Chapitre 7


Je sors de la douche, enfile un pull rose clair et un pantalon noir, mes Converse puis ma veste en jean avant de m'asseoir avec ma mère à table. Elle me pose la fameuse question habituelle sur mes souvenirs avant de me regarder d'un air dédaigneux.

—Tu te lèves trop tard. Je n'élève pas une feignante, demain, je veux te voir debout à cinq heures !

Je me tends comme un arc avant de lui servir mon plus beau sourire.

—Oui.

—Oui qui ?!

—Oui, maman, marmonné-je.

Je sens mon cœur se serrer et je soupire. Un peu d'amour, ce serait trop demandé ? Je me lève, attrape mon sac et pars sans lui dire au revoir. Je descends les escaliers et sors, l'air frais de cette fin septembre balayant mes cheveux. j'inspire profondément. Aucune mère autoritaire à l'horizon. La voie est libre !

Derrière moi, la porte de l'immeuble claque et je fais volte-face vers Jayden qui me lance un regard noir avant de continuer sa route. Je m'empresse de le rattraper en tentant de ne pas me laisser distancer.

—Jayden...je voulais m'excuser pour hier. Je n'aurais pas dû dire que tu es égoïste, après tout je ne te connais pas.

—Oui, tu ne me connais pas, confirme-t-il durement. Mais ne t'en fais pas j'ai l'habitude qu'on me juge. Vous êtes tous pareils. Vous vous ressemblez tous.

J'accélère le pas pour rester à sa hauteur.

—Qu'est-ce que tu veux dire ?

—Juste que vous avez le jugement facile. Juste parce que je ne supporte personne, que j'ai des tatouages et un visage froid vous me classez tout de suite dans la catégorie mauvais garçon.

—Parce que tu ne l'es pas? demandé-je curieuse.

— Ça dépend de la définition que tu donnes à Bad Boy... Je ne bois pas, ne fume pas, ne me drogue pas, ne sors pas en soirée et ne couche pas avec tout ce qui bouge. Mais oui, je suis caractériel, je m'énerve vite, je suis solitaire, calculateur et j'ai des tendances méchantes. Je suis mauvais, oui c'est vrai. Mais ça tu ne pouvais pas le savoir  parce que tu ne me connais pas. Tu m'as jugé égoïste alors que c'est justement l'un des rares défauts qui ne me caractérise pas, tu es comme toutes ces filles.

J'écarquille les yeux avant de protester :

—C'est faux !

Il se stoppe et pivote vers moi.

—Ah oui ? Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te classer dans leur catégorie ?

Je baisse les yeux et réfléchis. Je ne suis pas comme elles, je le sais, mais comment le justifier?

— Hum...je ne me bourre pas pendant les fêtes car... je fais quasiment jamais la fête

— Et ? Moi non plus je ne bois pas et tu m'as classé parmi les Bad Boy.

— Et...je ne suis pas une personne superficielle.

— Je n'en ai aucune preuve, conteste-t-il.

Je regarde mon pied dessiner des cercles sur le bitume.

—Et je...je ne suis pas aussi idiote que la majorité des gens ?

Il hausse les épaules, l'air de concéder que j'ai au moins cette qualité.

— Mais je peux être très bête des fois et dire des choses méchantes et fausses...mais... mais... la difference c'est que... que...

Je relève la tête et plante mon regard dans ses yeux si profonds et durs mais aussi si intenses.

—Moi, je me suis excusée.

L'ombre d'un sourire apparaît sur son visage, se propageant jusqu'à ses yeux. Puis il reprend son chemin, les mains dans les poches.

—Alors...ça suffit à ce que monsieur me laisse marcher à ses côtés ?

—Pour l'instant, réplique-t-il sèchement.

On continue de marcher l'un à côté de l'autre en silence avant qu'il ne rompe le silence :

—Je passerai chez toi après les cours pour l'anglais et tu as intérêt à ne pas faire d'histoire car j'ai vraiment besoin de cet argent.

—Je te fais remarquer que c'est toi l'ingérable entre nous deux et que si quelqu'un doit apprendre à se contrôler ce n'est pas moi! je m'exclame en rigolant.

—Oh! Excuse mon erreur, mais je te rappelle que c'est toi qui es entrée chez moi par effraction ! ironise-t-il avec un sourire en coin.

