Chapitre 17 - Trahison
PDV INTERNE NEWT
Mercredi 24 septembre
Je me réveillais dans les bras de Thomas, encore. Ce petit rituel commençait à bien me plaire. On devenait vraiment complice et attentif l'un à l'autre.
Thomas avait l'air plus épanoui depuis qu'il avait parlé de ses problèmes à sa mère et qu'on avait discuté. Je trouvais ça constructif de sa part qu'il ait fait la démarche seul, c'était la preuve qu'il prenait en maturité.
Je me levais, me douchais et m'habillais. J'optais pour une tenue plus décontractée puisque je ne travaillais pas aujourd'hui. Par contre, Thomas si.
Je sortis de la salle de bain et secouais Thomas.
"Allez réveille toi marmotte !"
Il râla et se roula en boule dans les draps. Il réussi à attraper mon bras et à me tirer vers lui. Surpris, je tombais en l'écrasant de tout mon poids. Il râla encore et finit par éclater de rire.
"Ahah je t'ai bien eu !" S'exclama t-il.
Je me redressais tant bien que mal et il m'ébouriffa les cheveux d'un geste rapide. Il avait un sourire qui s'étendait jusqu'aux oreilles, plaqué sur le visage. Je restais obnubilé par l'image qu'il m'offrait. C'est là que je me rendis compte à quel point son bonheur comptait pour moi. Je devais afficher un sourire niais, mes yeux plongés dans les siens et les cheveux en désordre. Il n'y préta pas attention et bondit du lit avant de choisir rapidement des habits et de claquer la porte de la salle de bain. Je m'allongeais et posais mon bras gauche sous mon cou. Je repensais à son sourire. J'en eu des frissons. Je restais comme ça, le regard dans le vide jusqu'à ce qu'il me réveille.
"Réveille toi Newt ! Tu veux pas dire au revoir à ton élève préféré ?" Déclara t-il en tapant sur mes jambes étendues sur le lit.
Le fait qu'il est mentionné qu'il était mon élève m'avait fait ressentir une sensation de malaise dans la poitrine. On était bien plus que ça. Ce n'était pas simplement mon élève, c'était.. Qu'est-ce qu'il était d'ailleurs ? Mais, je n'y pensais plus, il avait dû dire ça sur le ton de l'humour, rien de sérieux.
Je me relevais et le suivis en descendant les escaliers. Il ne prit pas de petit déjeuné et je passais ma main dans son cou avant d'embrasser sa joue. Je soutenais le regard en le voyant partir tout en perdant ses moyens.
J'allais me faire un café, le sourire aux lèvres. Je scrutais la mère de Thomas qui dormait encore. Elle ne l'aurait jamais laissé partir le ventre vide, c'était certain. Je ris intérieurement et terminais mon café.
Je me mis à penser à ma sœur. C'est vrai qu'elle m'était sortie de la tête ses derniers temps, remplacée par un jeune homme à la tignasse brune. Il occupait presque constamment mes pensées.
Je regardais l'heure. Il allait bientôt être 9 heure. Je me décidais à sortir. Je posais ma tasse dans l'évier et partis de la maison.
En me baladant, je tombais sur la maison de Thomas. Comment le meilleur ami que j'avais connu avait pu autant changer ? Toute cette histoire me rendait triste et morose.
Mes pas me menèrent devant l'hôpital du village. J'hésitais avant d'entrer mais me décidais finalement. Je montais quatre à quatre les escaliers qui menaient à l'entrée et passais la porte. J'interrogeais la réceptionniste à propos de la potentielle présence du père de Thomas dans l'établissement. Il semblerait que ça soit mon jour de chance car il y était bien. En même temps, il n'y avait pas beaucoup d'hôpitaux dans le coin. Elle m'indiqua la chambre et j'y allais avec précaution. Il y avait comme une baie vitrée qui me séparait de lui. Il semblait paisible, assit en tailleur contre son lit. Sentant probablement mon regard sur lui, il leva les yeux.
