Chapitre 25
Je passe les grilles du lycée, tête baissée et rentrée dans les épaules. Je dois absolument faire profil bas. Peut-être qu'ils m'oublieront et demanderont un autre bouffon ? Je traverse la cour vers ma classe de Science Economique et Social quand j'entends la seule voix que je voulais absolument éviter.
— Je peux savoir où tu étais hier ??
Je me fige avant de doucement pivoter vers lui.
— Je... j'étais malade, je mens.
Nils hausse un sourcil avant de s'avancer.
— Ah, oui ? Et qu'avais-tu donc ?
Je déglutis nerveusement. Trouve un truc Belle. Vite !
Il fronce les sourcils et j'improvise bêtement :
— Oh ! Tu préférais ne pas savoir ! m'exclamé-je en grimaçant. C'était pas jolie jolie si tu vois ce que je veux dire !
Il se racle la gorge, gêné, puis s'empresse de changer de sujet.
— Et donc... tu as étais choisi comme petite comique.
Je me mords la lèvre, perplexe. C'est une question ou une constatation ?
— Oui... mais ça ne veut rien dire.
— Les bouffons de l'an dernier couchaient ensemble en cachette, ils trompaient leur copain et leur copine.
— Oui mais moi tu me connais ! m'énervé-je. Toi-même tu ne me trompais pas avec cette fille et pourtant ils t'ont élu avec !
Il semble se détendre et avec un petit sourire, m'attire à lui.
— Oui, tu as raison. Toi, tu vaux mieux que ça ! Désolé. C'est juste que je suis sur les nerfs avec mes parents.
Je le serre dans mes bras.
— Je suis là, ne t'en fait pas.
— Merci, chuchote-t-il en posant son menton sur ma tête et en me serrant fort contre son cœur.
Mon cœur s'accélère et je culpabilise. Je lui ai mentit et il me remercie. Je suis un monstre ! Malgré tout, je ne peux m'empêcher de penser que j'ai évitée la catastrophe de justesse.
La sonnerie retentit et Nils me dépose un baiser sur la joue avant de s'écarter et partir.Je fais volte-face pour aller en SVT avant de tomber face à Jayden. Il me fixe avec une telle mélancolie que je prends la décision de lui remonter le morale.
Je lui donne donc rendez-vous pour notre cours d'anglais à dix-huit heures.
Il va adorer ce que je vais préparer pour lui.
OOO
On toque et je me précipite dans le couloir dans lequel est déjà rentré Jayden.
— T'es encore rentré sans permission ?! râlé-je gentiment.
— Oui mais j'ai toqué ! réplique-t-il avec un petit sourire taquin.
Je lève les bras en l'air en signe d'exaspération.
— Mais quand est-ce que tu vas me lâcher avec cette histoire !?!
Il me dépasse avec un clin d'œil.
— Quand tu reconnaitras tes tords.
Je claque ma langue contre mon palais.
— Dans tes rêves.
Je le dépasse et lui tire une chaise.
— Assieds-toi, ordonné-je.
Il hausse un sourcil, intrigué, mais obtempère docilement.
Le minuteur sonne et je me précipite vers le four duquel je sors un plat fumant.
— Belle ? Pourquoi est-ce que tu as du sucre partout dans les cheveux et du fromage frais sur les joues ?
— CHAUD DEVANT !! me contenté-je de crier.
Je laisse tomber le moule sur la table et m'empresse de lui couper une part que je dépose délicatement dans une assiette.
Je la lui tends avec un grand sourire.
— Cheesecake à la New Yorkaise !!!
Il écarquille les yeux et à la façon dont il me regarde sans savoir quoi dire, je vois que ça le touche.
— C'est... c'est pour moi ?
J'attrape le plat et commence à partir en lançant :
— Non. Pour le voisin !
Je rigole en revenant sur mes pas pour reposer le plat.
— Oui, c'est pour toi. Tu m'as avoué que c'est sûrement l'une des choses qui te manquait le plus de La Grosse Pomme. Et puis tu semblais si triste ce matin que je me suis dit que ça te remonterait le moral, après tout, ça ne doit pas être facile d'être loin de tout ce qu'on connaît.
