INSURGENT

Tobias  

Lorsque j'ouvre les yeux, je mets quelques instants avant de me rappeler ce qu'il s'est passé la veille. Et, lorsque je la vois dans mes bras, dormant, je ne peux que me sentir soulagé. Je caresse ses cheveux blonds avec tendresse, accompagnant mon geste d'un léger baiser. Je ne veux surtout pas la réveiller, elle a besoin de repos.

Je me lève doucement, en faisant tout pour ne pas provoquer son réveil. Lorsque je réussis, je m'accroupis face à elle et dépose un long baiser sur son front. Je vais dans la pièce voisine et récupère des vêtements propres pour les déposer sur le lit avant de quitter la chambre pour rejoindre les autres.

- Tiens, salut Quatre. Tris n'est pas avec toi? me demande Christina.

- Non, elle dort encore.

Elle semble déçue mais n'ajoute rien.

- Comment va-t-elle? s'inquiète Uriah.

- Ça peut aller. Elle est secouée et fatiguée, laissez-lui un peu de temps.

Après cet échange de paroles, je vais dans la cuisine pour préparer un semblant de petit déjeuner : des œufs brouillés. Je sais que Tris aime ça. Uriah, Christina et Lynn arrivent et se servent dans l'assiette prête.

- Eurk, qu'est-ce que c'est que ce truc? s'exclame Christina en grimaçant.

- Le petit déjeuner. Et, si tu n'es pas contente, ce n'est pas mon problème, je rétorque.

N'attendant aucune réponse, je récupère une boîte en aluminium que je remplis d'œufs brouillés pour Tris. Par la suite, je rejoins Evelyn, Peter et d'autres personnes, trois assiettes pleines dans ma main libre. Ils me remercient et se servent. Je pose la boîte sur la table. Il faut que Tris se nourrisse.

Je ne suis pas vraiment la conversation qui se tient à côté de moi. Au final, je m'assois par terre, une jambe pliée, l'autre non. Je n'attends qu'une chose : que Tris nous rejoigne. Qu'elle me rejoigne. Pour que je sois certain que tout cela est bel et bien réel et qu'elle est bien de retour parmi nous.

- Comment vas-tu? s'enquiert Evelyn.

- Ça va, je réponds doucement, le regard dans le vide et un léger sourire sur les lèvres.

Tris est de retour, vivante. Et elle m'a dit qu'elle m'aimait. Je crois que ce dernier détail finit de me détendre totalement. Evelyn me lance un regard légèrement confus. Mais, je ne lui dirais pas le pourquoi de mon sourire. C'est bien trop intime et cela ne regarde que Tris et moi. Personne d'autre. Ce moment est à nous.

Soudain, des bruits sourds dévalent les escaliers. J'ai l'impression que personne ne s'en est rendu compte. Je sais ce que cela signifie. Uriah, Lynn et Christina ont disparu. Ils sont probablement montés à l'étage.

Le silence se fait peu à peu lorsque Tris entre dans la pièce. Tout en elle aimante mon regard. Elle est pâle mais, elle est toujours belle. Ma mère la présente aux autres mais, je vois à quel point elle est mal à l'aise. Alors, je présente Uriah, Lynn et Christina, essayant de détourner l'attention d'elle, sans succès.

- Tu n'étais pas censée être morte?

Non. Non, elle est bien vivante. Je ne sais pas ce que j'aurais fait autrement.

- Censée.

- Mais on est là pour empêcher Jeanine Matthews de parvenir à ses fins.

Je me lève et récupère une boîte en aluminium remplie d'œufs brouillés. Je la lui tends et elle me sourit, reconnaissante. Je m'assois à nouveau et elle ne tarde pas à prendre place à côté de moi. Elle mange. Doucement mais elle le fait.

- Des œufs brouillés, hein? sourit-elle.

- Il faut que tu manges et je me suis dit que tu aimais forcément ça, je réponds en passant une main dans ses cheveux encore humide de sa très probable douche.

- Pourquoi tout ce monde est ici? me demande-t-elle doucement. Où est Marcus?

- Evelyn l'a fichu dehors. Elle a dit que c'était chez elle aussi, qu'il en avait eu l'usage pendant des années et que c'était son tour.

En disant cela, un sourire étire mes lèvres malgré moi. Il l'a bien mérité. Il mérite même pire.

- Ça a déclenché une engueulade monstre sur la pelouse, mais elle a fini par gagner.

Je lui attrape du pain et lui en donne deux morceaux, lui précisant qu'elle en a besoin. Elle ne rechigne pas et les accepte. Je remarque que son regard reste posé sur Evelyn et Peter.

- Je pense qu'elle veut lui faire comprendre que le mode de vie des sans-factions est sensationnel pour qu'il les rejoigne.