"Qu'est-ce que tu me veux ?" Dit-il sèchement.
"Prendre des nouvelles après le bordel que t'as laissé." Répondis-je sur le même ton.
"Si t'étais pas revenu.."
"Ne me fais pas porter le poids des conséquences de tes actes." Le coupais-je.
Il ricana.
"Tu réapparais sans même savoir quoi que ce soit sur moi ou même sur ton petit protéger."
"Ne parle pas de Thomas comme ça."
"Oh ! On dirait bien que j'ai touché un point sensible."
Je m'apprêtais à partir, en ayant assez entendu mais, il continua à parler.
"C'est ça, va le rejoindre, puisque vous vous aimez d'un amour si passionnel." Lâcha t-il sarcastiquement.
Je me retournais. Si cette vitre ne nous avait pas séparé, je l'aurais probablement roué de coups.
"Tu te fais des films."
"C'est ce que tu te dis pour mieux dormir la nuit. Sérieusement, tu es ridicule."
Je levais les yeux au ciel.
"Pourquoi tu me parles de ça ?"
"Oh, je vois. Il ne t'a pas dit la VRAIE raison pour laquelle je l'ai viré de la maison."
"De quoi tu parles ?"
"Je l'avais prévenu que des gens parlaient à propos de vous deux et que je n'aimais pas ça. Il m'a répondu qu'il t'aimait alors je l'ai frappé."
"T'es complètement malade !"
"C'est ça, rejette la faute sur moi."
"Je crois rêver, tu trouves ça normal de frapper son fils ?"
"Il l'avait mérité."
"C'est toi qui aurait mérité une bonne raclée oui."
Je partis, hors de moi. Il était déjà 11 heure passée et je commençais à avoir faim. Je mangeais rapidement et passais au lycée pour attendre Thomas. Je devais lui parler de toute urgence pour éclaircir le vrai du faux.
Au bout d'une petite heure, la sonnerie se fit entendre et j'attendis un peu avant de le voir apparaitre. Il croisa mon regard, surprit de me voir ici. Il arriva sur son skate et m'interpela.
"Qu'est-ce que tu fais là ? Tu as oublié des copies ?" Dit-il ironiquement.
"J'ai parlé à ton père."
"Comment ça ? Enfin, il est sorti de.. Enfin d'où il est ?" Son ton était nerveux et il commençait à paniquer. Je remarquais ses mains qui commençaient à trembler et les pris dans les miennes avant de nous éloigner de la foule.
"Non, il est dans l'hôpital du village, tu sais celui dans le centre-ville."
"Euh oui, oui, je vois lequel c'est." Il essayait de rassembler ses idées, il paraissait soudainement dépassé.
Je mis mes mains de part et d'autre de ses joues pour le forcer à me regarder. Mon regard se dirigea une fraction de secondes sur ses lèvres mais, je ne me laissais pas distraire. J'en venais au fait.
"Il m'a dit ce qu'il s'était vraiment passé ce soir là."
Il ne semblait pas vraiment saisir, fronçant les sourcils en quête de détails. Je le relâchais, soudain mal à l'aise de retranscrire ce qu'avait dit son père.
"De la cause plus précisément." Dis-je en baissant les yeux.
"J'espère que tu n'as pas cru un seul mot de ce qui est sorti de la bouche de ce connard." S'empressa t-il de répondre, rapidement énervé.
"J'avoue que je ne sais pas qui croire." Répondis-je, le plus honnêtement possible.
Il prit sa tête entre ses mains et fit les cents pas.
"Je ne peux pas savoir, je n'étais pas là. Mets toi à ma place !"
"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?" Dit-il, en serrant les dents. Il s'arrêta pour planter son regard dans le mien. Il me déstabilisa. Je détournais le regard. Je bégayais, cherchant mes mots.
