Chapitre 5 : RAKUZAN


Le jour de la rentrée scolaire était arrivé. Tetsuya Kuroko et Seijūrō Akashi s'apprêtaient à rentrer en première année au lycée Rakuzan. Ils partageaient un appartement à deux pas du lycée et faisaient donc la route ensemble, afin de se rendre à la cérémonie de début d'année. Ils découvrirent ensemble qu'ils étaient dans la même classe et se rendirent ensemble au club de basket.

Le coach, Eiji Shirogane, les connaissait tous les deux et les dispensèrent de sélections. Quand il avait recruté le capitaine de la génération miracle, ce dernier avait imposé la condition de pouvoir emmener le joueur fantôme avec lui. Et pour le convaincre, il lui avait suggéré de venir le voir pendant un match d'entraînement. Cet argument fit mouche et le coach de Rakuzan les avait recrutés tous les deux, bluffé par ce qu'il avait vu pendant le match ou plutôt, ce qu'il n'avait pas vu. Cette capacité à disparaître du terrain était sans aucun doute unique et absolument fantastique. Elle serait très utile à son équipe, il en était persuadé. Il faudrait étoffer un peu le jeu de ce joueur, afin de multiplier les possibilités sur le terrain, mais cela pouvait attendre encore un peu. Pour l'heure, il devait s'occuper des nouvelles recrues qui n'échapperaient pas aux sélections.

De son côté, Kuroko n'était pas dans son assiette. Il avait un léger mal de tête qui menaçait de s'empirer. Quelque chose dans son cerveau lui disait qu'un truc clochait, mais il ne savait pas quoi. Il avait comme une impression de déjà-vu, sans pour autant être exactement ça. Et plus il réfléchissait, plus il avait mal à la tête. Il décida donc d'arrêter de trop penser à ça pour l'instant et d'y revenir plus tard. Pour le moment, il devait se focaliser sur l'entraînement de basket du jour.

- Quelque chose ne va pas, Tetsuya ?

- Non, tout va bien, je t'assure.

- Tu en es sûr ? Tu as l'air plus pâle que d'habitude.

- Oui, j'en suis sûr. Tout va bien, ne t'inquiète pas.

Comment aurait-il pu expliquer ce qui lui arrivait, alors que lui-même ne comprenait pas ? Et puis même s'il n'avait pas l'air convaincu, Akashi n'insistait pas. Ça l'arrangeait et il garda le silence.

L'entraînement commença une fois les sélections terminées. Pour ce premier jour, il se résuma à un match de deux fois dix minutes entre deux équipes formées par le coach. Comme prévu par le roux, Kuroko bluffa tout le monde, même Shirogane. Il donnait au ballon des trajectoires tellement hallucinantes que personne ne comprenait ce qui se passait, sauf Akashi, bien sûr. D'ailleurs, ce dernier, bien que rassuré de voir le petit fantôme concentré sur le match, était inquiet. Il ne semblait pas aller bien du tout et il ne croyait pas une seconde à ses mensonges. Il se promit d'avoir rapidement une vraie discussion avec lui.

Kuroko, lui, était déçu que l'entraînement soit fini. Se concentrer sur sa tâche l'avait momentanément soulagé de sa migraine. Mais maintenant, elle revenait plus vite qu'un cheval au galop. Il n'avait plus qu'une envie, rentrer et s'allonger. Il avait un mal fou à garder les yeux ouverts et à ne pas se prendre la tête entre les mains.

Ce fut en silence que les deux amis firent le chemin jusqu'à leur appartement et ce fut toujours en silence que le bleuté se dirigea vers sa chambre, afin de se reposer. Ce fut également en silence qu'Akashi le regarda faire, inquiet pour son ami.

