Le corps réincarné d'Uchiha Itachi rayonnait d'une lueur intense, commençant à se désagréger alors qu'il venait de briser la technique de l'Edo Tensei, invoquée par Kabuto. Il savait que le temps qui lui restait auprès de son jeune frère était compté, un instant fugace, précieux. Sasuke, immobile, le fixait sans détour, son regard chargé d'interrogations muettes. Itachi n'avait pas besoin de mots pour comprendre : son frère voulait des réponses. La haine et le doute s'entrechoquaient dans le cœur de Sasuke, mêlés à la joie étrange et contradictoire d'avoir partagé ce combat, enfin aux côtés de son aîné.

Titubant légèrement, Itachi avança, soutenu par les dernières forces que lui permettait la technique qui le maintenait parmi les vivants. Une ultime tâche l'attendait : soulager son âme du poids accablant des mensonges qu'il avait portés si longtemps. Depuis toujours, Itachi aimait son frère d'un amour absolu, inaltérable, et ce moment était venu pour Sasuke d'entendre la vérité.

Plongeant son frère dans ses souvenirs, Itachi lui dévoila tout, sans rien cacher. Le passé, les sacrifices, les raisons qui l'avaient poussé à agir comme il l'avait fait. Quand cela fut accompli, une profonde sérénité envahit Itachi. Sasuke connaissait désormais toute la vérité. Il n'avait plus de fardeau à porter, et il pouvait partir en paix, convaincu que son frère poursuivrait son chemin, plus fort, guidé par cette vérité.

Itachi savait que l'avenir reposait sur des épaules solides, celles de Naruto et de Sasuke. La Volonté du Feu survivrait, portée par ces nouvelles générations. Un sourire, rare et sincère, illumina son visage fatigué. Pour la première fois depuis des années, son cœur était léger.

Alors que l'Edo Tensei touchait à sa fin, son corps se désagrégeant peu à peu, Itachi posa une main sur l'épaule de son frère, rapprochant son front du sien dans un geste empreint de tendresse.

— Je ne demande pas ton pardon, murmura-t-il. Mais souviens-toi que je t'aimerai toujours, quoi qu'il advienne.

Les particules de son être se dissipaient dans l'air, portées par le faible souffle de la grotte, tandis que Sasuke, incapable de retenir ses larmes, le regardait partir.

Les yeux d'Itachi, baignés de larmes qu'il ne verserait jamais, captèrent une dernière fois le regard de son frère avant que son âme ne se détache définitivement de ce corps emprunté. Contrairement à sa première mort, cette fois, il ne ressentait ni regret ni tourment. L'âme apaisée, Itachi se laissait emporter vers le Royaume des Morts, prêt à retrouver ceux qu'il avait aimés : ses parents, ses camarades, son premier et unique amour, Izumi...

Mais alors que les ténèbres l'enveloppaient, une voix lointaine s'éleva, presque imperceptible, brisant le silence absolu :

— Ton heure n'est pas encore venue.

La surprise l'envahit. Qui pouvait bien s'adresser à lui ? Était-ce le Dieu de la Mort lui-même ?

Par réflexe, Itachi ouvrit les yeux. Contre toute logique, il se trouva face à une tenture ornée des armoiries du clan Uchiha. Le décor était familier, si familier qu'il en resta pétrifié. La pièce, l'agencement, tout correspondait à la maison où il avait grandi, ce lieu chargé de souvenirs heureux... et de tragédies.

Ses pensées tourbillonnaient lorsqu'il sentit quelque chose dans sa main droite. Son regard s'y porta : un sabre. La lame, encore tachée de sang, luisait faiblement à la lumière de la lune. Instinctivement, il baissa les yeux et vit deux corps étendus dans une mare écarlate.

Un frisson glacé parcourut son échine.

C'étaient eux. Ses parents.

Le choc le laissa sans voix. Était-ce un Genjutsu ? Une illusion infligée pour le punir ? Itachi vacillait entre la confusion et l'angoisse, incapable de comprendre pourquoi il revivait ce moment funeste.

Le Dieu de la Mort devait être d'une cruauté inouïe pour lui imposer cette vision. Était-ce là son jugement ? Était-il condamné à revoir les horreurs qu'il avait perpétrées avant de pouvoir accéder à l'au-delà ? À moins qu'il ne s'agisse d'un Genjutsu ? Itachi voulait en avoir le cœur net, surtout après avoir entendu cette voix lointaine. Cherchant au plus profond de lui, il trouva rapidement son chakra, cette énergie familière qui lui apportait un réconfort presque illusoire.

Cette scène était-elle réelle, ou n'était-elle qu'un souvenir rémanant de sa mémoire torturée ? Peu importait. Avec une maîtrise presque instinctive, il malaxa son chakra et l'envoya exploser dans son cerveau. Si une quelconque illusion était en jeu, Itachi savait que son expertise en Genjutsu suffirait à la briser.

