OS 11 Qu'es-tu en train de me faire?

DIVERGENTE

Tobias

Je sors de la salle de contrôle, verrouillant la porte derrière moi. Un cri strident me glace soudainement le sang. Je tressaille et presse le pas jusqu'à l'origine du cri. Face à la scène, je reste immobile, horrifié. Mais, je me reprends le plus vite possible. Il faut que je l'aide.

Je commence par Drew. Je l'ai pris par surprise donc, j'en ai rapidement fini avec lui. Je jette un œil à Tris. Peter la maintient au-dessus du Gouffre. Il faut que je l'atteigne avant qu'il ne soit trop tard. Elle se débat comme elle peut mais je ne doute pas sur le fait qu'ils s'en soient pris à elle avant que je n'arrive.

Al s'enfuit. Al? Qu'importe, je ne prends pas la peine de le rattraper. Peter se tourne vers moi. Ses yeux s'écarquillent et il lâche Tris qui se raccroche comme elle peut à la barrière. Mes pas s'avancent rapidement vers ce salaud. Excusez mon langage mais c'est le seul mot qui me vient à l'esprit. Salaud. Il me contourne mais je le rattrape et lui envoie mon poing dans la figure. Je ne lésine pas sur les coups et leurs puissances.

- Dégage.

Je le repose par terre et il titube jusqu'à disparaître. Je me précipite vers mon initiée. Je crois deviner qu'elle prononce mon nom. Mes bras l'attrapent au dernier moment, juste avant qu'elle ne s'écroule par terre. J'enjambe Drew en notant de l'amener à l'infirmerie dès que je me serais assurée qu'elle va bien. Sans réfléchir, je l'amène chez moi. Je n'ai jamais emmené aucune fille chez moi. Même si j'aurais aimé que les circonstances soient autres. 

D'un coup d'épaule, j'ouvre la porte et l'allonge doucement sur le lit. Elle lâche un grognement mais n'ouvre pas les yeux. Elle est inconsciente mais vivante. J'examine rapidement ses blessures. Elle aura très clairement un bleu sur la joue. Quelques égratignures parsèment son visage mais rien de bien grave.

Je profite du fait qu'elle 'dorme' pour retourner au Gouffre. Drew gît toujours par terre, inconscient. Il faut dire que je n'y sois pas allé de main morte. Contrairement à Tris, je le balance négligemment sur mon épaule. Je me dirige vers l'infirmerie, gagnant quelques regards confus. J'entre dans l'infirmerie et le dépose sans ménagement dans un lit.

- Occupez-vous de lui! dis-je. 

Il tente de prononcer quelque chose. Alors, je m'approche et me penche légèrement.

- Je ne vais pas être renvoyé, pas vrai? me demande sa voix faible.

- Je te jure que j'aurais pu te tuer tout à l'heure. Si sa vie n'avait été en danger, je l'aurais fait sans aucun scrupule, je crache.

- Voulais juste faire peur, bégaye-t-il.

- Fous-toi de ma gueule. Je ne veux plus te revoir proche d'elle. Jamais.

Je sors sans un dernier regard pour sa personne. A la place, je me précipite chez moi, avec la peur qu'elle ne se soit réveillée sans que je sois là. Mais, lorsque j'entre, elle est toujours couchée, les yeux fermés. Je m'approche et vérifie rapidement qu'elle va bien. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il se serait passé si je n'étais pas resté un peu plus longtemps que prévu à la salle de contrôle.

Je ne remarque que maintenant que mes mains saignent légèrement. Je me dirige vers la salle de bain mais laisse la porte ouverte. Pour deux raisons. La première : pour veiller sur Tris. La deuxième : ma claustrophobie. J'ouvre le robinet et nettoie mes phalanges. Je suis étrangement calme. Peut être que de la savoir ici, avec moi, me sécurise.