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Kuroko, allongé sur son lit depuis plus d'une heure, avait fini par s'endormir, fatigué par la migraine qui le terrassait. Son sommeil fut agité. Il rêvait de plusieurs lui. Cela pouvait paraître étrange, mais c'était comme s'il flottait au-dessus de plusieurs mondes où chacun de ces "lui" était différent des autres et vivait une vie heureuse, mais totalement différente des autres. Dans chacune de ces vies, il était avec un miracle différent, dans un lycée différent. Le seul point commun était le fait qu'il avait à chaque fois intégré le club de basket. Cette vision le perturba énormément. Pourquoi aurait-il suivi l'un d'entre eux ?

Ce fut en sursaut et en sueur qu'il se réveilla, le souffle court, comme s'il avait couru plusieurs kilomètres. Il ne se souvenait plus de la teneur de son rêve. Il avait seulement l'impression d'avoir oublié quelque chose d'important, sans arriver à mettre le doigt dessus. C'était très énervant. Mais plus il essayait de se souvenir, plus sa migraine revenait, encore plus forte qu'avant. Il savait que c'était ce qui arrivait aux amnésiques, il avait lu un livre sur le sujet, mais il ne lui semblait pas être amnésique. Il se souvenait de son enfance, du collège, de sa rencontre avec Akashi et même de sa décision de le suivre jusqu'à Kyōto.

Rien que de penser à son capitaine, un doux sourire naquit sur ses lèvres et sa migraine disparut comme par magie. Il revoyait son sourire, son regard chaleureux et ses précieux conseils pour améliorer son jeu. Si seulement il pouvait le prendre dans ses bras et l'embrasser ne serait-ce qu'une seule fois... Il en rêvait. Mais il ne se faisait pas d'illusions. Jamais ses sentiments ne lui seraient rendus. Il était bien trop insignifiant pour ça. Qui était-il pour pouvoir espérer de l'amour de la part de cet homme exceptionnel ? Rien que d'avoir sa considération et son amitié, c'était déjà inespéré. Il s'en contenterait. Après tout, ça lui permettait de rester à ses côtés, alors que demander de plus ? Il voulait juste le voir heureux.

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Akashi était sorti de sa douche et buvait un thé, tranquillement installé dans le salon. Il repensait au comportement étrange de son ami. En plus, il avait été plus pâle qu'un mort et semblait souffrir d'une migraine atroce. Il était vraiment très inquiet pour sa santé. Que pouvait bien avoir le bleuté ? Que pouvait-il bien cacher ? Quoi que ce soit, il le découvrirait, foi d'Akashi. Cela l'intriguait bien trop pour qu'il laisse couler. 

Même s'il ne l'avouait pas, il avait de forts sentiments envers le petit fantôme et s'il avait été sûr de la réciprocité de ces sentiments, il se serait déclaré sans hésiter. Alors il se contentait de veiller sur lui de loin, en tant qu'ami. 

Il se rappelait encore de la joie qu'il avait ressentie lorsque le passeur avait accepté de le suivre à Rakuzan. Il l'avait fait sans hésiter une seule seconde. Cette réaction spontanée lui avait fait chaud au cœur. Il ne savait même pas qu'il était capable de ressentir ce genre de chose. C'était nouveau pour lui, mais agréable. 

De toute façon, il expérimentait toutes sortes de nouvelles émotions, de nouveaux sentiments depuis qu'il avait fait la connaissance de ce joueur atypique. Il s'était surtout découvert la capacité d'aimer profondément quelqu'un. Bien sûr, il aimait sa mère, même si cette dernière n'était plus de ce monde. Il aimait aussi son père, bien que d'une manière différente. Il aimait aussi ses amis d'une sincère amitié, même s'il avait une drôle de façon de leur montrer qu'il tenait à eux. Mais il sentait que cet amour-là était différent de tous les autres. Différent de tout ce qu'il avait pu ressentir avant. Il était amoureux pour la première fois et, il en était certain, la dernière aussi. Il ne faisait aucun doute dans son esprit que Kuroko était son grand amour, celui de toute une vie. Il saurait être patient, même si rien ne lui garantissait qu'un jour, il serait sien.

Il fut sorti de ses pensées par un bruit de porte qui s'ouvre. Apparemment, son colocataire avait fini sa sieste.

- Tu vas mieux, Tetsuya ? Tu n'as plus mal à la tête ?