"Il a dit que c'était parce que les gens parlaient sur nous et qu'il n'aimait pas ça. Donc, il t'a viré."
Il plissa les yeux. Son regard s'intensifiait et je perdais petit à petit la main sur la situation.
"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?" Répéta t-il.
"Il m'a aussi dit qu'il t'avait frappé parce que tu avais été insolent, une fois de trop."
"C'est tout ?"
"Pourquoi il y a autre chose que tu m'as caché ?"
"Je voulais juste savoir s'il avait raconté l'histoire à sa sauce pour te mettre dans sa poche."
"Alors, c'est vrai ce qu'il a dit ? Tu m'as menti ?"
"Tu crois que j'avais suffisamment de courage pour te dire la vérité en face ?"
"Apparemment non."
J'avais volontairement caché la partie où il avait dit qu'il m'aimait. Je voulais garder ça pour moi, ça pourrait servir plus tard.
"Ecoute, il a tout de suite privilégié l'image que je renvoyais plutôt que mon bien être. Il, il m'a frappé plusieurs fois sans entendre ma version. D'ailleurs, je n'avais pas à me justifier, j'ai bien le droit d'être proche de toi, peut importe ce que les gens disent, je m'en fiche." Il était devenu plus timide d'un coup. Tête baissée, joues rosies par la gêne et une main sur le bras, qu'il frottait frénétiquement.
Je m'approchais et posais ma main sur la sienne pour arrêter son mouvement régulier et nerveux. Il releva la tête et ses yeux croisèrent les miens. Je lui souris.
"Tu as bien raison de t'en foutre du regard des autres, peu de gens ont cette capacité, surtout à ton âge." Je frottais sa joue délicatement avec mon pouce. "On rentre ?"
On grimpait sur son skate et on rentrait à la maison. A peine arrivés, je croisais le regard de la mère de Thomas, elle comprit le message assez rapidement.
"Je te rejoins après Thomas, pars te doucher."
Il fronça les sourcils mais ne contesta pas plus que ça. Une fois la porte de ma chambre fermée, sa mère m'interpela.
"De quoi tu voulais me parler ? C'est à propos de Thomas ?"
"Je suis passé voir son père. Il m'a raconté sa version de ce soir là. Thomas me l'a confirmé vite fait on va dire, c'est encore très flou pour moi. Je ne sais pas trop en qui je peux placer ma confiance. Je voudrais qu'il n'y ait pas de filtre entre nous si vous devez vivre sous mon toit. J'espère que tu comprends."
Elle acquiesça.
"Bien sûr. Qu'est-ce que tu attends de moi ?"
"Je suppose que tu t'en doutes, ta version de ce soir là."
"Pour moi aussi c'est encore très flou, ça m'a fait un vrai électrochoc mais je peux toujours te dire ce dont je me souviens."
On s'assit autour de la table, elle en face de moi, côté cuisine.
"Je me souviens que, il y avait eu beaucoup de cris. Thomas et son père se sont disputés mais c'était plus violent que d'habitude. Ils ne s'aimaient déjà pas beaucoup mais Thomas paraissait particulièrement affecté. Son père l'a beaucoup frappé au visage, j'étais tétanisée, incapable d'intervenir. Je m'en veux beaucoup d'ailleurs." Elle marqua un temps. "Je savais qu'il allait en parler, son père me l'avait dit un peu plus tôt dans la soirée."
"Parler de quoi ?"
"De vous deux." Précisa t-elle.
Les versions concordaient.
"Quoi exactement à propos de 'nous deux' ?"
"Il avait remarqué que les gens parlaient beaucoup, des rumeurs et tout un tas de choses. Il ne voulait pas entacher son image. Thomas n'était déjà pas un ange mais ça allait trop loin là, ça touchait à son meilleur ami d'enfance donc indirectement à lui. Il pensait que les gens feraient le raccourcis."
