OS 10 Ne joue pas au romantique
INSURGENT
Tobias
Nous avançons dans les rues Altruistes, lentement. A chaque fois que nous croisons quelqu'un, ils se taisent et fixent Tris. Elle, baisse son regard sur ses pieds nus. Elle grimace légèrement à chaque pas.
Quelqu'un l'interpelle, lui faisant relever la tête. Uriah et Christina. Ils stoppent leur conversation et s'approchent de nous, Uriah plus rapidement que Christina. D'ailleurs, ce dernier tente une étreinte envers Tris mais je sais qu'elle est déjà suffisamment faible comme ça donc, je le repousse doucement.
- Elle est faible Uriah. Il faut qu'elle dorme. Venez plutôt demain, nous serons au 37, en bas de la rue.
Uriah regarde son amie, l'air inquiet. Je sais qu'il ne tentera plus rien puisqu'il hoche doucement la tête.
- D'accord, on se verra demain.
Nous reprenons notre marche périlleuse. En passant devant ses amis, elle reçoit une légèrement pression à l'épaule de Christina. Mais, elle reste voûtée. Je n'ai qu'une envie en ce moment : m'occuper d'elle.
Nous entrons enfin dans mon ancienne maison. Tori, Harrison et Evelyn discutent dans la cuisine. Tris s'appuie sur le mur et ferme les yeux. Je m'approche d'elle, la soutenant comme je peux.
Ma mère s'approche de moi. Elle pose la main sur ma joue et me murmure 'je suis fière de toi'. Je lui souris. Je me tourne et fais pivoter Tris vers l'escalier. Je pose une main sur son bras et l'autre sur sa taille, tentant de ne toucher aucune de ses blessures. Je l'aide à monter et, même si nous le faisons lentement, nous le faisons quand même. Ensemble.
Un fois en haut, je la fais entrer dans mon ancienne chambre. J'ai l'impression de lui faire découvrir quelque chose mais c'est idiot. Nous avons eu exactement la même chambre. Elle reste immobile quelques instants, observant cette pièce. Je la garde contre moi. C'est sûrement inutile mais, quelque part, ça me rassure. La savoir avec moi me sécurise et j'aime croire que je la soutiens pour ne pas qu'elle s'écroule par terre.
- Je pense que Marcus n'est jamais entré à nouveau ici depuis mon départ. Tout est resté à sa place.
Malgré la violence de mon père, j'ai eu tout ce qu'un enfant Altruiste avait le droit d'avoir. Je souris légèrement lorsque mon regard se porte sur cette petite sculpture bleue que m'avait offert ma mère. Je l'avais laissée bien en évidence. Après tout, je quittais les Audacieux et je n'avais jamais rien fait pour lui porter préjudice. C'était peut être naïf à l'époque mais je me suis plu à plaire que ce simple geste pouvait le rendre dans un colère sans nom. Déjà, j'avais quitté la faction, ce qui allait forcément faire de l'ombre à son image. Et, lui montrer que je possédais quelque chose d'interdit parce que considéré comme égoïste allait en rajouter un couche. Oui, j'étais plutôt fier de cet acte culotté. Pour n'importe qui, ce n'est rien du tout mais, pour moi, c'était de la provocation pure et dure. C'est ce que j'explique à Tris. Elle acquiesce mais reste silencieuse.
Je baisse les yeux et ils se portent sur ses pieds meurtris. Je devrais peut être commencer par ça.
- Commençons par soigner tes pieds.
Elle reste mutique et moi, immobile. Je décale cependant mes doigts vers son coude et l'emmène doucement vers la salle de bain. Les miroirs sont toujours cachés. Je me souviens encore, lorsque j'étais petit et que je voulais voir à quoi je ressemblais après un passage à tabac de mon père. Soit je prenais une cuillère dans la cuisine puis je la remettais à sa place après m'être vu tant bien que mal. Soit j'allais à l'école sans savoir à quel point j'étais défiguré.
Tris s'assoit sur le rebord de la baignoire. Je prends place à côté d'elle et conserve une main sur son genou tandis que j'allume l'eau. Cette dernière monte progressivement dans la baignoire, se colorant en marron et rouge. Elle s'appuie contre moi mais fait mine de rien. Quant à moi, je me penche et prends son pied dans ma main pour le poser sur mon genou. J'attrape un gant de toilette et nettoie précautionneusement ses plaies. A son tour, elle attrape le savon et la fait mousser dans ses mains. Tout cela en silence. Par la suite, elle entreprend de nettoyer mes mains. Étrangement, cela me soulage, ce genre de moment simple entre nous.
Elle fait courir ses doigts fins sur ma main. Je profite du moment, en me disant qu'hier encore j'étais persuadé que ça n'arriverait plus jamais. Mais, c'était hier. Aujourd'hui, nous sommes ensemble et au même endroit.
L'eau est fraîche et le sol inondé mais, elle comme moi nous en fichons pas mal. Ses doigts passent maintenant sur mon poignet. Elle tente de parler mais sa voix se perd je ne sais où.
- Dans ma famille, il n'y a que des morts ou des traîtres. Comment est-ce que je vais pouvoir...
