Chapitre 2
Je m'empresse de sortir du lycée. J'ai un cours de piano dans trente minutes. Puis je dois ensuite être rentrée à la maison pour faire le repas. Je jette un coup d'oeil à mon planning. S'en suivra une heure et quart de lecture puis quarante-cinq minutes de sport et dix minutes pour faire ma toilette. Normalement, je devrais poursuivre par mes devoirs mais nous somme seulement le jour de la rentrée, je n'en ai pas.
J'ai à peine passé le portail du lycée Marie Curie que mon regard accroche le sien. Lui et la bande des populaires discutent contre le capot d'une voiture. J'inspire profondément et accélère l'allure. Qu'il soit dans ma classe est déjà pénible, je n'ai pas envie de le croiser partout en plus de ça.
— Belle!
Je ne comprends pas que c'est moi qu'on appelle et je poursuis mon chemin.
— Oh! Attend!
De longs doigts s'enroulent autour de mon poignet et me forcent à me retourner. Je cligne des yeux en voyant Jayden Summers. Que me veut-il?
— T'es sourde ou tu me snobes?
Je fronce les sourcils. C'était donc moi qu'il appelait?
— Je m'appelle Isabelle. Pas Belle.
Il lève les yeux au ciel.
— Détends-toi. Je viens juste te rendre tes affaires.
Je regarde la sacoche et le livre qu'il me tend. Je ne m'étais même pas rendu compte que je les avais oublié à la fête.
Je m'en saisis. Mes doigts frôlent les siens et je frissonne. Je m'empresse de récupérer mes affaires et recule d'un pas. Ses yeux me fixent avec intensité et je déglutis. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui me déstabilise autant.
Il hausse un sourcil comme s'il attendait quelque chose et je me rappelle soudain que j'ai manqué à la politesse.
— Merci, soufflé-je honteusement.
Je commence à repartir quand sa voix résonne dans mon dos.
— En feuilletant ton bouquin, j'ai vu que tu avais surligné certains passages.
Je fronce les sourcils. Je ne vois vraiment pas où il veut en venir. Il esquisse un sourire en coin qui me fait froid dans le dos. Lui en revanche, le sait très bien.
— C'est à chaque fois des répliques de Darcy. Je croyais que tu n'aimais pas ce personnages trop, je cite "orgueilleux, taciturne, suffisant et odieux"?
Je serre les dents. Il me fait perdre du temps là!
— Abrège.
Il sourit de plus belle. Un sourire malicieux. Il n'a toujours pas digéré mon affront à la fête.
— En vérité, tu es attirée par ce personnage. Par ce genre de garçon qui te sort de ta petite routine minable. Je t'ai vu avec ton petit bourgeois tout propre, aujourd'hui. Tu ne l'aimes pas, c'est évident. C'est platonique. Il n'allume pas l'étincelle.
Je déglutis. Il se trompe. J'aime Nils. Je sais que quand j'ai commencé à sortir avec lui, c'était pour ne pas le blesser, mais maintenant je l'aime. Réellement.
Je secoue la tête, rejetant en bloc cette idée.
— C'est faux. Je l'aime.
Comme s'il ne m'avait pas entendu, il poursuit.
— Ce que je n'arrive pas à savoir, c'est pourquoi? Pourquoi t'entêtes-tu à sortir avec lui? Par pitié? Gentillesse? Même si pour l'instant je ne te trouve pas très gentille. Par amusement peut-être? Il est ton divertissement? Non... Ce n'est pas ça. Peut-être par obligation?
Je déglutis et il hausse un sourcil. Il veut se venger, ça se voit à son rictus méchant.
— C'est ça? Par obligation? C'est tes snobinards de parents qui refusent que tu te mélanges au petit peuple?
Je serre les dents. Non. C'est vrai que ma mère a insisté pendant des années pour qu'on sorte ensemble mais ce n'est pas ça! J'avais le choix... C'est mon choix, non?
— Je sors avec lui par choix! m'écrié-je comme pour me convaincre moi-même. Par amour!
Il esquisse un sourire en coin. Lentement, il me dépasse, son épaule frôle la mienne au passage. Son souffle caresse ma joue quand il me murmure:
— On sait tout les deux que t'es dans le dénie.
Je ferme les yeux et serre les poings. Non. J'aime ma vie. Mon petit-ami. Et j'ai choisi d'être avec lui. Pourtant...
Il part, laissant mon coeur en proie à des tourments si longtemps refoulé. Il faut que je vérifie. Que j'en ai le coeur net.
Je tourne les talons et rebrousse le chemin rapidement. Il faut que je le vois, alors enfin je serai sûre de mes sentiments pour lui. Je l'embrasserai et je saurai que je l'aime, ce sera comme une évidence. Personne ne m'aura forcé à sortir avec lui!
Enfin j'arrive près du bar où lui et sa bande se rejoignent après les cours. Ils sont sur la terrasse extérieure, abrités de la pluie par des auvents et bavardent joyeusement. Je me précipite à leur rencontre où je suis accueillie par des sifflements et des cris de joie. Nils se lève de table et s'approche de moi, gêné. Ses cheveux blonds lui colle au front avec la pluie et ses yeux bleus brillent en me voyant.
— Salut, mon amour, je ne savais pas que...
— Embrasse-moi.
Il écarquille les yeux, surpris.
—Quoi ?
J'inspire et reformule mon ordre.
— Tu as très bien entendu. Embrasse-moi !