- Oui, ça va mieux. La sieste m'a fait du bien.

Bien sûr, il n'allait pas avouer que d'avoir pensé à lui avait calmé la douleur et que de le voir avait fait disparaître la migraine. Ce serait bien trop embarrassant. Et puis il essayait de ne plus penser à ces "souvenirs" qui voulaient se taper l'incruste dans sa tête. Tant qu'il réussirait à penser à autre chose, il devrait pouvoir profiter d'un peu de répit.

- Tu devrais quand-même retourner t'allonger. Tu as encore l'air très pâle. Je ne suis pas totalement rassuré.

- Je t'assure que ça va. Je vais rester un peu avec toi et je retournerai dans ma chambre dans quelques instants. Là, tout de suite, je n'ai pas vraiment envie d'être seul.

- Quelque chose t'ennuie ? As-tu des problèmes ? Demanda Akashi, inquiet.

- Non, c'est juste que j'ai l'impression que si je reste seul, la migraine va revenir. Alors je préfère discuter avec toi. Enfin, si tu en as le temps !

- J'ai toujours du temps pour toi, Tetsuya.

Et les deux amis se lancèrent dans une longue discussion, dissimulant au mieux ce qu'ils avaient ressenti pendant leur précédent échange.

Akashi était plus que ravi que celui qu'il aimait veuille passer du temps avec lui, surtout que ses inquiétudes avaient été dissipées. Étant dans l'incertitude, il profitait avec joie de tous les moments que le bleuté lui offrait en tête-à-tête.

Quant à Kuroko, le fait de savoir que son amour secret se faisait du souci pour lui lui faisait chaud au cœur. Cœur qui s'était carrément emballé lorsqu'il avait affirmé avoir toujours du temps pour lui. Il avait carrément frôlé la tachycardie. Et il considérait comme un miracle que son visage ne soit pas devenu aussi rouge que les cheveux de son ami.

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Il était tard et Kuroko était parti se coucher. Il s'était endormi rapidement, mais ses rêves ne le laissaient pas tranquille pour autant. Il rêvait qu'il était à Yōsen, avec Murasakibara. Ils avaient intégré le cinq majeur assez facilement, grâce au violet qui avait défendu ses talents avec beaucoup de passion, allant même jusqu'à menacer de quitter l'équipe si le passeur n'en faisait pas partie. Ça avait été un argument choc. Puis comme un film qu'on aurait accéléré, il se retrouva dans la chambre d'un dortoir qu'ils se partageaient, apparemment. Il se vit embrasser le géant amoureusement. Et il vit aussi que cet amour avait l'air d'être partagé.

Encore une fois, il se réveilla en sursaut et en sueur. Il se posait des questions. Pourquoi ce rêve ? Pourquoi Murasakibara ? À ce qu'il savait, il n'était absolument pas amoureux de lui. Il savait parfaitement qui il aimait et ce n'était définitivement pas ce grand gamin.

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Suivre les cours et les entraînements devenait de plus en plus difficile pour lui. Entre ses migraines et ses rêves, il était dans un état d'épuisement avancé. Akashi s'inquiétait de plus en plus, mais à chaque fois qu'il essayait d'aborder le sujet avec le concerné, celui-ci répondait que tout allait bien et esquivait le reste de la conversation.

Cela faisait quatre nuits qu'il dormait extrêmement mal.

La première nuit, il avait rêvé de Yōsen et de Murasakibara. La deuxième, il rêva de Midorima et de Shūtoku. Là encore, ils faisaient tous les deux partie de l'équipe A et sortaient ensemble.

La troisième nuit, ce fut Aomine et Tōō. Et là encore, ils étaient dans l'équipe principale et en couple.

Il commençait sérieusement à penser qu'il devenait complètement fou. Ces foutus rêves étaient en train de le faire coucher avec toute la Génération Miracle ou presque. Il ne pouvait décidément pas en parler à Akashi. Il le prendrait soit pour un pervers, soit pour un fou. Et aucune des deux options ne lui plaisait. Alors il se tut, tout simplement.