Je sors de la salle de bain et prends de la glace dans mon réfrigérateur. Lorsque je pose mes yeux sur elle, elle me regarde. Et je me sens de suite soulagé, sans savoir pourquoi.

- Tes mains.

Elle s'inquiète de mes mains? Sérieusement? Comme si j'avais failli y laisser la vie. Alors que c'est l'inverse. Je glisse le pack de glace sous sa tête, la soutenant de mon autre main. La sienne s'approche de mon visage puis s'arrête à mi-chemin. Avant de finalement se poser sur ma lèvre fendue. J'ai beau lui répéter que je n'ai rien, une lueur d'inquiétude persiste dans son regard. Mais, pour mon grand malheur, elle retire sa main.

- Comment as-tu su que j'aurais besoin de toi?

- Je ne vais pas te répondre que je le savais. C'est simplement que je suis resté quelques minutes de plus à la salle de contrôle. Et, en sortant, je t'ai entendue crier alors je suis venu t'aider, voilà tout.

- Et, eux?

- J'ai déposé Drew à l'infirmerie il y a une demi-heure. Peter et Al se sont enfuis. Drew a prétendu qu'ils voulaient juste te faire peur. Je crois que c'est ce qu'il essayait de dire en tout cas.

- Tu l'as amoché?

- Il s'en remettra. On verra bien dans quel état.

Ma voix sort plus sèche que ce que j'aurais voulu. Comme je l'ai dit à Drew, ils n'ont pas intérêt à s'en prendre à nouveau à elle parce que, dans ce cas, je risque de ne pas être aussi tendre que je ne l'ai été. Et, d'après ce qu'elle exprime, elle pense la même chose. Je n'ai aucun remord pour ce que j'ai fait. Ils méritaient bien pire. Sur le moment, la seule chose à laquelle je pensais, c'était elle.

Soudain, elle prend mon poignet et le serre malgré elle. Et elle se met à pleurer. Chaque larme m'entaille un peu plus le cœur. Sans pouvoir m'en empêcher, je pose ma main sur sa joue et les efface de mon pouce. Comme si j'avais peur de la blesser. Lorsque j'énonce simplement l'idée de les dénoncer, elle refuse catégoriquement. Mais, trop heureux qu'elle ne me repousse pas, je laisse ma main sur sa joue humide.

Elle tente de s'asseoir mais je préfère lui venir en aide pour ne pas qu'elle se blesse pas encore plus. Elle grimace et réprime clairement un gémissement de douleur. Dès qu'elle est assise, je prends place face à elle.

- Si tu as mal, tu peux l'exprimer. Il n'y a que moi ici.

Quelques larmes continuent silencieusement de couler. Et bien que ce n'est pas l'envie qui m'en manque, je ne fais rien. Je fais mine de rien.

- Tu devrais éviter de rester seule, quitte à rester le plus souvent possible avec tes amis.

Un sanglot l'assaille un peu plus violemment et elle commence à se balancer lentement d'avant en arrière.

- Al, souffle-t-elle.

- Il voulait que tu restes la petite fille Altruiste fragile et discrète. Il s'en est pris à toi parce que ta force fait ressortir ses faiblesses.

Je ne crois pas un seul mot de ma première phrase. Je ne l'ai jamais vue fragile et discrète. Mais, c'est ainsi que les autres la voient. Alors, le seul conseil que je lui prodigue est de se rendre vulnérable. Et, j'en étais certain, mais cette idée semble la révolter.

Je prends l'initiative de prendre le pack de glace dans ma main et de le soutenir moi même contre sa tête. Elle lâche un léger soupir de soulagement.

- Je suis certain que demain tu vas retourner avec les autres, l'air de rien. Pour montrer à tes agresseurs que tu es toujours forte. Mais, ce n'est pas la bonne solution. Ne cache pas tes blessures et fais exprès de paraître faible, même si tu ne l'es pas.

- Je ne sais pas si je peux faire ça.

- Tu vas devoir faire avec.

