Chapitre 19
Au final, j'arrive en retard au lycée, en plein milieu de la pause du matin. Ne trouvant pas Lou du regard je me dirige vers Lexie même si celle-ci est avec la bande des populaires dont Jayden. Quand j'arrive à sa hauteur elle me claque la bise avant de me demander :
—Tu as eu un cours d'anglais cette semaine ?
Instantanément, Jayden se tourne vers moi, anxieux, et des paroles de Lexie me reviennent en mémoire.
Je ne sais pas pourquoi, mais il semble vraiment avoir besoin de cet argent.
Je regarde Lexie. Lui dire la vérité et garder l'argent pour moi qui en ai tant besoin ou mentir et elle donnera l'argent à Jayden ? Il évite mon regard mais je vois bien que même s'il rechigne à demander mon aide, il en a besoin.
— Oui, il m'a donné un cours hier soir, lâché-je.
Jayden écarquille les yeux, surpris avant de se reprendre et ranger l'argent que lui tend Lexie. Puis mon amie retourne à une autre conversation, nous laissant seuls. Il me fixe étrangement, semblant se demander pourquoi j'ai fait ça pour lui. Puis parce que me dévisager comme une équation ne lui donne pas de réponse il me le demande.
J'hausse les épaules.
— C'est ce qu'on fait entre amis.
Il cligne des yeux, ébahi.
— Amis ? répète-t-il comme s'il ne connaissait pas le sens de se mot. Après tout ce que je t'ai dit ?
Je souris. Il faut bien enterrer la rancune des fois. Ça ne me mènera nulle part une guerre avec lui.
— Oui, affirmé-je.
Doucement un fin sourire se dessine sur son visage. Ses yeux pétillent comme si c'était le matin de noël. Comme s'il n'avait jamais eu d'amis et que c'était la plus belle des surprises.
— Mais attention! Ma gentillesse n'est pas gratuite !
Il rigole.
— J'ai vraiment une mauvaise influence sur toi !
On se dirige vers notre prochain cours et je lui donne un petit coup de coude taquin.
— Ne t'en fais pas, tu me remercieras après !
Il me bouscule gentiment.
— Qu'est ce que tu me veux, vilaine Bête?!
— La Bête? Mais voyons, moi je suis la gentille Belle ? blagué-je en clignant innocemment des yeux.
Il secoue la tête et marmonne quelque chose en anglais que je n'arrive pas saisir. Je me plante devant lui et m'exclame :
— Tout ce que je te demande c'est de goûter aux macarons !
Il plisse les yeux et me dévisage.
— Hors de question! Ça serait comme pactiser avec l'ennemi !
Il me repousse doucement mais je l'attrape par le bras.
— Parce que maintenant on fait une guerre culinaire France/USA !?
Il sourit malicieusement.
— Oui mais je te préviens tout de suite... je ne perds jamais, susurre-t-il .
Je le regarde partir, un grand sourire illuminant mon visage. On a beau se disputer souvent, on arrive à bien s'entendre. Sur un coup de tête je mets mes mains en porte voix et lui crie :
— Tu finiras par succomber !!!
De loin je vois ses épaules se secouer signe qu'il rigole, et cette simple image ne fait qu'agrandir mon sourire. Puis me rappelant où je suis, je reviens sur terre. Gênée, je balaie du regard les alentours, tous les regards sont sur moi. Que doivent-ils penser ? Que c'est à moi qu'il finira par « succomber » ? Je fais volte face, espérant que ne plus voir leurs yeux inquisiteurs et leurs bouches murmurant des ragots.
Mais celui à qui je fais à présent face ne peut pas être mieux qu'eux. Nils est là, à seulement dix mètres de moi, le regard dur et la mâchoire serrée. Il a tous entendu et pense exactement comme les autres. Ils pense que je flirtais avec Jayden. Mais est-ce que c'est faux? Oui. On est amis à présent. Juste amis. Mais pourquoi est-ce que ça sonne si faux dans ce cas. Il tourne les talons et je soupire avant de lui courir à près. Malheureusement la sonnerie sonne et je me retrouve prise à contre sens dans une marée humaine.
— Nils ! Nils !!!
Je joue des coudes pour enfin arriver au milieu de la rue devant l'établissement.
— C'est pas ce que tu crois! je lui crie tandis qu'il continue de fuir.
Il fais volte face, les bras en l'air, emporté par la fureur.
— Ah oui?! A quoi tu joues, Belle!?
Comme si mère nature avait aussi décidé de se liguer contre moi, la pluie décide de tomber. Je m'avance vers lui.
— Je-je ne joue pas!
Il me fusille du regard.
— Ah oui? Parce qu'on ne dirait vraiment pas! Il faut que tu fasses un choix! Tu ne peux pas jouer sur deux tableaux!!! s'énerve-t-il.
Je recule comme touchée par sa pique. Il me tourne le dos et je l'attrape par le bras.
— Mais c'est toi que j'ai choisi !