La quatrième nuit, son rêve l'emmena à Kaijō avec Kise. Toujours la même chose. Cinq majeur et couple. Mais là, en plus, il était carrément jaloux et pathétique. Pas du tout lui. Il n'était pas du genre à exploser de colère. Il préférait les discussions constructives aux disputes stériles où tout le monde crie sans écouter personne.

Il en était arrivé à se demander ce que serait le rêve de cette cinquième nuit. Mais il était au bout du rouleau. Il savait que si toute cette histoire, ces "souvenirs" qui lui provoquaient ces migraines, ces rêves où il semblait être un spectateur invisible flottant au-dessus de ce qu'il voyait ne s'arrêtaient pas très vite, sa santé en prendrait un sacré coup, que ce soit physiquement ou mentalement, voire les deux.

Ce fut donc avec appréhension et fatigue qu'il se coucha ce soir-là, une énorme migraine lui vrillant le crâne, plus puissante que toutes celles qu'il avait eu avant.

Il s'endormit rapidement, comme d'habitude, et son corps se mit à flotter au-dessus du campus de Rakuzan, ainsi que de leur appartement. Au moins cette fois-ci, les lieux lui étaient familiers.

Comme dans les autres rêves, il rejoignait l'équipe de basket et intégrait le cinq majeur. Il sortait également avec Akashi, mais à la différence des autres fois, il se reconnaissait dans le caractère de son double. C'était vraiment lui et une douleur lancinante lui enserra le cœur. Si seulement il ne s'agissait pas d'un rêve, si seulement cela pouvait être vrai. Il aimerait tellement que son capitaine le prenne réellement dans ses bras, qu'il pose ses lèvres contre les siennes. Qu'il l'aime, tout simplement.

Pour une fois, ce ne fut pas en sursaut ni en sueur qu'il se réveilla, mais en ayant le cœur comprimé dans un étau et les larmes aux yeux. Incapable de se rendormir, il resta simplement allongé sur son lit, attendant que le réveil sonne et repensant inlassablement à ce rêve.

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Il refit encore et encore le même songe, chaque nuit pendant toute une semaine. Au final, il cumulait presque deux semaines de mauvais sommeil et son teint devenait carrément cadavérique. À la fin de chaque entraînement, il donnait l'impression qu'il allait s'effondrer. Plus inquiet que jamais, Akashi décida de prendre le taureau par les cornes et obligea le passeur à s'asseoir dans le salon, afin d'y avoir une conversation sérieuse. À la vue de l'air plus que déterminé du rouge, Kuroko comprit que cette fois-ci, il n'y couperait pas.

- Tetsuya, je vois bien que ça ne va pas. Tu es de plus en plus pâle et tu sembles pouvoir t'écrouler à tout moment. Tu n'avais déjà pas un gros appétit, mais là, tu ne manges quasiment plus rien. Tu veux te laisser mourir, c'est ça ?

- Non ! C'est juste que...

- Que quoi, Tetsuya. Parle-moi. Ne me fais-tu pas confiance ? Tu sais pourtant que tu peux tout me dire.

- Bien sûr que je te fais confiance. C'est juste que ce n'est pas facile à dire. J'ai peur que tu me prennes pour un fou bon à enfermer.

- Jamais je ne penserai cela de toi. J'espérais que tu aurais un peu plus foi en mon jugement et en l'opinion que j'ai de toi.

Kuroko prit une grande inspiration et commença son récit. Il raconta l'impression bizarre qui provoquait ses migraines. Cette sensation qu'un souvenir veut remonter à la surface, sans pour autant y parvenir. Il raconta également ses quatre premiers rêves et marqua une pause, ne sachant comment aborder le cinquième devant le principal concerné.

- C'est étrange, je te l'accorde, mais je ne pense pas pouvoir te donner mon opinion tout de suite, car il semble que tu ne me dis pas tout. Ai-je tort ?

- Non, en effet, il y a autre chose. Mais je ne sais pas par où commencer.