—Oh, non! Tu ne vas pas ramener ça une nouvelle fois sur le tapis, je t'ai déjà expliqué que j'avais toqué! râlé-je en croisant les bras sur ma poitrine.

Je le surprends à me regarder du coin de l'oeil, tout sourire.

—Évidemment, tu avais toqué ! Où avais-je la tête!? Et moi quand je t'ai menacé, j'avais bu !se moque-t-il avec un petit sourire narquois sur le visage.

Je lève les yeux au ciel sans pour autant me départir de mon sourire.

— Tu sais que tu es agaçante? rigole-t-il.

— Il paraît! Un certain garçon insupportable n'arrête pas de me le dire !

— C'est vrai... mais il est évident que tu...

— Belle !

Je me tourne vers l'autre côté de la rue où Nils me fait de grands signes. Un immense sourire éclaire mon visage et sans réfléchir, je traverse la route en zigzagant entre les voitures arrêtées au feu rouge. Arrivée à sa hauteur je me fige. Et s'il m'en voulait encore ?

Il me regarde, gêné, avant de murmurer :

—Je... je suis désolé pour hier. Je n'aurais pas dû réagir comme ça. Tu ne m'en veux pas ?

Je souris, les yeux pétillants, avant de m'élancer dans ses bras en criant :

— Non !

Il me fait tourner dans les airs tandis que je rigole. Je pensais tellement qu'il ne m'adresserait plus jamais la parole! Je croyais que je ne le reverrais plus jamais. Je suis si heureuse que je n'ai aucune envie de lui faire la tête.

Tandis que je voltige dans les airs, j'aperçois derrière son épaule, de l'autre côté de la rue, Jayden qui me fixe, impénétrable. Le temps de faire un nouveau tour dans les airs et il a disparu. Mon rire perd de son éclat mais je ne me rembrunis pas pour autant. S'il ne veut pas perdre de temps à m'attendre et bien tant pis ! Mon ami me repose sur mes pieds et je le serre brièvement dans mes bras. Il m'observe en silence puis doucement, vient écarter une mèche noire de devant mon visage.

— Tu es tellement belle.

Je souris, gênée.

— On y va ?

Il rigole puis me prend par la main et on se dirige vers le lycée. Il est si gentil et doux. Le gars parfait si on oublie ses crises de jalousie. Mais personne n'est parfait n'est-ce pas? On arrive devant le lycée et Lou se dirige droit dans notre direction. Instinctivement, mes doigts se mettent à tripoter mon bracelet à breloques. Ce qui est sûr, c'est que je ne m'attendais pas à ce qu'elle me dise ça :

—Je suis désolée, Belle. J'ai été une vraie idiote! J'avais le cerveau aussi handicapé qu'un pigeon obèse en fin de vie... tu as le droit de voir qui tu veux.

Elle lève sur moi de grands yeux embués de larmes.

—Mais tu vois...quand-quand j'ai vu que tu t'étais fait une autre amie, plus belle, plus riche, plus cool...j'ai paniqué, j'ai eu peur que tu me laisses tomber !

—Oh...Lou !

Je m'avance et la prends doucement mes bras. Au creux de son oreille, je murmure :

— C'est toi ma meilleure amie. Pour toujours.

Elle s'écarte et me fixe, les yeux étincelants et pleins d'espoir.La sonnerie retentit et Lou m'entraîne avec excitation vers le cours d'anglais. Je remarque que des étiquettes avec des prénoms sont collés sur les tables et je m'empresse de trouver ma place. C'est alors qu'arrive mon voisin. Jayden. Mais qu'ai-je bien pu faire pour mériter ça?

Enfin, notre professeure d'anglais arrive avec quelques minutes de retard, tout sourire.

—Les enfants! J'ai une grande nouvelle! Bientôt, nous allons partir... en voyage à Londres !!

Mes yeux s'écarquillent de bonheur. Londres...la ville où mon père a grandi.

—Je vous transmettrai les dates et les infos officielles quand j'en saurai plus.

Un sourire bêta s'installe sur mon visage. Pour une fois que quelque chose de bien va se passer dans ma vie ! Je jette un coup d'œil à Jayden qui est adossé avec nonchalance sur sa chaise, l'air blasé.

—Tu es déjà allé en Angleterre? demandé-je face à son manque de réaction.

