OS 31 Ça me donne envie de vomir

INSURGENTS

Tobias

Je fais la plonge depuis deux heures déjà. Qui aurait cru qu'une faction utiliserait autant de vaisselle? Tout cela à cause de notre accord avec les Fraternels. Je m'en serais bien passé mais, je n'ai pas vraiment le choix si on a envie de rester ici. Nous avons besoin de ce refuge. Au moins pour l'instant parce que je ne pense pas que cela pourra être une situation permanente.

En plus de ça, cette couleur jaune m'agresse les yeux. Cette bonne humeur constante me fout le cafard. Je déteste voir toutes ses personnes sourire comme si elles étaient heureuses. Je me renfrogne et continue ma vaisselle. Chez les Audacieux, je n'avais qu'une assiette, qu'un verre et que trois couverts à nettoyer. Ici, je n'en vois pas le bout.

Trois Fraternels sont avec moi. Eux font la cuisine en chantonnant, heureux de cette corvée. Tandis que moi, je compte les minutes avant de partir. Les manches retroussées jusqu'aux coudes, je lave je ne sais combien d'assiettes.

- Pourquoi es-tu si froid? me demande l'un d'eux.

Je lâche une assiette dans l'évier, ce qui provoque des éclaboussements. Je ne réponds rien.

- Il ne faut pas que tu sois comme ça. Libère toi de ta colère, ta vie n'en sera que meilleure, ajoute l'autre.

Je m'accroche des deux côtés de l'évier, le serrant si fort que mes phalanges deviennent blanches.

- Je ne vous ai rien demandé alors foutez-moi la paix, je rétorque sèchement.

Ils ont l'air de comprendre puisqu'ils se taisent. Mais, ils reprennent leur conversation.

- Maintenant que je côtoie Marcus Eaton, je ne parviens pas à l'imaginer violent avec sa famille.

- Moi non plus. Ce n'était sûrement que des affabulations pour affaiblir son pouvoir.

Je me tends. Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Ils n'ont pas le droit de dire ça. Ils n'ont pas vécu ce que moi j'ai vécu pendant des années.

- C'est un homme bon d'après ce que je vois. Cela se voit qu'il est Altruiste.

- Est-ce que vous pourriez vous taire? je demande d'une voix plus forte que ce que j'avais prévu.

Ils sursautent avant de se tourner vers moi.

- En quoi notre discussion te dérange?

- Tu as besoin de concentration pour laver de la vaisselle? ironise l'un d'eux.

Mes poings se serrent malgré moi. Je déteste que l'on se moque de moi ainsi. Je m'approche d'eux et ils reculent d'un pas.

- J'ai dit que j'apprécierais que vous vous taisiez.

- Pourquoi? Nous ne faisons que discuter d'un sujet on ne peut plus banal?

Banal? Vous parlez de mon père et vous affirmez qu'il est impossible qu'il ait été violent.

- Comment peux-tu vivre ainsi, avec tant de haine en toi?

- Je suis ici pour la corvée de cuisine, pas pour une séance chez le psychologue, je rétorque sèchement.

- Très bien! s'exclame l'un d'eux en levant les mains.

Le silence s'abat sur nous pendant quelques minutes. Minutes plutôt reposantes. Il me reste encore un quart d'heure puis je serais libéré. 

Je ne cesse de tourner encore et encore leurs mots dans ma tête. Pourquoi est-ce que je me torture l'esprit seulement pour ça? Ils ne savent pas. Mais s'ils continuent à tous agir de la sorte, je ne vais pas pouvoir garder mon sang froid encore longtemps.

Pour qui se prennent-ils? Ils n'ont pas leur mot à dire sur ma manière d'agir et sur ma manière d'être. Si je ne leur conviens pas tel que je suis, c'est bien le dernier de mes soucis.

Je termine enfin ma pile d'assiette. Sans saluer personne, je quitte les cuisines. J'arpente les couloirs d'un pas rapide et saccadé.

J'entre dans la cafétéria et repère rapidement Tris. Je me dirige naturellement vers elle. Elle me demande si tout va bien lorsque je m'installe à côté d'elle.

- Dans leur enthousiasme à régler les conflits, les Fraternels ont apparemment oublié qu'en se mêlant des problèmes des autres, on n'arrive qu'à en créer d'avantage. Si on reste ici, je vais finir par casser la figure à quelqu'un et ça ne va pas être joli.

Je reçois des regards outrés de la part de Fraternels, de Caleb et de Susan. Mais Tris n'a pas l'air surprise.

- Vous avez bien entendu.

Tris cache un sourire avec sa main, l'air amusée. Sauf que ça ne m'amuse pas du tout.

- Donc, je répète : qu'est-ce qu'il s'est passé?

- Je te raconterai plus tard.

Je ne vais lui expliquer maintenant avec toutes ces personnes ici. Et surtout Susan est Altruiste, elle interviendra forcément lorsque j'expliquerai le rapport avec Marcus.

Une main se pose sur l'épaule blessée de Tris. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir à qui elle appartient. Je l'ai vue suffisamment de fois me frapper pour ça.

- Pour information, elle s'est fait tirer dans l'épaule.

- Mes excuses.

Mes excuses? Tu ne t'es jamais excusé pour ce que m'a fait subir. Je ne le crois pas une seule seconde. Il s'assied à côté de Tris, je n'aime pas ça. Il nous salue mais, Tris lui demande rapidement et sèchement ce qu'il veut. Susan tente d'intervenir pour faire comprendre à son amie qu'elle n'est pas obligée de lui parler sur ce ton mais Caleb l'interrompt. Tris réitère donc sa question.

- J'aimerais discuter de quelque chose d'important avec toi. J'ai discuté avec le groupe des Altruistes et on a décidé qu'il valait mieux partir. Etant donné le caractère inéluctable de la poursuite du conflit en ville, on pense qu'il serait égoïste de rester ici pendant que les autres membres de notre faction sont prisonniers de la Clôture. On voudrait vous demander de nous escorter.

Pourquoi s'adresse-t-il à ma petite amie? Il y a d'autres personnes avec qui discuter de ça ici. Je dérive mon regard sur mon assiette.

Quelque part, il a quand même raison. Rester ici ne me paraît plus possible, plus vivable. Ça me tue de devoir penser ça mais nous allons devoir l'aider.

Du coin de l'œil, je vois que Tris se tourne vers moi, dans l'attente d'une réaction.

- Qu'est-ce que tu en dis?

- On devrait partir après-demain.

- D'accord. Merci, répond Marcus avant de quitter la table.

Je vais devoir venir en aide à mon père, ça me donne envie de vomir. Je suis à deux doigts de quitter la table mais, une petite main me retient ici : celle de Tris. Elle la glisse dans la mienne et la serre fort, me donnant la force dont j'ai besoin pour relever la tête.

_______________

Salut!

OS demandé par wendywhu. Il vous a plu? Pour le début, je n'avais aucun élément pour deviner ce qu'il s'était passé alors, j'espère que vous aurez aimé!

TrueWordOfLove

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top