- Par le début me semble être une bonne solution.

- Ce n'est pas drôle, Akashi-kun. C'est vraiment très embarrassant.

- Embarrassant ? Alors que l'on se connaît depuis si longtemps ?

- Oui.

- Oh, eh bien, il est rare de te voir si expressif, alors je veux bien croire que ce soit "embarrassant". Me raconteras-tu tout de même ?

- Eh bien, j'ai fait un cinquième rêve. Et depuis, je le refais chaque nuit. Et après, je n'arrive plus du tout à me rendormir. J'y repense toute la nuit.

- Comme pour les autres, en somme.

- Pas tout à fait. Quand je me réveille, je ne sursaute pas et je ne suis pas en nage. Je suis en larmes et je me sens profondément triste, comme si je n'avais pas voulu me réveiller.

- Ah ? Et quel est ce rêve ? Demanda le roux, curieux de savoir ce qui pouvait faire pleurer le bleuté et l'affecter autant. Il devait bien s'avouer que la vision d'un Tetsuya en larmes ne lui plaisait guère.

- C'est... c'est plus ou moins la même histoire que dans les autres rêves, mais comme tu t'en doutes, la personne et le lycée sont différents.

- De qui s'agit-il ?

- De... de toi. Souffla-t-il dans un murmure, le rouge aux joues.

- Et qu'ai-je fait pour être affreux au point de te faire pleurer ? Akashi voyait d'un coup tous ses espoirs s'envoler. Il était persuadé que le passeur devait avoir, même inconsciemment, peur de lui et que cela lui ôtait toutes chances de voir son amour lui être retourné.

- Rien. Rien du tout. Tu es absolument parfait. Ce n'est pas toi qui me fais pleurer ! s'écria le petit fantôme devant la mine sombre et attristé de son capitaine. Il ne voulait pas le voir triste, jamais. Il voulait le voir sourire pour toujours.

Le rouquin se radoucit et esquissa un léger sourire. Et tout en tendant la main droite pour caresser la joue de son homologue, il lui demanda :

- Alors dis-moi ce qui te touche au point d'en verser des larmes.

- Je te l'ai dit. C'est le fait de me réveiller. Contrairement aux autres rêves, celui-ci est juste magnifique et j'aimerais qu'il ne s'arrête jamais. On a l'air tellement heureux, tous les deux. J'ai tellement l'air d'être à ma place dans tes bras que me réveiller me fait mal au cœur au point d'en pleurer.

- Peut-être parce que c'est justement là qu'est ta place.

Et tout en parlant, Akashi s'était rapproché et l'avait pris dans ses bras. Il le sentit étendre ses bras dans son dos pour l'étreindre à son tour et sentit aussi sa tête se lover dans son cou. Il était heureux. Non seulement Kuroko n'avait pas peur de lui, mais en plus, il semblait ressentir la même chose que lui. Pris d'une pulsion soudaine, il se recula un peu et se pencha vers son vis-à-vis et posa délicatement ses lèvres contre les siennes. En sentant son baiser lui être timidement rendu, son cœur rata un battement.

- Je... je t'aime, Akashi-kun. Depuis le collège, je t'aime. C'est pour ça que je ne voulais pas me réveiller de ce rêve. Je pensais que jamais tu n'aurais de sentiments pour quelqu'un d'aussi insignifiant que moi. C'est aussi pour ça que je t'ai suivi à Rakuzan.

- Je t'aime aussi depuis longtemps, Tetsuya. Alors ne redis jamais que tu es insignifiant. Comment la personne que j'aime pourrait-elle l'être ? Crois-tu vraiment que je pourrais aimer n'importe qui ? Tu es exceptionnel, Tetsuya, et je ne veux jamais t'entendre dire le contraire.

- Je suis heureux, c'est le plus beau jour de ma vie, Akashi-kun.

- Seijūrō. Et je suis heureux aussi.

- ?

- Nous sortons ensemble. Tu es mon précieux petit ami. Il est normal que tu m'appelles par mon prénom.

- Oh, je vais essayer, Seijūrō-kun.