—Non, mais je m'en fiche car je n'irai pas, lâche-t-il sèchement.

Je pivote vers lui, curieuse.

—Pourquoi ?

Il soupire et se tourne vers moi, plongeant ses yeux vert glacials dans les miens.

—Qu'est-ce que ça peut bien te faire?! Tu vas y aller toi, alors fous moi la paix !s'énerve-t-il.

Je grimage, vexée qu'il me crie dessus.

—Mais...

—Il n'y a pas de « mais », Belle! Mêle-toi de tes affaires ! Je ne peux pas faire ce voyage point final!

J'écarquille les yeux devant tant de véhémence et il pivote à nouveau vers la prof.

—Tu ne peux pas? À cause de l'argent, c'est ça ?

Il se tourne vers moi, las.

—Oui, voilà! T'es contente!? Je dois subvenir à mes besoins tout seul alors je ne vais pas en plus me permettre un petit voyage. De plus, je ne peux pas la laisser seule...

Je fronce les sourcils. Qui ne veut-il pas laisser ? Et puis pourquoi est-il en France, loin de ses parents? Je ne m'étais pas encore posé la question.

—De qui parles-tu ?

Il se fige comme pétrifié en se rendant compte qu'il en a trop dit.

Il se penche vers moi.

—Oublie ça! Oublie d'accord! articule-t-il hargneusement.

Mon souffle se coupe et, l'espace d'un instant, il me fait légèrement peur. Il recule et se replonge dans le cours d'anglais. J'en tremble. Quel regard. Puis je me calme peu à peu et la boule de panique qui me serrait le ventre se transforme petit à petit en une boule de curiosité qui me serre les entrailles si fort que je suis à deux doigts de me tordre de douleur.

Jayden Summers, peu importe ce que tu caches, je le découvrirai.

O O O

J'entre dans le self, mon plateau à la main, quand Lexie me hèle depuis la table des populaires.

Sur la défensive, je m'approche doucement,  faisant attention à ce que Jade ne me remarque pas. Mais quelles sont mes chances? Cette dernière qui est en vive conversation avec Jayden, va forcément s'arrêter s'il s'adresse à moi. Ce dernier m'a d'ailleurs déjà bien remarqué et me fixe de ses yeux glacials, ne se souciant plus le moins du monde de Jade.

Lorsque j'arrive à leur hauteur, mon amie me demande :

—Alors? Jayden t'a bien fait cours hier? demande-t-elle en commençant à sortir discrètement une liasse de billet.

Oh mince, combien est-ce qu'elle le paie pour un cours ?!

—Hum...

Je lance un regard à la dérobée vers Jayden, qui me fixe anxieusement, le corps tendu comme un arc

—Je...

—T'as perdu ta langue? rigole Lexie. Alors? Oui ou non ?

Je plonge mon regard dans celui de Jayden et en quelques secondes, je suis convaincue qu'il a besoin de cet argent. C'est vital pour lui. Et cela ne se limite pas juste à un toit au-dessus de la tête.

—Oui, lâché-je. Il est d'ailleurs un excellent professeur.

Nos regards restent ancrés l'un à l'autre jusqu'à ce que Lexie lui glisse l'argent. Il fourre la liasse dans sa poche, et en me regardant à nouveau, hoche imperceptiblement la tête dans ma direction, ses yeux reflétant une immense gratitude. Je lui souris discrètement, persuadée d'avoir bien agi malgré la façon dont il m'a traitée un peu plus tôt dans la journée.

—Bon, t'attends quoi grosse tête?! Un pourboire? siffle Jade en rivant ses yeux de vipère sur moi.

Je grimace et commence à partir avant de finalement me retourner vers eux et lâcher malicieusement :

—Jayden, si j'étais toi je me méfierais de ta voisine... c'est une vraie langue de vipère et ça ne m'étonnerait pas qu'elle sécrète aussi un venin mortel.

Les populaires rigolent sous cape et un petit sourire fleurit sur le visage de Jayden tandis que Jade me tue du regard.

Un rictus victorieux aux lèvres je pars rejoindre mes amies.

                                O O O

La porte d'entrée claque à la volée puis Jayden se laisse tomber sur la chaise à côté de moi. Je le dévisage et il fronce les sourcils.

