Chapitre 28
Rien à envier- David Carreira
Nils se gare devant mon immeuble et je me penche vers lui pour l'embrasser. Alors que je m'apprête à sortir, il m'attrape le poignet et me force à me retourner. Il plonge ses yeux dans les miens et mon cœur se calme. Je me sens mieux, rasséréné, en sécurité. Doucement, sa main me caresse la joue et je me force à lui rendre son sourire.
— Belle...
— Oui ?
— Je t'aime.
Je sens mon sang se glacer et mon visage blêmir. Ce que je redoutais vient d'arriver. Je déglutis et lui souris gentiment mais ça ne suffit pas. Lentement, je vois son sourire faner et l'étincelle dans son regard se tarir. Il laisse retomber sa main et lentement se renfonce dans son siège, le regard obstinément fixé devant lui.
Je baisse les yeux et me tords les doigts dans tous les sens. J'ouvre la bouche pour lui dire ce qu'il veut entendre mais rien ne sort. Ma voix s'éteint, ma bouche s'assèche et ma gorge se serre. Comme quoi il y a des mensonges impossibles à dire. Mon menton se met à trembler et je m'apprête à lui dire la vérité, à le quitter quand il me coupe :
— Ne fais pas ça, Belle. Tu es tout ce que j'ai, ne prononce pas ces mots.
Je me fige. Il a comprit. Il savait que j'allais le quitter. Et il me supplie de ne pas le faire. La culpabilité me tord le ventre, car je suis effectivement tout ce qu'il lui reste, et j'allais l'abandonner. Je baisse les yeux et en silence, sort de la voiture.
J'espérais tellement qu'il ne m'aimerait pas. Parce qu'inévitablement j'allais le blesser. Les sentiments ne se contrôlent pas, tout le monde le sait. Et pourtant ce serai tellement plus facile. Nils est quelqu'un de bien et il mérite qu'on l'aime en retour. Et ce serait surement la meilleure chose qui puisse m'arriver. Mais ce n'est pas le cas. Et un jour, je devrais rompre. Mais s'il me demande de ne pas le faire, ça peut attendre je suppose.
Je monte les escaliers à la vitesse d'un escargot puis entre dans l'appartement de Jayden sans frapper. Il est là, devant un match de football de la coupe du monde. Je me laisse tomber à côté de lui et pique un Dragibus noir dans le paquet entre ses mains.
— Salut, Belle, lâche-t-il en déniant enfin me regarder.
— Salut, Jayden. Qui joue aujourd'hui ?
— Mon pays. Contre la Russie. Un match qui dépasse de loin les simples limites du football.
—Tu as vraiment séché les cours juste pour suivre ce match ?
Il hausse les épaules.
— À quoi bon aller en cours? Je connais déjà tout le programme. Je suis le meilleur élève.
— Après moi, répliqué-je en lui volant un nouveau bonbon.
Il me fait un clin d'œil.
— Ouais, c'est ça.
Je lève les yeux au ciel.
— N'empêche que moi, je ne regarde pas des idiots courir après un ballon comme des chiens !
Il me lance un regard noir.
— Tu te trompes. C'est un sport captivant, avec pleins d'enjeux.
— Ouais des enjeux financiers ! Tu sais que si on revendait tous les joueurs d'une équipe comme le Paris Saint-Germain on pourrais éradiquer la faim dans le monde ?
Il hausse un sourcil et je lâche :
— Deux fois.
Il soupire.
— Donc tu es une anti-football ?
— Non.
Il fronce les sourcils et me dévisage.
— Mais tu as dit...
— Je sais très bien ce que j'ai dit, Summers. Et j'aime le foot. Je dis juste que les sommes dépensées pour un simple jeux sont... honteuse.
Il sourit.
— Oui mais, si même une bonne Samaritaine comme toi est une adepte de foot, comment veux-tu que cette société corrompue se préoccupe des bonnes causes plutôt que des idiots qui courent après un ballon ?
J'hausse les épaules et m'enfonce dans le canapé, posant par la même occasion mes pieds à côté de ceux de Jayden sur la table basse. On regarde tranquillement le match, ma tête sur son torse et son bras autour de moi. À chaque but des Etats-Unis je le sens se raidir pour s'empêcher de sauter de joie et de risquer de me faire mal. C'est assez gentil.