- Non, j'ai dit Seijūrō, pas Seijūrō-kun.

- C'est que...

- Je ne tolérerai aucune objection.

- D'a... d'accord, Seijūrō.

- Bien.

Et le point-guard se pencha pour capturer une nouvelle fois ces lèvres qui lui faisaient envie depuis si longtemps.

Il lécha la lèvre inférieure, afin de demander l'autorisation d'entrer dans cet antre humide, ce qui lui fut rapidement accordé. Leurs langues dansaient sans fin un ballet sensuel dont ils ne se lassaient pas. Sans cesser d'embrasser son amour, le rouge l'entraîna jusque dans sa chambre où il le fit basculer sur le lit.

Quand le besoin d'air se fit sentir, le plus grand alla directement s'occuper de l'oreille du bleuté dont il retraça tous les contours à coups de langue amoureux. Il se rendit ensuite compte que le cou était une zone particulièrement érogène chez son petit ami s'il se fiait aux gémissements qu'il entendait. Il s'y attarda donc avec application et y laissa plusieurs marques. Ainsi chacun saurait que dorénavant, c'était chasse-gardée. Il était bien conscient du succès que remportait le bleuté et des regards de convoitise qu'il attirait, même s'il ne s'en rendait pas compte. Mais maintenant, il était à lui et rien qu'à lui.

Il se redressa le temps de retirer le T-shirt du bleuté, ainsi que le sien.

Il fondit sur le torse du passeur où il s'occupa à torturer les mamelons durs et dressés par le désir. Il les lécha, les mordilla, les tira. Il arrachait à chaque fois des soupirs et des gémissements de plus en plus prononcés.

Il délaissa les morceaux de chairs pour se diriger vers le nombril qu'il lécha et mordilla, avant de le pénétrer de sa langue, imitant parfaitement l'acte qui allait suivre, sans aucun doute.

Il fit une nouvelle pause, afin de retirer le pantalon et le boxer qui le gênaient au plus haut point. L'autre lui retirait aussi ses vêtements, voulant pouvoir le toucher comme bon lui semblait. Une fois débarrassés des couches de tissus superflues, ils se rallongèrent sur le lit, le roux surplombant l'autre de son corps et reprenant possession de ses lèvres gonflées et rougies.

Il se dirigea ensuite vers l'intérieur de ses cuisses qu'il embrassa doucement, tout en lui caressant délicatement les flancs.

Kuroko n'en menait pas large. Il avait de plus en plus chaud. Son corps était au bord de l'implosion. Il n'en pouvait plus. Akashi était partout sur son corps, sauf là où il voulait vraiment qu'il soit. À croire qu'il faisait exprès de le frustrer en évitant délibérément son membre douloureusement dressé.

- Seijūrō, plus. Je veux... ahh, plus !

- Dis-moi ce que tu veux, Tetsuya. Si tu n'es pas clair, comment veux-tu que je comprenne ? Répondit le rouge, un sourire sadique sur les lèvres.

- C'est embarrassant.

- Alors je crois que je ne pourrai pas faire ce que tu veux. C'est vraiment dommage, ne crois-tu pas ?

- Prends... prends-le dans ta bouche, s'il te plaît, Sei !

- Comment refuser, alors que c'est demandé si gentiment et avec un petit surnom, en plus.

Il consentit donc à accéder à la requête du bleuté et engloutit d'un coup la verge fièrement dressée, arrachant un cri de bonheur à son amant. Il entama une série d'allers-retours, tout en enroulant habilement sa langue autour du membre turgescent.

Il se saisit d'un flacon de lubrifiant dans le tiroir de la table de nuit et en versa généreusement sur trois de ses doigts, ainsi que sur l'anneau de chair devant lui. Avec son index, il commença des mouvements circulaires sur cette petite entrée qu'il sentait frémir sous son doigt. Au bout de quelques secondes, il l'inséra à l'intérieur, provoquant un frisson incontrôlé de la part de son partenaire. Il le fit tourner et aller et venir dans des bruits érotiques à peine couverts par les soupirs de plaisir. Il reprit sa fellation au moment où il rajouta un second appendice. Les hanches de Kuroko se mirent à bouger instinctivement, afin d'approfondir le contact avec cette délicieuse bouche qui lui faisait tant de bien.