- Qu'il le fasse, qu'il quitte les Audacieux. Bien qu'il m'ait sauvé la vie, je ne l'aime pas.

- Et si au final, les distinctions entres les factions n'existaient plus? Ce serait beaucoup mieux tu ne penses pas?

Elle ne me répond pas. Elle reste dans ses pensées. Pensées coupées par l'entrée d'Edward. Il a cet espèce de bandeau sur l'œil, représentant lui même un œil. Étrange.

Il s'avance rapidement et dangereusement vers Peter. Ce dernier recule vivement. Il doit espérer pouvoir disparaître. Sauf qu'il faut bien qu'il assume ses actes.

- On est moins courageux en plein jour. Évite de lui confier des ustensiles de cuisine, ajoute-t-il à l'adresse d'Evelyn. On ne sait jamais ce qu'il peut faire avec.

Violemment, il récupère la fourchette que tient Peter et le menace avec. Avec sa main droite, il soulève la tête de son adversaire et de l'autre, il appuie la fourchette juste au-dessus de sa pomme d'Adam. Peter ne bouge plus. Je n'ai même pas envie d'agir. Bien qu'il ait sauvé la vie de Tris, il a également failli la tuer. Il l'a touchée bordel. A cette seule pensée, une grimace étire mes lèvres. J'ai vraiment du mal à lui faire confiance. Il change souvent de camp : qui a le plus de chance de gagner?

- Évite de l'ouvrir en ma présence. Ou je pourrais recommencer, sauf que la prochaine fois, je te plante la fourchette dans l'œsophage.

C'est Evelyn qui s'interpose. Edward lâche la fourchette avec dégoût et parcourt la pièce pour s'asseoir à côté de quelqu'un qu'il connaît visiblement.

- Edward est un peu instable, je murmure à Tris.

- Je l'avais bien deviné.

- Drew, le mec qui avait aidé Peter lors de l'attaque au couteau à beurre, lorsqu'il a été viré des Audacieux, il a voulu entrer chez les sans-factions. Mais, je ne le vois nulle pas.

- Il l'a tué?

- Presque. C'est à cause de ça que Myra - je crois - l'a quitté. C'était trop pour elle.

- Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose? me demande-t-elle, mal à l'aise.

- Pas de problème. Tu le vis bien d'être dans une maison Altruiste? Je voulais de te le demander parce qu'on peut aller ailleurs si tu veux.

- C'est un peu dur. Mais pas autant qu'on pourrait le croire.

Comment ça? Voyant mon incompréhension, elle ajoute quelque chose qui me perd encore plus.

- Je t'assure. Les simulations au siège des Erudits... elles m'ont aidée, dans un sens. A m'accrocher je dirais. Ou peut être l'inverse. Elles m'ont peut-être aidée à lâcher prise. Un jour, je t'en parlerai,conclut-elle.

Et je me raccroche à cette promesse parce qu'elle signifie que, maintenant, elle veut vivre. Alors, sans y réfléchir plus longtemps, je me penche et l'embrasse lentement. Je me fiche des autres. Il n'y a qu'elle, la fille que j'aime, vivante. Je prends son visage en coupe entre mes mains pour profiter de ce contact précieux au maximum. J'ai l'impression que cela fait si longtemps que je n'ai pas senti ses lèvres sur les miennes. Alors que la dernière fois, c'était hier soir. Elle m'a dit qu'elle m'aimait. Je sais, je me répète. Mais, c'est simplement que je ne me souviens même plus quand est-ce que j'ai entendu ces mots pour la dernière fois. Et, ça fait du bien, on se sent meilleur. Alors, j'approfondis le baiser, ressentant cette étreinte comme essentielle. 

Jusqu'à ce que quelqu'un ne nous interrompe.

- Hé là, Tobias. Tu n'as pas grandi chez les Pète-sec? Je croyais que le geste le plus osé, chez vous, c'était...de vous tenir la main, ce genre-là.

- Dans ce cas, tu peux m'expliquer l'existence des enfants Altruistes?

- Ils sont créés par la pure force de la volonté. Tu ne savais pas ça, Tobias?

-  Toutes mes excuses, je l'ignorais, je réponds en souriant.

Tris pose sa tête sur mon épaule et j'entour son corps de mon bras, la rapprochant de moi.

Toutes les personnes présentes ici se mettent à rire. Et, cela me fait du bien. J'ai l'impression de ne pas avoir été si léger depuis longtemps, très longtemps. Je sais que cela ne va pas durer donc, j'essaye d'en profiter au maximum.

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Bonsoir!

OS demandé par @wendywhu. J'espère qu'il t'aura plu!

Comme promis, celui-ci n'est pas horrible ni triste, en espérant que vous l'aurez aimé ;) Je n'ai voulu vraiment changé les dialogues parce que je les aime beaucoup comme ça ^^

TrueWordOfLove