebords du lit et pose l'assiette sur la table de chevet. Je baille une énième fois et croise les bras en baissant la tête. Je vais m'effondrer comme une masse moi aussi.
- Mon chéri... Réveille toi.
*********************
Vous vous demandez peut-être que je deviens dans ma vie (Ou pas en réalité xD) ! Et bien je suis diplômée avec compliments d'un master, réussi haut la main puis je suis actuellement enseignante. Je ne sais pas exactement jusque quand je ferais ce métier mais pour le moment il me plait.
C'est drôle pare que je me suis fait cette réflexion il y a peu : avant je planifiais toujours tout sur des années, je prévoyais mes projets. Et en fait maintenant je ne le fais plus du tout. Je prends les choses comme elles viennent en me disant que le monde regorge de possibilité et d'opportunité, que si on est trop prévoyant on passe à côté de choses imprévues mais parfois meilleures.
Et en réalité je pense avoir compris pourquoi je ne me projette plus autant, c'est terrible à dire je le sais mais c'est très probablement car je ne me voyais pas vivante à cet âge là. Je pensais que je serais morte bien plus tôt alors maintenant je n'arrive plus à planifier le reste de ma vie xD Alors je suis justement bien plus heureuse comme ça, sachez-le ! Ne me prenez pas en pitié ou ne pensez pas que je suis mal dans ma vie, au contraire ~
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