Il sourit.
— Merci, Belle. Vraiment.
Je balaie sa remarque d'un revers de la main.
— Assez parlé ! Goûte-moi ça!
Il s'exécute et mène la cuillère à ses lèvres.
Il mâche doucement son morceau, savourant chaque saveur, quand soudain ses yeux s'écarquillent comme des soucoupes et une horrible toux le secoue.
Je fronce les sourcils, inquiètes.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu sais plus manger ? Tu vas m'avouer que ton secret c'est que tu es un vampire dont la seule alimentation est le sang ?
Il se tape le torse pour se déboucher les voies digestives et doucement je regarde sa pomme d'Adam monter et descendre alors qu'il avale durement.
— Non, rien... j'ai juste était surpris...
— Tu as aimé !? lui demandé-je avec enthousiasme.
Il se racle la gorge et fuyant mon regard, répond :
— C'est délicieux.
Je m'assois et penchée au-dessus de la table, plonge ma cuillère dans sa part.
— Qu'est-ce que tu... !?
Je gobe mon morceau de gâteau avant de me relever d'un bond et de me diriger vers l'évier.
Sans aucune grâce, ni politesse, je recrache tout.
Je fais volte-face vers Jayden et m'exclame :
— Mais c'est dégoûtant !! Comment t'as pu avaler ce machin !?
Il écarquille les yeux et me dévisage avant de soudainement éclater de rire.
Son sourire, ses fossettes, les rides de joie aux coins de ses yeux qui pétillant de malice. Cet ensemble de chose magnifique et rare m'arrache un sourire et je me félicite d'être responsable de cet exploit. Parce que le temps de quelques secondes, il oubli ses problèmes.
Je m'empare du plat et le vide dans la poubelle avant de sortir du placard un paquet de Dragibus.
J'aime tant ces bonbons. Je me sers puis passe le paquet à Jayden.
— Pourquoi tu ne m'as pas dit que c'était dégoutant ?
Il hausse les épaules tout en fouillant dans le paquet à la recherche de je ne sais quoi.
Puis enfin, il relève les yeux et les plonges dans les miens.
— Je suppose que je ne voulais pas te blesser, tu as dû y passer du temps.
Je souris et il se replonge dans ses recherches.
Enfin, il brandit triomphalement un Dragibus noir.
— J'ai trouvé ! s'écrie-t-il tout sourire.
Mon regard croise le siens et j'en tombe des nues en voyant ses yeux briller tels deux émeraudes sous un rayon de soleil.
Son regard sérieux se pose sur le bonbon et je le fixe à mon tour.
— Quand j'étais petit, je maintenais que tous les Dragibus avaient le même goût.
Il sourit discrètement
— Surement mon côté cartésien et rationnel.
Je lève la tête vers lui et hausse un sourcil.Les yeux ancrés dans les siens, je me rends soudain compte que je suis vraiment près de lui.
Du bout des lèvres, il me raconte la suite :
— Un jour, alors que je n'allais pas bien, ma mère m'a acheté un paquet de Dragibus duquel elle a sorti tous les noirs. Elle m'a tendu la coupelle de bonbons et ma doucement murmuré « Les Dragibus noirs sont les meilleurs, ils ont le goût de l'amour »
Je pose mon regard sur le bonbon, cherchant en vain à comprendre pourquoi je le regarde à présent différemment.
On dévisage longuement la friandise avant qu'il ne continue doucement :
— Aujourd'hui, dès que je vais vraiment mal, que je me sens seul, triste, abattu, dévasté ; je mange des grammes et des grammes de ces petites billes noirs. Je m'empiffre et j'imagine la voix des gens que j'aime, j'imagine leur visage, leur rire, leur sourire. J'imagine qu'ils m'aiment malgré tous...
Je dois me mordre la lèvre, pour ne pas fondre en larme et demander pourquoi ils ne l'aimeraient pas.
Je plonge ma main dans le paquet et sors un autre Dragibus noir.
