Réminiscences


Je contemple la venelle qui s'est parée de déclinaisons ocre. Elle serpente entre deux maisons, s'enfonce dans un petit bois puis débouche sur une ruelle... Le vent qui s'y engouffre est glacé. Quelques feuilles mortes tourbillonnent en une valse lente. Leur raclement sur le béton murmure que le temps passe trop vite...

Je m'y revois, parcourant les dalles grises avec ma sœur, jusqu'à en connaître chaque recoin. Ce passage étroit décuplait son imaginaire d'enfant et elle m'entraînait à chaque fois dans son univers.

Et si c'était un sentier vers la mer ? Je sentais les embruns sur ma peau. Une mouette volait tranquillement. Devant nous apparaissaient des dunes et le ressac en bruit de fond nous étourdissait. Il n'y avait plus qu'à faire la course et à se jeter dans l'océan qui nous tendait ses bras.

Et si c'était une piste dans la jungle ? Autour de nous, le bois se densifiait en une forêt tropicale, habitée de cris inquiétant. Nous la parcourions silencieusement, soucieux de ne pas réveiller les fauves qui risquaient d'en faire leur terrain de chasse. Nous cherchions les sources d'eau, l'or qui y sommeillait. Et des lianes, qui poussaient ça et là, nous invitaient à nous envoler...

Et si c'était un chemin de fer vers un pays exotique ? Bien sûr, nous devenions le train, mugissions comme des locomotives à vapeur et découvrions à grande allure de nouvelles contrées et des climats extrêmes. Les gens avaient des vêtements chatoyants, une peau colorée. Nous ne comprenions rien à ce qu'ils nous disaient, mais ils avaient l'air heureux de nous voir passer à toute allure.

Et si c'était une passerelle au-dessus des montagnes ? Je claquais des dents et réajustais mon manteau. Le monde devenait vertigineusement escarpé et extrêmement silencieux. Nos pas étaient mal assurés. Le vent nous faisait tanguer et menaçait de nous précipiter dans le vide...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top