Il m'arrache son poignet. On se regarde dans les yeux. Lui avec une hargne que je ne lui connaissais pas et moi avec un désespoir poignant mais sûrement pas assez car il m'assène :
— Tu n'es plus la même.
Ce qui en réalité signifie « Je regrette celle que tu étais avant. Ma Isa ».
Il part et bientôt je me retrouve seul sur la chaussée, mes cheveux et mes vêtements trempés me collant à la peau. Je ne sais pas combien de temps je reste là. Je ne sais pas non plus à quelle moment j'ai commencé à pleurer. Mais très vite mon visage se retrouve inondé, mes larmes et la pluie se mélangent à ne plus savoir les différencier.
Mes yeux balaient la rue vide.
Encore une fois, je me retrouve seule.
OOOO
J'arrive devant mon immeuble et je suis partagée entre l'envie de boire un chocolat chaud, pleurer de frustration et prendre un bon bain. Peut-être pourrais-je faire un méga-combo ?
Dommage que je n'ai pas de baignoire.
Arrivée devant la porte d'entrée je veux taper le code mais une femme est déjà là, semblant tenter tous les chiffres au hasard.
— Et merde... C'était quoi déjà... 7654 ? Ou peut-être 9273? Crottes !
Je rigole sous cape la voyant s'acharner sur les boutons.
— Il existe dix mille combinaisons possibles. Vous en avez pour un petit bout de temps.
Elle soupire et pivote vers moi.
— Désolée. Je n'habite pas ici mais je dois absolument monter. Vous comprenez je suis infirmière à domicile et on m'attend.
Je lui souris.
— Ne vous inquiétez pas, je vais vous taper mon code.
Un grand sourire illumine son visage basané et elle me laisse la place.
1989. Pour me rappeler j'aime à utiliser comme mémo la chute du mur de Berlin.
— Merci!
Et sur ce, elle file comme une fusée vers l'ascenseur. Pour ce qui me concerne je me dirige vers l'escalier. Plus jamais je ne mets un pied dans l'un de ces cercueils qui sent les vêtements de sport sales. Arrivé au pied de l'escalier je me retourne. Je me demande qui peut bien être son patient. Je fixe l'aiguille au dessus de la porte de l'ascenseur jusqu'à qu'elle se stoppe sur un étage. Le mien.
Il n'y a que trois appartements à mon étage et je n'ai jamais entendu parler d'un malade. Et si j'avais laissé entrer un cambrioleur ? Je déglutis avant de monter les escaliers quatre à quatre. Quand enfin j'arrive à mon étage, personne. Il n'y a pas l'ombre d'un chat. Elle c'est sûrement aussi trompé d'étage et est encore monté ou descendu. Je m'empresse de rentrer dans l'appartement .
Après ça je passe le reste de ma journée à faire des listes. On néglige bien trop souvent l'importance de tous lister. Non, je ne suis pas psychorigide ! C'est juste rassurant. Ça me détend. Bon, il faut avouer que , même si j'aime à dire que je vais changer, que je ne suis plus Isa, je suis toujours un peu la même. Il en faudra plus me métamorphoser.
La première liste que je fais, concerne mes devoirs. La seconde tous les défauts de ma mère. Et la troisième les qualités de Jayden et de Nils. Autant dire que ces derniers sont diamétralement opposés. Et pourtant les deux me plaisent. En amour pour l'un et en amitié pour l'autre. Comment peut-il me demander de choisir ? Même si j'étais prête à faire un choix jamais je ne le ferais, juste par principe. Les ultimatums me répugnent.
Enfin, dix-huit heure sonne et je sors voir Jayden. Je me suis aperçue que dans la précipitation j'avais oublié ma veste chez sa grand-mère la dernière fois. Après trois coup, il m'ouvre enfin. Il semble grognon, je le dérange sûrement.
— Qu'est ce que tu me veux, Belle ?
J'hausse un sourcil. Plus de Maléfique ou de Belle au bois dormant ? Je souris, sûrement pense t-il à la princesse de La Belle et La Bête.
— J'ai oublié ma veste chez ta grand-mère la dernière fois.
Il soupire avant de sortir et fermer à clef.
— Bon...de toute façon, je comptais lui ramener sa voiture demain, on avance juste un peu le moment fatidique.
Il me suis vers les escaliers.
— Fatidique ? Tu dis ça à cause de votre dispute ?
Il se passe la main dans les cheveux.
— Écoute, Belle, t'es mignonne mais ne t'en mêle pas. Tu ne peux pas aider tout le monde.
J'écarquille les yeux.
—Qu'est ce qui te fait dire ça ?
— Eh bien...tu es une princesse. Les princesses veulent toujours régler tous les problèmes. Elles veulent le bien.
J'hausse un sourcil dubitatif.
— C'est comme ça que tu me vois? Comme une nunuche en jupons? Une gentille fifille fragile et bien docile qui attend son prince charmant ?
Il rigole.