"Tu te souviens de leur échange ?"
"Très vaguement. Thomas t'a défendu en disant qu'il n'y avait rien entre vous."
"Oh."
"La dernière chose qu'il a dit, c'est qu'il t'aimait et que peut importe l'avis de son père, il s'en fichait. Il était à bout de nerf. Je ne sais pas vraiment dans quel sens il a dit ça ou si c'était sincère. Je ne sais pas si c'était pour emmerder son père ou s'il l'avait fait exprès pour le blesser. Ce n'est qu'un ado. Il ne sait pas gérer ses émotions."
"Un ado de 18 ans mais, je vois ce que tu veux dire. Je vais lui parler."
Elle acquiesça, l'air inquiète. Mon cerveau était en ébullition. Son père avait dit vrai. Alors Thomas m'aimait. Je ne perdais pas de vu les autres hypothèses formulées par sa mère plus tôt mais, et si c'était vrai ? Est-ce que j'aurais voulu que ça le soit ? Je devais en avoir le cœur net.
Je montais doucement les escaliers et ouvrais la porte. Thomas dormait dans mon lit, recroquevillé dans les couvertures. Je me contentais de l'observer, attendris. Est-ce que j'allais avoir le courage de lui en parler ?
Il se réveilla en sursaut, m'aillant probablement entendu. Il se tourna vers moi.
"Vous avez parlé de quoi ?"
"A ton avis ?"
"Alors, tu lui as demandé sa version."
"Très perspicace !" Le taquinais-je.
"Qu'est-ce qu'elle a dit ?" Il semblait bizarrement nerveux. Est-ce qu'il avait peur que je sache ?
"Elle a confirmé la version de ton cher père à quelques exceptions près."
"Comme ?"
"La fin de votre dispute."
"Oui et bien ?"
"Tu n'as pas démenti qu'il se passait quelque chose entre nous, enfin au début si mais, tu as craqué à bout de nerf."
Je montais sur le lit et me mis au dessus de lui. Je dévorais ses lèvres du regard. Il semblait complètement prit au dépourvu.
"Je.. Non.. Enfin.. Je ne me souviens plus trop.."
"Tu veux que je te rafraichisse la mémoire ?" Dis-je d'une voix intentionnellement sensuelle.
Il me repoussa doucement sur le côté, sourcils froncés. Il se releva, tournant nerveusement sa tête de gauche à droite.
"Je.. Je ne peux pas.."
Il quitta la pièce et claqua la porte. Je restais bouche bée. Pas si surpris que ça au final. C'était difficile pour lui et j'étais allé trop vite. Je voulus lui laisser de l'espace et prévenu sa mère qu'il rentrerait tard. Je préférais le couvrir, j'étais en tord, je devais réparer mes conneries.
Au bout d'une petite heure, il n'était pas rentré et je commençais à m'inquiéter et à ne plus tenir en place. Je finis par aller le chercher. J'allais directement au skate park, où pouvait-il être d'autre ?
Arrivé sur place, je scannais du regard le lieu et tombais sur lui, torse nu entouré d'un groupe de personnes de son âge. Je n'en connaissais pas beaucoup, seulement deux filles de sa classe.
Je me dirigeais vers lui quand je me décomposais. Il venait d'embrasser une fille à pleine bouche devant moi et pas qu'un peu. J'entendis sa troupe siffler, probablement fière de lui. Un bourdonnement envahi mes oreilles et je rentrais tant bien que mal, complètement sonné.
J'allais me coucher, essayant de retirer cette image gravée sur mes pupilles. Qui était-elle ? Pourquoi Thomas l'embrassait-il ? Il avait joué avec moi ou je m'étais fait des films ? Non, c'était bien réel, cette alchimie entre nous. Je n'étais plus sûr de rien.
Note de l'auteur :
J'espère que ce nouveau chapitre vous a plus. Votre avis ?
Xoxo
{2435 mots}
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