- Tu ne comprends pas. Ils m'ont...ils m'ont touchée.

Je me tends brutalement et ma main se resserre sur le pack de glace. Ils l'ont touchée. Je ne comptais pas les dénoncer mais là, ils sont allés beaucoup trop loin. Personne n'a le droit de la toucher ainsi. Je ne pensais vraiment pas que c'était allé aussi loin. J'étais énervé lorsque j'ai vu qu'ils avaient voulu la tuer. Mais là, je suis hors de moi. Je ne peux pas cautionner une telle chose. Déjà pour une autre fille, je trouve cela impensable. Mais là, pour elle, c'est tout simplement impossible.

- Mais, pas comme tu crois, s'empresse-t-elle d'ajouter.

Elle détourne la tête, mal à l'aise, avant d'ajouter :

- Mais presque.

Je ne dis rien. Sûrement sous le choc. Puis, je mets de côté mes pensées personnelles pour me préoccuper d'elle. Elle doit être perdue.

- Il faut que tu prennes soin de toi. Je me fiche pas mal du reste. Reste en vie et mets de côté ta fierté.

Elle acquiesce, même si je sais que cela ne lui plaît pas. Seulement, elle sait aussi bien que moi que j'ai raison. Mais, je n'ai pas envie qu'elle pense que je la vois seulement comme une petite sœur faible et sans défense. Alors j'ajoute :

- En revanche, fais moi plaisir, dès que l'occasion se présente, ne les rate pas.

J'accompagne mes paroles d'un geste : ma main trouve à nouveau sa place sur sa joue. Je tente de lui faire comprendre ce que je pense dans mon regard et, elle semble comprendre. Un petit rire sort de sa gorge.

- Quatre, tu sais que tu peux être effrayant?

- Et s'il te plaît, ne m'appelle pas comme ça.

- Comment je dois t'appeler alors?

- Ne m'appelle pas. Pour l'instant.

Car oui, j'aimerais que quelqu'un m'appelle Tobias. Et cette personne, j'aimerais que ce soit elle.

* * *

Je lui ai laissé le lit et je dors par terre. Seulement, ce n'est pas la chose la plus confortable, voilà ce qui explique que je sois réveillé maintenant. Je me tourne de manière à être couché face au lit. Face à elle. D'ici, j'entends sa respiration régulière : elle dort. Je la regarde de loin. Ses cheveux blonds sont emmêlés et collés sur son front. Ses sourcils sont froncés. Ses traits légèrement tendus.

Je me lève en tentant de faire le moins de bruit possible et je m'assois juste à côté d'elle. Le matelas s'affaisse légèrement et j'ai peur de la réveiller, mais non. Je reste ainsi quelques minutes, à simplement la regarder. Mais, qu'est-ce que je suis en train de faire? Je regarde mon initié dormir. Effrayant.

Sans que je ne réfléchisse plus longtemps, je pose ma main sur sa joue, faisant attention à éviter l'endroit qui commence à bleuir.  Son visage se détend un peu et elle lâche un soupir. Sa main se pose sur ma jambe, me faisant tressaillir. N'importe qui d'autre, je l'aurais vivement rejetée, mais pas elle. Mes doigts passent dans ses cheveux blonds, quoi qu'emmêlés.

Et je reste ici encore de longues minutes, à ne rien dire ni rien faire. Son souffle régulier fait voler une de ses mèches, qui revient toujours au même endroit : sur son nez. Je la prends entre mes doigts et la glisse derrière son oreille.

Beatrice, qu'es-tu en train de me faire? 

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Bonjour!

Je n'ai vraiment pas eu le temps d'écrire donc, voici un OS que j'avais déjà écrit avant. Les chapitres qui m'ont été demandés seront bien évidemment écrits mais avec un peu de retard...je m'en excuse.

Que pensez-vous du chapitre?

Alors, avez-vous passé un bon noël? :D

TrueWordOfLove ~ <3 <4 <6 








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