— Ne te mine pas, Belle. Mais oui, c'est ce que tu es. Une jolie poupée rose bonbon, le coeur bourré d'espoir, les yeux pétillants d'innocence et des rêve d'amour éternel plein la tête.
Je médite ses paroles quelques minutes. Il n'a pas tort sur tous les points. Oui, j'aime espérer. Espérer c'est ce qui nous donne envie de nous lever le matin et de continuer. Comment peut-on encore exister quand on n'espère plus rien de la vie ? Mais non je ne suis pas innocente. Je ne vois pas non plus la vie en rose. Et qui y a-t-il de mal à espérer rencontrer son âme-sœur et vivre heureux ensemble jusqu'à la mort ?
On arrive dans la rue et je lui demande enfin :
— Parce que toi, tu n'espères plus rien? Tu ne crois pas au bonheur ?
Il ne m'accorde pas un seul regard, aucune réaction, au point que je me demande s' il m'a entendu. Mais enfin installé derrière le volant et engagé dans la circulation, il finit par lâcher :
— Oui, je ne crois plus en rien. Ce monde est pourri jusqu'à la moelle et il m'a contaminé. A quoi bon souhaiter quelque chose qui n'arrivera jamais ?! Souffler des bougies en faisant un vœu qui ne se réalisera pas?! Prier un Dieu qui nous laisse dans tant de misère sans rien faire? Tout ce qu'on y gagne c'est de la souffrance et de la déception. Mais peut-être que je mérite ce qui m'arrive... Certains diront que c'est le karma. Moi, je dis que c'est la vie. La vie est ainsi. Un long métrage en noir et blanc avec pleins de nuances de gris mais aucune couleur.
Je le fixe abasourdie par une telle tirade. Qu'a-t-il bien pu vivre pour être aussi cynique ?!
— C'est faux, il y a des choses positives aussi, murmuré-je comme pour me rassurer moi même. Pour ne pas me faire absorber par son obscurité.
Il me jette un petit coup d'oeil et esquisse un sourire peiné. Comme désolé de briser mes douces illusions.
— Comme quoi? Comme l'amour ? Attendre l'âme-sœur si longtemps qu'on a oublié de vivre ? Rester toute sa vie avec la même personne pour à l'arrivée se rendre compte qu'on a loupé plein de belles choses à s'être passé les bracelets? Mais je pense que le pire c'est ces gens qui pensent avoir trouvé la bonne personne, celle unique, leur moitié, pour qu'au final leur mariage se solde par un divorce, un rendez-vous au tribunal pour la garde des gosses, une pension alimentaire et une telle haine de l'autre qu'on ne peut plus le voir en peinture. Ces gens pensaient tellement que c'était à la vie à la mort qu'ils ont tout sacrifié pour l'autre. Et au final qu'est-ce qu'il leur reste? Un coeur brisé, des kilos en trop et un dégout sans borne pour tout ce qui touche à la romance.
Je fronce les sourcils.
— Alors... tu penses vraiment que l'amour n'existe pas? Que c'est une invention créée de toute pièce pour vendre ? Que toutes relations se finissent forcément mal ?
Il hausse les épaules.
—Oui. Et pour ma part, je ne me ferais jamais avoir par ce fichu sentiment qu'est l'amour. Quelques années d'illusions pendant lesquelles on croit être heureux ne valent pas toute la douleur du retour à la réalité.
Je le fixe abasourdit
—Les Happy-end n'existe pas, lâche-t-il catégorique.
— Je ne suis pas d'accord ! contesté-je.
— C'est pour ça que tu ne devrais pas m'approcher. Tu es une jolie fleur, toute fragile et gentille et moi une plante carnivore qui se nourrit du malheur des autres et parfois même de celui qu'elle engendre intentionnellement.
—Je ne te crois pas. On ne peut pas ne rien espérer de la vie. Sinon...à quoi bon continuer ?
Il se tait, pensif.
— Oui... tu as raison. Il y a bien quelque chose que je désire mais j'ai peur que bientôt l'étincelle d'espoir ne s'éteigne.
—Mais...
Il secoue la tête.
— Il n'y a pas de « mais » qui tienne, Belle.
Je me taie et le fixe silencieusement tout le reste du trajet. Qu'a t-il pu bien vivre pour devenir comme ça ? Qu'a t-il dû endurer ? Et que peut bien être son dernier espoir ?
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Hey mes Chupa Chups multicolore !❤️🎉
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Qu'avez-vous pensé de Nils ? Sa réaction et ses paroles étaient-elles justifié?
Et cette étrange et prétendu infirmière? Mentait-elle? Et si c'était vrai, qui est son fameux patient?
Et pour finir, qu'avez vous pensez de Jayden? Quelles sont les malheurs de son passé qui l'ont rendu ainsi?
Et surtout, quel est son dernier espoir?
Bisous pailletés❤️ et on se retrouve bientôt pour la suites mes sucettes de l'espaces!
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