PDV INTERNE THOMAS 

Samedi 6 septembre

Qu'est-ce qu'il m'était arrivé hier ?! Rien que d'y repenser j'avais déjà les joues qui chauffaient. Pourquoi avait-il tant ouvert sa putain de chemise ?! Mais, je ne l'aimais pas. Non, bien sûr que non. C'était juste de l'admiration. Je décidais d'aller me changer les idées à la bibli, de toute façon, c'était pas comme si j'avais le choix. Je sortis une vieille tenue du samedi et m'habillais.

Je descendis, mangeais, mis mes Nike et pris mon skate pour filer à la bibli où travaillais mon cher papounet. En réalité, c'était pas vraiment loin, c'était dans le centre ville alias le bourg de ce bled paumé. 

J'arrivais rapidement là-bas. Il était tôt donc il n'y avait pas grand monde dans les rues, tant mieux j'avais envie de dire, j'aimais pas le monde, mais j'aimais pas être seul comme dans cette bibli de malheur. 

Je rentrais, saluais mon père de la main, posais mon skate derrière le comptoir et allais me balader dans les rayons. Tant qu'à faire autant chercher des livres avec des titres drôles et, peut-être que j'en trouverais un à lire dans le weekend pour la rédac' de lundi. Je savais que je me mentais à moi même car, c'était juste impossible pour moi. 

Je parcourais du regard les livres qui s'exposaient à moi et tombais sur un qui m'intriguais particulièrement. Je le retirais du rayon, feuilletais les pages et lus le résumé. Finalement, je le remis à sa place mais le gardais en tête. Il n'avait pas l'air si long que ça à lire en plus. Je m'assis entre deux rayons et relâchais ma tête en arrière. Je fermais les yeux et me demandais combien de temps j'allais encore tenir ici, en plus, ça, tous les weekends, c'était de la torture ! Je pensais à ce qu'avait dit Minho et je souris. Lui, au moins, il ne me laissais pas livré à mon propre sort. 

Le cliquetis de la cloche au dessus de la porte de la bibliothèque se déclencha. Interpelé, je tournais la tête et saluais du regard la personne qui était rentrée. Une jeune fille, brune au yeux bleus, à peu près la trentaine. Elle portait un tee-shirt rayé avec une chemise bouffante qui en ressortait et un jean noir simple. Ses chaussures était cachées par son pantalon qui descendait jusqu'au sol. 

En regardant de plus près, je pus apercevoir des mèches bleues foncées dans ses cheveux, ça me fit sourire. Elle portait sous son bras une pile de trois livres, le premier plus gros que les deux autres. Je me mis à imaginer : Qu'est-ce qu'elle avait pu lire ? Comment l'avait-elle lu ? Avec qui et où ? Est-ce qu'elle avait un retard sur son rendu ? En combien de temps les avait-elle lu ? 

Alors que je m'interrogeais sur ses lectures, je la vis rire avec mon père et poser les livres sur le comptoir. Elle remit une mèche de ses cheveux derrière ses oreilles et se tourna vers moi en continuant de parler. Mon père m'appela. 

"Thomas, vient voir la madame." Me dit-il, accompagné d'un signe de main.

Je grommelais, me relevais péniblement et allais jusqu'à lui. 

"Ouais, bonjour." Dis-je, indifférent. Je n'avais aucune envie de parler à une parfaite inconnue dont je me foutais royalement.

Mon père fronça les sourcils. Je fis un sourire forcé pour éviter ses reproches que je sentais arriver. 

"Laisse le, il est encore jeune." Répliqua t-elle.

Il se contenta d'hocher de la tête et de sourire. Hypocrite. 

"Je te présente une habituée de la bibliothèque, ça fait maintenant plusieurs années qu'elle emprunte des livres ici. Elle s'appelle Brenda."

"Enchanté. Qu'est-ce que vous avez emprunté comme livres ?" Demandais-je.

"Oh, vous êtes bien curieux jeune homme mais j'adore ça !" Dit-elle avec un ton enjoué. 

"C'est juste pour pouvoir les ranger." Affirmais-je objectivement. 

Elle éclata de rire. Heureusement, parce que je sentais déjà le regard désapprobateur de mon père sur moi. 

"Au moins, il s'implique ce petit." Dit-elle à mon père, d'un ton résolu et motivé.

"Si tu le dis Brenda. Bon occupe toi de ses livres Thomas." Répondit-il désintéressé.

Je pris ses livres sans demander mon reste. D'autres personnes avaient déjà commencé à affluer dans la bibliothèque et je rangeais les livres à leur place initiale, mon père m'avait toujours apprit à les ranger dans l'ordre demandé. 

La bibliothèque était toute en profondeur avec une baie vitrée en tant que devanture alors je pouvais facilement regarder l'agitation extérieure de là où j'étais, bien que ce fut comme si elle me narguait ; je voulais tellement sortir avec mes potes, en plus le soleil brillait plus que la normale de saison en septembre. L'été me manquait. Je repensais à mes vacances où j'avais trainé avec mes potes pendant un bon mois. C'était les meilleures vacances que j'avais eu. Je serrais les dents mais je finis par me calmer et me rassoir à ma place, entre des rayons. J'observais la circulation extérieure. Qu'est-ce que tous ces gens pouvaient bien faire de leur samedi ? Certain iraient probablement rendre visite à des proches, ou feraient les magasins. D'autres seraient sûrement sortis pour le weekend, un weekend en amoureux bien niais comme il faut. Je grimaçais à la pensée même de voir un couple s'embrasser sur un lit remplit de pétales de roses. Beaucoup trop cliché pour moi. 