A nouveau, sa voix s'évapore et, elle éclate en sanglot. Elle se met à trembler. Je m'empresse de laisser tomber le gant je ne sais où et de la serrer fort dans mes bras. Puis, j'énonce quelque chose. Quelque chose de tellement vrai que c'en devient puissant.
- Je serai ta famille.
- Je t'aime.
Je m'écarte légèrement et la dévisage longuement. Ai-je bien entendu? Vient-elle réellement de prononcer ces mots que j'attendais? Peut être les ai-je imaginés?
- Répète-moi ça, je lui demande, les sourcils froncés.
- Tobias, je t'aime.
Cette fois, j'en suis certain. Elle m'aime. J'enfouis mon visage dans son cou tant ce qu'elle vient de m'avouer me bouleverse et m'émeut. Personne - si ce n'est ma mère mais, ça ne compte pas - ne m'avait dit cela. En dix-huit ans. Et, cela me touche bien plus que ce que je pourrais m'avouer.
Je dépose un baiser sur sa clavicule, sur sa joue puis enfin sur sa bouche.
- Moi aussi, je t'aime.
Ces paroles sont les plus vraies et les plus porteuses de sens que je n'ai jamais dites. Car oui, je l'aime, je suis amoureux d'elle, elle me rend dingue et je ne peux plus me passer d'elle.
Elle me regarde tendrement avant de poser sa main douce sur ma joue rugueuse.
- Désolée d'avoir autant de temps avant de l'avoir dit. Parce que, c'est ce que je ressens depuis le début, me murmure-t-elle.
Heureusement que j'ai pensé à fermer la porte de la salle de bain. Voilà la seule pensée cohérente qui me vient en cet instant. C'est complètement stupide, je le conçois tout à fait. Mais, je ne parviens plus à réfléchir. Elle m'aime, elle vient de me le dire.
- Ne pleure pas, s'affole-t-elle.
Je porte ma main à ma joue et me rends compte, qu'effectivement, des larmes ont passé la barrière de mes paupières. Je souris et la serre à nouveau contre moi. Elle doit me prendre pour un fou mais, c'est simplement que je suis heureux. Heureux de l'avoir ici avec moi, heureux de l'aimer et heureux d'être aimé pour la première fois si j'ose dire.
- Je t'aime, je répète.
- Je sais, rit-elle.
Elle rit. Depuis combien de temps n'ai-je pas entendu ce son? Je m'écarte, reprenant mes esprits.
- Ecoute, je vais t'emmener des vêtements propres. Tu vas te doucher. J'irais juste après toi. Puis nous irons nous coucher.
Elle accepte donc je sors et lui apporte ce qu'il faut.
* * *
Après s'être lavés puis changés, nous nous retrouvons dans mon ancienne chambre. J'ai toujours ce lit simple. Il y a bien un lit double dans la chambre de Marcus mais je refuse catégoriquement d'y passer la nuit. Donc, même si nous sommes à l'étroit, nous restons ici. Personne n'est venu nous déranger et c'est tant mieux parce que je les aurai envoyés paître plus loin.
Je tiens Tris dans mes bras pendant que nous discutons de tout et de rien, oubliant nos soucis le temps de quelques heures. Car je sais que demain, cela va être une autre histoire.
- Tu m'avais remarquée lorsque nous vivions encore ici? me demande-t-elle soudainement.
- Non, j'avoue honteusement.
Bien entendu, je savais qui elle était. Mais, je ne savais pas encore qui elle deviendrait pour moi.
- Si ça peut te rassurer, moi non plus.
Je souris en lui ébouriffant les cheveux comme le ferait un parent avec son enfant.
- Mais, je t'ai remarquée dès que tu es arrivée chez les Audacieux.
- Ne joue pas au romantique.
- Mais c'est vrai, je m'offense.
Elle se redresse sur son coude pour m'observer.
- Je te crois, finit-elle par dire en souriant.
Son index trace les contours de mon visage et je ferme les yeux.
- Tu veux que je te le répète encore? chuchote-t-elle.
Devant mon sourire idiot, c'est ce qu'elle fait. A ses mots, elle m'embrasse chastement avant de se blottir contre moi. Elle finit par s'endormir mais je ne peux pas me résoudre à partir dans les bras de Morphée maintenant. Je resserre mon emprise sur elle et la regarde dormir. Probablement que je ressemble à un fou mais, j'aime la regarder dormir. Sa poitrine se soulève et s'abaisse au rythme de ses respirations. Ses cheveux encore humides retombent sur son visage. Je les replace derrière son oreille de manière à mieux voir son beau visage.
C'est probablement en me perdant dans ma contemplation que je m'endors.
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Bonjour!
C'est une de mes scènes préférées alors j'avais la pression! J'espère avoir été à la hauteur! Alors, diboux ? :)
Je ne pourrais écrire ni demain, ni le 25, ni le 27, le 28 je ne sais pas, le 31 non plus! Par conséquent, je ne peux pas vous donner de date pour le prochain.... J'ai déjà deux OS de prêts mais j'ai une demande avant alors, je verrais ce que je ferais ^^
Bonnes fêtes de noël à tout le monde!
TrueWordOfLove ~ <3 <4 <6
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