Mais rien ne changea. Pas le moindre voile ne se dissipa devant ses yeux. Au contraire, le chakra se propagea dans son esprit, électrisant chaque neurone, avant de converger vers ses pupilles. Ce qu'il voyait n'était pas un mirage : c'était la réalité. Une réalité qu'il connaissait trop bien, car il en était lui-même l'architecte. Il était dans la maison de ses parents. À ses pieds, leurs corps sans vie baignaient dans leur propre sang, et dans sa main tremblait un sabre ensanglanté.

Pourtant, Itachi refusait d'accepter qu'il était vivant. Certes, ce n'était pas une illusion, mais pouvait-il encore faire partie du monde des vivants ? Ce corps, ces sensations physiques, cette impression de réalité ne pouvaient être que des réminiscences produites par les limbes de son esprit. Il n'était qu'un shinobi, pas un médecin, et il n'avait aucune explication rationnelle à offrir. Même avec des connaissances médicales, personne n'avait jamais pu décrire comment se déroulait ce passage entre la vie et la mort.

— Où suis-je ? murmura-t-il, sa voix à peine audible.

Il tourna son regard vers la fenêtre. Si son esprit, ou même le Dieu de la Mort, était capable de lui imposer une illusion aussi tangible, aucun d'eux ne pourrait étendre cette mascarade à l'extérieur. Pourtant, ce qu'il vit au-delà de la vitre le troubla davantage.

La lune pleine baignait d'argent les maisons du domaine Uchiha, leur conférant une familiarité déconcertante. Tout semblait identique à ses souvenirs. Chaque détail concordait. La nuit du massacre.

Cela faisait trop. La logique se heurtait à l'incompréhensible. Mais Itachi n'eut pas le loisir de réfléchir davantage : un bruit provenant du couloir le sortit de ses pensées, réveillant instantanément ses réflexes aiguisés.

Il n'était pas seul.

La porte coulissa lentement, révélant un visage qu'il ne s'attendait pas à voir. Même pour un homme aussi imperturbable qu'Itachi, le choc fut palpable. Sasuke. Mais pas le Sasuke qu'il avait quitté. Non, c'était l'enfant de sept ans, le garçon innocent qu'il avait vu pour la dernière fois la nuit du massacre.

Terrorisé, Sasuke dévisagea la scène avec horreur. Ses lèvres tremblèrent avant qu'un cri étouffé ne s'en échappe :

— Grand frère ?!

Le garçon regardait tour à tour le corps inerte de leurs parents et l'arme ensanglantée dans les mains de son frère. L'incompréhension et la peur déformaient son visage juvénile.

Itachi n'avait pas le temps d'analyser la nature de cet événement. Mémoire ou réalité, purgatoire ou présent... Peu importait. Son frère était là, et Itachi comprit qu'il devait agir.

— Tsukuyomi ! 

Itachi avait appris avec l'expérience que le chakra permettait bon nombre de choses. Le Fûinjutsu permettait de dépasser des actes pouvant être qualifiés de miracle. Il avait vu ce que pouvait faire le Rinnegan et savait que le Dieu de la Mort existait. Alors pourquoi le voyage temporel serait impossible ?

S'il n'avait pas les réponses au comment, Itachi avait la conviction qu'il y avait un pourquoi. Et si son âme était revenue à ce moment précis de son existence c'était évidemment pour changer quelque chose. Comme il n'avait pas pu empêcher le massacre du clan et notamment la mort de ses parents, Itachi sut que son retour dans le passé avait un tout autre but, mais lequel ? Son frère ?

Alors si le destin ou le hasard lui permettait de rectifier cela, d'éviter que Sasuke ne plonge dans les ténèbres, alors oui, Itachi acceptait ce don de la vie. Il ne referait pas les mêmes erreurs que dans le passé. Il était un être qui apprenait de ses erreurs et surtout de celle des autres. Itachi ne laisserait personne d'autre que lui apprendre à Sasuke comment développer tout son potentiel et notamment accéder au Mangekyô Sharingan Eternel.

Itachi comptait bien utiliser les connaissances qu'il avait emmagasinées durant sa vie passée afin d'enrayer au plus vite tout risque de menace immédiate. Il connaissait l'identité du chef de l'Akatsuki et il comptait bien s'en débarrasser dès ce soir avant de s'attaquer aux autres membres de cette organisation. Mais avant toute chose, il devait quand même modifier la perception de cette réalité dans l'esprit de son petit frère.

Les pupilles d'Itachi tournoyèrent, son Mangekyô Sharingan s'activant avec une précision redoutable. Il plongea Sasuke dans une illusion soigneusement fabriquée.