Quand soudain, je vis passer une tête blonde devant la devanture. C'était monsieur Isaac, j'en étais sûr à deux cents pourcents. Il était de profil et c'était arrivé très vite mais j'en étais certain, ses cheveux blonds en bataille, sa tenue décontractée du samedi. Je me mis à imaginer ce que pouvait bien faire mon prof de littérature ici. Peut-être habitait-il dans le coin ? Il avait dit avoir emménagé ici. Peut-être repassait-il dans les endroits chargés de souvenirs de son enfance ? Ou simplement allait-il se balader ou faire ses courses ? Mais, il n'avait pas de sacs, seulement un bouquet de fleurs. Avait-il une petite amie ? Pourquoi cette idée me nouait le ventre ? Il y avait pleins d'autres raisons pour qu'il ait un bouquet de fleurs. Peut-être allait-il voir sa mère, ou sa sœur, s'il en avait une ? Il faudrait que j'arrête de penser à lui. 

Après être sorti manger dans l'arrière boutique de la bibliothèque avec mon père, il m'accorda mon après midi, estimant que j'avais été calme. Il semblait avoir oublié l'épisode de ce matin avec cette Brenda. Tant mieux pour moi. Je le remerciais et récupérais mon skate avant de sortir de la bibliothèque. 

J'envoyais un texto à Minho pour l'informer de l'autorisation de mon père et pour qu'on se retrouve au skate parc. Il approuva la proposition et je me rendis sur place le plus vite possible. Il était au alentour de 14h30 quand j'arrivais là-bas. J'attendis mon meilleur ami une trentaine de minutes et il arriva enfin. 

"Alors, pas trop dur la vie dans les bouquins ?" Me dit-il en rigolant et en me tchequant. 

"M'en parle pas. En plus, j'ai même pas trouvé de livres pour lundi."

"Y a quoi lundi ?"

"Bah tu sais, la rédac'.."

"J'avais complètement oublié, mais depuis quand t'en a quelque chose à faire des cours, surtout de la littérature."

"Bah tu sais, avec le bac de français et mes notes de merde c'est pas fifou alors j'aimerais au moins faire quelque chose, enfin c'est surtout pour que mon père me lâche avec cette punition de merde."

"Ouais, je peux comprendre. Mais, il a déjà été gentil de te laisser l'aprem." 

"T'as raison ! Profitons en !"

Je montais sur ma planche et fis quelques figures. J'adorais faire du skate, je me sentais libre dessus, je pouvais aller où je voulais avec et je devais m'en occuper un peu comme un compagnon de bord. Cette planche avait aussi une valeur sentimentale pour moi car ma mère me l'avait offerte pour mon 18ème anniversaire. Oui, j'avais déjà redoublé c'est pour ça que j'étais majeur alors que je devrais ne pas l'être encore. Mais je trouvais ça plutôt cool, j'étais un peu le daron de la bande comme ça. Même si, j'admettais que c'était plus Minho qui m'aidait psychologiquement que l'inverse. 

Vers 16h30, Minho dû partir pour aider sa mère et je dû partir aussi si je ne voulais pas prolonger ma punition qui était déjà un supplice au bout d'une journée. 

J'arrivais chez moi et rien n'avais l'air anormal. Mon père lisait son journal sur son fauteuil et ma mère préparait le repas de ce soir. Elle me salua quand je passais le pas de la porte et mon père ne m'accorda même pas un regard. J'avais déjà l'habitude de ce genre de comportement de sa part et ça ne m'atteignais plus. 

Je montais dans ma chambre, pris une douche, et repensais à la rédac' et au livre que j'avais trouvé tantôt. Je prendrais sûrement lui pour la rédac'. Je m'assis sur mon lit et sortis mon ordinateur. Je recherchais rapidement des avis d'anciens lecteurs sur ce livre pour me faire une petite idée et tous, ou presque, étaient positifs. Je souris, content de me fixer des objectifs et de retrouver petit à petit une motivation.

Ma mère m'appela pour manger et je refermais mon ordinateur, le rangeais à sa place et me relevais. Je descendis les escaliers et arrivais tout sourire à table. Je pris place autour de la table et fis part de ma découverte à mes parents. 

"Vous savez qu'aujourd'hui j'ai trouvé un livre qui m'intéressait, enfin 'intéresser' c'est un grand mot mais, c'est déjà ça, et je vais le prendre pour faire ma rédac' de lundi."

"C'est génial ça !" Dit ma mère, tout sourire.

"Oui, enfin, il faudrait déjà que tu le lises et tu n'as qu'une journée pour ça. En plus de travailler à la bibliothèque." Dit mon père, toujours très optimiste. 

"Justement, je vais profiter d'être à la bibliothèque pour le lire." 

"Bonne chance alors." Dit-il.

Le reste du repas se passa en silence. Une fois fini, je remontais dans ma chambre et m'endormis presque instantanément. 

Note de l'auteur :

Je suis assez contente de ce chapitre parce qu'il est assez long et en plus, je me suis pas forcément concentrée sur l'intrigue principale enfin ce n'est que mon avis. Je serais curieuse d'avoir le votre :) Le prochain point de vu sera exceptionnellement sur Thomas si ça ne vous dérange pas, c'est nécessaire pour l'histoire. Est-ce que vous avez aimé ce chapitre ? Votre avis sur l'évolution de Thomas ? Le comportement de ses parents ?..etc

Xoxo 

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