On se fixe dans les yeux et je lance à la cantonade :
— A notre vie de merde !
Et en parfaite synchronisation, on s'enfile notre bonbec.
Je le mange avant de me resservir, encore et encore. Jusqu'à ce que j'oublie tous mes problèmes.
— T'sais quoi ? R'adore, me sens mieux, dis-je la bouche pleine de bonbons.
_ Oui, c'est super bien contre la tristesse mais contre les kilos... réplique-t-il en fourrant un bonbon dans sa bouche.
— M'fiche ! grommelé-je en avalant. Je vais m'empiffrer de bonbon jusqu'à ce que je sois si grosse que ma mère pique une crise.
— Ah... la famille ! Toujours source de problèmes, soupire-t-il en se servant un nouveau bonbon noir.
Un rire amer s'échappe d'entre mes lèvres.
— A qui le dis-tu ! Ils commencent par nous élever, ils nous apprenent à marcher, à parler, à vivre. Ils nous disent de ne pas être impolie, de toujours bien agir, de ne pas mentir mais à la première occasion ils bafouent leurs propres règles. Ils commencent gentiment par nous inventer le père noël, puis les cloches de pâques et ensuite une souris des dents ! Puis on apprend que notre vie est basée sur des mensonges et adieu notre belle innocence ! Bienvenue dans la dure réalité ! Mais ce sera quoi le prochain mensonge ? Alors les gentils parents nous lâches sans préambule dans la jungle, qu'est la vie. Ils nous disent de nous méfier, de ne pas croire tout le monde, que les gens sont cruels. Mais ils oublient de nous prévenir de nous méfier d'eux même !!
Jayden esquisse un sourire compatissant puis doucement me reprend le bonbon qui est dans ma main.
— Le sucre ne te réussit pas, Darling. Mais entre nous, on sait tous les deux que le problème ne vient pas des mensonges de notre enfance.
Je soupire et m'enfonce dans ma chaise.
— Bien-sûr. C'est juste que... ma mère n'est jamais là et quand c'est le cas, elle ne fait que me critiquer et me donner des ordres. Parfois... je me demande si elle a un cœur, parce que j'ai l'impression qu'elle me haït.
Jayden se penche par-dessus la table.
— Bien-sûr, qu'elle t'aime. Tous les parents aiment leur enfant, mais tous ne savent pas le montrer. Et te donner des ordres c'est sa façon de veiller à ce que tu fasses ce qu'il y a de mieux selon elle. C'est sa manière de te protéger.
Je lui souris tristement.
— J'aimerais tellement qu'elle soit comme les autres mères. Qu'elle s'inquiète d'un rien, me serre dans ses bras à longueur de temps, qu'elle me prépare mes plats préférés, accepte mes choix et mes goûts... qu'elle ne me critique pas et essaie de me comprendre.
Jayden pose sa main sur la mienne et je relève les yeux vers lui.
— Qu'elle me dise qu'elle m'aime, tout simplement !
Doucement, il se lève et s'accroupit à côté de moi.
On se regarde longuement, jusqu'à ce que je craque et me jette dans ses bras, retenant de peu les larmes.
— Ils me manquent, Jayden. Mes parents me manquent, sangloté-je dans son cou.
Je pleure tellement bruyamment que c'est à peine si j'entends le murmure de Jayden :
— Moi aussi... Si tu savais.
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Hola mes chupchup !❤️🍭
Comment allez-vous par ce temps un peu... étouffant? 🥵😅
Vous avez aimé le chapitre?
A votre avis, que signifiait la dernière phrase de Jayden ? Après tout, il n'a jamais parlé de son père...
Chapitre très calme et touchant (enfin je crois😂) mais ne vous en faite pas ça ne va pas rester platonique cette histoire. Bientôt des rebondissements! Dont le voyage à Londres.
Question du jour:
Pour celles qui aiment le foot, quel pronostic pour ce soir ? Victoire USA 🇺🇸 ou France 🇫🇷?
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Bisous pailletés 😗✨✨✨
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