Les doigts à l'intérieur de lui étaient maintenant au nombre de trois et écartaient ses chairs de la plus délicieuse manière qui soit. Au moment où sa prostate fut caressée, il poussa un cri involontaire, tant le plaisir qui l'avait traversé était intense. Il voulait à tout prix ressentir ça à nouveau et bougea son bassin de plus en plus frénétiquement, à la recherche de cette merveilleuse friction. Akashi caressa cette petite boule de nerfs encore et encore, attendant patiemment que son amant le supplie de le prendre, même si sa propre érection devenait vraiment douloureuse.

- Seijūrō, viens, je t'en prie !

Le nommé accéda au souhait du bleuté, un sourire satisfait plaqué sur son visage.

Il se positionna devant l'intimité préparée et la pénétra doucement, avec une lenteur toute calculée. Quand il fut entré jusqu'à la garde, il patienta un instant, le temps que Tetsuya s'habitue à sa présence. Une fois les chairs détendues, il commença à bouger en un rythme langoureux, recherchant cette petite glande magique.

Lorsqu'un cri puissant lui indiqua qu'il l'avait retrouvée, il accéléra le mouvement de plus en plus. Les va-et-vient durèrent quelques minutes, puis les deux amants explosèrent ensemble, chacun criant le prénom de l'autre et voyant des étoiles. Cet orgasme était assurément le meilleur de toute leur vie.

Le plus grand se laissa retomber sur le torse du plus petit, le souffle erratique et plus heureux qu'il ne l'avait été depuis longtemps.

Une fois une respiration normale retrouvée, les deux amoureux étaient allongés sur le lit, la tête du bleuté reposant sur le torse du roux, le bras de ce dernier enroulé de manière protectrice et possessive autour de ses épaules.

- Sinon, maintenant que tu connais toute l'histoire, aurais-tu un avis sur ce qui m'arrive, Seijūrō ?

- Tiens, qu'est devenu le charmant surnom dont tu m'as affublé pendant que nous faisions l'amour ?

- C'était... parce que... c'était trop long.

- Ha ha ha ! Tetsuya, tu arriveras toujours à me surprendre. Mais pour répondre à ta question, oui, j'ai une petite idée, même si je n'ai aucune preuve. Cependant, je ne vois aucune autre explication.

- Et tu pourrais m'expliquer ?

- As-tu déjà entendu parler de mondes parallèles ?

- Comme dans la série Fringe ?

- Oui, c'est un peu le principe. Dans chacun de ces mondes, il y a une version de nous, mais avec une vie différente. En effet, ces autres versions auraient pris des décisions différentes des nôtres à des moments importants de nos vies, leur faisant prendre à chaque fois un chemin différent. Chaque route représente un monde. Il y en a donc une quantité infinie. Ou plutôt, il y en aurait une quantité infinie. Tout cela relève de la simple théorie. Mais si nous la suivons, partant du principe qu'elle dit vrai, alors ton esprit aurait voyagé d'un monde à l'autre jusqu'à retrouver son corps d'origine, c'est-à-dire le toi de ce monde où nous vivons tous les deux et où nous sommes actuellement.

- Alors tu veux dire que dans ces autres mondes, je sors vraiment avec Murasakibara, Kise, Aomine et même... Midorima ?!

- Sois gentil et ne me parle pas de ça. Je sens que ça risque de réveiller ma jalousie.

- Ne crains rien. Moi-même, je préfère oublier tout ça, ça me donne bien trop froid dans le dos. Mais juste pour être sûr, maintenant que mon esprit a retrouvé mon corps, je n'aurai plus de migraine ?

- Non, je ne pense pas, car non seulement il a retrouvé son corps d'origine, mais en plus, tu as accompli ton destin.

- Mon destin ?

- Oui, être mien.

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