—Quoi?! Je t'avais dit que je venais.

Je soupire devant sa mine renfrognée.

—Oui...ce que je me demandais c'est plutôt pourquoi tu ne frappes pas comme une personne normale avant d'entrer.

Il soupire et attrape une pomme dans la panière à fruits au milieu de la table avant de croquer dedans.

Entre deux bouchées il réplique :

—Tu veux dire, pourquoi me suis-je introduis chez toi sans permission ?

Il me lance un regard lourd de sens et je me demande si un jour il compte lâcher l'affaire.

—Mais moi j'ai toqué! me justifié-je.

Il mâche sa pomme avec un air de provocation et d'insolence.

—D'ailleurs, tu devrais penser à fermer ta porte à clef...ça va finir par t'attirer des problèmes.

Je hausse les épaules et m'adosse contre ma chaise avant de croiser les bras.

—Bon, tu comptes me faire cours ou juste te servir dans mon garde-manger ?

Il lève les yeux au ciel puis se saisit de mon livre.

—J'ai remarqué que la plupart du temps tu ne fais que de petites fautes ridicules comme mélanger des mots d'américain et des mots d'anglais du Royaume-Unis ou alors des petites fautes de conjugaison, de négation au prétérit ou alors tu te trompes sur les verbes irréguliers.

—Tu m'espionnes?! m'insurgé-je.

Il rapproche sa chaise de la mienne.

—Non, je détecte juste toutes vos erreurs ridicules.

Je relève brusquement la tête, une question au bord des lèvres, quand je m'aperçois qu'il est vraiment, mais alors vraiment très près. Trop près.

Nos souffles se mélangent, mon cœur s'accélère et ma respiration se fait compliquée. Et si j'ai une mauvaise haleine ? Je fais quoi ?!

Il sourit. Un vrai  sourire, grand et sincère. Le premier que je lui vois.

—Je t'assure que non, sinon je me serais déjà écarté.

—Quoi? m'exclamé-je déroutée.

Il éclate de rire. Un rire rauque et grave. C'est la première fois que je l'entends rire, c'est rare et ...agréable. Vraiment beau.

—Pourquoi tu ris!? m'agacé-je.

Il se stoppe et plonge son regard rieur dans le mien.

—Et si j'ai une mauvaise haleine ?Je fais quoi ?!singe-t-il avec une voix aigüe et niaise.

Je blêmis en comprenant que j'ai parlé à voix haute. Il continue de rire et je fais la moue. Jayden fini par reprendre son sérieux, son regard de braise se posant sur moi.

—Tu n'as pas mauvaise haleine, Belle, si c'est ce qui t'inquiète.

Je me mords la lèvre. J'ai envie de me gifler.

—Super! ironisé-je.

Il secoue la tête avant de se lever.

—Je crois qu'on en a assez fait pour aujourd'hui.

Je sens mon ventre se serrer et je me tourne vers l'horloge au mur. Effectivement ça fait plus d'une heure qu'on travaille. Je n'ai même pas vu le temps passer. Il récupère ses affaires et je le suis jusqu'à la porte d'entrée.

Il était sur le point de partir quand il se stoppe, la main suspendue au-dessus de la poignée.

Enfin, Jayden pivote à demi et nos regards s'accrochent. De longues secondes s'écoulent avant qu'il n'ouvre la bouche :

—Je voulais te dire... merci pour ce midi. Vraiment.

L'espace d'un instant, je me perds dans son regard émeraude et mon coeur manque un battement.

—De rien. À demain ?

— À demain...Belle au bois dormant.

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Hey mes Chupa Chups!🍭

Vous avez aimé? Le faite que ce soit long ne vous a pas dérangé?

Pour l'instant, aimez-vous les personnages?

Je voulais savoir aussi, que lisez-vous en ce moment? Sur Wattpad et en papier. Moi j'ai commencé Phobos de Victor Dixen et j'aime beaucoup. Une histoire vraiment captivante!

Aussi, si vous voulez parler lecture avec moi, me faire partager des livres que vous avez aimé,      n'hésitez pas. Ou même pour parler de tout et n'importe quoi, je suis là! Je ne mange personne, j'ai bien mes trois repas quotidien et bien plus... (je suis une grosse gourmande😅).

KISS PAILLETÉS!!!❤️

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