On passe le reste de la soirée ensemble jusqu'à lentement s'endormir l'un sur l'autre, couché sur le canapé.
O O O
C'est le froid qui me réveille. J'ouvre subitement les yeux et le cherche des mains. Il n'est plus là. Je me relève et regarde autour de moi. Je suis toujours dans son canapé si ce n'est qu'à présent la pénombre enveloppe la pièce. Je me frictionne les bras dans l'espoir vain d'obtenir de la chaleur. Il est au courant qu'on est en hiver ?
Je me lève et me dirige sur la pointe des pieds vers la cuisine. Privé de la vue, je me cogne trois fois le petit orteil avant d'arriver jusqu'à la seule source de lumière. A travers l'entrebâillement de la porte je discerne Jayden assis sur une chaise au chevet de sa sœur, lui caressant tendrement les cheveux à la faible lueur d'une lampe de chevet.
Je ne devrais pas mais je ne peux pas m'empêcher de tendre l'oreille pour écouter ce qu'il dit.
— Si tu savais à quel point tu me manques. Je sais qu'il est peu probable qu'un jour tu te réveilles, les médecins ont été clair. Et j'ai été vraiment stupide de penser qu'ils diraient autre chose de l'autre côté d'un océan. Mais je t'en supplie, Harmony, reviens-moi. Ma vie est...putain de fade sans toi. Triste, monotone, sans aucune saveur. Je sais ce que tu me dirais si tu étais là : « profite frérot, on a qu'une vie, arrête un peu de te faire un sang d'encre ». Mais je ne peux pas. Tout est de ma faute...
Sa voix se brise dans un sanglot.
— Tout est de ma putain de faute !! hurle- t-il en abattant soudain son poing sur le matelas
Sa voix reprend, haché par la douleur et les sanglots :
— Tout est de ma faute. Et tu sais quoi ? Je ne peux m'empêcher de penser que... que si je ne t'avais pas écouté, que si je ne m'étais pas autorisé le bonheur, tu serais encore là. Tu me bousculerais, ton rire résonnerait, tu te moquerais de moi, je serais mis à la porte de ma propre maison car tu es avec un énième copain. Mais je te promets que je ne me plaindrais pas. Parce que tu serais là, et te voir heureuse... c'est tout ce qui compte. C'est tout ce qui a toujours compté...
Je le regarde tenter de réprimer un sanglot entre ses dents serrées. Je le regarde et je sens mon cœur se briser. Je le sens s'émietter. Me brûler. Et je meurs. Je meurs d'envie d'aller le prendre dans mes bras. Mais je n'en fais rien.
— Je t'en veux tu sais. Je t'en veux de ne pas être là. Je t'en veux de m'avoir poussé dans ses bras. Parce que si j'avais été là, si tu ne m'avais pas encouragé, j'aurais été là pour te protéger. Et je t'en veux de m'avoir permis d'être en vie ! Je t'en veux parce que c'est moi qui devrais être couché dans ce putain de lit à ta place !!! De nous deux... ça a toujours était toi la meilleure. C'était toi que les gens préféraient. C'était sur ton passage que les gens se retournaient. C'était toi que tout le monde regardait parce que tu étais comme un soleil ! Tu rayonnais par ta générosité et ta gentillesse !!! Tu étais la plus maligne, la plus intelligente, la plus intrépide et effrontée !!! Tu marquais les esprits et tout le monde t'aimait, mais jamais tu n'as cessé de me trimballer avec toi comme un sale clébard. Moi, ton invisible jumeaux, le paria, celui dont personne ne se souvenait jamais. Le garçon étrange, seul au fond de la classe qui avait toujours réponse à tout. Personne ne m'aimait, personne ne comprenait pourquoi tu t'entêtais à me garder à tes côtés, pourquoi tu insistais pour que je m'assois à votre table, que discute avec mes bourreaux. Et c'est pour ça que c'est toi qui devrais être là, c'est toi qui devrais être là pour rendre ce monde meilleur, pas moi ! C'est toi qui méritais de vivre ! Pas moi, pas Jayden l'insociable, l'exclu, le surdoué, le détesté !!!
Je le regarde se frotter vivement les yeux pour empêcher une larme de s'enfuir.
