2-Et si tu m'aimais

- Parce que je me suis rendu compte que j'ai quand même accepté de faire le mur au milieu de la nuit pour rejoindre une fille bourrée seule dans un bar. Faut être soit con, soit amoureux.

- J'espère que tu n'es pas con alors.

- Je t'ai battu à l'interro de maths de la semaine dernière.

- C'est vrai. Mais je t'ai battu à toute les autres.

- Oh ça va madame qui veut être astrophysicienne!

- Je n'ai pas le droit de rêver? Monsieur qui veut être ingénieur en aérodynamique!

- Au final on va finir promeneur de caniche tu verras on va rien comprendre.

- Ça me gênerait pas.

- J'aime pas les chiens.

- T'as vu, on a tout les deux des rêves de métiers où... tu sais on est dans le ciel.

- Des métiers où on est dans le ciel. Hein hein. T'en es à ton combien tième shot de rhum?

- Tais-toi. Tu parles trop.

- Parle pour toi.

- Chuuut

- Je continuerai jusqu'à...

- Chut. Je t'embrasserais bien pour t'empêcher de déballer toutes ces conneries.

- Tu attends quoi?

- Je t'ai dis, j'en ai marre de faire le premier pas.

- Ah.

- Tu as déjà été amoureux?

- Je sais pas trop. Je crois pas. Et toi?

- Je crois bien. En faites je ne sais pas. Je ne sais pas ce que c'est réellement « être amoureuse». Genre il y a des garçons auxquels j'ai accordé beaucoup trop d'importance, en vain. Je regrette. Peut-être que j'ai déjà ressenti ce sentiment, ou peut-être que ce que je ressentais était moins fort. Je ne sais pas. Je m'y connais pas trop pour ces trucs.

- Tu es déjà sortie avec quelqu'un?

- Non. Jamais. Je connais le sentiment d'aimer, ce sentiment qui te fait penser jour et nuit à un seul être, qui te l'encre dans toutes tes actions, toutes tes paroles, dans ton crâne quoi. Mais jamais le sentiment d'être aimé. Avec Amour. L'Amour avec un grand A. Tu sais le concept que toutes les stars pop te rabâchent dans toutes leurs musiques en mode «Let me love you forever babylove ». Ce truc où tout est rose, tout est romantique. « Et ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leur jours... » toutes ces conneries.

- Donc tu ne crois pas en l'Amour avec un grand A.

- Je ne sais pas. Je suis un putin de paradoxe. Quand j'étais petite, j'adorais m'inventer des histoires avec l'homme de ma vie, l'homme idéale. J'adorais les films avec des histoires d'amour où tout est beau. Et j'ai grandi, et j'ai compris que bah c'est pas ça la vie. L'Amour avec un grand A n'était qu'une illusion, une bonne blague pour enjoliver les petites filles. Les vrais princes charmants, bah ils s'intéressent juste à ton cul en faites. J'y croyais plus du tout. Dès que je regardais un film un peu romantique ça me dégoûtait, je me disais que c'était ridicule, en vrai ça se passe jamais comme ça. Et maintenant bah j'essaye de positiver. J'aime bien m'imaginer avec un prince charmant, mais en sachant très bien qu'il n'existera jamais. Et toi?

- Je t'avoue que je n'y ai jamais vraiment réfléchi. J'ai plus suivi les codes, malheureusement. Je me suis moins pris la tête que toi. Je me suis dit bon pour l'instant c'est pas l'âge de trouver la femme de ta vie alors tu t'en fou. Fais ce que tu veux. Mais peut-être que ce soir je peux être ton prince charmant.

- Merci mais je n'ai pas vraiment besoin d'un prince charmant. Là il me faudrait plutôt un bon doliprane et au moins 54 heures de sommeil.

- Et jamais personne n'a plongé son regard dans tes beaux yeux couleurs du ciel et t'as avoué à quel point il t'aimait?

- Est-ce que c'est possible même comme genre de scénario? «Couleur du ciel » non mais je rêve.

- Pourquoi pas?

- Ça me paraît impossible d'être aimée. Juste un rêve lointain.

- Je ne sais pas quoi dire...

- Alors dis-rien

- Ok

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