L'illusion dans laquelle fut plongée Sasuke montrait que le clan avait été attaqué par un ninja hors du commun. Itachi utilisa les vraies images mentales du massacre subi par les siens, mais il ajouta ce ninja inconnu qui n'hésitait pas à tuer quiconque se trouvait sur son passage. Sasuke vit alors que ce même ninja s'en était sauvagement pris à ses parents mais que ces derniers avaient tout fait pour le protéger, ils l'avaient défendu corps et âme, en vain. Puis, alors qu'il ne restait que lui, Itachi s'interposa pour affronter cet ennemi inconnu afin de lui sauver la vie.

L'esprit de Sasuke enregistra tout le combat que livra son frère.

Dans l'illusion, Itachi combattait ce mystérieux assaillant pour protéger Sasuke. L'aîné se montra héroïque, vainquant son adversaire après un combat acharné. Ces images, bien qu'illusions, furent gravées dans l'esprit de Sasuke. La manipulation dura à peine trois secondes dans la réalité, mais pour Sasuke, elles semblèrent interminables. Épuisé, Sasuke s'effondra, inconscient.

Itachi enjamba les corps inanimés de ses parents, son regard sombre fixé sur l'extérieur. Chaque pas semblait alourdir son cœur, mais il se força à avancer. Dehors, les rues étaient jonchées des cadavres de son clan, leurs visages figés dans l'horreur et la douleur. Des armes abandonnées, du sang éclaboussant les murs, tout ce chaos lui rappelait avec violence l'ampleur de la tragédie qu'il avait orchestrée. Il avait fait ce choix terrible, convaincu que c'était la seule voie pour protéger Konoha, mais les cicatrices laissées par cet acte étaient loin de s'être refermées.

Inspirant profondément pour chasser ces pensées, Itachi bondit sur un toit, se propulsant rapidement vers les bruits de combat qui persistaient non loin. Il ne pouvait pas se laisser consumer par le poids de ses actes, pas maintenant.

Lorsqu'il atteignit la source des affrontements, la scène qu'il découvrit raviva sa douleur. Un homme de son clan s'écroulait, poignardé dans le dos par un inconnu encapuchonné. Le dernier des Uchiha encore debout venait de tomber, emportant avec lui les derniers vestiges de leur fierté.

Itachi atterrit silencieusement près de l'assassin.

— En as-tu fini ? demanda l'homme d'une voix grave, sans même se retourner.

— Oui. Ils sont tous morts, répondit Itachi, maîtrisant parfaitement le ton neutre de sa voix. Ses Mangekyô Sharingan, toujours activés, brillaient brièvement avant qu'il ne les désactive, ramenant ses pupilles à leur noir d'encre habituel. Ce geste, calculé, apaisa immédiatement l'encapuchonné, qui baissa sa garde sans la moindre méfiance.

— Bien, murmura-t-il.

— Quelle est la suite ? demanda Itachi calmement, tout en l'observant du coin de l'œil.

L'homme se tourna légèrement de profil.

— Nous partons. Les troupes de Konoha ne v...

Sa phrase resta en suspens. Itachi, toujours dans l'ombre, avait exécuté sa manœuvre. Profitant de l'effet de son Genjutsu discret, il s'était déplacé derrière l'encapuchonné, son kunaï fermement serré dans sa main. Il savait qu'il n'aurait droit qu'à une seule tentative. La moindre erreur, la moindre hésitation, et son adversaire aurait recours à son redoutable Jutsu spatio-temporel ou même à Izanagi, rendant l'assaut vain et dissipant l'effet de surprise.

Canalisant son chakra dans son arme, Itachi arma son bras. Il visa avec une précision chirurgicale une zone du cerveau où une blessure serait fatale. Le kunaï fendit l'air à une vitesse fulgurante, traversant la boîte crânienne de l'homme sans résistance. La lame ressortit légèrement de l'autre côté, détruisant irrémédiablement les fonctions cérébrales de sa cible.

Un bruit sourd retentit lorsque le corps de l'encapuchonné s'effondra, inerte. Cet homme, moteur de tant de tragédies, avait eu le sort qu'il méritait. Sa mort était une justice silencieuse pour toutes les vies qu'il avait brisées.

La pluie commença alors à tomber, de fines gouttes ruisselant sur le visage d'Itachi. Levant les yeux vers le ciel obscur, il laissa l'eau effacer le sang et la poussière, emportant avec elle une partie du poids qu'il portait. Puis, un souvenir lui revint. À ce moment précis, dans une autre vie, il aurait marqué d'une entaille le symbole de Konoha sur son bandeau frontal, renonçant définitivement à son village. Mais cette fois, il choisit autrement.

Baissant les yeux vers le corps de son ennemi, Itachi sentit une détermination nouvelle s'éveiller en lui. Il chargea la dépouille sur son épaule, puis, ajustant son masque d'Anbu, il se mit en route, direction le bureau du Sandaime Hokage. La pluie battait son visage, mais son esprit était clair. Chaque pas était une déclaration silencieuse : cette fois, il changerait les choses.

— Et si....