Il fait un pas timide vers moi. Et si habituellement, c'est lui qui prend les devants, cette fois, je n'attends pas. Il faut que je sache. Est-ce que ma vie n'est vraiment qu'un ramassis de mensonges ?
Je me mets sur la pointe des pieds et plaque violemment mes lèvres sur les siennes. Il m'embrasse d'abord gentiment, timidement et tendrement ; puis émoustillé par les sifflement de ses amis, il intensifie le baiser.
Je ne sais pas ce à quoi j'attendais vraiment, mais sûrement pas ça. Je m'imaginais avoir des papillons dans le ventre, que mon cœur se mettrait à battre la chamade, que je trouverais ses lèvres délicieuses au point d'en vouloir toujours plus. Mais sûrement pas à ça. Pas à ce que mon coeur se calme. Pas à ce que je ressente un grand vide, un léger malaise. Je ne ressens aucune émotion. Pire, je n'apprécie pas.
Pourquoi je sors avec lui?
C'est la voix de ma mère qui m'apporte la réponse. Je me détache de lui et recule en titubant, le souffle court, le regard perdu et fou à la fois. Tout s'éclaire. Je vois enfin ce secret qu'on m'a caché toutes ces années. Ils m'ont tous manipulé.
—Isa? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Je commence à marcher à reculons, terrorisée par la révélation qui peu à peu s'insinue en moi.
— Tout est mensonge, bégayé-je. Vous m'avez tous menti.
Je vois ses yeux s'écarquiller, paniqué. C'est comme un coup de poignard car c'est un aveu. Il savait. Il a peut-être même participé. Je lui lance un regard déçu, puis prends mes jambes à mon cou et je fuis. Je fuis la vérité. Je fuis la réalité.
Derrière moi un garçon taquine Nils :
— T'embrasses trop mal. Tu l'as fait fuir.
Je ne m'arrête pas. Je continue de courir de plus en plus vite jusqu'à ce que mes poumons soient en feu. Mais ce n'est pas ce feu que je voulais en l'embrassant.
Jayden avait raison. Je n'aime pas Nils de cette façon. Au fond, je l'ai toujours su. mais je me suis voilée la face. Avec ses accusations acerbes il a tiré le rideau qui m'empêchait de voir ce qui se déroule vraiment en coulisse. J'ai écouté ma mère, comme à chaque fois, j'ai laissé sa voix mielleuse s'infiltrer dans mon esprit et me dicter ma vie.
Je ne veux plus penser à eux. Tout s'effondre autour de moi. Ma vie, tout ce que je croyais vrai, tout part en vrille. Les immeubles défilent, blancs et dressés avec dignité. Mes jambes me portent avec souplesse et rapidité, mes émotions me font perdre la tête. Comment a-t-elle pu me faire ça ?!
Je croyais aimer Nils. Mais ce n'était qu'une illusion. De la manipulation. Je ferme les yeux et revois l'image de ma mère et des parents de Nils se serrant la main. Ce n'était qu'un mensonge que je me suis raconté à moi même, tel qu'avec le temps je me suis persuadée de sa véracité.
C'était une belle promesse d'avenir. Un moyen de ne pas le faire souffrir. Un semblant de contrôle sur ma vie toute planifiée par ma mère. Mais là aussi, c'est elle qui l'a choisi pas moi. Elle m'a trahit. Elle l'a fait. Elle a été si loin dans sa quête de contrôle...
Je cours sans regarder mon chemin, traversant sur le passage piéton comme une folle. Il faut que j'arrive à la maison avant elle, que je la mette au pied du mur, que je la confronte à ses actes et à ses mensonges.
Sur ma gauche des coups de klaxon retentissent. J'ai seulement le temps de voir une lumière aveuglante puis une voiture qui fonce droit sur moi. Je suis en plein milieu de la route et le véhicule continue de se rapprocher dangereusement dans un freinage incontrôlé dû à la pluie.
Je recule d'un pas, mais c'est déjà trop tard, même si la voiture ralentit peu à peu, elle va me percuter.
Je ferme les yeux, comme si ne plus voir le véhicule allait l'effacer. Le faire disparaître. Mais non, bien qu'en décélération, le quatre-quatre me percute aux jambes, me faisant voler sur le capot avant de retomber dans un bruit d'os brisés sur le sol. Ma tête me semble comme prise dans un étau, me faisant crier de douleur. Je ne peux plus contrôler un seul membre de mon corps, j'ai l'impression d'être un esprit sans matière. Et j'ai si mal. Chaque pensée me torture comme si on me plantait milles aiguilles dans la tête. Soudainement je me mets à suffoquer, j'ai une côte brisée. Chaque respiration m'est douloureuse. Moi qui croyais que la mort était libératrice. Mais c'est un supplice.
Je sens des bras se glisser sous moi et me soulever. Je grogne en sentant ma côte m'élancer. J'ouvre la bouche pour protester mais elle est poisseuse de sang. Je n'arrive à émettre qu'un fin gémissement.
Une voix grave et paniquée me sort de ma rêverie :
— Je suis désolé...Tiens bon, Belle.
Un dernier sourire s'étire sur mon visage.
C'est gentil, mais il est déjà trop tard.
*******************************
Hey, mes chupa chups à la fraise!
Vous avez aimé? Toujours envie de savoir la suite?
Que va t-il arriver à Belle? Qui l'a sauvé?
Ahah, vous le saurez la semaine prochaine.
Bisous pailletés!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top