— Je t'en veux tellement ! Car tu n'es pas là et que tu brilles par ton absence !!! Tu n'es pas là et je me sens obligé de te remplacer ! Je me sens obligé de faire en sorte qu'il y est une part de toi partout, je me sens obliger de faire tout ce que tu voulais ! Tu n'es pas là et notre famille voudrait que je sois plus comme toi. Mais tu sais comment ça me pèse d'être à un repas de famille et d'avoir toute l'attention sur moi alors que ça n'a jamais été le cas ? Qu'avant on me saluait à peine ? Tu sais ce que ça fait de devoir changer toute sa vie pour quelqu'un ? Bien-sûr que non, parce que c'est toi qui es dans ce lit à ma place !! Ça aurait dû être moi, éclate-t-il en sanglot.
Quelque chose de froid coule le long de ma joue et mes doigts viennent l'essuyer instinctivement. Une larme.
Cette scène est si dure à voir, si terrible. Il est... si brisé. Abîmé. Torturé.
Le voir si abattu me fend le cœur, et c'est si déstabilisant d'apprendre qu'il n'a pas toujours été ce garçon sûr de lui, fort et populaire. Ce garçon que tout le monde aime. Et savoir qu'il a était comme nous tous, qu'il n'est pas si parfait, ça ne le rend que plus humain. Plus adorable.
Mais je me sens mal, pour lui, et aussi d'avoir surpris ce moment d'intimité. Doucement, je fais demi-tour, enfile ma veste puis sors du placard un paquet de Dragibus noirs que je pose sur la table.
Puis silencieusement je pars, loin de toute cette souffrance. Pourtant même une fois loin, ses sanglots résonnent encore dans ma tête. Et je me sens mal.
Je me sens mal d'avoir préféré la facilité.
Je me sens mal d'avoir préféré fuir les souvenirs.
Je me sens mal d'avoir préféré fuir plutôt que le consoler.
***********************
Coucou mes petites sucettes de l'espaces! 🍭💫✨
Vous avez aimé?❤️
Moi, j'aime ce chapitre car on voit enfin vraiment Jayden tel qu'il est. Un garçon brisé de l'intérieur. Brisé par la perte. Mais avant tout, par les autres.
J'ai vraiment essayé de brisé les cliché avec lui et j'espère que ça vous ému et vous plaît.
Parce que vous avez compris, n'est-ce pas? Jayden a été harcelé. Avant l'accident de sa soeur, il était le garçon seul à qui ont balancé des objets et des moqueries. Il avait à peine d'amis. Il était le souffre-douleur et si je ne me suis pas amusé à imaginer toutes les horreurs qu'il a pu vivre, les horreur que vivent les personnes harcelé, je suis sûr que c'est destructeur. C'est pourquoi, personne ne devrait vivre cela. Faites attention aux mots que vous prononcés et aux choses que vous faites. Car si ce que vous faites ne vous parait pas si méchant, la personne en face de vous souffre peut-être déjà trop. Ça pourrait être la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Pensez-y.
Même si je sais que vous, vous êtes géniales, hein mes Chupa Chups?😉🥰
Donc, voilà aussi pourquoi il haït tant les populaires, ou même les jolies filles qui avant le faisaient sentir plus bas que terre. En faite, ça explique trop de choses pour que je les disent ici. Mais amusez vous à la faire si vous trouvez! Ce qui l'a changé, c'est son obsession à faire vivre sa soeur à travers lui. Parce qu'elle, elle était populaire, il l'est devenu, parce qu'elle était belle, il a fait un effort pour l'être, parce qu'elle était une sportif, il a fait du football américain.
Votre premier ressentit sur Harmony après ces paroles ?
Toujours pas d'idées sur qui a pu arrivé à Harmony ?Non ? Quel dommage!
En tout cas, je suis sûre, que vous allez adoré le prochain chapitre!
ET BON 14 JUILLETS AUX FRANÇAIS !( et aux autre aussi XD, mais ce n'est pas votre fêtes national alors vous vous en foutez surement)😂
Sinon, que donne les résultats du bac et du brevet ?
BISOUS PAILLETÉS!!! 😘BONNE VACANCES ET COURAGE AUX AUTRES!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top